Les Fonctions Du Langage Dans la Presse Litterairee
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Les fonctions du langage dans la presse littéraire
Table des matières
Argument ……………………………………………………………………………. p. 2
Le langage et ses fonctions – perspectives diachroniques ………………..……… p. 5
I. 1. Histoire et évolution du langage ………………………………………..……… p. 5
I.2. Théories et taxinomies des fonctions langagières ………………………..…….. p. 9
La presse littéraire française – une approche sociolinguistique ……………..…. p. 15
II.1. Le langage des médias : formes et fonctions …………………………….…… p. 15
II.2. Tendances langagières dans la presse littéraire française ………………….… p. 22
Les fonctions du langage dans la presse littéraire – une approche critique ……………………………………………………………………………………….. p. 28
III.1. À l’aube de la presse littéraire en France : La revue de Paris, novembre 1894..p. 30
III.2. La presse littéraire contemporaine : Le Magazine littéraire, mensuel 577, mars 2017 ……………………………………………………………………………………………….. p. 35
Conclusions ……………………………………………………………………….… p. 40
Bibliographie ………………………………………………………………………. p. 41
Argument
L’apparition, le rôle et les fonctions du langage ont préoccupé depuis toujours des spécialistes de différents domaines, des linguistes aux psychologues, qui ont imprimé une théorie différente au statut du langage. Certes, une approche anachronique nous permet de mettre en évidence son importance dans l’évolution de l’humanité et ses influences dans la communication actuelle.
Le langage des medias, le domaine qui a connu un véritable essor au XIXe siècle en France, devient un sujet d’analyse préféré de nos jours. Le rôle des médias a connu un véritable renouvellement au fil du temps et on a enregistré un permanent déplacement entre les fonctions du langage dans la presse.
Notre analyse se propose d’élaborer une vision chronologique sur l’histoire du langage, des différentes théories sur les fonctions du langage et le rôle des éléments qui composent la situation de communication. En approuvant comme générale la théorie de Roman Jakobson, nous analysons comment se reflètent les fonctions du langage dans la presse littéraire.
Un autre objectif de notre démarche vise une présentation cohérente des formes et des fonctions du langage de la presse, en insistant sur les tendances actuelles qui caractérisent la presse littéraire en France. L’évolution du domaine de la presse, la diversité et la complexité des formes ont créé une transformation radicale de l’approche des journalistes sur leur métier.
La presse représente un véritable miroir de la société, elle est susceptible de surprendre le niveau intellectuel et culturel du public, les préoccupations pour l’immédiat ou pour le domaine littéraire. Ainsi, on se propose d’analyser le déplacement d’une fonction langagière à une autre, en relation directe avec le rôle de la presse et les attentes du public, à un certain moment de l’histoire.
En vue de justifier les fonctions du langage dans la presse littéraire française, nous proposons une approche critique entre deux apparitions littéraires célèbres dans leur période – La Revue de Paris de 1894 et Le Magazine Littéraire de mars 2017. La motivation du choix des deux publications réside dans leur moment d’apparition. L’une domine plus d’un siècle la presse française et représente l’aube de la presse littéraire française, l’autre existe depuis 1966 et continue d’avoir ses lecteurs. Toutes les deux mettent en premier plan la mission de la revue, adaptée aux mœurs et coutumes du temps. Le niveau culturel des lecteurs, les préférences, les soucis sociaux, historiques et politiques mettent leur empreinte sur la diversification des articles, sur le choix du style et le choix du langage.
Le but de notre étude est d’observer les éléments qui composent la situation de communication dans la relation presse-public, de constater une certaine évolution de la mission du texte journalistique, d’observer la distance entre le texte littéraire ayant un but artistique et l’article de presse littéraire, de noter l’évolution qui s’est passée, au fil du temps, dans le choix du langage, le style, le respect ou le non-respect de la norme.
Le langage et ses fonctions – perspectives diachroniques
1. Histoire et évolution du langage
Les préoccupations pour définir le langage ont permis l’existence d’une diversité de définitions, à partir de l’approche comme un système de signes qui sert à exprimer des idées, jusqu'à mettre une correspondance d’égalité entre le langage et les langues. Les directions suivies par les linguistes ont eu comme point de départ ces deux fonctions, celle d’exprimer la communication, de transmettre des idées et des sentiments, mais aussi de faire agir, de provoquer l’action des autres.
Le langage doit être conçu comme un instrument de la pensée, ayant la capacité d’exprimer et de faire découler une action de la part des autres, un instrument caractérisé par universalité et généralité. Présent dans la forme orale et écrite, le langage a eu depuis toujours des finalités pratiques assez diverses, même religieuses et politiques, ayant la capacité de former des mentalités, de transmettre des valeurs du domaine comme la science et les lettres.
Les philosophes des Lumières ont accordé une forte importance à l’apparition et à l’évolution du langage. Le XIXe siècle reprend l’intérêt des spécialistes et les perspectives se diversifient et se multiplient. Au début du XXe siècle, plusieurs philologues ont réaffirmé leur intérêt pour l’origine du langage et ses fonctions. Plusieurs domaines s’y intéressent vivement, d’où provient une grande diversité d’approches et de définitions.
Des recherches éthologiques mettent en premier plan les aspects anatomiques et neurobiologiques du langage. Le langage devient un outil spécifiquement humain, vu comme instrument de la raison, élément composant de la pensée humaine. C’est le XXe siècle qui insiste sur le trait typiquement humain du langage, anticipe par le philosophe français Descartes.
Cependant, au cours des siècles, la multitude des théories apparues sur le langage mettent en évidence l’intention des spécialistes de répondre à quelques grandes questions – quand et pourquoi le langage est-il apparu, pour quelles finalités pratiques, en quelles conditions et quelle est la meilleure taxinomie pour engendrer les types de langage ?
L’apparition du langage – théories
Au début du XVIIe siècle, René Descartes affirmait l’unicité du langage humain, comme résultat de la raison et de la pensée. Il mettait en évidence la relation logique entre la capacité de l’homme de songer et sa capacité de transmettre ses jugements par l’intermédiaire d’un système de signes. Ainsi, le langage des muets ou des fous était considéré, à la fois, comme résultat de leur pensée, en tant que les cris des animaux et les paroles d’un perroquet ne pouvaient être assimilés qu’aux instincts d’exprimer la joie, la crainte, l’impatience. En conséquence, Descartes définit le langage comme un symbole de signes en relation étroite avec la pensée, puisque sa fonction est de transmettre un message.
Au XVIIIe siècle, Jean-Jacques Rousseau donnait une importance spéciale à l’ origine du langage, dans ses recherches sur les langues. Pour le philosophe, le langage n’est pas le résultat du besoin des individus de communiquer sur les nécessités immédiates. Il affirme véhémentement que le besoin de nourriture, de chaleur, d’eau n’exigent pas la transmission d’un message. On le fait, depuis toujours, de manière instinctive, immédiate et individuelle. L’appartenance à une certaine région a influencé l’évolution et le développement des langues, mais le langage est né de la contrainte d’exprimer des sentiments.
En même temps, le langage ne représente pas une invention de l’homme. Il est né pour répondre à des finalités pratiques, il n’a pas été inventé par l’humanité :
« La parole, étant la première institution sociale, ne doit sa forme qu’a des causes naturelles».
Jean-Jacques Rousseau rejetait donc l’idée du langage aperçu comme une création humaine, mais il insistait sur l’apparition des langues comme un effet de plusieurs aspects de l’environnement. La théorie du grand philosophe sera reprise maintes fois par les chercheurs du XXe siècle.
Le XIXe siècle a été marqué par la théorie de Friedrich Max Muller, qui a exprimé ses conceptions en termes dépréciatifs. L’apparition du langage coïncide avec les onomatopées, d’où vient la théorie de «bow-bow». Les cris des animaux constituent le point de départ d’une seconde théorie de Muller, suggestive ment appelée « pooh-pooh».
Si l’on pense à la théorie sémiologique de Friedrich Wilhelm Nietzsche sur le langage, on doit mentionner la relation entre l’apparition du mot et le concept que le mot transmet. Pourtant, il y a beaucoup de limites imposées à cette théorie, à cause du manque des informations physiologiques, comportementales et cognitives. Toutes ces limites caractérisent la majorité des théories sur l’apparition et la définition du langage, même si bien des domaines deviennent préoccupés jusqu’au XXIe siècle, des disciplines scientifiques ou des disciplines humanistes.
Jusqu'à la fin du XXe siècle, les spécialistes affirmaient tous qu’on devait placer l’apparition du langage il y a 40 mille ans, en même temps avec l’apparition des premières formes d’art, les premiers outils attestés de point de vue documentaire.
Le premier type de langage identifié dans la littérature de spécialité était le langage mimétique, où le mime représentait l’outil pour transmettre un message. Le développement de la gestuelle est comparé, de nos jours, au langage employé dans un pays étranger par un touriste qui ne connait pas la langue, mais qui se débrouille, pourtant, pour demander des renseignements.
Le linguiste américain D. Bickerton lance une conception qui trouve beaucoup d’adeptes, selon laquelle le langage initial servait de nommer des objets, en utilisant les noms, ou à projeter des actions simples. À l’origine, le langage n’était pas capable de transmettre des informations complexes ou de construire des récits. Pourtant, cette approche représente un moment important dans l’évolution des théories sur l’apparition et les formes du langage.
Les raisons de l’apparition du langage
Le fait que le langage est apparu depuis plus de 40 mille ans devient une conception quasi approuvée par tous les spécialistes concerne par ce phénomène. Mais les raison de l’apparition du langage soulèvent encore des contradictions. Le domaine qui s’y applique essai de mettre l’empreinte de ses traits définitoires, en insistant soit sur le cote historique, soit linguistique, soit du cote social. Ainsi, les théories portent sur le but de transmettre une information, de faire réagir, d’émouvoir ou de socialiser, mais le nombre d’adeptes diffère considérablement.
Le rôle social du langage est mis en évidence par les historiens et par les sociologues, qui soutiennent l’idée de l’apparition du langage comme outil pour la création des relations interhumaines, susceptibles de réduire le risque des conflits, de créer un équilibre dans les milieux peuples.
De l’autre côté, les théoriciens mettent en valeur les différentes fonctions du langage, à partir de la fonction référentielle et de l’aspect fonctionnel. Ainsi, le langage devient un outil capable d’associer les événements au monde entier, d’établir une relation entre l’individu et le cadre où il mène son activité.
L’aspect fonctionnel est mis en évidence comme suite à une analyse des documents, puisque le système langagier sert à transmettre des informations sur nous, sur les autres, sur le milieu environnant dans une forme spécialisée. Certes, les théoriciens ne considèrent pas cette finalité du langage comme primordiale, puisque l’analyse du langage oral ou écrit représente le sujet d’une ample discussion.
Les préoccupations qui ont marqué les années 70, se retrouvent autour des théories cognitives, qui établissent un rapport différent entre le langage et la pensée, face aux ancêtres. Ainsi, on prétend le fait que le langage n’a pas comme rôle de structurer la pensée, donc sa finalité n’est pas cognitive. Par contre, le rapport d’interdépendance entre le deux change, si l’on considère le langage comme effet, comme résultat, comme projection de la pensée.
Cette approche cognitive sur le but du langage a révolutionné le domaine et a ouvert une nouvelle perspective sur le langage, qui n’est plus considéré un processus mental indépendant, mais la spécialisation d’une disposition spécifiquement humaine.
Le rôle du langage se distingue en fonction de la période de manifestation. De la sorte, les premières manifestations langagières envisageaient une forme simple, à finalité pratique, un aspect tout à fait primitif. De nos jours, on assiste à une évolution continue du langage, où ses formes se multiplient et se diversifient, un langage qu’on appelle complexe.
I.2. Théories et taxinomies des fonctions langagières
Contexte théorique
La diversité des théories concernant l’apparition et l’évolution du langage est suivie par le foisonnement des préoccupations pour établir les fonctions du langage. De nos jours, les spécialistes ont adopté en grande majorité le modèle communicatif du linguiste Roman Jakobson, dont la théorie sur les fonctions du langage et de la communication reste un moment crucial dans l’évolution de la linguistique.
C’est en 1933 que le psychologue Karl Bühler a présenté un modèle des fonctions du langage, qui a servi comme élément déclencheur pour les théories suivantes. En 1960, Roman Jakobson prononçait un discours inoubliable lors d’une Conférence interdisciplinaire sur le sujet du style, à l’Université d’Indiana, à Bloomington. Son discours a été repris dans le volume Style in Language, publié en 1960 et republié maintes fois. Sans avoir l’intention de proposer un schéma des fonctions du langage, Roman Jakobson reprend et enrichit les théories qui existaient déjà dans ce domaine.
Classifications des fonctions langagières
Même si le domaine de la linguistique admet quasi totalement le schéma de Roman Jakobson, il y en a une multitude de propositions pour dénommer les mêmes réalités.
Ainsi, André Ombredane, le psychologue français, préfère de classifier les fonctions du langage d’après les principes du primitif et spontané jusqu’à l’élaboré et au volontaire, identifiant 6 fonctions principales:
La fonction de communication
Toute forme de langage apparait comme réponse à la nécessite de communiquer avec les autres. Il est essentiel que les deux interlocuteurs utilisent un canal commun de communication et qu’ils trouvent un code similaire. C’est indispensable qu’ils aient des connaissances communes, en vue de partager les mêmes significations sur le monde et sur l’autrui.
La fonction dialectique
Le terme « dialectique» extrait son sens de l’Antiquité, où l’on utilisait pour décrire l’art des discussions contradictoires, ayant comme finalité la découverte de la vérité. Cette fonction devient très importante lorsque la conversation se situe hors des clichés et des limites du langage.
La fonction pratique
C’est la première théorie sur le rôle du langage et sur la raison de son apparition – celle d’outil dans les relations sociales.
La fonction affective
La transmission des sentiments et des émotions dépasse en difficulté l’expression des informations cognitives, rationnelles. La fonction affective a été identifiée lors du XIXe siècle, lorsque les spécialistes la considéraient comme essentielle pour l’apparition du langage.
La fonction ludique
On associe cette fonction langagière au jeu, soit qu’il s’agit des jeux des enfants, soit des jeux des adultes. La fonction ludique du langage met en évidence une intelligence supérieure, une préoccupation pour le côté amusant de la vie, par l’intermédiaire des jeux de mots, des calligrammes, des rimes.
La fonction cathartique
Ce sont les processus de thérapie qui valorisent pleinement la fonction cathartique du langage, le pouvoir du langage de traiter, de guérir, de transformer seulement en utilisant des mots.
D’un autre côté, des psychologues et des linguistes comme Karl Bühler et Gérard Wackenheim, ont choisi plusieurs principes pour établir les fonctions du langage. Ainsi, Karl Bühler classifie les fonctions d’après la nature, le processus psychique dominant, en fonction émotionnelle – expressive, conative, référentielle – désignative.
Gérard Wackenheim établie une taxinomie des fonctions langagières, en tenant compte de la manifestation du langage par rapport à l’individu ou par rapport au groupe.
Les fonctions du langage par rapport à l’individu :
La fonction d’intégration de l’individu dans son milieu
Le langage permet aux individus de faire partie d’un groupe, de s’intégrer, de s’adapter, d’assimiler une expérience individuelle et de groupe.
La fonction de découverte et auto-découverte
C’est le langage qui rend possible la communication, la transmission de pensées, d’émotions, de sentiments. Ainsi, l’individu se découvre aux autres et face à lui-même, il peut se connaitre et se faire connu.
La fonction d’appréciation
Le langage offre à l’individu la chance d’apprécier et d’être apprécié en rapport aux autres, soit de manière positive, soit négative.
La fonction thérapeutique
Le fait que le langage peut avoir une fonction thérapeutique est reconnu dans les études contemporaines, le langage rend possible la psychanalyse et le psychodrame.
Les fonctions du langage en rapport au groupe
La fonction productive-efficace
Celle-ci permet la réalisation des tâches, surtout dans les situations qui supposent un haut niveau de coopération, de dialogue, de débat au niveau du groupe.
La fonction qui facilite la cohésion du groupe
C’est la communication qui rend possible la cohésion d’un groupe, l’installation de règles communes, d’un système de symboles et de signes spécifiques, des clichés qui rendent le groupe unique, qui protègent contre l’apparition des dysfonctions graves au sein du groupe.
La fonction qui valorise le groupe
Un groupe peut affirmer la présence, son existence, ses intentions, ses règles, ses besoins et ses demandes. C’est le langage qui permet au groupe d’exister au milieu d’une société.
La fonction résolutive des problèmes du groupe
Si un groupe établi des règles communes par l’intermédiaire du langage, celui-ci permet aussi la résolution des problèmes, des possibles tensions. C’est une fonction langagière qui dérive de la fonction thérapeutique, mais adaptée au niveau du groupe.
Les fonctions langagières établies par Roman Jakobson dérivent, en fait, des éléments constitutifs de la situation de communication. Il reproduit le schéma de la communication, a partir de six éléments, comme le destinateur (un émetteur, un énonciateur), le destinataire (un récepteur, un énonciataire), le message, le code, le canal, le contexte.
Le linguiste sauvegarde la théorie de Karl Bühler, qui affirme l’existence de trois fonctions langagières :
expressive,
représentative
appellative.
Jakobson reprend la théorie et propose des changements lexicaux pour les trois fonctions
émotive,
conative
référentielle
ou il ajoute
la fonction métalinguistique
la fonction poétique
la fonction phatique
Chaque fonction langagière correspond à un élément de la situation de communication, le linguiste insistant sur le fait qu’il n’existe pas des situations où les fonctions langagières soient indépendantes ou singulières.
L’émetteur La fonction expressive
Le destinataire La fonction conative
Le message La fonction poétique
Le code La fonction métalinguistique
Le contexte La fonction référentielle
Le canal La fonction phatique
La fonction expressive
Cette fonction langagière correspond à l’émetteur du message, en vue de transmettre un message sur lui-même ou sur l’environnement. Même si cette fonction existait déjà dans les théories linguistiques sous autres formes, telle la fonction émotionnelle ou émotive, Roman Jakobson garde le contenu et change seulement la forme, puisqu’il l’enrichit de sens. De cette façon, non seulement les interjections peuvent transmettre une certaine implication de l’émetteur, mais tout message transmis porte une intention de sa part.
La fonction conative
Une des raisons de l’apparition du langage représente le besoin de faire intervenir sur les autres, de les faire agir. Ainsi, la fonction conative correspond au destinataire du message, qu’on attend de modifier le comportement, d’enregistrer un message et d’y réagir. De point de vue grammatical, on met en évidence la présence de la seconde personne, l’adresse directe, la présence de l’impératif et des exclamations.
La fonction phatique
C’est une fonction langagière proposée par Roman Jakobson, puisqu’il observe le besoin d’établir et de garder un contact pour que la situation de communication puisse se dérouler. Ainsi, on peut structurer le message en insistant sur la cohérence de la transmission, sur la clarté du message transmis en utilisant des moyens diverses – face à face, dans une conversation téléphonique, par un télégramme etc.
La fonction métalinguistique
Cette fonction correspond au code qu’on utilise pour formuler et transmettre un message. Dans les théories sur l’apparition et l’évolution du langage, on a observé la tendance de considérer le besoin d’avoir un système commun de signes comme fondamental. Ainsi, la fonction métalinguistique agit sur le domaine langagier, en offrant des explications, voire des traductions pour certains éléments du message.
La fonction référentielle
Tout message transmis appartient à un contexte temporel, spatial et situationnel. Cette fonction langagière correspond aux indicateurs contextuels, sur lesquels le message peut transmettre des informations. On la considère une fonction objective, puisqu’elle rassemble toutes les informations d’ordre situationnel qui peuvent diriger le message.
La fonction poétique
Elle représente une fonction dominante dans le domaine littéraire ou en mass-média, parce qu’on met l’accent sur la forme du message, pas seulement sur le contenu. C’est Roman Jakobson qui affirme l’existence d’une telle fonction langagière, où l’on met l’accent sur les jeux de mots, les rimes, les images artistiques et leur effet sur le destinataire. Le message cherche à émouvoir et à produire un effet à partir de sa forme.
Représentation du schéma de Roman Jakobson
La presse littéraire française – une approche sociolinguistique
II.1. Le langage des médias : formes et fonctions
Considérée comme le quatrième pouvoir en Etat, la presse exerce un rôle fondamental dans la construction de l’image d’une société, d’un peuple, d’une histoire. C’est une image cliché qu’on admet presque inconsciemment comme le miroir d’un pays, dont la puissance n’est pas du tout négligeable.
« Le journaliste est un acrobate », affirmait Honoré de Balzac dans ses écrits littéraires, tout en mettant en évidence la puissance du mot de créer et de détruire à la fois, d’exprimer ou de détourner une vérité, d’échanger l’attitude des personnes, voire d’une société, de transformer le présent ou de décider l’avenir. L’acte de l’écriture doit être responsable et assumé, pour qu’il puisse exercer son rôle, ses droits et ses obligations dans un milieu social où il mène son existence.
L’affirmation de Balzac porte aussi sur la capacité du journaliste de comprendre que ses publications doivent concerner presque toujours le présent, qu’il doit choisir un discours mémorable, qu’il est obligé de s’assumer le pouvoir que ses mots provoquent sur ses lecteurs. Présentant la réalité immédiate, le discours est susceptible d’offrir l’image de toute une société. De point de vue lexical, il doit répondre aux tendances contemporaines, qui restent encadrées dans les limites du temps et de l’espace. L’article ne peut répondre qu’aux besoins présents, urgents, qui dépendent d’un contexte bien établi. C’est pourquoi le personnage d’Honoré de Balzac insistait sur l’aspect éphémère de la presse et même du journaliste.
Le but d’informer, de convaincre, parfois de former ou même de changer une opinion, se trouvent parmi les finalités des mass-médias. Cette diversité de perspectives se complète avec la complexité des domaines dont la presse peut faire partie, si l’on pense à la presse spécialisée en histoire, géographie, domaine du numérique, musique, théâtre, côté social, côté financier etc. Le public cible si différent, à partir des enfants, des adolescents, des jeunes, des adultes, des vieux, des femmes ou des hommes, des filles ou des garçons impose la même diversité en ce qui concerne le langage des medias.
Toutes ceci peuvent placer le texte de la presse à mi-chemin entre le texte scientifique et le texte littéraire, dans une écriture de périphérie, de paralittérature, où des éléments lexicaux spécialisés offrent une image du domaine abordé. Les spécialistes du discours trouvent assez difficile d’encadrer le texte de la presse dans un certain style, niveau de langue ou registre, puisque le caractère unique provient de la note individuelle et du style personnel du journaliste, qui met l’empreinte sur son écriture.
Le langage représente un instrument complexe de travail, qui détient aussi le rôle d’interpréter les actes de communication. On a déjà remarqué que le langage s’est développé en liaison avec la pensée, la raison humaine.
La linguistique moderne définit la langue comme un code ou, plutôt, un ensemble de codes, en vue de transmettre une certaine quantité d’information. Dans son Cours de linguistique générale, Ferdinand de Saussure partageait le langage en deux aspects – la langue et la parole. Le langage ainsi défini, peut être influencé par le milieu géographique et le milieu socio-culturel.
Les spécialistes ont décrit le langage de plusieurs directions de recherche :
le paradigme communicationnel
pragmatique
sémiotique
textuel-discursive
sociolinguistique
en fonction du style fonctionnel
Après une analyse détaillée, on peut affirmer que les différences entres les divers types de langage apparaissent en fonction des aspects comme le contenu, la forme ou le but de la communication.
En ce qui concerne le secteur des médias, le langage représente un cumul de principes, de formes et des facteurs qui se trouvent en relation d’interdépendance. En grandes lignes, on peut affirmer que le langage de la presse écrite réjouit de la majorité des fonctions, d’après le schéma de Roman Jakobson :
– la fonction conative, parce que le texte écrit a comme premier but d’informer et de provoquer une certaine attitude sur le destinataire
– la fonction expressive, puisque le journaliste met son empreinte, met de sa personnalité, de son style personnel dans l’élaboration du message
– la fonction poétique, étant donné que le style fait la différence entre les écritures. C’est le journaliste qui informe, en s’imposant par les jeux de mots, les tournures spécifiques, les éléments récurrents du style.
– la fonction référentielle reste la plus dominante dans le domaine de la presse écrite, puisque mass-média doit refléter le présent, le «ici et maintenant» de la vie d’une société. De la sorte, l’article fait des références directes à des événements réels, récents, bien encadrés en temps et en espace.
– la fonction métalinguistique est peu présente dans le discours des médias, parce que les traits définitoires de la presse ne permettent pas au journaliste de faire trop de références au code qu’il utilise. Parfois, les jeux de mots si savoureux de la presse et qui rendent la valeur d’un article sont expliqués, en vue d’assurer la compréhension. Pourtant, c’est une fonction quasi-absente dans le domaine de la presse écrite. Dans le domaine de la presse écrite littéraire, le métalangage d’un discours devient un sujet d’article, vu le but pratique de ce domaine.
– la fonction phatique, où l’expéditeur vérifie le contact établit avec le destinataire en vue de transmettre le message n’existe pas dans le domaine de la presse écrite. Il caractérise le domaine du mass-média, l’audio-visuel, sans qu’il soit trop présent dans l’aspect écrit.
Si pour les journalistes, l’information représente la finalité immédiate, en mettant l’accent sur la fonction référentielle, les analystes du phénomène insistent sur les effets de manipulation et de persuasion, donc la fonction conative du langage.
La présence des clichés représente une autre caractéristique du langage des médias, où des structures reproduites ou réinterprétées mettent en évidence la fonction phatique du langage. Les clichés peuvent maintenir une relation entre les interlocuteurs, peuvent offrir une idée de stabilité et permettent la compréhension rapide du message. De l’autre côté, les risques de la monotonie et la perte du contact peuvent annihiler complètement l’avantage de l’accessibilité et de la complicité.
La fonction phatique se manifeste par l’intermédiaire de deux moyens apparemment opposés – le cliché et l’innovation. Cela fait déplacer les contenus du côté rationnel vers l’aspect humain de la communication. Le phatique devient très évident par la présence d’un inventaire lexical ouvert, des structures syntactiques faciles et des combinaisons semi-clichées, des structures produites par imitation.
Le style du langage journalistique se caractérise par la clarté, la propriété des termes, la correction, la précision, le respect des normes. Pourtant, le texte mass-média fait mélanger deux types de communications – informationnelle et affective, ce qui impose une grande variété des formes et du message, qui reflète la réalité immédiate.
Le style publicitaire se caractérise par :
l’aspect hétérogène du public, ayant un niveau différent d’études et de culture
la grande variété de formes
l’emploi du langage littéraire en mélange avec le langage quotidien
la fusion d’éléments lexicaux et des styles
la variété et la richesse du vocabulaire, en fonction du domaine et de la thématique abordés
l’utilisation d’un langage accessible, déterminé par la variété du public
l’emploi des procédés pour attirer l’attention – des titres, des sous-titres, des images, des illustrations, des couleurs
Confrontée à la révolution du numérique, la presse écrite doit bien gérer ses atouts pour rester dans les préférences des lecteurs. En plus, elle doit garder son esprit critique et ses principes de base pour rester un instrument de la démocratie d’un peuple. Le contexte social rend ces obligations de plus en plus difficiles à accomplir, le journaliste étant préoccupé, en même temps, que son écriture existe.
Les sources multiples d’information peuvent menacer l’existence de la presse, la responsabilité de ses actes, l’attitude juste envers la réalité qu’elle devrait présenter. Des sujets sensibles peuvent déséquilibrer à jamais l’image d’un trust média. Ainsi, un lecteur averti doit apprendre à dévoiler le sens caché d’un article, le non-dit du côté verbalisé, à décrypter des phrases où les jeux de mots les rendent incompréhensibles.
C’est vrai que la presse a connu, depuis quelques années, un essor extraordinaire en ligne, mais on se demande si cette relation que le journal a eue depuis toujours avec ses lecteurs ne va pas souffrir, à cause de l’éloignement, de la distance et du caractère artificiel du numérique.
Défini comme un système de signes rationnel, qui transmet les pensées d’un individu vers un autre, le langage du media devient responsable de communiquer une information, de créer une attitude, de provoquer des réactions et des émotions. Même si le discours journalistique est, dans la plupart des situations, construit de clichés, de tournures, de répétitions, de mots-clés, il se caractérise par le mimétisme, la promotion des préjugés et des stéréotypes. Le journaliste doit être conscient du pouvoir de son discours de provoquer une réaction, de déformer le présent ou même l’avenir.
Le discours médiatique doit être analysé du point de vue sémantique, lexical et grammatical, puisque le journaliste peut utiliser tous les niveaux de la langue pour construire son unicité. Les trucs et les astuces du langage des medias doivent être décryptés en vue d’assurer la compréhension du message et, surtout, de l’intention du journaliste.
Le langage est le résultat des choix qu’on fait entre les éléments lexicaux, en vue de surprendre le mieux les intentions de l’expéditeur. Pourtant, la presse met l’accent sur le destinataire et le message transmis, sans ignorer la personnalité de l’expéditeur. Le texte de la presse représente un mélange d’information, d’émotion, d’intention.
L’analyse des formes et des fonctions du langage des medias doit tenir compte des classifications qu’on peut y proposer. Ainsi, on peut classifier les mass-médias en fonction :
du public cible : en fonction du destinataire de la presse, on observe des différences langagières majeures. Ainsi, la presse peut avoir comme destinataire :
des enfants
des adolescents
des adultes
des filles
des garçons
des femmes
des hommes
du domaine spécialisé, parce que les hebdomadaires portent, souvent, sur un certain domaine, d’où le langage prend une certaine forme et une structure caractéristique. On peut y rencontrer de la presse
scientifique
littéraire
économique
sociale
politique
sportive
de l’actualité
de la périodicité
des quotidiens
des revues/ des magazines/ des hebdomadaires
des mensuels
des bimensuels
des trimestriels
du genre/ de la forme
des articles d’information
la brève
la revue de presse
l’écho
la synthèse
les récits
le reportage
la nécrologie
l’article historique
l’article documentaire
le portrait
les études
l’analyse
le dossier
l’enquête
les opinions extérieures
l’interview
la tribune libre
le communique
les commentaires
l’éditorial
la critique
la chronique
Cette classification permet aux lecteurs d’observer les différences langagières survenues comme suite au choix du public cible, du domaine abordé ou de la périodicité. Ainsi, les fonctions du langage changent en importance, le discours prend des notes lexicales diverses et spécialisées.
La diversité des formes du texte journalistique engendre une diversité langagière qui offre au discours l’aspect d’originalité, qui porte l’empreinte du journaliste et les marques du public-cible. On se demande si l’information reste la finalité immédiate du texte journalistique, grâce à sa diversité, grâce aux jeux lexicaux, grâce au style personnel du journaliste, aux finalités immédiates ou au désir d’orienter la pensée, de créer une attitude, de manipuler des actions. Le journaliste doit s’assumer le risque d’attirer l’attention, de faire agir, même de changer une direction de la société.
Le besoin de résister de point de vue financier, l’obligation de vendre met, parfois, en danger l’équilibre de la presse. Le respect pour eux-mêmes et pour les lecteurs oblige les gens des mass-médias de promouvoir les valeurs comme la démocratie, la loi, la vérité, le respect, la tolérance, l’équilibre.
Les effets d’un article sur ses lecteurs sont le résultat complexe des facteurs comme le sujet, le langage utilisé, le contexte, les conséquences immédiates. Le langage peut prendre de diverses formes, des tournures, des styles, le journaliste sachant exactement quels éléments attaquer pour une bonne réussite de son écriture. Le non-respect des règles, la tendance d’innover ou de choquer, mettent l’auteur en situation d’ignorer les normes du bon usage, l’écart aux normes représentant une carte de visite de son style. Tous ces choix font accentuer certaines fonctions du langage, soit la fonction expressive, conative, poétique, soit celle métalinguistique, phatique ou référentielle.
II.2. Tendances langagières dans la presse littéraire française
Traits définitoires de l’aspect littéraire de la presse écrite
Grâce à ses finalités directes, le domaine littéraire de la presse garde son aspect artistique, au-delà des limites du temps et de l’espace. Elaborée en but esthétique, la presse littéraire préserve son haut niveau culturel, pour le contenu et la forme, en même temps. La promotion de l’art, de la littérature, de la lecture permettent aux journalistes de créer au niveau de l’expression, d’utiliser des images artistiques et voire des innovations au niveau formel.
Dans son ouvrage, Le degré zéro de l’écriture, Roland Barthes soutient la supériorité du texte littéraire, vu comme image d’une époque, d’une culture, d’un peuple. La presse littéraire connait ses éclats en même temps que la littérature du XIXème siècle, le moment où les grands écrivains signaient aussi des articles de presse. Honoré de Balzac, Marcel Proust, Arthur Rimbaud, Sainte-Beuve sont seulement quelques exemples de grands écrivains, de grands symboles de la littérature française qui ont mélangé les deux domaines en tant que professionnels, la littérature et la presse.
Il faut observer que le domaine de la presse connait la même évolution historique, chronologique, sociale que le monde en général. En même temps, la presse spécialisée correspond à chaque domaine de la vie – économique, social, politique, voire littéraire. L’essor de la littérature, l’évolution du sens, de la forme, l’apparition d’un nouveau courant littéraire, les grands noms de la littérature deviennent des sujets abordés dans la presse littéraire d’une époque.
Même si le journal était susceptible de devenir un outil politique, surtout dans la période entre les deux guerres mondiales, la presse littéraire a été depuis toujours un vecteur, un instrument de l’art, où le code de conduite et le niveau de culture des lecteurs dépassaient le niveau moyen.
Le succès du domaine littéraire se reflète aussi dans l’ouverture de la population vers la presse littéraire. L’intérêt porté à la création littéraire devient un outil de référence pour le niveau de culture d’une société. Ainsi, l’évolution de l’aspect formel et du contenu des revues littéraires montre la préoccupation de toute une société.
Le manque d’intérêt pour la lecture représente un phénomène actuel qui caractérise la jeune génération et qui met en danger l’existence des trusts de presse littéraire. C’est, peut-être, le meilleur indicateur pour le niveau de culture d’un peuple, et, sinon, pour son avenir.
La presse littéraire doit parler du vécu, est obligée de partager entre l’information et l’émotion en même temps, elle doit s’imposer par l’intermédiaire de son style, elle doit trouver une forme et des principes qui la représentent le mieux. La tonalité des articles, le lexique, l’aspect formel complète les sujets abordés et les valeurs transmises.
La presse littéraire s’intéresse à la vie et à la création des artistes, à l’évolution et aux formes de manifestation des courants littéraires, en utilisant des formes diverses, à partir du portrait, d’un débat, d’une interview,
Le langage dans la presse littéraire actuelle
Le domaine du mass-média et surtout la presse littéraire a un impact réel sur la société. Le niveau de langue utilisé informe et forme en même temps la modalité d’expression dans une certaine période historique. Il y a donc des relations de réciprocité entre le langage de la presse et celui d’une société. Des fautes d’expression, des déficiences de sens, des écarts face à la norme littéraire peuvent influencer les deux secteurs de la langue.
Les spécialistes en linguistique ont décrit le style comme l’ensemble de traits définitoires qui peuvent caractériser un cumul de textes similaires comme but, contenu et forme. De ce point de vue, le langage des médias porte sur le domaine abordé : scientifique, politique, économique, littéraire. Si les domaines scientifiques s’imposent par l’existence des termes abstraits et des néologismes, le style officiel se caractérise par la présence des clichés linguistiques, le style journalistique se trouve à mi-chemin entre le style artistique et le style individuel.
La fonction principale du langage reste la communication, vue comme le processus d’expression des idées et des sentiments par l’intermédiaire de la langue. Ainsi, le langage de la presse littéraire s’individualise par la richesse des éléments lexicaux, l’emploi du sens figé des mots, l’accent mis sur l’expressivité du message mais aussi l’empreinte d’une personnalité, le journaliste imposant son propre style par l’intermédiaire du côté linguistique.
Si le journaliste est trop rigide ou trop laxiste face à la graphie ou à l’orthographie, s’il choisit d’utiliser le pronom « nous» ou le pronom «je», s’il introduit des éléments lexicaux du registre colloquial, toutes ceci représentent des marques qui individualisent son écriture. Il peut ignorer les normes littéraires, il a la possibilité d’inventer, d’élider, de créer au but d’attirer l’attention, de convaincre, de plaire, de transmettre une émotion.
L’inventivité se remarque au niveau phonétique, morphologique, lexical ou syntaxique. Dans le domaine de la presse littéraire écrite, le langage arrête de transmettre seulement une information, un message, il s’adresse à tous les éléments qui composent le schéma de la communication, puisqu’il a envie de plaire, de provoquer des émotions, de faire agir, de persuader, de transmettre des informations sur l’expéditeur du message, en liaison avec les éléments référentiels.
Ainsi, d’après le schéma de Roman Jakobson, on peut présenter les éléments composants de la situation de communication dans un texte média ainsi :
l’expéditeur du message représente le journaliste, qui a parfois des études es lettres, mais qui est obligatoirement préoccupé par le domaine artistique
le destinataire est représenté par un public assez divers, hétérogène, de point de vue du niveau professionnel, culturel, des études
le message peut prendre des formes diverses, comme le portrait d’un auteur, un reportage sur la vie et l’œuvre, une interview, une synthèse, une enquête, un dossier sur un événement ou sur un courant littéraire, un éditorial, une critique, une chronique etc. Construit comme un vecteur de l’information, le message porte l’empreinte individuelle et artistique à la fois, puisque la forme du message a comme but de sensibiliser, d’émouvoir, de plaire.
le contexte est représenté par les indicateurs spatiaux et temporels, d’habitude le présent immédiat.
le code est représenté par la langue française, avec des influences du style artistique et du style individuel. Le dernier temps, les journalistes ont tendance à mélanger le registre littéraire avec le registre colloquial.
le canal est mis en évidence par l’importance accordée à la forme, aux inventions lexicales, syntaxique, morphologiques, phonétiques, à l’emploi des clichés et des stéréotypes.
Le déplacement de l’intention d’une fonction langagière à l’autre ou d’un élément de la situation de communication à un autre, a provoqué, au fil du temps, de diverses théories sur le rôle et le but du texte de la presse littéraire écrite. La concision et la clarté des idées transmises se retrouvent dans l’adéquation de l’expression linguistique face aux concepts transmis par l’intermédiaire de la presse. Le style journalistique représente un mélange original entre le style littéraire et le style personnel.
Le texte de la presse littéraire française représente les diverses périodes d’affirmation de la langue française, l’évolution et le développement des systèmes politiques et sociaux. Il fait preuve de l’existence des lecteurs instruits, intéressés par la vie publique et culturelle, il montre le niveau de développement de la technologie, importante pour imprimer et transmettre les journaux.
Le texte publicitaire s’est construit sur les normes de la langue littéraire, des aspects langagiers que les journalistes habituent de styliser à leur gré, en vue de sensibiliser, d’attirer l’attention, de persuader, en introduisant des aspects de la langue parlée, du style colloquial et personnel. La nouveauté et l’actualité ont représenté une préoccupation pour les journalistes, parfois pour les écrivains qui ont publié leurs opinions dans des revues littéraires. L’apparition de certaines unités phraséologiques spécifiques, des cliches lexicaux, des formules dédiées à gagner la confiance du lecteur, ont offert au texte média un aspect original et quasi unitaire.
L’évolution de la presse écrite littéraire a marqué le triple investissement dans le mot : sémantique, métaphorique et littéraire-artistique. Le langage s’enrichit grâce à la terminologie spécifique aux domaines de spécialités, mais aussi grâce aux innovations qui se passent au niveau lexical et dont les journalistes ne se méfient pas d’utiliser de plus en plus fréquemment.
«Le style, c’est l’homme. », affirmait Buffon, dont les paroles prononcées lors d’une conférence sur le style à l’Académie Française, le 25 aout 1753, sont devenues célèbres et on les a associées au style média, caractérisé par une si grande diversité. Ainsi, le facteur temporel influence la perspective qu’on a sur le texte de la presse littéraire. Si, au début, la fonction conative du langage dominait tous les secteurs de la presse, en temps, d’autres fonctions sont devenues plus importantes, comme la fonction expressive et poétique.
La presse littéraire française du XIXe siècle se caractérise par :
le mélange des deux fonctions du langage – informative et affective
la tendance d’exprimer une attitude
la grande variété des articles
la transmission de différents messages, provenant de tout le monde culturel, non seulement du domaine littéraire
la présence des clichés
la préoccupation pour les éléments référentiels
Au début du XXe siècle, les théoriciens ont défini les fonctions de la presse, d’où dérivent les fonctions du langage de la presse :
– la fonction informative, d’où dérive la fonction conative du langage. L’information transmise par l’intermédiaire de la presse reste son objectif fondamental, puisque le journaliste s’oblige de transmettre de manière véridique et correcte les faits du monde artistique.
– la fonction de transmettre une attitude, d’où dérive la fonction expressive. On met de plus en plus l’accent sur la personnalité du journaliste, sur ses croyances et ses valeurs personnelles. C’est le moment où les grands écrivains du siècle expriment leur opinion sur les événements de l’époque par l’intermédiaire de la presse ou ils font connaitre leurs œuvres littéraires.
– la fonction d’amplification de la presse devient visible dans la préférence pour le sensationnel, pour la surprise, pour la forme du message transmis, donc pour la fonction poétique.
– la fonction de sélection de la presse oblige le journaliste à bien choisir l’information dans la réalité immédiate, qui correspond au temps et à l’espace où le journal apparait. La mise en relief du contexte renvoie à la fonction référentielle du langage de la presse écrite littéraire, dominée par l’idée de son éphémère lancée par Honoré de Balzac.
– la fonction de vérifier le contact avec le lecteur, un lecteur instruit et qui détient une certaine culture générale, se réalise par l’intermédiaire des images figées, des stéréotypes, des expressions clichés. De cet aspect de la presse dérive la fonction phatique du langage.
On doit mentionner ici l’ouverture du langage de la presse littéraire vers l’innovation lexicale. Le respect de la norme caractérise, en général, ce domaine de la presse, un langage élevé est parsemé d’écarts de la norme, considérés comme des actes de style. Ainsi, en utilisant fréquemment des citations célèbres appartenant à des écrivains connus, en formulant des titres elliptiques et pleins de néologismes, le journaliste de la presse littéraire définit son interlocuteur et ses principes.
Soumise comme tous les aspects de la presse écrite au clichés du sensationnel, de la surprise, de la panique collective, de l’exceptionnel, la presse littéraire répond aux besoins de la société à laquelle elle s’adresse. Ainsi, peut-on expliquer l’abus des néologismes, des constructions au superlatif, des mots utilisés à but émotionnel, des discours elliptiques, parfois discontinus, complétés par des éléments lexicaux du langage colloquial, familier. Ce mélange unique et original caractérise le corpus de la presse écrite, soit-elle littéraire ou informative, où transperce la personnalité du journaliste, sa culture générale et ses valeurs personnelles.
Caractérisé par les particularités stylistiques, par les innovations au niveau lexical, par la variété des moyens d’expression, par la richesse des clichés, la liberté de valoriser d’autres registres stylistiques de la langue, par l’exploration des ressources poétiques et des formules banalisées à la fois, le texte de la presse littéraire remplit toutes les fonctions du langage, en favorisant la fonction conative, référentielle et phatique. Pourtant, l’évolution historique du domaine de la presse a permis des transformations majeures en ce qui concerne les fonctions du langage, l’accent se déplaçant du destinataire vers l’expéditeur, de la fonction poétique vers la fonction phatique.
Les fonctions du langage dans la presse littéraire –
une approche critique
Même si on ne le considère pas comme un style différent, le langage journalistique a suscité bien des discussions sur les fonctions, les traits lexicaux et grammaticaux définitoires, des éléments qui imposent le texte de la presse écrite comme un corpus bien défini et bien original.
Toutefois, on remarque la tendance des théoriciens de considérer les points communs qui définissent toute la diversité des textes écrits présents dans la presse comme des caractéristiques du style. Ainsi, leur but commun d’informer, de persuader, de plaire construit un aspect commun de la langue, caractérisée par l’abondance des néologismes, des groupes nominaux, des adverbes de modes et de temps.
Les analystes de la presse acceptent l’idée que le texte journalistique a joué un rôle essentiel dans l’évolution de la langue française, dans la modernisation et l’uniformisation du langage littéraire. Le style média représente l’expression linguistique d’un moyen de communication en masse et se trouve à mi-chemin entre le langage soutenu et le langage courant, entre la langue spécialisée et la langue littéraire. Son ouverture vers tous les autres styles langagiers assure sa complexité et sa diversité.
De l’autre côté, la presse littéraire met l’accent sur deux fonctions principales du langage : la fonction référentielle, puisque l’information transmise fait partie d’un contexte spatial et temporel, ce qui rend le texte media éphémère. En même temps, toute forme de la presse doit médiatiser l’information en misant sur toutes les ressources disponibles : l’émotion, les jeux lexicaux, le sensationnel, les images figées et la réalité exagérée, les comparaisons suggestives, le parallélisme et l’antithèse, l’humour, l’ironie et la satire etc. Tout ce qui caractérise un aspect de la langue humaine devient possible dans le domaine de la presse, même de la presse littéraire.
En utilisant la théorie de Roman Jakobson comme point de départ, Paula Diaconescu définit le style média non-artistique, vu qu’il se caractérise par la structure linguistique composite, les stéréotypes linguistiques, les clichés de médiatiser et de convaincre.
En réponse, le linguiste Dumitru Irimia souligne que les caractéristiques du style média dérivent de ses particularités, comme :
la fonction double, informative et persuasive
l’attitude du publiciste et ses conceptions idéologiques, politiques et morales
le profil du journal/de la revue et sa mission
la culture linguistique et esthétique du journaliste
les traits tempéramentaux, comportementaux et déontologiques du journaliste
L’objectif de notre démarche critique est l’analyse du langage de la presse, de son évolution chronologique, au niveau des publications à but littéraire, comme dans La Revue de Paris, une revue littéraire parue entre 1829 et 1970, et Le Magazine Littéraire, qui a une histoire de publication depuis 1966 jusqu’à présent. Est-ce que les objectifs de la presse littéraire ont changé ? Est-ce qu’on met l’accent sur d’autres fonctions du langage ? Est-il le même, le style de l’écriture ? Ce sont des questions auxquelles nous nous proposons de répondre, à la suite d’une analyse comparée entre les deux grands noms de la presse littéraire française.
III.1. À l’aube de la presse littéraire en France : La revue de Paris, novembre 1894
Fondée en 1829 par Louis-Désiré Veron, La Revue de Paris a vu la lumière du jour dans une période fleurissante de la littérature française. Conçue pour concurrencer la Revue des Deux Mondes, elle réussit d’accueillir de grands noms du monde artistique français contemporain. Si Honoré de Balzac a publié dans les pages de la revue l’Elixir de longue vie, Sarrasine, La femme de trente ans, Père Goriot, d’autres écrivains comme Benjamin Constant, Alexandre Dumas, Sainte-Beuve, Giraudoux, Paul Valery, André Gide, Gustave Flaubert ont découvert le succès grâce à La Revue de Paris.
Ayant un destin assez tumultueux, l’apparition de la revue a été plusieurs fois interrompue, à cause de soucis sociaux, politiques, économiques. Le journal Le Monde annonce, le 27 mars 1970 la disparition de la revue, à cause «d’un mouvement de dépréciation des revues strictement littéraires.»
La Revue de Paris présente un riche répertoire de la vie française de plus d’un siècle, où les grandes créations littéraires et artistiques sont devenues célèbres, où les grands écrivains d’une époque ont exploité des sujets quotidiens et ont publié une partie de leur œuvre, où les publications relevaient toujours d’une réalité immédiate, assez cosmopolite. La publication représente dans ses pages l’image de la France culturelle, politique, sociale, artistique, philosophique.
Symbole de la presse littéraire française, La Revue de Paris créé l’image complexe des courants artistiques et littéraires d’une époque, surprend les transformations de la vie sociale d’un pays en profondes bouleversements, saisit l’évolution de la langue française et du langage journalistique à la fois. Le fait que la presse littéraire de l’époque surprend le déplacement de l’accent de l’information transmise vers l’impact qu’elle provoque sur le lecteur, du destinataire vers la forme du message, représentent des transformations typiques de la presse écrite en général, et de la presse littéraire en spécial, des débuts de la presse jusqu'à nos jours.
Dans la publication de novembre-décembre 1894, le numéro devenu sujet de notre analyse, on rencontre des titres divers, qui couvrent comme préoccupations la vie sociale, politique, artistique et littéraire. La France du 19e siècle et ses bouleversements se reflètent comme dans un miroir dans les pages de la revue. «Le quart d’heure de grâce » de Henry Joly, «Feuilles détachées» de Louis Legendre, «Repentir – scène pour mezzo-soprano » de Ch. Gounaud, «Une amitié romanesque» de S. Rocheblave se trouvent à côté de titres divers du monde social, politique, culturel comme «L’empereur Alexandre III » d’Anatole Leroy Beaulieu, « La dotation des musées nationaux» de L.E. Serre ou « Les origines de la langue et de la littérature anglaise» d’Emile Boutmy.
Le premier article, signé par Louis Ganderax annonce la mort d’un fondateur de la revue, James Darmesteter, qui a lié son destin à l’existence de la revue. L’article fixe, en grandes lignes, les directions suivies par la revue, dans un langage soutenu, avec des phrases amples et complexes, où la formation littéraire du journaliste transperce sa motivation, celle de transmettre une information et de rendre hommage aux prédécesseurs.
Le discours soigné, la présence des figures de style, les phrases elliptiques mettent en évidence l’image de la presse littéraire du 19e siècle, où l’intérêt pour la forme du message provoque des discussions sur la relation entre le texte littéraire et le texte journalistique. La presse française garde bien des traces du discours littéraire, les publications des écrivains contemporains y contribuent. Le journaliste connait bien sa mission, le niveau de culture de son destinataire et se propose de toucher, de sensibiliser par l’intermédiaire du langage.
En ce qui concerne le langage de la presse littéraire du 19e siècle, on observe l’exploitation, en principal, des fonctions poétique et expressive. L’auteur des articles met toute sa formation intellectuelle au service de son discours, en tant que la forme littéraire du discours montre, en même temps, le respect pour le destinataire et pour lui-même. On doit mentionner que les fonctions conative et référentielle se trouvent dans un arrière-plan et la fonction phatique est semi-absente.
« Une amitié romanesque – George Sand et Madame d’Agoult», l’article signé par S. Rocheblave le 15 décembre 1894 est représentatif pour les débuts de la presse littéraire française. Formé d’un groupe nominal, le titre annonce subtilement un fait de la réalité immédiate – l’amitié entre deux symboles de l’art français contemporain.
En analysant les éléments constitutifs de la situation de communication, on peut observer que :
l’émetteur du message est le journaliste S. Rocheblave, qui signe et qui s’assume l’opinion transmise. L’auteur utilise la IIIe personne du singulier « on», le pronom indéfini qui a comme but d’établir une distance émotionnelle face aux faits relatés. Le début essaie de fixer la distance que le narrateur préfère, en gardant seulement le rôle de raconteur : « on imaginerait».
le destinataire n’est pas mentionné dans le corpus de l’article, mais on peut deviner sa formation intellectuelle à partir des connaissances culturelles auxquelles l’auteur fait référence, ou tenant compte du langage soutenu utilisé.
le message représente une histoire célèbre d’amitié, vue par l’intermédiaire des gens de l’époque. Le journaliste marque sa distance entre lui-même et les faits racontés, en insistant sur un aspect objectif, réaliste, correcte de la réalité immédiate. La préoccupation pour la forme du message fait preuve de la formation littéraire de l’émetteur et du destinataire à la fois, une préoccupation devenue symbolique pour la presse de l’époque.
le code utilisé représente le registre soutenu de la langue française du XIXe siècle.
le contexte est établit dès le début de l’article, soutenant une des fonctions de la presse d’informer sur la réalité : le printemps du 1835, à Paris.
le canal est représenté par l’aspect imprimé du journal, dont la distribution favorisait les gens de culture.
On peut ainsi remarquer le rôle attribué aux éléments constitutifs de la situation de communication, dans la presse littéraire française du 19e siècle. Quant aux fonctions du langage qu’on peut identifier dans l’article analysé, on peut affirmer qu’il y a un fort déplacement entre les débuts de la presse et le présent. Le monde a changé, la presse reste une image fidèle de la réalité immédiate et des préoccupations culturelles de la société.
Pour montrer l’évolution de l’intérêt des journalistes, nous choisissons de présenter en ordre d’importance les fonctions du langage :
La fonction poétique est la plus importante dans le texte média analysé. La phrase complexe, le jeu des temps verbaux – le passé simple et l’imparfait, utilisés dans les récits littéraires pour raconter des faits, l’abondance des adjectifs, des noms, des adverbes, l’intérêt pour un aspect soigné, précieux de la langue française, à valences artistiques, met en évidence la forme de la presse littéraire de cette période-là. La présence des fragments d’œuvres littéraires connues au grand publique de l’époque, rendus entre les guillemets offre au texte écrit une puissance artistique cherchée par le journaliste.
La fonction expressive occupe, d’après nous, la seconde place entre les préoccupations des journalistes, puisque l’auteur veut faire preuve de son érudition par les citations et les exemples littéraires qu’il utilise dans son article.
La fonction référentielle fixe en temps et en espace les faits racontés. Le but de l’auteur dépasse les objectifs littéraires, en insistant aussi sur l’information du public cible des histoires de la vie littéraire contemporaine. C’est plutôt une présentation de faits réels, en juxtaposant des documents authentiques appartenant aux personnes visées.
La fonction conative complète les fonctions du langage des medias au 19e siècle, où l’intérêt de persuader, de provoquer une transformation, une réaction sur le destinataire du message n’était pas forcement présent. Si dans la presse purement informative, cette époque marque l’intérêt d’informer et de persuader à la fois, dans la presse littéraire cette préoccupation arrive plus tard, du XXe siècle jusqu'à présent. Le domaine de la presse littéraire garde son aspect unique et ses fonctions différentes face aux besoins de la société.
La fonction métalinguistique est présente dans le discours de la presse écrite littéraire par la préoccupation pour le niveau de langue utilisé, l’aspect soigné et précieux de la langue française, où les gens de lettres pouvaient déchiffrer une phrase complexe, parsemée de métaphores et d’images artistiques clichés. En faisant référence aux textes littéraires consacrés, aux noms du monde littéraire contemporain avec le journaliste, on peut identifier l’intérêt pour le code utilisé.
La fonction phatique assure la communication entre l’auteur de l’article et ses lecteurs. En ce sens, on observe l’utilisation des phrases comme «Comment la liaison avait-elle commencé ?» Le cliché typiquement journalistique, mais présent aussi dans le discours littéraire, se propose d’attirer l’attention du lecteur, de faire croitre l’intérêt pour la lecture, de motiver sa continuation. Même si cette fonction est faiblement représentée dans la presse du XIXe siècle, on observera sa présence dans la presse littéraire de nos jours.
Ayant comme objectif direct la transmission de l’information immédiate du monde artistique, la presse littéraire a essayé, dès ses débuts, de rapprocher le monde littéraire au monde réel, de « faire descendre la littérature dans la rue », selon les objectifs des modernistes. En offrant une image moins idyllique à la vie des écrivains, la presse littéraire veut établir une connexion profonde entre l’écrivain et le lecteur, entre la littérature et la vie réelle.
Le fait qu’elle propose une diversité de thèmes, l’intérêt offert au destinataire et à la forme du message, le fort mélange entre le style littéraire et le style journalistique, font de La Revue de Paris un symbole de la presse littéraire française du XIXe siècle et dont les images fournies retracent le portrait de la France et du lecteur français de cette époque-là.
III.2. La presse littéraire contemporaine : Le Magazine littéraire, mensuel 577, mars 2017
À côté de La Nouvelle Quinzaine Littéraire et Lire, Le Magazine Littéraire fait partie du noyau de la presse strictement littéraire de la France contemporaine. Créée en 1966 par Guy Sitbon, la publication représente l’image complexe d’une société à mi-chemin entre la préoccupation vivante pour l’art antique et médiéval et, de l’autre côté, une jeune génération dominée par l’ignorance et l’indifférence face au domaine artistique.
Ayant un parcours complexe, la revue n’a jamais cessé de paraitre, ce qui prouve l’intérêt des lecteurs, un public spécialisé et caractérisé par un niveau supérieur de culture. Si, au début, le magazine paraissait deux fois par mois, elle devient mensuelle à partir du numéro 3. On remarque une grande préoccupation pour informer et pour plaire en même temps. La grande diversité des thématiques, des «dossiers» et la mise en ligne de la revue montre une grande capacité d’ouverture et d’adaptation au cours naturel du monde.
Il est facile d’observer l’existence des éléments communs qui réussissent d’unir la diversité d’articles. Le ton choisi, le langage utilisé, le mélange de l’émotion avec l’information, la préoccupation de plaire et de toucher au public, toutes ceci créent une revue cohérente, complexe, moderne. Parmi les catégories identifiées dans les pages de la revue, on remarque : Théâtre, Festival, Enquête, Critique, Cinéma, Hommage, Beaux-livres, Portrait.
Le numéro de mars 2017 qu’on se propose d’analyser met en évidence la mission de la revue, telle que les rédacteurs en chef ont présentée : le Magazine Littéraire doit renouveler la littérature classique, en imposant des noms et des créations de référence pour l’époque. En même temps, la publication se veut une liaison entre la réalité et la fiction, entre le présent et le passé. Le fait qu’il y a une vive préoccupation pour l’histoire littéraire n’exclue la promotion de nouveaux livres, de nouveaux artistes.
Le fait que la revue se préoccupe de la diffusion de tous les domaines de l’art devient très clair des dossiers qu’elle propose, en essayant de lier le passé au contemporain, la musique à la littérature. Des titres divers tels Traduire la traduction, Des bas en haut, Victor Hugo vient de mourir, Plume et dynamite offrent au lecteur une diversité de sujets, une complexité de perspectives appartenant à des journalistes célèbres.
L’article L’âme, une affaire de foi, publié dans le numéro de mars 2017, est une chronique de Luc Ferry, qui représente tous les principes de la revue, la relation avec le lecteur, avec le registre de langue choisi, avec les fonctions du langage mises en évidence.
Construit d’une phrase elliptique, le titre tourne autour d’une apposition : l’âme représente une affaire de foi. Le titre annonce le thème de l’article, mais aussi la conclusion de Luc Ferry. Construit comme un texte argumentatif qui présente des connecteurs logiques et une structure spécifique, le texte met en discussion la relation entre le corps et l’esprit, en utilisant des citations en latin et des références à des auteurs célèbres tels Descartes ou Platon.
Le chapeau de l’article impose un aspect littéraire de la langue, une langue française précieuse, parsemée de métaphores, d’épithètes, de comparaisons sonores. «L’âme. En grec psuchè, qui a donné psychique et que traduit le latin anima.» En fait, c’est une définition qui provoque toutes les questions autour du sujet, qui font possibles des références à des écrivains contemporains, à des œuvres célèbres de l’Antiquité et de la Renaissance.
À une analyse des éléments qui constituent la situation de communication, on remarque un changement de position entre la presse du XIXe siècle et la presse littéraire contemporaine :
l’expéditeur du message est le journaliste Luc Ferry, qui utilise la première personne du singulier et qui s’assume l’opinion transmise. En ce sens, après avoir présenté des faits extérieurs, en ce qui concerne les diverses théories concernées, le journaliste souligne sa présence en s’assumant une position face aux directions présentées. Ainsi, on rencontre « je partage», « je pense», « j’aime», « D.M me répond».
le destinataire est strictement fixé à l’avance, grâce aux notations culturelles qu’il faites, grâce aux remarques aux grandes œuvres de l’Antiquité et aux termes lexicaux en latin, qui embellissent l’écriture.
le message représente une opinion personnelle sur la relation entre le corps et l’âme, une approche qui réside sur des références célèbres de la littérature antique ou contemporaine.
le code utilisé représente le registre littéraire de la langue française du XXIe siècle.
le contexte est représenté par la parution d’un livre appartenant à Denis Moreau qui attaque le même thème.
le canal est représenté par le web site de la revue qui favorise la rapide diffusion de la publication dans le milieu en ligne.
On observe donc une réorganisation des éléments qui composent la situation de communication. Dédié à un public bien défini, on remarque l’accent mis sur l’émetteur du message, présent dans l’article par la première personne du singulier, et sur la forme du message. La structure d’argumentation met en évidence l’importance du canal choisi, le pouvoir de persuader donc, d’utiliser la fonction phatique.
La fonction phatique devient plus évidente que dans la presse littéraire du XIXe siècle. Le journaliste est présent dans le texte écrit, il signe l’article et énonce son opinion sur les faits présentés. On n’assiste pas à une présentation d’événements, mais de concepts, de théories, d’œuvres. La structure d’argumentation soutient aussi la fonction phatique du langage, puisque l’auteur exprime de manière directe l’intention de répondre à un dilemme, présenté dès le titre – L’âme, une affaire de foi. Les arguments fortifient par les références littéraires, les connecteurs logiques et l’expression de l’opinion personnelle en final mettent en évidence la fonction phatique. L’auteur utilise même un procédé spécifique au domaine journalistique, où la question rhétorique est susceptible de capter l’attention du lecteur, d’embellir l’expression, de nuancer d’autres opinions : «Reste la question essentielle pour le croyant – cette âme singulière continue-t-elle de vivre quand le corps meurt ? » Ainsi, située au milieu de l’article, la question ouvre le territoire des opinions avisées de la littérature contemporaine. La phrase finale laisse ouverte la problématique attaquée dans l’article : «En quoi nos débats sur la nature de l’âme ne sont pas prêts de se clore. »
La fonction poétique est aussi importante dans le second texte média analysé. Le journaliste utilise la structure d’un texte argumentatif, avec un aspect soutenu de la langue française. L’expression porte l’empreinte du domaine littéraire, avec les phrases elliptiques, les figures de style, les phrases complexes et des images artistiques savoureuses. En fait, la forme du message peut être facilement associée à un texte littéraire, où les références aux grandes œuvres de l’humanité, aux grands créateurs comme Descartes ou Platon, offrent un texte de grande valeur artistique. La présence des éléments lexicaux latins tels « in fine», « hic et hunc», dans la cursivité du texte, montre la formation intellectuelle du journaliste, du public cible et impose un aspect élevé au discours.
La fonction expressive occupe aussi une place importante, grâce à la présence de la première personne du singulier dans la construction du texte. L’auteur tient à transmettre son opinion face au thème abordé, en utilisant des verbes et des pronoms du type «j’aime», «je pense», «quant à moi ».
La fonction référentielle offre des informations liées au présent par l’apparition d’un livre appartenant à Denis Moreau, qui traitent le sujet de «l’âme, une affaire de foi». L’article traite de la réalité immédiate, mais s’éloigne dans le temps en essayant de présenter l’évolution de la thématique pour les grands penseurs.
La fonction conative est mise en évidence par la présence des informations concernant le profil du destinataire, un intellectuel avec une large culture générale, capable de desceller l’ironie du ton grave, de comprendre les termes latins, de filtrer la nécessité de descendre loin dans l’histoire pour comprendre la gravite du thème.
La fonction métalinguistique est présente dans le discours de la presse écrite littéraire par la préoccupation pour le niveau de langue utilisé. En s’adressant à des intellectuels qui aiment la littérature, le journaliste joue des mots, des références culturelles et linguistiques. Il connait très bien ses lecteurs, il construit un discours bien cible.
Ayant un but évidemment littéraire, les deux articles analysés marquent une évolution certaine, un déplacement entre les éléments composant la situation de communication, selon la théorie de Roman Jakobson. Ainsi, on enregistre une modification entre les fonctions du langage, au fil du temps.
Si au XIXe siècle la presse littéraire se confondait pratiquement à la création littéraire, on remarque une évolution dans la forme et dans le contenu de la presse contemporaine. La presse reste une image fidèle de la société, la presse littéraire se construit comme un passage entre l’histoire et le présent, en unissant toutes les époques culturelles. Son rôle le plus évident est d’établir une liaison entre le monde des arts et la vie réelle.
Pourtant, le public cible de la presse littéraire préserve ses qualités – le côté intellectuel doublé d’une forte culture générale et de l’amour pour l’art. Les journalistes connaissent leur public et sont toujours à la recherche des moyens convenables à transmettre un cumul d’idées. Face à la Revue de Paris, la publication Magazine Littéraire est plus proche de la presse informative. La présence du « je», du journaliste, confère à l’écriture un aspect plutôt personnel.
Ayant la même mission, de faire promouvoir l’art, les deux publications représentent des symboles de la presse littéraire française et reflètent les transformations qui ont eu lieu, à travers l’histoire, en ce qui concerne les objectifs, la relation avec la presse informative ou avec le texte littéraire, en déplaçant l’accent du destinataire et du message transmis vers le canal et l’émetteur.
Conclusions
Les fonctions du langage restent un sujet abordé par des spécialistes es lettres et des psychologues en même temps, grâce à la complexité de la problématique. Mass-média représente un secteur actif de la communication humaine contemporaine, considéré le quatrième pouvoir en Etat. L’analyse des fonctions du langage dans la presse écrite littéraire représente un défi, pour un domaine en plein processus d’évolution.
Dans le premier chapitre, Le langage et ses fonctions – perspectives diachroniques, nous avons présenté l’histoire et l’évolution du langage, de plusieurs points de vue. En même temps, la seconde partie du premier chapitre s’est concentrée sur les théories apparues dans la littérature de spécialité, concernant les fonctions du langage. Nous avons adopté comme modèle d’analyse la taxinomie de Roman Jakobson, dont on a suivi la structure dans l’approche critique.
Le deuxième chapitre, La presse littéraire française – une approche sociolinguistique réalise une présentation du langage des medias, les formes, les fonctions et les tendances, les clichés, les stéréotypes qu’on rencontre dans la presse littéraire contemporaine.
Le troisième chapitre, Les fonctions du langage dans la presse littéraire – une approche critique, propose une double analyse des fonctions du langage dans la presse littéraire, en deux moments distincts de l’évolution des mass-médias : en 1894 et en 2017. Les deux publications concernées, Revue de Paris et Magazine Littéraire représentent le noyau de la presse littéraire en France, ayant le même but, de rapprocher le lecteur à la culture, à des moments historiques tout à fait différents. L’analyse a mis en évidence l’évolution enregistrée dans le domaine langagier de la presse littéraire, l’accent déplacé entre les distincts éléments de la situation de communication et la mise en relief de différentes fonctions du langage.
La presse littéraire reste à mi-chemin entre le monde littéraire et la presse informative, ayant un public bien défini, qui se caractérise par un haut niveau de culture, qui préfère un langage précieux et qui désire que la presse établisse une passerelle entre le passé et le présent, l’histoire et le monde contemporain, les grands artistes de tous les temps.
Bibliographie
Alic, Liliana (2006) – La Sémantique, Editura Universitatii “Transilvania”, Brasov.
Cristea, Teodora (2001) – Structures signifiantes et relations sémantiques en français contemporain, Editura Fundatiei România de mâine, Bucuresti.
Huot, Hélène (2005) – La morphologie. Forme et sens des mots du français, Armand Colin, Paris.
Jakobson, Roman (1963) – Essais de linguistique générale, Paris, Editions Minuit.
Kalifa, Dominique (2004) – Pour une histoire littéraire et culturelle de la presse du XIXe siècle, Edition Nouveau Monde.
Saussure, Ferdinand (1997) – Cours de linguistique générale, Grande Bibliothèque Payot.
Thérenty, Marie-Eve (2003) – Pour une histoire littéraire de la presse au XIXe siècle, Université de Montpellier.
Le Magazine Littéraire, mensuel 577, Mars 2017 – L’âme, une affaire de foi
La Revue de Paris, novembre 1894, no. 1, – Une amitié romanesque
www.magazine-litteraire.com
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UNIVERSITATEA _______________________________________
FACULTATEA ________________________________________________
LUCRARE DE LICENȚĂ/DISERTAȚIE
Les fonctions du langage dans la presse littéraire
Coordonator științific,
prof. univ……………….
Candidat,
………………………………
(localitate),
2017
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Les fonctions du langage dans la presse littéraire
L’apparition, le rôle et les fonctions du langage ont préoccupé depuis toujours des spécialistes de différents domaines, des linguistes aux psychologues,
Dans le premier chapitre, Le langage et ses fonctions – perspectives diachroniques, nous avons présenté l’histoire et l’évolution du langage, de plusieurs points de vue. En même temps, la seconde partie du premier chapitre s’est concentrée sur les théories apparues dans la littérature de spécialité, concernant les fonctions du langage. Nous avons adopté comme modèle d’analyse la taxinomie de Roman Jakobson, dont on a suivi la structure dans l’approche critique.
Le deuxième chapitre, La presse littéraire française – une approche sociolinguistique réalise une présentation du langage des medias, les formes, les fonctions et les tendances, les clichés, les stéréotypes qu’on rencontre dans la presse littéraire contemporaine.
Le troisième chapitre, Les fonctions du langage dans la presse littéraire – une approche critique, propose une double analyse des fonctions du langage dans la presse littéraire, en deux moments distincts de l’évolution des mass-médias : en 1894 et en 2017. Les deux publications concernées, Revue de Paris et Magazine Littéraire représentent le noyau de la presse littéraire en France, ayant le même but, de rapprocher le lecteur à la culture, à des moments historiques tout à fait différents. L’analyse a mis en évidence l’évolution enregistrée dans le domaine langagier de la presse littéraire, l’accent déplacé entre les distincts éléments de la situation de communication et la mise en relief de différentes fonctions du langage.
Le but de notre étude a été d’observer les éléments qui composent la situation de communication dans la relation presse-public, de constater une certaine évolution de la mission du texte journalistique, d’observer la distance entre le texte littéraire ayant un but artistique et l’article de presse littéraire, de noter l’évolution qui s’est passée, au fil du temps, dans le choix du langage, le style, le respect ou le non-respect de la norme.
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