Pierre de Ronsard La Celebration D Amour
L’humanisme se développe au cours de la Renaissance française,comme un nouveau courant de pensée qui. prône l’équilibre et le savoir. Les écrivains humanistes de la Pléiade redonnent l’importance aux principes épicuriens selon lesquels il faut savoir profiter du moment présent. Pierre de Ronsard, le thème du Carpe diem d’Horace de la beauté, du temps.
Certes, la poésie sert à exprimer des sentiments intimes. Les poètes y extériorisent souvent l'amour et les femmes. Elle sert de vecteur à une déclaration amoureuse.
Au XVI siècle, une nouvelle forme de poésie est lancée par , entre autres , Pétrarque , un poète italien , qui a donné ses premières lettres de noblesse au sonnet. Classiques, les poème sont faits selon les règles de la renaissance en matière de sonnet. Il est dans la lignée des textes des auteurs de la Pléïade, étant dans une forme fixe. Il est aussi classique dans le fond, étant donné qu'il parle de l'amour, ou plutôt de la femme aimée, : Ronsard fait ici l'éloge de l'amour afin de nous montrer ses talents de poète. l'auteur manie très bien le style de Pétrarque, il a une connaissance parfaite de certains auteurs antiques,et d'autres thèmes qui les accompagnent; Il ne s'arrête ensuite pas là pour montrer l'étendue de ses talents, en utilisant ce qu'il sait faire, il ajoute à son poème des éléments qui font de lui un créateur, un démiurge. Le poète, digne membre de la Pléïade et de son temps, se réfère à Petrarque pour créer, à la fois par la forme, les thèmes, et les moyens employés. Tout comme l'auteur du quattrocento le faisait dans la Canzoniere , les auteurs français de la renaissance se limitent, tout comme le fait Ronsard ici, à deux quatrains et deux tercets. Les deux tercets se terminant par des rimes croisées, le poète français respectent même la versification du poète italien. Quant aux tercets, dans les sonnets italiens on a des rimes de type CDC, alors qu'ici on a des tercets français de type CCD. On a entre le huitain et le sizain une légère volta, digne de Pétrarque, on change légèrement de sujet. On peut noter ici l'art de l'auteur car le changement est subtile : on reste dans la description de la dame, mais on passe de sa description à ses effets sur le monde. Il y a un léger contraste entre le huitain et le sizain, annoncé…
Ronsard grand poète français, a très vite adapté le sonnet et en a rédigé des dizaines.
Les «Amours de Cassandre»
Les Amours de Cassandre occupent une position particulière dans cette époque charnière
entre le moyen-âge chrétien et le classicisme: Elles constituent le chef-doeuvre de la Pléiade, l’école littéraire la plus influente de la Renaissance française, et marquent, avec les Odes de 1550, l’initiation à l’ immense oeuvre lyrique ronsardienne.
Les Amours de Cassandre
Quoiqu’on discute les nombreuses éditions de Pierre de Ronsard ou on consulte les éditions des critiques on constate de considérables différences. La forme de ses sonnets a été plusieurs fois changee, refaite, enrichie.
SONNETS CLASSIQUES : 57 sur un total de 70
– sonnet dit sonnet italien :
Schéma : ABBA puis ABBA puis CC/DEED : 38 >>> Exemple 1
– sonnet dit sonnet français
Schéma : ABBA puis ABBA puis CC/DEDE : 19 >>> Exemple 2
SONNETS DITS IRREGULIERS : 13 sur un total de 70
Schéma : ABBA puis ABBA puis CC/ABBA : 1 >>> Exemple 3
Schéma : ABBA puis ABBA puis CC/ADDA : 1 >>> Exemple 4
Schéma : ABBA puis ABBA puis CC/DCDC : 1 >>> Exemple 5
Schéma : ABBA puis ABBA puis CC/DCCD : 2 >>> Exemple 6
Schéma : ABBA puis ABBA puis CC/BDDB : 2 >>> Exemple 7
Schéma : ABBA puis ABBA puis BB/CDCD : 1 >>> Exemple 8
Schéma : ABBA puis ABBA puis CDCDDC : 1 >>> Exemple 9
Schéma : ABBA puis ABBA puis CDCDCD : 2 >>> Exemple 10
Schéma : ABBA puis ABBA puis CDCD/EE : 2 >>> Exemple 11
Exemple 1 : CE BEAU CORAIL, CE MARBRE QUI SOUPIRE
Ce beau corail, ce marbre qui soupire,
Et cet ébène ornement du sourcil,
Et cet albâtre en voûte raccourci,
Et ces saphirs, ce jaspe et ce porphyre,
Ces diamants, ces rubis qu'un Zéphyre
Tient animés d'un soupir adouci,
Et ces oeillets, et ces roses aussi,
Et ce fin or, où l'or même se mire,
Me sont au coeur en si profond émoi,
Qu'un autre objet ne se présente à moi,
Sinon, le beau de leur beau que j'adore,
Et le plaisir qui ne se peut passer
De les songer, penser et repenser,
Songer, penser et repenser encore.
Mètre : décasyllabes en rythme 4/6
Schéma : ABBA puis ABBA puis CC/DEED
Remarque :
Ronsard utilise à de nombreuses reprises le décasyllabe.
Exemple 2 : AMOUR, JE NE ME PLAINS DE L'ORGUEIL ENDURCI
Amour, je ne me plains de l'orgueil endurci,
Ni de la cruauté de ma jeune Lucrèce,
Ni comme, sans recours, languir elle me laisse :
Je me plains de sa main et de son godmicy.
C'est un gros instrument par le bout étréci,
Dont chaste elle corrompt toute nuit sa jeunesse :
Voilà contre l'Amour sa prudente finesse,
Voilà comme elle trompe un amoureux souci.
Aussi, pour récompense, une haleine puante,
Une glaire épaissie entre ses draps gluante,
Un oeil hâve et battu, un teint pâle et défait,
Montrent qu'un faux plaisir toute nuit la possède.
Il vaut mieux être Phryne et Laïs tout à fait,
Que se feindre Portie avec un tel remède.
Mètre du vers : alexandrin
Schéma : ABBA puis ABBA puis CC/DEDE
On remarquera avec les exemples 3 à 11 que les variations utilisées par Pierre de Ronsard sont peu nombreuses, et limitées. Elles ne concernent pas les deux premiers quatrains. L'absence du dystique ou son placement en fin de sonnet sont rares.
Exemple 3 : COMME ON VOIT SUR LA BRANCHE AU MOIS DE MAY LA ROSE
Comme on voit sur la branche au mois de may la rose,
En sa belle jeunesse, en sa premiere fleur,
Rendre le ciel jaloux de sa vive couleur,
Quand l'Aube de ses pleurs au poinct du jour l'arrose ;
La grace dans sa feuille, et l'amour se repose,
Embasmant les jardins et les arbres d'odeur ;
Mais batue ou de pluye, ou d'excessive ardeur,
Languissante elle meurt, fueille à fueille déclose.
Ainsi en ta premiere et jeune nouveauté,
Quand la Terre et le Ciel honoraient ta beauté,
La Parque t'a tuee, et cendre tu reposes.
Pour obseques reçoy mes larmes et mes pleurs,
Ce vase pleine de laict, ce panier plein de fleurs,
Afin que vif et mort ton corps ne soit que roses.
Mètre du vers : alexandrin
Schéma : ABBA puis ABBA puis CC/ABBA
"Variation" : 3 rimes au lieu de 5
Exemple 4 : HA ! QUE JE PORTE ET DE HAINE ET D'ENVIE
Ha ! que je porte et de haine et d'envie
Au médecin qui vient soir et matin
Sans nul propos tâtonner le tétin,
Le sein, le ventre et les flancs de m'amie !
Las ! il n'est pas si soigneux de sa vie
Comme elle pense, il est méchant et fin :
Cent fois le jour ne la vient voir, qu'à fin
De voir son sein qui d'aimer le convie.
Vous qui avez de sa fièvre le soin,
Je vous supplie de me chasser bien loin
Ce médecin, amoureux de m'amie,
Qui fait semblant de la venir panser :
Que plût à Dieu, pour l'en récompenser,
Qu'il eût mon mal, et qu'elle fût guérie !
Mètre du vers : décasyllabe en rythme 4/6
Schéma : ABBA puis ABBA puis CC/ADDA
"Variation" : 4 rimes au lieu de 5
Exemple 5 : L'AN SE RAJEUNISSAIT EN SA VERTE JOUVENCE
L'an se rajeunissait en sa verte jouvence
Quand je m'épris de vous, ma Sinope cruelle ;
Seize ans étaient la fleur de votre âge nouvelle,
Et votre teint sentait encore son enfance.
Vous aviez d'une infante encor la contenance,
La parole, et les pas ; votre bouche était belle,
Votre front et vos mains dignes d'une Imrnortelle,
Et votre oeil, qui me fait trépasser quand j'y pense.
Amour, qui ce jour-là si grandes beautés vit,
Dans un marbre, en mon coeur d'un trait les écrivit ;
Et si pour le jourd'hui vos beautés si parfaites
Ne sont comme autrefois, je n'en suis moins ravi,
Car je n'ai pas égard à cela que vous êtes,
Mais au doux souvenir des beautés que je vis.
Mètre du vers : alexandrin
Schéma : ABBA puis ABBA puis CC/DCDC
"Variation" : 4 rimes au lieu de 5
Exemple 6 : NY VOIR FLAMBER AU POINT DU JOUR LES ROSES
Ny voir flamber au point du jour les roses,
Ny liz plantez sus le bord d'un ruisseau,
Ny son de luth, ny ramage d'oyseau,
Ny dedans l'or les gemmes bien encloses,
Ny des Zephirs les gorgettes décloses,
Ny sur la mer le ronfler d'un vaisseau,
Ny bal de Nymphe au gazouillis de l'eau,
Ny voir fleurir au printemps toutes choses,
Ny camp armé de lances herissé,
Ny antre verd de mousse tapissé,
Ny des forests les cymes qui se pressent,
Ny des rochers le silence sacré,
Tant de plaisirs ne me donnent qu'un Pré,
Où sans espoir mes espérances paissent.
Mètre du vers : décasyllabe en rythme 4/6
Schéma : ABBA puis ABBA puis CC/DCCD
"Variation" : 4 rimes au lieu de 5
Exemple 7 : Ô DOUX PARLER, DONT L'APPAT DOUCEREUX
Ô doux parler, dont l'appât doucereux
Nourrit encore la faim de ma mémoire,
Ô front, d'Amour le Trophée et la gloire,
Ô ris sucrés, ô baisers savoureux ;
Ô cheveux d'or, ô côteaux plantureux
De lis, d'oeillets, de porphyre et d'ivoire,
Ô feux jumeaux dont le ciel me fit boire
Ô si longs traits le venin amoureux ;
Ô vermillons, ô perlettes encloses,
Ô diamants, ô lis pourprés de roses,
Ô chant qui peut les plus durs émouvoir,
Et dont l'accent dans les âmes demeure.
Et dea beautés, reviendra jamais l'heure
Qu'entre mes bras je vous puisse r'avoir ?
Mètre du vers : décasyllabe en rythme 4/6
Schéma : ABBA puis ABBA puis CC/BDDB
"Variation" : 4 rimes au lieu de 5
Exemple 8 : JE VEUX MOURIR POUR TES BEAUTES, MAITRESSE
Je veux mourir pour tes beautés, Maîtresse,
Pour ce bel oeil, qui me prit à son hain,
Pour ce doux ris, pour ce baiser tout plein
D'ambre et de musc, baiser d'une Déesse.
Je veux mourir pour cette blonde tresse,
Pour l'embonpoint de ce trop chaste sein,
Pour la rigueur de cette douce main,
Qui tout d'un coup me guérit et me blesse.
Je veux mourir pour le brun de ce teint,
Pour cette voix, dont le beau chant m'étreint
Si fort le coeur que seul il en dispose.
Je veux mourir ès amoureux combats,
Soûlant l'amour, qu'au sang je porte enclose,
Toute une nuit au milieu de tes, bras.
Mètre du vers : décasyllabe en rythme 4/6
Schéma : ABBA puis ABBA puis BB/CDCD
"Variation" : 4 rimes au lieu de 5
Exemple 9 : TE REGARDANT ASSISE AUPRES DE TA COUSINE
Te regardant assise auprès de ta cousine,
Belle comme une Aurore, et toi comme un Soleil,
Je pensai voir deux fleurs d'un même teint pareil,
Croissantes en beauté, l'une à l'autre voisine.
La chaste, sainte, belle et unique Angevine,
Vite comme un éclair sur moi jeta son oeil.
Toi, comme paresseuse et pleine de sommeil,
D'un seul petit regard tu ne m'estimas digne.
Tu t'entretenais seule au visage abaissé,
Pensive toute à toi, n'aimant rien que toi-même,
Dédaignant un chacun d'un sourcil ramassé.
Comme une qui ne veut qu'on la cherche ou qu'on l'aime.
J'eus peur de ton silence et m'en ahai tout blërne,
Craignant que mon salut n'eût ton oeil offensé.
Mètre du vers : alexandrin
Schéma : ABBA puis ABBA puis CDCDDC
Exemple 10 : JE PLANTE EN TA FAVEUR CET ARBRE DE CYBELE
Je plante en ta faveur cet arbre de Cybèle,
Ce pin, où tes honneurs se liront tous les jours :
J'ai gravé sur le tronc nos noms et nos amours,
Qui croîtront à l'envi de l'écorce nouvelle.
Faunes qui habitez ma terre paternelle,
Qui menez sur le Loir vos danses et vos tours,
Favorisez la plante et lui donnez secours,
Que l'Été ne la brûle, et l'Hiver ne la gèle.
Pasteur, qui conduiras en ce lieu ton troupeau,
Flageolant une Eglogue en ton tuyau d'aveine,
Attache tous les ans à cet arbre un tableau,
Qui témoigne aux passants mes amours et ma peine ;
Puis l'arrosant de lait et du sang d'un agneau,
Dis : " Ce pin est sacré, c'est la plante d'Hélène. "
Mètre du vers : alexandrin
Schéma : ABBA puis ABBA puis CDCDCD
"Variation" : 4 rimes au lieu de 5 et sans distique
Exemple 11 : JE VOUS ENVOYE UN BOUQUET QUE MA MAIN
Je vous envoye un bouquet que ma main
Vient de trier de ces fleurs épanies,
Qui ne les eust à ce vespre cuillies,
Cheutes à terre elles fussent demain.
Cela vous soit un exemple certain
Que vos beautés, bien qu'elles soient fleuries,
En peu de tems cherront toutes flétries,
Et comme fleurs, periront tout soudain.
Le tems s'en va, le tems s'en va, ma Dame,
Las ! le tems non, mais nous nous en allons,
Et tost serons estendus sous la lame :
Et des amours desquelles nous parlons,
Quand serons morts, n'en sera plus nouvelle :
Pour-ce aimés moy, ce-pendant qu'estes belle
Mètre du vers : décasyllabe en rythme 4/6
Schéma : ABBA puis ABBA puis CDCD/EE
"Variation" : Distique (deux vers à rimes plates) à la fin
On remarquera la richesse des rimes dans la plupart des sonnets.
Il gallicise la langue et parallèlement au développement littéraire, Ronsard acquiert une plus grande conscience de son génie.:
«Dans vostre temple engravez ces paroles:
RONSARD, AFFIN QUE LE SIECLE A VENIR
DE PERE EN FILZ SE PUISSE SOUVENIR,
D’UNE BEAUTE QUI SAGEMENT AFFOLE,
DE LA MAIN DEXTRE APPEND A NOSTRE AUTEL,
HUMBLE DISCOURS DE SON LIVRE IMMORTEL. »
Après s’etre fait instruire dans l’école des Muses en maître le disciple de jadis s’est transformé et c’est désormais lui qui fait hommage immortel à l’amour. C’est pourquoi, par exemple, Ronsard maintenit le caractère absolu de ses premiers serments d’amour en poèmes dédiés à Marie, Sinope, Genèvre, Isabeau de Limeuil, Astrée et Hélène:
«Amour coula ses beautez en mes veines,
Qu’autres plaisirs je ne sens que mes peines,
Ny autre bien qu’adorer son pourtrait.»
Le remaniement perpétuel de cette oeuvre et l’ inclusion des poèmes composés des dizaines.
Avec un grand nombre de thèmes différents introduits, traités et puis abandonnés pour être reprises plus tard et enrichies dans le recueil.
Voici une preuve de serment et souffrance par amour dans le Sonnet XXXII:
Chacun qui voit ma couleur triste et noire
Me dit :"Ronsard, vous êtes amoureux".
Mais ce bel oeil qui me fait langoureux,
Le sait, le voit, et si ne le veut croire.
De quoi me sert que mon mal soit notoire,
Quand à mon dam son oeil trop rigoureux,
Par ne sais quel désastre malheureux,
Voit bien ma plaie, et si la prend à gloire?
J'ai beau pleurer, protester et jurer,
J'ai beau promettre et cent fois assurer
Qu'autre jamais n'aura sus moi puissance,
Qu'elle s'ébat de me voir en langueur,
Et plus de moi je lui donne assurance,
Moins me veut croire, et m'appelle un moqueur.
Dans "Le second livre des amours" les sonnets sont consacrés au dépit amoureux :
Car Marie repousse son prétendant on peut observer que l'amour est souffrance et que la femme entretient et aggrave cette souffrance.
La souffrance visible de l’extérieur est exprimee par :
-Répétition du champ lexical du regard ( V1-3-4…)
-Témoins visuels (sauf Marie) Vers 2 au style direct
-Métonymie au vers 1: les sentiments extérieurs sont exprimés par la description physique (mélancolie)
-Souffrances répétées : Vers 10 "cent fois"
En croisance acute on observe le Désespoir
-Anaphore du désespoir: vers 9-10
-Le poète se bat avec la femme aimée mais au final le poète souffre
-Hyperbole du désespoir: Vers 5-7-8
De la souffrance visible au desesopir marquant on observe un passage dans un registre pathétique souligne par formules sugestives
-allitérations en p : pleurer,protester, promettre
-rimes riches : vers 2-3
-2éme quatrain interrogation qui traduit une résignation
-La situation dans laquelle est le poète n'est pas agréable
On attend aussi la reponse de la bien aimee face a la souffrance du poete : en premier rang on observ l’ambiguite des relations. Elle le voit ssouffrir mais ne prend aucune atrtitude
-A deux reprises Marie est évoquée par synecdoque: Vers 3-6
-Rigoureux renvoi à la femme qui rime avec langoureux et amoureux
-Le comportement de la femme frise le sadisme on peut le voir avec les verbes "voir" et "savoir" au vers 4 et le verbe "croire" aux vers 4 et 14
-Vers 12: paradoxe
De cette indifference elle passe a la moquerie :
-Au vers 14 apparaît au style indirect la voix de la femme ( elle se moque de lui) se reproche devrait s'appliquer à elle même
-Symétrie entre le vers 4et 8: symétrie entre ce que la femme voit et la réaction illogique de la femme
-La femme éprouve du plaisir à voir un homme souffrir pour elle
-Parler à cette femme est complètement inutile
Le rapport n’est pas du tout beau et absolument pas prometteur. Quoiqu’il est aussi enivre par amour, l’attitude de sa bien aimee le fait se venger la souffrance :
-Le poème est signé, le nom du poète apparaît au vers 2 et celui de Marie dans un des titres
-Le nom du poète se trouve à la césure
-Pronom personnel "moi" qui désigne Ronsard ce trouve également à la césure
-On peut pratiquement voir que Ronsard se trouve au milieu On constate que l’ évocation du pré forme une espèce d’ articulation entre les sonnets qui
produit une impression de cohérence.
«A SON LIVRE
SONET
Va, livre, va, desboucle la barriere,
Lasche la bride, et asseure ta peur,
Ne doute point par un chemin si seur
D’un pied venteux em-poudrer la carriere;
Vole bien tost, j’entens desjà derriere
De mes suivans l’envieuse roideur
Opiniastre à devancer l’ardeur
Qui me poussoit en ma course premiere.
Mais non, arreste, et demeure en ton rang,
Bien que mon coeur bouillonne d’un beau sang,
Fort de genoux, d’ haleine encore bonne;
Livre, cesson d’ acquerir plus de bien,
Sans nous fascher si la belle couronne
Du Laurier serre autre front que le mien.»
Dans le cas présent, le livre entier des Amours de Cassandre est comparé à un cheval. La signification du symbole du cheval pour la compréhension de
l’ attitude du poète qui est double: d’un côté, à force de sa vivacité, le cheval est a priori un symbole de l’ impulsion, de l’ autre côté, Ronsard fait allusion à Pégase, le cheval mythique qui fait jaillir par un coup de sabot Hippocrène, la source consacrée aux Muses, qui, de leur part, constituent le thème du sonnet suivant et symbolisent l’ inspiration artistique. Or, notre
poète se présente en tant qu’ inspiré par une grâce divine, sur le niveau de l’ amant, à la fureur amoureuse. Dès le début, la fureur amoureuse du moi lyrique est condamnée à la frustration et réduite à l’ aspiration sans jamais atteindre ni la vérité dans l’ amour platonicien, ni la satisfaction sensuelle, tandis que l’ écrivain est non seulement capable de réaliser son inspiration en composant des oeuvres d’ art, mais en outre, il dispose des moyens pour créer un univers imaginaire où la satisfaction amoureuse du moi lyrique même serait possible.
C’ est tout d’ abord à l’ objet de son désir, Cassandre, que cette offre s’ adresse, sous condition implicite d’ un exaucement futur. Dès l’ ouverture du recueil, dans les tercets Ronsard prie les Muses d’ engraver des vers commémoratifs en l’ honneur de sa bien-aimée.
La dame, il est bien logique, les refuse autant que les serments d’ amour éternel qu’ il lui fait:
«Avant le temps tes temples fleuriront,
De peu de jours ta fin sera bornée,
Avant le soir se clorra ta journée,
Trahis d’ espoir tes pensers periront;
Sans me flechir tes escrits fletriront,
En ton desastre ira ma destinée,
Pour abuser les poëtes je suis née,
De tes soupirs nos neveux se riront.
Tu seras fait du vulgaire la fable,
Tu bastiras sur l’incertain du sable,
Et vainement du peindras dans les Cieux!
Ainsi disoit la Nymphe qui m’ affolle,
Lors que le Ciel tesmoin de sa parolle,
D’un dextre éclair fut presage à mes yeux.»
Non seulement en tant qu’ amant, mais aussi en tant que poète, Ronsard tente de
profiter des ses capacités littéraires.
Pour ne citer qu’ un exemple des plus connus d’un passage où
Ronsard parle autant en poète qu’ en amant, et où biographie et stylisation se confondent, voici un extrait de la célèbre Elégie à Genèvre:
«Je suis, dis-je, Ronsard, et cela te suffise,
Qui ma belle science ay des Muses apprise
Alors que tout le sang me boüilloit de jeunesse,
Je fis aux bords de Loire une jeune Maistresse,
Que ma Muse en fureur sa Cassandre appelloit,
A qui mesme Venus sa beauté n’egaloit.
Je m’espris en Anjou d’une belle Marie
Que j’aimay plus que moy, que mon coeur, que ma vie »
On ne peut certes pas être sûr si l’amour tel qu’il se présente en particulier dans les
Amours de Cassandre possède quelque véritable correspondance avec la biographie de
Ronsard, mais c’est peu probable, du moins si l’on tient compte de la totalité dans la conception d’amour qui se manifeste dans l’oeuvre. pas à un journal intime. Malgré
les références topographiques et historiques dans les Amours, un écrivain composant des
poèmes d’amour s’insère dans toute une tradition littéraire.
Le personnage historique de Cassandre Salviati a servi de modèle pour un travail mimétique, dans le personnage de Ronsard, le poète et l’amant, la réalité et la fiction, le vécu et l’imaginaire. Le moi lyrique est pris par la déraison amoureuse et menacé par la mort . Si l’amant ne peut être satisfait et il est condamné à la passivité, le poète, lui, a les
moyens de créer un monde imaginaire dans lequel la satisfaction est concevable, ou du moins peut-il toujours à nouveau décrire la dame et dépeindre ses traits qui fournissent un substitut à sa bien-aimée. L’amour lui sert d’impulsion et d’inspiration à la création artistique, puisque les fureurs amoureuse et poétique sont interdépendantes
Que l’amour soit à l’origine de l’ ;oeuvre ronsardienne, il est possible, mais l’auteur même insinue qu’en plus, L’ expression de cette idée est plus fréquente dans les Sonets pour Helene que dans les Amours de Cassandre, ce qui a fait supposer à certains critiques que la part de la fantaisie et de la stylisation y était encore plus grande que dans les premières oeuvres, ou même que Ronsard avait choisi Hélène de Surgères comme objet de sa passion justement pour son nom qui se prêtait à toutes sortes des allusions mythologiques. Quoi qu’il en soit, le poète lui-même n’a pas honte d’attribuer à
l’ amour en premier lieu le rôle d’un instrument d’inspiration:
«Ah! belle liberté, qui me servois d’escorte,
Quand le pied me portoit où libre je voulois!
Ah! que je regrette! helas, combien de fois
Ay-je rompu le joug, que malgré moi je porte!
Puis je l’ay rattaché, estant nay de la sorte,
Que sans aimer je suis et du plomb et du bois,
Quand je suis amoureux j’ay l’ esprit et la vois,
l’invention meilleure et la Muse plus forte.
Il me faut donc aimer pour avoir bon esprit,
A fin de concevoir des enfans par escrit,
Pour allonger mon nom aux depens de ma peine.
Quel sujet plus fertil sçauroy-je mieux choisir
Que le sujet qui fut d’ Homere le plaisir,
Ceste toute divine et vertueuse Helene?»
Voir, à titre dexemple, le sonnet XXXVIII des Amours de Cassandre, où l’Amour personnifié chante les vers du poète Ronsard pour ridiculiser sa passion est aussi de cette manière qu’ on peut comprendre le sonnet LII des Amours de Cassandre, où, à part la référence à la mythologie et au Banquet de Platon, l’Amour est présenté comme la force qui enflamme l’esprit et, dans le cas de Ronsard, l’imagination:
«Avant qu’Amour du Chaos ocieux
Ouvrist le sein qui couvoit la lumiere,
Avec la terre, avec l’onde premiere,
Sans art, sans forme, estoyent broüillez les Cieux.
Tel mon esprit à rien industrieux,
Dedans mon corps, lourde et grosse matiere,
Erroit sans forme et sans figure entiere,
Quand l’arc d’Amour le perça par tes yeux.
Amour rendit ma nature parfaite,
Pure par luy mon essence s’ est faite,
Il me donna la vie et le pouvoir,
Il eschauffa tout mon sang de sa flame,
Et m’ agitant de son vol feit mouvoir
Avecques luy mes pensers et mon ame.»
Si l’ on tient compte du primat possible d’ un amour visant à la création poétique, il est plus facile de comprendre les impuretés dues à l’ inconstance évidente de Ronsard quant aux femmes qu’ il chante: si c’ est l’oeuvre littéraire que le but suprême de cet amour et non quelque union que ce soit avec la dame, les poèmes sont autonomes, détachés même de l’ existence ou des qualités de la femme réelle, bref, des produits de stylisation.
Dans le cadre du programme littéraire que Ronsard expose au début de son oeuvre, il
revient au sonnet initial une importance particulière:
«Qui voudra voir comme Amour me surmonte,
Comme il m’assaut, comme il se fait vainqueur,
Comme il r’enflame et r’englace mon cueur,
Comme il reçoit un honneur de ma honte;
Qui voudra voir une jeunesse pronte
A suivre en vain l’objet de son malheur,
Me vienne lire: il voirra la douleur,
Dont ma Deesse et mon Dieu ne font conte.
Il cognoistra qu’ Amour est sans raison,
Un doux abus, une belle prison,
Un vain espoir qui de vent nous vient paistre;
Et cognoistra que l’homme se deçoit,
Quand plein d’erreur un aveugle il reçoit
Pour sa conduite, un enfant pour son maistre.»
C’est un livre de désespoir, de malheur, de souffrance et de douleur, où se présente le
tableau d’un puissant désir condamné à rester inassouvi. Au premier plan se trouve un moi lyrique qui rend témoignage public de son malheur, il invite même tout lecteur qui veut connaître l’essence d’amour à avoir part, pour en profiter, aux expériences qu’il a faites. Or, malgré son désespoir, le moi lyrique occupe une place supérieure en quelque manière à celle du lecteur Dans les poèmes des Amours de Cassandre, Ronsard crée un monde dans lequel l’individu se voit confronté à toute une série des forces cosmiques qui le dirigent. La parenté à la mythologie de l’Antiquité y est évidente Ronsard aussi recourt aux pouvoirs magiques, quoiqu’il s’agit de l’alchimie.
Il utilize aussi comme symbole le feu comme épreuve représentant pour lui la réincarnation en phénix et qui à travers du temps parcouru rester en permanence a cote de sa bien aimee. Dans l'activité créatrice se forge la continuité et l'unité de temps.
L'alchimiste agit seul ou avec deux exécutants,
Apollon et son filZ deux grans maistres ensemble,
Ne me sçauroient guerir, leur mestier m'a trompé
moments dans lesquels Ronsard conjure Eros, Dyonyssos, Apollo, et d’autres divinites et parfois avec la présence d'un être aidant l’œuvre par la force de sa pensée comme nous en avons identifie Cassandre.La présence près de l'alchimiste de la femme, « principe féminin », est essentielle. Cette présence peut être soit réelle, soit réalisée sous la forme de mariage mystique de l'alchimiste avec une déesse ou une «élue». Pour l'alchimiste, le bien et le mal, la perfection et l'imperfection, doivent être unis dans la matière en « Un », car « Un est tout », « par Lui est tout », « pour Lui est tout», « en Lui est tout ».
Ronsard se voit Hephaistos trahi par Aphrodite, Aphrodite trahie par Ares, et quoiqu’il subit le venin de ses actions, il se voit fabriquant des fleches empoisonnees avec miel et venin, et faire mal a soi meme et aux personnes aimees.
Le boyteus mari de Vénus
Aveques ses Cyclopes nus
R'alumoir un jour les flammeches
De sa forge, à fin d'echaufer
Une grande masse de fer
Pour en faire à l'Amour des fleches.
Venus les trampoit dans du miel,
Amour les trampoit dans du fiel,
L’image qui resulte est celle d’un homme aux pieds de sa bien aimee, theorie a laquelle il n’a pas pu depasser, apartenant a son époque. Lorsque la Circé de Ronsard n’est pas acquise, elle ne lui dévoile pas l’art et la manière d’obtenir les conseils de Cassandre et il reste a errer entre tous pour obtenir sa grace et le pouvoir d’une seconde pour savoir son futur.
Quoiqu’il pronounce les paroles cle :
Demeure, Songe, arrête encore un peu !
Ca ne se passé car on sait que la plupart des sorcières dont la maîtrise des sciences occultes est incontestable, agissent toutes dans l’unique dessein de contenter leurs propres désirs.
Tout ce qui touche à la cendre ressortit de la chaux, qu'il s'agisse de celle des métaux ou de celle des minéraux.
Je n'ay plus que les os, un Schelette je semble,
Decharné, denervé, demusclé, depoulpé,
Que le trait de la mort sans pardon a frappé,
Je n'ose voir mes bras que de peur je ne tremble.
reduit en cendre
SALAMANDRE
Foudroye moy de grace ainsi que Capanée
O pere Jupiter, et de ton feu cruel
Esteins moy l'autre feu
Ainçois plus tost pour se nourir en feu
i En lieu de luy j'ay une Salamandre
m'alume au cœur
PHOENIX
je veux mourir et vivre
Cela vous soit un exemple certain
Que vos beautés, bien qu'elles soient fleuries,
En peu de tems cherront toutes flétries,
Et comme fleurs, periront tout soudain.
L’envergure de l’adaptation mythologique de Ronsard, les nombreux emprunts et analogies au monde mythique, ont deux buts: premièrement, le poète tisse entre la femme au centre du recueil et l’univers entier un lien de parenté, de sorte qu’elle représente le reflet du macrocosme, notamment de sa beauté; deuxièmement, la dame elle-même est divinisée, occupant le rôle de médiatrice entre le monde mortel qui est celui de l’amant, et le monde éternel. Quant au registre du désir spirituel, Ronsard puise dans le néoplatonisme qui avait raffiné l’esthétique de l’amour courtois des auteurs médiévaux et qui était alors en vogue.
Dans les premiers sonnets des Amours de Cassandre, Ronsard reprend l’iconographie
traditionnelle de Cupidon, l’enfant déraisonnable, l’archer divin qui tire ses flèches sur le cœur de sa victime. Comme force cosmique, l’Amour est au même rang que la Nature,. Il existe donc une concurrence entre l’Amour et l’être humain, une compétition à conditions inégales, puisque celui-ci ne possède pas les moyens de l’emporter sur son rival. L’ Amour imprègne sa proie d’ un désir à la fois vain et intarissable, qui, le plus souvent, est représenté par la métaphore du venin amoureux que Cupidon fait
couler dans les veines de sa victime. L’amant empoisonné en est conscient, mais il est réduit à la plainte, dirigée souvent à Amour même. En ceci, la métaphorique employée par Ronsard se superpose avec la théorie ficinienne de kl’intoxication amoureuse, qui, à l’époque, passait probablement pour un fait scientifique: «Le poison d’amour pénètre par les yeux, il va jusq’au coeur94, et de là s’insinue dans le sang et va du sang à l’âme après avoir paralysé les sens l’un après l’autre. L’amoureux tombe ainsi dans un état passif dont on ne sait exactement.
C’est par le moment de la première rencontre, d’innamoramento, que la vie du moi lyrique est renversée, qu’ il entre dans son existence totale d’ amant. Même avant de connaître la dame,il sent toute sa vertu par un seul regard.
Nous avons constaté que les Amours de Cassandre constituent un recueil de désespoir
stylisé. Ceci sexprime par le martyre que l’amant prétend subir: il est brûlé de l’intérieur par la flamme amoureuse. Cette image est délibérément bipolaire, exprimant à la foi le désir ardent et la consomption qui mène à la mort, avec une prépondérance de la seconde signification:
«Bien qu’il te plaise en mon coeur d’allumer,
Sur ton sujet, lieu de ta seigneurie,
Non d’une amour, ainçois d’une Furie
Le feu cruel pour mes os consumer,
Le mal qui semble aux autres trop amer,
Me semble doux, aussi je n’ay envie
De me douloir: car je n’aime ma vie,
Sinon d’autant qu’il te plaist de l’aimer.»
Si l’amant présage sa mort, c’est également afin d’exercer une certaine pression sur l’objet de son désir, surtout puisqu’au long des Amours, il ne cesse jamais de mettre en relief la cruauté de la dame qui le refuse, et de son complice, l’Amour120, tant et si bien qu’à l’admiration première se joint la répugnance, et que la bien-aimée devient à la fois une guerrière et une voleuse, ayant privé l’amant de son âme et son esprit.
Pour mettre en évidence l’ambiguïté et le déchirement entre les sentiments opposés
dans les nombreuses antithèses et paradoxes, particulièrement fréquents chez Ronsard c’est la « douleur ».
On peut annaliser la frequence en epythethes sur ce terme:
excessive douleur"; "triste douleur"; "douleurs finées"; "douleur profonde"; "douleur soucieuse"; "griefve douleur", "grieve douleur" "griéve douleur"; "douleur nompareille"; "extreme douleur", "douleur extreme", "douleur extréme/extresme/ extrême", "extremes douleurs"; "amoureuse doulleur"; "douleur plus forte", "fortes douleurs"; "Ne me pourroient la douleur alenter"; "la douleur qui plus comble mon ame/ De desespoir"; "un rocher/ Qui sans tendons, sans muscles et sans chair/ Vit insensible, et qui n'a l'ame attainte/ Ny de douleur, ny d'amour, ny de crainte"; "la douleur contrainte/ Formoit l'accent de sa juste complainte"; "douleur qui doulcement me lime"; "épineuses douleurs"; "douleur languissante"; "douleur vraye"
La theme de la fuite du temps
La fuite du temps, évoquée par les sentiments de Ronsard, et son avertissement de la mort nous conduiront ainsi à une invitation originale au Carpe Diem.
Ronsard a maintes fois traité du thème de la belle indifférente aux transports amoureux du poète.
Ce sonnet est régulier, il est bâti sur la structure ABBA ABBA CCD EED. Son intérêt est de mettre en avant une variation du motif du carpe diem, profite de l’instant présent. Dans cette poésie, la femme est victime d’une anticipation peu flatteuse, nous voyons en effet Hélène décrite comme une vieille femme. Nous sommes loin de la comparaison avec la rose. Ainsi, Ronsard l’invite-t-elle à répondre à son amour pendant qu’il en est encore temps et qu’elle est en mesure de profiter de la vie. Nous avons dans le cadre des deux quatrains et du premier tercet, l’anticipation de la vieillesse d’Hélène et de la mort du poète, puis dans le deuxième tercet, une invitation à profiter de la vie et à répondre aux sentiments du poète. Dans un premier temps, nous étudierons les détails de la demande amoureuse, et en second lieu, la célébration de la poésie.
Dans le sonnet Je Vous Envoie Un Bouquet on contemple Marie Dupin, jeune paysanne de Bourgueil. Il lui envoie ici un poème de 14 décasyllabes pour accompagner un bouquet de fleurs. Une nouvelle fois, il associe à la beauté des fleurs l'hommage amoureux, mais aussi la conviction de la brièveté de la vie. Ce poème est constitué de trois phrases, une par quatrain, et une seule pour les deux tercets. Marie Dupin, jeune paysanne de Bourgueil. Il lui envoie ici un poème de 14 décasyllabes pour accompagner un bouquet de fleurs. Une nouvelle fois, il associe à la beauté des fleurs l'hommage amoureux, mais aussi la conviction de la brièveté de la vie. Ce poème est constitué de trois phrases, une par quatrain, et une seule pour les deux tercets.
Le XVIème siècle est caractérisé par le désir de certains artistes de faire un retour au Moyen-âge par un renouveau de ces formes du passé. Le sonnet en est un exemple. Il fut emprunté à l'italien Pétrarque. Certains poètes vont alors se regrouper autour de cette nouvelle forme de poésie : la très célèbre Pléiade. Elle regroupe sept poètes dont les deux chefs de file se trouvent être Du Bellay et Ronsard. Ce dernier est très certainement le plus célèbre de la Pléiade, ainsi que le poète le plus reconnu à son époque. Ses recueils de sonnets amoureux sont toujours dédiés à une femme. La Continuation des amours s'adresse ainsi à une jeune femme, paysanne, prénommée Marie. Ce sonnet est un alexandrin régulier et de type CC DEED. Ronsard cherche à convaincre Marie de la nécessité de l'aimer et d'aimer de manière bien plus générale. Nous pourrons alors nous demander comment, derrière le lyrisme qui semble personnel et intime, se dessine les contours d'une conception plus généralisée de l'amour.
Ce sonnet se trouve fondé sur une argumentative par laquelle il faut convaincre la femme d’aimer. Nous trouvons d’ailleurs la thèse de Ronsard dès le début de ce sonnet, dans le second vers : « aimez-moi donc, Marie ». La thèse se trouve validée par une série d'arguments, dont la succession épouse parfaitement la forme du sonnet.
Nous pouvons commencer par parler de la situation d’énonciation de ce sonnet, dont il se trouve plusieurs indices. Le premier mot de ce poème est une apostrophe : « Marie ». Cela correspond à la destinataire du poème. D'ailleurs, dans le premier vers, le poète utilise « votre », et dans le second vers, « aimez ». La jeune femme se trouve donc mise en valeur, tandis que le poète n'apparait qu'au second plan : « moi » (v 2).
Ce poème a également une dimension argumentative bien ancrée. On remarque la présence de l'impératif au vers 2, 3 et 6 : « aimez », « faites ». Il y a également une répétition de l'apostrophe « Marie » par deux fois. Ils se trouvent judicieusement placés dans le poème, c'est à dire, soit au début, soit à la fin d'un vers. Nous trouvons au vers 9 une tournure impersonnelle de valeur injonctive. Il y a aussi des liens logiques en présence : « donc » (v 2), « et » (v 11) et des « : » (v 2). Le locuteur cherche donc à convaincre « Marie » à l'aide d'un raisonnement construit.
Nous pouvons ensuite étudier les deux premiers quatrains dans lesquels se trouve une série d'arguments relatifs à la particularité du couple. Le premier argument se trouve dans les vers 1 à 3 : le prénom de la femme chérie. Nous pouvons noter que le verbe « aimer » (v 2), se trouve être l'anagramme de « Marie ». Cet argument repose entièrement sur une conception cratyléenne du langage : le nom de « Marie » signifie « l'amour » : d'où la présence du « donc ». Le deuxième argument se trouve dans les vers 4 à 6 : il offre l'idée que Ronsard est l'amant idéal. C'est d'ailleurs le superlatif « meilleur » au vers 4 qui prouve le caractère exceptionnel du poète, et le rend donc apte à offrir les plaisirs de la vie à Marie. Le troisième argument dans les vers 7 à 8, repose sur une idée de fidélité. C'est l'emploi du futur qui montre que le poète envisage l'avenir du couple : « prendrons » (v 6), « pourras » (v 8). Le poète à le désir de s'engager dans une relation durable, confirmé par les pronoms personnels qui d'abord séparés sont ensuite réunis par le « nous » (v 6) et « pendus l’un l’autre au col » (v 7) et par un engagement intense : « jamais nulle envie » (v.7). C'est une expression très forte, qui par l'enjambement aux vers 7 et 8, évite la rupture entre les deux vers et montre le lien exceptionnel qui les unis. Ronsard jure donc une fidélité éternelle à Marie.
Continuons par l'étude des deux tercets, dans lesquels se trouvent une seconde série d'arguments, non plus relatifs à la particularité du couple, mais sont d'une portée bien plus générale. De ce point de vue, nous constatons une rupture au niveau de la volta. Le premier argument de se trouve dans les vers 9 à 12, et affirme que l'amour est le fondement même de l'Homme et que personne ne peut s'en passer. Ce n'est pas tant l'objet de l'amour qui compte que l'action d'aimer : « quelque chose » (v 9). L'exemple du Scythe (v 11) qui est un barbare inhumain, agit comme un repoussoir : si vous ne voulez pas devenir Scythe, aimez. Le second argument dans les vers 12 à 13, affirme que celui qui n'aime pas se prive du bien le plus précieux : la douceur.
Finalement, nous jetterons un œil à la chute du sonnet qui est l'introduction d'un nouvel argument. Deux notions sont misent en valeurs par la chute du sonnet : l'amour et la mort. La mort est préférable à une vie sans amour, celons le poète. Notons la variété des arguments ainsi que leur gradation : nous allons du cas particulier au couple en général pour finir par l'image forte et brusque de la mort. Pour mettre cette gradation en valeur, le poète utilise les points stratégiques du sonnet, c'est à dire, la volta et la chute.
Cependant, on sait bien que dans toute argumentation, la conviction ne peut se défaire de la persuasion.
Ce sonnet est également une tentative de séduction. En plus de devoir convaincre, il faut également persuader. Nous pouvons donc dans un premier temps voir la séduction par le langage. Le jeu de mot initial se répand dans l'intégralité du sonnet dont il semble l'origine. L'anagramme semble posséder une habilité séduisante et subtile pour répandre le thème de l'amour dans tout le poème. Ce n'est pourtant que la variation d'un seul mot : « aimer ». Il est répété un certain nombre de fois : « aimer » (v.2), « aimez » (v.2), aux vers 6, 8, 9, 10, « aime » (v.14), « amour » (v.4). La majuscule du premier « aimer » donne une dimension sacrée à l’amour. « Aimez-moi » est également répété plusieurs fois.
Remarquons que ce jeu de mot a été savamment mis en valeur par une conjonction de plusieurs procédés. Nous avons un effet de chiasme : « Marie … Aimer … aimez … Marie ». Notons ensuite que le verbe « aimer » se trouve toujours à la fin du premier hémistiche ou au du second : il encadre donc la césure. « Marie », se trouve également, toujours, soit au début, soit en fin de vers, donc à des endroits stratégiques.
Dans un deuxième temps étudiant la variation des tonalités de la séduction. Cela permet ainsi au poète de toucher à tous les aspects de la sensibilité. Nous remarquons que dans les deux quatrains, le ton est relativement léger. La séduction est ici, avant tout d'ordre intellectuel car elle repose sur un jeu de mot. Le terme du plaisir développé au début du poème, conserve une connotation positive.
C'est dans les vers 9 à 12 que le ton devient sérieux : le propos général est donc bien plus sérieux. Des termes privatifs apparaissent : « qui n’aime point » (v.10) et « sans goûter » (v.12). Il y a aussi un jeu sur les sonorités qui permet de mettre en valeur certains thèmes. Nous avons également l'assonance en « i » du vers 11 : « vie d’un Scythe ». Elle met en valeur le contre exemple Scythe.
Dans les vers 13 et 14 et la chute, nous avons un ton empreint d'émotion. Il y a des exclamations : trois points d'exclamations, deux interjections et une phrase exclamative marquent
l'émotion mal contenue du poète. Il a aussi des questions oratoires. Nous trouvons également deux nouveaux thèmes, qui ne se trouvaient pas dans les quatrains : le regret avec « Las » et la mort avec « trépasser ». Nous avons un bouleversement du rythme, un contre rejet : « à l’heure / Que je n’aimerais point, puissé-je trépasser ». Nous avons un bouleversement de rythme interne au vers 13 : « Hé ! », coupures : 1, 8, 1 et 2 (au lieu de 6 et 6). Le poète fait donc un jeu sur les variations de ton pour séduire.
Finalement, le poète tente de séduire par la sensualité. Nous trouvons donc un vocabulaire relatif au plaisir avec une référence à la douceur au vers 12 : « douceur », « plaisir », « doux » (v 13). C'est un appel à la sensualité.
On peut voir que le poète cherche à tenter Marie. « Douceur des douceurs » est un superlatif, mais aussi une hyperbole qui démontre l'intensité des sentiments de Ronsard. Au vers 11, nous avons un ton sérieux. L’enjambement et le vers 12 se trouvent être des allusions au plaisir. Il y a un effet de suspense, car le complément de manière est rejeté dans le second tercet : on passe donc de la privation à la volupté. Nous avons une question rhétorique dans le vers 13 qui implique la destinataire : elle montre qu'il n'y a "rien de doux sans Vénus".
Le poète met ainsi en œuvre différents moyens pour séduire sa belle. Cependant, derrière une situation d'énonciation particulière, se cache une réflexion sur une conception bien plus large de l'amour.
Ce sonnet se trouve également être une réflexion générale sur l'amour. L'essentiel de ce poème est fondé sur un raisonnement inductif : on passe d'un cas particulier à quelque chose de plus général pour finir par revenir au cas particulier du début. Le cas particulier sert en fait de tremplin à la réflexion générale ce qui permet de valider le cas particulier par sa valeur universelle.
Nous pouvons donc voir dans un premier temps que ce poème lyrique contient donc de nombreuses marques de l’affectivité du poète. Notamment avec l'importance de la première personne : le « je » se trouve présent dans les deux quatrains, sous une forme passive : « aimez-moi ». On retrouve le « je » à la fin du poème, au vers 14.
Nous trouvons aussi une pointe de pathétique dans ce poème avec à la fin, l'évocation de la mort.
Continuons ensuite avec les procédés de généralisation qui permettent de dépasser le cas personnel. Les marques grammaticales de généralisation nous le montrent. Nous avons un passage des pronoms personnels aux pronoms indéfinis : « quelque chose » (v 9), « celui qui » (v 10), « il » (v 13). Il y a également un passage du futur au présent de vérité générale : « est-il rien de plus doux » (v 13), « celui qui n’aime pas, celui la se propose » (v 10), qui est une tournure proverbiale.
Soulignons que les références culturelles permettent également la généralisation des propos. Nous avons donc des références explicites : les Scythes (référence antique) : peuple barbare et non civilisés. Et aussi, Vénus au vers 13 : déesse de l’amour dans la mythologie latine. Puis nous avons les références implicites : l’épicurisme (Les poètes de la Pléiades sont très influencés par cette philosophie antique) qui tient son nom du philosophe grec Epicure. On retient souvent de cette philosophie la célèbre formule « Carpe Diem » (qui signifie profite du jour présent). Ici Ronsard invite donc Marie à profiter des plaisirs de l’amour et de l’existence. Cette invitation repose sur une conception de l’amour énoncée au présent de vérité générale et inspirée de l’épicurisme : amour plaisir et humanité sont indissociables. Ronsard propose donc une conception de l'amour très générale avec diverses références.
Nous verrons finalement, que cette poésie est loin d'être spontanée : l'anagramme du début se trouve être un jeu intellectuel inspiré de l'antiquité. Ronsard use à la perfection la technique du sonnet : chacun des lieux stratégiques du sonnet ont été utilisés : la volta et la chute qui provoquent un effet de suspense. Sa poésie repose donc sur une certaine érudition.
Nous pouvons conclure que ce n'est pas l’épanchement lyrique qui domine, car celui-ci se trouve « dompté » par la maitrise des techniques linguistiques et culturelles dont fait preuve le poète. Il s'élève à un degré de généralité qui dépasse alors l'expression des sentiments personnels. Nous avons là un poème très plaisant car il y a un jeu de mots, aussi bien sur les tons pour séduire que pour ceux pour convaincre. On peut cependant constater que Ronsard est resté ici, très conventionnel, aussi bien dans l'usage qu'il fait de la forme du sonnet que dans les références qu'il évoque. Les deux aspects, traditions et inventions, sont des caractéristiques de la poésie de la Pléiade qui cherche à imiter les auteurs de l'antiquité.
Il en livre ici une version originale où le vocabulaire amoureux rejoint les inquiétudes du poète. Organisé en trois moments, le poème, du vers 1 à 6, offre une vision idyllique de la beauté, dans les 6 vers suivants, faire part d’une inquiétude.
Le premier thème du texte est celui de la beauté.
Un lexique important renvoie effectivement à ce thème, qu’il soit dénoté, « beauté » (v. 6),
ou connoté, « bouquet » (v. 1),
« fleurs épanies » (v. 2),
« fleuries » (v. 6)
et « fleurs » (v. 8).
Cependant, ce lexique est, surtout en fin de strophe, accompagné de notion de temps, « demain » (v. 4),
« en peu de temps » et « soudain » (v. 8),
et de dépérissement, « Chutes à terre » (v. 4),
« flétries » (v. 7)
et « périront » (v. 8).
Il est ainsi possible de conclure que la beauté est menacée et que le temps la fera périr. La figure de style de l’antithèse donne la même impression.
« Épanies » (v. 2) s’oppose directement à « Chutes à terre » (v. 4)
et « fleuries » (v. 6), à « flétries » (v. 7).
Vers 1 :
Dès le premier « je vous », le poète et la femme qu'il aime se trouvent en scène.
Le présent du verbe « envoie » actualise le geste.
Le mot « bouquet » est mis en valeur car il est séparé, isolé au centre du vers.
Vers 2 :
Le verbe « trier » suppose un choix, ce qui renforce l'attention déjà présente dans « que ma main ».
« épanies » signifie que les fleurs sont au summum de leur et suggère en même temps la proximité du déclin qui suivra cet épanouissement.
Vers 3 :
« Qui ne les eût à ce vêpre cueillies » veut dire "si on ne les eût cueillies ce soir".
Le thème du déclin envahit à présent le texte, le mot « vêpre » est mis en relief par le rejet du participe passé « cueillies » en fin de vers.
Vers 4 :
Ce dernier vers crée, avec l'assonance en "u" une impression mélancolique. Au début de ce vers 4, le détachement du participe passé « chutes » qui devance l'auxiliaire « fussent » produit un effet d'accélération. Cet ordre particulier des mots met l'accent sur la chute, la mort des fleurs. Notons enfin les sons "ch" et "f" qui font entendre un chuchotement ici.
On met ainsi l’accent sur la fragilité de la beauté et la rapidité du vieillissement. La dernière antithèse est d’autant plus importante que, en plus d’être en fin de vers, elle est formée de termes associés par la rime, ce qui réunit le passé et l’avenir proche de la beauté, soit le dépérissement. Ainsi, le poète a mis en valeur la beauté, mais surtout la vulnérabilité de la beauté. (158 mots)
Ronsard se consacre ensuite au thème du temps. Le terme est d’ailleurs utilisé dès le début du premier tercet et à trois reprises dans les deux premiers vers de celui-ci. En liant ceci aux expressions « s’en va »
Enfin, les douze derniers vers livrent une mise en garde. Dans ce mouvement de progression en basculement, il serait donc intéressant de voir comment Ronsard livre son instance amoureuse en étudiant, dans un premier temps, la beauté de la femme lorsqu’elle est rapprochée de celle de la fleur, puis, dans un deuxième temps, la stratégie amoureuse mise en place par le poète.
L'amour de Ronsard envers Marie Dupin sert de prétexte pour évoquer la fuite du temps.
Nous nous intéresserons donc d'abord à l'affection de Ronsard pour la jeune paysanne.
pour exprimer la sincérité des sentiments le poete utilise differents effects stilistiques.
Premierement la juxtaposition des pronoms personnels "je vous" vers 1 soulignent la proximité entre Ronsard et Marie Dupin. Dès ces premiers mots, les amants entrent en scène. Le poete nous laisse imaginer par nous-mêmes les portraits des ces deux amoureux.
Le poète porte une attention particulière à Marie en lui envoyant un "bouquet" vers 1 cette attention est renforcée par la mise en valeur du COD à l'hémistiche du vers.
Le nom bouquet, est un nom multiplicatif car il exprime une multitude des choses, mises dans un seule place, liees. Ca peut nous sugerer un bouquet des beautes de Marie, un bouquet des couleurs sur ses vetements, un bouquet des dentelles, ou, un bouquet des fleurs sur sa robe. Comparee avec un bouquet, nous pouvons comprendre qu’elle est une fleur qui attend les abeilles, ou qu’elle est un compose des parfums naturels du champ.
La simplicité du geste participe à la manifestation de son amour.
Le verbe "trier" dans le vers 2 suppose un choix affirmant la délicatesse de son attention déjà présente dans "que ma main vient" vers 1 et renforcé par le pronom démonstratif "ces fleurs".
L’infinitif trier, nous souligne une action directe et accomplie, comme une decision ferme et un verdicte sans recours.
Aussi l'emploi du présent « vient » rend l'action instantanée, comme si Ronsard s'empressait de témoigner son affection à Marie.
Son amour est spontané, sincère, l'envoi des fleurs charmant, mais déjà teinté d'amertume.
Pour le moment le portrait de l’amoureux peut etre devigne par ses gestes, comme on peut devigner Marie par les mots employes par le poete.
Ces fleurs sont "épanouies" vers 2, c'est à dire au summum de leur beauté et suggère la proximité du déclin qui suivra cet épanouissement. Et leur manque d’mportance par rapport au bouquet qui est represente par Marie. Fleur entre fleurs, bouquet parmi des jardins differents.
Le déclin des fleurs est évoqué dans les deux vers qui suivent " Qui ne les eût à ce vêpre cueillies/ Chutes à terre elles fussent demain." vers 3 et 4.
L'antéposition "vêpres" et "demain" mettent en évidence la durée du déclin, une journée.
Vepre aussi suggere l’ardeur de l’amour d’aujourd’hui qui demain peut etre s’eteindra.
L'assonance en [u] donne une impression de mélancolie.
quand vous serez bien vieille (pierre de ronsard)
Auteur célèbre, représentant de la Pléïade et poète officiel de la cour de Catherine de Medicis, Ronsard écrit « les sonnets pour Hélène » en son âge mur à l’aube de sa cinquantaine. Fille d’honneur de Cateherie de Medicis, Hélène de Surgères, remarquable par sa vertu et sa beauté, avait perdu son fiancé dans la guerre civile 1570 et restait inconsolable. La reine invita Ronsard à l’immortaliser
Le poème qui nous intéresse est extrait d’un recueil intitulé Sonnets pour Hélène, écrit suite à la rencontre à la cour d’Hélène de Surgères.
Ronsard évoque le « dédain » de la dame et profite de ce thème amoureux classique pour parler du temps qui passe. Il se présente également en poète virtuose et profite du sonnet pour célébrer la poésie. En effet, la jeunesse et la vie passent, mais la poésie est immortelle.
Nous verrons donc comment ce sonnet présente d’abord un tableau nostalgique et réaliste de la vieillesse tout en étant une déclaration d’amour originale et enfin comment il constitue une célébration de la poésie.
Dans le sonnet « quand vous serez vieille… », le poète invite la belle et fière Hélène à «cueillir les roses de la vie » après lui avoir fait voir, non sans une certaine cruauté, la vieille femme qu’elle sera un jour
Le poème est un tableau car il y a des descriptions et des adjectifs→ «vielle» au vers 1 renforcer par «bien» au vers 1, il y a une opposition qui renforce la déchéance→ «belle» au vers 4 et «vielle» au vers 1, et il y a un hémistiche→ «vielle»
Les verbes «assis» au vers 2 et «accroupie» au vers 11 montre que le temps passe puisqu'au début elle était assise et qu'à la fin elle est accroupie→ position de la déchéance = tombe
Il y a une répétition du mot «vielle» qui prend différente valeur car au vers 1 c'est une qualité, alors qu'au vers 11 c'est un défaut.
vers 4 «célébrait»→ le passé montre quelque chose de résolu, il y a une répétition d'action dans le passé, thème d'un regret résolu au vers 12 «regrettant»
Elle n'a que la compagnie des servantes, donc elle est seule, assise près d'un feu.
vers 3 «En vous émerveillant»→ il y a un rejet de l'amour du poète, et il blâme Hélène → «fier dédain» au vers 12. C'est un portrait morale d'une femme qui montre un aspect négatif qu'elle a envers Ronsard.
Prolepse = projection dans l’avenir.
Moment choisi : le soir.
Symbole : Le soir de sa vie = approche de la mort.
Peu de lumière, sauf celle du feu et des chandelles. Univers rétréci.
Symbole de la flamme=âme de la vie. Vie fragile qui ne tient qu’à un souffle.
Rythmes irrégulier : 2 ème hémistiche du vers 1.
Filer la laine. Loin de sa vie d’avant. Sonorité en [an] « chandelle>>,
Chant nostalgique : se souvenir, tourner vers la jeunesse.
Courtisée que par ses servantes. Plus par Ronsard désormais.
Quatrains consacrés à « Vous » et Tercet consacré à « Je ». Construction qui va mettre en // la destinée d’Hélène et celle de Ronsard.
Ronsard s’imagine mort mais comme fantôme= LUI, ne sera pas préoccupé par la vieillesse.
Gradation : on passe de « assise » à « accroupie » et de « bien vieille » à « une vieille »
Mode imp. : Nous ramène dans le temps pst = sentiment d’urgence.
« Roses de la vie >> = Plaisirs = référence avec « Mignonne allons voir si la Rose…. >>
Eloge du poète : Il parle de lui à la 3ème pers. « Ronsard ». Place stratégique au début d’un vers
Le poète se projette dans le temps : Il cite 2 fois son nom «Ronsard» dans le poème au vers 4 et 7 alors que pour Hélène il ne fait que des allusions «votre nom» au vers 8. Il est au centre du poème avec «je» au vers 9 et «mon» au vers 10 alors qu'Hélène est désigné par le pronom «vous» au vers 1,5,8,11 et 12, elle est mise à l'écart.
Le premier quatrain est une description de la vie monotone d'une femme âgée. Le poète insiste sur l'âge (« bien vieille ») et les occupations calmes de la femme en question (« dévidant et filant » ; les participes présents créent un rythme lent). L'évocation de la fin de journée (« au soir ») fait penser à la fin de la vie. L'opposition futur / passé (« serez », « direz » / « célébrait » (la femme était la muse du poète), « j'étais ») souligne la différence entre la beauté (propre à la jeunesse) et la vieillesse.
Beauté éphémère: On peut voir qu'il y a une éloge de la beauté au vers 4 «belle» et au vers 8 «bénissant», cette parole est immortelle de la femme aimée mais paradoxale car cette beauté est résolu. On voit aussi que le future et le passé sont écartelé par le présent au vers 14 «aujourd'hui» qui montre que la beauté est éphémère.
Provocation: C'est un poète provocateur avec un ton accusateur, vers 12 «votre fier dédain». Il y a une insistance sur la vieillesse d'Hélène, il enfonce le clou avec un ton intimidant. Il y a une insistance avec un ton provocateur au vers 14 «Dés aujourd'hui» et on peut voir qu'au vers 13-14 il y a 4 verbes à l'impératif «vivez», «croyez», «attendez», «cueillez».
Une morale au vers 14 «cueillez […] les roses de la vie»→ profitez de la vie. On a une dénonciation de l'amour au vers 12 où «mon amour» s'oppose à «fier dédain» qui nous montre aussi qu'Hélène n'a rien compris puisque Ronsard est célèbre.
Genre pictural: vers 1 «chandelle»→ objet qui appartient au défunt
Sujet: Un sujet dans le tableau d'Hélène avec un éclairage vers 1 «chandelle», un arrière plan vers 5 «servante» et une diptyque→ élément qui composent un tableau
La chandelle éphémère qui montre que la vie se consume car «chandelle» vers 1 rime avec «belle» vers 4 et «immortelle» vers 8, se rapproche avec le son mais s'oppose. «belle» et «nouvelle» vers 4 et 5 sont employés pour dire que c'est nouveaux et jolie→ effet de miroir.
Un tombeau poétique, il ce site, il grave le monde de son nom au vers 4 et 7 «Ronsard»
Il y a une opposition de 2 images: le regret (négatif) et la célébrité (positif). Il y a une image dégradante de la vieillesse, la mort occupe tout les esprits, il réveille une terreur. Il y a un paradoxe car au lieu de faire un éloge d'Hélène, il l'a blâme. Ronsard renouvelle la pointe épicurienne, c'est la chute. Il fait passer un message à travers le tableau: le temps qui passe et Ronsard ne s'est pas trompé sur sa célébrité puisque grâce à lui Hélène est devenu célèbre.
Le premier tercet et le premier vers du second tercet opposent la mort du poète (champ lexical de la mort : « sous la terre », « fantôme », « sans os » et « repos ») et la vieillesse d'Hélène qui regrettera de ne pas l'avoir aimé (« regrettant […] votre fier dédain. La succession de rimes pauvres dans le sizain final accentue la triste réalité de la mort.
Le poète fait voir à Hélène la vieille femme qu’elle sera un jour
La projection est exprimée au futur prophétique (=futur certain) qui permet d’exprimer la fuite inéluctable (=inexorable) du temps.
Bien vieille = très vieille : le poète insiste sur la vieille qui attend Hélène inéluctablement.
Le poète décrit Hélène dans un décor chargé de connotation et de symbole :
· au soir mise en valeur entre virgules et au début du 2ème hémistiche. Le soir = fin de la journée préfiguration de la mort
· à la chandelle = faible lumière, flamme = vie qui ne tient qu’à un souffle
· elle est assise – immobilité – mort
· auprès du feu – qui apporte au corps de la chaleur qu’il n’a plus.
· dévidant et filant – occupation domestique monotone. Référence : 3 parques
· v.4 : mélancolique, nostalgique – imparfait, point d’exclamation
· servantes usés, endormies que seul le bruit de Ronsard peut réanimer
Le poète n'hésite pas à évoquer la vieillesse de manière cruelle.
Sa beauté est passée. Ce sonnet a été écrit pour Hélène, or il ne cherche pas à la célébrer mais lui renvoie plutôt une image peu flatteuse d'elle-même. Sa beauté n'apparaît qu'à l'imparfait : "Ronsard me célébrait du temps que j'étais belle" (v.4).
Son dédain. Au moral non plus, Hélène n'est pas célébrée. Son attitude en face de Ronsard est évoquée pour être regrettée. Elle apparaît en effet dans une attitude de dédain en face de l'amour qui lui est offert " regrettant mon amour et votre fier dédain " (v.12).
Sa vieillesse, non sans une certaine cruauté, Ronsard préfère envisager l'heure des souvenirs mélancoliques. A deux reprises, il se plait à faire envisager à Hélène sa vieillesse : " Quand vous serez bien vieille " (v.1), " vous serez au foyer une vieille accroupie " (v.11).
La nostalgie de l’amour perdu (amour célébré dans le regret et la nostalgie)
– Regret (passé « me célébrait » + « regrettant mon amour »)
– Verbes impératifs : Vivez, n’attendez, cueillez urgence de profiter du temps présent.
– Métaphore finale : « cueillez les roses de la vie » éphémère
On remarque qu'Hélène, contrairement au poète (qui se nomme ; abondance des pronoms personnels de la première personne et des possessifs), n'est jamais citée. Du coup, le poète semble un peu narcissique (il fait même parler sa bien-aimée au vers 4 et évoque sa célébrité au vers 5 : Ronsard est également connu de la servante).
D'une part, Ronsard se consacre à peu près autant de vers qu'à Hélène.
Dautre part, il a soin de ne pas se mettre en scène au moment crucial de sa vieillesse.
De plus, alors qu'Hélène n'a pas droit à être nommée dans ce poème (elle n'acquerra ce droit que si elle cède à l'amour de Ronsard), le poète se cite deux fois.
Enfin, les seules rimes riches que nous trouvons dans le sonnet appartiennent à des vers évoquant Ronsard et établit un contraste entre la monotonie de la vie et l’ennui (« sommeillant ») à l’effet revitalisant d’un poète déjà mort (« réveillant »). La poésie non seulement immortalise, mais aussi rend à la vie, réveille.
Utilisation de la l’euphémisme (v.9 et v.10). Atténue la réalité de la mort.
Plus que sa vieillesse, c'est son fantôme qu'il met en scène et sa mort même semble légère. Là où Hélène était accroupie, Ronsard se repose parmi des arbres symboles de la gloire. Certes le poète meurt, mais il continue à vivre dans les mémoires.
Chacun sur terre se souvient de lui, Hélène bien sûr : " Direz chantant mes vers " (v.3) mais encore l'ensemble de ses servantes se souviennent de Ronsard. L'expression " lors vous naurez servante " (v.5) a un caractère absolu. Elle signifie toutes les servantes. Ronsard est au cœur du dialogue qu'il imagine entre Hélène et ses servantes, et c'est la force de son seul nom qui les tire de leur sommeil.
L'orgueil du poète ici ne manque pas de finesse puisqu'il envisage sa gloire pour la faire rejaillir sur Hélène : " bénissant votre nom de louange immortelle " (v.8). Ne pouvant plus célébrer Ronsard mort, la servante transfère son admiration à celle qui lui a inspiré des poèmes, ce qui permet à Ronsard, écrivain de ce texte, de célébrer Hélène.
Ainsi Ronsard a vaincu la mort. Au nom de la poésie Hélène devrait donc répondre de son amour : " Vivez si m'en croyez, n'attendez à demain ".
Ce poème peut faire penser à une fable en raison des allusions à la mythologie et à la présence d’une morale. Il s’agit donc bien d’inscrire le sonnet dans un héritage littéraire. La poésie et le poète y sont célébrés autant que la femme aimée. La déclaration d’amour est un peu particulière dans la mesure où elle se fait sur le mode négatif du regret et prépare la chute finale : il faut profiter de la vie. Pour Ronsard, seule l’écriture poétique permet de garder le souvenir et donc d’immortaliser l’amour.
Vision brutale et dramatique de la mort des fleurs, ce déclin devient encore plus inquiétant lorsque Ronsard compare dans le quatrain suivant Marie à ces fleurs, d'abord pour sa beauté "fleurie" vers 6 mais aussi pour son existence "et comme fleurs périront tout soudain" vers 8.
Construit autour d’une rose dont il s’agit de détailler les atouts, le poème propose une métaphore filée de la femme.
a) Métaphore de la fleur
Remarquable par sa beauté, sa forme et son parfum, la rose est la fleur symbolique la plus employée en Occident. Elle correspond dans l'ensemble à ce qu'est le lotus, en Asie, l'un et l'autre étant très proches du symbole de la roue. L'aspect le plus général de ce symbolisme floral est celui de la manifestation, issue des eaux primordiales, au-dessus desquelles elle s'élève et s'épanouit. Cet aspect n'est d'ailleurs pas étranger à l'Inde, où la rose cosmique Triparasundarî sert de référence à la beauté de la Mère divine. Elle désigne une perfection achevée, un accomplissement sans défaut. Comme on le verra, elle symbolise la coupe de vie, l'âme, le cœur, I'amour.
La rose est, dans l'iconographie Chrétienne, soit la coupe qui recueille le sang du Christ, soit la transfiguration des gouttes de ce sang, soit le symbole des plaies Christ. Un symbole rosicrucien figure cinq roses, une au centre et une sur chacun le bras de la Croix. Ces images évoquent soit le Graal, soit la rosée céleste de la Rédemption. Et puisque nous citons les Rose-croix, remarquons que leur emblème place la rose au centre de la Croix, c'est-à-dire à l'emplacement du cœur du Christ, du Sacré-Cœur. Ce symbole est le même que la Rosa candida de la Divine Comédie, laquelle ne peut manquer d'évoquer la Rose mystique des litanies chrétiennes, symbole de la Vierge ; le même peut-être aussi que celui du Roman de la Rose. Angelus Silesius fait de la rose l’image de l'âme, celle aussi du Christ, dont l'âme reçoit l'empreinte. La rose d'or, autrefois bénie par le Pape le quatrième dimanche de Carême, était un symbole de puissance et d'instruction spirituelles Mais aussi sans doute un symbole de résurrection et d'immortalité. La rosace gothique et la rose des vents marquent le passage, du symbolisme de la rose à celui de la roue.
Il faut enfin noter le cas particulier, en mystique musulmane, d'un Saadi de Chiraz, pour qui le Jardin des Roses est celui de la contemplation : « J'irai cueillir les roses du jardin, mais le parfum du rosier m’a enivré. » Langage que la mystique chrétienne ne refuserait en aucune manière, en commentaire du Cantique des Cantiques sur la rose de Saron. La rose, par son rapport avec le sang répandu, paraît souvent être le symbole d’une renaissance mystique : sur le champ de bataille où sont tombés de nombreux héros, poussent des rosiers et des églantiers…
Des roses et des anémones sont sorties du sang d'adonis tandis que ce jeune dieu agonisait… Il faut, dit Mircea Eliade, que la vie humaine se consume complètement pour épuiser toutes les possibilités de création ou de manifestation ; vient-elle à être interrompue brusquement, par une mari violente, elle tente de se prolonger sous une autre forme : plante, fleur, fruit. Les cicatrices sont comparées à des roses par Abd Ul Kadir Gilani, qui attribue à ces roses un sens mystique.
F. Portal admet que la rose et la couleur rose constitueraient un symbole de régénération du fait de la parenté sémantique du latin rosa avec ros, la pluie, la rosée. La rose et sa couleur, dit-il, étaient les symboles du premier degré de régénération et d'initiation aux mystères. L'âne d'Apulée recouvre la forme humaine, en mangeant une couronne de roses vermeilles que lui présente le grand prêtre d'Isis. Le rosier, ajoute cet auteur, est l'image du régénéré, comme la rosée est le symbole de la régénération. Et la rose, dans les textes sacrés, accompagne bien souvent le vert, ce qui confirme cette interprétation. Ainsi dans l'ecclésiaste, il est dit : « J'ai grandi comme les plants de roses de Jéricho, comme un olivier magnifique dans la plaine ». L'olivier était consacré à Athéna et les roses suggèrent les mystères de l'initiation. En outre, les rosiers étaient consacrés à Aphrodite en même temps qu'à Athéna. La rose était chez les Grecs une fleur blanche, mais lorsque Adonis protégé d'Aphrodite fut blessé à mort, la Déesse courut vers lui, se piqua à une épine et le sang colora les roses qui lui étaient consacrées.
C'est ce symbolisme de régénération qui fait que, depuis l'Antiquité, on dépose des roses sur les tombes : les anciens nommaient cette cérémonie rosalia et tous les ans, au mois de mai, offraient aux mânes des défunts des mets de roses. Hécate, déesse des Enfers, était parfois représentée la tête ceinte dune guirlande de roses à cinq feuilles. On sait que le nombre cinq succédant au quatre, nombre d'accomplissement, marque le départ d'un nouveau cycle.
Au septième siècle, selon Bède, le tombeau de Jésus-Christ était peint dune couleur mélangée de blanc et de rouge. L'on retrouve ces deux éléments composants de la couleur rose, le rouge et le blanc, avec leur valeur symbolique traditionnelle, sur tous les plans, du profane au sacré, dans la différence accordée aux offrandes de roses blanches et de roses rouges, ainsi que dans la différence entre les notions de passion et de pureté et celles d'amour transcendant et de sagesse divine. Aux armes des religieuses, dit le Palais de l'honneur, on place une couronne – composée de branches de rosier blanc avec ses feuilles, ses roses et ses épines – qui dénotent la chasteté qu’elles ont conservée parmi les épines et les mortifications de la vie.
La rose est devenue un symbole de l'amour et plus encore du don de l'amour, de l'amour pur. La rose comme fleur d'amour remplace le lotus égyptien et le narcisse grec. Les roses celtiques, vivaces et fières, non dépourvues d'épines et lourdes d'un doux symbolisme. Notons celle du Roman de la Rose, dont Guillaume de Lorris el Jean de Meung font le mystérieux tabernacle du Jardin d'Amour de la Chevalerie, celle de rosa mystica des litanies de la Vierge, les roses d'or que les Papes donneront aux princesses méritantes, enfin l'immense fleur symbolique que Béatrice montre à Dante sincère et fidèle parvenu au dernier cercle du Paradis, rose et rosace à la fois. Béatrice qui apparaissait si proche, dans la Vita Nuova, vêtue de rouge ou de blanc, apparaît aloors comme celle qui s’en est retournée vers une autre blancheur, vers la splendeur de la Rose céleste, pour disparaître dans la région illuminée.
L'Amour paradisiaque sera comparé par Dante dans sa Divine Comédie au centre de la rose : au centre d'or de la rose éternelle, qui se dilate et va de degré en degré, et qui exhale un parfum de louange au soleil toujours printanier. L’Empyrée est semblable à un grand amphithéâtre, appelé Rose blanche ou Rose céleste. L’Empyrée est le lieu où se déploie l’immensité resplendissante de la Rose céleste, séjour éternel de la béatitude et de l’amour divin. Béatrice est au Paradis plus belle, plus lumineuse et plus rayonnante que jamais parce qu’elle s’en est retournée vers une autre blancheur, vers la splendeur de la Rose céleste pour disparaître dans la région illuminée.
Blanche ou rouge, la rose est une des fleurs préférées des alchimistes dont les traités s'intitulent souvent rosiers des philosophes. La rose blanche, comme le lys fut liée, à la pierre au blanc tandis que la rose rouge fut associée à la pierre au rouge. La plupart de ces roses ont sept pétales dont chacun évoque un métal ou une opération de l'œuvre. Une rose bleue serait le symbole de l'impossible.
Sous le prétexte d’admirer cette rose, le poète construit en effet une métaphore autour de la femme. Celle-ci n’est désignée que par le titre « mignonne » (v. 1, v. 13), les pronoms personnels des 12 premiers vers renvoyant eux à la rose.
La mention de la « robe » (v. 3), reprise par le détail des « plis de sa robe » (v. 5), renvoie aux parures de la femme.
De même, le choix du terme « teint » (v. 6) désigne explicitement une femme puisqu’il s’agit d’une particularité humaine. Cette mise en parallèle se marque également par le déterminant possessif « votre » et la structure comparative « au votre pareil ».
La personnification de la fleur « elle a dessus la place » (v. 8), « ses beautés laissé choir » (v. 9), donne à la fleur des attitudes humaines, favorisant le rapprochement entre la femme et la fleur.
Son mode d’apparition « ce matin avait déclose » (v. 2), « … une telle fleur ne dure / Que du matin jusques au soir » (v. 11) est relevé et rappelle l’apparition magnifique (ou ensorcelante) d’une femme qui, ensuite, disparaît.
Sans doute parce qu’il est plus courtois de célébrer la beauté d’une rose que celle d’une femme, le poète entreprend donc une métaphore filée des beautés de l’une pour magnifier l’autre. La rose, en effet, semble parée de tous ces atouts attendus et relevés chez une femme.
b) Description de la rose
Le poème insiste ainsi sur les qualités remarquables de cette fleur.
La rose est tout d’abord assimilée à une beauté naturelle (mention du « soleil » v. 3, pas d’artifice)
Sa couleur ensuite, d’un rouge sombre, « pourpre » (v. 3), adjectif repris sous forme adjectivée au v. 5, indique une tonalité chatoyante et majestueuse. Cet assombrissement de l’habit permet également un contraste avec le « teint » (v. 6).
La beauté de ses atouts en rappel, lorsqu’il s’agit de décrire la couleur de la « robe » qui éclate à la lumière, « sa robe de pourpre au soleil » (v. 3), en une sorte de duel visuel. Se forme ici comme l’idée d’une bravade aussi puisque le poème insiste à nouveau sur la couleur de la rose, non sur celle du soleil.
La grâce des mouvements est également suggérée par la mention du « [pli] » (v. 5) des vêtements. Rappelons qu’un pli se forme aux mouvements du corps et qu’il s’agit ici de désigner celui de la femme qui bouge, en une composante érotique discrète.
La mention des « vesprées » (v. 4), enfin, marquant le jour déclinant, semble, par opposition, indiquer les atouts revêtus pour un soir, une parure destinée à charmer par son éclat. Si dans un premier temps le poète a choisi d’honorer la femme par l’intermédiaire de la fleur, il insiste également sur un avenir moins prometteur.
c) Beauté et menace du temps
La personnification de la fleur se voile ainsi d’une double menace, avec l’idée d’un renouvellement, floral et naturel, mais qui renvoie aussi à celui de la femme, dont la beauté sera éclipsée par celle d’une autre : « dessus la place » (v. 8).
Vient ensuite l’idée de la disparition, « ses beautés laissé choir » (v. 9), par une structure verbale « laissé choir », où le verbe à connotation négative placé en finale prend poids et importance. La fin du vers se termine par la fin de la rose, par mimétisme entre poème et évocation, accentuant cette donnée qui gagne en pouvoir de suggestion.
Pour évoquer la dégradation de la beauté, le poème ne reprend pas les composants des premiers vers (atouts, couleurs) mais énonce simplement la réalité implacable de la fin, insistant sur la progression inexorable de l’outrage par un rythme régulier qui figure celui d’une montre « Puisqu’une telle fleur (…) jusques au soir ! » (v. 12).
Cette fleur métaphore de la femme en reprend toutes les qualités remarquables qui peuvent attiser la convoitise du poète. Beauté, élégance, accord des couleurs, la fleur ressemble à la femme jusque dans sa tragique destinée, la mort de sa beauté. Face à la menace, le poète offre une invitation amoureuse
– Alors que "fleuries" (vers 6) indique l'épanouissement de la fleur, "flétries" (vers 7) désigne la mort de celle-ci. Le rapprochement de ces paronymes à la rime met en évidence la proximité de la naissance et de la mort : dès sa jeunesse, Marie est condamnée.
– Ce déclin d'abord est amplifié par l'utilisation des adverbes "toutes" vers 9 et "tout" vers 10 puis, il est accéléré par les compléments circonstanciels de temps placés au début et à la fin des deux derniers vers du deuxième quatrain. "En peu de temps", "tout soudain".
-> On assiste au caractère éphémère de l'existence accentué par la fuite du temps conduisant à la mort.
Cette invitation amoureuse se construit sous une thématique simple mais dans une relative complexité stratégique. Évoquant la dégradation à venir, le poète y oppose en effet une invitation simple : profiter de l’instant présent.
Cette invitation au Carpe Diem est annoncée sous le double champ lexical de la nature et du temps. Le champ lexical de la nature, avec l’adjectif « verte », tonalité du feuillage, est ici associée, par redondance presque, à la « nouveauté » (le feuillage nouveau est en général vert).
La beauté fugace de la fleur, et par conséquent de la femme, implique de profiter du moment présent, de « cueillir le jour ». Le positionnement en fin de vers des termes « jeunesse » et « vieillesse » marque ainsi une opposition structurale et imagée, balançant entre les deux antithèses de l’existence humaine.
S’il reprend le Carpe Diem, le poète l’incline vers une version plus personnelle, teintée de mélancolie « las » (v. 7). Le choix d’une personnification de la « Nature » (v. 10), s’il marque aussi une pratique d’époque, évoque une communion entre les éléments et l’homme. Cette nature, s’il fallait la suivre aveuglement, serait celle de l’amour.
Cueillir le jour, cueillir la fleur, le poème joue du double emploi du verbe pour marquer le parallèle de sa démonstration. Il se présente ainsi comme un stratège qui construit son discours amoureux.
La construction du discours stratégique
Un changement progressif d’énonciation entoure en effet le message du poète. Si les deux entités sont confondues grâce à la métaphore, le poème glisse doucement vers une adresse directe à la femme.
Un changement d’énonciation brouillé avec « Mignonne » du vers 8 qui peut tout à la fois renvoyer à la rose ou bien à la femme.
l’impératif « voyez » (v. 7), s’il indique que la destruction vise la fleur, s’adresse en réalité à la femme.
« ses beautés laissé choir » (v. 9), semble signifier que la fleur elle-même abandonne la lutte
La répétition des impératifs « Cueillez » (v. 16) martèle un message que le poète se charge de relayer. Le changement d’énonciation est en effet marqué avec une adresse directe à la femme. La mention de son « âge » (v. 14), donc une composante humaine, nous renvoie, par inversion grâce au terme « fleuronne » (v. 14), à la fleur devenue secondaire. Ce n’est plus la fleur qui désigne la femme mais la femme qui peut se comparer à la fleur. Le dernier mot « beauté » (v. 18), ne renvoie plus à celle de la rose mais bien à la femme qui semble reprendre ici le premier rôle, un temps caché derrière la métaphore filée. Le terme « fleuronne », donc, perpétue cette métaphore mais la modifie.
Il s’agit ainsi pour le poète de, non seulement amener la femme à se retrouver dans cette image de rose, mais également de lui permettre d’assimiler le destin de la fleur au sien propre. En se retournant à nouveau vers la femme pour lui adresser ses vers, le poète la place, en quelque sorte, comme sujet agissant libre de choisir. En toute connaissance de cause. Mais son implication dans le poème brouille quelque peu le discours.
b) l’implication du poète
La présence du narrateur apparaît en effet dans le poème au-delà du message amoureux
Le poète tente de convaincre la femme en s’impliquant comme énonciateur et comme acteur. Les deux points d’exclamation (v. 9 et 12) ainsi, appuient la démonstration mais indiquent également la présence du narrateur, impliqué dans le poème comme devrait l’être la femme.
Cette destruction de la beauté, le poème nous l’annonce, est due à la cruauté d’un temps, d’une « marâtre Nature » (v. 10), personnification d’une figure qui décide en lieu et place des intéressés. L’implication du poète se retrouve cependant par l’utilisation d’un adjectif dépréciatif, « marâtre » permettant de visualiser le poète, la rose, la femme, impuissants devant le destin qui leur est réservé.
Le poète apparaît comme un homme sage qui donne des conseils à propos d’un destin dont il semble connaître d’avance le déroulement. L’usage de l’impératif, « voyez » (v. 7) donne ainsi l’impression d’un homme qui se contente de faire constater ce qu’il annonçait. Le second impératif, au vers 13, « Donc, si vous me croyez », par la présence en début de vers d’une coordination de subordination « donc », implique une relation logique : si le discours a été entendu, la réponse sera sans équivoque. Enfin, « cueillez », au v. 16, en valeur de conseil, se joue sur le mode de la répétition et de l’art de convaincre.
En se présentant comme l’homme d’expérience à qui la femme aimée doit faire confiance, le poète construit son discours comme son personnage. Il joue en effet des deux niveaux d’énonciation, destinataire et émetteur, et permet un échange qui n’est somme toute que stratégique. S’il reprend une philosophie du bonheur présent, ce n’est, de même, que pour la détourner vers ses intérêts propres. Il s’assure, en fait, une autorité dont la finalité n’est pas vraiment de mettre en garde, mais de séduire.
Vers 9 :
– La répétition du "temps s'en va" et utilisation de monosyllabes donnent l'impression que l'écoulement du temps est rapide. La décroissance du rythme (4/4/2) montre que cet écoulement est de plus en plus rapide.
– Le temps est fluidifié par les sifflantes et les assonances [en] et [a].
– Le rythme est coupé par des virgules qui apparaissent comme des silences inquiets de la prise de conscience de la mort, par l'homme.
– L'emploi du présent fait de ce constat une réalité vécue, générale, accentuant cette prise de conscience.
Mais une autre réalité survient, ce n'est pas le temps qui s'en va mais c'est nous.
– Le poète rectifie le vers précédent pour nous annoncer une vérité encore plus terrifiante.
– Cette correction est mise en évidence par l'accentuation de la négation "non" placée à l'hémistiche et juxtaposée avec le mot "temps".
– Les assonances en [ou] et [on] s'opposent aux assonances en [en] et [a] du vers précédent, participant aussi à cette rectification.
– Les nasales quant à elle, à l'instar des sifflantes, minimisent la fuite du temps.
– Cette modification se fait au regret du poète souligné par l'inter jonction "Las !" au début du vers.
Cette fuite du temps devient angoissante et la sévérité de la situation est dénoncée par la correction du poète, insistant ainsi sur notre mort.
Celui-ci cherche néanmoins à nous prévenir de cette mort. Nous nous verrons donc les avertissements émis par Ronsard.
Réalisation de la mort
– Notre disparition, d'abord euphémisée dans les deux premiers quatrains par la métaphore de la mort de la fleur, prend ici une image brutale.
– "Et tôt serons étendus sous la lame ;" vers 11 : la lame, associé au tombeau, donc à la mort, a une connotation macabre car réaliste.
– La mort apparaît soudaine et proche : le complément circonstanciel de temps "Et tôt" fait écho à "tout soudain" vers 8 soulignant l'imminence de la situation.
– L'emploi du futur "serons étendu" vers 11, "serons morts" vers 13 rend cette mort inévitable et certaine : on ne peut y échapper.
– Tout au long du poème, on peut remarquer un crescendo: "chutes" vers 4, "cherrons" vers 7, "périront" vers 8, "étendus sous la lame" vers 11 conduisant vers la "mort" écrit pour la première fois dans le vers 13, accentuée par son placement à l'hémistiche.
– Le cheminement exprimé dans "nous nous en allons" vers 10 a maintenant trouvé son terme.
-> Dès le début du poème, Ronsard essaye de nous avertir de cette mort imminente.
– Dans le vers 5, Ronsard prend un ton sentencieux, et cherche à faire la morale : "que cela vous soit un exemple certain"
– L'utilisation du subjonctif a ici une valeur d'ordre et de souhait. Ronsard cherche donc à nous prévenir du danger.
– Ce danger, illustré par l'adjectif "certain", a une allure menaçante.
-> Il veut nous avertir de notre destinée et l'adresse à Marie se fait insistante.
– Dans le vers 13, Ronsard revient avec le futur à l'idée que la mort efface tout :
"quand serons morts n'en sera plus nouvelle"
-> Il franchit ainsi le temps, insiste sur notre disparition totale.
– Cette disparition est mise relief par l'antithèse "mort", "nouvelle".
-> Dans le dernier vers "Pour ce, aimez-moi cependant qu'êtes belle.", Ronsard nous invite donc au Carpe diem et incite ainsi Marie à l'aimer et à profiter de la vie.
– Le connecteur logique "pour ce" achève son raisonnement.
– Cette demande d'amour est doublée d'un conseil d'épicurisme lui-même teinté d'une certaine mélancolie provenant de la précarité de son existence marqué par le connecteur "cependant que".
– La notion de durée vient alors s'inscrire dans cette conclusion insistant sur le caractère éphémère de la jeunesse et rend ainsi un dernier hommage à la beauté de Marie.
Conclusion
Le poète parvient habilement à traiter un thème d’époque, réactualisé par la composante amoureuse. La force du poème réside dans sa capacité à prévenir du destin, à proposer une solution mais aussi à construire un discours qui, parce qu’il est amoureux, ne devrait pas s’embarrasser de réflexion. Dans une perspective plus large, il est possible de lier la condition de la rose à celle de l’homme, l’inscription du poème et de la description comme trace mémorielle s’y opposant. Le poème, la maîtrise du style lui permettent aussi d’espérer l’immortalité. Cette joie que la belle lui refuse, la poésie peut la lui offrir.
Ce sonnet est original dans la façon dont Ronsard préconise le Carpe diem. Ce poème élégiaque, qui utilise un vocabulaire simple est une invitation à l'amour, mais le ton se fait grave car celle-ci est associée à des images mélancoliques et morbides. L'amour de Ronsard pour Marie Dupin se glisse au second plan pour laisser paraître la fuite du temps, et l'avertissement de Ronsard sur la mort.
Cette leçon épicurienne se retrouve de la même manière dans Sonnets pour Hélène : "Quand vous serez bien vieille" :
"Si vous m'en croyez, n'attendez à demain
Et cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie".
Ronsard poete de la conquete amoureuse
Dans son livre Ronsard, poète de la conquête amoureuse 2, M. Andre Gendre,
admettra sans doute volontiers qu'il porte un jugement de valeur sur une tentative nouvelle de comprendre les Amours de Ronsard. Il est vrai cependant qu'une certaine lecture des recueils amoureux de Ronsard peut laisser croire a un beau desordre.
Il est certain de plus que Ronsard, comme createur, dans l'ordonnance d'une
edition precise des Amours, a fait un choix qui est signifiant.
Ce jugement vaut particulierement pour les Amours de Cassandre. Des le premier sonnet, veritable avertissement aux lecteurs, Ronsard nous presente ses Amours comme la description de son echec ;
Qui voudra voir comme Amour me surmonte,
Comme il m'assaut, comme il se fait vainqueur,
Comme il r'enflame et r'englace mon cueur,
Comme il recoit un honneur de ma honte ;
Qui voudra voir une jeunesse pronte
A suivre en vain l'objet de son malheur,
Me vienne lire : il voirra la douleur,
Dont ma Deesse et mon Dieu ne font conte.
Il cognoistra qu'Amour est sans raison,
Un doux abus, une belle prison,
Un vain espoir qui de vent nous vient paistre ;
Et cognoistra que l'homme se decoit,
Quand plein d'erreur un aveugle il recoit
Pour sa conduite, un enfant pour son maistre.
Le lecteur est donc averti du contenu : c'est l'histoire d'un echec amoureux. Il n'aura pas a etre dupe des espoirs qui pourraient naitre ici et la dans l'oeuvre. Ils sont voues a Véchec.
C'est Cassandre elle-meme qui le repetera au poete dans le sonnet XIX.
Avant le temps tes temples fleuriront
De peu de jours ta fin sera bornee,
Avant le soir se clorra ta journee,
Trahis d'espoir tes pensers periront ;
Sans me flechir tes escrits fletriront . . .
La poursuite de la Dame devient alors un exercice gratuit, voire futile, puisque l'inaccessible espoir ne pourra jamais etre atteint. Et au moment ou le poete croit toucher a son but, etreindre sa proie, celle-ci lui echappe. Elle est la perle cent
fois tenue, cent fois perdue a cause de la jalousie de l'aveugle Archer qui veut jouir seul d'une si chere proye.
Devient-elle enfin accessible au fond d'un val esmaille
aux aveux probables du poete, qu'un Centaure envieux la
ravit alors meme que le poete estudioit sa premiere harangue,
/ Pour soulager de [ses] peines le faix . . . ! Et le songe lui-meme n'apporte habituellement n a Ronsard que deception : le temps est trop rapide et la dame, evanescente. Ce mince debris de consolation, ce succedane de la vraie possession, ce fallacieux espoir est, lui aussi, interdit au poete. Reste alors a celui-ci le secours d'une etrange priere :
Demeure, Songe, arreste encore un peu I
Trompeur, atten que je me sois repeu
Du vain portrait dont l'appetit me ronge.
Ren moy ce corps, qui me fait trespasser,
Sinon d'effet, souffre au moins que par songe
Toute une nuit je ie puisse embrasser .
Ce souhait est assez clair quant aux chances de l'amant a posseder reellement Cassandre. Ce n'est donc pas sans realisme que Ronsard compare son penser emprume d'ailes jointes de cire a Icare , reconnaissant ainsi non seulement
la vanité meme de la poursuite, mais aussi ses dangers.\
II y a en effet le sonnet CXCII qui est beaucoup plus consistant :
Il faisoit chaud, et le somne coulant
Se distilloit dans mon ame songearde,
Quand l'incertain d'une idole gaillarde
Fut doucement mon dormir affolant.
Panchant sous moy son bel ivoyre blanc
Et m'y tirant sa langue fretillarde,
Me baizottoit d'une levre mignarde,
Bouche sur bouche, et le flanc sur le flanc.
Cesse, Penser,, de hazarder ton aile,
Qu'on ne te voye en bruslant desplumer.
Car cette poursuite sterile est, pour le poete petrarquiste, donc ici pour Ronsard, une source de peines, de douleurs. Le poete, on le sait, souffre mille souffrances, mille morts
dans sa quete d'amour vaine. Mu par la fureur amoureuse, il est condamne pourtant a poursuivre cette quete et a devenir par le fait meme la source de son propre malheur. Lance a l'assaut de la belle, il devient la victime de sa propre chasse, victime des sentiments les plus contradictoires. Rien ne pouvait mieux imager cet etat que le sonnet CXX.
Franc de raison, esclave de fureur,
Je vay chassant une fere sauvage,
Or' sur un mont, or' le long d'un rivage,
Or' dans le bois de jeunesse et d'erreur.
J'ay pour ma lesse un long trait de malheur,
J'ay pour limier un violent courage,
J'ay pour mes chiens, l'ardeur, et le jeune age,
Et pour piqueurs, l'espoir et la douleur.
Mais eux voyans que plus elle est chassee,
Plus elle fuit d'une course eslancee,
Quittent leur proye et retournent vers moy,
De ma chair propre osant bien leur repaistre . . .
Cette scene de chasse ou Ronsard, de chasseur devient le chasse, demontre donc nettement qu'il est, dans les Amours de Cassandre, la proie et la victime de sa propre recherche amoureuse. Ce sonnet, ajoute a tant d'autres deja cites, demontre egalement (je dirais surtout) que Ronsard est conscient que ses Amours sont la narration de son echec
amoureux et qu'il veut que son lecteur soit egalement conscient de cet echec. Ses Amours seraient donc le resultat dans un premier temps de la conscience d'un échec amoureux ;
dans un second temps, de la narration de cet échec et dans un troisieme temps, de la conscience de la narration de cet échec.
Toutefois, quand on lit le debut des Amours, l'on n'a pas l'impression de cette mise en evidence de l'echec amoureux. En effet, jusqu'au sonnet LUI, le lecteur est surtout frappe
par l'evolution de l'amour du poete. Sans doute, il y a le sonnet XIX ou Cassandre annonce a Ronsard que c'est en vain qu'il la chante, sans doute, dans d'autres sonnets, le poete II serait par ailleurs interessant d'etudier la structure des œuvres ou l'on trouve expressément cet aveu au lecteur pour voir jusqu'a quel point l'auteur etablit un rapport conscient entre cet aveu et l'oeuvre en question.
Qui veut scavoir en quante, et quelle sorte
Amour cruel travaille les esprits
De ceux, qui sont de son ardeur espris,
Et, le servant, quel fruit on en rapporte :
Qu'il vienne voir ma peine ardente et forte,
En discourant ces miens piteux escris :
Car mes helas, et mes souspirans cris
Descouvriront la douleur que je porte.
Il me verra craindre, et puis esperer,
En desir croistre, et soudain empirer,
Changer cent fois le jour de passion.
Il me verra alors, qu'Amour se joue
De mon mal'heur, sur l'amoureuse roue,
Souffrir le mal d'un dolent Ixion.
En declarant sa maitresse inaccessible, passe par les transes de l'amoureux petrarquiste digne de ce nom ; toutefois l'agencement des sonnets se fait suivant une ligne ascensionnelle qui ne neglige pas, loin de la, tous les sentiments contradictoires du poete, mais qui les oriente vers la pointe ultime de cette ascension, le sonnet LU, dans lequel le poete reconnait les bienfaits de l'amour sur sa vie.
Avant qu'Amour du Chaos ocieux
Ouvrist le sein qui couvoit la lumiere,
Avec la terre, avec Tonde premiere,
Sans art, sans forme, estoyent brouillez les Cieux.
Tel mon esprit a rien industrieux,
Dedans mon corps, lourde et grosse matiere,
Erroit sans forme et sans figure entiere,
Quand l'arc d'Amour le perca par tes yeux.
Amour rendit ma nature parfaite,
Pure par luy mon essence s'est faite,
Il me donna la vie et le pouvoir,
Il eschauffa tout mon sang de sa flame,
Et m'agitant de son vol feit mouvoir
Avecques luy mes pensers et mon ame.
Un tel langage, est le signe evident que le poete a atteint une serenite amoureuse parfaite . Comparatif avec les sonnets anterieurs qui en effet racontent la naissance de l'amour (sonnets II-VI), la soumission de l'amant a cet amour (sonnets VI-XVII), les troubles du poete partage entre la joie passive de la contemplation et la tension du desir (sonnets XVIII – XXVI), les mille souffrances de l'amant tourmente par des desirs qui ne seront
jamais satisfaits (sonnets XXVII -XXXIX), l'acceptation enfin par le poete de l'amour pur apres avoir tente, mais en vain, un ultime assaut contre la chaste reserve de Cassandre (sonnets XL-LU). On le voit, le sonnet LU represente bien, l'aboutissement ideal de l'amour veritable. Il y a donc une ascension reelle et l'on peut vraiment dire que les elements anterieurs contribuent puissamment a mettre en relief le sommet atteint par Ronsard. Si bien que jusque-la, l'on pouvait plutot parler de victoire que d'echec, c'est ce moment meme que le poete choisit pour briser le rythme, ne faisant qu'une tres breve halte de ce qui aurait pu etre un etat final.
J'ai veu omber, o prompte inimitie I
En sa verdeur mon esperance a terre,
Non de rocher, mais tendre comme verre,
Et mes desirs rompre par la moitie.
L'on a dit de ces vers qu'ils rappelaient le mariage de Cassandre Salviati. Mais de par leur position dans l'oeuvre, ils sont bien plus revelateurs. En placant a cet endroit precis le rejet de son amour par sa dame (car il s'agit bien d'une brisure que le poete se fait imposer), Ronsard change totalement le ton de l'oeuvre. Ce sonnet est alors la confirmation de l'echec du poete dont les desirs ne peuvent accepter la beatitude. Il est aussi l'affirmation du refus de cet echec par Ronsard. Les derniers vers sont significatifs a
ce sujet : le poete y proclame sa volonte de forcer le destin et de s’obstiner de continuer a aimer Cassandre malgre elle.
Or s'il te plaist, fay moy languir en peine,
Tant que la mort me de-nerve et de-veine
Je serai tien. Et plus-tost le Chaos
Se troublera de sa noise ancienne,
Qu'autre beaute, qu'autre amour que la tienne,
Sous autre joug me captive le dos.
Les tensions du desir amoureux, desir dont il ne peut se degager, car il est vaincu par Amour (sonnet LVIII), continueront de harceler le poete alors meme qu'il n'y a plus de
Solution. Ce refus du poete, cette absence d'espoir seront alors nettement marques
dans la structure. Le sonnet LUI est donc bien le point tournant de l'oeuvre ; non seulement il vient briser l'harmonieuse ascension des sonnets anterieurs, mais il ouvre la voie a l'expression des multiples dechirements du poete .
Les groupes de sonnets qui vont suivre seront sans doute construits autour d'un theme general, mais ils seront surtout l'occasion pour le poete de redire a satiete et jusqu'a en devenir lassant tous les malheurs qu'il eprouve a etre amoureux.
Le ton variera des larmes au depit, du depit a la colere, de la colere a l'exasperation, de l'exasperation aux larmes, des larmes aux plaintes, des plaintes aux . . . Mais a chaque occasion le ton est justifie habituellement par le sonnet ou les sonnets qui ouvrent une serie entiere.
Ainsi Ronsard essaie-t-il a peine de chercher refuge (sonnets LIV a LVIII) dans le rappel des beautes de Cassandre.
Les sonnets suivants reprendront ce theme, justifiant ainsi le rappel des effets doux-amers d'un amour non partage, jusqu'à ce que Ronsard se declare heureux de son joug . Mais ce calme est de courte duree puisqu'un nouveau groupe de sonnets recommence, axe sur le desir d'une presence chaste (sonnets LXXVII a LXXXII). Et comme la realisation de cet espoir est impossible, les souffrances reprennent de plus
belles, les plaintes recommencent et le ton devient amer. C'est d'ailleurs sur une note de profonde amertume que s'acheve cette serie de sonnets.
Mais l'auteur ne s'arretera pas la pour autant. Apres avoir utilise le desir d'une presence inaccessible, Ronsard relancera son debat interieur en imaginant que Cassandre est absente.
« Bienheureux soit mon tourment qui r'empire /Et le doux joug, sous qui je ne respire . . (sonnet LXXVI)
« Que pleust a Dieu que telle amour, enclose,/Comme une fleur, ne m'eust dure qu'un jour.(sonnet XCVI)/elle a quitte sa demeure pour quelque temps (sonnet XCVII),
le soleil, par son absence, l'a oblige a demeurer trois jours a l'interieur (sonnet XCVIII) . . L'on comprend les souffrances terribles que provoque chez le poete un tel drame. On le voit donc, Ronsard engendre lui-meme ses propres douleurs a l'infini. Il est donc veritablement, selon son aveu significatif, comme un Phenis renaissant de [sa] peine.
Dans un autre sonnet, il se plaint d'avoir a lourdir sans cesse une nouvelle trame. Et souventes fois, il se comparera a Promethee, Tantale, Ixion. Il dira de sa peine qu'elle renait, comme l'hydre de Lerne, au moment ou on la croit morte.
Mais de la dent d'un soin continuel
Ma pauvre vie est toujours outragee.
Plus je me force a le vouloir tuer,
Plus il renaist pour mieux m'esvertuer
De feconder une guerre en moy-meme.
Il n'est donc guere etonnant alors que lorsqu'un theme semble avoir epuise ses larmes ou l'interet du lecteur, il en introduise un autre pour poursuivre sa complainte. Et l'on a l'impression avec raison que le poete pourrait continuer eternellement ce cycle. La preuve en est en tout cas qu'il arrete ce manege d'une facon assez etrange et fort abrupte. Si l'on en croit le poete en effet, c'est sur l'ordre du roi qu'il cesse son chant amoureux.
Mon oeil, mon coeur, ma Cassandre, ma vie,
He I qu'a bon droit tu dois porter d'envie
A ce grand Roy, qui ne veut plus souffrir
Qu'a mes chansons ton nom se vienne offrir.
C'est luy qui veut qu'en trompette j'echange
Mon luth, afin d'entonner sa louange
Et c'est au rappel du nom d'Henri, vainqueur sur les bords du Rhin de
qu'il terminera ses Amours de Cassandre.
J'alloy roulant ces larmes de mes yeux
Or' plein de doute, ore plein d'esperance,
Lors que Henry loing des bornes de France
Vengeait l'honneur de ses premiers ayeux . . .
D'ailleurs cette fin, pour artificielle qu'elle soit, n'est pas denuee de sens : de meme que le poete avait ete contraint de chanter l'amour sous l'influence d'une force exterieure (fureur amoureuse, destin . . .) a laquelle il ne pouvait resister, de meme c'est sur l'ordre d'une volonte superieure qu'il cesse son chant. Comme Promethee, auquel il se compare souvent, le poete sera donc arrache a son supplice par l'action d'une aide exterieure.
Bibliographie
1. Oeuvres de Pierre de Ronsard
Oeuvres complètes, texte établi et annoté par Gustave Cohen, Paris: Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade), 1950 (2 tomes).
Les Amours (1552-1984), chronologie, introduction, notes et glossaire par Marc Bensimon et James L. Martin, Paris: Garnier-Flammarion, 1981.
Oeuvres complètes, éd. par Paul Laumonier (et complétées par I. Silver et R. Lebègue), Société des Textes Français Modernes, Paris: Didier, 1914-1975 (20 tomes).
2. Etudes critiques
Gadoffre, Gilbert, Ronsard, Paris: Ed. du Seuil, 21994.
Gendre, André, Ronsard poète de la conquête amoureuse, Neuchâtel: Editions de la
Baconnière, 1970.
Laumonier, Paul, Ronsard poète lyrique, Genève: Slatkine, 1972 (réimprimé d’après la 3 édition, Paris: Hachette, 1932).
Moisan, Jean-Claude, L’ organisation des «Amours de Cassandre», in: Etudes littéraires 4/1971, p.175-186.
Py, Albert, Imitation et Renaissance dans la poésie de Ronsard, Genève: Droz, 1984.
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