Le Progres Dans Les Miserables

Introduction

Dans le roman, la représentation détaillée et crue de la réalité de la misère sociale contemporaine se combine avec une mise en scène dramatique des paroles et des actions de personnages héroïques. Ainsi, plus qu’un roman réaliste, le récit d’Hugo est une épopée, voire un évangile moderne.

Les Misérables dépeignent de manière réaliste la souffrance de la classe ouvrière parisienne du début du XIX siècle et la criminalité qui l’accompagne. Le roman dénonce les injustices de la société de son temps.

Le roman a muri dans l’esprit d’Hugo pendant une trentaine d’années ; il témoigne aussi bien de ses préoccupations sociales et spirituelles que de nombreux souvenirs personnels.

Jean Valjean exprime bien le mythe du progrès. Comme Quasimodo dans Notre-Dame de Paris, a au début du roman l’âme attirée seulement par la partie matérielle de l’existence. Pourtant le vol d’un pain, pour lequel il est condamné dénote aussi chez Jean Valjean sa faim des valeurs spirituelles. Ce qui intéresse Hugo c’est la conversion du mal, le repentir qui mène à la vertu, l’espoir dans le Progrès. Ce n’est pas l’ascension sociale de Jean Valjean qui est la plus importante, mais son ascension morale, son évolution des ténèbres (symbolisée par la traversée des égouts de Paris) à la lumière.

On met en évidence dans ce chapitre le fait que le roman représente l’histoire de la déchéance et de la rédemption de Jean Valjean. Comme Quasimodo, au début du roman Jean Valjean a l’âme en proie à la matière. Petit à petit son âme se purifie par le sacrifice et l’amour. Pour Hugo l’évolution spirituelle passe par la souffrance.

Chapitre I. Biographie de Victor Hugo (1802-1885)

I.1 Les voyages de jeunesse (1802-1821)

1802 – Victor Hugo est né à Besançon le 26 février 1802. Il est le troisième fils de Leopold et Sophie Hugo.

Son père le colonel Léopold Hugo est militaire de carrière. Sa mère est issue de la bourgeoise vendéenne et séparée du père d’Hugo alors que celui-ci avait dix ans.

1809 – Son père qui deviendra général de Napoléon en 1809 entraîne toute la famille sur les routes de France et d'Europe.

1811 – Sophie Hugo vient rejoindre son mari à Madrid avec ses trois enfants. Elle y reste un an. Cette année-là, Victor Hugo est pensionnaire dans une institution religieuse de Madrid, le collège des Nobles.

1812 – En mars 1812 ses parents se divisent et Sophie Hugo retourne vivre dans le quartier du Val de Grâce à Paris. De retour à Paris, Victor Hugo grandit auprès d'une mère tendre et assez libérale.

1816 – Il s'adonne aux lettres et dès 1816, alors qu'il n'a que quatorze ans, qu'il note : "Je veux être Chateaubriand ou rien".

1817 – L'Académie, à l'occasion d'un concours qu'elle organise, est à deux doigts de lui décerner le prix; mais le titre du poème de Victor Hugo, Trois lustres à peine, suggérant trop le très jeune âge du poète, effraye les jurés. Le prix lui échappe.

1819 – En 1819 il se fiance secrètement, auprès la jalousie de son frère Eugène et contre l'avis de sa mère, avec Adèle Foucher, une amie d'enfance.

1820 – 9 mars. Victor Hugo reçoit une pension de 2000 francs du roi Louis XVIII pour son Ode sur la Mort du Duc de Berry

1821 – Sophie Hugo, la mère de Victor Hugo meurt le 27 juin. Moins d'un mois après, le 20 juillet, son père se remarie avec Catherine Thomas.

I.2 Du Cénacle à la Gloire (1822-1850)

1822 – Victor Hugo imprime ses premières Odes. Il épouse, le 12 octobre, Adèle Foucher, à Saint-Sulpice. Son frère Eugène ne s'en remettra pas. Il abîmera peu à peu dans la schizophrénie et il sera interné.

1823 – En juillet, naissance du premier des cinq enfants qu'auront Victor et Adèle Hugo. Il s'appelle Léopold, comme son grand-père. Léopold meurt prématurément le 9 octobre.

1824 – En mars, Victor Hugo publie ses Nouvelles Odes. Un an en conséquence la mort de Léopold naît Léopoldine.

1825 – Victor Hugo est fait chevalier de la Légion d'Honneur.

Il devient chef de file d'un groupe de jeunes écrivains en créant le Cénacle.

1826 – Il commence l'écriture de Cromwell, un drame en vers. Le 2 novembre naît Charles Hugo. Pendant ce même mois il publie ses Odes et Ballades.

1827 – Publication de Cromwell en décembre. Dans la préface, qui est un véritable manifeste, il s'engage en faveur du romantisme contre le classicisme. C'est le début de son amitié avec Sainte-Beuve.

1828 -Mort de son père le 29 janvier. En octobre naissance de François-Victor Hugo.

1829 – En janvier et février, publication des Orientales et du Dernier jour d'un condamné. En Août, sa pièce Marion De Lorme est censurée.

1830 – Lors de la première représentation de Hernani, le 25 février, devant le public de la Comédie-Française, lutte célèbre entre les partisans du classicisme et les jeunes "crinières" du romantisme. Ces derniers remportent le succès par leurs applaudissements. Ils livrent chaque soir ce que l'on a nommé "la bataille d'Hernani". Victor Hugo devient ainsi le chef de file de l'école romantique.

Le 28 juillet, naissance d'Adèle Hugo. Début de l'idylle entre Adèle, l'épouse de Victor Hugo et Sainte-Beuve.

1831 – Le 15 mars, publication de son premier roman historique, Notre-Dame de Paris. La Révolution de 1830 permet à sa pièce, Marion de Lorme, d'être jouée à la Porte Saint-Martin . Elle obtient un assez grand succès. Le 24 novembre, Victor Hugo publie les Feuilles d'Automne.

1832 – Ecriture de la pièce Le Roi s'amuse, et de Lucrèce Borgia. Le 22 novembre a lieu la première de Le Roi s'amuse. Lors de cette représentation au Thêatre-Français, c'est le scandale et la pièce sera prohibée. Cette interdiction vaudra à Hugo de plaider lui-même lors d'un procès mémorable la cause de la liberté d'expression

1833 – 2 février, première de Lucrèce Borgia; pièce dans laquelle joue Juliette Drouet. Elle deviendra quelques semaines après la maîtresse de Victor Hugo et le restera jusqu'à sa mort.

Première de Marie Tudor le 6 novembre. Le rôle-titre est interprété par Melle Georges, actrice favorite de Napoléon 1er.

1834 – Fuite de Juliette Drouet en Bretagne. Victor Hugo la rejoint

1835 – Ecriture d'Angelo dont la première a lieu le 28 avril. Rupture entre Victor Hugo et Sainte-Beuve. Le 26 octobre, publication des Chants du crépuscule

1836 – Victor Hugo essuie ses deux premiers échecs à l'Académie française : le 18 février, elle lui préfère Dupaty et le 29 décembre, Mignet.

1837 – Mort de son frère Eugène. Publication des Voix intérieures. Victor Hugo s’unisse de la famille royale d'Orléans et est fait Officier de la Légion d'Honneur.

1838 – Première de Ruy Blas que Victor Hugo a écrit pour l'inauguration du Théâtre de la Renaissance. Lassé des querelles du Thêatre-Français, il espère bien faire du Théâtre de la Renaissance son théâtre favorisé.

1839 – Voyage avec Juliette Drouet en Alsace, en Suisse et dans le sud-est de la France.

1840 – Troisième échec à l'Académie Française.

Il assiste avec Juliette au retour des cendres de Napoléon.

1841 – A sa quatrième tentative, Victor Hugo est élu à l'Académie Française. La réception a lieu le 3 juin.

1843 – Sa fille Léopoldine épouse Charles Vacquerie.

Le 7 mars, première des Burgraves. La pièce qui est un échec marque la fin du rêve de Victor Hugo d'un théâtre qui soit à la fois ambitieux et apprécié. Cet échec ainsi que les tragédies familiaux qui l'affectent, vont éloigner Victor Hugo du théâtre.

Le 4 septembre, Léopoldine et son époux se noient dans la Seine, à Villequier. Victor Hugo, alors dans les Pyrénées, l'apprend le 9 septembre par la lecture d'un journal. Il rentre à Paris le 12. Période deuil et de désespoir. Il arrête d'écrire pendant trois ans.

1845 – Le 13 avril, Louis-Philippe signe le décret nommant Victor Hugo pair de France.

Liaison passionnée avec Léonie Biard auprès de laquelle il est surpris le 5 juillet en flagrant infraction d'adultère. Scandale public. Léonie Biard est emprisonnée, tandis que son titre de pair de France vaut à Hugo d'échapper à la prison. Victor Hugo se fait oublier et commence à écrire les Misères, qui deviendront Les Misérables

1848 – Le 4 juin, Victor Hugo est élu député. Le 20 juin, il prononce son premier discours à l'Assemblée 1er août. Il soutient la candidature de Louis-Napoléon Bonaparte à la présidence de la République.

1849 – En juillet, Victor Hugo fait scandale à l'Assemblée en prononçant son discours sur la misère. Bien qu'ayant soutenu sa candidature l'année précédente, Il s'oppose à Louis-Napoléon qu'il considère comme un dictateur. Il fuit en Belgique.

1850 Le 15 janvier, discours de Victor Hugo à l'Assemblée sur la liberté de l'enseignement, le suffrage universel et la liberté de la presse.

I.3 L'exil (1851-1870)

1851 – En juillet, discours de Victor Hugo à l'Assemblée contre les projets de Louis Bonaparte. Fin juillet, Charles Hugo est écroué à la Conciergerie, en novembre, c'est le tour de François-Victor. Violemment opposé au coup d'État du 2 décembre 1851, il tente, en vain, d'organiser la résistance. Le 11 décembre au soir, muni d'un faux passeport, il prend le train pour Bruxelles. Son exil durera jusqu'à la chute de Napoléon III (1870).

1852 – Début janvier, Louis-Napoléon Bonaparte signe le décret d'expulsion qui frappe Victor Hugo. Celui-ci lui répond en publiant en Août Napoléon le Petit. Le 5 août, Hugo arrive à Jersey et s'y installe.

1853 – Il publie les Châtiments. Les 98 poèmes des Châtiments décrivent sa colère et son indignation suite au coup d'état de Louis-Napoléon Bonaparte.

1855 – En octobre, les autorités de Jersey expulsent Victor Hugo. Il quitte Jersey pour Guernesey, une île plus petite et plus sauvage que Jersey.

Pendant quinze ans, Hugo persistera en exil, écrivant des satires contre celui qu'il appelle "Napoléon le petit". Mais c'est aussi l'époque où il produit ses plus grandes oeuvres : Les contemplations, La légende des siècles et Les misérables.

1856 – En avril, publication des Comtemplations. Avec ses droits d'auteur, il achète Hauteville-House, une grande maison qui donne sur la mer . En décembre, Adèle, sa fille, qui supporte difficilement cet exil tombe dignement malade.

1858 – Fin juin Victor Hugo tombe gravement malade. Pendant plus d'un mois il doit garder la chambre.

1859 – En Août Napoléon III accorde l'amnistie aux proscrits républicains. Victor Hugo se refuse pourtant à regagner la France. Il publie en septembre la Légende des siècles.

1861 – En mars, pour la première fois, il quitte Guernesey pour se rendre en Belgique. Il termine Les Misérables. En septembre il regagne Guernesey sans son fils Charles qui préfère rester sur le continent.

1862 – En avril enrichissait la première partie des Misérables paraît à Paris. Les deuxièmes et troisièmes parties paraîtront en juin.

1864 – Publication de William Shakespeare.

1865 – En janvier, mort de la fiancée de François-Victor. Sa mère et lui quittent Guernesey pour s'établir à Bruxelles. Mi-octobre, Victor Hugo assiste, à Bruxelles, au mariage de son fils Charles. Le 25 octobre a lieu le lancement des Chansons des rues et des bois. Le 30, il rentre à Guernesey.

1866 – En mars, publication des Travailleurs de la mer, Mille francs de récompense, et l’Intrusion.

1867 – Le 31 mars, naissance de Georges Hugo à Bruxelles : Victor Hugo est grand-père pour la première fois.

1868 – Mort de Georges, son petit-fils, en mars. En août, mort d'Adèle Hugo, son épouse.

1869 – En avril et en mai, publication des quatre tomes de l'Homme qui rit.

1870 – Reprise, à Paris, en février, de Lucrèce Borgia.

Le 4 septembre, proclamation de la République. Le 5 septembre, Victor Hugo est accueilli solennellement à Paris.

I.4 Le retour triomphant (1871-1885)

1871 – Tête de liste des républicains à Paris, Victor Hugo est élu député .En février il part avec sa famille pour Bordeaux, où va siéger l'Assemblée Nationale. Le 8 mars, il donne sa démission.

13 mars : mort subite, à Bordeaux, de Charles Hugo.

1872 – En janvier, Victor Hugo est de nouveau battu Victor Hugo est grand-père pour la première fois.

1868 – Mort de Georges, son petit-fils, en mars. En août, mort d'Adèle Hugo, son épouse.

1869 – En avril et en mai, publication des quatre tomes de l'Homme qui rit.

1870 – Reprise, à Paris, en février, de Lucrèce Borgia.

Le 4 septembre, proclamation de la République. Le 5 septembre, Victor Hugo est accueilli solennellement à Paris.

I.4 Le retour triomphant (1871-1885)

1871 – Tête de liste des républicains à Paris, Victor Hugo est élu député .En février il part avec sa famille pour Bordeaux, où va siéger l'Assemblée Nationale. Le 8 mars, il donne sa démission.

13 mars : mort subite, à Bordeaux, de Charles Hugo.

1872 – En janvier, Victor Hugo est de nouveau battu aux élections. En février, sa fille Adèle, est internée à Saint-Mandé où elle mourra en 1915.

En août, Victor Hugo repart à Guernesey. Il y commence Quatre-Vingt-Treize.

1873 – En décembre : mort de son second fils François-Victor.

1874 – Publication de Quatre-Vingt-Treize et de Mes Fils.

1875 – En juin, publication du premier volume d'Actes et Paroles (Avant l'exil). En novembre, publication du second volume d'Actes et Paroles (Pendant l'exil).

1876 – En janvier, il est élu sénateur de Paris. Le 22 mai, il intervient au Sénat en faveur de l'amnistie des communards. En juillet, publication du troisième volume d'Actes et Paroles (Depuis l'exil).

1877 – En février publication de la deuxième série de la Légende des Siècles et en mai de l'Art d'être grand-père. Le 10 octobre, publication de la première partie de l'Histoire d'un crime.

1878 – En mars, publication de la deuxième partie de l'Histoire d'un crime et en avril, du Pape. Fin juin, Victor Hugo est victime d'une congestion cérébrale. Le 4 juillet, il part pour Guernesey et le 13 octobre, il fait une récidive. Le 9 novembre, il rentre à Paris et s'installe avenue d'Eylau, sa dernière demeure. Il va pratiquement stopper d'écrire :

1879 – En février, publication de la Pitié Suprême. Le 28 février, nouvelle intervention, au Sénat, en faveur de l'amnistie.

1880 – Publication de Religions et religion (écrit en 1870).

1881 – 27 février. Un Immense hommage est rendu à Victor Hugo, le jour de son quatre-vingtième anniversaire. Six cent mille personnes, écoliers, ouvriers, parisiens de toutes distances défilent toute la journée sous ses fenêtres et laissent une avenue d'Eylau couverte de fleurs. L'avenue sera rebaptisée cette année- là, Avenue Victor Hugo

1883 – Le 11 mai, mort de Juliette Drouet. En juin, publication du troisième Tome de la Légende des Siècles.

1885 – 22 mai à Paris il e mort. Funérailles nationailles et inhumation au Panthéon 

Les romans de Hugo, plus proches du mythe que de la tradition réaliste, font saillir des structures linguistiques et métaphoriques qui atteignent à ce qu’on a pu appeler « le roman – poème ». Ils s’imprègnent toujours d’un contexte socio-historique et visent à l’élaboration d’une épopée nouvelle qui ne chante plus les exploits d’un héros, mais l’aventure morale de l’homme. Hugo chante le politique en mythe de la même façon qu’il traduit des obsessions privées en symboles collectifs. Un unique arsenal stylistique et formel rend possible cet élan transformationnel. 

Chapitre II. Les Misérables – Roman social et psychologique

II.1 Une société impitoyable

Les Misérables se veulent d’abord un tableau critique de la misère sociale du début du XIX e siècle : le récit se déroule entre 1795 et 1832 dans un cadre historiquement réaliste. II évoque la Révolution française et les guerres napoléoniennes et met en scène de manière précise et documentée la société de la fin de la monarchie de Juillet (régime politique conservateur ayant suivi les émeutes de 1830 et durant lequel la France fut dirigé par le roi Louis-Philippe). Cette époque est en effet celle de (’industrialisation de la France, de l’émergence de l’économie capitaliste moderne et de la constitution de la classe ouvrière: toute une partie de la population quitte les campagnes pour venir s’entasser dans les grandes villes, et en particulier a Paris, dans des conditions de vie extrêmement difficiles, privée d’éducation et de logements décents. La misère dans laquelle vit une partie du peuple explique la criminalité qui fait rage à Paris, criminalité qui constitue un thème essentiel du roman: comme en témoigne son recueil intitulé Choses vues, Hugo a enquêté sur les conditions réelles de vie des pauvres et les prisons. Pour nourrir son roman, il a recueilli des faits-divers variés et a utilisé une quantité importante de documents, notamment sur la classe ouvrière (tels qu’un rapport intitulé Tableau de l`état physique et moral des ouvriers ou un document sur la Statistique des égouts en 1836). II s’indigne à la fois de la logique qui conduit les pauvres de la pauvreté au vol, au meurtre ou â la prostitution, et de la sévérité de la répression poli- cirée et judiciaire, qui ne fait qu’assurer un ordre moral en envoyant les criminels au bagne et à l’échafaud, sans leur offrir aucun espoir de se racheter et de réintégrer la société. Sur un plan politique et économique, comme le relate le roman en évoquant les barricades révolutionnaires de 1832, les inégalités conduisent le peuple à la révolté et contre la domination de la bourgeoisie riche et bien-pensante au nom d`un désir de justice don ’t Hugo se fait le porte-parole.

Cette lutte s’accompagne d’une revendication de liberté politique: Hugo, qui entreprend la rédaction de son roman alors qu’il est devenu député républicain de gauche et qu’il s’affirme peu à peu comme un héros des luttes, défend l’héritage de 1789 et prône à la fois l’instauration d’un régime démocratique donnant la parole à tous et le progrès social.

II.2 Un chantier titanesque

La rédaction des Misérables s’est étalée sur une durée de près de trente ans, période interrompue par l’exil de Victor Hugo après la prise de pouvoir par Napoléon III. Dès sa jeunesse, alors qu`il| est un brillant écrivain de la génération romantique et qu’il est encore royaliste, Hugo s’est intéressé à la question sociale et au monde des prisons (qu’il a visitées, par exemple, à Toulon en 1839). Claude Gueux, roman de jeunesse paru en 1834, nous raconte l’itinéraire d’un ouvrier pauvre poussé au crime par l’injustice sociale et qui est condamné à mort. En 1842 paraissent Les Mystères de Paris, de l’écrivain populaire Eugène Sue, roman noir qui met en scène de manière spectaculaire le monde du crime et qui influencera beaucoup l’auteur des Misérables, car Hugo voudra répondre au roman d’Eugène Sue en préférant expliquer la misère des bas-fonds de Paris plutôt que de s’en servir pour terrifier le lecteur. En 1845 commence la rédaction du roman, d’abord appelé Jean Tréjean ; Hugo en fixe très vite le thème (l’histoire des souffrances et du rachat d’un bagnard) et les personnages principaux (la petite fille abandonnée et sa mère, l’homme d’église dont la sainteté pousse le criminel vers le bien, Mgr Myriel). En 1847, Hugo annonce un roman en quatre volumes, intitulé Les Misères, mais après trois années de travail acharné, il doit s’interrompre pour se consacrer à son engagement politique. Alors qu’il s’est volontairement exilé dans les îles anglaises de jersey, puis de Cuernesey, pour marquer son désaccord avec le coup d’Etat de Louis Napoléon Bonaparte, l’oeuvre médite lentement dans l’esprit de L’écrivain. Le personnage principal change plusieurs fois de nom, pour s’appeler Jean Vlajean puis enfin Jean Valijean. De retour en France en 1860, Hugo reprend son roman, qu’il développe en ajoutant de nouveau personnages (Marius) et de très nombreux souvenirs personnels (le couvent où se passe la deuxieme pârtie des Misérables rappelle, par exemple, celui des Feuillantines où il passa une pârtie de son enfance). Le roman paraît en 1862 en Belgique, puis, à la demande de Hugo, dans une édition illustrée de petit format (chez l’éditeur parisien Hetzel), vendue au prix très abordable pour l’époque de 10 francs. Malgré l’accueil sévère de nombreux critiques, l’oeuvre est extrêmement populaire en France (on raconte que la foule se rassembla dès 6 heures du matin devant Ies grilles des librairies le jour de la parution du roman) et rapidement traduite partout en Europe, ce qui accroît encore la célébrité de Hugo.

II.3 L`œuvre aujourd`hui

Dans une lettre datant de la parution des Misérables, Victor Hugo ecrit à l’un de ses amis: „Ma conviction est que ce livre sera un des principaux sommets, si non le principal de mon œuvre”. Depuis leur parution, Les Misérables sont l’oeuvre la plus lue de celui que l’on a pu considérer comme le grand-père de toute la littérature franchise et peut-être le roman français le plus célèbre dans le monde. C`est sans doute parce que le récit de Hugo résume tout son siècle: grâce ,au travail de documentation de I ’auteur, le roman nous relate des épisodes historiques légendaires (comme la bataille de Waterloo) et nous fait revivre la géographié parisienne. D’autre part, les personnages représentent symboliquement des types sociaux de leur époque (Fantine incarne la pauvreté ouvrière, les Thénardier sont les bourgeois qui exploitent le peuple, Marius incarne le jeune révolutionnaire idéaliste, etc.) qui nous permettent d’imaginer les grandes questions politiques que l’on se posait au XXIe siècle. En comprenant la manière de penser et de voir le monde de ces personnages, ce sont les mentalités, les idées d’une époque qui se mettent à revivre, sans doute mieux que dans n’importe quel manuel d’histoire.

II.4 Injustice sociale et criminalite: deux questions brulantes

Les crises économiques qui ont frappé la France depuis les années 1960 et le chômage qui les accompagne, comme le développement de formes de pauvreté et de mises au ban de la société que l’on croyait oubliées, font toute l’actualité contemporaine des Misérables: Fantine obligée de vendre ses cheveux et ses dents offre un exemple mémorable de déchéance sociale. Malgré I ’abolition de la peine de mort en France en 1981, la question évoquée à plusieurs reprises conserve son actualité dans de nombreux pays du monde ou ce châtiment est encore en vigueur. La dénonciation hugolienne des lacunes de la justice et des procès expéditifs, comme son analyse des conditions de vie des prisonniers, n’a rien perdu de son actualité : la lutte pour le droit à un procès équitable et à des conditions d’emprisonnement décentes s’oppose à la tentation, qui persiste dans les sociétés démocratiques modernes, d’emprisonner à perpétuité les criminels les plus dangereux ou d’oublier que tout séjour en prison est destiné à permettre une future réinsertion. . Le bagne et la guillotine ont disparu, mais la surpopulation et le suicide en prison les ont remplacés. De même, la question du rôle de la police, qui apparaît dans Les Misérables à travers la figure inquiétante de Javert comme plus menaçante que protectrice, n’est pas sans trouver des échos dans nos préoccupations actuelles. Nombreux sont donc les écrivains (ou les cinéastes) qui doivent encore aujourd’hui prendre la suite de Victor Hugo.

Le premier combat de Hugo, c’est avant tout de s’en prendre aux puissants, et d’abord à ceux qui exercent une forme d’oppression sur le peuple des misérables par leur richesse, par le fait qu’ils soient propriétaires des usines, des magasins ou des terres agricoles nécessaires au travail. Hugo dénonce le faible salaire que touchent les pauvres qui sont, comme Jean Valjean, obligés de « louer » aux plus puissants leur force de travail à un prix ne leur permettant pas d’entretenir leur famille et d’éduquer leurs enfants. Au contraire, nous explique Hugo, la bonne gestion de son usine permet à M. Madeleine de donner du travail à tous et d’enrichir Montreuil- sur-Mer. Ce que Hugo cherche ensuite à montrer, c’est d’abord la manière dont les pauvres sont prisonniers du cercle vicieux de cette misère : les Thénardier poussent Fantine dans la misère en augmentant le prix de la garde de Cosette, simplement parce que le travail à l’usine interdit à la mère de garder son enfant. La société détruit dès leur plus jeune âge les pauvres, en les humiliant : la petite fille est contrainte de travailler comme une esclave et est privée de tout ce qui fait l’enfance (elle ne va pas à l’école, ri ’a pas de jouets, etc.). La pauvreté conduit à la pauvreté mais aussi au crime, selon une mécanique terrible analysée avec précision par Hugo : la faim pousse Jean Valjean au vol, puis l’acharnement de la justice et la cruauté des prisons transforment un délit excusable en un véritable crime, en dégradant le coupable jusqu’à ce qu’il perde toute humanité et tout espoir de rachat.

II.5 La question de la justice

Le roman de Hugo veut dénoncer l’injustice de son époque sous toutes ses formes : sévérité de la police, cruauté des prisons, dureté de la société qui laisse les pauvres sans éducation ni espoir et ne sait partager ses richesses. Mais l’homme, parce qu’il possède au fond de lui- même une conscience et témoigne de la présence de Dieu, se doit, en toute circonstance, de faire le bien et de tendre vers la sainteté laïque qu’incarne Jean Valjean.

II 5.1 Le système judiciaire

Comme beaucoup de romanciers de son époque, Eugène Sue par exemple, Hugo s’intéresse de près au système judiciaire : dans Les Misérables, il dépeint le fonctionnement de la police, des tribunaux (le procès de Champmatthieu), des prisons et des bagnes, en s’appuyant sur de nombreux documents et sur ses propres visites de prisons. On a pu par exemple affirmer que le personnage de Javert s’inspirait de la célèbre figure de Vidocq, forçat devenu chef de la police puis détective privé sous l’Empire. Dans Le Dernier Jour d’un condamné et dans Claude Gueux, l’écrivain s’intéressait d’un point de vue philosophique à la justice ; à cette réflexion générale s’ajoute, dans Les Misérables, l’emprunt d’un modèle littéraire original, celui du roman policier, riche en énigmes, en sombres mystères, en faus¬ses pistes, en poursuites ou en filatures. C’est non seulement Javert, mais aussi Marius ou Thénardier qui s’interrogent face aux disparitions ou aux déguisements de Jean Valjean. À travers eux, c’est le lecteur qui mène l’enquête !

II.5.2 La justice sociale

L’injustice du système judiciaire est l’une des causes de l’injustice sociale. Le roman des Misérables possède en effet une ambition pédagogique : corriger l’injustice de la société en expliquant son fonctionnement au lecteur, dénoncer les crimes tels que la misère dans laquelle se trouvent plongés les pauvres, démontrer comment l’absence d’éducation conduit nécessairement au malheur. De même que la punition disproportionnée dont est victime Jean Valjean, qui va au bagne pour avoir volé du pain, les malheurs de Fantine et de Cosette sont exemplaires de cette soumission des pauvres à la mécanique écrasante de l’injustice dont les Thénardier ou Javert sont l’emblème. La justice est ainsi une question sociale qui impose un engagement politique : Hugo défend la République contre la monarchie ou l’empire, et il met en avant les valeurs de l’égalité et de la charité pour défendre le peuple. À ce propos, Baudelaire disait des Misérables qu’il s’agissait « d’un livre fait pour excite pour provoquer l`esprit de charité.

II.5.3 Justice humaine et justice divine

Comme le prouve la manière dont Jean Valjean va réussir à expier ses fautes puis à se racheter, l’individu possède la possibilité de faire triompher le bien. Faire régner la justice grâce à la prière, à l’humilité, à l’amour et au don de soi : telles sont les manières dont l’homme peut faire le bien autour de lui. En prenant des risques pour autrui, en sacrifiant sa liberté et même, à la fin du roman, sa vie, Jean Valjean le démontre: l’amour, qu’il soit celui d’un père pour sa fille (Jean Valjean et Cosette), d’un prêtre pour un pécheur (Mgr Myriel et Jean Valjean), d’un homme pour son ami (Jean Valjean pour Marius), d’un enfant pour la liberté de son peuple (Gavroche), grandit l’homme et lui permet d’atteindre à une forme de sainteté. Dans son amour universel d’autrui, Jean Valjean rejoint ainsi le Christ et le roman de Hugo se rapproche du message biblique. La part de bonté et de charité située au cœur de l’homme est une image de la bonté divine : « sa conscience, c’est-à-dire Dieu », selon le célèbre passage intitulé « Tempête sous un crâne » r, pour provoquer l’esprit de charité ».

II.6 Un roman exemplaire ayant marqué à jamais l’histoire de la littérature française

Par-delà cette dimension de témoignage sur des problèmes concrets, l’ambition des Misérables est de réaliser un roman ou la condition humaine tout entière se trouverait résumée. «Ce livre est un drame dont le premier personnage est l’infini. L’homme est le second», écrivait Hugo. Aux problèmes propres à l’époque du roman (l’égalité entre les hommes, le droit à la liberté d’expression, le bagne, la place de la police dans la société, etc.) s’ajoutent en effet des questions à valeur universelle: l’opposition entre le bien et le mal, l’influence de Dieu sur l'histoire humaine, la fatalité de la violence et du crime, la place de l’homme dans l’infini. Un tel projet littéraire utilise toutes les ressources du genre romanesque, qu’Hugo combine avec habileté : personnages héroïques, terrifiants ou pathétiques, mises en scène spectaculaires ou dramatiques, tableaux pittoresques ou réalistes, suspens, passages poétiques ou symboliques… Hugo a ainsi transforme l’histoire de son siècle en une vaste fresque épique et crée des personnages qui sont devenus des mythes en marquant â jamais notre mémoire. Hugo s’adresse â tous, â la fois aux jeunes lecteurs et aux grands amateurs de roman, au public populaire et au public cultive, et combine dans une seule œuvre de multiples genres littéraires et de multiples formes de roman, allant du roman noir au mélodrame en passant par le roman historique et le roman d’aventure, le conte et la légende. Cette richesse et cette puissance à combiner des formes littéraires en apparence étrangères les unes aux autres expliquent pourquoi le roman de Hugo a été depuis le jour de sa parution considère comme l’oeuvre à laquelle tout autre roman devrait être compare.

Chapitre III. Le progrès dans Les Misérables

Le terme progrès signifie plus qu’un changement. Un changement est une simple modification, tandis qu’un progrès est une modification qui constitue par rapport à l’état précédent un véritable « plus », une amélioration. Il ne suffit pas qu’une tendance soit continue pour qu’elle désigne un progrès, c'est-à-dire toute progression n’est pas un progrès.

L’idée de progrès prend son sens, quand elle exprime à la fois la constance d’une tendance répondant à une amélioration indiscutable. Le modèle du progrès ce n’est pas dans la science que nous le trouvons, mais dans la technique.

Par exemple, entre nos moyens actuels de locomotion ou de télécommunication et ceux de nos ancêtres, il y a une telle différence, une série d’améliorations si indiscutables que personne ne peut nier l’existence du progrès technique, au sens du perfectionnement de ses réalisations.

À l’époque de la Renaissance, l’Occident a investi dans la science des espoirs extraordinaires. La philosophie de l’Histoire a valorisé l’argument que constitue l’aventure de l’histoire des sciences pour justifier l’espoir dans monde meilleur. Ainsi se départageaient les esprits les « anciens », tenant de la culture antique, et les « modernes », formés à l’époque des découvertes scientifiques. La science moderne a suscité un immense enthousiasme pour le progrès, qui s’est prolongé jusqu’au début du XX ème siècle. Elle était fondée sur une idée du progrès d’origine religieuse, celle de l’avènement dans un temps nouveau, une sorte de paradis. On garde donc l’idée que le Temps s’écoule en ligne droite et à la place des étapes de la Création biblique, de l’apparition du Christ, du Martyr qui sauvera l’humanité, de la venue de la Jérusalem céleste, on met, comme Auguste Comte , le devenir de la société. Il y a eu d’abord un « âge théologique », le temps d’Homère et des dieux grecs. Puis un « état métaphysique », celui des philosophes grecs, de Platon et d’Aristote.

Enfin, l’humanité se délivre de toute superstition et entre dans « l’état positif », comme dit Auguste Comte, celui du règne de la science, cet état qui est capable de délivrer un progrès sans commune mesure avec les siècles précédents. Cette théorie de l’Histoire suscite encore une sorte de fascination. Elle justifie la croyance et l’espoir qu’on a dans la science. Elle matérialise un immense besoin, celui de croire à une évolution. Et comme l’homme ne sait pas comment l’évolution peut être conduite, il place tout espoir dans la science, parce qu’il n’a rien d’autre.

Les romans de Hugo, plus proches du mythe que de la tradition réaliste, font saillir des structures linguistiques et métaphoriques qui atteignent à ce qu’on a pu appeler « le roman – poème ». Ils s’imprègnent toujours d’un contexte socio-historique et visent à l’élaboration d’une épopée nouvelle qui ne chante plus les exploits d’un héros, mais l’aventure morale de l’homme. Hugo chante le politique en mythe de la même façon qu’il traduit des obsessions privées en symboles collectifs. Un exceptionnel arsenal stylistique et formel rend possible cet élan transformationnel.

Dans Les Misérables, le voyage de Jean Valjean, de Montreuil-sur-Mer aux assises d’Arras, Hugo fait appel à la comparaison traditionnelle de la vie avec un voyage. La réalité et le symbole se pénètrent et se confondent. Le symbole est complété par une allégorie de la mort.

Les mythes qui portent sur des sentiments, des idées, des abstractions, sont beaucoup plus nombreux. Partout sont évoquées les images fortes, les métaphores et les comparaisons hardies ; l’abstraction et le mystère deviennent visibles ; au symbole se mêlent les allégories. Personnifications et images abondent et collaborent pour créer un merveilleux allégorique, dont Hugo a fait un usage constant.

« Le merveilleux n’a pas été pour lui une machine épique dont il convînt d’user avec plus d’habileté que de conviction, ainsi que Voltaire et Chateaubriand avaient usé du merveilleux du polythéisme » .

Les visions hugoliennes sont en réalité des spéculations métaphysiques. Le philosophe cherche à voir le monde des âmes par sa capacité de percer les profondeurs de l’être humain. En profondeur, tous les romans de Hugo sont historiques, même s’ils ne respectent pas les normes du roman historique.

La révolution est pour Hugo la force et l’énergie de l’histoire moderne. Mais la monstruosité de la violence révolutionnaire, qui l’a obsédé, explique son rêve de transcender la révolution, de chercher une plus grande harmonie en sortant de l’histoire, en niant le principe de destruction.

Hugo créé des mythes partout et il les crée par les mêmes procédés instinctifs qui ont constitué les mythologies primitives.

Les Misérables est à la fois un roman réaliste, un roman épique, un hymne à l'amour,  un roman social et un roman psychologique :

Le roman de Victor Hugo témoigne de son époque qu’il permet de comprendre dans toute sa richesse et sa complexité. Parce que le problème de la pauvreté et de la criminalité reste brulant, il conserve toute son actualité.

Les Misérables posent des questions morales et religieuses â valeur universelle sur la nature du bien et du mal. Sur un plan littéraire, il s’agit d’un chef d’oeuvre qui s’est impose comme une référence absolue du genre romanesque par sa manière de transformer en légende toute I ’histoire du XXIe siècle.

Roman réaliste[], Les Misérables décrivent tout un univers de gens humbles. C'est une peinture très précise de la vie dans la France et le Paris pauvre du début du XIXe siècle. Son succès populaire tient au trait parfois chargé avec lequel sont peints les personnages du roman.

Roman épique, Les Misérables illustrent au moins trois grandes fresques: la bataille de Waterloo (qui représente pour Hugo, la fin de l'épopée Napoléonienne, et le début de l'ère bourgeoise. Il s'aperçoit alors qu'il est républicain), l'émeute de Paris en juin 1832, la traversée des égouts par Jean Valjean. Mais le roman est aussi épique par la description des combats de l'âme : les combats de Jean Valjean entre le bien et le mal, son rachat jusqu'à son abnégation, le combat de Javert entre le respect de la loi sociale et le respect de la loi morale.

Les Misérables sont un roman populaire, une histoire attendrissante où le pathétique s’allie aux bons sentiments. C’est un livre qui bouleverse, avec des images fortes, inoubliables : Jean Valjean devant Myriel, la mort de Gavroche, la mort d’Eponine. C’est le roman du crépuscule parce qu’il n’y a pas de naissance, ni des renaissances. ’’ Le roman de Hugo, par son ampleur, par sa capacité à produire des scènes « mémorables », par la lente démonstration qui anime le cours myope de ses aventures, est le lieu d’une fabuleuse volonté de saisir et de faire apparaître de l’insaisissable, d’interroger les dimensions du réel en dessinant les frontières d’un espace habitacle ’’.

Le roman présente une réflexion sur le problème du mal… Toute sa vie Hugo a été confrontée à la peine de mort, il a vu des exécutions à la guillotine. Un des thèmes du roman est donc « le crime de la loi ». Si l'œuvre montre comment les coercitions sociales et morales peuvent entraîner les hommes à leur déchéance si aucune solution n'est trouvée, c'est surtout un immense espoir en la générosité humaine dont Jean Valjean est l'archétype. Presque tous les autres personnages incarnent l’exploitation de l’homme par l’homme.

Le titre illustre le domaine obscur que Hugo explore, c’est le continent énorme de la misère. « Le message essentiel des Misérables : le monde de la souffrance et du crime est rédempteur ».

La dimension d’un romanesque métaphysique est affirmée dans l’œuvre : « Ce livre est un drame dont le premier personnage est l’infini. L’homme est le second. Le roman serait, comme un couvent pour Hugo, un des appareils d’optique appliqués par l’homme sur l’infini  ». La fatalité, qui est au centre du roman hugolien, est un personnage au même titre que les autres, et ce personnage est une facette de l’infini personnel qui est Dieu.

Victor Hugo n'a pas totalement inventé le personnage Jean Valjean. Il s'est largement inspiré de personnages et de situations réels.

Dans le roman, Jean Valjean ne fait pas cinq ans de bagne mais dix-neuf ans par le jeu des prolongations de peine pour tentatives d'évasion.

Dans les années 1840, Hugo assiste à l'arrestation d'un autre voleur de pain. La vue de ce pauvre homme, qui allait pieds nus en hiver, l'avait très ému. Les deux premiers livres forment un bloc narratif autonome à l’intérieur du texte global. On y trouve le récit de la conversion de Jean Valjean, le misérable homme, qui a passé dix-neuf ans de sa vie au bagne et que la captivité a rendu méchant, il fait la rencontre d’un monseigneur Bienvenu Myriel, qui réveille en lui la conscience morale et qui sera le modèle de sa conduite pendant toute sa vie.

Les Misérables sont le roman d’ascension dramatique de Jean Valjean, « malgré persécutions et périls, jusqu’à cette grandeur, à cette charité, à cette sérénité qui sont celles du saint évêque». Tandis que dans un autre roman de Victor Hugo, Notre Dame de Paris on a l’ascension d’un autre personnage appelé Quasimodo.

Le héros Jean Valjean qui par sa condition de galérien, est au plus bas de l’échelle sociale mais qui par sa grandeur de l’âme, s’élèvera jusqu’aux plus hauts sommets, il a tout ce qu’il faut pour incarner positivement, directement la conscience humaine dans son immense effort d’accession à l’idéal. Jean Valjean incarnera la misère puis la souffrance morale.

Jean Valjean était d’une pauvre famille de paysans de la Brie1. Dans son enfance, il n'avait pas appris à lire. Quand il eut l'âge d'homme, il était émondeur à Faverolles. Sa mère s’appelait Jeanne Mathieu ; son père s'appelait Jean Valjean, ou Vlajean, sobriquet3 probablement, et contraction de Voilà Jean.

Jean Valjean était d'un caractère pensif sans être triste, ce qui est le propre des natures affectueuses. Somme toute, pourtant, c'était quelque chose d'assez endormi et d’assez insignifiant, en appas- m rance du moins, que Jean Valjean. Il avait perdu en très bas âge son père et sa mère. Sa mère était morte d'une fièvre de lait4 mal soignée. Son père, émondeur comme lui, s'était tué en tombant d'un arbre. Il n'était resté à Jean Valjean qu’une sœur plus âgée que lui, veuve, avec sept enfants, filles et garçons. Cette sœur avait i élevé Jean Valjean, et tant qu'elle eut son mari elle logea et nourrit son jeune frère. Le mari mourut. L'aîné des sept enfants avait huit ans, le dernier un an. Jean Valjean venait d'atteindre, lui, sa vingt- cinquième année. Il remplaça le père, et soutint à son tour sa sœur qui l'avait élevé. Cela se fit simplement, comme un devoir, même 20 avec quelque chose de bourru5 de la part de Jean Valjean. Sa jeunesse se dépensait ainsi dans un travail rude et mal payé. On ne lui avait jamais connu de « bonne amie » dans le pays. Il n’avait pas eu le temps d’être amoureux.

Le soir il rentrait fatigué et mangeait sa soupe sans dire un mot. 25 Sa sœur, mère Jeanne, pendant qu'il mangeait, lui prenait souvent

Valjean est d'une force herculéenne et il est très adroit au tir, mais il ne sait ni lire, ni écrire. Il ne gagne que 18 sous dans la saison de l'émondage, le reste de l'an il fait ce qu'il peut en travaillant comme garçon de ferme, bouvier.

Au bout de quatre ans (dans les premiers mois de 1800), Valjean tente de s'évader, mais on le capture deux jours plus tard. Il est condamné à trois ans de plus. Lors de sa deuxième tentative d'évasion, en 1802, il essaie de résister, en conséquence il est condamné à cinq ans de plus, dont deux à la double chaîne. Il essaye de s'évader encore deux fois dans sa dixième (1806) et sa treizième (1809) année mais n'arrive pas à s’enfuir et reçoit, les deux fois, une prolongation de peine de trois ans. À quarante ans, donc en 1809, il apprend à lire dans l'école du bagne. Après dix-neuf ans d'emprisonnement, il est enfin libéré dans les premiers jours d'octobre 1815. Il sort du bagne hardi et l'esprit plein de rancune envers la société qui lui a causé tant de mal. Il a compris ce qu'il a fait de mal mais, pour un crime si mineur, il trouvait la punition exagérée. Il n'aspire qu'à se venger de cette société.

L’histoire de Jean Valjean illustre le personnage d’abord dans la misère matérielle, puis dans la misère morale. La misère matérielle, c’est celle d’un jeune homme illettré, tôt devenu orphelin et qui, à vingt-cinq ans, est le soutien de sa soeur, qui est veuve, et de ses sept enfants. Il exerce le métier très modeste d’émondeur à Faverolles. Les revenus sont insuffisants et la pauvre famille est accablée par la misère. Le manque d’ouvrage oblige Valjean à la famine et, un jour, pour nourrir les enfants, il vole un pain. On l’arrête et on le condamne aux galères. « Le processus de dégradation se précipite. Il devient méchant et impie et prend en haine la société tout entière, puis la providence elle-même ».

Le bagnard fait des progrès sur le plan intellectuel, il apprend à lire et à réfléchir. « La misère qu’a connue M. Myriel est d’ailleurs passablement différente de celle que connaîtra Valjean. Elle est déterminée, dans ses modalités, par les passions politiques de l’époques ».

La supériorité du conventionnel sur M. Myriel, nettement affirmée par l’auteur, préfigure la supériorité finale de Valjean ; car Valjean, parti de plus bas que l’évêque, devra nécessairement monter « plus haut que l’évêque », devenir « ange », ou retomber « plus bas que le galérien » et devenir « monstre ».

«  Si les Misérables sont bien l’histoire de l’ascension d’un misérable vers la sainteté et l’héroïsme, on peut voir dans le récit global une seule et immense phrase dont la principale est une proposition exprimant la Montée et dont les subordonnées font appel à toutes les autres catégories actantielles ».

À la Montée, il faut rattacher la thématique du progrès social qui constitue sans aucun doute l’élément central de l’idéologie politique de l’auteur. Hugo affirme avec rigueur, dans un des chapitres les plus importants des Misérables, que le titre réel de son livre, c’est : le Progrès ; et l’idéologie politique rejoint ici l’idéologie personnelle globale qui domine tout le roman :

« Le progrès est le mode de l’homme. La vie générale du genre humain s’appelle le Progrès ; le pas collectif du genre humain s’appelle le Progrès. Le progrès marche ; il fait le grand voyage humain et terrestre vers le céleste et le divin ; il a ses haltes où il rallie le troupeau attardé; il a ses stations où il médite  ».

La première partie des Misérables contient plusieurs récits de Procès de types différents. Il y a d’abord le Procès proprement dit qui se déroule devant le tribunal : celui de Valjean (pour le vol d’un pain) ou celui de Champmathieu. Mais, le critique affirme qu’ « il y a aussi ce qu’on pourrait appeler le Procès intérieur : celui de Valjean au bagne, qui se juge lui-même puis juge la société qui l’a condamné, et la condamne à son tour ».

Il y a deux grandes batailles dans le roman. L’une a lieu au début et l’autre, à la fin du livre. Elles se complètent : Waterloo est l’Affrontement de deux collectivités nationales, résumées en deux hommes : Wellington et Napoléon. La bataille du 5 juin 1832 est l’Affrontement intérieur de la France, partagée entre le passé et l’avenir. Guerre impériale d’un côté, guerre révolutionnaire de l’autre. Guerre nationale d’un côté, guerre civile de l’autre. L’une fait confronter deux vastes armés, l’autre oppose une poignée d’hommes et une multitude. La guerre impériale est fondée sur l’instinct de domination, l’insurrection est inspirée par la grande idée du Progrès. De l’une à l’autre, « il y a intériorisation et mise en contestation du phénomène guerre, et cette évolution, conforme à la loi du Progrès, est aussi parallèle à l’évolution des luttes individuelles dans le roman : les luttes de Valjean se dérouleront à des niveaux de plus en plus intimes et profonds de la conscience ».

Dans ce texte se manifeste l’optimisme de l’auteur, sa foi en l’avenir et en la récupération finale du mal par le bien.

Valjean ne sera pas, comme son modèle, M. Myriel, un Bienfaiteur tranquille. D’ailleurs, d’après le critique, « ses Bonnes Actions se compliquent de Montées : il est un homme de progrès. »

L’amour de Valjean pour Cosette est plus difficile à définir parce qu’il ne comporte pas de substitution de l’Enfant à la Mère. Valjean ne projette pas, sur Cosette, l’image de Fantine qu’il a peu connue. Et Fantine n’a jamais représenté pour lui la Fille, malgré leur différence d’âge. À vingt-cinq ans, Fantine a l’air d’une vieille femme. La misère et la maladie l’ont minée. Selon le critique « le journal qui relatera l’arrestation de Valjean parlera d’elle comme de sa « concubine ». Lors de la « tempête sous un crâne » Valjean associait Fantine à Romainville, paradis des amoureux. La pauvre femme aurait pu être, en effet, l’épouse de Valjean ; et Cosette est bel et bien sa Fille ».

La tentation du mal réapparaîtra périodiquement chez Valjean, et notamment en relation avec son amour pour Cosette. Amour possessif, qui peut faire de Valjean une sorte de mauvais père analogue à ce parâtre qu’est pour Cosette enfant, Thénardier.

L’évolution de Cosette va d’émerveillement en émerveillement. D’abord, elle reçoit grâce à son Bienfaiteur, le droit de jouer, qui est l’enfance. Puis elle reçoit la Dame, la poupée merveilleuse, qui est la féminité. Puis elle reçoit le louis d’or. Cosette, dans les autres chapitres du roman, ne connaîtra plus de Chute véritable.

Jean Valjean et Cosette découvrent le bonheur. Le mélange de leurs « deux malheurs » est une véritable Conjonction. Le « Veuf » et « l’Orpheline », à l’abri du monde, trouvent l’un en l’autre leur raison d’exister.

Valjean, dans sa jeunesse, « n’avait pas le temps d’être amoureux ». Il « n’avait jamais été père, amant, mari, ami ». Cosette, de son côté, n’avait trouvé autour d’elle aucune affection. Les deux découvrent l’amour. Amour total, chez le « vieux forçat » dont le Coeur est « plein de virginités ». «  Il éprouve « des épreintes comme une mère ». L’expression surprend un peu. Une thématique de la fécalité semble d’ores et déjà liée à l’amour de Valjean pour Cosette, et ce n’est pas un hasard si le sacrifice de cet amour se fera au cours d’une descente dans ces modernes enfers que sont les égouts de Paris ».

Le Grand-Père, qui s’était évadé du bagne pour sauver l’Enfant, doit donc maintenant s’enfuir avec l’Enfant pour sauver leur commun bonheur menacé.

Selon le critique André Brochu « la traversée des égouts et le sauvetage de Marius seront pour Valjean un prélude à sa mort ; le séjour au couvent, en la douce compagnie de Cosette, représente au contraire une tranche parfaitement heureuse de la vie de l’ex-bagnard » .

Il semble que l’amour père – fille soit possible uniquement entre père et enfant adoptive. Valjean est le « père céleste » de Cosette. Comme aucun lien de consanguinité ne les rattache l’un à l’autre, cet amour n’est pas suspect. Une chose est évidente : la différence d’âge qui réintroduit, sur le plan symbolique, le possible de l’inceste. Mais, l’inceste va se déguiser en inceste. La relation incestueuse Père – Fille va se cacher sous le déguisement d’une relation Père – Fille entre Valjean et Cosette. Il ne s’agit pas d’inceste, puisqu’il n’est pas vraiment le père et puisque son affection est, de toute façon, « paternelle ».

Valjean veut avoir Cosette pour lui seul, comme le bourgeois veut avoir sa maison. Ce n’est pas un hasard si, au moment même où Valjean devient jaloux à cause de Cosette, il a pour idéal « au dedans, l’ange, au dehors, le bourgeois » .

L’amour tragique de Valjean c’est la persistance du bagne dans sa vie.

L’amour criminel de Valjean pour Cosette. En tout cas, amour virtuellement criminel, et qui fait de Valjean un paria du bonheur, comme le vol d’un pain l’ avait fait un paria de la société.

Quand Valjean sauve Cosette et entre au couvent, il est Grand – Père : et le couvent, comme la royauté, est une institution du passé.

Il y a un parallélisme entre la relation de Valjean à Cosette et celle de M. Gillenormand à Marius. Les Grands – Pères vivent tous deux leur rapport à l’Enfant sur le mode d’une relation Père – Fille. Pourtant il sera plus facile, pour M. Gillenormand, de maîtriser sa passion incestueuse, que pour Valjean.

Ce bagnard a trouvé dans le couvent un bagne qui lui convient, car il a protégé sa relation avec Cosette. Le couvent est un bagne à deux, qui lui suffit parfaitement. Là il peut vivre avec Cosette la double Conjonction du Grand – Père avec la Petite – Fille et du Père avec la Fille. Le départ du couvent compromet tout.

«  Les Misérables, cette épopée du genre humain, racontent le passage de la monarchie à la république, du Crime à la Bonté, de l’amour incestueux à l’amour céleste. La réconciliation du Grand – Père – qu’il soit bagnard ou royaliste- avec les Enfants, par-delà la disparition tragique des Parents, c’est la réconciliation de l’Origine (ténébreuse) avec la Fin (lumineuse). C’est le rachat de Satan ».

Tous ces misérables peuvent quand même être sauvés à force de patience et d’amour, car, pour Hugo, il n’est pas de péché, il n’y a pas de misérable qui ne puisse se racheter. Même les criminels endurcis, Hugo espère les sauver, puisqu’il n’y a pas de brute qui ne puisse se convertir en ange, pourvu qu’il se repentît et qu’il aime. C’est la grande thèse des Misérables, l’œuvre la plus populaire de Hugo et le véhicule le plus efficace de sa pensée et de sa morale. Le Mal est sur la terre, Hugo le sait bien.

Il y a tout d’abord, la misère, qui est « le vêtement du genre humain depuis que l’histoire écrit et que la philosophie médite ». Les pauvres ont été toujours opprimés, humiliés et exploités. Mais « le moment serait enfin venu d’arracher cette guenille » et Hugo pense que la misère peut disparaître : « Je suis de ceux qui pensent et qui affirment qu’in peut détruire la misère », déclare le poète à la tribune de l’Assemblée, le 9 juillet 1849. La misère est la mère de Marius au sens figuré : « la misère, presque toujours marâtre, est quelque fois mère ». Dans les « désolations » qui succèdent aux « enchantements », Marius fait à Cosette cet aveu déchirant :

«Cosette, je suis un misérable. Tu ne me vois que la nuit, et tu me donnes ton amour ; si tu me voyais le jour, tu me donnerais un sou ! » 

La misère est, en fait, plus qu’une question d’argent. Elle ne peut disparaître si les besoins matériels sont éliminés. L’âme aussi est affamée. L’humanité ne peut se nourrir seulement de « viande » et de « néant », ses besoins ne se réduisent pas au ventre satisfait, elle demande à être éduqué, ou – selon l’expression de Hugo – « sublimé ». C’est pourquoi Hugo proteste contre ce qu’il appelle dans la préface philosophique « le socialisme intestinal » , c’est-à-dire un socialisme se préoccupant exclusivement des réalités et des solutions économiques. Le peuple a faim avant toute autre chose d’instruction et de valeur morale; il doit être formé moralement et alors il sera sauvé.

Cette idée du salut des couches inférieures de la société est au cœur de la religion personnelle de Hugo. Par son roman, qui est l’histoire de l’ascension d’un misérable vers la sainteté, Hugo plaide la cause de tous ceux que la société méprise, de tous les misérables, dont le représentant est Jean Valjean. Ce substantif – les misérables – acquiert, au-delà de son usage commun, un statut privilégié dans l’œuvre de Hugo, il acquiert un sens double : il désigne les parias coupables, les individus abjects et méprisables, mais aussi les victimes, dignes de pitié, mais aussi, d’admiration, de la société qui les condamne et les rejette. En un sens, ils sont tout cela ensemble : ils sont en même temps, victimes de la misère matérielle et morale. La misère matérielle chez Jean Valjean, c’est celle du jeune homme illettré, devenu orphelin et qui, à vingt-cinq ans, est le soutien de sa sœur, qui est veuve et de ses sept enfants.

Ses revenus sont insuffisants et la pauvre famille forme « un triste groupe que la misère enveloppa et étreignit peu à peu ». Le manque d’ouvrage amène Valjean à la famine et, un jour, pour nourrir ses enfants, il vole un pain. On l’arrête et on le condamne aux galères. De bon qu’il était, Valjean devient méchant et impie et prend haine la société tout entière, puis la Providence elle-même – c’est la misère morale. Le crime dans Les Misérables s’exerce toujours à l’intérieur de la sphère de la misère. Thénardier exploite Fantine et Cosette, agresse Jean Valjean. On voit donc, que la misère matérielle mène à la déchéance morale – et c’est la société qui en est responsable.

Les misérables qui vivent – d’après les mots de Hugo – dans « les enfers » sont les victimes d’une « damnation sociale ». Contrairement à Joseph de Maistre qui voyait dans le Mal une punition envoyée par Dieu à l’homme pêcheur, Hugo considère la misère, la guerre, le crime, comme des problèmes sociaux. Le criminel n’est pas un coupable, mais la victime de la société qui est, le vrai coupable : « Il jugea la société et la condamna », écrit Hugo à propos de Jean Valjean.

Charles Renouvier réduit le sujet principal du roman à « la lutte de l’homme contre la force publique considérée sous son aspect d’oppression de la loi sociale, qui réprime brutalement, qui n’aide point, ne relève point, mais souvent écrase, parce qu’elle procède par généralités, sans égard aux espèces, aux individus ». Le représentant de cette société, l’inspecteur Javert, ne peut pas accepter l’idée que les méchants, les villes, les abjects peuvent évoluer, que les misérables et les criminels peuvent devenir bons.

Quand il est forcé de le reconnaître – puisque Jean Valjean, qui se débarrasse à jamais de son ennemi, lui fait grâce -, toutes les lois sont bouleversées pour lui, la société est renversée, le choc de cette expérience est très grand pour lui. Son esprit s’avère incapable d’accepter «  la sublimité de ce misérable » , la supériorité du « galérien sacré » . Dans le récit de sa crise mentale, nous le voyons se rendre compte d’une vérité pour lui intolérable : « Il y a donc quelque chose de plus que le devoir ? » . Surpris par l’existence d’un « malfaiteur bienfaisant », d’un héros « hideux », d’un ordre moral qui permet au criminel d’être racheté et sanctifié, contraint au « respect d’un galérien », l’inspecteur se voit forcé de reconnaître la bonté du forçat :

« Un malfaiteur bienfaisant, un forçat compatissant, doux, secourable, clément, rendant le bien pour le mal, préférant la pitié à la vengeance, aimant mieux se perdre que de perdre son ennemi, sauvant celui qui l’a frappé, agenouillé sur le haut de la vertu, plus voisin de l’ange que de l’homme; Javert était contraint de s’avouer que ce monstre existait ».

Mais, lorsqu’il comprend que Dieu n’est pas l’allié de ceux qui détiennent la richesse et le pouvoir, cet homme d’ordre, se suicide et par sa mort, il témoigne que ce Mal dont il est le serviteur est désarmé devant la charité et que la société finira par être régénérée. R. Bazin résume de la façon suivante le message moral du roman :

« L’idée maîtresse des Misérables est humaine, elle est consolante ; c’est la rénovation par le repentir, l’ascension du coupable, hors du crime, jusqu’aux limites où l’expiation surabondante couvre la faute et la transfigure en une occasion de beauté morale, où le repentir dépasse l’innocence, et va plus loin qu’elle dans le mérite devant Dieu et dans l’admiration des hommes ».

L’amour véritable est le grand moyen de rédemption de l’univers hugolien : c’est par l’amour qu’elle porte à Cosette que Fantine est finalement sauvée ; c’est par l’amour qu’il rencontre chez l’évêque que Jean Valjean est racheté. Et l’amour est étroitement lié à la charité, à la pitié et à la bonté. « Par l’intermédiaire des Tables tournantes, Jésus-Christ révèle à Hugo que le firmament est borné au nord par la bonté, au sud par la charité, à l’est par l’amour, à l’ouest par la pitié ». L’idée morale que Victor Hugo veut mettre en lumière dans Les Misérables est celle de la bonté active qui n’attend pas la récompense pour se manifester. Monseigneur Bienvenu, écrit Hugo, est « bienfaisant et bienveillant, ce qui est une autre bienfaisance » .

Chacune des journées de sa vie est pleine « de bonnes pensées, de bonnes paroles et de bonnes actions » . L’évêque représente une valeur aussi simple que possible : la bonté. Il échange le palais du pouvoir contre l’hôpital, assiste le condamné à mort, critique le substitut et donne aux pauvres le butin de Cravatte. Il est doux, humble, charitable, manifestant l’indulgence pour les faibles qui ont péché, et non pas une attitude dénonciatrice. Ainsi son comportement influencera le misérable Jean Valjean, qui sera, à son tour, un modèle de comportement pour d’autres. On peut voir donc la beauté se manifester surtout chez les plus humbles, rejetés par la société : les disgraciés ont grand cœur : Quasimodo de Notre-Dame de Paris, infirme, mais animé par la force de Dieu.

Le roman de Hugo Les Misérables peut être lu dans plusieurs registres : comme roman politique, d’amour, lyrique ou bien policier.

En général, Les Misérables a été lu plutôt comme un roman fresque qui reflète la réalité sociale de la France en 1862.

Il y a des arguments suffisants pour voir dans Les Misérables un roman qui exprime une image de la société française du siècle XIX.

La philosophie humanitaire de Hugo lui fait plaider en faveur des classes opprimées, en faveur de ceux qui se révoltent en 1830 à Paris. D’ici la figure du légendaire Gavroche qui lutte sur les barricades. L’idéologie de Hugo est sociale, de gauche est cela fait que dans le roman il y a des accents évidents en faveur des classes défavorisées. Dans le roman il y a quelques images mémorables sur la misère matérielle où vivait une grande partie de la société française du siècle XIX ème. Il y a aussi dans le roman une attaque violente à l’adresse de l’exploitation de l’enfant : Cosette. Hugo dénonce les excès du pouvoir autoritaire représenté par la justice qui condamne Jean Valjean pour avoir volé un pain. Il dénonce aussi les excès de la police du régime autoritaire de Napoléon III personnifié par le policier Javert.

Plus intéressante que la composante sociale, c’est la dimension symbolique, métaphysique. Dans ce sens-là, l’évolution du protagoniste Jean Valjean illustre le mythe du progrès qui est le mythe définitoire de la philosophie positive, qui exprime la confiance absolue dans la capacité de l’homme de connaître la vérité, le bonheur, d’instaurer le bien.

Comme Quasimodo, au début Jean Valjean a l’âme attirée seulement par la partie matérielle de l’existence. Le pain qu’il vole dénote dans le personnage sa faim des valeurs spirituelles. L’itinéraire du Jean Valjean représente son évolution du mal vers le bien, de la matière à l’esprit, à travers l’amour pour les autres et à travers le sacrifice. La signification philosophique du roman : non seulement les personnages pour ainsi dire négatifs du roman sont ’’misérables’’, le titre du roman fait référence à tous les personnages dans la mesure où tous les personnages y compris Javert et Thénardier naissent sous le signe du péché, mais ils peuvent se racheter et ils peuvent évoluer vers le bien, la vérité et l’amour. Le titre illustre le fait que la condition humaine par sa nature est misérable, mais il ne s’agit pas de la misère matérielle, de la pauvreté, mais de la condition humaine qui est par définition précaire.

Conformément au mythe du progrès dans lequel Hugo croit, même les personnages les plus impénitents et incorrigibles, peuvent se convertir au bien, peuvent se racheter et retrouver la matière divine, angélique, la pureté initiale.

Par exemple, Satan, dans La Fin de Satan, qui à la fin des temps ’’mourra’’, c’est-à-dire, il redeviendra Lucifer, l’ange qui a été déchu, puni par Dieu pour son orgueil.

La croyance inébranlable de Hugo est que l’homme peut et doit subir la conversion du bien, il doit dépasser sa condition matérielle, il doit réussir à atteindre le statut de créature de l’esprit. Il arrive parfois que la transfiguration morale soit provoquée par la reconnaissance. C’est le cas de Jean Valjean, un ancien forçat que tout le monde condamne jusqu’à la rencontre avec l’évêque Bienvenu, qui le transforme radicalement, en lui « achetant » l’âme pour la donner à Dieu. Les crises de conscience que Jean Valjean subit après cette conversion sont décrites comme des batailles où s’affrontent les forces du bien et du mal.

Dans l’important chapitre Une Tempête sous un crâne, Victor Hugo raconte la grande crise de conscience de Valjean, qui culmine avec la décision de se livrer à la justice afin de sauver un vagabond accusé à tort. Le chapitre se termine par une allusion, très émouvante, à l’Homme Douleur en qui se résument toutes les souffrances de l’humanité et qui avait lui aussi d’abord écarter la coupe d’amertume « pendant que les oliviers frémissaient au vent farouche de l’infini » . En préambule au chapitre Une Tempête sous un crâne, Hugo écrit : « Faire le poème de la conscience humaine, ne fût-ce qu’à propos d’un seul homme, ne fût-ce qu’à propos du plus infime des hommes, e serait fondre toutes les épopées dans une épopée supérieure et définitive » . L’homme Valjean représente l’humanité et la conscience de Valjean représente le drame de la conscience humaine en général.

Jean Valjean est un mythe parce qu’il porte dans sa conscience la lutte éternelle entre le bien et du mal. Il est à la fois coupable et victime et porte dans l’intensité de ses contradictions intérieures le destin même de l’humanité, partagée entre la tentation de l’égoïsme et l’espoir du progrès. Même s’il n’agit pas au nom d’un Dieu supérieur, Hugo l’assimile à une figure christique en multipliant les références à l’Ancien et au Nouveau Testament : Jean Valjean se laisse enfermer dans le cercueil d’une religieuse nommée Crucifixion pour rentrer au couvent du Petit-Pic pus, il adopte Cosette le jour de Noël, renaît de son tombeau, il se dénonce ou se laisse dénoncer à plusieurs reprises – un des chapitres s’intitule «Ecce homo», «voici l’homme», en hommage à l’expression par laquelle Pons Pilate présente le Christ arrêté -, et se sacrifie pour sa fille (quand Marius l’apprendra, il commentera d’ailleurs lui-même « le forçat se transforme en Christ». Dans le duo qu’il forme avec Javert, son double dans le mal, Jean Valjean est une figure emblématique de la conscience humaine et incarne l’espoir que l’humanité peut avoir en ses propres ressources.

Le roman s’achève avec la mort de Jean Valjean dont le rôle est terminé. Il ne meurt qu’une fois réglé le sort des autres personnages ; Cosette a épousé Marius qui s’est réconcilie avec son grand père ; le jeune couple échappe définitivement à la misère. Il s’agit donc apparemment d’une fine heureuse.

Cependant parmi les personnages secondaires –les autres misérables – les plus sympathiques sont morts, broyés, par la machine sociale :Fantine, Javert, Gavroche, Eponine, Thénardier, toujours vivant, poursuit son métier d escroc. Au-delà du happy end se dessine ainsi une morale sans illusion qui dénonce dans la société telle qu’elle est l’impossibilité de sortir honnêtement de la misère.

IV Conclusions

Pour rédiger Les Misérables, Hugo a été inspiré par le tableau de Delacroix, La Liberté guidant le peuple, qui représente le combat victorieux de la nation française (symbolisée par Marianne portant un drapeau tricolore). Après avoir mis en accusation le système social, Hugo souhaite défendre ceux qui ont voulu changer l’Histoire de France au nom de l’idéal d’un monde meilleur, du progrès social, malgré la résistance des intérêts conservateurs, et en particulier de la bourgeoisie « qui arrête les révolutions à mi-côte ». Les représentations de l’héroïsme de ceux qui se battent pour la liberté abondent dans le roman : on peut penser aux soldats se battant pour l’idéal révolutionnaire à Waterloo, dirigés par un homme, Napoléon, qui incarne à lui seul l’âme du peuple et cherche à diffuser en Europe tout entière les « conquêtes sublimes » de la Révolution de 1789, ou au personnage de Marius, qui peu à peu prend parti pour le peuple et la république. Il faut surtout évoquer la figure du jeune Gavroche, qui « n’avait pas de gîte, pas de pain, pas de feu, pas d’amour ; mais [qui] était heureux parce qu’il était libre», qui partage avec les autres enfants de la rue le peu qu’il possède et qui meurt pour ses idées de fraternité et d’égalité, en chantant une chanson qui défend les philosophes des Lumières, Voltaire et Rousseau (voir V, I, 15). Même s’il regrette que la nation française soit divisée et s’entre-tue, lorsqu’il met en scène les émeutes révolutionnaires de 1832, Victor Hugo, tout comme son héros Jean Valjean qui se bat au côté du peuple, se situe donc du côté des insurgés et de leurs valeurs.

Tout comme les romanciers «réalistes» qui l’ont suivi (Balzac, Flaubert, etc.), Hugo accorde une place importante à l’observation précise du réel. Son roman fait référence à des lieux et à des événements historiques célèbres que peut reconnaître le lecteur. Par ailleurs, Hugo s’est appuyé sur une importante documentation pour rédiger son roman et a puisé dans ses propres souvenirs, parus sous le titre Choses vues, pour peindre de manière précise certaines scènes (par exemple, le défilé des bagnards) ou certains lieux (les égouts de Paris). L’impression de réalité que le roman dévoile est renforcée par le sentiment que le narrateur s’appuie sur des documents réels (au chapitre 7 du livre XIV de la troisième partie, il semble recopier la lettre envoyée par Marius à Cosette). Souvent aussi, Hugo feint d’ignorer certains détails, ce qui laisse à penser qu’il n’invente pas son histoire mais se contente de relate L’aspect dramatique du récit de Hugo tient à l’accumulation des coups de théâtre ou péripéties, c’est-à-dire d’événements inattendus qui interrompent le cours de l’action : le don des chandeliers par l’évêque ou les interventions presque miraculeuses de Jean Valjean pour sauver Fauchelevent en sont des exemples une histoire réelle.

Cette dramatisation confère une dimension épique au roman : Hugo a créé des personnages possédant, dans la méchanceté ou la générosité, une grandeur qui les élève à la position de géants du mal (Javert ou Thénardier) ou du bien (Mgr Bienvenu, Jean Valjean). La quête de justice du héros et son combat contre ses démons, extérieurs ou intérieurs, se mêle en un combat titanesque aux luttes du peuple français pour la liberté. Le roman est ainsi, selon les mots même de Hugo (V, 1,23), « le grand champ épique où se débat l’humanité » : il nous montre la lutte héroïque de l’homme pour le progrès. Hugo affirmait à la première ligne de sa préface : « le livre que l’on va lire est religieux » ; cette lutte se fait sous le regard de Dieu et le thème du destin ou de la providence se retrouvent constamment dans l’œuvre. Le thème de la sainteté est lui aussi omniprésent, et, par de nombreux aspects, Jean Valjean est un Christ des temps modernes, qui se sacrifie à la fin du roman pour sauver sa fille.

Jean Valjean est à la fois le héros central du roman, celui vers lequel convergent tous les fils du récit, et un mythe populaire : en apparence, Valjean est un misérable comme tant d’autres, mais sa lutte pour le bien et la rédemption lui confère une dimension héroïque. Il devient alors le symbole du dépassement de l’homme par lui-même et un messager d’espoir pour l’humanité entière.

L’idéologie de Hugo est sociale, de gauche est cela fait que dans le roman il y a des accents évidents en faveur des classes défavorisées. Dans le roman il y a quelques images mémorables sur la misère matérielle où vivait une grande partie de la société française du siècle XIX ème. Il y a aussi dans le roman une attaque violente à l’adresse de l’exploitation de l’enfant : Cosette. Hugo dénonce les excès du pouvoir autoritaire représenté par la justice qui condamne Jean Valjean pour avoir volé un pain. Il dénonce aussi les excès de la police du régime autoritaire de Napoléon III personnifié par le policier Javert.

Plus intéressante que la composante sociale, c’est la dimension symbolique, métaphysique. Dans ce sens là, l’évolution du protagoniste Jean Valjean illustre le mythe du progrès qui est le mythe définitoire de la philosophie positive, qui exprime la confiance absolue dans la capacité de l’homme de connaître la vérité, le bonheur, d’instaurer le bien.

Comme Quasimodo, au début Jean Valjean a l’âme attirée seulement par la partie matérielle de l’existence. Le pain qu’il vole dénote dans le personnage sa faim des valeurs spirituelles. L’itinéraire du Jean Valjean représente son évolution du mal vers le bien, de la matière à l’esprit, à travers l’amour pour les autres et à travers le sacrifice. La signification philosophique du roman : non seulement les personnages pour ainsi dire négatifs du roman sont ’’misérables’’, le titre du roman fait référence à tous les personnages dans la mesure où tous les personnages y compris Javert et Thénardier naissent sous le signe du péché, mais ils peuvent se racheter et ils peuvent évoluer vers le bien, la vérité et l’amour. Le titre illustre le fait que la condition humaine par sa nature est misérable, mais il ne s’agit pas de la misère matérielle, de la pauvreté, mais de la condition humaine qui est par définition précaire.

Tout comme son nom – réduit à la répétition d’un prénom commun – le suggère, Jean Valjean est un ouvrier quelconque, rude et frustre, un orphelin silencieux et pensif, un misérable comme les autres: «Je suis un misérable », avoue-t-il après avoir volé sa pièce au Petit- Gervais, que la société a détruit et poussé progressivement vers le mal. Le roman de Hugo voulait décrire « l’épopée d’une âme » : à ce titre, Valjean représente l’homme ordinaire aux prises avec le bien et le mal. Le héros connaît les affres du doute ; en révolte contre la société au début du roman, il a aussi ses faiblesses, ses colères et ses haines ; il éprouve à la fois la tentation facile du vol, la prudence, l’égoïsme, le confort, fût-ce au prix du mensonge. Contrairement au héros traditionnel de l’épopée, Jean Valjean est avant tout un homme comme un autre, auquel tout lecteur pourrait s’identifier.

Même s’il possède une taille et une force physique extraordinaires, Jean Valjean ne naît pas héros, mais le devient : c’est dans son extraordinaire courage à se confronter à sa propre conscience morale et dans le dépassement de ses faiblesses humaines que le personnage acquiert une dimension surhumaine. Le roman décrit les étapes de plus en plus douloureuses que le héros doit accomplir pour se racheter en oubliant, tel un saint, son propre moi. Ce héros étonne le lecteur par les miracles qu’il accomplit ou par la force intérieure qu’il acquiert dans l’adversité : il puise tour à tour en lui-même l’énergie nécessaire pour soulever une charrette et sauver Fauchelevent ou pour vaincre les égouts infernaux de Paris et sauver Marius. Mais ses exploits physiques sont doublés d’exploits moraux : le héros se montre capable de reconnaître ses erreurs, de pardonner à ses ennemis, de sacrifier sa respectabilité en se dénonçant.

Bibliographie

1. ŒUVRES DE VICTOR HUGO

Les Misérables, Paris, Pocket, 1990

2. OUVRAGES DE CRITIQUE ET D’HISTOIRE LITTÉRAIRE

• ALBOUY, Pierre – La Création mythologique chez Victor Hugo, Paris, José Corti, 1963

• BROCHU, André – Hugo. Amour, Crime, Révolution – Essai sur Les Misérables, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, 1977

• BROMBERT, Victor – Victor Hugo et le roman visionnaire, Paris, Presse Universitaire de France, 1985

FELIX GUIRAND – Petits Classiques. Les Miserables. Victor Hugo, Larousse 2007

• MILNER, Max – Le Diable dans la littérature française, de Cazotte à Baudelaire, Presses universitaires de France, Paris, 1982

• PEYRE, Henri – Qu’est-ce le Romantisme ? , Presses universitaires de France, Paris, 1971

• RENOUVIER, Charles – Victor Hugo, le philosophe, Paris, Armand Colin, 1990

• UBERSFELD, Anne et Rosa, GUY – Lire Les Misérables, Librairie José Corti, 1985

• VILLIERS, Charles – L’univers métaphysique de Victor Hugo, Paris, Librairie Philosophique J. Vrin, 1970

Bibliographie

1. ŒUVRES DE VICTOR HUGO

Les Misérables, Paris, Pocket, 1990

2. OUVRAGES DE CRITIQUE ET D’HISTOIRE LITTÉRAIRE

• ALBOUY, Pierre – La Création mythologique chez Victor Hugo, Paris, José Corti, 1963

• BROCHU, André – Hugo. Amour, Crime, Révolution – Essai sur Les Misérables, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, 1977

• BROMBERT, Victor – Victor Hugo et le roman visionnaire, Paris, Presse Universitaire de France, 1985

FELIX GUIRAND – Petits Classiques. Les Miserables. Victor Hugo, Larousse 2007

• MILNER, Max – Le Diable dans la littérature française, de Cazotte à Baudelaire, Presses universitaires de France, Paris, 1982

• PEYRE, Henri – Qu’est-ce le Romantisme ? , Presses universitaires de France, Paris, 1971

• RENOUVIER, Charles – Victor Hugo, le philosophe, Paris, Armand Colin, 1990

• UBERSFELD, Anne et Rosa, GUY – Lire Les Misérables, Librairie José Corti, 1985

• VILLIERS, Charles – L’univers métaphysique de Victor Hugo, Paris, Librairie Philosophique J. Vrin, 1970

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