Lucrare metodico-științifică pentru obținerea gradului didactic I [307915]

[anonimizat]-științifică pentru obținerea gradului didactic I

Coordonator:

Conf Rînciog Diana

Candidat: [anonimizat], Ionițã Gianina (Gherman )

Scoala Gimnazialã Numãrul 1 [anonimizat] écriture à valeur thérapeutique

LA BIBLIOTHÉRAPIE- DEFINITIONS ET CARACTERISTIQUES

Types de bibliothérapie

Avantages et limites

La bibliothérapie en classe d’élèves

COURTE HISTOIRE DE LA PRESSE DES JEUNES

L’INTERCULTUREL OU LE SOI FACE AUX AUTRES

LA PRESSE DES JEUNES EN FRANCE ET EN ROUMANIE- rôles et caractéristiques

Structure de la presse

Des suppléments pour les parents … au courrier des jeunes

Tests et articles à contenu explicitement psychologique destinés [anonimizat] s’é[anonimizat]-ê[anonimizat]érir

ARTICLES DE PRESSE DANS LES MANUELS ROUMAINS DE FLE

MODELES D’EXPLOITATION DIDACTIQUE

8. 1 Fiches pédagogiques

8.2 Projet : [anonimizat]

8.3 Projet : ATELIER DE LECTURE ET CREATION LITTERAIRE

8.4 Projet : La mini bibliothèque francophone

PRESENTATION DE LA RECHERCHE

CONCLUSION

BIBLIOGRAPHIE

ANNEXES

INTRODUCTION

"[anonimizat]" . Charles William ELIOT

La bibliothérapie à l’école serait l’effort commun de l’enseignant, du psychologue et du bibliothécaire pour créer des habiletés de lecture qui soit dirigée vers le développement d’une personnalité créative, active, indépendante, empathique et surtout équilibrée chez les apprenants. Elle doit être une modalité de développement personnel qui aide l’individu à s’adapter au milieu dans lequel il vit et il travaille.

Serait-elle nécessaire une telle démarche ? A [anonimizat], c’est nécessaire et nous allons le prouver au long de cet ouvrage car les jeunes d’aujourd’hui de confrontent à de nombreux problèmes: violence, intolérance, timidité, manque de confiance en soi, dépression, déficit d’attention et hyperactivité, comportement alimentaire malsain, dépendance pour n’en citer que quelques exemples.

Pour trouver une possible solution nous allons étudier l’effet de la presse écrite francophone pour les jeunes sur les élèves de notre école qui étudient le français comme langue étrangère.

Notre choix est soutenu par plusieurs arguments :

pour motiver à l’apprentissage du français

pour motiver à la lecture

parce que la presse est centrée [anonimizat]çaise qui représente un centre d’intérêt des élèves qui ont compris que le but d’apprentissage d’une langue étrangère n’est pas ré[anonimizat] à des échanges

parce qu’on peut suivre les centres d’intérêt des élèves : musique, mode, jeux

parce qu’on peut développer l’[anonimizat]éativité pour former des personnalités indépendantes

parce qu’[anonimizat]ée [anonimizat] développe la compétence sociale

parce que la presse est distractive et éducative à la fois

parce qu’elle est interactive

parce qu’elle est un document authentique

parce qu’elle aide les élèves se connaitre soi-même et s’accepter, connaitre les autres, le monde où l’on vit

parce que la presse peut devenir l’ami dont les ados ont si besoin: ils y peuvent discuter leurs problèmes les plus graves sans peur d’être jugés et peuvent trouver l’appui de leurs semblables et aussi des spécialistes

parce que c’est un document facile à exploiter en classe et quand même peu exploité par les manuels scolaires

Notre méthode suppose à enseigner en utilisant comme matériel didactique les revues francophone et mesurer les résultats quantitatifs- évolution des notes et surtout qualitatifs : implication dans les activités scolaires et extrascolaires- concours, projets, attitude envers le français et la classe de français.

Nous allons employer une approche actantielle : lire, poser des questions, proposer des solutions, prendre position par rapport à certains événements, soutenir son point de vue. La clase deviendrait un espace social où en analysant les problèmes des autres on trouvera des solutions à ses propres problèmes. Les magazines vont devenir des amis auxquels on peut confier ses secrets, des amis qui ont des réponses à leurs questions, des amis qui vont les aider à se découvrir et à se valoriser. La grammaire et le vocabulaire seront acquis d’une façon intuitive, à partir d’un texte ou d’un besoin de communication, pas a priori comme dans la méthode traditionnelle. Pourquoi une telle approche ? Parce que les jeunes d’aujourd’hui ont des attentes et des besoins spécifiques : ils n’ont pas de patience et ils tournent le dos à ce qu’ils n’aiment pas sans aucun remord : Il dit oui à ce qu’il aime/ Il dit non au professeur comme disait Prévert dans son poème Le Cancre sauf que actuellement il ne s’agit pas de cancres, mais de la plupart des élèves.

La pertinence du sujet choisi pour les élèves roumains est donnée par la comparaison avec la presse jeune de Roumanie. Nos élèves vont découvrir la richesse extraordinaire des magazines français pour les jeunes près de 300 magasines en 2014, la diversité des sujets, la qualité des articles, le caractère interactif- dialogues avec les lecteurs, sondages dans les établissements scolaires, le coin parents et parfois enseignants, la forme graphique, la qualité des modèles humains proposés, la diversité des jeux et des autres activités-bricolage, cuisine.

La structure

La recherche

Comme prolongements je posterai

Conclusion

2. LA LECTURE-TYPES ET FONCTIONS

«Lire est le seul moyen de vivre plusieurs fois», affirmait Pierre Dumayet dans Le Nouvel Observateur, en vue de souligner l’importance de la lecture dans notre vie, aperçue comme instrument d’apprentissage, d’évolution cognitive et personnelle, moyen d’enrichir l’expression orale et de développer la personnalité.

La lecture nous permet un véritable entraînement de liberté, elle nous aide à faire travailler notre imagination, d’emmagasiner des connaissances, de forger notre esprit critique. Elle peut devenir une manière d’évasion, un passe-temps ou une rencontre privilégiée qui change toute notre vie: la façon de penser, de sentir, la relation avec nous-mêmes et avec les autres.

Les quatre dimensions essentielles de la lecture, comme la dimension philosophique, herméneutique, communicationnelle et instructive-éducative, imposent beaucoup d’interrogations théoriques, en ce qui concerne le contenu, la diversité et la finalité de cette activité complexe. Les différentes approches sur ce phénomène suscitent bien des classifications sur les types, les fonctions et le rôle de la lecture.

Ayant une histoire relativement récente, la philosophie de la lecture se concentre sur le rôle du livre, comme créateur d’idées, comme formateur spirituel et culturel. La lecture est capable d’influencer au niveau individuel, en même mesure qu’au niveau collectif, social. Andrei Pleșu en citant le philosophe Confucius affirme que la tache la plus importante pour les dirigeants d’un peuple est de nommer correctement les choses, car si les mots n’ont pas de référant précis, l’Etat sera bouleversé dans sa structure et ses fonctions, les jugements seront injustes et le peuple ne saura plus comment se conduire. On peut dire que le mot qui a créé le monde peut maintenir son intégralité s’il est le mot juste ! L’herméneutique de la lecture met en premier plan l’aspect psychologique, culturel et idéologique des livres, en insistant sur les techniques d’évaluation et de réception individuelle et sociale des produits littéraires. La lecture devient une activité initiatique et formatrice à la fois, dans le domaine culturel et scientifique.

Fonctions de la lecture

La lecture représente une invention culturelle qui a transformé de manière radicale les compétences cognitives de l’espèce humaine. Elle se présente comme une extension de notre imagination et nous offre la possibilité de dépasser les limites du temps et de l’espace. On remarque une grande diversité de spécialistes qui ont analysé les fonctions de la lecture, du point de vue cognitif, psychologique, émotionnel, culturel, civilisationnel. Presque tous les aspects du développement de l’être humain sont concernés par la lecture.

Ainsi, la littérature de spécialité présente, en général, les fonctions de :

culturaliser

socialiser

documenter

provoquer le plaisir

En ce qui concerne les bienfaits cognitifs, il faut remarquer :

la capacité de la lecture de développer notre pensée créative, si utile pour le développement de notre vie personnelle et professionnelle.

enrichir le vocabulaire représente un autre atout important de la lecture, puisque un riche bagage lexical est une bonne preuve pour une forte culture générale. Dans l’enseignement-apprentissage d’une nouvelle langue, la lecture reste une méthode complexe qui nous permet d’analyser des faits linguistiques, culturels et de civilisation.

l’ouverture de l’esprit doit être un des premiers objectifs de la lecture, vu qu’elle est capable de nous dévoiler de nouveaux sens de l’existence, de la vie en général, de nous offrir des explications profondes sur les phénomènes et les processus dont on est responsables.

lire nous permet d’évader de notre vie, de quitter le quotidien parfois angoissant, d’ouvrir de nouvelles portes dans une vie quasi monotone. Un nouveau monde, de nouveaux personnages, une vie fictive se dévoile chaque fois devant le lecteur qui choisit de renouveler les sensations et les perceptions. La lecture permet, à la fois, d’interpréter, de recréer l’univers, de produire de nouveaux textes qui peuvent rythmer avec notre vie intérieure.

Les analystes de la lecture en identifient plusieurs fonctions, en relation avec les principes appliqués. J. Hillis Miller propose une comparaison entre le processus de la lecture et la loi morale d’Emanuel Kant. Dans son Ethique de la lecture, il affirme que la relation entre l’auteur, le lecteur et le texte est influencée par des lois éthiques. Il y a une loi morale de la lecture, qui peut agir de manière apriori et qui provoque des réactions interprétatives. La lecture d’un livre doit être pratiquée sous la directe influence des obligations morales qui s’adressent, également, à l’auteur et au destinataire du texte en même temps. Les deux acteurs, le créateur du texte et l’interprète doivent respecter les mêmes règles, en vue de promouvoir des indices de compréhension, des formes d’évaluation conformément aux intentions du texte.

Tout processus de communication suppose deux éléments-clés, l’émetteur et le destinataire du message. La philosophie de la communication établie que l’auteur est responsable de la codification du texte, en tant que le lecteur doit décoder le message, en appliquant les mêmes principes. Le texte ne représente plus un élément exclusivement linguistique, mais il doit être analysé en contexte, en relation étroite avec les échos qu’il provoque dans la conscience des récepteurs.

Hans Robert Jauss soutient que les productions littéraires ou scientifiques deviennent dynamiques par l’intermédiaire de la lecture. Dans son essai, Pour une esthétique de la réception, il souligne l’importance fondamentale de la lecture pour l’enrichissement du sens initial d’un texte. Ainsi, le lecteur intervient dans la structure du message reçu, par sa capacité d’interprétation, de compréhension, de réécriture. Il peut, à la fois, enrichir ou appauvrir le message, du point de vue sémantique, en fonction de ses capacités intellectuelles. Son effort de réception devient même plus efficace si la lecture contribue au développement du sens, à la production de nouvelles significations.

Types de lecture

La lecture est un ensemble de démarches qui font collaborer plusieurs compétences intellectuelles à la fois. Il s’agit de la mémoire, des connaissances antérieures et des compétences linguistiques. La lecture engendre des aspects de bas et de haut niveau. On enregistre une évolution logique et cohérente entre l’analyse morphologique, graphique, syntaxique et l’analyse du contexte, des structures rhétoriques, de la ponctuation, du sens. D’où vient les deux types de lecture, synthétique et analytique. Si la lecture synthétique est préférable pour l’enseignement des structures lexicales et grammaticales, la lecture analytique permet l’exploitation du sens global et son interprétation.

En même temps, les types de lectures identifiées sont :

la lecture-information,

la lecture-divertissement,

la lecture vue comme une manière de refuge intérieur

la lecture de plaisir,

la lecture-culture,

la lecture-existence,

la lecture-apprentissage,

la lecture comme moyen de découverte de la science et de la culture,

la lecture-curiosité

la lecture- catharsis, susceptible d’avoir des valeurs thérapeutiques.

Une taxinomie importante sur les types de lecture concerne le type de public. Andrei Pleșu souligne qu’aujourd’hui le pire n’est pas autant la quantité de lecture, mais sa qualité. On lit mal, d’une façon inappropriée. De ce point de vue, il y a des lecteurs „boulimiques” qui consomment le texte pour le simple plaisir de le consommer sans en porter un regard critique, sans faire aucune distinction. C’est une sorte d’addiction dit l’auteur comme les drogues. La lecture n’est plus un moyen, mais un but en soi. A l’autre extrême il y a le lecteur spécialisé qui ne lit pour son plaisir, mais parce qu’il y est censé par sa profession. Il y a puis le lecteur suspicieux qui lit pour démasquer les détails de vie personnelle de l’auteur à travers le texte. Une telle approche de policier tue la joie de lire, empêche l’abandon à la lecture et fait le lecteur tomber malade au lieu de guérir. Le type de lecture recommandée par l’auteur cité est la lecture fertile qui a comme point de départ une question, un centre d’intérêt. La lecture en devient un repère, une provocation, une réponse.

Pour les enfants et les jeunes la lecture devient un instrument d’apprentissage et d’éducation. La lecture développe la créativité des enfants, enrichit le vocabulaire, les prépare pour la vie et leur crée un support culturel puissant.

Dans une relation étroite avec l’éducation, la lecture devrait représenter une modalité de formation professionnelle et développement culturel. Mais, la réalité montre que l’intérêt pour la lecture a diminué sous l’influence des moyens modernes comme la télévision et l’internet. Le développement sans précédent de l’industrie numérique a eu comme effet immédiat la diminution de l’intérêt de la population en général et des jeunes en spécial pour la lecture, car elle suppose un effort, une implication. C’est plus commode de rester muet devant la télé ou l’ordinateur et avaler toutes les informations qu’on reçoit sans faire une sélection, sans discuter là-dessus. Le manque des modèles véritables provoque l’inversement des valeurs. L’intérêt d’un peuple pour la lecture marquait, dans le passé, son niveau de culture et d’intelligence. À présent, on remarque une diminution des compétences de lecture et de la capacité de la population de comprendre et de structurer l’information. Voila pourquoi l’école à coté des parents doit lutter pour rendre aux jeunes le gout pour la lecture en relation avec leurs préférences, leurs exigences personnelles, avec le contexte socioculturel. Un bon enseignant doit trouver les meilleures solutions pour les élèves qui aiment vraiment lire, pour ceux qui lisent seulement les lectures obligatoires et aussi pour ceux qui n’aiment pas du tout lire. S’appuyant sur les passions des jeunes, le professeur peut atteindre le succès de la méthode.

Étapes de la lecture

L’activité de la lecture suppose l’existence de trois étapes fondamentales. La première représente l’étape cognitive, où l’on enregistre des découvertes et des efforts de la part du lecteur. Elle demande l’existence de riches représentations, des aptitudes différentes, une capacité de compréhension globale et l’habilité de réaliser une corrélation logique entre tous les aspects concernés. L’automatisation représente la seconde étape, qui porte sur l’existence des habitudes de lecture. Le lecteur devient capable de s’adapter, de mettre au service de son activité toutes les connaissances acquises antérieurement. Les savoir-faire deviennent automatiques et offrent au lecteur une attitude détachée, reposante. Les instructions de décryptage deviennent de plus en plus appropriées, la correction spontanée devient réalisable. La troisième phase porte l’empreinte de la maîtrise, puisque la lecture devient expressive et la compréhension se passe en même temps avec le décodage.

Stratégies de la lecture

Dans la découverte du texte, le lecteur fait appel à plusieurs stratégies, comme « l’esquive, le balayage, l’écrémage, la lecture critique, l’utilisation du contexte, l’inférence et l’objectivation ». Si l’esquive est définie comme une stratégie d’éviter les aspects qu’on ne comprend pas, le balayage représente un parcours rapide du texte, en vue d’identifier quelques informations primordiales. L’écrémage suppose une lecture globale, qui permet au lecteur une vision globale sur le sens, en tant que l’inférence demande l’implication cognitive du lecteur. Il ajoute ses connaissances pour comprendre, pour enrichir le texte, en vue de le fixer. Une dernière stratégie, l’objectivation, suppose une vérification permanente du lecteur de sa propre activité, en visant l’assimilation de nouvelles perceptions et la réorganisation de la structure cognitive.

On utilise ces stratégies dans la lecture générale, en langue maternelle, mais surtout pour l’apprentissage d’une langue étrangère, comme le français. La psychologie cognitive actuelle n’est plus adepte de l’idée que la lecture ne peut pas être influencée par les connaissances antérieures. Il y a des théoriciens qui insistent sur la relation d’interdépendance entre les étapes obligatoires pour le déchiffrement du message. L’activité de la lecture se réalise du simple au complexe, de la reconnaissance des lettres, des mots, jusqu'à la compréhension globale du texte et, pourquoi pas, à l’enrichissement du sens initial. Ce sont les étapes qu’on parcourt aussi en classe de langues étrangères surtout que la langue maternelle peut influencer de manière positive ou négative la langue étrangère, en fonction du niveau de développement des processus cognitifs.

Fonctions du texte

Pour qu’un texte soit complet, il doit accomplir plusieurs fonctions en même temps :

la fonction communicationnelle et informative

la fonction esthétique et culturelle

la fonction persuasive

la fonction éducationnelle-instructive

Les textes ayant un caractère informatif représentent la lecture consultative. Les lecteurs qui préfèrent ce type de texte réalisent une lecture pragmatique. La lecture de la presse a ce côté pragmatique (on y trouve des tests de personnalité, des articles sur la manière d’écrire un roman ou une rédaction, sur les modalités de maitriser sa peur, d’améliorer ses résultats scolaires, de décorer sa chambre, de choisir ses vêtements), mais ne s’y réduit pas. La fonction persuasive est toujours présente car elle est liée au côté éducatif de la presse des jeunes surtout. En présentant un livre, un film ou une mélodie on éveille la curiosité et le public vraiment intéressé lira, fera des recherches pour vérifier ce qu’on a écrit dans la presse. La presse des jeunes a aussi une fonction esthétique par l’aspect de ses pages, par le lien entre texte et image et par son contenu : textes littéraires présentées, dessins, bandes dessinée, jeux, activités de bricolage etc. on peut facilement observer que ces fonctions ne sont pas séparées que pour des raisons méthodologiques. En réalité, elles s’entremêlent: présenter un livre, par exemple, offre une information : Quoi lire et ou le trouver ?, convainc de lire ce livre-la pas un autre, éduque le goût de lecture et a une fonction esthétique car le texte est accompagné d’une photo, d’un symbole ou d’une blague.

2.1 Implications psychologiques de la lecture

La lecture devient un processus révélateur lorsque l’auteur imprègne le texte de suggestions symboliques, à l’aide des actions créatives et imaginatives. Il transmet le message de manière indirecte, en utilisant un langage métaphorique structuré. La relation entre les deux acteurs est mise en danger lorsque l’auteur exagère le côté métaphorique et utilise un langage crypté. Le lecteur ne réussit pas à décoder la quantité trop grande de significations, par l’intermédiaire de la lecture.

Les théoriciens littéraires comme J. Hillis Miller détruisent le mythe de la réception concrète du texte littéraire et affirment que le déchiffrage représente une longue chaîne de lectures et de relectures. Les significations et les sens du message se dévoilent graduellement. Ils insistent sur les effets psychologiques produits sur le destinataire par l’acte de communication. Les modalités de réception rendent la lecture un processus interactif. Elle se manifeste comme une action textuelle qui entraîne des changements psychologiques qui influencent la relation entre l’auteur et le lecteur, d’un part, et la relation du lecteur avec le monde extérieur, d’autre part. Le texte devient un ensemble de symboles, dont la réception se manifeste en plusieurs étapes : la lecture superficielle, réalisée au premier contact avec le texte, la lecture profonde, qui peut accéder au sens originaire du livre, la lecture historique ou bibliographique, qui suppose la comparaison avec d’autres productions du même auteur et la découverte d’un style personnalisé.

L’efficacité de la réception dépend aussi de la contribution de l’auteur. La philosophie de la communication considère que son effort créateur ne découle pas du niveau d’originalité, de la sensibilité de sa pensée, mais, au contraire, de l’habilité de l’expression, du pouvoir persuasif de son œuvre. La finalité de toute création littéraire, scientifique ou philosophique est la réception. Cette approche transforme le lecteur dans un partenaire de l’acte créateur et la lecture devient une forme de communication active. Si le travail du créateur, soit qu’il s’agit d’un écrivain, soit d’un philosophe ou d’un mémorialiste, est individuel et original, le processus de réception porte une empreinte collective. Le fait de travailler consciemment pour ses récepteurs transforme l’auteur dans un concepteur préoccupé par l’interprétation et le décodage de son message.

Jacques Derrida impose sa théorie en ce qui concerne la philosophie de la lecture, en insistant sur le rôle de la signification, comme résultat fondamental de la lecture. Il n’admet pas l’idée d’expérience ou de réalité, provoquées par la lecture, puisque chaque individu est déjà le résultat de son milieu. La lecture d’un livre devient un processus complexe, qui met en relation l’ensemble de significations du créateur avec l’expérience intellectuelle et culturelle du récepteur.

La théorie de la communication enregistre de nombreuses idées en ce qui concerne l’effet psychologique de la lecture sur les récepteurs. La lecture manifeste des changements visibles sur la structure individuelle du lecteur, puisque l’acte suppose un cadre personnel où un simple récepteur devient un véritable lecteur, doué de qualités d’interprétation. Le lecteur initié sait que le texte qu’il explore est instable, dans la manière où le discours se transforme sous l’influence du bagage cognitif, logique, émotionnel et intuitif. La lecture se développe sur le fondement des connaissances théoriques et des expériences pratiques de l’individu. Chaque lecteur applique un propre code culturel dans le processus de la lecture, élaboré à la suite de longues étapes d’apprentissage.

De nos jours, la lecture est de plus en plus censée d’avoir un potentiel thérapeutique, puisque la lecture évolue dans un exercice d’imagination qui nous aide à devenir conscients de nos rêves, de nos idéaux, de nos désirs intérieurs, de nos peurs. La lecture entraine tout le bagage émotionnel du lecteur, toute son histoire personnelle, mise en service de son évolution. Le lecteur s’engage de manière émotionnelle et interagit avec le texte, avec les personnages, le message, les symboles transmis.

Les psychologues identifient des liaisons entre la lecture et la santé, étant donné que la lecture peut apaiser les troubles intérieurs, elle provoque des émotions et offre au lecteur le cadre d’en devenir conscient. Le langage a une fonction symbolique, il crée des images, des représentations qui engagent le lecteur dans une expérience de découverte et d’affirmation de soi-même. La lecture devient un guide qui nous porte parmi nos problèmes vers leurs solutions.

Pourtant, la manière de lire a une forte influence sur l’effet psychologique de la lecture. Le niveau d’implication du lecteur permet des degrés différents de transformation au niveau psychologique et mental. Jean-Marie Schaeffer, un spécialiste dans le domaine de la psychologie, affirme l’importance de la capacité du texte choisi de plaire, d’attirer le lecteur, d’émouvoir pour obtenir une transformation au niveau psychologique.

La lecture n’est plus une expérience solitaire, elle devient une confrontation au monde aux autres et à nous-mêmes. Le lecteur ressent son appartenance à un groupe, à une communauté, à l’humanité en général ce qui développe son côté social et l’aide à mieux gérer ses problèmes. Pour que la lecture devienne une métamorphose psychologique, le lecteur doit être conscient de son état, identifier ses points forts et ses points faibles, se détacher de soi et voir le monde différemment. La lecture devient une véritable ressource psychologique puisque le texte stimule les activités psychiques sans provoquer la crainte d’un lien direct et de ses conséquences.

La lecture est considérée donc la forme la plus élevée de la communication humaine. Les diverses théories sur la philosophie de la lecture nous aident à dépasser la perspective limitée sur la lecture, vue comme un simple parcours d’un livre. La lecture devient réception, compréhension et interprétation en même temps et exerce un rôle fondamental dans le processus complexe de développement de la personnalité humaine. La lecture nous assure l’accès à la culture, elle devient formatrice de culture. La lecture est responsable de notre capacité de différencier les valeurs et d’évaluer les productions littéraires, scientifiques, philosophiques. Le changement des préférences pour un certain type de lecture est le meilleur signe de l’effet psychologique que la lecture exerce sur l’individu. Le cadre éducationnel, culturel et moral, l’univers informationnel en plein changement influencent beaucoup le goût pour la lecture.

Chaque lecteur détient un niveau différent de réception, en fonction du contenu du message transmis. On reçoit différemment, du point de vue psychologique, un texte informatif ou un texte littéraire. L’élément du plaisir personnel transforme la qualité de la réception, d’où provient les différentes classifications des types de lectures. Chaque type de texte, soit qu’il s’agit de textes poétiques, d’écritures scientifiques, d’essais historiques ou philosophiques, s’adresse à un certain groupe de lecteurs.

2.2 La lecture en classe de FLE

L’intérêt pour la lecture dans une langue étrangère s’est manifesté, premièrement, à cause des objectifs didactiques. L’évolution des méthodes d’enseignement a provoqué un changement perpétuel de perspective sur le rôle et l’importance de la lecture. Ainsi, elle a dû répondre à des besoins linguistiques ou communicationnels, s’adapter aux buts de compréhension ou d’expression écrite ou orale. Tous ces changements se sont ressentis aussi dans la conception sur l’importance de la lecture.

Dans les années 1970, la lecture n’était plus une activité de prise d’information en utilisant les mots comme instruments, mais elle est devenue une manière d’analyse et d’interprétation du sens. C’est le moment où, dans la didactique du FLE, l’auteur, le texte et le lecteur réjouissent de la même importance. Le lecteur devient susceptible d’enrichir le sens initial du texte, de manifester son propre imagination dans l’exercice de compréhension. La structure cognitive, ses stratégies, ses connaissances méta textuelles, son histoire émotionnelle, le prérequis du lecteur connaissent une importance extraordinaire.

La lecture comme moyen d’apprentissage enregistre une longue histoire dans la didactique des langues étrangères. Il y a des théoriciens qui la considèrent une stratégie fondamentale dans l’enseignement des langues. Au 18ème siècle, la méthode de la lecture représentait la meilleure manière de familiariser l’élève à la nouvelle langue qu’il étudiait. Le texte en langue étrangère lui offrait une approche lexicale complexe, des règles de grammaire, des éléments de culture et de civilisation. Le philosophe John Locke identifie la lecture comme la méthode la plus importante pour la découverte d’une langue et d’une nouvelle civilisation, en insistant sur l’importance des aspects pragmatiques, contraires aux règles explicites. Ainsi, la lecture devenait, jusqu’au 20eme siècle, la méthode la plus efficace pour la découverte et la compréhension d’une langue étrangère, en ignorant le côté oral et communicationnel.

La didactique du FLE a renouvelé l’importance de la lecture, comme manière d’apprentissage d’une langue étrangère. Pendant les années 1920-1930, la lecture des textes littéraires ou scientifiques, philosophiques devient très importante pour la compréhension globale d’un message en langue étrangère, n’insistant pas sur la pratique ou les règles de grammaire.

La méthode traditionnelle fait associer la lecture à la traduction et aux règles de grammaire. Présente depuis le 16eme siècle dans l’enseignement-apprentissage des langues étrangères, la méthode est encore présente et susceptible de conduire aux résultats favorables.

Les méthodes fonctionnelles ou instrumentales placent la lecture parmi les moyens prioritaires pour le jeune public. La lecture devient capable d’assurer le transfert des compétences de réception et de production, en insistant sur le double parcours, du français en langue cible, et d’une langue cible en français langue étrangère. Les nécessités des élèves, des apprenants en général, peuvent influencer l’application de la méthode, la lecture devenant un instrument adaptable aux domaines et compétences spécialisés.

Les méthodes audio-orales et audio-visuelles, qui trouvent leur apogée les années 1970, mettent en plan second l’aspect écrit d’une langue et, implicitement, la lecture. Le fait d’insister sur l’aspect oral dans l’enseignement d’une langue étrangère a produit des changements de perspective sur l’importance de la lecture. L’aspect écrit a été reconsidéré et la lecture devient une activité qui peut relever la signification des formes linguistiques de la langue étrangère. En ce sens, on peut identifier trois paliers : le palier lexical, représenté par le mot, le palier de l’énoncé et le palier du texte.

Pour conclure on peut dire que la lecture est liée à la compréhension écrite, une des quatre compétences linguistiques fondamentales qui dirigent l’enseignement du français langue étrangère. Puisqu’il y a une relation d’interdépendance entre les quatre compétences visées, on peut affirmer que la lecture influence l’expression écrite et la capacité d’interaction en langue étrangère, manifestant des enjeux culturels et de civilisation.

Au-delà de ses diverses fonctions, la lecture est un procédé capable d’innover la langue, de développer le côté émotionnel qui favorise la communication ; elle peut créer de nouvelles chances d’enrichissement culturel, sémantique, phonologique et grammatical. Elle devient, en même temps, une véritable ressource cognitive et psychologique, qui influence l’évolution de l’humanité, elle fait partie de nous-mêmes, puisque la lecture nous aide à exister, à s’affirmer, à évoluer.

3. LA BIBLIOTHÉRAPIE

– DÉFINITION ET CARACTÉRISTIQUES

Définition de la bibliothérapie

Le terme de bibliothérapie est un néologisme qui apparait dans les dictionnaires français au XXème siècle. Provenant du grec biblios, qui signifie livre, et therapeuein traduit en français par soigner, la bibliothérapie signifie soigner par le livre.

Les diverses définitions attribuées sont liées soit à l’outil utilisé, soit à la stratégie, soit à la finalité. Ainsi, la bibliothérapie est «un instrument pour résoudre des soucis personnels à l’aide de la lecture orientée» ou « un phénomène d’interaction entre la personnalité du lecteur et le livre ». Overstad définit le terme plus généralement et fait plutôt référence à la stratégie utilisée qu’à la finalité, comme « emploi des livres pour soutenir la santé psychique».

La bibliothérapie représente la science qui se propose de développer des compétences et des habilités pour résister en situations exceptionnelles, comme la maladie, le stress, la dépression, ayant comme but d’enrichir le niveau intellectuel.

Du point de vue littéraire, la bibliothérapie est définie par l’intermédiaire de quatre éléments : la catharsis, l’impulsion, la temporalité, l’herméneutique.

Le terme de catharsis provient d’Aristote qui affirmait dans La Poétique que la dramaturgie nous offre la chance de vivre des passions fortes et des sentiments de pitié et de peur que le texte littéraire purge de leur nocivité et les transforme en émotion esthétique, source de joie. Le théâtre, la littérature, en général, a le pouvoir de nous transformer, d’améliorer notre état. Elle devient donc une méthode thérapeutique.

Utilisant le concept d’impulsion, Quaknin explique la capacité de la bibliothérapie d’offrir au lecteur le pouvoir d’agir, la force de s’arracher à la détresse au moment où il ne répond pas aux tentatives extérieures de soin. C’est Marcel Proust dans le texte Sur la lecture qui a défini la bibliothérapie comme une manière d’offrir un impulse au lecteur qui n’en a plus : c’est une intervention qui, tout en venant d’un autre, se produise au fond de nous-męmes, c’est bien l’impulsion d’un autreesprit, mais reçue au sein de la solitude. Or nous avons vu que c’était précisément là la définition de la lecture(…) .

Quant à la temporalité, les théoriciens suggèrent la présence d’un effet thérapeutique de la lecture, pour les souffrants de maladies psychiques. Marc-Alain Ouaknin décrit dans son œuvre, Lire, c’est guérir, les notions de temps différents – le temps qu’on vit, le temps qu’on ressent et celui qu’on imagine. De ce point de vue, la lecture peut suspendre le temps physique et laisser le temps imaginé à traiter les sentiments d’angoisse. La mémoire involontaire de Proust et son temps retrouvé représentent les pilons de cette théorie.

L’herméneutique comme élément essentiel de la lecture met l’accent sur la capacité du texte de générer de divers sens, toujours nouveaux, en relation directe avec la personnalité du lecteur et son passé.

Les objectifs de la bibliothérapie sont de nature cognitive, affective et comportementale :

offrir au lecteur des informations sur ses problèmes

accorder un fort support émotionnel

aider en cas de fatigue, de solitude, d’embarras psychologique, de troubles d’amour, de confiance

permettre à un individu à se découvrir, à améliorer sa relation avec soi et avec les autres

traiter contre l’incertitude, l’anxiété, l’angoisse, le manque d’estime de soi

mettre en discussion les nouvelles valeurs et attitudes

développer la capacité d’empathie

connaitre la manière de résolution des problèmes

Histoire de la bibliothérapie

Le livre, considéré comme outil thérapeutique, a une longue histoire, débutant avec l’époque égyptienne antique, où la lecture était considérée « le baume de l’âme ». Les historiens affirment qu’à l’entrée de la bibliothèque du pharaon Ramsès II, il était inscrit « Médecine pour l’âme». Le rôle de la lecture dans le développement personnel a été utilisé par Pitagora, le grand savant grec qui associait la musique et les herbes aromatiques à la littérature, en vue de traiter les douleurs de l’âme. En Europe, l’Église est devenue le promoteur des livres susceptibles de traiter les maladies. Les croyants obtenaient l’espoir et l’allégement suite à la lecture des livres à contenu religieux. Pendant la Renaissance, on commence à appliquer la bibliothérapie par les médecins, en buts thérapeutiques. Ainsi, au XVIIème siècle, le médecin anglais Geiden Sait conseillait la lecture de Cervantes pour les malades qui souffraient d’angoisse.

C’est le médecin Samuel Mc. Chod Crothers qui utilise pour la première fois, en 1916, le terme de bibliothérapie, pendant la Première Guerre Mondiale, quand les blessés étaient soignés avec des livres aussi. C’est une période de fort développement où bien des conférences ont traité le sujet de la bibliothérapie. Elle devient un domaine très important de la médecine traditionnelle. Pourtant, la reconnaissance scientifique est venue plus tard, au XXème siècle. Le livre devient le noyau des structures complexes qui supposent la lecture comme thérapie, l’art thérapie, la psychothérapie de groupe ou la thérapie occupationnelle.

Types de bibliothérapie

3.1.1La bibliothérapie guidée ou interactive

Ce type de bibliothérapie fait promouvoir l’éducation de la volonté, l’optimisme, la confiance en nos propres forces, la santé mentale. Elle est de plus en plus utilisée, dans le domaine médical, comme outil de soin, ou dans le domaine livresque, par les bibliothécaires. Les deux catégories de spécialistes imposent des approches tout à fait différentes, en fonction de leurs objectifs. À présent, la bibliothérapie a assimilé plusieurs domaines comme la psychologie, la psychothérapie, la psychiatrie, dans un seul but, celui de guérir les maladies, soient-elles mentales, psychiques, des troubles d’âme ou des angoisses passagères. Ses concepts – clés deviennent l’universalité, l’identification, la catharsis, l’analyse psychologique. Toutes les idées, les techniques, les outils influencent le processus de communication avec soi-même et avec les autres.

C’est une thérapie interactive parce que le psychologue et le client participent à des dialogues libres ou guidés pour vérifier la compréhension et surtout l’interprétation du texte et guider le patient vers un état de bien-être, prémisse de la santé psychique.

3.1.2La bibliothérapie non-guidée ou réactive

Ce type de thérapie peut être réalisé par un bibliothécaire ou un maitre en classe. Elle n’implique pas des études spécialisées sur l’état mental du lecteur, sur son historique personnel ou ses troubles, mais on peut observer et poser des questions sur l’état d’âme, les goûts du lecteur pour lui conseiller des livres qui lui conviennent. Le lecteur lui-même peut choisir des livres en fonction de son état psychique ou des conseils reçus. Dans ce cas la lecture n’est pas suivie des rencontres pour analyser, expliquer, jouer des rôles comme il se passe dans les cabinets des spécialistes. Même cette méthode peut stimuler un bon état émotionnel, ou au contraire, car le lecteur réagit au texte proposé d’une manière positive si le choix a été bon ou négative si le texte n’est pas bien choisi. Andrei Pleșu parle lui aussi de la responsabilité de celui qui fait des recommandations de lecture. On ne peut pas conseiller que ceux qu’on connaît, dont on sait le mode de vie, les soucis, les recherches, les goûts. Faire une telle recommandation implique responsabilité et intimité. Se tromper peut gâcher un esprit, un caractère, une vie.

Classification des livres utiles dans la bibliothérapie

Dans son Manuel de psychothérapie A.E. Alekseichik nous offre toute une liste de genres littéraires utilisés dans la bibliothérapie :

La littérature médicale spécialisée, très importante dans la bibliothérapie, parce qu’elle peut offrir au lecteur des connaissances essentielles pour l’autocontrôle. Ses principaux objectifs sont d’offrir des outils pour une bonne orientation, pour éliminer les représentations incorrectes sur la maladie, pour stimuler une bonne activité mentale.

La littérature philosophique aide les gens à diversifier leurs représentations sur la vie, sur eux, sur les autres, elle enrichit la vision sur le monde entier, pour comprendre le conflit inévitable entre le monde extérieur et le monde intérieur, entre objectivité et subjectivité, entre ce qu’il est et ce qu’il devrait être. Les spécialistes considèrent que cette compréhension provoque une forte satisfaction personnelle.

La littérature spirituelle contient une grande quantité d’information, d’expérience de vie. Ce type de littérature est très riche en significations pour les croyants et fait promouvoir l’amour pour la vie, la bonté, la confiance dans le destin.

La littérature biographique et autobiographique fait décrire les personnalités, leur succès remarquable mais aussi leurs problèmes personnels. Les biographies offrent des exemples réels des personnes renommées qui ont dépassé les problèmes, qui ont trouvé la joie de vivre, le bonheur, l’équilibre. Ce genre de livre offre une attitude optimiste, ayant un effet efficace et immédiat.

La littérature classique peut avoir des influences différentes sur les lecteurs. Cela rend les spécialistes plus méfiants dans les effets thérapeutiques qu’un tel livre peut susciter.

La critique littéraire et publiciste offre une représentation générale sur les œuvres et les écrivains, qui peut assurer une meilleure compréhension, la découverte des évènements de la vie personnelle et sociale. La critique littéraire aide à une meilleure perception des événements, le retour à la réalité.

La littérature humoristique et satirique permet aux lecteurs de s’exprimer plus librement en situations difficiles. Ils apprennent à communiquer plus librement, plus aisément, en choisissant une manière satirique d’affirmer leurs convictions et ses troubles.

La littérature d’aphorismes contient les images, les idées les plus explicites, les plus subtiles, parfois paradoxales et contradictoires. Leur caractère ferme offre la possibilité de développer une attitude calme en rapport avec les extrêmes, les contradictions, les cataclysmes de la vie.

Le folklore et les contes stimulent le processus psychothérapeutique par la présence des idéaux comme la bonté, la vérité, la raison, la simplicité, des valeurs humaines incontestables.

La littérature science-fiction pousse le lecteur vers des situations extrêmes et le provoque à accepter des émotions, des relations, des évènements limites.

La littérature d’aventure et les romans policiers occupent une place significative dans la bibliothérapie, grâce à leurs traits définitoires : l’entrainement de l’intuition, l’attention accordée aux émotions négatives, le mystère comme modalité de comprendre la réalité ou même l’obligation du lecteur de suspecter tous les personnages.

On peut facilement observer que la presse pour les jeunes contient presque tous les types présentés ici : littérature d’aventure, science, contes, aphorismes, textes humoristiques, textes biographiques et autobiographiques, critique littéraire et d’art, textes psychologiques spécialisés. Tous ces sujets seront traités dans les chapitres suivants.

3.2 Avantages /vs/ limites de la bibliothérapie

La bibliothérapie est une science récemment introduite comme méthode de traitement dans la société moderne. Pour assurer sa réussite, il faut bien connaitre les avantages qu’elle apporte, ainsi que ses limites.

Le livre devient un médiateur, une passerelle entre l’écrivain et le lecteur. La bibliothérapie représente une manière de soigner, où les médecins sont remplacés par les écrivains. Pour que le matériel ait une valeur thérapeutique, il est indispensable que le lecteur remplace les émotions négatives avec des émotions positives. Il doit aussi avoir des compétences littéraires, qui lui permettent d’emphatiser avec les personnages, de se soustraire à la vie réelle et de plonger dans la fiction susceptible de lui résoudre les troubles. Il doit être capable de s’interroger, en vue de provoquer des changements intérieurs.

La lecture pour le plaisir ou pour comprendre, pour apprendre, pour s’informer est souvent complétée par la lecture faite pour obtenir un bon état psychique, pour se guérir. Mais entre la lecture et la bibliothérapie, il y a un long chemin, parcouru ensemble par le patient/le lecteur et le thérapeute/ l’écrivain. Si les deux concernés ne respectent pas toutes les étapes nécessaires (identification: expérimenter l’état «d’être-là », catharsis, insight: intérioriser et mettre en œuvre ce qu’on a appris et universalisation: appliquer la solution apprise dans toute situation semblable), le résultat peut être nul ou ayant des effets plutôt négatifs.

En général, les spécialistes en bibliothérapie applaudissent la capacité des livres de traiter des certaines maladies comme la dépression, l’angoisse, l’inquiétude. Les effets du stress sont facilement éloignés à l’aide d’une bonne lecture, recommandée par un spécialiste. De l’autre côté, les livres ne peuvent pas remplacer les effets des contacts humains, où l’être en souffrance peut trouver aisément l’équilibre.

La catégorie des livres qui offrent des conseils est de plus en plus présente dans la vie des gens préoccupés du développement personnel, d’avoir une vie de famille harmonieuse, de surmonter les problèmes de l’âge jusqu’aux soucis d’ordre sentimental. Mais si le patient transfère ses besoins aux personnages, s’il minimalise l’importance de l’action présentée dans le texte, si son expérience sociale et émotionnelle est assez pauvre, s’il adopte une attitude défensive, il sera difficile d’atteindre le but. Selon I. Drugaș aux limites liées à la personnalité du client il faut ajouter celles des habiletés du thérapeute: ses connaissances, son expérience, la capacité d’obtenir la coopération du client et de faire les meilleurs choix, sa flexibilité, la capacité d’évaluer son travail et de l’améliorer, car les particularités du processus thérapeutique même représente la troisième catégorie de limite dont l’auteur cité parle.

Si Thomas Bernhard affirme qu’un livre doit choquer le lecteur, on peut conclure que la bibliothérapie peut avoir aussi des effets négatifs, elle comporte des risques. Le niveau de confiance entre le médecin/l’écrivain/le thérapeute et le lecteur est très important. On peut avoir de meilleurs résultats si les deux connaissent très bien les préférences et les troubles du lecteur. La lecture peut choquer le lecteur, mais le spécialiste doit, au moins, prévoir les effets. Le choc doit être assumé par les deux et tout changement doit être analysé.

Si Montesquieu affirmait que «Je n’ai jamais eu de chagrin qu’une heure de lecture n’ait dissipé», on comprend que la lecture est connue pour ses effets curatifs depuis longtemps. Si Freud affirmait « Partout où je suis allé, un poète était allé avant moi» on peut dire que la valeur thérapeutique du livre est prouvée. Pourtant, en France, elle est presque méconnue ou ses effets sont ignorés.

La fiction a une fonction transformatrice, bénéfique. Cependant, la fiction peut devenir dangereuse pour le jeune public, puisque l’enfant ou l’adolescent se trouve dans une période de forts changements, où la limite entre le réel et l’irréel est très faible. Les différentes histoires peuvent les faire perdre le contact avec leur ego, avec leur vie réelle et faire des choix dangereux.

La bibliothérapie est, sans doute, la thérapie du siècle, grâce à ses effets positifs immédiats sur le psychique. Elle est une méthode non-invasive qui implique le patient dans le processus d’amélioration ce qui est très important. Il ne reste qu’elle soit bien appliquée pour avoir les résultats estimés.

3.3 La bibliothérapie en classe d’élèves

Créer un espace socio-éducationnel où les jeunes deviennent le sujet d’un processus de transformation, par l’intermédiaire de la lecture, représente un objectif d’actualité. La réforme du système éducatif suppose l’identification de nouveaux sens de l’activité didactique, en utilisant tous les instruments en vue de développer une personnalité riche et créative.

Pour les adolescents, la bibliothérapie devient même plus importante, grâce à leur personnalité en plein développement, à leur âge, qui permet de s’adapter et d’évoluer différemment. La littérature est une invitation pour les adolescents, de vivre des expériences sans en connaitre les périls. Il peut apprendre, suivre des destins, associer les divers choix qu’un adolescent est tenté de faire, au destin du personnage.

À travers la lecture, l’adolescent découvre l’univers. Les histoires provenant des pays lointains ont le pouvoir d’inciter la lecture des jeunes, par leurs nouveautés, par l’élément de surprise, par l’atmosphère, par l’exotisme de la situation. Ce type de lecture peut être utilisé dans la classe, par le professeur qui veut inciter les élèves à découvrir de nouveaux espaces, et à comprendre que ce qui est différent ne doit pas être rejeté ou méprisable. On estime donc, d’obtenir l’ouverture d’esprit et la tolérance des élèves.

Ce qu’un professeur peut faire en classe s’appelle bibliothérapie de développement ; c’est une activité qui a des limites qu’on ne peut franchir sans risques: par exemple le choix des textes. Il s’agit des textes didactiques où les histoires des personnages, leurs succès et leurs échecs à la fois, représentent pour l’adolescent une leçon de vie, par conte, les contes psychologiques sont réservés aux thérapeutes qui les utilisent pendant les séances individuelles, au cabinet, car les sujets abordés sont très délicats: décès en famille, abus physique. L’activité bibliothérapeutique en classe est planifiée suivant plusieurs étapes : prereading : on choisit le matériel, on essaie de motiver les élèves pour participer affectivement et effectivement à l’activité, on définit le problème et on établit les objectifs. Il suit l’étape de reading : on lit le matériel et on s’assure qu’il a été bien compris et puis l’étape de processing qui vise la compréhension profonde et on finit avec le follow-up-discutions ouvertes pour favoriser l’expression des opinions et des sentiments des élèves : choisir un fragment qui va être relu, analysé et changé, écrire une lettre adressée aux personnages du livre. A travers ces activités les élèves comprennent qu’ils ne sont pas les seuls à avoir des problèmes et ils apprennent à chercher des solutions.

La lecture dans la classe devient une ressource essentielle pour établir un bon contact émotionnel entre les élèves et l’enseignant, pour offrir aux élèves la sensation d’équilibre, de compréhension, d’optimisme, dans les relations sociales et la relation avec eux-mêmes.

Pour que la simple lecture prenne les atouts de la thérapie, il faut connaître les goûts littéraires, les préoccupations et les problèmes des jeunes. En général, chaque âge de développement engage des problèmes, des difficultés, des angoisses. Il est très important que les professeurs, les bibliothécaires, les psychologues et les parents fassent des efforts communs pour réduire le stress de développement et d’adaptation des enfants.

4.COURTE HISTOIRE DE LA

PRESSE DES JEUNES

La presse des jeunes représente une catégorie à part, caractérisée par la richesse, la complexité et l’hétérogénéité des contenus et des formes. Avec une histoire qui dépasse deux siècles, la presse pour les jeunes générations évoque l’évolution de l’humanité, de la société en général, de la jeunesse en particulier.

L’affirmation de la jeunesse engendre la croissance accrue des préoccupations pour l’éducation et les loisirs de cette tranche d’âge. Les changements rapides, enregistrés au niveau des préférences des jeunes, ont révolutionné la forme et le contenu de la presse, dans le but de compléter l’éducation et l’intégration des jeunes dans la communauté.

La diversité des ressources transmises par l’intermédiaire de la presse, pour la jeune génération, répond à la grande diversité du groupe, due à l’appartenance sociale, religieuse, aux préférences des jeunes, au genre et aux tranches d’âge. Le fait que cette catégorie de la presse répond à des préoccupations si différentes explique son aspect hétérogène.

On peut remarquer une relation d’interdépendance entre l’enseignement et la presse, puisque la seconde représente la réflexion de la société, le miroir d’une génération, le reflet d’un groupe et l’image de la préoccupation pour l’éducation. Vue comme un complément de l’éducation, la presse pour les enfants a été conçue en vue de répondre à des finalités formatives, éducatives.

«C’est dans la jeunesse et même dans l’enfance qu’il faut jeter les fondements de l’homme futur, du prince et du citoyen, du militaire et du ministre des autels», déclarait le créateur de la presse pour les jeunes, M. Leroux, un instituteur du XVIIIème siècle. Paru dans la même époque du célèbre traité Emile ou de l’Education de Jean Jacques Rousseau, le Journal de l’éducation reçoit en 1768 le soutien de Louis XV.

À cette époque-là, la presse pour les jeunes était organisée autour des objectifs assez rigides, qui correspondaient même à son aspect, 32 pages imprimées dans une seule colonne, dépourvues d’images. La diversité des domaines abordés répondait à des finalités diversifiées, comme l’enseignement de la langue, des arts, de la géographie, de l’histoire, des sciences, de la religion. Le public visé était la bourgeoisie, préoccupée par une bonne formation des enfants, une bonne intégration dans la vie sociale qu’ils menaient.

La parution de la première publication périodique adressée aux jeunes marque le début de la diversification de la presse, en fonction des préoccupations du public. Ainsi, à la même époque, débutent les publications pour les femmes, L’Almanach ou recueil des jolies coiffures à la mode de Paris, en 1778 et Le Cabinet des modes, en 1785, pendant que le siècle antérieur marquait la parution du Journal des savants, le premier périodique traitant des sujets de la technique et de la science.

Si les débuts de la presse écrite sont placés loin dans l’histoire, autour des années 4000 avant Jésus-Christ, lorsque les Egyptiens marquaient les dates importantes à l’aide des hiéroglyphes, du papyrus et de l’encre, on remarque une distance de plus de cent ans entre la parution de la première Gazette de France, appartenant à Théophraste Renaudot et l’arrivée de la presse dédiée entièrement aux jeunes.

L’histoire de la presse proposée par Alain Fourment dévoile le foisonnement de ce type d’écriture, enregistrant des formes, des contenus et des finalités très diverses, à travers les siècles. Le développement de l’enseignement obligatoire, l’essor de la science, le vif intérêt pour le monde des arts, l’affirmation de la jeunesse comme groupe homogène, l’industrialisation, les guerres, les préoccupations pour les domaines politiques et économiques, ce sont des aspects qui ont influencé l’évolution de la presse des jeunes jusqu’à présent.

À une distance de 15 ans de la parution du premier périodique adressé aux enfants, Alain Fourment, l’analyste contemporain de l’histoire de la presse, remarque le rafraîchissement du domaine, grâce à l’introduction de la préoccupation pour l’amusement, susceptible de faciliter le progrès formatif des jeunes. Ainsi, des périodiques telles L’Ami des enfants, paru en 1782 et Le Portefeuille des enfants, publié en 1783, introduisent l’illustration et le dessin, en vue de capter l’attention du public. Le jeu devient la forme sous laquelle les auteurs veulent transmettre des connaissances et, en même temps, sensibiliser la jeune génération aux valeurs morales.

L’explosion de l’intérêt pour l’éducation des jeunes marque la parution d’une diversité de publications, telles Le Journal des enfants, paru en 1789 et Le Portefeuille récréatif, l’éducation du sexe ou Journal des demoiselles, publié dans la même période, sous le signe de la Révolution.

La généralisation de l’enseignement au primaire engendre l’essor de nombreuses publications, puisque les revues deviennent préoccupées de compléter l’éducation reçue à l’école, sous les changements du Second Empire. C’est le moment de l’apparition des images en couleur, des couvertures coloriées et de la première bande dessinée dans La Gazette de la jeunesse.

La littérature devient, à cette période, un sujet préféré des publications pour les jeunes et un grand nombre d’écrivains y collaborent, tel Victor Hugo, Lamartine, Alexandre Dumas, Musset et Honoré de Balzac. Après les changements enregistrés dans la forme, on remarque une richesse des contenus, qui dépassent les limites éducatives et présentent des faits de la réalité quotidienne. Ainsi, les événements sociaux, les inventions et la progression de la technique deviennent des éléments préférés à cette époque- là.

La relation d’interdépendance entre l’évolution de la presse et la généralisation de l’enseignement domine le XIXème siècle, lorsque plus de 40 publications dédiées aux jeunes paraissent dans toute la France. Le premier hebdomadaire appartient à la Librairie Hachette, en 1857, La semaine des enfants, où l’on continue la préoccupation pour le jeu, comme méthode d’enseignement.

Une grande révolution dans la forme des périodiques adressés aux jeunes est marquée par le changement des méthodes de travail, par l’introduction des jeux et des concours qui invitent les enfants à intervenir dans la vie de leur revue. C’est la première forme de recherche interactive, misant sur la nouveauté du style, par le besoin des enfants d’être intégrés dans la vie de la communauté, par la concurrence qui se développe, au début du XXème siècle entre les publications spécialisées.

La France du début du XXème siècle devient un grand consommateur des publications telles Le petit journal, Le Journal, Le matin, Le petit Parisien. Les créateurs de grands journaux deviennent préoccupés par le segment jeune du public et le transforme d’après le modèle de la presse générale. C’est un moment important de la presse des jeunes, où les finalités ne sont plus éducatives, le monde des arts perd du terrain devant le domaine social et économique, la publicité devient agressive. Nous le considérons comme une époque de recul pour tout ce que la presse des jeunes signifie, une projection indésirable des enfants comme futurs adultes, préoccupés seulement de la vie profane, politique, économique.

En 1904, la bande dessinée commence à écrire l’histoire en France, par l’intermédiaire du Petit Illustre, qui introduit les héros et leurs histoires célèbres. Les grandes sociétés de presse publient, à cette époque, des journaux pour les jeunes aussi. Par exemple, Le Petit Journal distribue en 1904 la publication gratuite L’Epatant, en tant que Le Figaro entretient la publication Enfants de la France. L’idée du Journal de Mickey, publié en 1934, d’introduire des personnages célèbres dans les pages des revues pour les enfants sera reprise par un grand nombre de hebdomadaires, tels L’Echo de Noel (1908) et Cœurs vaillants (1929).

Le XXème siècle apporte comme nouveauté la préoccupation des contemporains pour la morale des contenus transmis dans les revues adressées aux enfants. Ainsi, on initie pour la première fois l’idée de la nécessité d’une loi qui puisse contrôler les publications et les associations demandent du respect pour le jeune public.

La période de crise, associée aux guerres mondiales qui secouent la société française, provoque des disparitions dans les grands noms de la presse pour les jeunes et l’apparition de plus de trente titres nouveaux, tels Gavroche, Jean Bart, Le Téméraire et Fanfan la Tulipe, Donald, Spirou et Tintin. Les magazines réussissent d’éloigner les sujets adressés aux jeunes, inspirés de la vie quotidienne, leur aspect devient plus amusant, l’image occupe un rôle essentiel. Néanmoins, les BD deviennent le point de départ d’une loi pour la protection de la presse des enfants, qui, en 1949, accuse l’influence négative des histoires dessinées sur les enfants susceptibles de nourrir la délinquance juvénile .Aux années 60, les jeunes commencent à s’affirmer, à chercher leur intégration dans des groupes d’intérêt, à demander l’enrichissement des formes et des sources de la presse. Leur admiration pour des idoles de la musique ou du cinéma, la préoccupation pour la mode, l’influence de la télévision mènent à une transformation radicale de la presse adressée aux jeunes. C’est le moment où le domaine affirme sa préoccupation pour le développement de la personnalité de l’enfant. Le jeune se voit résultat du groupe des copains, il devient intéressé par les troupes de musique, par la mode et la vie sociale qui enregistre un grand éclat.

Ces préoccupations des jeunes imposent le besoin de faire la différence de tranche d’âge. Ainsi, Perlin et Pinpin lancé en 1956 s’adresse exclusivement aux enfants de moins de huit ans. C’est le début d’une grande période d’enrichissement et de diversification, qui dure jusqu'à présent. Les magazines et les journaux pour les jeunes adaptent leurs contenus et leur forme pour des tranches d’âge entre deux et six ans, correspondant aux petits, entre sept et onze ans se situent les enfants, entre douze et quatorze ans on considère les préadolescents et les adolescents, entre quatorze et dix-huit ans. Cette segmentation permet aux éditeurs de diversifier leurs publications, d’adapter les contenus aux spécificités psycho-intellectuelles et aux préoccupations des enfants, la concurrence devenant très forte.

Les Maisons de Presse lancent des «chainages» pour assurer le passage des enfants d’une publication à l’autre, en fonction de leur âge. Ainsi, on remarque la collection Pomme d’Api – Okapi – Astrapi – Phosphore – Popi lancée par Bayard Presse dans la période entre 1966-1986, ou Toboggan – Mikado – Toupie – Picotti (1980-1989) appartenant à l’Edition Milan ou celle proposée par l’Edition Fleurus Perlin – Fripounet – Djinn. Les trois groupes sont, même aujourd’hui, les noms les plus célèbres de la presse pour les jeunes.

Cette époque marque aussi les différenciations de genre, dans la presse des jeunes. Ainsi, on s’adresse aux garçons par des hebdomadaires tels Rallye Jeunesse, Salut les copains, pendant que les filles se retrouvent dans des périodiques tels Mademoiselle âge tendre, Star Club, Miss etc. Les années 60-80 sont représentées aussi par des perspectives communes de la jeunesse, grâce aux intérêts pour la musique : Super Géant, Podium, Rock and Folk, Rock News.

On constate un changement radical de perspective, dans l’évolution de la presse des jeunes. Si le début de ce segment de la presse se trouve sous le signe de l’éducation, vue dans son aspect complexe et profond, les années soixante mettent la presse sous le signe du respect pour la personnalité des jeunes. Les publications deviennent complémentaires aux actions de l’école et de la télévision, centrées sur le développement harmonieux de l’enfant dans le groupe dont il appartient.

Les changements visent, à travers plus de deux siècles d’histoire, les objectifs de la presse pour les jeunes, les contenus, la forme, le langage, la relation entre les auteurs et le public. Quant aux contenus, on remarque une évolution fondamentale, du domaine artistique, aux animaux, à la littérature, aux activités pratiques, aux loisirs comme la musique, les sports, la télévision, l’internet, les copains. En ce qui concerne la forme, on doit mentionner l’évolution enregistrée à partir du texte simple, rigide, organisé dans une seule colonne, du début de la presse, jusqu'à l’utilisation de l’image, des couleurs, de la bande dessinée, du jeu, des méthodes nouvelles susceptibles d’éduquer grâce aux moyens de captiver les enfants.

La presse enregistre une transformation radicale quant à l’attitude des auteurs envers le public visé. Ce changement est en relation étroite avec les finalités déclarées des publications, des conditions sociales et économiques d’une certaine époque, du degré de développement de l’enseignement. A l’attitude supérieure, détachée, du XVIIIème siècle, appartenant au maitre enseignant, s’oppose l’impression d’égalité que veulent laisser les journalistes de nos jours. L’adolescent se sent au centre des préoccupations, il peut intervenir dans la vie de la revue par l’intermédiaire des jeux et des concours interactifs, en utilisant un registre de langue qui lui est propre.

De nos jours, on constate une vive préoccupation des Maisons de Presse pour la jeune génération, qui essaient d’adapter la forme et les contenus aux intérêts des jeunes, à l’effervescence de leur vie sociale, aux besoins de leur âge. La grande diversité des publications pour les jeunes prouve l’intérêt actuel de répondre aux exigences de l’école, de la famille, de la communauté, du groupe de camarades, la presse représentant un véritable miroir, un excellent écho de la vie.

6. LA PRESSE DES JEUNES EN FRANCE ET EN ROUMANIE

6.1. Caractéristiques de la presse

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“Bigarrée, chatoyante, remplie de récits endiablés, fourmillant de propositions et de conseils, bouillante de multiples courriers et prises de position de lecteurs, multiple et compétitive, la presse des jeunes se présente, en France, comme une famille de publications, moderne et représentative des évolutions d'écriture, d'illustration, de graphisme, de mise en page les plus récentes”

Charon distingue parmi les caractéristiques de la presse des jeunes:

– l’importance du visuel : parce qu’elle s’adresse à un public si jeune, la graphie, l’image, la couleur sont les premiers messagers porteurs de sens ; ils contribuent aussi à un lien affectif à l’objet ; l’image est un pôle d’attention, elle attire le regard, mobilise à la lecture, éveille la curiosité, intrigue, amuse. Selon son rôle Antoine Paulus,  parle d’images informatives qui doivent être plus qu’une redondance du texte, elles doivent apporter un plus d’information et devenir un supplément et un complément du texte, d’images documentaires à fonction descriptive (un décor, un portrait) ; c’est un moyen d’authentification du texte : si la nouvelle est incroyable, l’image en sera la preuve indubitable. Il y a aussi des images symboliques – significatives (la petite africaine au ventre ballonné, symbole de la famine) ou symboliques, pour les idées abstraites (les lignes fuyantes qui suggèrent la vitesse) et des images divertissantes comme les vignettes qui brisent la monotonie du texte ; leur rôle est illustratif-décoratif

– la diversité : la multitude des titres (plus de 400) prouve l’importance qu’on accorde en France au développement spirituel des enfants, la disponibilité d’investir dans une affaire dont le profit n’est pas immédiat et matériel non plus, disponibilité qui n’existe pas en Roumanie, et la conséquence est en France, la richesse des magazines pour les jeunes :  « Il y en a absolument pout tous les goûts, pour tous les âges, pour toutes les pratiques, pour tous les centres d’intéręt, du magazine d’information au titre de jeux, en passant par les sciences, la découverte, les héros, la bande dessinée, la cuisine, les petites filles, les petits garçons, l’économie, les stars, les comics… En deux mots, toutes les thématiques qui passionnent les enfants de 1à 17 ans ».

– la périodicité : il y a des bimensuels, mensuels, hebdomadaires, quotidiens

– la créativité: les contenus doivent être toujours plus imaginatifs : « Chez Bayard, nous faisons travailler chaque année plus de 1000 auteurs, illustrateurs, photographes et

autres pigistes sur des créations originales, affirme Corinne Vorms. Ce qui fait certainement de nous le premier pôle de créativité de ce type dans le monde ». Parmi les modalités de renforcer la liaison du lecteur à la marque favorite sont les cadeaux à découper, à coller, à cuisinier, à construire, les fiches, les contes, les posters à détacher qui tiennent de l’appropriation à laquelle les enfants sont tres sensibles. Pour augmenter les ventes (les redoubler parfois) on a inventé les cadeaux et les plus-produits. Ils doivent être liés à la thématique du journal sinon ils dénaturent le produit de base avertisse Corinne Vorms comme il se passe chez nous où Gazeta Sporturilor offre des DVD avec des dessins animés ou des jouets Lego. La liaison avec la télévision et les prolongements dans l’audiovisuel sont d’autres modalités de soutenir la presse écrite qui tourne à son profit les atouts de l’audiovisuel: Disney prête aux magazines le nom des héros de dessins animés. En Roumanie l’offre et super-abondant : Masini, Avioane, Mia & Me , My little ponney, Ben 10, Scooby-Doo. L’envers aussi est possible (en France) : Petit Ours Brun le personnage du groupe Bayard continue ses aventures dans le Zouzous sur France Télévision

– la flexibilité: est une qualité qui découle des autres: la concurrence entre les maisons d’édition et surtout la concurrence avec les autres médias: télévision, Internet et un public qui change très vite d’une génération à l’autre, donc il faut se renouveler toujours, mais après avoir bien étudié le goût, les centres d’intérêt de ses nouveaux lecteurs et voilà est autre qualité de la presse jeune en France :

– le caractère interactif qui correspond au besoin de socialisation des jeunes et aussi au besoin de feed-back des éditeurs: „ Pour connaître les préoccupations de ses lecteurs, il faut les interroger et les rencontrer et, dans ce domaine, la presse jeunesse, contrairement à d’autres familles de presse, est exemplaire. Accueil des classes dans les rédactions, organisation de journées portes ouvertes, intégration de stagiaires, déplacement des journalistes dans les établissements scolaires, partenariats avec ’Education nationale, animation de communautés sur Internet ou les réseaux sociaux, tout est bon pour établir une relation privilégiée et pérenne avec les jeunes, quel que soit leur âge ”.

A l’occasion des visites dans des redactions comme celle de Mon quotidien on peut regarder de plus près l’activité et participer à des aterliers où les enfants apprennent les étapes de création d’un journal et puis ils passent à la fabrication de leur propre journal du jour, pas à l’école comme en Roumanie, mais dans la rédaction même avec l’aide direct des professionnels qui les accompagnent dans le choix des sujets, dans la rédaction et l’illustration des articles, le remplissage de la maquette et l’impression du journal. C’est une expérience enrichissante pour les deux partenaires à la fois: les enfants sont motivés à lire, à écrire, ils deviennent plus confiants et se préparent au choix de leur futur métier tandis que les journalistes arrivent à mieux connaitre leurs goûts, leur façon de penser : „ Cela nous connecte à la réalité de nos lecteurs et nous permet de déceler des évolutions de comportement, de nouvelles préoccupations, mais aussi de collecter leurs réactions sur telle ou telle actualité” explique Anne Ducellier. Les enquêtes- maison, mais aussi les études collectives comme Junior Connect réalisée pour Bayard, Millan, Disney Hachette Presse, l’analyse des fichiers des abonnés, les palmarès sont d’autres modalités de rester en contact avec son public.

– la forte segmentation par tranches d’âge, par sexe, par thématique : en France il y a une nouvelle tranche d’âge tous les trois ans, parfois même deux ans. En Roumanie, excepté les revues pour le petits de 3 à 6 ou 7 ans, pour les autres catégories, les limites sont assez floues : à partir de 8 ans (Imbatabilii), pour les élèves (Bioplanet) ou il n’y a aucune mention en ce qui concerne l’âge du public-cible (Terra). La segmentation par sexe vise surtout les filles et leurs thèmes favoris: mode, maquillage, stars préférées. C’est un point commun pour la France et la Roumanie: Julie, Les p’tites sorcières / Bravo girl.

– le coût de fabrication élevé à cause des illustrations, de la qualité du papier, des recherches que suppose la création d’un magazine

– la publicité insuffisante- les annonceurs doivent respecter le spécifique de la presse jeune – l’innocence du lectorat et le côté pédagogique. Par conséquence, ils sont des industriels du jouet, du cinéma, de l’alimentation, de la santé, les parcs animaliers

– une attention spéciale dédiée aux prescripteurs (parents, éducateurs) qui ont des pages à eux, des livrets qui prouvent une bonne compréhension des besoins des enfants, abordés sous tous les aspects (éducatif, moral, instructif, ludique, psychologique). En France, la presse des jeunes est partenaire de l’école ; les éditeurs se déplacent dans les écoles, les collèges, les lycées, en classe à l’invitation des enseignants ou dans les bibliothèques, dans les centres de documentation et information. Chez nous, l’école est seulement le bénéficiaire du produit fini pour le distribuer sans être impliquée dans le processus de création ou interrogée pour améliorer la qualité des publications.

6.2. Le rôle de la presse jeune

Dès son début, la presse pour les jeunes a eu un rôle éducatif- le premier titre

s'adressant aux jeunes s’appelle  Le Journal d'éducation, et il date de juillet 1768.

Corinne Vorms éditrice déléguée de Bayard Jeunesse affirme „Nous sommes un tiers ludo-éducatif, à côté des parents et de l’école”. Les revues débattent les problèmes des écoliers et les aident à les dépasser et ils peuvent être employées à l’école comme outil pédagogique. Le groupe Bayard qui fait du côté éducatif sa devise a lancé sur son site, le 16 octobre 2006, un service pédagogique ; on y peut trouver des fiches pratiques générales pour organiser des ateliers en classe, des fiches thématiques et même un espace ou les enseignants peuvent échanger des idées, des impressions, des opinions. Pour le groupe Milan ce but éducatif est encore plus fort. Ses 15 magazines sont « pour apprendre, découvrir, s’informer, aimer lire à tous les âges » (dépliant publicitaire 2000). L’apprentissage de la lecture est préparé en commençant par les plus petits (Toboggan, Toupie, Picoti), car « Un enfant qui aime lire est un enfant qui s’éveille ». Les parents sont impliqués d’une façon active dans cette démarche car ils doivent être les alliés de l’école, condition de la reussite scolaire et personnelle. Le groupe Fleurus tient à se démarquer de Milan est sa forte componente pédagogique :„ Même si les enfants apprennent plein de

choses en lisant leur magazine, notre objectif premier n'est pas pédagogique : notre tâche consiste à créer du plaisir et de la complicité avec les parents”. Ses publications sont présentées comme un lien avec l’école et la famille, un instrument d’échanges qui favorise ces relations.Par contre, le groupe Disney a des magazines surtout distractifs ce qui lui fait une mauvaise figure en France (les bibliothèques, les centres de documentation ne le achètent pas car ils nient sa valeur culturelle). A part cela, le côté ludique et distractif doit être présent dans toutes les publications pour les jeunes car c’est une modalité de les rendre attirantes, accessibles, adaptées au spécifique du public-cible.

A notre avis, la presse pour les jeunes a, somme tout, un rôle thérapeutique ce qui représente notre hypothèse de travail. Par sa diversité, la presse peut bénéficier de la multitude des formes d’art thérapie : lecture, dessin, activités pratiques (bricolage, coloriage, cuisine), jeux. En plus, dans la presse des jeunes on peut lire des articles à contenu explicitement psychologique pour les enfants et aussi pour les parents. Les tests de personnalité, très appréciés par les jeunes, s’ils sont créés d’une manière scientifique et professionnelle, peuvent devenir un bon instrument pour se connaitre soi-même sinon ils peuvent être vraiment dangereux. Il y a aussi le courrier des jeunes ou ceux-ci peuvent exposer leurs problèmes pour avoir la réponse des spécialistes et aussi le feed-back des autres lecteurs. Les jeunes découvrent ainsi qu’ils ne sont pas anormales qu’ils ne sont pas les seules à se confronter à des difficultés et cela peut les aider à regagner la confiance en soi. Lue dans la solitude, une revue peut devenir l’ami rassurant auquel on peut confier ses secrets, qui ne juge pas et qui offre des solutions ou mieux encore, offre les moyens à trouver tout seul ces solutions ; lue avec les autres ( parents, amis, copains, enseignants) la revue devient un instrument de socialisation surtout qu’il y a la correspondance dans les pages mêmes de la revue ou sur les forums qui aident les jeunes à perfectionner leur compétence communicative, leur esprit critique, leur combativité, leur pouvoir de conviction.

Pour conclure, on peut dire que, par une presse de qualité, on forge chez les jeunes une forte personnalité : Le magazine Toboggan aide votre enfant à devenir plus autonome, à avoir confiance en lui et à s'ouvrir aux autres, on peut créer des citoyens actifs car ils seront habitués à prendre position à l’égard de ce qui se passe autour d’eux, sauront peser les pour et les contre et prendre les meilleures décisions. „Dans le tryptique moi/les autres/le monde auquel sont confrontés les enfants,-affirme Corine Vorms la presse apporte des éléments clés aux questions de fond : qui suis-je ? Comment je m’inscris dans une relation ? Comment je m’inscris dans le monde ?”

Si la presse peut prévenir l’apparition de certains problèmes (rôle proactif) elle peut aussi guérir les fobies, les addictions, la dépression, la timidité, l’échec scolaire, la violence, l’exclusion sociale, les troubles de concentration. En trouvant des repères, on arrive à la maitrise de soi et finalement à l’équilibre et au plaisir d’être.

La présentation du magazine Toboggan est une synthèse des rôles de la presse jeune : „ Le magazine Toboggan (5-8 ans) plonge votre enfant dans un univers joyeux et instructif. Ce magazine généraliste propose des histoires, des documentaires, des jeux et des BD qui permettent à votre enfant de comprendre le monde, d'y trouver sa place et d'exprimer sa personnalité.” Tout comme celle de Toupie „Tous les mois : des histoires, des BD et des héros complices pour bien vivre sa vie d'enfant, des documentaires adaptés pour comprendre son époque et s'ouvrir au monde, des jeux et des activités pour mettre en œuvre ses compétences, s'exprimer… et même s'affirmer !”

6. 3. Structure de la presse jeune

Selon le site LPJ ce segment de la presse compte en France en 2014 350 ans d’histoire, 9,2 millions de lecteurs (1-19 ans) et 334 titres (Source Messageries Presstalis et MLP) dont les uns parus en 2014 et d’autres assez anciens comme Pomme d’Api qui fête en 2016 ses 50 ans.

On peut identifier plusieurs critères pour classifier ces publications dont le plus important nous semble l’âge qui impose la thématique, la façon de réaliser le magazine. De ce point de vue, on peut distinguer quatre grandes catégories : presse-éveil,

presse- enfants : à partir de 6 ans

presse junior- à partir de 8 ans

,  presse-ados:à partir de 12 ans

Un autre critère est le sexe des lecteurs qui impose lui aussi une thématique spécifique: pour les filles: Julie, Manon, Les p’tites sorcières ; pour les garçons: les Lego, les Ninjas. Il faut préciser que les revues pour les filles sont plus nombreuses, car les filles lisent plus que les garçons et les thèmes spécifiques (vêtements, maquillage, histoires romantiques) sont facilement à aborder dans une revue.

On peut aussi segmenter la presse par le but : surtout éducatif (surtout car les deux –éducation et esprit ludique- s’entremêlent le plus souvent): J’aime lire, Science et vie, Découvertes, Cosinus, Virgule, surtout distractif: Super Picsou Géant, Le Journal de Mickey, la presse people : Fan 2 pour les ados, sur les stars de cinéma et de la chanson. Les journaux scolaires sont une catégorie à part et il y en a un grand nombre ce qui prouve l’intérêt des jeunes: pour un concours de création de 2013 il y a eu 822 journaux !

Le contenu est un autre critère très important selon lequel il y a des magazines généralistes: Vraies histoires, Phosphore, Okapi, Astrapi avec des . reportages, documentaires, récits, témoignages. Ils traitent de l’actualité et de la culture des ados, de ce qu’ils vivent : relations garçons-filles,parents-enfants, réussite scolaire et les magazines thématisés : Virgule, J’aime lire, Je bouquine – lecture, littérature, sortie des livres, romans à lire, Science et Vie Junior, Géo ado, Cosinus, Images doc, Tout comprendre, Comment ça marche?, – la science, Autour des arts, Le Petit Leonard, Dada- l’art, Today in english, I love english, Vocable- sur les langues étrangères : anglais, allemand, espagnol , Petites mains –activités pratiques, Le journal de Mickey -bandes dessinées.

Cette segmentation a un caractère approximatif car les critères distingués se superposent et il n’y a pas des types pures justement à cause des caractéristiques de la presse des jeunes qui doit être amusante, créative et diversifiée pour attirer et maintenir l’intérêt des enfants.

En ce qui concerne les rubriques, on peut distinguer trois catégories :

rubriques destinées à présenter la revue- couverture, sommaire du numéro actuel, résumé des numéros antérieurs, rubriques qui vont apparaitre (en octobre 2004, Julie propose : Novembre avec Julie : Sciences : L’envers des produits de beauté, Fan de Jean Baptiste Maunier, Pourquoi les moqueries font-elles si mal ?), publicités (« Quand le rêve de toutes les jeunes filles devient réalité – le 20 octobre au cinéma : Un Mariage de Princesse » . On peut remarquer que les publicités ne sont pas trop agressives et sont liées au thématique du magazine-livres, films, d’autres revues), tout pour éveiller la curiosité et fidéliser le public gagné.

rubriques qui proposent les activités proprement-dites , le plus souvent regroupées dans des sections bien établies et gardées comme telles (Petite histoire, Jeux, Poésie, BD, Cuisine, Publicité, Documentaire, Atelier, Grande histoire sont les rubriques de Toboggan tel qu’il était en 2008). De cette façon le lecteur est familiarisé avec la revue, il sait ce qu’il préfère et où trouver ça. La revue est comme un vieil ami rassurant parce qu’il est familier. Quand le public change de goût, la revue change elle aussi : Une histoire, Tobjeux, Tobdoc, Tobquiz, BD, Publicité , Tobhistoire, Tobclub, Concours, Tobchef, Ton MagaZinzin, voilà le sommaire de Toboggan de 2016. Les grandes lignes sont maintenues pour garder l’identité du magazine, mais il est actualisé et rendu plus interactif par le club des lecteurs, le quiz et les concours.

Les suppléments parents (dossiers, cahiers, info parents) – sont très intéressants et utiles pour les parents qui doivent accompagner et soutenir l’enfant dans son évolution, éviter les erreurs qui peuvent nuire à la personnalité : détruire le respect de soi de l’enfant par une protection exagérée, par la critique et la pensée négative, ne pas cultiver son indépendance, sa créativité. Dans ces livrets dont nous allons nous occuper en détail, les parents reçoivent les explications des certains gestes, attitudes, réactions des enfants pour savoir les interpréter et les gérer d’une façon adéquate : Jeux d’imitation et agressivité- un spécialiste (psychiatre) explique à quoi jouent les enfants entre 3 et 6 ans et comment le jeu est une modalité de comprendre ce qui se passe autour de lui, une modalité d’évacuer les émotions négatives. Les parents sont les modèles que l’enfant imite, donc attention à ne pas renforcer ses pulsions agressives ! (Toupie, février 2011)

Par contre, une courte analyse de la presse roumaine des jeunes montre la pauvreté des titres (une quarantaine en 2007 ). Si on en exclut les revues on-line et celles sur les enfants, mais adressées aux parents (Super-bebe, par exemple) et les revues internationales traduites en roumain ( Egmond tient les licences Disney, Mattel, National Geographic pour les enfants, Harry Potter et publie Donald Duck, Barbie, Winnie Ursuletul, Mașini, Avioane, Thomas și prietenii lui sau Princess on aura encore peu de titres. Les raisons? Il semble qu’une telle affaire serait sans profit parce que les enfants n’ont pas la décision en ce qui concerne l’achat d’une revue selon la source citée. En 2016 les informations sur ces publications manquent ou sont imprecises, mais on va présenter les conclusions de nos propres recherches: il y a une richesse de titres traduits- les revues citées qui ont comme cadeau un jouet et qui le plus souvent sont achetées premièrement pour le jouet et cela prouve le pouvoir de conviction des enfants qui sont devenus maintenant très importants comme cible de la publicité. C’est interessant qu’en Roumanie les revues Disney sont trèss appreciées, tandis qu’en France on les trouve seulement distractives, pas instructives.

Pour les petits enfants 3-7 on a les revues:

Pour l’école primaire7-10 ans, il y a encore peu de revues

Pour le collège : 12-15 ans :

Pour les ados- il y a des traductions- la plus vendue Cool Girl bimensuel éditée par Burda ; elle est suivie de Bravo et Bravo Girl éditées par Ringier. Si la première est un bimensuel, la deuxième parait deux fois par semaine ce qui confirme l’hypothèse que les filles sont plus intéressées à lire des revues que les garçons. La dernière place est occupée par la revue mensuelle Popcorn par Edipresse.

En conclusion, on peut affirmer que si pour 3-7 ans il y a quelques titres qui sont vraiment utiles et intéressantes par les sujets proposés, par la manière de présenter le contenu, pour les ados l’offre n’est pas seulement pauvre, mais parfois vraiment dangereux : publicité agressive, modèles de vie qui cultivent la superficialité, la vulgarité. Pour les petits la revue Prichindel avec son motto : « Un monde pour les petits , un aide pour les grands » propose des activités vraiment instructives qui encouragent la créativité des enfants ; les contes, les poésies et les jeux assurent la détente des petits, un passe-temps de qualité qui développe le langage, l’imagination, la communicabilité, l’autonomie des enfants et ce qui nous trouvons très important. Il y a dans cette revue Le coin des parents avec des articles sur l’alimentation, la santé, la psychologie de l’enfant, les plantes et les animaux, l’aménagement de l’espace, l’éducation. Ce sont des articles écrits d’une manière accessible, mais pas simpliste, avec des conseils ponctuels, mais qui laissent place aussi à la réflexion personnelle. En plus, cette revue a aussi un site internet pour la présenter et la promouvoir ce qui est assez rare chez nous. Pipo est centré surtout sur le coté éducatif avec des fiches de travail, mais il y a aussi un supplément pour les parents avec des informations sur la psychologie de l’enfant (La thérapie du rire) et aussi de culture générale (La pomme, championne des fruits), Steffy aussi a un cahier de travail, Draga mea publie des créations des parents et des enfants. Pour les collégiens, excepté les deux revues de vulgarisation de la science, il n’y a pas d’autres titres justement pour une tranche d’âge qui en France représente le public le plus grand consommateur. En revanche, il y a un grand nombre de revues scolaires écrites par les enfants ce qui prouve leur intérêt pour ce genre de publication.

6.3.1. Des suppléments pour les parents … au courrier des jeunes

On va dédier un chapitre à ce sujet qui soutient notre hypothèse de travail sur la fonction thérapeutique de la presse jeune. Nommée Les cahiers parents –Pomme d’Api, Petites mains, Popi, Le magazine des parents- Toboggan, Côté parents – Picoti, Info parents-Toupie, cette rubrique prouve, à notre avis, qu’en France, les magazines pour les jeunes sont créés pas seulement pour vendre un produit et en avoir du profit matériel, mais aussi pour être utile, pour aider et soutenir les parents dans leurs efforts d’éduquer les enfants .Ces rubriques offrent des réponses aux questions qui tourmentent les adultes et doivent inquiéter les parents qui ne se posent pas de questions ; c’est une occasion de vérifier si son style de parentage est adéquat, si ses pratiques sont bonnes, si on doit changer quelque chose, améliorer, si on peut renoncer à des habitudes qui s’avèrent nocives pour l’enfant; c’est une occasion d’introspection, de bilan, de confrontation à sa propre image de parent; c’est l’occasion de constater que le métier de parent, au-delà de son côté inné, peut et doit être appris aussi.

On peut remarquer que les cahiers parents occupent la place la plus importante dans la presse-éveil (0-3/4 ans). Pourquoi ? Premièrement parce que cette tranche d’âge est décisive dans le développement de l’enfant qui acquiert maintenant 80% de son expérience humaine –c’est le fondement de la personnalité du futur adulte et puis les parents doivent se débrouiller dans une situation nouvelle –un bébé (le premier, le deuxième, la situation est toujours compliquée) qui a beaucoup de besoins qu’il ne peut pas verbaliser, donc il faut les identifier, les découvrir, les reconnaitre à travers des signes qui ne sont pas toujours très claires. Voilà pourquoi les spécialistes- psychologues, pédopsychiatres, pédiatres- traitent tous les sujets qui font partie de la vie des petits (le pot, les bobos, les poux, il n’y a aucun tabou) en partant de l’aspect pratique et en allant vers le côté psychologique. Par exemple, Picoti de juillet 2016 qui a comme thème les vacances prévoit pour Le coté parents un dossier pratique : En voiture avec bébé, 10 astuces pour un trajet sans hic. Ce sont des conseils pour assurer le confort du petit -son doudou, ses jouets qui seront offerts petit à petit pour le tenir occupé, ses chansons, un miroir pour regarder ses parents s’il est dos au route, éviter les tensions que le départ suppose pour ne pas l’angoisser lui-même et le faire passer un mauvais voyage. Et puis on présente tous les petits détails (les vêtements légers et confortables, les affaires qui soient facilement accessibles, la nourriture, les pauses) qui contribuent à créer une atmosphère agréable et détendue qui va influencer l’état du petit et rester dans sa mémoire. On peut déduire le message le plus important : adultes, n’oubliez pas que vos petits gestes actuels deviendront la conduite future de l’enfant !

Il y a aussi des articles qui traitent les grands problèmes de la psychologie de l’enfant: les peurs de bébé, bébé et son doudou, les émotions de bébé (Picoti). Ils sont écrits par des auteurs des livres sur le même sujet. Par exemple, le premier article cité qu’on trouve dans le numéro de mars 2016 est une interview avec Béatrice Cooper Royer, psychologue spécialiste de l’enfance, auteure du livre : Peur du loup, peur du tout. Peurs, angoisses, phobies chez l’enfant et l’adolescent. Il s’agit d’un argument d’autorité et aussi d’une recommandation de lecture pour les parents qui veulent approfondir le sujet. Elle dit que les peurs sont normales, un signe de santé psychique qui aident à régler notre conduite. S’il s’agit d’une peur qui n’a pas d’objet réel, mais imaginaire, ça c’est une phobie. Quoi faire ? Accompagner l’enfant et l’exposer doucement et petit à petit. On peut jouer à se faire peur ou employer les contes traditionnels pour apprivoiser ses craintes : imaginer les trois petits cochons suivis par le méchant loup ou le Petit Poucet perdu dans la foret, ça les effraie car les enfants sont empathiques, mais blottis contre les parents, sur leurs genoux ou entre leurs bras, ils savent qu’ils n’ont rien à craindre . « Cela fonctionne un peu comme un vaccin contre la peur » conclut-elle. Organiser le texte en questions et réponses, même s’il ne s’agit d’une interview, a le rôle de mieux structurer le contenu et de le rendre plus accessible. L’article Bébé et son doudou (mars 2016) a pour invité Harry Ifergan psychologue et psychanalyste, auteur du livre Mieux comprendre votre enfant. Il explique que le doudou n’est pas une chose dérisoire, mais un objet transitionnel qui aide l’enfant à passer de son monde intérieur à la réalité extérieure. Cet objet, s’il s’agit d’un objet – il peut être aussi un son, une voix, une odeur, une lumière rassurante- ne faut pas le jeter, mais s’il est perdu, on ne le remplace pas : cela prépare l’enfant aux pertes futures ; il faut encourager l’enfant à exprimer sa tristesse et après, l’orienter vers autre chose s’il le désire. Cet objet, il ne faut pas l’avoir tout le temps avec lui, car dans ce cas son effet et inverse : au lieu de rassurer il crée l’angoisse permanente d’abandon. Isabelle Filiozat Marabout, auteure du livre Au cœur des émotions de l’enfant recommande dans Picoti de février 2015 que les parents laissent les émotions de l’enfant s’exprimer et aussi qu’ils fassent la distinction entre cause véritable et cause apparente (déclencheur de l’émotion). Il faut bien connaitre l’enfant et avoir la disponibilité de l’écouter et l’entendre, sinon, il va nous tourmenter par des milliers des raisons apparentes. Pour un plus de crédibilité, l’auteure emploie l’exemple personnel.

Le magazine Popi qui s’adresse aux enfants de 1 à 3 ans a lui aussi son cahier-parents. Parmi ses sujets : Pleurs de bébé : comment les comprendre et les calmer ( mars 2016) se propose d’aider les parents à faire des distinctions et met en évidence ce qu’il faut faire et ce qu’il ne faut pas faire : par exemple il y a les pleurs de douleur, de peur, de colère, de tristesse et chacun impose une autre attitude : s’il pleure à cause d’un bruit très fort, il faut éviter lui dire « tu as eu très peur », car il s’agit plutôt d’une surprise que de peur ; on peut lui faire un câlin, mais pas trop « enveloppant » et puis passer à des explications qui aident l’enfant à comprendre ce qui s’est passé. La verbalisation réalisée par l’adulte est essentielle aussi dans le cas de pleurs de colère : l’enfant apprend à passer de l’émotion impulsive à la réflexion ce qui, à l’avenir, va l’aider à se maîtriser . L’article est conçu sur la structure suivante : on expose la situation-problème : un coup de tonnerre… et voilà votre enfant qui fond en larmes, il suit la recommandation introduite par des expressions telles: il est important que, l’idéal est de, mieux vaut de, vous pouvez ; ce sont des formules qui n’imposent pas (il faut), mais qui indiquent la meilleure solution tout en laissant aux parents la liberté du choix et on finit par l’explication: Le câlin donne une sécurité ponctuelle. Le savoir et la compréhension procurent une sécurité longue durée, et lui donnent un vrai pouvoir pour lutter contre ses peurs.(Popi, mars 2016). Cette manière d’aborder le sujet assure le pouvoir de conviction ce qui agrandit la chance que les parents suivent ces conseils.

Des articles comme Pourquoi c’est si dur de partager? attirent l’attention sur une perception spécifique à l’enfant, toute différente de celle de l’adulte: ne pas partager avant 5-6 ans est une étape normale de développement; pour le petit, ses affaires sont des repères rassurants, pour lui l’autre n’existe pas vraiment ( Popi, janvier 2016). Sur le même thème il y a l’article Les premiers pas de l’amitié qui explique les amitiés énergiques, voire agressives : le petit enfant a une motricité réduite, donc, ses gestes sont brusques, mal dosés en intensité sans qu’il ait une intention méchante ; en plus, il est incapable de se mettre à la place de l’autre (Popi, mai 2014). L’article Cauchemars : comment apaiser bébé ? porte sur des idées reçues des parents pour les mettre en question et indiquer la bonne attitude : „Les cauchemars ne servent à rien” FAUX ; il suit biensur l’explication: ils permettent d’évacuer les angoisses vécues dans la journée, c’est un nettoyage du cerveau. (Popi, octobre 2014)

Les magazines pour les enfants plus grands 3-7 ans proposent des sujets spécifiques pour cet âge : Sa première rentrée à la maternelle de A à Z , 10 conseils pour aider son enfant à réussir en maternelle, Rentrée de bébé, comment faciliter la séparation, Ecole maternelle : la sieste est-elle nécessaire ?(Pomme d’Api), Qu’apprend-on à l’école maternelle ? (Toupie, août 2015), L’amitié à l’école maternelle (Toupie, septembre 2015), Représentant des parents d’élèves en maternelle, tout un art (juin 2015) Est-on amoureux quand on est enfant ?(octobre 2015)et aussi des sujets générales : 7 jeux pour l’été, Vacances en tribu, kit de survie, (Pomme d’Api, juillet 2016), La visite médicale (Toupie, février 2016), La fête d’anniversaire (Toupie, mars 2016).

En ce qui concerne le magazine Toboggan que nous employons souvent en classe, on peut remarquer que la rubrique destinée aux parents a diminué de 2008 où il avait tout un cahier collé au milieu de la revue à une seule page Rendez-vous parents en 2013. Cela s’explique par l’apparition du site Vos Questions de Parents qui prend à sa charge les problèmes de parentage pour laisser l’espace du magazine pour les enfants. Les sujets abordés : L’intimité enfantine, un petit monde à soi (février 2013), Famille nombreuse : chacun cherche sa place ! (juin 2008) qui présente les difficultés des familles nombreuses et recomposées pour indiquer les modalités de les surmonter et pour mettre en évidence par contraste les avantages à faire partie d’une grande fratrie : on apprend plus vite et plus facilement des valeurs fondamentales: la solidarité, l’échange et la complicité. Egalité filles-garçons : tous sur le pont (octobre 2014) se propose de démolir les stéréotypes qui conditionnent l’avenir des enfants : en dépit de leurs résultats scolaires meilleures, les filles se lancent moins dans des filières sélectives car elles ont moins de confiance en soi, Education pour les vacances : voyager dans le temps (juillet 2008) – Anne-Marie Lelorrain, ancienne professeur d’histoire et auteure propose une approche de l’histoire appropriée aux enfants : pas de chronologie, accent sur les événements, anecdotes, connexions avec le présent pour mettre en évidence les différences qui frappent et éveillent la curiosité, faire de la visite une fête et bien la préparer à l’avance par le biais des photos et des explications simples et ne pas donner trop d’informations.

L’intention de ces articles d’offrir des solutions, des moyens pertinents d’intervention est prouvée aussi par la fréquence des interrogations avec comment : Comment jouer avec bébé en encourageant son autonomie ? (Popi, nov 2015), Peur des animaux, comment aider votre enfant à la dépasser ?(Popi, mars, 2015). On peut remarquer aussi la fréquence des chiffres pour compter les conseils : 4 jeux pour apprivoiser l’eau (Popi, juillet 2014), 7 jeux pour l’été (Pomme d’Api), 5 conseils pour que votre enfant aime lire (Mes premiers J’aime lire). C’est une modalité de systématiser le contenu et de canaliser l’attention du lecteur, de favoriser la mémorisation.

Les magazines spécialisés tels Petites mains, Mes premiers j’aime lire, Toupie chansons s’adressent eux aussi aux parents avec des conseils liés au thème. Dans le premier magazine cité les conseils sont délégués à Fifi, la fée du papier qui recommande aux parents d’une façon impérative laisser les enfants « créer à leur idée », « ne pas leur demander de suivre un modèle » ; la conclusion : « ils sont plus imaginatifs que les grands » (avril, mai, juin 2013). Dans la Lettre aux parents de Mes premiers J’aime lire de septembre 2015 il y a des conseils pour donner à l’enfant le goût de lire : la lecture comme jeu qui accompagne partout l’enfant dans sa vie quotidienne où il est entouré d’inscriptions, d’instructions, d’étiquettes, lecture à haute-voix des parents, pas des reproches pour le choix de ses lectures (trop bébé), l’encourager à lire des romans aussi en l’accompagnant dans la première étape, varier les supports –BD, documents, poésies, lui accorder le temps d’exercer et pour cela on peut établir de petits moments de lecture dans la journée. Histoires pour les petits de juin 2008 attire l’attention des parents sur l’importance de la lecture formatrice de la personnalité: accompagner son enfant sur le chemin des apprentissages culturels c’est l’accompagner dans la découverte de soi. Toupie chansons aussi a une page Parents pour traiter des thèmes spécifiques : L’éveil musical, à quoi ça sert ? Philippe Kaczmarek, musicien, pédagogue et fondateur du Tout Petit Conservatoire affirme que l’initiation et la sensibilisation à la musique est un apprentissage dont les avantages sont multiples: physiques-développement de l’ouïe, du toucher et surtout psychiques: un bon état d’âme, une découverte de soi, une forme d’expression intérieure, une modalité d’agrandir la confiance et l’estime de soi (numéro 12) L’article Chanter en langues étrangères du même magasine parle des avantages d’un tel exercice auquel les enfants de 3 à 5 ans sont très ouverts : développer les capacités phonétiques, surprendre, amuser, éveiller la curiosité, s’ ouvrir sur le monde.

Ces articles, même s’ils sont destinés à des adultes, sont accompagnés d’images- une séquence de bande dessinée qui souligne l’idée du texte d’une façon amusante ou ironique. C’est une bonne stratégie par laquelle on attire l’attention, on facilite la mémorisation et on crée la disponibilité d’accepter plus facilement le contenu.

Pour conclure en ce qui concerne les suppléments pour les parents, on peut dire qu’ils sont très utiles premièrement, pour donner des solutions quand les parents en manquent et surtout pour démonter les idées reçues qu’on a sur l’éducation des enfants. Ecrits par des spécialistes, dans en langage clair et accessible, garnis des exemples et des témoignages d’autres parents, ces articles proposent un style de parentage rationnel, décontracté qui ait pour but de construire l’autonomie de l’enfant : l’acquisition du langage, la motricité, la socialisation, la capacité d’autoréglage. Ce sont, à notre avis, de petites interventions thérapeutiques sur les parents pour le profit de toute la famille, car les enfants sont l’image réfléchie de la conduite de leurs parents. Au-delà des articles à contenu explicitement psychologique il y a des recommandations de lecture et de suggestions pour passer son temps libre d’une façon utile et agréable :Un jardin d’acclimatation avec sa maison des ateliers, Maison des contes et de histoires (collage humoristique des récits indémodables pour réveiller de bons souvenirs), Fête de la Musique avec des ateliers de pratique musicale et des concerts, spectacles de théâtre, de danse (Toboggan, juin 2008). Nous trouvons qu’offrir à l’enfant l’occasion de faire des activités intéressantes qui favorise son développement est la meilleure modalité de guérir et prévenir tous les maux qui le guettent. Laisser l’enfant abandonné, sans repères, sans guidage c’est le pire, car cela peut favoriser certains troubles de comportement (violence, timidité, addictions)

Avec Astrapi pour les 7-11 ans on fait le transfert vers une autre étape- Le courrier des jeunes, rubrique conçue sous la forme d’une question ( problème) proposée par un lecteur à laquelle c’est la rédaction qui répond (Okapi, Julie) ou les autres lecteurs mêmes (Astrapi, Le monde des ados). Il s’agit donc d’une rubrique interactive surtout dans la deuxième variante qui a une évidente fonction thérapeutique. En partageant leurs problèmes, leurs troubles, les (pré)-ados relâchent la tension et les réponses qu’ils reçoivent prouvent qu’ils ne sont pas seuls dans le malheur, qu’ils sont écoutés et compris et cela est vraiment soulageant. En plus, les solutions proposées peuvent être vraiment efficaces s’ils ont le pouvoir et la résolution de les appliquer. La thématique de cette rubrique varie en fonction de l’âge. Par exemple Astrapi qui s’adresse à 7-11 ans, dans la rubrique Le Blog de Lulu part d’une BD qui propose le sujet et il suit la question Et toi, t’en penses quoi ? pour avoir les opinions des autres : Lulu écrit lentement a comme réponses les témoignages des enfants de 8-10 ans qui ont le même problème dont ils identifient les causes : la façon de tenir le crayon, le manque d’attention: j’étais distraite, ils parlent aussi de leur état d’âme : la gêne, la frustration car ils n’avaient plus de récrés et de la réaction des maitresses qui est différente :les unes grondent, les autres aident. On parle aussi des solutions qui viennent des spécialistes (une auxiliaire scolaire, une psychomotricienne) ou de la maitresse même qui peut individualiser la démarche didactique en offrant plus de temps la où il était nécessaire. De tous ces témoignages on peut identifier le désir de ces élèves d’être compris et acceptés avec leurs particularités, d’être encouragés et pas réprimandés (février 2013). Dans l’article Je vais avoir un appareil, un truc barbare dans ma bouche, l’opinion d’une lectrice renverse cette vision catastrophique : « Pour moi, les appareils dentaires c’est pour décorer les dents et ça fait trop joli » (septembre 2015). On apprend de cette façon à relativiser et à positiver les choses ce qui est essentiel pour réduire le stress et s’adapter à des situations nouvelles et difficiles. Dans l’article Je me vexe facilement, (1 avril 2016) une fille identifié correctement son problème : elle ne supporte pas les plaisanteries car elle a une mauvaise image de soi « J’ai l’impression que tout le monde pense que je suis nulle » et la conséquence est dure : « je voudrais disparaitre… ou les faire disparaitre ». Ce sont des réactions dures, des décisions tranchantes qui nécessitent l’intervention des spécialistes pour que les choses n’empirent et les autres lecteurs ont bien décrypté le sens de ce témoignage. Je me sens seul à la récré porte sur le temps libre et comment l’employer si on n’a pas d’amis et la lecture est une des solutions proposées (janvier 2016). On nous traite d’amoureux : l’amitié entre un garçon et une fille est-elle possible ? Comment tenir aux moqueries des autres ? (sept 2015). On me traite de garçon manqué parle des stéréotypes sur les filles : grimper dans les arbres c’est pour les garçons, par pour les filles. Au lieu de se sentir découragée par l’attitude de sa tente, la fille défend son droit de se conduire selon ses préférences par une chanson de sa création ou elle dit « On me traite de garçon manque / Mais je suis une fille très réussie » en rendant ses parents très fiers d’elle. J’ai peur de présenter mon exposé – un autre thème traité par Astrapi d’ avril 2015. A partir d’un témoignage sur le trac à l’école il y a aussi quelques moyens de le diminuer : contrôler la respiration, regarder une copine bienveillante et puis passer à une autre. Les lecteurs ajoutent leurs expériences et soulignent l’importance des idées qu’il faut se mettre dans la tête : mes copains me soutiennent et me comprennent ; s’ils se moquent, je vais leur demander pourquoi. Il y a ici une idée très importante du point de vue psychologique : les faits sont moins importants que la perception subjective, que l’interprétation que leur donne. Si on n’a pas le contrôle de ce qui se passe et qui nous est extérieur, on peut apprendre à maitriser l’effet des événements sur notre esprit.

Okapi, le magasine de 10-15 ans a une rubrique qui s’appelle Les questions des ados- « quatre pages pour répondre à toutes les interrogations que se posent les jeunes ». Par exemple, Abel, 11 ans a une mère qui ne lui laisse la liberté de décision : « elle choisit toujours tout pour moi » « elle ne m’écoute jamais ». La réponse qui vient des spécialistes, cette fois, est une question : « tout c’est vraiment tout ? » La première étape de la réponse vise à nuancer les généralisations et l’absolutisation (toujours, tout, jamais) qui sont sources d’un mauvais état d’âme, puis on lui dit qu’il a raison sur certains aspects : „ C’est vrai que c’est agaçant de ne pas choisir son look en adolescence ”pour lancer la conclusion : on ne peut pas être en marques de la tête aux pieds, les goûts sont différentes et parfois un intermédiaire (un cousin plus grand) peut mieux le soutenir auprès de sa mère pour que le dialogue entre eux soit relancé. De cette réponse, le garçon peut comprendre que sa mère n’est pas son ennemi et qu’ils peuvent faire la paix s’ils apprennent à communiquer d’une façon appropriée. Sylvain, 13 ans aime deux filles et il ne sait pas laquelle choisir. On lui recommande avec humour d’apprendre si elles l’aiment aussi toutes les deux. Si une seulement est amoureuse de lui, il n’a plus l’embarras du choix, si aucune ne l’aime, il ne reste que l’embarras. Le conseil est de passer plus de temps auprès d’elles pour les découvrir et alors le choix ne serait plus aléatoire.

Julie, une revue pour les filles de 10 à 14 ans a une rubrique de Confidences et parmi ses sujets on peut citer : comment faire pour ne pas être traitées de gamines si on joue encore en 6e comme en primaire, comment survivre avec une mère qui est toujours sur son dos pour le travail, pourquoi on s’attache si vite ? Les conseils offerts encouragent la capacité de surmonter les complexes, de faire ce dont on a envie mais d’une manière raisonnable et naturelle, sans la peur d’être jugé. L’harmonie avec soi apportera l’harmonie avec les autres. On encourage aussi l’autonomie dont tous les ados rêvent mais cela après avoir prouvé qu’on est digne de confiance. Cette rubrique a eu un tel succès qu’on a réuni ses articles dans un livre : Les confidences de Julie.

Le monde des ados, no 273 à la rubrique Entre nous propose un sujet sur une situation assez fréquente actuellement : le divorce des parents : Comment leur faire comprendre que je ne dois pas être au milieu de leurs histoires ? (se) demande une fille de 14 ans. Les réponses des lecteurs sont systématisées par des titres suggestifs : Ca fait mal, Ping-pong, Pas le porte-parole, Imperméable, En douceur, Radical. Au-delà des nuances, l’idée commune est qu’il faut expliquer aux parents divorcés qu’impliquer l’enfant dans leurs bagarres, ça fait mal et qu’en médisant l’autre, ils ne peuvent pas changer les sentiments de l’enfant pour son parent.

Phosphore propose des témoignages frappants sur des thèmes spécifique pour les ados : J’ai été harcelée sur Internet : quelqu’un a copié son profil de Facebook et se faisait passer pour elle pour détruire son image qui signifie détruire elle-même : „je m’écroulais, je pleurais, j’ai eu une tentative de suicide ” quand elle a reçu de nouveau des textos et a cru que tout a recommencé dans la nouvelle ville où elle vivait. Parce que cette fois la police s’est impliqué et le harceleur a été identifié, jugé et puni, elle a pu reprendre sa vie normale et à voir de nouveau la vie de son côté positif. En plus, elle est devenue fondatrice de la campagne Stop au harcèlement sur Internet et cela lui a permis de sortir de son état de victime. L’article souligne l’influence des autres : les gendarmes de la première ville qui ont pris facilement les choses, les gens qui lui ont dit que c’est elle la responsable, l’ont fait se taire et sombrer dans le désespoir, une attitude à éviter car elle ne fait qu’annuler toute chance de revenir à une vie normale. L’article Je me suis scarifié est aussi troublant qu’instructif pour tant de jeunes qui vivent des expériences pareilles. Il montre l’influence des problèmes de l’enfance sur toute la vie de l’individu : un jeune de 21 ans qui a perdu sa mère à 4 ans et a été élevé par son père qui s’est mis en couple avec la sœur de sa mère-il ne l’appelle pas tante, car il la détestait- s’est senti de plus en plus mal et parce qu’il n’en parlait à personne il se sentait prisonnier de son mal. Incapable d’exprimer sa colère et donc de l’évacuer, un jour il a pris un couteau et a transformé ses souffrances psychiques en souffrances physiques qui sont plus facile à gérer.

En conclusion, on peut apprécier que cette rubrique de confidences qui à une forte composante individuelle, subjective et même intime prouve la confiance que les lecteurs font au magasine qu’ils voient comme un moyen thérapeutique: parler de ce qui fait mal signifie se libérer d’un fardeau, le partager avec les autres ; avoir un écho à ses cris suppose un pas de plus dans la voie de la guérison. Il ne reste que le dernier pas, le plus important et le plus difficile : agir dans le sens des recommandations reçues, opérer le changement dans sa manière d’envisager le monde. C’est une rubrique facile à exploiter en classe et riche de sens parce qu’elle invite à la réflexion, à l’introspection et peut aider l’élève à passer de l’étape de « patient » à celle de « thérapeute » et à notre avis, après s’être guéri soi-même, on peut aussi aider les autres à se guérir.

6.3.2 Tests et articles à contenu explicitement psychologique pour les enfants

Si dans les rubriques de confidences, le dialogue est initié par le lecteur, dans ces articles la démarche est inverse : ce sont les spécialistes qui proposent les sujets et font les recommandations. Il s’agit des revues qui s’adressent aux enfants plus grands, à partir de 10 ans qui prennent à leur charge le processus de murissement. Par conséquence, les conseils s’adressent à eux, d’une façon directe, sans l’intermédiaire des parents. En ce qui concerne ceux derniers, ils trouveront des indications sur les sites Internet. L’existence d’une telle rubrique et le succès dont elle jouit prouvent sa valeur thérapeutique. Dans Julie la rubrique psycho s’appelle Le Jardin secret, titre qui suggère la complicité magasine-lecteur pour un plus de confiance. Voilà comment elle se présente sur le site : “ amitié, amour, famille, collège, connaissance de soi : cette rubrique aborde toutes les questions et tracas des lectrices, en les rassurant et en leur donnant des conseils”. Mais regardons de plus près les thèmes abordés : Dis stop aux complexes, Manuel antidisputes, S’intégrer quand on est nouvelle, Cultive ton jardin secret, Trouve ta place dans ta famille recomposée… Le titre Au secours, je suis nouvelle suggere une manière dramatique de demander l’aide. Les conseils sont systématisés dans de petits chapitres ayant des titres qui rrésumentt les idées: Pas de panique! L’influence des autres, Une question de personnalité? Ce petit manuel de survie dans une situation nouvelle conseille d’explorer le nouveau milieu et de s’explorer soi-meme pour éviter les anciennes erreurs, car un nouveau lieu offre aussi la chance de partir de zéro. Des conseils des autres et de leurs modèles, elle devrait choisir ce qui lui va, autrement on peut sombrer dans la détresse. Pour s’adapter plus facilement, il est préférable de s’entourer des personnes semblables, de sortir de sa coquille: saluer, alimenter les conversations, accepter les invitations. La rubrique Ton avis qui accompagne l’article le rend interactif et agrandit sa crédibilité et, par conséquence, son efficacité thérapeutique. Parce que les jeunes ont besoin des conseils et des explications des rubriques psycho, Julie publie en février 2016 une hors-série spécial puberté pour aider ses lectrices à découvrir leur nouveau corps avec des changements dont on ne parle pas suffisamment et d’une façon adéquate en famille : règles, seins, poils, garçons. Le sujet est abordé de toutes les côtés : théorique : La puberté étape par étape, pratique : Comment choisir ton soutien-gorge ?, psychologique : Quand tout change dans ta tête, Ca chauffe avec les parents, Comment parler sexualité ? Dans Le monde des ados, il y a la rubrique Dis pourquoi: questions à Fred et à Jamy. En voilà un des sujets proposés par une fille de 11 ans: Pourquoi se stresse-t-on et on ne fait-on pas les choses comme elles viennent? Il y a, à notre avis, des explications scientifiques trop sophistiquées pour démontrer que le stress n’est toujours mauvais sauf qu’il ne persiste plus que nécessaire : « Provoquée par une stimulation mentale ou physique, positive ou négative(…) cette réaction de défense est déclenchée par le cerveau. » No 273

Phosphore qui a comme public-cible les ados, à partir de 14 ans, dispose de onze pages pour „mieux se connaitre, s’épanouir, développer et affirmer sa personnalité ”
Ces objectifs correspondent aux étapes qu’on doit parcourir pour traverser une période difficile sans échecs et dérapages : se connaitre signifie se comprendre et s’accepter, éviter les frustrations, les complexes, se mettre en valeur d’une façon adéquate. La conséquence est l’épanouissement qui signifie la joie d’être avec soi et avec les autres. Parmi les sujets traités: Comment être soi-même ? (on offre des pistes pour découvrir son essence au-delà des changements : analyser son enfance pour comprendre certains de ses traits :un ainé peut expliquer son esprit meneur et un enfant chouchou son besoin d’être protégé, aidé, soutenu, se confronter aux autres pour mieux se comprendre et se définir, prendre le risque d’expérimenter des choses nouvelles pour apprendre d’autres choses sur soi, défendre son avis au lieu de coller aux autres au risque de déranger, se découvrir à partir des émotions éprouvées, être bienveillant avec soi-même et accepter qu’on n’est pas parfait ; en rapport avec ses erreurs, pas de remords, mais des solutions pour remédier la situation et la décision de ne plus répéter ce qu’on a fait, décider qui l’on veut être pour choisir sa trajectoire : les objectifs et les modalités de les atteindre, les valeurs ). Comment gérer son image ?souligne qu’il ne faut pas tout montrer de soi, dans le milieu virtuel, comme dans la vie réelle. On expose quatre règles d’or pour ménager son image (être honnête et garder sa ligne de conduite, car Internet « n’est pas un défouloir sans conséquences », choisir son canal, c'est-à-dire distinguer entre publique et privé, utiliser des pseudos pour se mettre à l’abri des interventions inopportunes, effacer les infos qui ne sont plus actuelles et qui ne correspondent plus à son image et à sa vision actuelle). Aux conseils des spécialistes font contrepoids les quatre boulettes à ne pas commettre qui sont les témoignages des lecteurs sur les gaffes qu’ils ont fait sur Internet à la suite desquelles leur image a été sérieusement affectée car les autres (parents, d’autres membres de la famille, professeurs, étrangers) découvrent une partie de vie qu’on aurait préféré garder pour soi et on en doit supporter les conséquences: punition des parents, honte, embarras qui abaissent l’estime de soi avec des répercussions sur toute la personnalité, à longue terme. L’intelligence, c’est quoi ? Dans cet article un chercheur explique que 60% de notre intelligence vient du milieu familial-génétique et sociologique à la fois. 40% reste à développer et c’est énorme. Le reste de l’article est un plaidoyer pour faire des efforts pour agrandir tout le temps son intelligence par les activités les plus diverses qui stimulent les différentes zones du cerveau : lecture, peinture, science, musique. On démolit des mythes aussi : les résultats scolaires ne sont pas les seuls indicateurs d’intelligence et les connaissances n’ont aucune valeur si n’on peut pas les mobiliser pour résoudre un problème, pour inventer, pour créer. Il suit les témoignages des ados sur les situations où ils ont fait preuve d’intelligence. Il y a dans ce numéro en ligne de Phosphore dans la rubrique Le coin des experts une question des lecteurs :Comment consulter un psy discrètement ? Excepté les idées de déguisement qui sont au moins bizarres, l’article contient des informations précieuses sur les points où les jeunes peuvent recevoir l’aide des spécialistes: les points d’accueil Ecoute jeune, l’espace Santé jeune ou La Maison des adolescents ce qui prouve encore une fois qu’un magazine peut contribuer à la santé psychique de ses lecteurs par ce qu’il y a sur ses pages et au-delà d’elles. Les jeunes font confiance au magazine et celui-ci doit s’éléver à la hauteur de leurs attentes. A la suite de l’analyse de ces articles on peut constater que les sujets traités sont actuels, adaptés aux caractéristiques d’âge du public –cible, correspondent à leurs centres d’intérêt ; la manière dont ils sont abordés est accessible, les arguments bien choisis. Ils encouragent l’introspection et la manière positive d’envisager les choses : pas un esprit (auto)critique destructeur, mais une attitude bienveillante envers soi qui n’est pas une auto contemplation mais une modalité de se façonner en douceur.

En ce qui concerne les tests qu’on trouve dans tous les magasins à partir de 10 ans, on peut affirmer que leur thématique est diverse et correspond à l’âge et au spécifique du magazine : Pour quelle activité scolaire es-tu faite ? Quel optimiste es-tu ? (Okapi, janvier 2015) Comment vis-tu l’imprévu ? Tu es impatiente de grandir ? (Julie, février 2016), Dans quel bazar vis-tu ? (mai 2016) Quel est votre profil ?, Avez-vous le goût du risque ? Quel élève est-vous ? Savez-vous travailler à plusieurs ? Phosphore en ligne. Appréciés du point de vue scientifique ces tests n’ont pas la rigueur des tests psychométriques professionnels qui supposent un grand nombre de questions et une interprétation des résultats qui n’est qu’à la portée des spécialistes. Mais si on les envisage sous la perspective proposée par Okapi : „ un moment de détente que les collégiens adorent”, alors ils deviennent acceptables. Ils sont attractifs parce que chacun est curieux d’apprendre quelque chose sur soi et de confronter le résultat à son opinion pour la confirmer ou l’infirmer, car ces tests peuvent être aussi contestés. Pour éviter décevoir les jeunes, Okapi propose comme résultats du test Quel optimiste es-tu ? : tu es très optimiste, tu es plutôt optimiste, tu n’es pas hyper-optimiste (janvier 2015). On évite le côté négatif (le pessimisme) qui ne ferait qu’accentuer cette attitude, mais, en même temps, on essaie d’indiquer par des conseils, le juste milieu, soit qu’il s’agit de la catégorie hyper-optimiste ou de son contraire : „Tu as confiance en toi et tu envisages souvent le côté positif des situations(…) Mais gare quand même aux excès de confiance” ou „ Tu t’attends souvent à des catastrophes. (…) tu es persuadé(e) que les coups de poisse c’est à chaque fois pour ta pomme. Mais non ! Tu es une super-personne !(…) il y a toujours de l’espoir et des rêves cachés en nous !” En plus, le test est suivi d’une enquête : L’optimisme, ça s’apprend qui parle des changements qu’on peut faire dans sa tête pour voir les choses de bon côté (voir le verre à moitié plein, garder confiance en soi, savoir qu’après la pluie il y a le bon temps et ne pas se noyer dans un verre d’eau) et L’optimisme, ça se travaille, car, aux changements dans l’esprit doivent correspondre les changements dans la conduite. Il faut agir : aller droit au but, faire des projets, s’entourer des amis optimistes, savoir se détendre : musique, posture, respiration, se faire plaisir, visualiser les bonnes/belles choses de la journée. De cette façon, le test, même s’il ne produit que trois catégories qui ne permettent pas d’affiner un profil, devient un moment de réflexion, de confrontation à soi et, à l’aide des conseils dont il est suivi, il peut amener à la décision d’améliorer sa façon d’envisager le monde et sa manière d’agir et réagir. Dans Julie de juillet 2016, le test Comment vis-tu l’imprévu ? contient 8 questions avec 3 variantes de réponse et donc, 3 catégories de résultats. On observe la même tendance à relativiser : „Miss Ronron : tu as tendance à tout planifier, donc tu es organisée : très bien ! Mais accepte aussi l’imprévu qui peut apporter de bonnes surprises. Et pour Miss Opportunité : aimer les surprises est une qualité qui ne doit t’empêcher de t’organiser un minimum ”. Nous trouvons que la manière dont on formule ces conclusions est très importante parce qu’elle peut influencer d’une façon positive, mais aussi négative le lecteur qui fait confiance à son magazine préféré et qui peut prendre telle quelle la conclusion. Prenons comme exemple le test de Julie d’octobre 2004 : Es-tu faite pour devenir une princesse ? qui a 4 catégories de résultats : la première : „ Laisse tomber, ce job de princesse n’est vraiment pas fait pour toi. Tu n’as rien de royal(…)” ou pire encore, la deuxième catégorie : „ Tu aimerais beaucoup être reine (…) Malheureusement, il faut avoir de la classe et manifestement, tu n’en as aucune” Un tel verdict si net, si négatif porte atteinte à l’image de soi, à l’estime de soi d’une adolescente dont la personnalité n’est pas assez mûre pour tenir à un tel jugement. Leurs propres doutes sont suffisamment dangereux pour y ajouter d’autres. Si les choses ont changé dans les magasines actuels c’est parce que leurs éditeurs sont conscients du pouvoir de la presse et agissent, sous le conseil des spécialistes, d’une manière responsable et éthique.

6.1.3 Des histoires pour lire, pour grandir et pour s’épanouir

C’est, à notre avis, la partie la plus importante d’un magazine du point de vue thérapeutique et cela parce que les histoires introduisent de nouveaux rapports entre l’enfant et le milieu dans lequel il vit par l’intermédiaire des symboles et des signes. Grace au processus d’identification au personnage, l’enfant peut arriver à se comprendre, à mieux s’adapter au milieu et aux autres, à trouver des solutions à ses problèmes. Une histoire bien choisie peut développer à fois le côté cognitif, affectif et relationnel de la personnalité. L’histoire aide l’enfant à s’ouvrir d’une manière indirecte, mais efficace, car elle ouvre des chaines de communication inaccessible par des moyens rationnels. Même si elles ne sont pas crées pour un but spécifiquement thérapeutique, les histoires qu’on trouve dans les magazines pour les jeunes ont aussi le pouvoir de guérir.

On va en analyser quelques unes selon le schéma proposé par Burns. Toupie de février 2011propose l’histoire Flocon joue au rugby. Traits thérapeutiques : sujets traités: vaincre ses limites, ne pas décourager devant les obstacles, prendre des risques, commettre des erreurs ; ressources à développer : exercer ses habiletés, dépasser l’anxiété, gérer les petits échecs ; objectifs: savoir qu’un petit ne fait pas les choses comme les grands, ne pas renoncer devant un petit échec, jouir de ce qu’on a réussi. Papa Ours propose à son fils Flocon et à ses amis une partie de rugby, mais parce que Flocon court trop lentement, Grobec a peur et Mira n’essaie même pas, ils n’arrivent pas à empêcher les attaques de Papa, la mêlée non plus et pour cela ils arrivent à croire qu’il faut „ des biscotos pour jouer à ça”. Mais quand Papa propose de jouer à marquer des buts, Flocon réussi ; il en est très fier. Le même magazine propose aussi un conte interculturel : Aponi, petite souris très agile. Par ce conte indien, les petits apprennent ce que c’est un totem- l’animal qui te ressemble et dont la force t’accompagnera toute ta vie, le tipi- la tente, le grand sage. Le conte peut être vu comme une métaphore de l’identification au personnage : comme la petite indienne s’identifie à l’animal qui la représente: Tu seras Petite-Souris-Agile, le lecteur aussi s’identifie au personnage et à cet âge les préférés sont justement les animaux. Le parallélisme peut continuer : Aponi refuse l’identification, car elle porte sur le personnage un jugement superficiel: elle envie ses frères :Cheval Intrépide, Bison Fougueux. „Quelle chance pour eux d’avoir pour totem des animaux si forts et si courageux ” Elle trouvait la souris insignifiante parce qu’elle est petite. Elle part à l’aventure (sauver le sac des provisions de la gueule d’un coyote) et se trouvant devant un grizzly immense, effrayant, fut sauvée justement par des souris agiles et courageuses. Elle comprend maintenant le sens du totem et apprend quelque chose d’important : l’aspect ne fait pas la valeur, il ne faut pas juger avant d’avoir une connaissance profonde de tous les aspects. Toboggan, numéro 332 propose par l’histoire L’île du nénuphar la métaphore du plan perdu: les poussins devaient monter la tente, mais le vent emporte le plan. Pour le récupérer, avec des tubes en métal, de la ficelle et la toile de la tente, ils construisent un bateau à voile. Le sujet est la liberté vs la contrainte des règles, les ressources à développer : l’imagination et l’objectif est de construire une conduite adaptative: si on n’a plus de plan, on peut trouver les ressources en soi, dans son esprit avec des avantages considérables : si on suit un plan, on aura chaque fois un seul résultat, le même pour tous, si on suit son imagination on aura une multitude de résultats, toujours différents. C’est une métaphore très utile pour les parents et les enseignants qui veulent développer l’esprit créatif des enfants et encourager l’autonomie de ceux-ci. Elle s’appuie sur la confiance en soi, une attitude très importante, mais souvent si difficile à cultiver. Toboggan numéro 331par l’histoire Une faim de loup propose une réflexion sur la peur pour développer la capacité de relativiser, pour peser l’importance des idées préconçues et de la capacité d’exprimer ses sentiments. C’est le conte des trois petits cochons à rebours : le loup Anatole, un loup „plutôt gentil qui aime saluer les oiseaux et siffloter Prom’non-nous dans les bois ” invité chez les trois petits cochons prendre le déjeuner, interprète l’expression cuisiner un loup à travers les idées préconçues sur la relation loup-cochon et, à cause de la peur qui s’empare de lui, il essaie d’empêcher les cochons de finir leur travail : il souffle le feu et l’éteint, souffle la farine et l’éparpille partout, mais il n’arrive par à détruire le barbecue dont les briques ne bougent pas. Découvert par les cochons à cause des hurlements de douleur car il a collé son museau contre la grille du barbecue, il exprime ouvertement sa peur : „ Je ne veux pas être mangé ”et la confusion disparait : „ on ne va pas cuisiner un gros loup comme toi ! Nous préparons des brochettes de loup de mer”. Toboggan numéro 387 propose l’histoire Le baluchon magique sur la méchanceté de certains enfants .L’objectif est le développement de la capacité de gérer les conflits entre les copains et dépasser l’état de victime. Le carnaval est ici une métaphore : changer d’identité. A cette occasion, Éva, déguisée en sorcière, ne se laisse plus tracassée par son copain et le vainc avec ses propres moyens (la peur) : elle l’effraie à l’aide du chat caché qui fait bouger le baluchon d’une façon inexplicable. Parce qu’elle a trouvé la solution du problème, Éva se sent libérée, heureuse et fière de soi. Tous ces sentiments positifs ont remplacé l’embêtement, l’indignation et puis la colère qui a déclenché la décision de riposter. Et une histoire plus récente( Toboggan numéro 410) Robin &Fils qui a pour but de prouver aux enfants et aux parents que les jeunes peuvent en avoir assez de la technologie. Et le conseil pour les parents : n’exagérez pas votre soin pour les enfants, laissez-leur la liberté ! Robin, le prince des voleurs est devenu ici le roi de la sécurité. Lui qui a eu toute la liberté, ne permet pas à son fils d’aller dans les bois parce qu’on annonce du vent et il y a des serpents. C’est un père qui invente un gadget tous les six mois et un fils qui veut jouir de la simplicité de la vie en nature : grimper dans les arbres, chaparder des pommes. Le père devient victime de sa propre invention Padpommes 3000. Robin suspendu à la pince qui guette les voleurs est l’image de son incapacité de s’adapter aux besoins de son fils. Celui-ci, à l’aide d’une flèche qui se trompe de sa cible-le robot- tranche la ceinture de son père et l’apporte les pieds sur la terre. Alors il accepte de laisser de côté un peu la technologie et apprend à son fils à mieux utiliser l’arc, mais l’exercice s’appelle Cibles 3000, donc c’est difficile à renoncer à une addiction, chers enfants et chers parents ! En renversant les rapports, l’histoire crée la surprise, éveille la curiosité et si on ajoute le côté humoristique on a des ingrédients qui facilitent la réception du message thérapeutique et lui augmentent l’efficacité. Dans le magasin Histoires pour les petits de juin 2008 on trouve l’histoire Li Ling et l’empereur de Chine. Le sujet est la recherche du bonheur et l’objectif est d’apprendre aux enfants que le bonheur véritable vient plutôt des cadeaux qu’on offre que de ceux qu’on reçoit, que, sans amis, la richesse n’a pas de valeur et qu’un cadeau modeste qui vient du cœur est plus précieux que tout l’or et les pierreries du monde. L’histoire développe des ressources telles la générosité, la modestie, la sociabilité. Dans le magasine Mille et une histoires numéro 137 il y a la variante russe de Barbe Bleue qui s’appelle Griffes d’or. Dans la section destinée aux parents le psychologue Dominique Naeger explique qu’il s’agit d’une histoire „qui fait du bien” car la violence de l’ours contre ses deux fiancées a une valeur thérapeutique, le conte étant l’image métaphorique des émotions et des conflits intérieurs de l’enfant. La peur fait partie de son développement : comprendre ses peurs (peur d’être abandonné, de ne plus être aimé, de grandir etc) et apprendre à les surmonter est une grande victoire. Ce conte qui décrit la maturation des trois filles (punies pour leur désobéissance, mais qui reçoivent à la fin le prix : le savoir) conduit à la maturation de l’enfant aussi qui découvre que les petits et les faibles (le chat) peuvent vaincre les forts et les méchants (l’ours) par l’intelligence et que chacun de nous peut trouver en soi la force d’affronter la vérité (la cadette qui découvre dans l’armoire ses deux sœurs étranglées). Au-delà de ces considérations qui ont des fondements scientifiques nous trouvons quand même que le conte La chatte ensorcelée du même numéro contient des images d’une atrocité extrême : „Je n’aime pas les pleurnicheuses, rugit le géant en colère. Pleure donc pour une bonne raison! Et vlan !d’un coup de hache il coupe les pieds d’Ingrid et les fourre dans sa poche”. L’identification est facile à réaliser car les enfants se trouvent souvent face à des géants qui rugissent en colère justement parce que les petits pleurnichent. A notre avis, cette image de la fille qui reste sans pieds a un impact qui ne peut pas être atténué ni par la médiation du parent, ni par les assurances de la chatte que tout sera bien et qu’elle se remettra, ni même par le final évidemment heureux quand les pieds sont collés à l’aide d’une substance magique. La poésie Le petit chat blanc par Claude Roy a une moralité surprenante qui est plutôt pragmatique que morale : „ Les bons sentiments/Ont l’inconvénient /D’amener souvent/De graves ennuis”. Les enfants d’aujourd’hui vont vite comprendre que la bonneté implique la vulnérabilité et pour ne pas se laisser dupés c’est plus sûr de rester à l’écart. Il est besoin de l’intervention de l’adulte pour expliquer qu’il faut distinguer entre les bonnes et les mauvaises intentions là où il est possible pour éviter la souffrance. Pour conclure, on peut dire que les histoires ont une grande influence sur les enfants (positive ou négative selon le contenu du texte et l’individualité du destinataire de ce texte) et qu’il faut les accompagner dans cette aventure initiatique (le conte) à travers laquelle ils découvrent les autres et se découvrent soi-même.

6.1.4 Comment les jeux peuvent-ils apaiser

„ Le jeu est le plus élevé type de recherche” affirmait A Einstein, il est essentiel dans le processus de maturation par ses fonctions. Du point de vue biologique il offre les exercices qui développent les habiletés pratiques ; il est un moyen très efficace de libérer l’énergie. Du point de vue intrapersonnel il agrandit la maitrise de soi, améliore l’interdépendance corps-esprit et peut éteindre les conflits. Du point de vue interpersonnel il facilite le développement de l’identité et des habiletés sociales et socioculturelles, il peut modeler des conduites et des rôles, il crée un contexte favorable à l’apprentissage: quand les enfants aiment participer à une expérience de jeu ils sont moins réfractaires à la leçon qu’elle contient, ils sont plongés dans cette activité qui s’empare d’eux et les rend réceptifs, malléables. Le jeu met en évidence leurs ressources et leurs compétences et, en même temps il développe de nouvelles habiletés, les préparant, de cette façon, pour la vie surtout par la capacité de résoudre des problèmes. Il est donc un moyen didactique incontournable dans la classe d’élèves parce qu’il peut capter l’attention et agrandir la motivation à apprendre. Vu son rôle dans la construction de la personnalité, le jeu est présent dans tous les magazines pour les enfants qui ont même des suppléments : Toboggan jeux, Toupie jeux.

A la suite de l’analyse des jeux qu’on trouve dans les magazines on peut apprécier qu’ils sont adaptés à l’âge des enfants et à leurs intérêts (employer des personnages de dessins animés, des films). Selon le contenu, on a des jeux de lettres (messages à décrypter selon certaines règles : remplacer les lettres par d’autres lettres ou les symboles par des lettres, messages à déchiffrer dans le miroir, grille à compléter), des jeux de chiffres qui ont pour but d’apprendre à compter, d’acquérir une compétence qui vise des opérations abstraites par l’intermédiaire du concret qui caractérise cette tranche d’âge :colle autant des ballons qu’il y a des sacs, combien d’animaux mangent des crêpes, combien d’enfants font la queue, classe les timbres du plus cher au moins cher, paye les achats de Lili , jeux d’autocollants (une activité agréable pour les enfants qui a des fonctions multiples: développer la motricité fine, découvrir les critères d’association, jouer avec les couleurs et les formes, cultiver le bon goût, réaliser facilement de bels ouvrages dont les enfants sont fiers), des coloriages (réalisés selon des règles qui restent à découvrir: selon le code des couleurs, en respectant une telles succession), des labyrinthes, des puzzles, des jeux de cartes. Selon le but, il y a des jeux d’attention (trouver l’intrus, trouver tous les loups cachés parmi les brebis au carnaval, trouver le bon chemin, trouver tous les lettres dans un dessin pour en former un mot, trouver les lettres mal classées, coller le tablier qui a la bonne taille, quel détail n’appartient pas à l’image), d’observation (trouver un certain nombre de différences entre deux images, mettre en ordre les images, associer le personnage et l’instrument dont il joue, relier la réplique au personnage, mettre les autocollants des monuments à leurs endroits, trouver dans le dessin des objets dont le nom contient le son [e]) , d’intelligence (mots fléchés, énigmes –jeu du défectif qui trouve le coupable en suivant les indices pour être à la fin récompensé à la gazette- compléter une grille selon un critère à découvrir, coller les ingrédients qu’on met dans les crêpes, coller la boite aux lettres à la tente, coller à chaque animal sa nourriture préférée, coller le petit à sa maman, associer les vêtements qui vont ensemble ), d’imagination (compléter le dessin, imaginer la suite d’une histoire, décorer le chapeau d’une sorcière pour le Halloween, jeu de mime, raconter ce qui se passe dans l’image). Il y a dans Toboggan numéro 407 un jeu intéressant sur les sentiments : dessine les visages pour exprimer colère zéro, colère de rien de tout, colère interplanétaire. En réalisant le dessin, les enfants devient conscients combien un sentiment négatif peut modifier leur visage et, de cette façon, ils apprennent à mieux déchiffrer les messages non verbaux qu’ils reçoivent ou ils transmettent, ils apprennent aussi à mesurer l’intensité d’un sentiment pour savoir comment le dompter ou comment éviter les situations désagréables, voire dangereuses. Le jeu continue en demandant aux lecteurs de proposer des mots de bagarre rigolos. C’est un jeu par lequel ils apprennent à désamorcer un conflit, à éviter les mots durs et à minimiser par l’humour l’effet de ces mots qui viennent des autres. Le jeu continue par le collage des bras et des jambes dans une bagarre et puis des pansements pour les personnages qui ont participé à la bagarre pour comprendre que les bagarres font du mal. Le jeu finit par un cœur-labyrinthe où les personnages se serrent la main et font la paix. De tels jeux sont plus efficaces que mille explications et recommandations parce que l’enfant est impliqué par toute sa personnalité : cognitif, affectif, comportemental. Il découvre tout seul, il expérimente, il réfléchit, il souffre à côté des personnages et se réjouit à la fin. Toutes ces expériences qui le touchent seront intégrées dans sa conduite et l’enfant pourra s’adapter plus facilement à de différentes circonstances. Selon la forme d’organisation il y a des jeux individuels et des jeux d’équipe et Toboggan, par exemple, a des jeux à détacher –jeux de cartes ou avec des pions qui sont très attirants parce qu’ils cultivent l’intelligence, la patience, la vitesse de réaction, la capacité de prendre des décisions. Pour profiter le plus des valences thérapeutiques du jeu, il sera préférable, comme le suggère un article de Julie ( juillet 2016), de cultiver le plaisir de jouer : gagner, perdre, peu importe, l’essentiel est de passer un temps de qualité à côté de ceux qu’on aime. Le jeu suppose aussi l’égalité entre tous les joueurs –enfants ou adultes à la fois, car tous doivent respecter les mêmes règles. Pendant qu’on joue, on vit l’instant présent, on suspend tous les autres activités (devoirs, télé) pour se dédier à cette activité qui détend à condition qu’elle ait l’exclusivité. Pendant le jeu on se révèle autrement : on renonce au masque social pour vivre ses émotions et cette nouvelle facette rapproche les gens. On peut constater, donc, que le jeu a des fonctions multiples dans la vie de l’enfant : jusqu’à 3 ans il l’aide à découvrir son corps et par le mouvement, à découvrir le monde, il suit jusqu’à 6 ans les jeux symboliques, d’imagination par lesquels l’enfant situe sa personne au centre de ses préoccupations pour maitriser ses forces intérieures : craintes, agressivité, conflits, enthousiasme. A partir de 7 ans c’est la place des jeux de règles qui aident à découvrir l’autre, à faire l’apprentissage de la vie sociale. Les magazines jeunesse respectent en général cette segmentation, mais on pourrait accorder plus de place aux jeux d’imagination par l’intermédiaire desquels on exprime ses besoins, ses désirs, on reprend les éléments de la vie réelle modifiés pour réparer ce qui ne va pas et pour avoir la maitrise de ces événements incompris ou mal vécus. Le jeu développe chez l’enfant la concentration, la confiance, l’autonomie, la créativité, la spontanéité. Il apprend à analyser, à comparer, à prendre des décisions et à en supporter les conséquences. Une attitude ludique suppose aussi l’humour, la curiosité, le goût de courir des risques et le courage de prendre des initiatives. Ce sont des choses sérieuses qu’on apprend sans les prendre au sérieux, car ce n’est qu’un jeu qu’on peut finir quand on veut et qu’on peut reprendre quand on veut pour son plaisir qui est essentiel pendant cette activité (c’est lui qui nous fait ignorer l’effort et qui nous fait reprendre et reprendre un certain jeu dans la tentation du dépassement de soi). Et puis, le plaisir est la base du développement psychique normal de l’individu, voilà pourquoi il est préférable d’encourager les enfants le chercher au lieu de les condamner. Le jeu est aussi un espace d’apprentissage c’est pourquoi il est employé à l’école pour améliorer les performances scolaires, car il est un élément de motivation, mais il faudrait l’exploiter aussi pour l’épanouissement des enfants qui est profitable à long terme, pas seulement sur la période de la scolarité. C’est ce qui explique le succès des écoles alternatives de type Montessori, Freinet ou Steiner où le jeu est largement employé.

6.1.5 Bricoler son bien-être

Pourquoi ce titre ? Parce que les activités manuelles sont, pour les enfants comme pour les adultes aussi , un passe-temps de qualité qui favorise la détente qui aide à canaliser l’énergie négative. L’importance de ces activités dans la vie des enfants de tous les âges est prouvée par leur foisonnement dans le magazines générales et par l’existence des magazines spécialisés tels Petites mains pour les 3 à 6 ans, une publication qui suit les saisons et propose des créations et des personnages amusants à réaliser avec des objets de récupération ; Elena, le petit bricoleur qui propose lui aussi des créations avec des matériaux naturels selon les saisons, Idéal Brico Juniors à partir de 4 ans dont la devise est „10 doigts et plein d’idées”, Idée Brico –„superbes idées pour la famille & la maternelle”, Le Magazine Brico –„ idées de bricolage pour les enfants ”. On remarque la récurrence de la notion idée dans le titre ou la présentation de ces magazines car ce qui est très important pour créer est d’avoir des idées surprenantes, originales et, pour les enfants, mettre en œuvre les idées des autres est une étape vers la création tout à fait originale en passant par des phases intermédiaires telles : le changement des couleurs, la substitution des formes, le rajout, la suppression d’éléments. Ce sont des interventions personnelles à encourager car ce qui compte n’est pas la conformité au modèle, mais justement la contribution individuelle qui rend chaque ouvrage unique. Qu’est-ce qu’on peut bricoler ? Les réponses à cette question sont innombrables, car l’imagination n’a pas de limites, mais en voici quelques exemples : des objets fonctionnels qui reçoivent une touche artistique : un nichoir, un choco-panier, un chat-château (un abri pour le chat sous la forme d’un château-fort pour faire ses griffes sur le donjon, pour passer le pont-levis et attraper des poissons volants), un objet commun se transforme en œuvre d’art :un épingle à linge en bois se transforme en skieur avec des bâtonnets en bois pour des ski(Petites mains), carnets d’aventuriers: les cahiers qui se transforment dans des carnets-éléphant, crocodile , une vieille boîte de fromage devient un extraterrestre qui distribue des bonbons(Toboggan), un anneau devient araignée, bijou pour le Halloween(Julie), la boîte à crayons devient un fakir(Astrapi), un seul objet peut recevoir mille viages: les bouchons deviennent radeau, insecte, lutins des jardins, voiture, marque place, les gobelets deviennent globe-ampoule, maracas, pot-à fleurs, mémory-pompons, licorne. Cette rubrique de Petites mains (1 objet, 5 idées) qui surprend, étonne, emerveille laisse aussi la place à l’imagination des lecteurs qui sont invités à envoyer des photos s’ils ont d’autres idées sur le theme proposé.On peut créer aussi de petits objets d’art: tableaux (branches attachées et décorées, tableau volant, pop-up ), sculptures, cartes de voeux 3D, bijoux, costumes, marionnettes, masques. Le travail avec les couleurs et les formes est apaisant. En façonnant un matériel brut on façonne son état d’âme, l’ordre et la signification qu’on met dans sa création influencent la personnalité ; la beauté et la cohérence transgressent l’objet créé et rayonnent autour de lui devenant source d’énergie positive pour ceux qui le regardent, l’admirent, réfléchissent sur lui et sur eux-mêmes. Nous trouvons que c’est la raison pour laquelle il existe les musées et c’est le fondement de l’art-thérapie. Selon une étude réalisée en février 2015 par des chercheurs de l’université d’Oxford dans 9 établissements d’Angleterre sur des élèves identifiés par leurs instituteurs comme « perturbés et nécessitant un support émotionnel et comportemental » 37% ont enregistré une réduction des difficultés en général dont 41%représentent les problèmes émotionnels, 24 %, les difficultés relationnelles et 15% les problèmes de comportement. Il ne s’agit pas d’un miracle, mais ces progrès enregistrés ne sont pas à négliger. On peut constater que les problèmes émotionnels sont plus facilement à remédier, tandis que ceux liés au comportement sont les plus résistants au changement. Le bricolage a pour but la création d’un objet et si l’auteur trouve son travail agréable à réaliser, beau à regarder c’est la preuve qu’il est en chemin vers un mieux-être. S’il veut le présenter aux autres c’est la preuve qu’il est une source de satisfaction et que l’amour de soi est retrouvé. Donc, l’utilisation de ce qu’on a créé est aussi importante pour le psychique que le processus de création même. On peut exposer l’objet, participer à des concours, le faire publier dans les magazines, l’offrir en cadeau et même le vendre. Se confronter à l’opinion des autres et se faire évaluer est le signe de la sureté de soi, donc le but thérapeutique a été atteint.

Le bricolage peut et nous l’avons utilisé en classe de langues pour des buts multiples : vérifier la compréhension d’un texte, la capacité de travailler en équipe, apprécier et cultiver le goût artistique et l’habileté pratique, exploiter le côté ludique et amusant de l’activité, valoriser les compétences des élèves, favoriser l’interaction car chacun doit présenter sa création, mais on va illustrer ce sujet dans le chapitre d’applications. Une autre forme d’activité pratique est la préparation des plats. Il est recommandé de cuisiner avec les enfants dès qu’ils sont très petits et de les laisser participer directement le plus possible car, de cette façon, ils arrivent à connaitre les odeurs, les saveurs, la texture des aliments, leur emploi, les combinaisons bénéfiques pour la santé ou nuisibles. Préparer un plat n’est pas seulement une modalité de rendre l’enfant responsable en ce qui concerne sa propre santé et celle de sa famille (à l’époque de surgelés il est important de donner l’envie de cuisiner à la maison), pas seulement un passe-temps de qualité en famille, mais aussi une modalité d’apprendre et de façonner sa personnalité : aimer le travail, être ordonné, organiser son temps, son espace, suivre les indications d’une recette, mais aussi mettre en œuvre son imagination car la recette peut être un point de départ pour arriver à un plat tout à fait original qu’on peut baptiser de son nom et enchanter les invités pendant un repas festif. Les enfants apprennent qu’un plat doit être sain, nourrissant, appétissant par l’odeur et par l’aspect, car, avant de goûter, on regarde et on sent. Petites mains , numéro 90 propose aux enfants de préparer un petit déjeuner-surprise pour la Fête des Parents : tartines découpées en cœur, avec des yeux, nez, une bouche souriante et des cheveux en salade verte, des brochettes avec des fruits et du pain d’épices découpés aussi en cœur et des verrines avec du yaourt, céréales et fruits, tout ça dans un déco-cœurs pour montrer aux parents qu’ils sont importants, aimés, respectés, admirés pour l’amour qu’ils ont l’un pour l’autre et tous les deux pour leurs enfants. Toboggan numéro 410 explique comment préparer et décorer des carrés en chocolat pour les offrir en cadeau de bonne année en jolies boîtes. Les enfants apprennent la valeur d’un cadeau bricolé de ses mains qui signifie offrir une partie de soi-même: son temps, son énergie, ses pensées, ses sentiments. On apprend aussi à être heureux en rendant heureux les autres ce qui aide l’enfant à sortir de son égoïsme, à se maturer. Si on enseigne à l’enfant la joie de cuisiner, il passera des moments de détente en travaillant dans la cuisine, pas nécessairement pour se nourrir au sens propre, mais surtout pour nourrir son image de soi, son bien-être en offrant aux autres ses joies, ses espoirs, ses rêves bien assaisonnés dans une assiette où les formes, les couleurs, les odeurs et les saveurs s’harmonisent pour apporter la tranquillité, le bon humeur et la joie au sein de toute la famille réunie autour de la table qui ne peut être qu’une famille heureuse, unie et harmonieuse. Okapi no1024 de mai 2016 propose par Trois p’tits dej du monde de voyager en pyjama et de réfléchir sur les habitudes alimentaires qui sont différentes d’une région à l’autre car elles reflètent le spécifique du climat et la personnalité des habitants ; voilà pourquoi les peuples se désignent les uns les autres par ce qu’ils mangent-les Français nomment les Italiens Macaronis, les Anglais Roast-beef, tandis que les Français sont des Froggies(grenouilles) : au Québec c’est un menu traditionnel anglo-saxon, mais avec des influences françaises, au Brésil il y a un mélange de sucré-salé et des fruits tropicaux, tandis qu’en Allemagne ce repas est une affaire sérieuse et la charcuterie et le fromage sont des incontournables. A travers une recette de cuisine on peut apprendre ou enseigner une leçon d’histoire. Prenons pour exemple le poulet Marengo, préparé par le cuisinier de Bonaparte après la victoire de Marengo et qui devient sa récompense après chaque combat gagné.

6.1.6 Tel maitre, tel valet

Les modèles sont importants dans la vie de l’enfant qui apprend par imitation. Quand on est très petit, le modèle est la famille. A la maternelle le cercle s’élargit par d’autres personnes (l’institutrice, les copains), par les personnages des contes et des dessins animés, à l’école s’ajoutent d’autres modèles. A partir de 10-12 ans on est plus indépendant et les revues deviennent un ami auquel on fait confiance et qui tend à remplacer l’autorité des parents. Voilà pourquoi les modèles proposés doivent être choisis avec responsabilité car ils peuvent influencer la personnalité et la conduite d’un jeune. Il vaudrait mieux aider les jeunes à comprendre que ce n’est pas seulement le succès qui compte, mais aussi la manière de l’obtenir.

Les magasins analysés proposent deux types de modèles : les stars et les personnes inconnues, surtout des enfants qui ont des histoires de vie très spéciales. Okapi on ligne, présente l’histoire de Ed Sheeran parce qu’il vend ses albums par millions, a composé la musique pour des films célèbres comme Nos étoiles contraintes ou le Hobbit et parce qu’il a été le chanteur le plus écouté en streaming en 2014. Son succès a 4 ingrédients : un grand talent, l’indépendance : il se débrouille tout seul, il compose et écrit soi-même ses chansons, sur la scène il gère tout, seul avec sa guitare et son looper. En échange, il s’entoure des meilleurs ce qui l’aide à se construire une bonne image et, en même temps il garde ses pieds par terre, car le succès peut devenir un mirage si on ne sait pas le maitriser : il faut lutter pour l’obtenir et puis, lutter encore plus pour le garder ce qui est valable pour nous tous. Il a commencé à 11 ans et à 16 ans se dédie entièrement à la musique en abandonnant sa famille et ses études.Il faut bien comprendre ces derniers détails: il s’est dédié à la musique quand il a été sûr de son choix, de son talent et il a canalisé toute son énergie pour réussir dans le domaine choisi. Il a pris tous les risques de son choix et a suivi avec ténacité le chemin choisi. Ce qui est important est d’identifier ses atous et de les mettre en valeur le mieux possible. Okapi no 1023 propose l’équation Beyoncé : 40% engagée dans la lutte pour les droits des Noirs, 40% fière de ses origines et 20% bussiness woman car son position féministe fait de la pub et ça rapporte. C’est une présentation qui montre les plus et les moins d’une personne célèbre qu’on doit apprécier dans sa complexité sans absolutiser ni un côté, ni l’autre. Il y a aussi les exemples des personnes publiques, mais moins connues : Lucie Lucas, une comédienne de 30 ans qui au collège a eu une période désagréable, car elle entrait dans des conflits avec tout le monde :copains et professeurs, qui se disputait avec ses parents aussi parce qu’ils ne la comprenaient pas, qui est tombée amoureuse en 4e du nouveau de la classe qui au debout l’ignorait et puis est devenu son mari . Cristophe Beaugrand, 39 ans qui rêvait dès son adolescence de faire de la télé et a suivi son idéal avec audace et perseverence: il envoyait des courriers à des animateurs célèbres, écrivait des articles dans le journal des enfants de sa commune et à 13 ans il avait sa propre émission sur une radio locale. Toutes les autres passions le préparaient pour son futur métier : les BD publiées dans le même journal, le théâtre qui lui apprenait à placer sa voix et se tenir face à un public (Okapi, no 1024), Alexandre Fourchon, magicien à 16 ans qui a réussi parce qu’il a pris au sérieux ce métier qui semble facile: il a préparé le numéro pour le concours national pendant une année, en travaillant 5-6 heures dans son atelier pour trouver l’idée, fabriquer le décor et répéter devant le miroir afin de vérifier ce que le public voit. Il a aussi un plan B si la magie ne l’aidera à survivre : régisseur lumière car il aime la scène et les lumières (Phosphore, no381). Le comédien Kev Adams, idole des ados grâce à un mélange d’insolence et de tendresse. Ses efforts pour réussir ont été immenses : à partir de 10 ans il a passé plus de 3000 de casting ! Au collège il était d’une „ mocheté absolue”, le visage couvert de boutons, avec un appareil dentaire il n’avait qu’une arme contre les moqueries des autres : les mots. Les parents ne lui demandaient que des notes correctes et pour le reste le laissaient tranquille. Ce ne sont pas ses parents, mais le prof de philo qui est venu le voir sur la scène et alors il a compris pourquoi son élève s’endormait pendant le cours. En lui disant qu’il ne notera pas ses absences lui offre „le plus merveilleux des compliments”. Dans ses spectacles il parle du divorce de ses parents, abordé du point de vue d’un adolescent. Ce sujet, traité avec humour sur la scène a soigné la peine de ses frères ce qui prouve la valeur thérapeutique de l’art et du rire (Géo Ado no142).

Il y a aussi les exemples des enfants habituels qui vivent dans des conditions extraordinaires : à Fukushima après la catastrophe nucléaire, dans un Kibboutz ou dans le froid du nord. Il s’agit aussi des différences culturelles car les jeunes Japonais qui doivent changer du lycée, des copains sont d’autant plus affectés car, pour eux, le groupe est très important et les liens bien hiérarchisées. Par exemple, les jeunes élèves sont liés à des élèves tuteurs. C’est pourquoi les uns, plus timides comme Ta-ichiro décident de rester ignorant le danger des radiations et des futures discriminations (Phosphore, no 381). La vie dans un Kibboutz est présentée de l’intérieur, mais en prenant quand même une distance qui objective: dans cette petite communauté on vit ensemble, on se connait tous ce qui est magnifique, mais il manque l’intimité, on y vit sans argent, sans soucis, donc, sans envies, mais il manque le plaisir du shopping, on y a beaucoup d’activités, pas question de rester devant la télé, l’école est religieuse, les cours sont séparés pour les garçons et les filles, en Israël, les garçons et les filles aussi font le service militaire. C’est un autre mode de vie qui invite à la réflexion et cultive l’ouverture d’esprit. Les ados du froid est un article qui prouve qu’il est possible de mener une vie normale dans des conditions très dures, car si l’on veut, on peut s’adapter, on trouve les modalités de surmonter les plus grands obstacles : le sport, les passions, l’amour, ça réchauffe les âmes des ados du froid. Ces conditions spéciales forgent des personnalités assez fortes pour y tenir (Géo Ado no142). Le sondage réalisé par CSA et Phosphore en 2012 sur les personnalités préférées des jeunes entre 15 et 20 ans montre un palmarès généreux et inattendu : la première place-Nelson Mandela parce que, malgré son enfermement il a su rester un homme, il a su pardonner et transformer la lutte contre l’apartheid dans son pays dans un combat universel pour la paix et contre toute forme de discrimination. Pour Perrine, une adolescente interviewé il est un modèle réaliste : „chacun peut s’inspirer de sa vie”. Elle l’admire parce qu’il a passé sa vie à aider les autres. La deuxième place -l’acteur Omar Sy. Intouchables „m’a marqué la vie” disait une fille en fauteuil roulant „c’est un film très juste, sans le pathos à la con qu’on trouve souvent dans les films sur le handicap” ; après „ il pourra tout jouer, il sera toujours aussi juste” apprécie-t-elle. „Il assume ses origines et en rigole…c’est une force d’esprit” dit Perrine. Omar „ a l’air très sympa et accessible”. La troisième place est occupé par le président américain Obama parce qu’il est différent, il a de grandes idées, des discours poignant, de la sensibilité. Son attitude prouve qu’on peut faire de la politique sans être un requin. Les jeunes français apprécient que cette attitude „ferme et posée à la fois” manque aux politiciens de leur pays qui semblent lointains, moins accessibles.On a repris ce sondage4 années plus tard et voila les résultats présentés dans le numéro de mai 2016 de Phosphore : premier place : Omar Sy, suivi de Barak Obama et Will Smith. Les conclusions du magazine : le rejet du bidon-il ne suffit pas la suexposition médiatique pour avoir l’amour des gens :Justin Bieber, Miley Cyrus sont loin derrière les autres- 75e, 73e place ; les politiques français- répudies tandis que le président américain reste encore très populaire. Les préférences des Français ne correspondent toujours à celles des autres : Simone Veil est la 28e. Ils admirent Will Smith pour son attitude, parce qu’il semble „réussir mine de rien, mais, la réalité est tout à fait différente : „Là où je suis bon, c’est que j’ai une discipline de travail de malade. Lorsque les autres dorment, je travaille. Lorsqu’ils mangent, je travaille (…) ” Il cache avec élégance ses efforts pour n’offrir que l’image du succès, mais c’est intéressant pour les jeunes d’apprendre ce qu’il y a derrière un succès véritable et de longue durée.

En conclusion on peut dire que si les exemples sont bien choisis et bien expliqués, les jeunes lecteurs auront quoi apprendre soit qu’il s’agit d’une star ou d’un inconnu, d’une individualité ou d’une communauté. Ils pourront par conséquence distinguer les vraies valeurs ce qui est essentiel pour leur avenir et leur devenir.

6.1.7 Le rire peut guérir

Le numéro 1024 d’Okapi explique l’importance du rire dans la vie, ses bénéfices pour la santé physique et psychique. On y trouve 50 raisons pour rire le plus souvent possible, parce qu’en faisant travailler tes abdos, ça déconstipe. C’est un vrai médicament : le rire baisse le taux de cholestérol, augmente les échanges respiratoires et peut calmer une crise d’asthme. Quand on rit, on bouge, on transpire et ça brule graisses et toxines, on dort mieux, les muscles se détendent, le cortisol, l’hormone du stress diminue. Et puis, par le rire on fait du plaisir à celui qui a tenté de mettre de l’ambiance, on décrispe l’ambiance si tout le monde fait la tête. Le rire retourne la situation en ta faveur, renforce le lien social parce qu’on donne aux autres l’envie de nous aborder. Le rire remplit les blancs dans une conversation, fait passer les messages plus facilement, est une arme contre la méchanceté, protège psychologiquement des injustices du monde. Rechercher un bon jeu de mots amusant ça fait travailler le cerveau. Le rire soulage la douleur et parfois il guérit au sens le plus propre du terme. Dans les hôpitaux français il y a la troupe Les clowns du rire médecin et voilà ses effets : „ Voir les clowns, ça me fait oublier les aiguilles, l’hopital.Ca me détend et ça me remonte le moral. Ca fait vraiment du bien” explique Sam, 13 ans. Les enfants sont les plus sensibles à ces aspects et ils se marrent des centaines de fois par jour : „ Rire change vraiment ta journée, tu vois tout plus positivement et ça t’aide à avancer ”dit Margaux, 13 ans. „Parfois je ris en avoir mal au ventre. Mais ça soulage. Je rigole souvent, surtout en classe” dit Miguel, 11 ans. Voilà autant de raisons pour avoir un coin pour rire dans les magazines et favoriser l’humour en classe pour détendre l’atmosphère et communiquer d’une façon plus efficace.

Même si les magazines français n’ont plus une rubrique spéciale pour l’humour, il est présent partout : dans les BD: les gags d’Okapi : L’éléphant qui fuit devant une souris, est-ce une légende ?et la conclusion douloureuse, après avoir expérimenté personnellement un déguisement en souris : „Oui. En présence d’une souris, il ne fuit pas, il attaque”(no 10325 octobre 2016),Mauvais temps présente un personnage qui fait des calcules pour faire passer le temps en attendant le tram. Le temps passe, mais c’est aussi le tram qui passe, sans qu’il s’en apercevoir, trop occupé à faire des calculs (Phosphore, no 419), La Rentrée trop classe qui imagine une rencontre avec le nouveau ministre de l’éducation. Et voilà les nouveautés pour la rentrée de 2036 : pas de concept de rentrée :c’est trop stressant, pas de présentations, les profs et les élèves sont anonymes, désignés par des syntagmes telles: le petit blond avec un T-shirt rigolo, la rouquine à lunettes ; les notes sont supprimées car elles sont angoissantes et discriminantes. A leur place il y a la roue de la réussite : „C’est comme ça que je suis devenu ministre ! ”( Phosphore, no 423, septembre 2016) dans les histoires , dans les titres : AVNI(Animal Vraiment Non Identifié –Toboggan), Le stylo perd ses plumes pour suggérer la baisse des ventes des stylos-plumes, Ca tourne carrément rond !-une maison pivotante qui se bascule aussi sur

les côtés selon les mouvements des habitants(Okapi), dans les photos :

, dans les jeux et les activités proposées: fabrique des grattes postales pour écrire à tes amis pendant les vacances avec des messages telles : Faire de la grandonnée, c’est bon pour la gaieté –ici les jeux de mots et les jeux sur les proverbes modifiés pour s’adapter au thème :Les petits grouillons, dans l’eau, nagent aussi bien que les gros (Toboggan no 429, aout 2016) sont source d’humour et un déclencheur de créativité tout comme les noms rigolos inventés pour les inscrire sur des T-shirts –Détendue Lulu, Lentement Nathan, Relax Max, propose par le même magazine. Astrapi a une rubrique –Trucastuces avec des blagues illustrées et d’autres idées drôles : devinettes, blagues, énigmes, intrus, mot-image, dingobjet: la guitare pour deux, les chaussures d’immobilité : Dans Okapi il y a des articles tels : Quand on cherche, on trouve… de drôles de trucs où la science se mêle à l’humour : il s’agit des inventions et découvertes dues au hasard. Au delà des bien connues bain d’Archimède et pomme de Newton, on présente l’invention du stéthoscope par le docteur Laënnec qui a ausculté le cœur d’une dame avec un cahier roulé en tube, histoire de ne pas l’embarrasser en posant l’oreille sur sa poitrine. La conclusion de la page se trouve dans la phrase du jour  qui appartient au savant Isaac Asimov: „ La phrase la plus excitante dans la science n’est pas « Eureka », mais « Tiens, c’est amusant » ” Ce numéro a sur la couverture l’icône d’un gros sourire et le titre à la une : 10 idées pour voir la vie du bon côté. Julie avait dans son vieux format une rubrique La page qui rit avec une petite bande dessinée, des charades et des blagues :- Voyons Nico, peux-tu me citer deux pronoms ? demande la maîtresse -Qui? Moi?-Très bien ! Au suivant (no75, octobre 2004). Le nouvel format a la rubrique Les Pestes Friends Forever qui correspond au genre d’humour noir, au sarcasme préféré par les jeunes d’aujourd’hui :

En conclusion on peut dire que l’humour fait partie de la vie saine des jeunes ; c’est une modalité de prouver son intelligence, sa créativité. Il relie les gens, les rend plus ouverts, plus confiants, plus sains. Voilà autant de raisons pour qu’il ait sa place dans les magazines.

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