Notions générales sur la syntaxe de la phrase [608139]

Chapitre I
Notions générales sur la syntaxe de la phrase

Dans ce chapitre, nous avons l’intention de créer un contexte général du sujet que nous
allons parcourir tout au long du travail. Le chapitre contiendra des informations conceptuelles sur
la phrase, la phrase simple par rapport à la phrase complexe. La deuxième partie du premier
chapitre contiendra de l’information sur les éléments obligatoires et facultatifs dans une phrase
qui va créer le contexte global pour pouvoir analyser en suite le comp lément de cause.

1.1 La phrase : phrase simple vs phrase complexe
1.1.1 Précisions conceptuelles sur la phrase
La phrase est l'unité de communication linguistique, c'est -à-dire qu'elle ne peut pas être
subdivisée en deux ou plusieurs suites (phoniques ou graphiques) constituant chacune un acte de
communication linguistique. (Grevisse, 1986 : 221)
La phrase est l’unité syntaxique qui est supérieure à la proposition. Elle est constituée de
deux ou plusieurs propositions : Les rapports existant s entre les pro positions qui constituent une
phrase sont les mêmes que ceux qui existent entre les éléments d’une proposition. Ainsi, une
phrase sim ple consiste en une seule proposition , et une phrase complexe c onsiste en un système
de propositions . (Jeanrenaud, 1996 :234)
La phrase e st définie graphiquement et orthographiquemen t comme un ensemble de mots
délimité à son commencement par une majuscule et, à la fin, par un point, un point
d’interrogation ou un point d’exclamation. De plus, il y a des phrases où les propositions à verbe
fini sont séparées par un point de leur proposition principale : En même temps, je voulais lui
apprendre deux ou trois choses. Si bien qu’au bout de trois semaines, je n’avais plus rien à lui
apprendre.
En ce qui concerne phonétique, l a phrase est dé limitée par deux importantes pause s, entre
lesquelles il y a une courbe mélodique, déterminée par l’intonation. L’intonation comprend des
éléments affectifs, esthétiques, connotatifs « par lesquels les sentiments et les émotions
s’unissent à l’expression des idées, mais elle remplit aussi une fonction syntaxique » (Murăreț,
2001: 9), elle nous aide à identifier le type auquel appartient la phrase : type assertif, type
injonctif, type exclamatif.

Si on définit la phrase en tenant compte de l’o rdre sémantique, la phrase est un ensemble
de mots cohérent du point de vue grammatical et qui produit un sens complet. Des énoncés,
même corrects du point de vue grammatical, ne peuvent pas constituer des phrases s’ils ne
respectent pas le critère sémanti que.
Les trois critères – graphique, phonétique et sémantique – ne suffisent pas afin de définir
une phrase, car il y a des ensembles de mots correctement orthographiés et prononcés qui ne
peuvent pas prétendre au statut de phrases, « bien qu’ils soient pa rfaitement interprétables et
porteurs d’un sens complet » (Murăreț, 2001: 9). Un autre aspect très important de la phrase est
sa grammaticalité.
En conséquence, un autre critère employé afin de définir la phrase est le critère d’ordre
syntaxique : « les ph rases sont des suites de mots ordonnés d’une certaine manière qui
entretiennent entre eux certains relations, c’est -à-dire qui répondent à certaines règles de
grammaire et qui ont certain se ns » (Dubois, Lagane, 1975 :14)
Selon Riegel, Pellat, Rioul (2006 :104) « la phrase est formée de constituants sans être elle –
même un constituant (elle n’être pas dans une construction syntaxique d’ordre supérieur et n’a
donc pas de fonction grammaticale au sens ordinaire de terme ». Si le texte est une unité qui
dépasse la phrase, une unité de niveau transphrastique, la phrase est une unité autonome.
Selon les mêmes auteurs ( Riegel, Pellat, Rioul , 2006 :99) « une phrase est d’abord une
séquence de mots que tout sujet parlant est capable non seulement de produire et d’interpréter,
mais dont il sent intuitivement l’unité et les limites ». Dans le cas où la phrase est parlée, elle est
délimitée par deu x signes de ponctuation, par deux pauses entre lesquelles se déroule une unité
phonologique. La phrase est aussi une unité stylistique, parce qu’il y a des effets de sens et de
rythme. Elle est unité syntaxique, puisque elle est construite de mots organisé s en groupes ou en
propositions. Selon Costea (2014 : 14), l es conditions dans lesquelles un énoncé peut constituer
une phrase sont :
– Les mots qui composent l’énoncé doivent assumer une fonction ;
– L’énoncé doit être accompagné d’une intonation surtout lorsque la phrase ne comporte
pas de verbe, cette intonation permettant de souligner la fin de l’énoncé e t annonçant la pause qui
suit ; l’intonation, dans ce cas, permet de savoir si l’on a affaire à un mot isolé, sans aucune
fonction, à un syntagme détac hé ou à une phrase.

– L’énoncé accompagné par l’intonation ne doit rien devoir, du point de vue grammatical,
à ce qui précède ou à ce qui le suit, il doit avoir un équilibre qui lui confère son autonomie.
1.1.2 La phrase simple
La phrase simple est constitu ée d’une seule proposition . Une phrase peut également inclure
plusieurs propositions de manière à former des phrases complexes.
Le concept de proposition permet de différencier la phrase (structure autonome) et les
propositions qui participent à la construction d’une phrase complexe : Je demande ton départ .
(Phrase simple)/ Je veux que tu partes . (Phrase complexe). La phrase est formé e de deux
propositions, l’une principale et l’autre subordonnée : « La phrase est, en général, un système de
propositions qui forment une unité linguistique. On donne le nom de propositions aux phrases
élémentaires dont la réunion par coordination ou sub ordination constitue la phrase effectivement
réalisée » (Murăreț, 2001: 13). Toute proposition a un verbe à une mode personnel et ce verbe est
accompagné par d’autres éléments : sujet et compléments. Le verbe peut se trouver également à
un mode impersonne l : les propositions participes et les propositions infinitives.
Les propositions indépendantes constituent à elles seules une phrase , elles ne sont pas
subordonnées à d’autres propositions et ne possèdent pas de subordonnée. Elles ne dépendent pas
d’autres propositions.
Toute phrase se décompose en groupes ou en syntagmes qui sont des séquenc es d’unités
linguistiques de dimension vari able et qui ont des fonctions syntaxiques. Tout syntagme a
plusieurs éléments et se caractérise par des marques morphologiques.
Le mot est une unité linguistique qui ne peut pas figurer indépendamment dans la phrase.
Les phrases averbale sont, soit des p hrases simples qui ne contiennent pas de verbe
prédicatif, soit des phrases complexes qui ont un verbe prédicatif (ou des verbes prédicatifs)
uniquement dans la proposition (ou les propositions) . On appelle phrase verbal e une phrase dont
le prédicat compo rte un verbe, qu'elle soit simple ou complexe. (Grevisse, 1986 : 224)
1.1.3 La phrase complexe : juxtaposition, coordination et subordination
La phrase complexe est la phrase contenant au moins deux verbes. Autrement dit , la
phrase complexe contient des propo sitions reliées au moyen soit des marqueurs de coordination
(conjonctions ou adverbes) soit de marqueurs de subordination (conjonctions ou pronoms
relatifs) ou simplement de signes de ponctuation.

La proposition principale est déterminée par une autre proposition qui dépend d’elle. Elle
ne dépend d’aucune autre proposition.
La proposition subordonnée dépend d’une autre proposition dont elle complète le sens. La
subordonnée peut dépendre soit d’une proposition principale, soit d’une proposition su bordonnée
qui est régente. La proposition principale peut occuper n’importe quelle place dans la phrase :
– en tête de phrase
– en fin de phrase
– la subordonnée peut être intercalée dans la principale.
Selon Costea (2014 : 20), d u point de vue syntaxique, une phrase est complexe, si :
– Elle possède les attributs définitoires de la phrase : une phrase est d’abord une séquence
de mots que tout sujet parlant non seulement est capable de produire et d’interpréter, mais dont il
sent intuitivement , l’u nité et les limites ; la phrase constitue l’unité supérieure, une unité
complète et autonome, susce ptible d’être décrite à l’aide d’un ensemble de règles morpho –
syntaxiques ;
– Elle comprend un constituant qui, ayant la structure d’une phrase P=GN+GV, se tro uve
en relation de dépendance ou d’association avec une autre structure de la phrase ; les phrases
complexes se distinguent selon leur mode de composition, c’est -à-dire selon la façon dont une ou
plusieurs phrases constituantes s’insèrent dans la structure globale d’une phrase constituée.
La phrase complexe peut être formée par juxtaposition, coordination et subordination . On
peut parler de juxtaposition lorsque la phrase complexe est formée d’une suite de deux ou de
plusieurs propositions, qui sont général ement séparées à l’oral par une pause et à l’écrit par un
signe de ponctuation, généralement par une virgule. Une proposition juxtaposée a donc le même
statut syntaxique que la phrase globale dont elle est un élément. La juxtaposition peut avoir les
sens s uivants : succession (Il est venu, il m’a vue, il est reparti. ), cause (Il appuya sur le bouton,
les portes de la voiture s’ouvrirent. ), supposition ( Essaie de le contredire, il te remettra à ta
place. ) et opposition (Je lui disais toutes ces choses, il ne m’écoutait même pas. ).
On peut parler de coordination lorsque la phrase complexe est formée d’une séquence de
propositions juxtaposées dont la dernière au moins est reliée aux autres par un mot de liaison, qui
peut être une conjonction de coordination ( mais, ou, et, donc, or, ni, car ), un adverbe conjonctif
appelé aussi de liaison ( ainsi, aussi, en effet, par conséquent, au contraire, d’ailleurs -qui

marquent des rapports argumentatifs ; d’abord, ensuite, puis, enfin, finalement, premièrement –
qui assurent la progression textuelle ). La coordination est possible :
– entre deux indépendantes
– entre deux principales
– entre deux subordonnées
Il y a de la subordination si la phrase comporte deux ou plusieurs propositions, dont l’une
dépend d’autre. Ce rapport peut s ’exprimer par une jonction ou une juxtaposition .
 La jonction peut être réalisée par :
– des conjonctions ( que, si, quand, comme ) ou des locutions conjonctives de subordination
(afin que, pour que, à moins que, soit que, de peur que, lorsque, pendan t que, quoique, c’est
pourquoi, etc.).
– un pronom relatif : Le film que j’ai vu hier soir m’a profondément bouleversée.
– un mot interrogatif : adverbe (Je me demande si tu viendras. ), un adjectif (Je me demande
quelle robe je pourrais acheter à ce prix. ), pronom (Je ne peux savoir laquelle des deux arrivera
la plus vite. ), une préposition (Il a trop de raisons pour ne pas venir lui donne un coup de main. ).
 Une juxtaposition : Tu essaies de lui expliquer, il n’en fait qu’à sa tête/ Tu as beau dire la
vérité , personne ne s’y intéresse.
On peut discuter de subordination lorsque la phrase complexe est construite sur le rapport
de dépendance orientée entre une proposition dite subordonnée – enchâssée ou régie – et une
proposition principale (matrice, régissante) . Les propositions subordonnée s sont généralement
introduites par des termes marquant leur dépendance par rapport à la principale : conjonctions de
subordination et locution conjonctives de subordination ( que, quand, parce que, à condition que,
etc.), pronoms relatifs et mots interrogatifs . Toutefois, il y a des subordonnées sans terme
introducteur : il s’agit des subordonnées infinitives avec ou sans sujet réalisé et d’autres
constructions dites absolues. (Costea, 2014 : 23)
On peut représenter sous le nom de subordonnées des phrases qui jouent le rôle d’un
constituant à l’intérieur d’une autre phrase. La subordination est donc une relation de dépendance
hiérarchique entre des phrases : une phrase matrice (proposition principale ou régissante) e t une
phrase enchâssée (proposition subordonnée ou régie). La structure de la phrase élémentaire
comporte un seul groupe verbal dont le noyau est un verbe. En théorie, il y a, dans une phrase

complexe, autant de propositions qu’il y a de verbes. Les infini tifs et les participes peuvent être
considérés comme des noyaux verbaux de propositions subordonnées. (Costea, 2014 : 23)
Critères de classification des subordonnées (Costea, 2014 : 25 ) :
 Selon la position et le rôle dans la phrase matrice à savoir selon le rôle que les
subordonnées jouent dans la proposition, on peut tenir compte de la correspondance des
propositions d’une phrase avec les éléments de la proposition. On obtient la classification
suivant e :
1. Propositions subordonnées sujet ;
2. Propositio ns subordonnées attribut ;
3. Propositions subordonnées complément du verbe : d’objet direct ou indirect,
d’agent, circonstancielles ;
4. Propositions subordonnées relatives ;
5. Propositions subordonnées apposition ;
6. Propositions subordonnées complément du nom, de l’adjectif, du pronom, de
l’adverbe.
 Selon la forme du verbe, le verbe d’une phrase enchâssée peut se présenter sous
différentes formes : sous une forme personnelle -comportant un élément qui marque la
personne ou sous une forme non -personnelle, à l’infin itif ou au participe.
 Selon la présence ou l’absence d’un marqueur qui introduit la subordonnée, la forme et la
nature de ce marqueur ( marqueur zéro, marqueur non lié, marqueur lié ) et qui a une
fonction dans la phrase subordonnée.

1.2 Eléments ob ligatoires dans une phrase vs. é léments facultatifs
1.2.1 Les éléments obligatoires
 Le sujet
Le sujet est un élément principal de la proposition, qui désigne celui qui fait l’action
exprimé e par un verbe à la voix active ou pronominale, qui subit l’action exprimée par un verbe
à la voix passive ou auquel on attribue un état, une caractéristique exprimés par un attribut.
(Jeanrenaud, 1996 : 248)

Le sujet peut être exprimé par un nom, par un pronom (nominal ou représentant ), par un
verbe à l’infinitif, par tout autre mot employé comme nom, ainsi q ue par une proposition entière
(Jeanrenaud, 1996 : 248)
a) Le sujet est exprimé par un nom propre ou un nom commun :
Notre démarche est des plus ambitieuses.
Candide avait un jugement assez droit, avec l’esprit le plus simple. (Voltaire)
b) Peuvent remplir la fonction de sujet tous les pronoms : personnels, possessifs,
démonstratifs, relatifs, interrogatifs, indéfinis :
Ça fait deux heur es que je t’attends.
Si vos résultats sont bons, les siens sont meilleurs.
c) Les autres parties du discours, prises substantivement, peuvent avoir la fonction de
sujet :
Adjectif : Le vrai est toujours agrée.
Verbe : Le boire et le manger sont nécessaires à la vie.
Adverbe : Le mieux triomphe toujours du mal.
Conjonction : Les si, les mais et les car caractérisent les gens retors.
Le nom d’un son peut être sujet : A est la première lettre de l’alphabet.
d) Le sujet peut être exprimé par une p roposition entière :
Qui vole un œuf vole un bœuf.
Qui vivra verra.
Sujet des verbes impersonnels. Sujet logique et sujet grammatical
Les verbes impersonnels sont des verbes qui ne s’emploient qu’à la troisième personne
du singulier. En dehors de quelques formules proverbiales et de certaines expressions toutes
faites comme : advienne que pourra, peu importe, n’importe, n’empêche, peu s’ en faut, mieux
vaut, etc., les verbes impersonnels sont accompagnés du pronom il, parfois du pronom ce, qui ont
une valeur neutre. (Jeanrenaud, 1996 : 249)
Dans des phrases où le verbe exprime un phénomène météorologique, le pronom il ne
représente rien de précis : Il pleut. C’est simplement un indicateur de la troisième personne,
puisque tout verbe conjugué (sauf à l’impératif) doit normalement être introduit par un pronom
personnel à défaut d’autre sujet. On appelle ces ver bes des verbes impersonnels. (Gr evisse ,
1986 : 230)

Mais il y a d’autres verbes impersonnels ou employé impersonnellement. Ils sont
accompagnés d’une séquence que l’on appelle traditionnellement sujet réel ou logique, par
opposition à il, appelé sujet apparent ou grammatical.
Le pronom il est le sujet tout court et que ce qui suit le verbe est un terme complétif du
sujet. Cette théorie ne paraît pas tellement éloignée de la distinction traditionnelle entre sujet
apparent et sujet réel, à laquelle sont revenus, avec des nuances di verses, beaucoup de linguistes,
certains par résignation, d’autres de manière plus décidée (notamment les partisans de la
grammaire générative). (Grevisse, 1986 : 249)
Plusieurs grammairiens accepteraient la notion de sujet réel quand on peut transformer l a
séquence en véritable sujet ( Il est arrivé une catastrophe – Une catastrophe est arrivé e), mais
non quand cela est impossible ( Il y a du bruit, Il faut de l’argent ). (Grevisse , 1986 : 231)
Le sujet logique d’un verbe impersonnel suit le verbe, sauf s’il a la forme d’un pronom
personnel conjoint, d’un pronom relatif, d’un pronom interrogatif, ou s’il est accompagné d’un
déterminant interrogatif. Le nom accompagnant il y a le précède parfois dans des propositions
introduites par si ou par puisque.
Répétitio n du sujet
Le sujet se répète dans les cas suivants (Jeanrenaud, 1996 : 353) :
1. Pour obtenir certains effets de style. Ainsi, La Bruyère a écrit la phrase : Il ouvre de
grands yeux, il frotte ses mains, il se baisse, il la voit de plus près, il ne l’a jamais vu
si belle, il a le cœur épanoui de joie.
2. On répète le pronom sujet quand on passe d’une proposition négative à une autre
affirmative, sans conjonction de coordination : Il ne parle plus, il crie maintenant.
3. Quand dans plusieurs propositions ayant le même sujet on passe d’un temps à autre,
on répète le sujet : J’avais réfléchi et je pris la résolution de partir.
4. On répète un nom sujet par un pronom personnel de la troisième personne ou par les
pronoms ce, cela, par anticipation : Elle est grave, cet te affaire.
5. Dans les cas mentionnés plus haut, d’inversion avec un pronom de rappel, dans les
interrogatives directes, il y a aussi répétition du sujet : L’enfant est -il parti ?
Tout es les phrases et propositions ont normalement un sujet. Seuls manquent pa rfois des
sujets qui n’apportent pas une information essentielle : comme les pronoms personnels, surtout
ceux de la 1er et de la 2e personne, quand la situation précise clairement quel est le sujet ; ou

comme le pronom impersonnel, qui n’apporte aucune in formation et qui n’est donc pas
indispensable au sens.
 Le prédicat
La fonction prédicat est l’un des éléments obligatoires de la phrase. Le prédicat indique
ce qui est dit à propos du sujet de la phrase1.
Le mot prédicat peut sembler une innovation de la nouvelle grammaire. Pourtant, ni le
mot ni la réalité qu’il recouvre ne sont nouveaux. Utilisé en logique, le mot prédicat désigne le
second terme d’un énoncé, terme qui dit quelque chose du sujet de l’énoncé. Le prédicat est
constitué de tous les mots qui n’appartiennent ni au groupe sujet ni au x groupe s compléments de
phrase. C’est le groupe construit autour du verbe principal d’une phrase. Il contient donc le verbe
principal et tous les éléments qui en dépendent2.
En nouvelle grammaire, on nomme prédicat la fonction syntaxique du groupe verbal
(GV) dans la phrase. L’analyse traditionnelle ne nommait pas explicitement cette fonction; on
parlait simplement du verbe ou du groupe du verbe. Or, ces deux appellations désignent une
classe grammaticale et non une fonction syntaxique. C’est donc par souci de cohérence que le
terme de prédicat a été retenu pour nommer la fonction du GV. Ainsi, dans la phrase, le prédicat
en tant que fonction est le pendant du sujet, comme le GV est le pendant du GN (groupe
nominal) en tant que classe3.
Le groupe en fonction prédicat est facilement identifiable puisqu’il comporte
nécessairement un verbe conjugué au mode indicatif, subjonctif ou impératif. Identifier le
prédicat de la phrase consiste donc à trouver le verbe et les éléments qui y sont associés; le
groupe verbal résultant remplit toujours la fonction de prédicat de la phrase. Le GV prédicat peut
prendre différentes formes et inclure des groupes ayant d’autres fonctions4.
On peut retenir pour le prédicat trois ca ractères, mais chacun des trois a des limites
(Grevisse , 1986 : 239) :
1) le prédicat reçoit du sujet ses marques de personne, de nombre et parfois de genre ;
2) le prédicat est c’est qu’on dit du sujet, mais cette définition convient au propos, qui est
parfois distinct du prédicat ;

1 L’article est disponible à « http://204.19.47.207/bdl/gabarit_bdl.asp?id=4284 ».
2 Ibidem .
3 Ibidem .
4 Ibidem .

3) dans la phrase verbale, le prédicat est un verbe ; mais il y a des prédicats sans verbe dans
la phrase (ou la proposition) a verbale.
En utilisant la notion de prédicat, on fait disparaitre l’inconvénient qui consiste à prendre
le mot verbe comme une catégorie de mots, tantôt comme une fonction dans la phrase. On
donnait d’ailleurs la même définition pour les deux applications, une définition partiellement
sémantique et partiellement fonctionnelle : le verbe est le mot qui exprime l’action, l’existence
ou l’état du sujet, ou encore l’union de l’attribut au sujet. (Grevisse , 1986 : 239)
Le plus souvent, le prédicat n’est pas un mot, mais un groupe de mots, un syntagme.
Le prédicat minimal peut se présenter sous deux formes. ( Ibide m)
1) Le prédicat est un verbe ;
2) Le prédicat est un élément nominal ou adjectival uni au sujet par l’intermédiaire d’un
élément verbal : Mon mari est médecin . L’enfant paraît malade .
Dans la phrase énonciative, le prédicat est généralement placé après le sujet.
À côté des éléments principaux (sujet et verbe), la proposition contient très souvent des
éléments secondaires, comme l’attribut et le complément. Ces éléments précisent, complètent le
sens des propositions. Ils précisent la qualité attribuée au sujet, l’objet sur lequel s’exerce
l’action ou les circonstances dans lesquelles s’accomplit l’action faite pa r le sujet. Ces éléments
expriment nos idées d’une manière claire et complète, ce que le sujet et le verbe ne peuvent pas
toujours réaliser seuls .
 Le complément d’objet
Le complément du verbe et l’élément de la proposition qui complète le sens d’un verbe,
qui détermine un verbe.
Quoique le complément du verbe ne soit pas élément principal de la proposition, dans le
sens qu’il n’est pas nécessaire à l’expression d’une communication, comme le sujet et le verbe, il
est cas éléments fondamentaux de la proposition, dans le sens qu’il se définit par rapport au
verbe, qui est le centre de la proposition. (Jeanrenaud, 1996 : 254)
Le complément d’objet dé signe l’objet, c’est -à-dire la personne, la chose ou l’idée, sur
lequel /laquelle porte l’action faite par le sujet, qui est donc l’objet de l’action.
Le terme « objet » est ici un terme grammatical, il ne signifie pas « chose ». Objet est un
terme conven tionnel qui s’oppose au « sujet ». Le sujet est l’élément de la proposition qui

désigne celui qui fait l’action fait, l’objet est l’élément qui désigne celui (ou ce) qui est l’objet de
l’action faite par le sujet. (Jeanrenaud, 1996 : 254)
Il est à remarqu er que beaucoup de verbes s’emploient souvent sans complément d’objet ;
il a un sens général : j’écoute, j’attends, il fume, elle coud, l’enfant obéit , etc. On dit que ces
verbes sont employés, dans ce cas, dans un sens absolu. Parfois le contexte nous suggère le
complément ( Jeanrenaud, 1996 : 254) :
– Le juge prononce (la sentence). Ouvrez ! (la porte).
Le complément d’objet peut être direct ou indirect.
Le complément direct est le complément d’objet qui est construit directement, qui se
rattache di rectement au verbe, sans aucune préposition. Il est construit avec des verbes transitifs
directs. ( Jeanrenaud, 1996 : 254)
Le développement général demande le retour aux valeurs traditionnelles. Cependant, le
complément d’objet direct exprimé par un infini tif est parfois introduit par une préposition
servant de mot -outil (Jeanrenaud, 1996 : 255) :
– Il essaie de réussir .
– Il aime jouer .
Sont encore précédés de la préposition des compléments directs, devant lesquels l’article
est remplacé par cette préposition .
– Tartarin, lui, n’a pas de bagages . (Daudet)
Certains compléments, tout en étant construits directement, sont en réalité compléments
circonstanciels :
– Il viendra la semaine prochaine (de temps).
– Le paque t pèse cinquante kilos (de mesure ).
– Il est arrivé les mains gelées (de manière).
Le pronom personnel complément indirect se rattache parfois directement au verbe, ce
qui ne change pas cependant sa nature :
– Ceci vous nuit ( à vous ).
On reconnaît le complément d’objet direct à ce qu’il répond aux questions : qui ? quoi ?
faites après le verbe. Encore le complément direct peut -il servir de sujet, quand le verbe actif est
changé en verbe passif :
– L’enfant lit la leçon ; la leçon est lue par l’enfant .

Du point de vue de la nature de l’objet, on peut distinguer trois sortes de compléments
d’objet directs (Jeanrenaud, 1996 : 255) :
– le complément externe : Je lis un livre (objet sur lequel porte l’action) ;
– le complément résultatif : J’écris une lettre (objet qui est le résultat de l’action) ;
– le complément interne : Il danse une danse moderne .
Dans ce dernier cas, le complément exprime la contenu de l’action – il s’agit d’un mot
qui a le même radical que le verbe, qui appartient à la même sphère sémantique que le verbe. Il
est à remarquer que les verbes intransitifs peuvent avoir eux aussi un co mplément d’objet direct
interne.
Le complément indirect est le complément d’objet qui est construit indirectement ; il se
rattache au verbe par l’intermédiaire d’une préposition. Il est introduit par les verbes transitifs
indirects et énonce, en général, la personne ou la chose vers laquelle se dirige l’actio n
(Jeanrenaud, 1996 : 255) :
– Il consacre tous ses efforts à la performance .
Sera considéré complément indirect celui qui suppose une préposition, quand celle -ci
n’est pas exprimée :
– Il nous adresse la parole ( à nous ).
On doit préciser que le complément indirect a, par rapport à l’action, une existence
indépendante.
Certains compléments d’objet indirects sont encore nommés compléments d’attribution.
Ils désignent la personne ou la chose en vue de laquelle se fait l’action. Il suppose un
complément d’objet direct :
– Il offrit ce livre à son ami .
Le complément d’objet indirect répond aux questions : à qui ? à quoi ? de qui ? de quoi ?
avec, pour, contre qui ou quoi ?, faites après le verbe. Il se cons truit généralement avec la
préposition à, ou avec la préposition de. Mais il peut se construire avec d’autres prépositions,
comme : pour, contre, en faveur de, au profit de , etc.
Le complément d’objet peut -être exprimé :
a) Par un nom ;
b) Par toutes sortes de pronoms : personnel, démonstratif, possessif, relatif, interrogatif,
indéfini ;

c) Par un infinitif ;
d) Par toute une proposition : relative, complétive, infinitive, interrogative indirecte .
Les compléments exprimés par des pronoms personne ls demandent une attention
spéciale, car (Jeanrenaud, 1996 : 257) :
1. Tout en étant complément indirect, le pronom personnel n’est pas toujours précédé
d’une préposition :
– Il me donne ce livre (à moi) .
2. Les pronom s de première et deuxième ont la même forme comme compléments
directs et indirects :
– Il me voit (direct).
– Il me parle (indirect).
– Je te vois (direct).
– Je te parle (indirect).
– Il nous (vous ) voit (direct).
– Il nous (vous ) parle (indirect).
3. Le pronom de troisième personne a des formes diffé rentes :
– Je le vois.
– Je lui parle.
– Je les vois.
– Je leur parle.
Le complément d’objet est étroitement lié au verbe. Aussi est -il placé auprès du verbe et
le plus souvent après le verbe. Si un verbe a à la fois un complément direct et un complément
indirect, normalement le complément direct se place immédiatement après le verbe, le
complément indirect occupant la seconde place, si les compléments sont exprimés par des noms.
(Jeanrenaud, 1 996 : 257)
L’ordre normal dans une phrase est sujet -verbe -complément direct -complément indirect :
Je donne ce livre à l’enfant.
 L’attribut
L’attribut est un élément de la proposition qui exprime la qualité ou la manière d’être du
sujet à l’aide de certains verbes. (Jeanrenaud, 1996 : 264)

On donne le nom d’attribut à une fonction syntaxique assumé par un mot ou un groupe de
mots, par l’intermédiaire d’ un verbe attributif (ou « verbe d’état » : être, demeurer, devenir,
paraître, rester, sembler , etc.) Le mot attribut exprime une qualité ou une propriété que l’on
pose, à propos d’un autre terme de la phrase. L’attribut relève du prédicat dans la logique
classique de la phrase : l’attribut est un commentaire du sujet. Il existe des attributs du sujet et
des attributs de l’objet5. (2020)
La construction généralement directe de l’attribut du sujet en fait le deuxième constituant
du groupe verbal, où il occupe la même position structurale qu’un complément d’objet direct.
La forme prototypique de l’attribut du sujet est l’adjectif, catégorie inapte à la fonction de
complément d’objet : La terre est ronde . Les équivalents de l’adjectif peuvent être attributs du
sujet6 :
– Un participe : Elle reste hésitante . Elle est désespérée .
– Un adverbe employé adjectivement : Votre dissertation est très bien .
– Un syntagme prépositionnel : Elle est toujours en retard . Mais elle est de bonne
humeur .
D’autres catégories peuvent également jouer le rôle d’attribut du sujet :
– Un nom (avec ou sans déterminant), un pronom : Natacha est (une) infirmière . Elle
l’est.
– Un groupe nominal : La féminisation des noms de professions est une chose
scandaleuse .
– Une proposition subordonnée relative substantive : Elle n’est pas qui vous croyez .
– Un infinitif : Souffler n’est pas jouer .
L’attribut du sujet peut se construire directement (sans préposition) ou indirectement
(avec préposition). Le plus souvent, on le trouve en construction directe :
– Il a été élu député .
– Il paraît très fatigué .
Mais parfois, l’attribut est introduit par les prépositions à, de, en, pour, ainsi que par la
conjonction comme , ayant le sens de « en qualité de » :
– Il est à envier .

5 L’article est disponible à « https://www.etudes -litteraires.com/attribut.php ».
6 Ibidem.

– Il passe pour intelligent .
– Il est considéré comme invincible .
– Il fut traité d’ignorant .
Généralement, l’attribut suit le verbe. Mais il peut se placer au début de l a proposition,
si l’on veut souligner, accentuer l’attribut (Jeanrenaud, 1996 : 266) :
– Précieuses sont les connaissances acquises .
Parfois on le reprend par le pronom neutre le :
– Modeste, il le fut toujours .
Il précède de même le verbe dans les locutions comme : quand bon vous semble, ainsi
que dans les inte rrogations, s’il est accomp agné d’un mot interrogatif devant se placer en tête de
la proposition :
– Quelles gens êtes-vous ?
De même, tel employé comme attribut précède souvent le verbe :
– Telle fut sa résolution.
1.2.2 Les éléments facultatifs
 Les c ompléments circonstanciels
Le complément circonstanciel est un complément du verbe qui indique les différentes
circonstances dans lesquelles s’accomplit l’action exprimée par le verbe (circonstance de lieu, de
temps, de manière etc.) (Jeanrenaud, 1996 : 276)
Généralement les complémen ts circonstanciels énoncent une idée accessoire. Ainsi, par
exemple, le sens complet et claire de la proposition : « Il est venu. » n’est que précisé d’un
certain point de vue par le complément circonstanciel : hier, ce matin, vite, etc.
Selon la nature des circonstances, nous distinguons les compléments circonstanciels
suivants (Jeanrenaud, 1996 : 276) :
1. Complément circonstanciel de lieu :
– Son frère travaille dans une usine .
– La petite dormait dans son berceau , son pouce dans la bouche.
2. Complément circonstanciel de temps :
– Il est resté pendant trois jours à la campagne.
– Aujourd’hui une accusation terrible pèse sur vous et il faut que la lumière se fasse.
(Maupassant)

3. Complément circonstanciel de cause :
– Par respect , il ôtait son chapeau devant les v ieux.
– Il mourait d’envie .
– Il tombait de fatigue .
4. Complément circonstanciel de but :
– Il faut manger pour vivre et non vivre pour manger . (Molière)
– Il faut persévérer pour réussir .
– On a fait des efforts pour l’augmentation des exportations.
5. Complément circonstanciel de manière :
– Son regard se porte machinalement sur une construction étroite et haute, garnie
d’une porte de fer et de grillages haut placés, d’isolateurs de porcelaine, de fils
électriques. (J. Fréville)
6. Complément circonstanciel d’accompa gnement :
– Il sortit avec son père .
7. Complément circonstanciel d’instrument, qui indique l’instrument ou le moyen qui
sert à l’accomplissement de l’action :
– Il fit une incision avec le bistouri .
8. Complément circonstanciel de concession, celui -ci désigne un objet, une situation qui
aurait dû empêcheur la réalisation de l’action, mais qui ne l’a plus fait :
– Malgré son âge avancé, il travaille beaucoup .
Du point de vue du sens des compléments, on peut distinguer encore d’autr es catégories
de compléments circonstanciels, que les grammairiens appellent parfois accessoires. Ce sont les
compléments qui marquent des circonstances de (Jeanrenaud, 1996 : 277) :
– Poids : Ce colis pèse cinq kilos .
– Échange : L’enfant a échangé des livres contre des crayons .
– Destination : Il travaille pour les siens .
– Distance : Il recula de trois pas .
– Prix : L’étoffe coûte 100 francs le mètre.
– Mesure : Elle a raccourci sa robe de trois centimètres .
– Addition : Outre ses livres, il remportait un tas de choses .
– Opposition : Agir contre sa conscience .

– Supp osition : En cas de besoin, appelez -moi.
– Exception : Tous partirent, sauf Jean .
– Origine : Il a emprunté un livre à son ami.
– Propos : Parler d’une affaire .
Le complément circonstanciel est le plus souvent introduit par une préposition. Il arrive
cependant qu’aucune préposition ne rattache le complément circonstanciel au verbe. Ce sont
certains compléments de temps, de mesure, de prix, de poids, de manière même (Jeanrenaud,
1996 : 277) :
– de temps : Il partit le lendemain .
– de prix : J’ai payé ce livre dix francs .
– de mesure, de distance : Il a couru dix mètres .
– de poids : Ceci pèse deux cents grammes .
– de manière : Il entra la tête haute .
Avec des verbes comme parler, causer (au sens de s’entretenir de) , le complément
circonstanciel de propos peut être introduit par de ou être construit sans aucune préposition
(Jeanrenaud, 1996 : 277) :
– causer d’affaires, parler de la littérature, de philosophie, etc.
– causer affaires, parler politique, causer art, philos ophie, musique, etc.
 La nat ure des compléments circonstanciels
On peut exprimer les compléments circon stanciels par les mots suivants (Jeanrenaud,
1996 : 278) :
1. Des noms : Il viendra avec son frère .
2. Par des pronoms : Il vient chez moi .
Les pronoms en, y sont aussi des compléments circonstanciels :
– de lieu : Tu pars pour Bucarest ? Moi, j’ en arrive./ Vous allez au théâtre ? Il y va
aussi.
– de moyen : Les calculatrices sont partout : on en use même chez soi.
– de cause : Sa maladie est grave ; il en souffre beaucoup.
3. Par des adjectifs : Bien que malade , il continue son travail.
4. Par des verbes à l’infinitif : On commença par l’ interroger .

5. Par des adverbes de lieu, de temps, de manière, etc. : Il marche vite. Ils travaillent très
bien. Il viend ra demain .
6. Par des propositions ayant le verbe :
– à une mode personnel : J’irai où vous voudrez .
– à l’infinitif : Il fut loué pour avoir bien travaillé .
– au participe : Le travail fini, ils se reposèrent. Il m’a trouvé lisant ce livre.
– au gérondif : Il lisait en se promenant .
La place des compléments circonstanciels dans la proposition n’est pas fixe.
Logiquement, les compléments circonstanciels suivent les compléments d’objet directs et
indirects. Mais souvent leur importance, leur longueur ainsi que notre intention, déplacent le
complément circonstanciel, pour des raisons de style :
– C’est sur la terrasse du château de Picquigny que le lieutenant Dieu -donné, au milieu
de ses hommes à cheval, disposés en cercle autour de lui, fit son petit discours .
(Aragon)

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