Le Groupe Adverbial

Tematica:

LE GROUPE ADVERBIAL

CONTENU

1. Les compléments circonstanciels

2. Le circonstant de lieu (spatial)

3. Le circonstant temporel

4. Le circonstant de quantité

5. Le circonstant de manière

6. Le circonstant d'instrument (instrumental)

7. Le circonstant de cause

8. Le circonstant de conséquence

9. Le circonstant de but

10. Le circonstant d'hypothèse et de condition

11. Le circonstant de concession

12. Autres circonstants

Bibliographie

1. LES COMPLÉMENTS CIRCONSTANCIELS

LA PHRASE NOYAU ET LA PHRASE COMPLEXE

La phrase noyau est formée de deux constituants: le GN1 et le GPréd. Celui-ci renferme le GV (on parle alors d'une phrase simple: L'orage avait fait des ravages) et les compléments de temps, lieu, quantité, manière (auquel cas on parle d'une phrase étendue: Les touristes marchaient vite).

La phrase complexe est une structure syntaxique formée de deux noyaux prédicatifs. Entre les deux phrases constitutives s'établissent plusieurs types de relations: association (structures comitatives et instrumentales), comparaison, relations logiques: cause, effet, hypothèse-condition, concession, etc.

Les phrases complexes peuvent se réaliser sous la forme de deux propositions à verbe fini reliées par un connecteur, ou sous une forme réduite sans verbe fini:

Je sortirai {bien qu'il pleuve.} /{malgré la pluie.}

Tous ces compléments, quels que soient leur valeur sémantique et le type de phrase où ils apparaissent (phrase noyau étendue ou phrase complexe), seront traités, en vertu de certaines propriétés syntaxiques communes, comme appartenant à une même classe, celle des compléments circonstanciels.

LA DISTINCTION COMPLÉMENT D'OBJET / COMPLÉMENT CIRCONSTANCIEL

Les compléments circonstanciels se distinguent des compléments d'objet par:

– le comportement des unités de la chaîne;

– la nature du rapport sémantique qui les relie.

* Les compléments d'objet (direct et indirect) se définissent en fonction de la relation du V avec un élément nominal (de rection directe – COD – ou indirecte – COI). Ils sont conditionnés par la présence dans le V des traits contextuels [+ transitif] (pour le COD) et, parfois, [+ attributif] (pour le COI):

* Les compléments circonstanciels se définissent selon les renseignements qu'ils fournissent sur les circonstances dans lesquelles se déroule le procès: espace, temps, manière, cause, but, etc. Ils ne sont pas fonction du thème du V, pouvant donc apparaître auprès de n'importe quel verbe principal:

Pierre lit un livre le soir./ Pierre écrit une lettre à Paul le soir./ Pierre se promène le soir. Pour les identifier, on peut utiliser le test de l'anticipation interrogative par un substitut adverbial (quand, où, combien, comment, pourquoi), par une préposition + pronom interrogatif (en quoi, avec quoi) ou par une préposition + adjectif interrogatif + nom (pour quelle raison, à quelle heure):

Quand se promène Pierre ? – Le soir.

Où va-t-il ? – A l'aéroport.

Comment chante-t-il ? – Il chante faux.

Pourquoi a-t-il été arrêté ? – Pour vol.

Selon le critère de la nécessité les compléments du V se classent en compléments obligatoires et compléments facultatifs.

* Les compléments d'objet sont des compléments obligatoires du V. Ils conditionnent l'existence même de la phrase, entretenant des relations de double implication avec le V:

Pierre admire le paysage. (*Pierre admire) / Pierre obéit à ses parents. (*Pierre obéit)

*Les compléments circonstanciels sont des compléments facultatifs, n'étant pas indispensables à la construction d'une proposition élémentaire bien formée.

Ainsi dans la phrase Pierre admire le paysage le soir, le soir est un complément facultatif, qui pourrait être supprimé sans conséquences syntaxiques pour l'énoncé.

Selon le critère de l’incidence les compléments se divisent en compléments incidents au verbe et en compléments incidents à la phrase entière.

* Les compléments d'objet sont des constituants du GV, conditionnés par le thème du V, avec lequel ils entretiennent d'étroites relations de solidarité.

GV –-> V + GN2 + GPrép.

(COD) (COI)

*Les compléments circonstanciels ne dépendent pas du V. Ils sont incidents à la phrase entière. Ils sont des constituants du Groupe Prédicatif (GPréd.) qui contient, outre le V et ses compléments obligatoires, des compléments facultatifs de nature adverbiale (circonstancielle): le GAdv.:

GPréd. ––> GV + GAdv.

Pierre écrit à son ami le soir.

LES COMPLÉMENTS CIRCONSTANCIELS

Définition

Les compléments circonstanciels sont des compléments facultatifs du V, non conditionnés par la nature thématique de celui-ci, incidents à la phrase entière et apportant des précisions de nature adverbiale (circonstancielle) sur le déroulement du procès.

Leur nombre n'est en principe pas limité:

Pierre travaille à Paris, tous les soirs, dans un restaurant, pour aider sa famille.

Par rapport aux compléments d'objet, ils jouissent d'une mobilité séquentielle plus grande (relative liberté de leur placement dans la phrase, fréquemment exploitée sur le plan stylistique). Tantôt le circonstant ouvre la phrase; cette antéposition témoigne du souci de dessiner le cadre physique, moral ou intellectuel dans lequel va s'inscrire l'action:

Mathô le Lybien se penchait vers elle. Involontairement elle s'en approcha. (Flaubert)

Tantôt il se place en fin d'énoncé, ce qui est logique, mais ce qui peut répondre aussi à un dessein esthétique:

(…) et des herbes s'y dressaient ça et là, mollement. (Flaubert)

Tantôt il apparaît à l'intérieur de la phrase, disloquant les groupes, donnant à tous un relief:

Dans le vide de sa pensée, dans la solitude de sa tête, un jour se leva, sans raison, sans motif, sans cause, la figure du Christ. (Goncourt)

Les trois propriétés formelles du Dt.circonstanciel, permettant de le distinguer des deux autres constituants immédiats de la phrase, le GN sujet et le GV, sont, selon M. Riegel (1994 :140):

1) il est facultatif;

2) il se démultiplie librement;

3) il est mobile dans les limites de la phrase entière.

CLASSES

Les compléments circonstanciels ou les circonstants (circonstant = tout élément exerçant dans la phrase une fonction circonstancielle, Arrivé et al., 1986:114) se classent en:

Circonstants dimensionnels:

– le circonstant spatio-temporel (le circonstant de lieu et le circonstant temporel)

– le circonstant de quantité.

Circonstants non dimensionnels:

– le circonstant de manière

– le circonstant d'instrument

– les circonstants de cause et d'effet (la conséquence et le but)

– les circonstants d'hypothèse et de condition

– le circonstant de concession.

CLASSES DE RÉALISATEURS

a) un adverbe (substitut adverbial): Il est venu me voir hier.

b) Un groupe prépositionnel (GPrép. = Prép. + GN): Il a consenti par indulgence.

c) un groupe nominal (non prépositionnel): Il viendra ce soir.

d) un verbe à un mode non personnel : Sans avoir une grande fortune, il vit à l'aise.

e) une proposition subordonnée: J'écoutais les explications, alors que mon ami rêvassait.

2. LE CIRCONSTANT DE LIEU (SPATIAL)

DÉFINITION

Les circonstants de lieu servent à exprimer diverses oppositions sur l'axe spatial.

RÉALISATEURS

a) un GPrép.: Il travaille dans le laboratoire.

b) un substitut adverbial: Je l'attends ici.

CLASSEMENT SÉMANTIQUE

Les locatifs fondamentaux

Les localisations spatiales présentent une organisation bipartite:

direction (orientation) / location (non-orientation)

Cette opposition est commandée par le thème du verbe:

V orientés (de mouvement) / V non orientés (d'état)

Il voyage à Marseille. / Il travaille à Marseille.

Les verbes orientés expriment un mouvement (réel ou imaginaire) d'une limite initiale jusqu'à (ou vers) une limite finale. ––––––––- lim.initiale lim.finale

Il rentre de son bureau. (limite initiale) / Il court à son bureau. (limite finale)

Les locatifs situatifs

Les locatifs situatifs sont des déterminants spatiaux qui fournissent des précisions sur la position d'un objet par rapport à un point de repère. Les principales oppositions situatives sont: supériorité / infériorité; intériorité / extériorité; antériorité / postériorité.

RÉALISATION LINGUISTIQUE DE LA DONNÉE SPATIALE

ORIENTATION

L'expression de la limite initiale

a) GPrép.

Les principales prépositions et locutions prépositionnelles qui introduisent un Dt. spatial exprimant la limite initiale sont:

DE [+ mouvement continu] [+ contact avec le point d'origine]:

Il vient de Paris. Le chat s'éloigne de la niche du chien.

DÈS [+focalisation de la vision sur le point de départ]:

Dès le seuil, on entendait battre l'horloge.

DEPUIS [+ mouvement continu depuis le point de départ] :

Depuis nos fenêtres on découvre la baie.

DU CÔTÉ DE [+approximation]: La pluie arrive du côté de la mer.

À PARTIR DE [+ focalisation de la vision sur le point de départ]:

Il est arrivé au sommet, complètement épuisé, mais à partir de là il s'est senti libéré.

b) Substitut adverbial

EN (substitut évocateur): Un taxi s'est arrêté. Personne n'en descend.

D'OÙ, DONT (relatifs): Je connais bien la région d'où vous venez.

D'OÙ ? (interrogatif): D'où sortez-vous ?

D'ICI / DE LÀ, À PARTIR DE LÀ (déictiques: ici = lieu du locuteur, là = lieu du non-locuteur):

Il est sorti de là il y a quelques instants.

L'expression de la limite finale

a) GPrép.

Les principales prépositions exprimant la limite finale sont:

À (la limite est envisagée comme atteinte): Il va à Bucarest. Il est allé boire au café.

CHEZ (+ N [+personne]): Je rentre chez moi. Vous venez chez Marie ?

Prép. O (dans le cas des adresses): Il s'est rendu Rue de la Paix.

VERS [+orientation]: Ils se dirigèrent vers le parc.

SUR [+limite atteinte]: Le regard de sa mère se posa sur son front.

[+direction]: Il fonça sur l'ennemi.

[+orientation]: Les fenêtres de la chambre s'ouvrent sur un beau parc.

POUR (avec les verbes partir, s'embarquer, décamper, s'enfuir, filer etc.):

Nous sommes partis pour la France. Ils s'embarquèrent pour Constantinople.

JUSQU'À (limite qu'on ne dépasse pas): Il l'accompagna jusqu'à la gare.

DU CÔTÉ DE [+direction]: Nous nous dirigeons du côté de la gare. (DFC)

CONTRE [+contact]: Il se blottit contre le mur.

b) Substitut adverbial

Y (substitut évocateur): Je vais à la poste pour y porter un colis.

ICI / LÀ (déictiques): Il n'est pas venu ici. Allez là.

LÀ BAS, LÀ HAUT (lieu du non locuteur): Il est allé là haut pour se faire soigner.

OÙ ? JUSQU'OÙ ? (interrogatifs): Où sont-ils allés? Jusqu'où l'as-tu accompagné ?

La visée accompagnante

La visée accompagnante implique une synthèse de la limite initiale et de la limite finale, dans une vision linéaire ou circulaire. (Cristea, 1975 :89)

La référence est vue comme un espace ou une limite.

Elle se réalise par:

– la préposition PAR, seule, ou combinée avec d'autres prépositions situatives. Elle décrit le passage d'un point à un autre de la référence, dans un mouvement unidirectionnel:

Ils entrèrent par une petite porte. (limite simple)

Passez par-derrière la maison. Il faut sauter par-dessus le mur.

À TRAVERS [+obstacle]: Il regardait le ciel à travers les barreaux. (Camus)

LE LONG DE (au niveau du point de repère): Ils marcha le long du mur.

AU RAS DE (À RAS DE): Les hirondelles volent à ras de terre.

AUTOUR DE (mouvement circulaire): La terre tourne autour du soleil.

DANS [+ intériorité]; la référence est un espace à deux ou trois dimensions:

Elle se promène dans le jardin de la maison. Il circule librement dans la ville.

ENTRE (espace constitué de plusieurs référents internes à celui-ci):

Il se faufile entre les voitures.

NON-ORIENTATION

Ce compléU RAS DE (À RAS DE): Les hirondelles volent à ras de terre.

AUTOUR DE (mouvement circulaire): La terre tourne autour du soleil.

DANS [+ intériorité]; la référence est un espace à deux ou trois dimensions:

Elle se promène dans le jardin de la maison. Il circule librement dans la ville.

ENTRE (espace constitué de plusieurs référents internes à celui-ci):

Il se faufile entre les voitures.

NON-ORIENTATION

Ce complément indique le lieu où l'on se trouve. Il présente de nombreux réalisateurs communs avec ceux de la limite finale.

a) GPrép.

À: Il se trouve à Marseille. Il habite à Craiova.

CHEZ (+ N [+personne]): Ils habitent chez nous.

Préposition O (adresse): Il est dans son café habituel Place de la Gare.

PRÈS DE, AUPRÈS DE, À CÔTÉ DE, AUX CÔTÉS DE / LOIN DE (distance) [+proximité] [-proximité]

J'habite tout près de l'Université. Elle est assise à côté de moi. L'hôtel est loin de la mer.

CONTRE: [+contact]: Elle serrait le petit enfant contre sa poitrine.

b) Substitut adverbial

PARTOUT (totalitaire positif) / NULLE PART (totalitaire négatif)

Je le cherche partout. Il n'est nulle part.

ICI / LÀ, AILLEURS (déictiques): Il n'est pas ici, cherchez-le ailleurs.

LÀ- BAS, LÀ-HAUT (lieu du non locuteur): Elle est encore là-haut.

LOIN, AU LOIN [+grande distance]; se combine parfois avec là-bas:

Le château se trouve là-bas, au loin, sur la colline.

(TOUT) PRÈS [+ proximité intime]: Allez-y, c'est tout près.

LES LOCATIFS SITUATIFS

Intériorité / extériorité

L'expression linguistique de l'intériorité

a) GPrép.

DE, DANS (limite initiale + intériorité):

Il tira de sa poche une pipe. Elle prit une clé dans le sac.

DANS, EN (limité finale ou localisation + intériorité):

Elle entrèrent dans le magasin. On l'a conduit en prison.

AU-DEDANS DE, A L'INTÉRIEUR DE [+ intériorité profonde]

Il avait gardé ce souvenir au-dedans de lui.

Cachons-nous à l'intérieur de cette caverne, ils ne nous trouveront pas.

b) Substitut adverbial

(AU-)DEDANS:

Le bureau était ouvert, je suis entré dedans. J'ai ouvert la boîte, mais je n'ai rien trouvé dedans. Il y a cinq places au-dedans.

L'expression linguistique de l'extériorité

a) GPrép.

HORS DE: Il le poussa hors de la salle. Ils vivent hors de leur pays.

AU-DEHORS DE, EN DEHORS DE:

Il a placé son argent au-dehors de son pays. Certains préfèrent vivre en dehors de la ville.

À L'EXTÉRIEUR DE:

b) Substitut adverbial

(AU-)DEHORS:

Tous se jetèrent dehors. Ici, il fait bon dans la maison, mais il fait froid au-dehors.

EN DEHORS: Ne vous penchez pas en dehors. (=au-dehors)

DE DEHORS (limite initiale + extériorité): Il appelle de dehors.

Supériorité / infériorité

L'expression linguistique de la supériorité

a) GPrép.

SUR [+contact]: Il y avait des journaux sur toutes les tables.

AU-DESSUS DE [-contact]: Le soleil brille au-dessus des maisons du vieux quartier.

DU HAUT DE: Il me fit signe du haut du balcon.

b) Substitut adverbial

(AU-)DESSUS:

Prends une chaise et assieds-toi dessus. Ma valise est solide, mettez la vôtre au-dessus.

EN HAUT: La valise est restée en haut.

L'expression linguistique de l'infériorité

a) GPrép.

SOUS: Il s'abrita sous un arbre.

AU-DESSOUS DE: Le village est au-dessous de la montagne.

b) Substitut adverbial

(AU-)DESSOUS: Regardez cette pierre, il y a sans doute une vipère dessous. (DFC)

BAS: L'avion vole bas.

EN BAS: Il habite en bas, au rez-de-chaussée.

LÀ BAS: Là-bas, dans la vallée, tout est dans la brume.

Antériorité / postériorité

L'expression linguistique de l'antériorité

a) GPrép.

DEVANT: Je marche devant lui. Il y a une patisserie devant le théâtre.

AU-DEVANT DE [+déplacement de sens contraire]:

Il l'aperçut sur le quai et alla au-devant de lui.

FACE À, EN FACE DE (disposition de deux objets situés l'un par rapport à l'autre):

Elle s'assit en face de lui. L'orateur parlait face à la foule.

b) Substitut adverbial

DEVANT: Il court devant pour les prévenir.

AU-DEVANT: Restez ici, je vais aller au-devant.

EN AVANT: Nos troupes ont fait un bond en avant.

L'expression linguistique de la postériorité

a) GPrép.

DERRIÈRE: Je marche derrière lui. Il y a un garage derrière les maisons.

EN ARRIÈRE DE: Il est resté en arrière de la colonne.

À L'ARRIÈRE DE: Il est allé se placer à l'arrière du cortège.

b) Substitut adverbial

DERRIÈRE: Il courut derrière pour la rattraper.

EN ARRIÈRE: Faites un pas en arrière !

À L'ARRIÈRE: Il est allé se placer à l'arrière.

BIBLIOGRAPHIE MINIMALE

Cristea, T., 1979, Grammaire structurale du français contemporain, p. 282-312.

Scurtu, G., 1998, Les compléments circonstanciels, p. 19-30.

TEST

– Quels sont les axes fondamentaux autour desquels s’organisent les locatifs spatiaux ?

– Quel type d’organisation présentent les locatifs fondamentaux ?

– Donnez des exemples des circonstants spatiaux réalisés avec des GPrép. et des substituts adverbiaux, en présence de verbes [+déplacement], exprimant: a) la limite initiale; b) la limite finale.

– Donnez des exemples des circonstants spatiaux réalisés avec des GPrép. [-orientation], exprimant le rapprochement / l’éloignement.

– Que sont les locatifs situatifs ? Quelles sont les principales oppositions situatives ?.

– Construisez deux phrases qui renferment des circonstants spatiaux marqués des traits suivants: a) [+orientation] [+supériorité]; b) [-orientation] [+supériorité].

– Construisez deux phrases qui renferment des circonstants spatiaux marqués des traits suivants: a) [+orientation] [+intériorité]; b) [-orientation] [+intériorité].

– Analysez les circonstants spatiaux suivants: 1. Il rangea sa bicyclette contre le trottoir. 2. Il a demandé l’adresse de l’agence pour y porter le registre. 3. La porte s’ouvrit et tous se jetèrent dehors. 4. Sortez de là, on ne vous fera rien de mal. 5. Sa maison est loin de l’école. 6. La famille, depuis le perron, nous observait.

3. LE CIRCONSTANT TEMPOREL

DÉFINITION

A la division temporelle en trois zones: passé, présent, futur, peuvent s'ajouter diverses localisations extraverbales, dont le rôle est "d'assouplir la localisation temporelle verbale". (Cristea, 1975 : 134)

RÉALISATEURS

a) un GN de rection directe: Il viendra ce soir.

b) un GPrép.: Je t'attends à 5 heures.

c) un substitut adverbial: Demain je dois me lever tôt.

d) un verbe à un mode non personnel: Après avoir terminé, il sortit.

e) une proposition subordonnée: Quand tu auras lu ce roman, tu me le prêteras.

VALEURS SÉMANTIQUES

Les axes fondamentaux autour desquels s'organisent les circonstants temporels sont le moment, la durée et la situation.

La situation temporelle consiste à déterminer "la position d'un processus (action ou fait) par rapport à une référence, qui est elle-même déterminée par le moment de l'instance d'énonciation du sujet parlant". (Charaudeau, 1992 : 452)

Selon la position par rapport au point de référence, les circonstants temporels peuvent marquer la simultanéité, l'antériorité et la postériorité.

L’ORGANISATION DE LA DONNÉE TEMPORELLE

LE GN DE RECTION DIRECTE

Les GN de rection directe fonctionnent comme des déictiques temporels (leur signification ne s'éclaire que si l'on connaît les instances du discours).

Ils expriment:

a) la période en cours (actualité du sujet parlant – axe de l'énoncé). Le nominal [+division temporelle] est précédé d'un démonstratif ou d'un autre élément indiciel (premier, dernier, passé, prochain, un adverbe temporel etc.)

Cet été nous partirons au bord de la mer. Ce matin, il fait encore froid.

Dimanche soir, nous irons au théâtre. L'année dernière il a beaucoup plu.

b) l'actualité "passée" ou "future" (axe du récit). Le nominal est alors souvent accompagné de l'indice adverbial de distance (-là) ou d'un autre élément indiciel:

Ce jour-là, il y avait du verglas sur la route. Je ne l'attendais pas ce soir-là.

LA SPÉCIFICATION DU MOMENT ET DE LA DURÉE PAR UN GPRÉP.

Le moment (vision ponctuelle)

a) limite initiale temporelle:

DE: Les vacances scolaires vont de juillet à septembre.

DÈS (focalisation de la vision sur le moment initial):

Dès son arrivée elle s'était précipitée sur lui.

DEPUIS (moment initial + durée): Ils habitent ici depuis un an.

À PARTIR DE, À DATER DE, À COMPTER DE:

A partir de maintenant tout va changer.

b) limite finale temporelle

À: Il travaille du matin au soir. Nous nous reverrons à la saint glinglin.

JUSQU'À (point d'aboutissement):Je t'aimerai jusqu'au dernier souffle de ma vie.

VERS, SUR

[+ approximation]: J'arriverai vers (les) 8 heures / sur les 8 heures.

La durée

PENDANT (lg.usuelle): Il l'a surveillé pendant toute son absence.

DURANT (lg.écrite): Il restait à rêver durant des heures.

EN: En ce temps, il était jeune.

(le temps nécessaire à l'accomplissement d'une action): Il a traduit le texte en deux heures. DE (dans des phrases négatives): Elle n'a pas dormi de toute la nuit.

AU COURS DE: Au cours de la nuit j'eus une violente émotion.

TOUT AU LONG DE: J'ai fait des démarches tout au long de la journée.

DANS:

– (la durée): Dans les siècles passés, l'hiver était plus difficile à supporter.

– (le terme d'une période, une échéance): J'irai le voir dans une semaine.

L'EXPRESSION DES RAPPORTS D'ANTÉRIORITÉ ET DE POSTÉRIORITÉ TEMPORELLE PAR UN GPRÉP.

L'antériorité:

AVANT: Il doutait de lui avant ce succès.

La postériorité:

APRÈS: Le printemps vient après l'hiver.

LES ADVERBES TEMPORELS

Les adverbes chronologiques renseignent sur le temps proprement dit de l'action, avec un point de référence chronologique sur l'axe du temps.

On sait que le système verbal français est fondé sur l'action séparative du présent (moment de l'énonciation ou temps du locuteur). La référence au moment de l'énonciation peut être directe (axe de l'énoncé) ou indirecte (axe du récit):

Il me dit maintenant qu'il l'a vu hier et qu'il le reverra demain. (énoncé) / Il m'a dit hier qu'il l'avait vu la veille et qu'il le reverrait le lendemain. (récit)

Les adverbes chronologiques peuvent se situer selon le point de référence impliqué et selon le rapport temporel exprimé.

a) D'après le système de référence il y a:

– référence centrique (le point de référence est le présent du locuteur (To) situé sur l'axe de l'énoncé);

– référence allocentrique (le point de référence est différent du présent – passé ou futur -situé sur l'axe du récit- T1);

– référence neutre (le point de référence peut se trouver sur l'axe de l'énoncé ou du récit).

b) D'après le rapport temporel exprimé il y a:

– rapport de simultanéité / rapport d'antériorité / rapport de postériorité.

Le système des adverbes temporels est structuré comme suit:

1) Simultanéité centrique: Il part aujourd'hui. Le temps est actuellement très froid.

2) Simultanéité allocentrique: Il m’ dit qu’il écrivait alors.

3) Simultanéité neutre: Son pouls était presque insensible maintenant. (Flaubert)

4) Antériorité centrique: Hier, il faisait encore beau.

5) Antériorité allocentrique: La veille il s’était absenté.

6) Simultanéité neutre: Cela s'est passé autrefois. (= jadis, dans un passé éloigné)

7) Postériorité centrique: Je dois le voir demain.

8) Postériorité allocentrique: Il m’ a dit que vous partiriez le lendemain.

9) Postériorité neutre: Je suis à vous aussitôt.

Les adverbes aspectuels caractérisent le procès au point de vue immanent, avec référence aux moments de l'action: initial, déroulement, final.

Adverbes qui expriment la limite

a) initiale: DÉSORMAIS, DORÉNAVANT, D'ORES ET DÉJÀ (lit.), DEPUIS

Voici votre nouveau chef: dorénavant c'est de lui que vous recevrez toutes les instructions.

Nous l'avons vu dimanche, mais pas depuis.

b) finale: DÉJÀ, ENFIN, FINALEMENT

Je vous ai enfin retrouvé.

c) initiale + finale: D'ICI LÀ ou D'ICI + indicateur temporel

Je vous promets que j'irai le voir pour lui présenter notre requête. D'ici là il faut préparer notre argumentation.

D'ici demain tu as le temps de jeter un coup d'oeil sur le projet.

Adverbes qui expriment la continuité

a) continuité: LONGUEMENT, LONGTEMPS, TOUJOURS, JAMAIS, ENCORE

A présent c'était lui qui la regardait, – longuement. (Montherlant) (= avec longueur et continuité)

N'y restez pas trop longtemps, ne vous éternisez pas ! (= beaucoup de temps)

Ce qui a été cru par tous, et toujours, et partout, a toutes les chances d'être faux. (Valéry)

b) discontinuité: SOUVENT, FRÉQUEMMENT, RAREMENT, PARFOIS, QUELQUEFOIS, ENCORE, TOUJOURS

Il perd souvent son sang-froid. Je les rencontre rarement.

Il revient toujours à la charge. [+ itération]

c) discontinuité alternative: TANTÔT…TANTÔT: Il était tantôt gai, tantôt triste.

VERBE À UN MODE NON PERSONNEL

Le choix du mode du verbe est fonction de certains critères, dont le plus important est l'identité ou la non identité des agents des deux procès mis en rapport temporel.

Ag VR = Ag Vr : infinitif, gérondif, participe présent, participe passé

Ag VR # Ag Vr : participe passé

Prép. + Infinitif

AVANT DE + Inf. exprime un rapport d'antériorité:

Avant d'aborder l'écriture musicale (…), je dois parler de la mémoire musicale. (Duhamel)

APRÈS + Inf. passé exprime un rapport de postériorité:

Après avoir chanté, il récita une fable. (Grevisse)

Gérondif (parfois renforcé par tout).

Il exprime un rapport de simultanéité: Il lit (tout) en se promenant

Participe présent

Dans le contexte des verbes de perception, il exprime un rapport de simultanéité:

Je l'ai vu lisant cette lettre.

Participe passé (forme composée)

Il exprime un rapport de postériorité: Ayant dit ces mots, il sortit.

Participe passé en construction absolue (le participe a son propre sujet).

Il exprime un rapport de postériorité: Les invités partis, elle ouvre les fenêtres.

LA SUBORDONNÉE TEMPORELLE

La subordonnée temporelle met en rapport le procès exprimé dans la proposition principale avec un autre procès exprimé dans la proposition subordonnée.

Les deux procès peuvent etre simultanés ou non simultanés (antériorité ou postériorité).

Rem : En parlant d'antériorité ou de postériorité, le repère est toujours la proposition principale. Le VR évoque donc un procès antérieur à celui de la proposition subordonnée, ou un procès qui lui est postérieur.

Ces différents rapports se traduisent soit par le choix de l'élément de relation (conjonction ou locution conjonctive), soit par le choix de la forme verbale, soit par les deux procédés cumulés.

La structure de simultanéité

L'action de la subordonnée a lieu en même temps que l'action de la proposition principale.

Cette simultanéité s'accompagne d'une vision d'effectivité exprimée par l'Indicatif.

Les relateurs employés sont: quand, lorsque, comme, pendant que, en même temps que, aussi longtemps que, tant que, depuis que, tandis que, alors que, maintenant que, chaque fois que, toutes les fois que, à mesure que.

QUAND: Quand tu viendras me voir, je t'expliquerai comment ça marche.

LORSQUE (lit.): Lorsqu'il a fait son apparition, tout le monde s'est enfui.

COMME (variante intensive de quand + imparfait): Nous arrivâmes comme il partait.

PENDANT QUE (souligne la continuité de l'action de la proposition principale):

Asseyez-vous un instant pendant que je téléphone.

EN MÊME TEMPS QUE (marque le parallélisme temporel des actions):

La rue devient plus étroite en même temps qu'elle monte.

AUSSI LONGTEMPS QUE } (marquent la coïncidence totale des TANT QUE } deux procès):

Tant qu'il y a de la vie il y a de l'espoir.

DEPUIS QUE (oriente les deux procès vers le passé):

Nous sommes sans nouvelles depuis qu'il est parti.

TANDIS QUE } (valeur temporelle

ALORS QUE } et /ou oppositionnelle):

Tandis que je travaille pour vous, vous vous amusez !

MAINTENANT QUE (valeur momentanée):

Maintenant que j'ai réussi, je peux me reposer.

CHAQUE FOIS QUE } (caractère discontinu

TOUTES LES FOIS QUE } des deux procès):

Toutes les fois que je le rencontrais, il avait un air triste.

A MESURE QUE (marque la progression des deux procès):

A mesure qu'il lisait, Colomba se rapprochait de la table. (Mérimée)

La structure de postériorité

L'action de la proposition principale a lieu après l'action de la subordonnée.

Celle-ci étant envisagée comme déjà réalisée et effective dans son accomplissement s'exprime par l'Indicatif.

La structure de postériorité se réalise par deux procédés:

1) Elément de relation neutre (quand, lorsque) + combinaison de formes verbales spécifiques du décalage temporel: temps simple dans le VR / temps composé dans le Vr:

Quand elle a terminé l'arrangement, elle lève les yeux sur le voyageur pour voir s'il est satisfait. (ap. T. Cristea)

2) Elément de relation spécifique qui exprime la postériorité: après que, dès que, aussitôt que, sitôt que, une fois que, à peine … que:

APRÈS QUE: Après que vous aurez parlé, il parlera.

Rem: L'usage conversationnel (et même écrit) actuel emploie le subjonctif après la conjonction après que. Cet emploi est contradictoire avec la position de postériorité, mais il s'explique par analogie avec avant que, qui exige le subjonctif:

Autrefois – longtemps même après qu'elle m'ait quitté – j'ai pensé … (Sartre)

SITÔT QUE, AUSSITÔT QUE, DÈS QUE, A PEINE… QUE sont des variantes sémantiques de après que, précisant que l'intervalle qui sépare les deux actions est très réduit:

Dès qu'on entend la cloche, le vieux Dick sort de son refuge. (Duhamel)

Dès que la servante timide m'eut ouvert, je lui glissai une pièce d'or dans la main. (A. France)

Sitôt que les hommes sont en société, ils perdent le sentiment de leur faiblesse. (Montesquieu)

En ce qui concerne les temps employés dans la subordonnée, qui concourent à marquer l'antériorité du procès (et donc la postériorité du procès principal), on enregistre habituellement les combinaisons suivantes:

Proposition subordonnée (Vr) Proposition principale (VR)

Passé composé Présent

Après qu'il a travaillé, il se repose.

Passé antérieur Passé simple

Dès qu'il eut pénétré dans la cour, il vit que les volets étaient fermés.

Passé simple Passé simple

Aussitôt qu'elle entra, il se leva.

Futur antérieur Futur

Dès que vous aurez terminé, vous vous reposerez.

La structure d'antériorité

L'action de la proposition principale a lieu avant l'action de la subordonnée.

Ce rapport temporel, tout comme celui de postériorité, s'exprime par deux procédés:

Elément de relation neutre (quand, lorsque) + décalage de formes verbales:

temps composé dans le VR / temps simple dans le Vr:

Quand il revint elle était déjà partie.

2) Elément de relation spécifique : avant que, jusqu'à ce que, en attendant que.

L'action de la subordonnée, étant envisagée comme non encore réalisée, est mise en perspective étant donc exprimée par le Subjonctif.

AVANT QUE: Partons avant que la nuit (ne) soit tombée.

Rem: Avant que peut se construire, à un niveau de langue recherché, avec un ne explétif "que l'on peut considérer comme la trace d'une véritable négation à un autre niveau de l'énonciation: Finis tes devoirs avant que ton père (ne) revienne (= au moment où tu les finiras ton père ne sera pas encore revenu)." (Riegel et al., 1994 : 511)

JUSQU 'À CE QUE (l'action du Vr représente la limite finale de l'action du VR):

J'insisterai jusqu'à ce qu'elle prenne une décision.

EN ATTENDANT QUE (insiste sur l'idée de durée):

Ils jouèrent aux cartes en attendant que la bourrasque se calmât.

Rem: A avant que, en attendant que + subjonctif correspondent avant le moment où, en attendant le moment où + indicatif :

Il en était ainsi bien avant le moment où j'ai fait la connaissance d'Ernest Himer. (Duhamel)

Jusqu'à ce que est lui aussi fortement concurrencé par jusqu'au moment où:

Cela a duré jusqu'au moment où il est revenu (au lieu de jusqu'à ce qu'il soit revenu).

BIBLIOGRAPHIE MINIMALE

Charaudeau, P., 1992, Grammaire du sens et de l'expression.

Cristea, T., 1979, Grammaire structurale du français contemporain, p. 295-312.

Deloffre, F., 1979, La phrase française, p. 79-87.

TEST

– Quels sont les principaux axes autours desquels s’organise la localisation temporelle ?

– Quel est le point d’origine de la division des temps verbaux en français ?

– Que signifie référence centrique / référence allocentrique ?

– Quelles sont les classes de réalisateurs du circonstant temporel ?

– Construisez des phrases exprimant les rapports de : a) simultanéité; b) antériorité; c) postériorité, en utilisant tous les types de réalisateurs.

– Analysez les circonstants temporels des phrases suivantes: 1. Je vais partir dans dix minutes. 2. La veille il était entré à l’hôpital. 3. Le printemps vient après l’hiver. 4. Ils seront de retour demain matin. 5. Frappez avant d’entrer. 6. Amusons-nous pendant que nous sommes jeunes. 7. Ne parlez pas avant qu’il n’ait fini. 8. Je ne l’ai plus vu depuis sa dernière visite. 9. Il a fini le travail en deux heures. 10. Il est venu nous voir tout dernièrement.

4. LE CIRCONSTANT DE QUANTITE

DÉFINITION

Le circonstant de quantité indique la quantité absolue (considérée en elle-même) ou la quantité relative (comparée).

RÉALISATEURS

a) Adverbes de quantité: assez, autant, beaucoup, bien, combien, davantage, fort, moins, pas mal, peu, un peu, plus, presque, à peine, si, tant, tellement, trop.

b) Certaines formes en -ment: diablement, drôlement, infiniment, excessivement, extrêmement, suffisamment, terriblement, vachement (pop.) etc.

Cet incident me contrarie extrêmement. (Lexis)

Je n'en pourrais parler à fond sans parler excessivement de moi-même. (Valéry)

Les prix ont drôlement augmenté. (Robert) (= extrêmement, rudement)

CLASSES D'ADVERBES DE QUANTITÉ

Ces adverbes se différencient entre eux par le point de référence de la détermination quantitative. La quantité peut être considérée en soi (absolue) ou relativement à un autre procès (relative ou comparative).

La quantité absolue

Les adverbes de quantité absolue se différencient entre eux par la dimension de la quantification. Ils expriment:

– une grande quantité: beaucoup, fort, trop, tellement, tant, terriblement, infiniment etc.; – une quantité suffisante: assez, suffisamment;

– une petite quantité: peu, un peu, presque, à peine;

– une quantité nulle: nullement, aucunement;

– une quantité indéterminée: combien ?

Remarques sur l'emploi de certains adverbes exprimant la quantité absolue

BEAUCOUP: J'aime beaucoup les gâteaux. (= bien)

FORT

Il est rare dans la langue parlée: Cet homme me déplaît fort. J'en doute fort. (= bien)

Rem: Fort est aussi adverbe de manière (= avec force, fortement): Le vent souffle fort.

TROP

Cet adverbe indique la quantité considérée comme excessive: Ne mangez pas trop.

TRÈS

Très apparaît dans les locutions verbales avoir faim / froid / chaud; faire chaud / froid / attention, emploi condamné par les grammaires normatives:

J'ai très faim. Il faut faire très attention.

TANT, TELLEMENT, SI

– Ils s'emploient dans des phrases exclamatives (intensives):

Il travaille tant ! (=tellement) Il fait si chaud ! (= tellement)

– Ils entrent souvent dans des relations de conséquence (l'adverbe de quantité est un corrélatif):

Il a tant travaillé que la tête lui tourne. J'ai si faim que je dévorerais un boeuf.

TOTALEMENT, ENTIÈREMENT, COMPLÈTEMENT, PLEINEMENT

Tous ces adverbes indiquent la quantité épuisée:

Traiter complètement un sujet. Détruire entièrement. Jouir pleinement d'un bien. (Duhamel)

(…) les rats avaient totalement disparu de mon quartier. (Camus)

ASSEZ, SUFFISAMMENT, PAS MAL (fam. et pop.)

Ils indiquent la quantité moyenne:

Il a assez travaillé. Il a pas mal voyagé. (= assez ou beaucoup)

PEU et UN PEU

Bien que se traduisant en roumain par le même mot (puțin), ces deux adverbes expriment cependant des idées sensiblement différentes:

– peu exprime l'insuffisance (une petite quantité négative)

– un peu exprime une très petite quantité (positive)

Il travaille peu. (= insuffisamment) / Il travaille un peu. (= peu de temps; dans une mesure faible, mais non négligeable)

Nous sortons peu le soir. (Robert) Parlons peu, mais parlons bien (…) (A. France)

Elle zézayait un peu. (Robert)

PEU A PEU, PETIT A PETIT

Ils indiquent la progression quantitative: La surprise se transforma peu à peu en panique.

PRESQUE, A PEINE

. presque exprime une limite non atteinte

. à peine exprime une limite atteinte:

J'ai presque terminé. / J'ai à peine terminé.

La quantité relative

Les adverbes de comparaison (quantité relative) indiquent soit l'égalité soit l'inégalité quantitative entre deux procès:

– égalité: tant, autant

– inégalité: – supériorité: plus, davantage

– infériorité : moins

Remarques sur l'emploi des adverbes exprimant la quantité relative

AUTANT et TANT

Ces deux adverbes établissent une comparaison, mais autant est le terme non marqué du couple (il apparaît dans des phrases affirmatives, interrogatives et négatives), alors que tant est le terme marqué (il n'apparaît que dans des pharases négatives ou interrogatives):

Il travaille autant que vous. / Il ne travaille pas tant (autant) que vous.

AUSSI et SI

Ils s'emploient dans des locutions verbales. Aussi est le terme non marqué, si est le terme marqué du couple:

J'ai aussi faim qu'hier. / Je n'ai pas si (aussi) faim qu'hier.

PLUS et DAVANTAGE

Les deux expriment la supériorité.

– plus s'emploie en construction absolue (sans terme de comparaison exprimé) ou avec un terme de comparaison: Il travaille plus que vous.

– davantage s'emploie absolument: Maintenant il travaille davantage.

LA CORRÉLATION DE QUANTITÉ

Elle s'exprime par des subordonnées en que corrélatif. Certains ouvrages les considèrent comme des circonstants (Le Goffic, 1993 : 401-402), c'est-à-dire des constituants de phrase.

Le premier terme de la corrélation est un adverbe de degré.

Les structures corrélatives de quantité expriment l'égalité et l'inégalité.

– égalité: – autant (V, de N) que

– aussi (Adj, Adv) que

– inégalité: – supériorité: plus (V, Adj, Adv, de N) que (ne)

– infériorité: moins (V, Adj, Adv, de N) que (ne)

Paul a plus vite retrouvé son équilibre qu'il ne l'avait fait l'an dernier.

Il ne travaille plus avec autant de soin qu'il travaillait auparavant.

LES STRUCTURES DE PROPORTION QUANTITATIVE

plus … plus

plus … moins

moins … moins

moins … plus

autant … autant

Plus on juge, moins on aime. (Balzac)

Moins il travaille (et) moins il réussira.

Moins il y a de travail, plus je suis content.

Autant la première partie de votre recherche est intéressante, autant la deuxième paraît artificielle.

Rem: Plus en deuxième position peut être remplacé par mieux quand la comparaison porte sur l'adverbe bien: Moins je mange, mieux je me porte, ou par meilleur quand la comparaison porte sur l'adjectif bon: Plus ce vin est vieux, meilleur il est. (ap. M. Callamand, 1987 : 115)

BIBLIOGRAPHIE MINIMALE

Guță, A., 2004, Le groupe adverbial, p. 67-74.

Scurtu, G.,1998, Les compléments circonstanciels, p. 48-54.

TEST

– Par quoi sont exprimés les circonstants de quantité ?

– Qu’est-ce que la quantité absolue et la quantité relative ?

– Comment sont classés les adverbes de la quantité absolue ?

– Quel type de comparaison est établi par les adverbes de la quantité relative ?

– Construisez des phrases avec: a) peu et un peu; b) plus et davantage; c) tant et autant et expliquez les valeurs et l’emploi de ces couples d’adverbes.

5. LE CIRCONSTANT DE MANIÈRE

DÉFINITION

Le circonstant de manière caractérise l'action verbale du point de vue qualitatif (la manière dont s'accomplit le procès, rythme, intensité, attitude du sujet etc.). C'est donc un caractérisant processuel, ne pouvant pas être considéré comme un circonstant proprement dit.

RÉALISATEURS

a) un adverbe ou GAdv (beaucoup d'adverbes peuvent être quantifiés): Il parle (très) vite.

b) un GPrép.: Il a appris les vers par coeur.

c) un GN de rection directe: Il s'éloigna tête basse.

d) un verbe à un mode non personnel: Il se promène en chantant.

e) une proposition subordonnée: Il rendra tout sans qu'on le lui demande.

LES ADVERBES DE MANIÈRE

Définition

Les adverbes de manière sont des qualifiants du verbe, tout comme les adjectifs épithètes sont des qualifiants du nom.

L'identification de l'adverbe de manière se fait par la paraphrase avec un GPrép. constitué de: avec + N ou de manière + Adj.

Il conduit prudemment – > Il conduit avec prudence / de manière prudente.

Classes d'adverbes de manière

Les adverbes de manière s'organisent en plusieurs sous-classes du point de vue de leur forme: unités adverbiales simples, formes dérivées à l'aide du suffixe -ment, formes dérivées à l'aide du sufixe O (adjectifs adverbialisés).

Les formes simples

La classe des adverbes simples comprend un nombre limité d'unités: ainsi, bien, cash (fam.), comment, debout, ensemble, exprès, franco, gratis, incognito, mal, mieux, pis, pile (fam.), vite, volontiers.

(…) le plus jeune avait écouté et bien écouté. (Montherlant)

Ils ont de l'argent en masse et ils payent cash. (Hémon)

J'avais des loisirs que j'employais à me promener incognito. (de Gaulle)

Ce geste l'arrêta pile. (Aragon) (= brusquement, net)

Certains rêves s'allient volontiers, par une sorte d'affinité, au souvenir d'une femme. (Proust)

Ne t'agite pas ainsi !

Comment vous portez-vous ?

Adverbes dérivés en – ment

Les adverbes de ce type constituent une classe très riche. Ils sont formés sur des adjectifs: aimablement, facilement, élégamment, rapidement, sagement, soigneusement etc:

Il faut réfléchir calmement. Il exposa timidement sa rêquete. (Robert)

La nuit venait, (…) les lampadaires brillaient faiblement. (Camus)

Il avança prudemment. (Pagnol)

Parmi les formations en -ment il faut distinguer entre autres:

– La classe des adverbes modaux (modalisateurs) qui s'appliquent à la phrase en son ensemble, traduisant l'attitude du sujet parlant à l'égard de l'énoncé: certainement, assurément, apparemment, effectivement, évidemment, probablement, vraiment etc. : Vraiment, il exagère ! (DFC)

Certaines unités peuvent fonctionner tantôt comme modalisateurs: Il écrit, naturellement ! (= évidemment) tantôt comme qualifiants du verbe: Il écrit naturellement .(= de manière naturelle)

– Les adverbes quantitatifs: extrêmement, horriblement, profondément, remarquablement, terriblement etc.: On avait énormément spéculé. (Bainville)

– Les adverbes temporels et aspectuels: anciennement, annuellement, antérieurement, finalement, rarement etc.: Les ailes du château sont du 18e siècle; mais le corps principal a été construit antérieurement. (Lexis)

Adjectifs adverbialisés

Un nombre relativement restreint d'adjectifs forment des adverbes par conversion: l'adverbe présente donc une forme identique à celle de l'adjectif épithète. Ce sont des adjectifs usuels, connus habituellement sous le nom d'adjectifs adverbialisés et qui forment avec certains verbes des locutions figées. Il existe une grande différence à cet égard entre le français et le roumain, où l'emploi de l'adjectif en fonction adverbiale représente un fait de norme grammaticale (voi veni bucuros = je viendrai volontiers, avec plaisir; lucrează conștiincios = il travaille consciencieusement).

a) Certains adverbes ne s'emploient qu'avec un nombre restreint de verbes, formant avec ceux-ci des locutions. Ces adverbes se caractérisent par le fait qu'ils ne présentent pas de forme parallèle en -ment:

parler, dire, discuter, prononcer , s'écrier / BAS cuisiner, manger / GRAS

payer, acheter / COMPTANT écrire / GROS sentir; tenir / BON éclairer; rire, sourire / JAUNE s'arrêter; couper / COURT sentir / MAUVAIS sonner; penser / CREUX voir / ROUGE tomber, pousser / DRU cuisiner, manger / SALÉ

Ces roses sentent bon. (DFC)

Il a coupé court à toutes les formalités. (= faire cesser brusquement)

Objet qui sonne creux. (= qui rend un son indiquant qu'il est vide)

b) L'adjectif adverbialisé peut entrer en concurrence avec sa forme en -ment. Voici les principaux adjectifs adverbialisés de la seconde série et les verbes auxquels ils se rattachent de manière usuelle:

tenir / CHAUD voir / GRAND

acheter, payer / CHER parler, lire, chanter / HAUT

voir; parler / CLAIR chanter; penser; frapper / JUSTE

filer / DOUX voir; ne pas en mener / LARGE

marcher, avancer, aller; écrire, couper / DROIT faire / MAIGRE

cogner, frapper, taper; travailler / DUR jouer; parler / MOU

chanter, jouer, sonner; raisonner / FAUX s'arrêter, se casser, être tué/ NET

discuter; vendre, acheter / FERME tourner / ROND

boire / SEC

Il s'arrêta net et tendit l'oreille. (Pagnol) (= tout d'un coup, brusquement)

Tortose discutait ferme avec un de ses employés. (Queneau) (= avec passion)

Un joueur de football qui joue trop mou. (Lexis) (= sans énergie)

Parfois l'adjectif adverbialisé et la forme en -ment sont synonymes et peuvent s'employer dans les mêmes suites: jouer mou et jouer mollement, travailler dur et travailler durement, parler franc et parler franchement, sonner faux et sonner faussement etc.

Mais le plus souvent l'adjectif adverbialisé entre en concurrence avec la forme en -ment pour produire des oppositions entre sens concret et abstrait, littéral et figuré:

parler haut (= de façon à être entendu) / parler hautement (= avec hauteur, arrogance; avec énergie, en public)

parler net (= parler sans ambages) / parler nettement (= articuler distinctement)

voir clair (= avoir une vue juste des choses) / voir clairement (= distinguer les choses avec précision)

marcher droit (= en ligne droite) / parler droitement (= franchement)

boire sec ( = beaucoup) / répondre sèchement (= avec sécheresse)

LE GROUPE PRÉPOSITIONNEL

Les prépositions introduisant des qualifiants du verbe sont: à, de, avec, sans, dans, en, derrière, entre, par, ès, selon, suivant, sur, sous.

Les GPrép. forment:

a) des séries ouvertes (ils peuvent se combiner avec un grand nombre de verbes): (parler, écrire, accepter, travailler, manger, etc.) avec plaisir;

b) des constructions automatisées (les GPrép. caractérisent un seul verbe ou des verbes appartenant à une série synonymique): parler d'abondance (= improviser); chanter, crier à tue-tête (= d'une voix très forte); rire sous cape (= en cachette); parler sans ambages (= sans détours); regarder, se tenir à carreau (= être sur ses gardes); agir ès qualités (= officiellement) etc.

c) des constructions semi-automatisées (les GPrép. se combinent avec un nombre limité de verbes appartenant à des classes sémantiques différentes): manger, rire du bout des dents (= peu, sans appétit); lutter, travailler d'arrache-pied (=avec un effort terrible); marcher, agir, répondre à l'aveuglette (= sans y voir clair); regarder, procéder à la dérobée (= furtivement, en cachette), etc:

Laissez-moi parler sans ambages. (R. M. du Gard)

Il se divertissait sous cape. (Balzac)

Nous luttons d'arrache-pied, nous luttons désespérément contre le progrès. (Péguy)

À

– À forme des locutions prépositionnelles spécifiques du caractérisant du verbe:

à la façon de, à la manière de, à la mode de, à titre de:

à la manière française (des Français) = à la française (à la + Adj. fém.)

– À est suivi d'un nom [- concret] sans article, accompagné ou non d'un Dt.:

vendre à perte, marcher à grand-peine, boire à petits coups etc.

– Si à est suivi d'un nom [+ possession inaliénable] le Dt. du nom est obligatoire: parler à coeur ouvert, distribuer à pleines mains (= abondamment), pénétrer à pas de velours etc.

– Cette préposition entre dans la formation des séries d'intensité (le qualifiant indique le degré d'intensité de l'action verbale):

marcher, aller au pas , à pas lents (= lentement), à pas de tortue (= très lentement) / marcher, aller à grands pas (= vite), à pas de géants (= très vite)

parler, demander, chanter à voix haute (= haut), à voix forte (= fort ) / parler, demander, chanter à voix basse (= bas)

DE

– De est suivi d'un nom [-concret], formant avec celui-ci des locutions adverbiales:

de front (= ouvertement), de gaieté de coeur (= volontairement et avec passion), d'instinct (= de manière naturelle et spontanée), de travers (= de manière oblique; irrégulièrement, mal):

En toutes choses, d'instinct, je m'opposais à lui. (A.France)

Encore un qui fait de travers ce qu'il pourrait faire comme il faut. (Supervielle)

– Suivi d'un nom [+possession inaliénable], l'article indéfini et l'adjectif qualificatif sont obligatoires: parler d'une voix triste, écouter d'une oreille distraite, regarder d'un air inquiet.

AVEC

– Introduisant un qualifiant du verbe, avec est toujours suivi d'un nom [-concret], dépourvu d'article: répondre avec colère, examiner avec considération, accepter avec enthousiasme etc.

– La présence d'un Dt. du nom entraîne l'obligativité de l'emploi de l'article:

Accepter une mission avec l'enthousiasme d'un coeur sincère.

SANS

– Tout comme avec, sans est suivi d'un nom [-concret], sans article: agir sans peur, sans joie.

– Sans entre dans la formation de nombreuses locutions adverbiales: sans faute (=à coup sûr), sans cesse (=incessamment, continuellement), sans doute (= indubitablement; probablement), sans encombres (= sans obstacle):

Après avoir souffert, il faut souffrir encore; il faut aimer sans cesse, après avoir aimé. (Musset)

DANS et EN

– Avec un nom [+ concret], le sens du tour prépositionnel est spatial.

– Introduisant des qualifiants du verbe, ces prépositions sont suivies d'un nom [- concret]:

vivre dans l'oisiveté (= oisivement); marcher en silence (= silencieusement); fournir quelque chose en abondance (= abondamment); recevoir ses amis en paix.

– La préposition dans est suivie d'un nom accompagné d'un Pd., avec un Dt. facultatif, alors que en est suivi d'un nom sans Pd. Seul l'indéfini tout est possible: décider en toute liberté; voyager en toute sécurité; examiner en toute franchise.

DERRIÈRE et DEVANT

Prépositions à sens spatial, elles introduisent un qualifiant du verbe si elles sont suivies d'un nom [-concret], avec lequel elles forment des constructions automatisées:

regarder derrière les apparences (= examiner profondément)

être égaux devant la loi (= légalement).

ENTRE

Entre forme une locution automatisée: parler entre ses dents (= indistinctement)

PAR

Suivi d'un nom [-concret], par forme des locutions adverbiales: par habitude (= machinalement); par excellence (= tout particulièrement); par écrit; par hasard; par coeur.

SELON et SUIVANT

Ces prépositions ajoutent à l'idée de manière celle de comparaison de la qualité avec un point de référence extérieur au procès:

Il a agi selon ses habitudes. Il traite les gens selon leurs mérites. (= d'après leurs mérites)

SUR et SOUS

Prépositions spatiales, sur et sous forment des qualifiants du verbe sous forme des structures (semi)-automatisées: prendre quelqu'un sur un ton; rire sous cape; juger les gens sur leur mine.

GROUPE NOMINAL DE RECTION DIRECTE

Le GN de rection directe est un caractérisant à double incidence qui se rapporte en même temps au sujet et au verbe. On l'appelle traditionnellement “complément d'attitude”.

Les traits caractéristiques de cette structure sont:

– sujet [+ personne];

– nom [+ possession inaliénable] introduit par la préposition O;

– Dt. du nom [+ possession inaliénable]:

Il marchait tête haute. Les enfants couraient pieds nus.

Ils nous ont accueillis les bras ouverts.

Rêvant, les yeux ouverts (…), il souriait en marchant. (R. Rolland)

VERBE À UN MODE NON PERSONNEL

sans + Infinitif

Sans est obligatoirement suivi d'un infinitif quand les sujets sont coréférentiels. Ce circonstant exprime une caractérisation négative: Il est parti sans dire au revoir.

Cottard et Rambert prirent les rues à arcades et marchèrent longtemps sans parler. (Camus)

Sans forme quelques locutions adverbiales: sans rire, sans mot dire.

Gérondif

Dans le cas de l'emploi du gérondif les deux procès (celui du verbe fini et celui du gérondif) sont en rapport de simultanéité:

Il répondit en souriant comme un enfant. (= il répondit et sourit comme un enfant)

Le gérondif peut expliciter en même temps l'attitude du sujet et des nuances particulières du procès exprimé par le verbe fini: Il rit en lissant ses moustaches. (Duhamel) (V. J. Drăghicescu, in Cahiers de grammaire, 1977:122-146)

PROPOSITION SUBORDONNÉE

La subordonnée de manière introduite par SANS QUE

Cette locution conjonctive imprime à l'énoncé une orientation négative.

Le mode employé après sans que est le Subjonctif.

J'allais et je venais en mon logis sans que rien troublât la sérénité de mon âme. (Maupassant)

Un ne explétif peut accompagner sans que.

La subordonnée comparative

Le rapport établi par la comparaison est un rapport de conformité ou de non-conformité qualitative (Deloffre, 1979 : 127) ou d'équivalence (Wagner et Pinchon, 1991 : 654).

a) La conformité qualitative

Les relateurs qui l'expriment sont: comme, ainsi que, de même que + Indicatif (Conditionnel):

Il ment comme il respire. (= de la même manière)

Je l' écoutais comme j'aurais lu Phèdre. (Proust)

Faites ainsi qu'on vous l'a dit.

b) La non-conformité qualitative

La non-conformité des actions s'exprime par la locution autrement que:

Il agit autrement qu'il (ne) parle. (Robert)

La structure affirmative présente un ne explétif facultatif.

BIBLIOGRAPHIE MINIMALE

Cahiers de grammaire. Le caractérisant du verbe, 1977, TUB, București.

Guță, A., 2004, Le groupe adverbial, p. 75-80.

TEST

– Pourquoi appelle-t-on le circonstant de manière un “caractérisant du verbe” ?

– Par quoi s’exprime ce circonstant ?

– Combien de classes d’adverbes de manière y a-t-il selon la forme ? Donnez des exemples.

– Construisez 3 phrases renfermant des compléments d’attitude.

– Quel est le mode employé après la locution sans que ? Exemple.

6. LE CIRCONSTANT D'INSTRUMENT (INSTRUMENTAL)

DÉFINITION

Le circonstant instrumental exprime "l'instrument, le moyen par lequel s'accomplit le procès exprimé par le verbe". (J. Dubois et al., 1973 : 264)

L'Instrumental est régi par un V [+action], le plus souvent [+intention], ce qui implique l'existence d'un agent humain qui déclenche l'action.

L'instrument à l'aide duquel se réalise l'action est exprimé par un N [- animé (+ matériel) (+ fabriqué)]:

Il coupait le pain avec un grand couteau. Il remue la terre à l'aide d'une pelle.

Le Moyen est régi par un V [+ intention], mais il est exprimé par un N [- animé (- matériel) (- fabriqué)]:

Obtenir quelque chose par la force, par la douceur.

Réussir par la ruse.

RÉALISATEURS

L'Instrumental est réalisé par un GPrép. introduit par une préposition simple ou une locution:

Combattre avec une baïonnette.

Elle puisait dans les plats à l'aide d'une louche d'argent. (M. Yourcenar)

LES STRUCTURES INSTRUMENTALES PRÉPOSITIONNELLES RÉALISÉES AVEC UNE PRÉPOSITION SIMPLE

Ce circonstant ne connaît pas de préposition spécifique. Les principales prépositions employées sont: avec, à, de, par.Leur choix dépend des facteurs suivants:

– les traits inhérents du V;

– les traits inhérents du GN;

– la structure du GN.

AVEC

Cette préposition introduit un N [+ fabriqué] [+ concret]:

Il ouvre la boîte avec un canif. Le jardinier creuse la terre avec une bêche.

Il se lave avec de l'eau froide.

Rem: Dans la langue familière, avec peut s'employer sans complément:

Ce marteau, je te le prête, mais ne fais pas de bêtises avec !

Les opinions varient quant il s'agit de préciser si avec est ici un adverbe ou une préposition à complément zéro.

À

À remplace souvent avec. Le jeu de ces deux prépositions exprime l'opposition

instrument actuel (avec) / instrument virtuel (à)

Il allume la cigarette avec son briquet. La cigarette s'allume au briquet.

On tirait sur eux, mais aves des fusils. Chaque jour, des gens tiraient au fusil.

(Malraux) (P. Gascard)

L'instrument virtuel désigne un instrument préférentiel, "un instrument à l'aide duquel le procès se réalise de manière habituelle. C'est pourquoi le groupe prépositionnel introduit par la préposition à joue un double rôle syntaxique: instrument virtuel et qualifiant du verbe (complément de manière). De ce point de vue la phrase: Il coupe le pain au couteau sera interprétée: "il coupe le pain de la manière dont on coupe le pain habituellement, c'est-à-dire avec le couteau." (V. Visan, 1979, p. 65)

Sur le plan de la structure superficielle l'opposition actuel / virtuel implique une opposition entre:

actuel virtuel

Pd.indéfini } Pd. défini + N

Pd.démonstatif } + N

Pd.possessif } Il dessine avec un crayon / avec mon crayon / avec ce crayon / Il dessine au crayon. DE

L'emploi de cette préposition est dicté par:

– la nature du nominal (traits inhérents);

– la nature du verbe.

a) De est sélecté de préférence par un N [+ possession inaliénable] (partie du corps).

Il nous salua de la tête. Il nous suivait de ses yeux effarés.

Il a fabriqué de ses propres mains cet appareil.

Elle jouait, d'une main, avec sa chaîne de grosses perles. (Colette)

Les prépositions de et avec apparaissent souvent en variation libre:

Il fallait tâter les arbres avec la main tout le long du tronc. (J.Giono)

Il tâtonnait de la main mon veston. (Mauriac)

Il me regarde avec ses yeux presque bleus. (J.Giono)

Nous nous regardons fixement de nos yeux perçants. (M.Bataille)

b) De se construit avec les “verba ornandi” (orner, parer, couvrir, tapisser, vêtir etc.):

La robe était parée de bijoux. Elle le frottait d'eau de cologne.

Le marchand arrosait les laitues d'eau fraîche. Elle s'était coiffée d'un chapeau de paille.

c) De se construit aussi avec des verbes de type jouer + instrument musical:

Il joue du piano, du violon, de la guitare, de la trompette.

PAR

a) Par s'emploie après les verbes de la série antonymique attacher / séparer, souvent en variation libre avec la préposition avec:

attacher avec / par une ficelle; fixer avec des clous / par un élastique.

Il attacha le cheval à la charrette par la bride.

On a fixé les volets par / avec quelques crochets.

b) Par s 'emploie aussi avec des verbes de communication:

annoncer par affiches; appeler par téléphone, par un geste; apprendre par la radio.

LES STRUCTURES INSTRUMENTALES PRÉPOSITIONNELLES INTRODUITES PAR DES LOCUTIONS

Les principales locutions prépositionnelles instrumentales sont: à l'aide de, au moyen de, à coups de, à force de, grâce à, d'un coup de, du bout de, de la pointe de, du plat de, avec le bout de, par l'intermédiaire de, sans l'intermédiaire de etc.

a) Du point de vue sémantique, il y a une série de locutions qui n'ajoutent aucune nuance supplémentaire par rapport aux prépositions simples:

Il est monté au grenier au moyen d'une échelle.

Ils passèrent le canal grâce à la passerelle qui se trouve à cet endroit.

b) D'autres locutions apportent sur l'action verbale des précisions d'ordre aspectuel ou qualitatif (actions verbales intensives, réitérées ou non):

Il soigne son mal de tête à coups de cachets. (Lexis)

Il lui cingla les épaules d'un bon coup de fouet.

c) Enfin, certaines autres locutions précisent l'instrument utilisé pour accomplir l'action:

Il s'essuya le front du dos de la main.

Il a frappé violemment la table avec le plat de la main. (Lexis)

Il brisait les branches du bout des doigts.

L'INSTRUMENT – MOYEN DE TRANSPORT

Les verbes qui se construisent avec ce type d'instrument sont marqués des traits [-transitif (+mouvement) (+direction)], alors que l'instrument prépositionnel présente les traits inhérents [-animé (+ fabriqué)]: auto, bus, bicyclette etc., ou bien [+ animal]: cheval, âne etc.

Les prépositions qui servent à construire l'instrument – moyen de transport sont: avec, en, à, par, sur, dans.

Leur choix dépend en général de la nature du nominal instrument.

Les instruments auto, avion, bateau, bus, car, camion, taxi etc. se construisent avec les prépositions en, avec, dans: Voyager en auto, en car, en bus.

– En et avec marquent l'opposition [+virtuel] / [-virtuel] qui se manifeste en structure superficielle par l'absence ou la présence de la détermination:

Il va en voiture. / Il va avec sa nouvelle voiture (avec une voiture rouge).

Dans exprime un instrumental doublé d'un locatif: aller en voiture / aller dans la voiture.

Les instruments métro, train, tram etc. se construisent avec les prépositions par, en, avec, dans: J'y suis allé avec le train / en train / par le train.

Maigret se rendait en métro à l'Étoile. (Simenon)

Ils ont voyagé dans un train express. (instrument + locatif)

Les instruments – moyen de transport bicyclette, moto, vélo se construisent avec les prépositions à, en, avec: Je suis venu à bicyclette. Aller à (en) vélo. Il est rentré avec sa moto.

Rem: En dépit de l'opposition des puristes, les constructions aller en bicyclette, en vélo, en moto(cyclette), formées sur le modèle de aller en voiture, sont entrés dans l'usage.

L'instrument ascenseur se construit avec la préposition par:

Monter / descendre par l'ascenseur.

BIBLIOGRAPHIE MINIMALE

Les structures instrumentales en français contemporain¸ București, TUB, 1979, p. 63-101.

TEST

– Quels sont les traits inhérents des verbes qui se construisent avec une structure instrumentale ?

– En quoi réside la distinction instrument / moyen ?

– Par quoi s’exprime l’instrumental ?

– En quoi consiste l’opposition sémantique entre les prépositions avec et à introduisant l’instrument?

– Devant quelle classe de noms s’emploie la préposition de ?

– Faites des phrases avec 3 locutions prépositionnelles instrumentales.

– Analysez les circonstants d’instrument des phrases suivantes: 1. Sa main était ornée d’une belle bague. 2. Il a ouvert la porte avec un passepartout. 3. Il dessine au crayon. 4. Je n’aime pas me laver avec de l’eau froide. 5. Descends par l’ascenseur! 6. La paix ne peut être sauvegardée que par des négociations.

7. LE CIRCONSTANT DE CAUSE

DÉFINITION

Le circonstant de cause exprime un phénomène (objet) qui se trouve à l'origine d'un autre phénomène.

RÉALISATEURS

a) un GPrép.: La promenade en bateau est annulée à cause du vent.

b) un verbe à un mode non personnel: Étant trop vieux, il fut congédié.

c) une proposition subordonnée: Nous ne sommes pas sortis parce qu'il pleuvait.

LE GPRÉP. CIRCONSTANT DE CAUSE

Prépositions exprimant uniquement la cause

À CAUSE DE (raison négative): À cause de leur négligence, l'affaire est manquée.

POUR CAUSE DE: Le magasin est fermé pour cause d'inventaire.

POUR RAISON(S) DE: Il a donné sa démission pour raisons de santé.

EN FAVEUR DE, EN RAISON DE (mise en relief d'un motif):

Je vous pardonne en faveur de votre attitude.

La route est coupée en raison des inondations.

COMPTE TENU DE, ÉTANT DONNÉ

Étant donné le nombre de cours à suivre, je dois préparer le diplôme en deux ans.

GRÂCE À (cause favorable):

Nous avons obtenu satisfaction grâce à l'intervention d'un collègue.

VU (lg. parlée, fam.; lg. juridique): Vu la saison, il y a peu de clients.

Vu l'heure tardive, il a fallu ajourner les discussions. (Lexis)

ATTENDU (lg. juridique et administrative):

Attendu la situation internationale, le cabinet se réunira d'urgence.

A FORCE DE (cause intensive): Il a réussi à force de travail.

SOUS PRÉTEXTE DE (cause fictive): Sous prétexte d'aide, on peut nuire.

FAUTE DE, (PAR) MANQUE DE (cause négative):

Faute de prudence, il s'est perdu. Par manque de précaution, un accident est vite arrivé.

Prépositions exprimant occasionnellement la cause

DE: Elle criait de douleur. Elle pleure d'admiration.

AVEC: Avec cette lettre de recomandation vous n'aurez aucun problème. (= grâce à…)

PAR: Il a agi par bonté. Il consent par indulgence.

POUR: Il a été condamné pour vol.

DANS: Dans son désir de vous être agréable il a consenti.

DEVANT: Devant tant de naïveté on ne peut que sourire.

SUR: Il plaida coupable sur le conseil de son avocat

VERBE À UN MODE NON PERSONNEL

Prép. + Infinitif

À + Inf.:

À trop oser, on finit par tout perdre. Il m'excède à me demander dix fois la même chose.

DE + Inf.: Enchanté de vous connaître.

POUR + Inf. passé: Il est puni pour avoir menti.

Rem: La variante avec l'infinitif n'est pas obligatoire:

Il m'excède parce qu'il me demande dix fois la même chose.

Il est puni parce qu'il a menti.

À FORCE DE + Inf. (cause intensive):

À force de chercher, il finira bien par trouver (=par le fait répété de…)

SOUS (LE) PRÉTEXTE DE + Inf. (cause fictive):

Sous le prétexte de m'aider il m'a nui.

FAUTE DE + Inf. (cause négative): Faute d'avoir réfléchi, tu t'es trompé.

Gérondif

Il exprime aussi la simultanéité des actions.La condition de son emploi est l'identité référentielle des agents des deux actions.

C'est en forgeant qu'on devient forgeron.

Et rien qu'en regardant cette vallée amie, je redeviens enfant. (Musset).

Participe présent

Il parlait peu, sachant peu de mots.

Participe passé ou présent en construction absolue (avec un sujet propre):

Le maître étant absent, ce lui fut chose aisée. (La Fontaine)

L'aéroport (une fois) occupé, la prise de la ville fut facile.

PROPOSITION SUBORDONNÉE

Les propositions causales énoncent "la cause, le motif du contenu de la proposition principale". (Wagner et Pinchon, 1991 : 626)

Par une relation causale on met en rapport deux procès réels, ou un procès réel avec un autre irréel. Les principales conjonctions et locutions conjonctives se répartissent en fonction de l'opposition cause réelle / cause irréelle. A l'intérieur de cette distinction il en existe bien d'autres, réalisées au moyen des relateurs et des formes modales.

La cause réelle se réalise à l'aide des relateurs: parce que, puisque, étant donné que, du moment que, vu que, attendu que, en considération de ce que, comme, c'est (parce) que, maintenant que, surtout que, d'autant que, d'autant plus que, d'autant moins que, selon / suivant que.

Le mode employé dans la subordonnée est l'Indicatif.

PARCE QUE sert à exprimer la cause neutre.

Généralement parce que est postposé et introduit l'information nouvelle dans la phrase (il appartient donc au propos), alors que la principale représente le fait connu:

Il n'est pas venu parce qu'il est malade.

D'ailleurs parce que est la seule conjonction causale à pouvoir introduire la réponse à un pourquoi: – Pourquoi as-tu fait cela ? – Parce qu'il le fallait.

Rem: Parce que peut apparaître seul, comme réponse à un pourquoi ? pour marquer le refus de donner ses raisons: – Père, pourquoi mangez-vous du vilain pain ? – Parce que, ma fille. (Hugo)

PUISQUE, ÉTANT DONNÉ QUE, DU MOMENT QUE, VU QUE, ATTENDU QUE, EN CONSIDÉRATION DE CE QUE expriment la cause justifiante et impliquent la notoriété du procès invoqué comme cause d'un autre procès.

Comme le remarque Le Goffic (1993 : 414), puisque se distingue nettement de parce que, en ce qu'il marque une relation logique de consécution, une causalité déduite; il justifie une énonciation et non pas un état de faits:

Puisque vous insistez, sachez que ma décision sera rendue publique.

Puisqu'il pleut, prends donc ton parapluie !

La figure ABCD est bien un carré, puisqu'elle a deux côtés égaux et un angle droit. (= il est nécessaire, évident que …)

Les locutions attendu que, vu que, étant donné que, en considération de ce que appartiennent au langage administratif ou juridique:

Il faut renoncer à cette dépense, vu que les crédits sont épuisés.

Étant donné qu'il désapprouvait cette décision, il a donné sa démission.

Elles peuvent apparaître aussi dans la langue littéraire:

Cependant, reprit-il, je n'accepterai pas votre offre, vu que je ne sais pas monter à cheval. (Vigny)

COMME exprime toujours la cause notoire, ayant une valeur d'insistance. La subordonnée précède obligatoirement la principale:

Comme elle arrive demain, il faut préparer une chambre. (Robert)

C'EST (PARCE) QUE se combine avec une proposition introduite par SI pour exprimer la cause explicative: S'il réussit c'est qu'il travaille beaucoup.

MAINTENANT QUE est une locution temporelle qui peut s'employer avec une valeur causale. Elle exprime la relation causale entre deux événements qui se succèdent:

Maintenant qu'elle avait payé, elle lui dirait tout. (Robert)

À MESURE QUE et AU FUR ET A MESUE QUE ajoutent à l'idée de temps celle de cause progressive: On s'aime à mesure qu'on se connaît mieux. (Robert)

SURTOUT QUE, D'AUTANT QUE, D'AUTANT PLUS QUE, D'AUTANT MOINS QUE expriment la cause adjonctive, une cause qui vient s'ajouter à une cause précécedente:

Il a des inquiétudes sur sa santé surtout que l'hiver s'annonce rude. (DFC)

La chaleur était suffocante, d'autant plus qu'on ne sentait pas l'espace et le vent de la mer. (Daudet)

SELON QUE et SUIVANT QUE expriment la cause alternative, qui varie en fonction d'un autre procès:

La pluie, la neige, la gelée, le soleil devinrent ses ennemis ou ses complices, selon qu'ils nuisaient ou qu'ils aidaient à sa fortune. (Mauriac)

C'est curieux comme le point de vue diffère suivant qu'on est le fruit du crime ou de la légimité. (Gide)

QUE s'emploie pour éviter la répétition d'une conjonction:

Faites cela parce que le devoir le commande et que l'honneur l'exige. (Grevisse)

Cette conjonction apparaît dès l'ancienne langue, surtout après une principale interrogative:

Holà, es-tu aveugle, que tu ne me vois point ? (Molière)

La cause irréelle se réalise avec les relateurs: soit que…soit que (et var.), ce n'est pas que, non que, pas que, point que, faute que (suivis du Subjonctif), sous prétexte que (suivi de l'Indicatif).

SOIT QUE…SOIT QUE, SOIT QUE…OU QUE, QUE…QUE introduisent la cause alternative: si l'on admet une cause, on exclut l'autre. On l'appelle aussi “cause indifférente” (Deloffre, 1979 : 92): Soit qu'il ait été imprudent, soit qu'on l'ait mal informé, il est tombé dans le piège.

La même nuance pouvait être rendue, dans l'ancienne langue, par le subjonctif seul:

Vente, grêle, gèle, j'ai mon pain cuit. (Villon)

CE N'EST PAS QUE, NON QUE, PAS QUE, NON PAS QUE, POINT QUE expriment la cause négative (ou écartée).

Ces conjonctions relèvent d'une orientation argumentative ou même polémique, opposant la réalité des faits à une perspective attendue:

Il est resté dans son coin, non qu'il soit boudeur de nature, mais parce qu'il ne connaissait personne. (ap. Riegel)

La cause est écartée comme une simple supposition à laquelle on oppose la cause réelle (non que…mais): Les voyages, d'ailleurs, n'ont qu'un temps; non qu'on se lasse de courir les routes, mais parce qu'on les sent plus longues que la vie. (Gide)

Deloffre (p.91) distingue entre non que et non parce que:

Non que + Subjonctif nie l'existence même d'un fait envisagé comme cause possible:

Il s'arrêta; non pas qu'il fût à bout d'arguments. (Fromentin)

Non parce que + Indicatif admet la réalité d'un fait, mais exclut qu'il agisse en tant que cause:

Il fut arrêté, non parce qu'il avait volé, mais parce que ses papiers n'étaient pas en règle.

SOUS PRÉTEXTE QUE sert à exprimer la cause fictive:

Donner une situation pareille à un bon à rien, sous prétexte qu'il sait l'anglais. (Adamov)

BIBLIOGRAPHIE MINIMALE

Plantin, C., 1990, La cause du brevet, In: “Langue française”, 86, p. 11-21.

Wagner, R.L., Pinchon, J. 1991, Grammaire du français classique et moderne, p. 626-631.

TEST

– Quels sont les réalisateurs de la relation causale ?

– Quelle préposition exprime la cause favorable? Mais la cause intensive ? Exemples.

– Choisissez une préposition exprimant: a) la cause fictive; b) la cause négative: a. … aide, on peut nuire. b. … prudence, il s’est perdu.

– Reliez les couples de propositions en une seule phrase complexe contenant une subordonnée de cause: a) neutre; b) notoire: 1. Je suis pressé; je prends un taxi. 2. Les appareils ménagers sont de plus en plus perfectionnés; les femmes disposent de plus grands loisirs. 3. L’orage fut violent; il détruisit les vignes.

8. LE CIRCONSTANT DE CONSÉQUENCE

DÉFINITION

Le circonstant de conséquence exprime un phénomène (objet) qui est l'effet d'un autre phénomène.

RÉALISATEURS

a) un GPrép.: À notre grande surprise, il a répondu impeccablement.

b) un verbe à un mode non personnel: Il était trop intelligent pour ne pas comprendre.

c) une proposition subordonnée: Il est si grand seigneur que ça le perdra.

LE GPRÉP. CIRCONSTANT DE CONSÉQUENCE

À: rire aux larmes; blessé à mort; boire à satieté

Les choses se sont passées à la satisfaction générale.

JUSQU' À: insister jusqu'à satisfaction; boire jusqu'à plus soif

POUR: Pour son malheur, il n'avait pas vu le panneau d'interdiction.

VERBE À UN MODE NON PERSONNEL

Prép + Infinitif

a) L'infinitif peut être substitué au mode personnel s'il y a identité référentielle entre les agents des deux actions verbales. Il s'emploie après les prépositions et locutions pour, au point de, de manière à, de façon à, en sorte de, assez…pour, suffisamment…pour, trop…pour:

Agis de façon à ne pas être observé. Fais en sorte de réussir.

Il est assez poli pour être honnête.

Elle était trop loyale pour ne pas reconnaître la justesse de ce reproche. (R. M. du Gard)

b) À + infinitif

L'infinitif précédé de à s'emploie après des noms, des adjectifs ou des verbes:

N + à + Inf.

Serais-tu homme à nous trahir ? Voilà un remède à tuer le malade. Un vacarme à ne plus s'entendre.

Adj. + à + Inf.

Une histoire bête à pleurer. Il est laid à faire peur. Elle est belle à ravir.

Rem: On pourrait également interpréter les constructions ci-dessus comme une qualification superlative (+ idée de conséquence).

V + à + Inf.

C'est à n'y rien comprendre. Courir à perdre haleine. Son coeur bat à tout rompre.

Il gèle à pierre fendre. (construction ancienne, où les sujets des deux verbes ne sont pas coréférents)

LA PROPOSITION CONSÉCUTIVE

L'action de la subordonnée est la conséquence de l'action principale.

Le rapport consécutif est fondé sur le rapport logique cause / conséquence, mais cette fois-ci, à la différence de la proposition causale, c'est le processus "conséquent" qui est exprimé par la subordonnée. La subordonnée consécutive a aussi un sens voisin de la proposition finale, le but étant toujours une conséquence, mais voulue, intentionnelle:

Je parle fort de manière que tous peuvent m'entendre. (conséquence)

Je parle fort de manière que tous puissent m'entendre. (but)

La conséquence peut être effective (conséquence réalisée, actuelle) ou seulement envisagée (conséquence virtuelle). La conséquence peut également faire intervenir une idée de quantité (intensité) ou de qualité. Toutes ces valeurs de contenu se réalisent à l'aide de locutions spécialisées et de la forme modale.

Conséquence actuelle

Conséquence actuelle neutre

. La subordonnée exprimant la conséquence actuelle neutre est introduite par les relateurs:

DE MANIÈRE / FAÇON QUE, DE / EN SORTE QUE, SI BIEN QUE suivis de l'Indicatif:

Le train avait du retard de sorte que j'ai manqué le rendez-vous.

La façade de la pension donne sur un jardinet, en sorte que la maison tombe à angle droit sur la rue Neuve-Sainte-Geneviève. (Balzac)

Conséquence actuelle marquée [+ qualité]

La conséquence marquée par une idée de qualité se réalise par l'intermédiaire des relateurs:

DE TELLE MANIÈRE QUE, DE TELLE FAÇON QUE, DE TELLE SORTE QUE

TEL (TELLE, TELS, TELLES) QUE + Indicatif:

Il a crié de telle manière qu'il m'a réveillé.

Les relations entre eux sont telles qu'ils ne pourront jamais se mettre d'accord Conséquence marquée [+ intensité]

La conséquence marquée par une idée d'intensité se réalise par deux types de relateurs:

a) AU POINT QUE, À TEL POINT QUE

La nuit était d'une pureté de cristal à tel point qu'on entendait le petit train des halles. (Simenon)

Elle le regardait de ses prunelles fixes, sans broncher, au point qu'il se demanda si elle entendait ses paroles. (Simenon)

b) des formants discontinus:

SI…QUE, TANT…QUE, TELLEMENT…QUE

– si…que s'applique à des adjectifs ou des adverbes:

Cet exercice est si difficile qu'on ne peut pas le faire.

– tant…que s'applique à des substantifs et des verbes:

Il a tant de livres qu'il ne sait plus où les mettre.

Il a tant insisté que j'ai fini par céder. (= tellement)

– tellement…que s'applique indifféremment soit à des adjectifs ou des adverbes, soit à des noms et des verbes:

La douleur devint tellement violente que je ne pus plus la supporter. (= si)

Il s'est donné tellement de mal qu'il a fini par réussir. (= tant)

Conséquence virtuelle

La conséquence virtuelle est seulement envisagée, se présentant comme une limite à atteindre.

Les relateurs employés sont: pour que et les formants discontinus trop…pour que, assez… pour que, suffisamment…pour que, suivis du Subjonctif.

POUR QUE est une locution qui exprime aussi la finalité. Dans le cas de la conséquence, toute idée d'intentionnalité est exclue:

Que t'a-t-il dit pour que tu sois ainsi bouleversé ?

Il suffisait qu'elle pensât d'une façon pour qu'il se portât à une décision inverse. (Aragon)

TROP…POUR QUE, ASSEZ…POUR QUE, SUFFISAMMENT… POUR QUE

Il m'a fait trop de bien pour que j'en dise du mal.

Le souvenir des souffrances endurées restait trop vif pour qu'elle ne ressentît pas quelque soulagement d'être délivrée de ces épreuves. (R. M. du Gard)

EMPLOI DU MODE DANS LES CONSÉCUTIVES ACTUELLES ET VIRTUELLES

Le choix du mode dans la subordonnée consécutive est fonction des facteurs suivants: le relateur employé; l'idée exprimée; le statut de la proposition principale.

L'Indicatif s'emploie:

– avec les locutions de la conséquence actuelle neutre, considérée comme acquise: de manière que, de façon que, de (en) sorte que, si bien que:

Il est parti tôt de sorte qu'il est arrivé tôt.

– avec les locutions de la conséquence marquée: [+qualité]: de telle manière que, de telle façon que, de telle sorte que, tel que et [+intensité]: au point que, à tel point que, si…que, tant…que, tellement…que, après une principale affirmative. L'indicatif marque alors l'assertion d'un résultat:

Il faisait si (tellement) chaud qu'on s'est baigné.

Il s'est mis dans une telle colère qu'on ne pouvait plus lui parler.

Le Subjonctif s'emploie:

– avec les locutions de la conséquence marquée: au point que, si…que, tant…que, tellement…que, après une principale négative ou interrogative, car le processus qui y est exprimé est automatiquement rejeté:

Cet exercice n'est pas si difficile qu'on ne puisse pas le faire.

La situation n'est pas telle qu'il faille s'inquiéter.

Il n'est pas habile au point qu'il soit sans rival. Est-il si habile qu'il soit sans rival ?

– avec les locutions de la conséquence virtuelle: pour que, assez … pour que, suffisamment … pour que, trop … pour que:

Le convalescent était assez vigoureux pour qu'on lui permette une promenade.

BIBLIOGRAPHIE MINIMALE

Deloffre, F., La phrase française, 1979, p. 97-101.

Scurtu, G., 1998, Les compléments circonstanciels, p.87-94.

Wagner, R.L., Pinchon, J., 1991, Grammaire du français classique et moderne, p. 631-634.

TEST

– A quels autres circonstants logiques s’apparente la conséquence ? Pourquoi ?

– Donnez des exemples des structures consécutives réalisées par une préposition + infinitif.

– Qu’est-ce que la conséquence marquée ?

– Qu’est-ce qui dicte l’opposition entre l’indicatif et le subjonctif dans les propositions consécutives?

– Complétez les phrases par des subordonnées de conséquence et précisez le type (actuelle/virtuelle, neutre/marquée): Ces fruits ne sont pas encore assez mûrs…; 2. Il poussa un tel cri…3. Il a lu toute la journée …

– Transformez les couples de phrases en une phrase complexe contenant une subordonnée de conséquence. Employez deux relateurs différents: Le jardin a beaucoup de fleurs; on pourrait en remplir vingt corbeilles.

9. LE CIRCONSTANT DE BUT

DÉFINITION

Le circonstant de but exprime une conséquence poursuivie. Il est obligatoirement lié à une intention.

RÉALISATEURS

a) un GPrép.: Il met de l’argent de côté pour un voyage à l’étranger.

b) un verbe à un mode non personnel: Je passe mes vacances avec eux pour leur faire plaisir.

c) une proposition subordonnée: Ils ont fait de grands sacrifices pour que leur fils fasse des études.

LE GPRÉP. CIRCONSTANT DE BUT

Prépositions simples

POUR: Il vient à l'hôpital pour le vaccin.

À: Ils travaillent à des fins lucratives. (= pour gagner de l’argent)

DANS: Il agit dans l'intérêt de tous.

Locutions spécialisées

EN VUE DE: Il s'entraîne en vue du championnat.

À L'INTENTION DE: J'ai écrit ce livre à l'intention des étudiants.

VERBE À UN MODE NON PERSONNEL

Prép.+ Infinitif

L'emploi de l'infinitif est conditionné par l'identité référentielle des agents des deux actions.

POUR: Pour réussir vous avez besoin du soutien de vos amis.

Les fleurs sont faites pour être cueillies. (Rousseau)

RIEN QUE POUR (fam.) et UNIQUEMENT POUR (lg.soutenue) expriment le but exclusif: Il refusera, rien que pour me contrarier. (A.Troyat)

EN VUE DE: Il travaille en vue de réussir au concours.

AFIN DE (lg. écrite ou soutenue): Je me hâte afin d'arriver à l'heure.

DANS LE BUT DE (déconseillé par les puristes):

Nous avons créé ce bulletin dans le but de mieux informer les consommateurs sur leurs droits.

À L'EFFET DE (lg. juridique): Acheter à l'effet de vendre. (= en vue de)

DE MANIÈRE À, DE FAÇON À:

Il cria assez fort de manière à être entendu de ses camarades.

Il s'est arrangé de façon à ne pas travailler le samedi matin.

DANS L'IDÉE DE: Il est venu dans l'idée de lui dire ses quatre vérités.

HISTOIRE DE (fam.), QUESTION DE (fam. et pop.): Je lui disais ça, histoire de rire.

DE PEUR DE, DE CRAINTE DE, POUR NE PAS (but négatif, à éviter):

Elle n'osait plus parler de peur d'éclater en sanglots.

Prép. O après les verbes de mouvement (partir, venir, aller, conduire, mener, envoyer, sortir): Il est venu nous saluer. J'irai voir mes parents.

LA SUBORDONNÉE FINALE

La subordonnée finale exprime un processus visé, non atteint. Il s'agit soit d'un but positif (à atteindre), soit d'un but négatif (à éviter).

Les locutions conjonctives qui servent à construire les propositions finales entraînent l'emploi du mode subjonctif dans la mesure où elles explicitent l'idée d'intention.

Le but positif

Les locutions conjonctives servant à construire une subordonnée finale qui exprime le but positif sont: pour que, afin que, de (telle) manière que, de (telle) façon que, de (telle) sorte que, en sorte que, que, suivies du Subjonctif.

POUR QUE: Vous devez vous arranger pour que tout soit prêt dans deux jours.

(…) je faisais de mon possible pour qu'aucun bruit ne vînt rappeler ma présence. (Benoit)

AFIN QUE (lg. littéraire): Plus Emma s'apercevait de son amour, plus elle le refoulait, afin qu'il ne parût pas, et pour le diminuer. (Flaubert)

DE (TELLE) MANIÈRE QUE, DE (TELLE) FAÇON QUE, DE (TELLE) SORTE QUE, EN SORTE QUE

Faites en sorte que tout soit prêt à l'heure.

Chaque copie d'examen sera corrigée par deux profeseurs de sorte qu'il n'y ait pas de notes injustement attribuées.

Il avait soin quand j'approchais de parler bas de façon que je n'entende point ce qu'il disait. (A. France)

QUE

La simple conjonction que s'emploie après un verbe principal à l'impératif ou après une proposition principale à la forme interrogative: Où habite-t-il que j'aille le voir ?

Descends, animal, que je te parle ! (Stendhal)

Le but négatif

Le but négatif s'exprime par les relateurs: DE PEUR QUE, DE CRAINTE QUE, PAR CRAINTE QUE, DANS LA CRAINTE QUE, suivis du subjonctif:

Hâtez-vous de crainte qu'il ne soit trop tard.

Elle ne discutait jamais avec sa mère et la taquinait peu de crainte que cela ne tournât à la dispute. (Ph. Hériat)

Rem: Un ne explétif est de mise après ces locutions. Une véritable négation rétablit le but positif: Je lui ai envoyé un mot de peur qu'il (n')ait oublié mon invitation. (but négatif) (= pour qu'il ne l'oublie pas)

Je lui ai envoyé un mot de peur qu'il ne se soit pas souvenu de mon invitation. (but positif (= pour qu'il s'en souvienne)

BIBLIOGRAPHIE MINIMALE

Callamand, M., 1987, Grammaire vivante du français, p.192-195.

Deloffre, F., La phrase française, 1979, p. 103-107.

TEST

– A quelle autre relation logique s’apparente le but ?

– Quelles sont les les marques privilégiées du but ?

– Quel est le mode employé dans la subordonnée finale ? Pourquoi ?

– Construisez deux phrases renfermant une subordonnée finale exprimant:a) le but positif; b) le but négatif.

10. LE CIRCONSTANT D'HYPOTHÈSE ET DE CONDITION

DÉFINITION

Sous ce nom on range des circonstants qui expriment des relations logiques différentes, mais ont une grande affinité: hypothèse, condition, supposition et d'autres valeurs qui s'y rattachent. La plupart des grammaires traitent ces circonstants ensemble.

En principe, ce type de circonstant exprime:

– une condition nécessaire dont dépend la réalisation d'un procès: Si j'ai le temps, j'irai vous voir.

– un fait suffisant pour la réalisation du procès: Si vous pardonnez cela, vous êtes généreux.

– un fait éventuel: Si tu m'aimes, tu dois me faire confiance.

RÉALISATEURS

a) un GPrép: Sans cet accident, il aurait pu revenir.

b) un verbe à un mode non personnel: On ne s'instruit bien qu'en lisant.

c) une proposition subordonnée: Si j'ai le temps, j'irai vous voir.

LE GPRÉP. CIRCONSTANT D'HYPOTHÈSE

AVEC: Avec une voiture, je gagnerais du temps. (= si j'avais une voiture…)

SANS: Sans lui, je n'aurais jamais eu ce poste.

Avec et sans expriment la condition lorsqu'ils sont associés à un verbe au conditionnel (présent ou passé) ou au futur.

EN CAS DE (exprime la supposition, l'éventualité): En cas de besoin urgent, écris-moi.

À MOINS DE (condition négative):

Restez, à moins d'un contrordre. (= à condition qu'il n'y ait pas contrordre)

EN L'ABSENCE DE (éventualité négative):

En l'absence d'une nouvelle proposition, il serait exclu que nous reprenions le travail.

VERBE À UN MODE NON PERSONNEL

Prép. + Infinitif

À + Inf.

Cette construction se retrouve dans des expressions consacrées ou en style archaïsant:

À les entendre, ils ne sont pas coupables. (= si on les entend…) À le croire, il ne sait rien.

À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire. (Corneille)

À CONDITION DE + Inf.

D'habitude, cette locution impose l'identité entre les agents des deux propositions.

Je viendrai, à condition de recevoir une invitation.

Gérondif

En allant le voir, tu te mets dans une situation délicate. (= si tu vas le voir..)

En allant le voir, tu te mettrais dans une situation délicate. (= si tu allais le voir…)

LA SUBORDONNÉE HYPOTHÉTIQUE

Le système hypothétique introduit par SI (si “conditionnel”)

La réalisation du fait exprimé pas la proposition principale dépend d'un autre fait conçu comme éventuel. La proposition subordonnée traduit un acte de l'esprit par lequel ou bien l'on recrée le passé autrement qu'il n'a eu lieu, ou bien on révoque une actualité présente, ou bien on construit l'avenir en imagination. (Wagner et Pinchon : 636)

La conjonction si symbolise l'hypothèse d'une manière indifférenciée, s'y rattachant diverses valeurs (virtualité, éventualité et potentiel, virtualité annulée). Les emplois hypothétiques de si s'opposent à ses emplois temporels itératifs et implicatifs:

S'il venait, il nous ferait plaisir. (hypothèse)

S'il venait, on lui faisait fête. (= quand il venait, toutes les fois qu'il venait…) (emploi temporel itératif)

Si l'on boit beaucoup au cours d'un repas, alors le taux d'alcoolémie augmente. (fait vérifié ou vérifiable) (implication)

Dans l'implication, l'existence de l'assertion de base P1 ne fait pas de doute (il suffit que P1 s'actualise pour que P2 s'actualise). C'est pourquoi, dans l'implication P1, apparaît d'habitude un présent de l'indicatif et dans P2 un présent ou un futur, c'est-à-dire des temps qui permettent l'actualisation.

Dans l'hypothèse l'assertion de base P1 est mise en doute. C'est pourquoi, dans l'hypothèse P1, est présent l'imparfait ou le plus-que-parfait de l'indicatif et, dans P2, un conditionnel (futur hypothétique).

Dans les emplois temporels itératifs, sont présentes d'habitude les mêmes formes verbales en P1 et en P2, fait qui souligne la concomitance des actions.

La conjonction si est toujours suivie de l'Indicatif.

Voilà les principales combinaisons des formes verbales en P1 et en P2, ainsi que les valeurs sémantiques exprimées:

Valeur Temps de la subordonnée Temps de la principale

1. Si + présent présent

a) éventualité:

Si tu as soif, il y a de la bière dans le frigidaire.

b) valeur temporelle itérative: S'il pleut, je reste à la maison. (=quand il pleut)

2. Si + présent futur, présent à valeur de futur/ impératif

virtualité (hypothèse envisagée comme probable)

S'il vient, nous sortirons.

S'il pleut demain, je reste à la maison.

S'il part, préviens-moi.

3. Si + passé composé présent / impératif

valeur d'accompli dans le monde présent (éventualité)

Si je vous ai fait tort, je vous présente toutes mes excuses. (= pour le cas où…)

Si vous avez terminé, remettez-moi la copie.

4.

Si + imparfait conditionnel présent

a) supposition irréelle du présent

Si j'étais riche (mais ce n'est pas le cas), je me ferais construire une maison.

Rambert dit que (…) s'il partait, il aurait honte. (Camus)

b) potentiel (par rapport à l'avenir)

Si j'étais riche (un jour), je me ferais construire une maison.

S'il revenait (un jour), tout pourrait changer.

5. Si + imparfait conditionnel passé

supposition irréelle du présent + supposition irréelle du passé

Si je m'y étais pris autrement, je n'en serais pas (maintenant) là.

Je n'en parlerais pas si vous n'aviez pas réveillé de mauvais souvenirs. (Duhamel)

6. Si + plus-que-parfait conditionnel passé

supposition irréelle du passé (virtualité annulée)

Si vous étiez venus, nous aurions fait une promenade en bateau.

Rem: La langue littéraire archaïsante emploie souvent le plus-que-parfait du subjonctif (appelé aussi conditionnel passé 2-e forme) dans la principale, dans la subordonnée ou dans les deux à la fois: S'il avait pu, il fût venu.

S'il eût pu, il serait venu.

S'il eût pu, il fût venu.

S'il eût cessé de voir M. de Rênal, en huit jours il l'eût oublié. (Stendhal)

7. Si + plus-que-parfait conditionnel présent

supposition irréelle du passé + supposition irréelle du présent

Si je l'avais trouvé, je ne serais pas ici, à le chercher.

Rem: Ce qu'on appelle dans la grammaire scolaire traditionnelle "la règle du si conditionnel" se ramène au fait que les formes verbales en -r- (futur, futur antérieur, conditionnel présent et passé) sont incompatibles avec le si conditionnel.

Système hypothétique à deux propositions subordonnées

a) Les deux propositions introduites par si sont juxtaposées. Ce type de construction a pour effet de conserver à chacune des hypothèses son indépendance:

Si le bailli n'avait pas sur le champ averti le commandant, si on n'avait pas couru après la troupe joyeuse, c'en était fait. (Voltaire)

b) Si l'on veut indiquer que la seconde hypothèse dépend en quelque manière de la première, on substitue à si la conjonction de reprise que. Les deux hypothèses sont alors coordonnées par et, dans la construction: si … et que + subjonctif:

Si Pierre téléphone et qu'il fasse allusion à mon voyage, dis-lui que tu n'es pas au courant.

Autres conjonctions introduisant un système hypothétique

Les diverses conjonctions et locutions introduisant la subordonnée hypothétique explicitent plus nettement la condition, l'éventualité, la supposition et d'autres valeurs et nuances. Les plus employées sont:

a) conjonctions + Subjonctif

À (LA) CONDITION QUE (condition pure et simple)

Il est très aimable à condition qu'on fasse ses quatre volontés.

POUR PEU QUE (condition suffisante): Il le fera pour peu que vous lui en parliez.

POURVU QUE (condition exclusive positive):

J'accepte qu'elle sorte le soir avec des copins pourvu que je sache où ils vont.

A MOINS QUE (+ ne explétif) (condition exclusive négative)

Je viendrai demain chez toi à moins qu'il ne pleuve.

SOIT QUE … SOIT QUE, SOIT QUE … OU QUE (condition alternative, envisage deux éventualités mutuellement exclusives): Soit qu'il parle ou qu'il écrive…

Soit qu'elle ne comprît pas ou qu'elle ne voulût pas comprendre. (Th. Gautier)

b) autres conjonctions

AU CAS OÙ, POUR LE CAS OÙ, DANS L'HYPOTHÈSE OÙ + conditionnel (supposition, comme probabilité aléatoire):

Je te donne cet argent pour le cas où tu aurais à t'en servir.

Au cas où il y aurait du verglas, je retarderais mon départ en voiture.

QUE + conditionnel

Cette conjonction s'emploie dans une construction de "subordination inverse" (Le Goffic : 400), le fait sémantique essentiel étant celui qui est contenu dans la subordonnée:

Vous me le diriez cent fois que je ne le croirais jamais.

Il aurait bu que je n'en serais pas surpris.

Le tour inversif

Ce tour est très fréquent en français parlé, avec le conditionnel, sans conjonction:

L'emporterais-tu, il faudrait te montrer modeste.

Avec les verbes avoir, être, devoir, vouloir, le verbe est au subjonctif imparfait ou plus-que-parfait (langue écrite):

Eût-il raison, il devrait garder la mesure. Fût-il riche, il ne donnerait rien.

Le voulût-il, il ne pourrait vous aider.

BIBLIOGRAPHIE MINIMALE

Cristea, T., 1979, Grammaire structurale du français contemporain, p. 342-345.

Le Goffic, P., 1993, Grammaire de la phrase française, p. 406-409.

TEST

– Construisez deux phrases renfermant un circonstant de d’hypothèse exprimé par un GPrép. introduit par: a) avec; b) sans. A quel mode / temps doit se trouver le verbe ?

– Construisez une phrase avec un circonstant de condition exprimé par un gérondif.

– Indiquez les valeurs exprimées par la conjonction si. Illustrez-les par des exemples.

– Indiquez les conjonctions / locutions qui explicitent l'éventualité, la supposition, la condition.

– Soumettez la réalisation du fait suivant à une condition que vous exprimerez dans une subordonnée introduite par deux conjonctions différentes: La faim pourra diminuer dans le monde …

11. LE CIRCONSTANT DE CONCESSION

DÉFINITION

La concession représente un fait qui aurait pu empêcher la réalisation d'un procès; c'est une cause qui n'a pas agi (une cause contraire).

Wagner et Pinchon définissent la concession de la manière suivante: "Quand une action ou un état semblent devoir entraîner une certaine conséquence, la concession naît de ce qu'une conséquence contraire, inattendue, se produit". (p. 468)

RÉALISATEURS

a) GPrép.: Malgré ses défauts, je l'aime.

b) verbe à un mode non personnel: Tout en lisant énormément, je ne retiens rien.

c) une proposition subordonnée: Je lui pardonne, bien qu'il m'ait beaucoup déçu.

LE GPRÉP. CIRCONSTANT DE CONCESSION

MALGRÉ: Nous sommes sortis, malgré la pluie.

EN DÉPIT DE: En dépit de ma bonne volonté, je lui ai déplu.

AVEC: Avec toute sa fortune, le voilà ruiné.

SANS: Sans fortune, il vit à l'aise.

NONOBSTANT (jur.) : L'accord restera valable, nonobstant toute réclamation.

VERBE À UN MODE NON PERSONNEL

Participe: Voulant bien faire, j'ai provoqué une catastrophe.

Gérondif (précédé de tout): Tout en protestant de sa fidélité, il nous a trahis.

Préposition + Infinitif

POUR + Inf.: Pour avoir été condamné, il n'est pas forcément un bandit.

SANS + Inf.: Sans avoir une grande fortune, il vit à l'aise.

PROPOSITION SUBORDONNÉE

Les subordonnées concessives se distinguent entre elles selon: a) l'incidence de la concession: b) la valeur modale réel / irréel.

Concession incidente au verbe

a) Réel

Les conjonctions et les locutions conjonctives qui introduisent la concession réelle sont: quoique, bien que, encore que, malgré que + Subjonctif

QUOIQUE (employé surtout dans la langue parlée)

Quoique le film fût bon, la soirée ne lui parut pas agréable.

BIEN QUE (langue écrite)

Bien que la diligence fût immobile, personne ne descendait. (Maupassant)

ENCORE QUE

Quand je me retirai, ma décision était prise d'emmener l'enfant (…) encore que je ne me fusse pas demandé ce que je ferais d'elle. (Gide)

MALGRÉ QUE (l'emploi de cette locution est proscrit par les puristes)

Il avait chaud malgré qu'il eût rouvert tout grand la porte-fenêtre à cause de la fumée. (P. Vialar)

Rem: Ces conjonctions peuvent figurer dans des structures qui présentent la réduction de verbe être: Quoique riche, il s'ennuyait.

b) Irréel

Les locutions employées pour exprimer la concession irréelle: même si, quand (bien) même, alors même que ajoutent à la concession la nuance d'une supposition.

MÊME SI + indicatif

Même s'ils ne s'étaient pas connus jusque-là, ils deviendraient de grands amis. (J. Romains)

QUAND BIEN MÊME, ALORS MÊME QUE + conditionnel

Alors même que vous insisteriez, je ne vous communiquerais pas ce document.

Quand bien même il avouerait, le doute continuerait de planer.

Concession incidente à un autre élément de la phrase

a) Réel

Ce type de concession se réalise au moyen de formants discontinus.

TOUT … QUE + indicatif

Cette locution est incidente à un attribut constitué d'un adjectif ou d'un nom sans déterminant. Tout est invariable avec un nom masculin pluriel, mais varie avec un nom féminin et avec les adjectifs féminins à initiale consonantique:

Tout roi qu'il est, il est un pauvre homme comme les autres. (Montherlant)

Tout petit qu'il sera (un pays), il fera beaucoup de fautes parce qu'il sera composé d'hommes. (Voltaire)

La Grèce, toute polie et toute sage qu'elle était… (Bossuet)

Toute femme qu'elle est… Toutes raisonnables qu'elles sont …

b) Irréel

Les formants discontinus quelque … que, si… que, pour … que + subjonctif ajoutent une idée de quantité (intensité). Ils sont incidents à un adjectif ou à un adverbe. La proposition concessive est une phrase attributive (en particulier une phrase à verbe être).

QUELQUE … QUE

Quelque étrange que fût cette musique, elle m'était cependant agréable.

SI … QUE

Si intelligent qu'il soit, il doit encore travailler.

Rem: Le tour inversif (postposition du pronom sujet) remplace souvent la construction si…que: Si intelligent soit-il, il risque de ne pas réussir.

POUR … QUE (langue écrite et soutenue)

Ce tourment, pour impérieux qu'il fût, ne me privait pas de sommeil. (Duhamel)

D'autres formants ajoutent une idée d'identité. Ils sont obligatoirement suivis du Subjontif.

QUELQUE(S) … QUE est incident à un nom:

Quelques efforts que vous fassiez, vous ne rejoindrez pas vos amis.

QUEL QUE, avec variation de genre et nombre, suivi d'un verbe (être, pouvoir être), se substituant à l'attribut: Quelle que soit votre opinion…

(…) la réponse qu'il recevait, quelle qu'elle fût (…) (Camus)

QUI QUE se rapporte à un nom [+personne] : Qui que vous soyez, entrez.

QUOI QUE se rapporte à un nom [-personne]: Je lui pardonne, quoi qu'il fasse.

OÙ QUE se rapporte à un circonstant spatial: Où que j'aille, je rencontre des amis.

BIBLIOGRAPHIE MINIMALE

Scurtu, G., 1998, Les compléments circonstanciels, p.109-115.

Wagner, R.L., Pinchon, J., 1991, Grammaire du français classique et moderne, p. 648-651.

TEST

– Faites des phrases renfermant des circonstants de concession réalisés par un GPrép. introduit par : a) malgré; b) en dépit de.

– Quelles sont les formes verbales non finies pouvant exprimer la concession ? Donnez des exemples.

– Quel est le mode privilégié de la subordonnée concessive ?

– Comment se classifient les subordonnées de concession selon l’incidence de la concession ? Mais selon la valeur modale ?

– Ouvrez les parenthèses et analysez les subordonnées: a) Tout fatigué que je (être), je ne pouvais pas refuser de l’aider. b) Où qu’il (aller), je saurai le retrouver.

– Complétez les blancs par la conjonction appropriée: a) … puisse (être) son impatience, il devra attendre son tour. b) … prudents qu’ils soient, ils n’ont pas pu éviter l’accident.

12. AUTRES CIRCONSTANTS

l. LE COMITATIF

Les structures comitatives expriment une association entre deux agents qui effectuent le même procès en même temps.

Cette structure se réalise par:

– un GPrép. introduit par les prépositions avec, à, de, d'avec, sans, suivi d'un N [+concret (+personne)];

– un adverbe d'association: ensemble, de concert:

Il est sorti avec ses amis. Il est sorti avec son parapluie et son chapeau.

Séparer les bons d'avec les méchants. (Lexis) Il est sorti sans sa femme.

2. LE COMPLÉMENT D'OPPOSITION

Le complément d'opposition exprime deux faits qui s'opposent l'un à l'autre (sans qu'il y ait nécessairement concession).

Il se réalise par des éléments spécifiques et des éléments non spécialisés qui expriment contextuellement l'idée d'opposition:

– un GPrép. introduit par la locution au lieu de;

– une construction infinitivale du type (bien) loin de + Inf., au lieu de + Inf.;

– une subordonnée introduite par des conjonctions qui expriment une simultanéité dans le temps: quand, lorsque, alors que, tandis que + Indicatif;

– une subordonnée introduite par au lieu que, (bien) loin que + Subjonctif:

Il ne faut pas employer un mot au lieu de l'autre.

Bien loin de nuire à votre santé, ce voyage vous fera grand bien

Vous rêvez au lieu de réfléchir. (Robert)

Tandis que l'un travaille, l'autre se repose.

Au lieu que son histoire l'ait calmé, on dirait plutôt qu'il s'aigrit. (J. Romains)

3. LE COMPLÉMENT D'ADDITION

Il indique qu'un fait s'ajoute à celui qui a déjà été exprimé.

Ce complément se réalise par:

– un GPrép. introduit par outre, en plus de, par dessus le marché;

– une proposition subordonnée introduite par outre que, sans compter que + Indicatif:

Outre leurs photographies, les deux jeunes gens avaient échangé leurs confidences. (J. Romains)

En plus de son travail, il fait des recherches personnelles. (Robert)

Outre qu'il était très riche, il descendait en ligne directe de Jean sans Terre. (M. Aymé)

4. LE COMPLÉMENT D'EXCEPTION

Ce complément soustrait un constituant à ce que l'on a affirmé précédemment.

Il se réalise par:

– un GPrép. introduit par excepté, hors, hormis, sauf, en dehors de;

– une construction infinitivale;

– une subordonnée introduite par excepté que, sauf que, sauf quand, sauf si, hors que, hormis que, à part que, si ce n'est que, sinon que:

Tout le monde a quitté la table, sauf elle qui ouvre des amandes fraîches. (Mauriac)

(…) en dehors des planches de leur navire, tout semblait diaphane, impalpable, chimérique. (P. Loti)

Il ne lui demandait rien, sauf de se taire et d'être anonyme, comme d'habitude. (Sartre)

Nous avons eu beau temps exepté qu'il a eu plu plus vers midi. (Robert)

Sauf qu'il avait tellement grossi, il avait gardé bien des choses d'autrefois. (Proust)

6. LA SUBORDONNÉE DE SUPPOSITION

La supposition, liée à l'idée de condition, se réalise par une subordonnée introduite par à supposer que, supposé que, en supposant que, en admettant que + Subjonctif ou comme si, si jamais + la règle du si conditionnel:

Supposé qu'il fasse beau, viendrez-vous avec nous en promenade ?

Et à supposer même qu'elle m'eût permis (…) (Proust)

En admettant que cela soit vrai en gros. (Maurois)

Je me contemplai comme si j'eusse été un autre (…) (Mauriac)

TESTS

Analysez les circonstants des phrases ci-dessous: a) identification du circonstant; b) le réalisateur; c) valeurs sémantiques:

a) 1. Il est sorti malgré la pluie qui tombait depuis le matin. 2. Il aime colorier à l’aquarelle. 3. Quelles qu’en soient les conséquences, il faut aller jusqu’au bout. 4. Il arrivera à l’heure prévue, à moins qu’un accident ne l’en empêche. 5. Le juge me regardait d’un air soupçonneux. 6. Comme six heures sonnaient, le maître arriva. 7. Nous partirons demain à la montagne. 8. Les enfants, les yeux baissés, attendaient patiemment. 9. S’il avait eu la possibilité, il aurait beaucoup voyagé.10. Il leva aussitôt les yeux sur elle et rougit. 11. Puisque vous n’avez pas compris, je répète plus clairement les explications. 12. Il le fera, pour peu que vous lui en parliez.

b) 1. Tâche d’écrire toujours lisiblement, quoi que tu écrives. 2. Cette nouvelle avait été annoncée d’une manière si brusque que je ne l’avais pas comprise. 3. Il ne raconta rien à sa soeur de peur qu’elle nu fût saisie d’effroi. 4. Quelques efforts que vous fassiez, vous ne rejoindrez pas vos amis. 5. Il a consenti par indulgence. 6. Où habite-t-il que j’aille le voir ? 7. La table était pourvue d’une grande lampe. 8. Tout riche qu’il était, il s’ennuyait. 9. Il n’est pas venu sous prétexte qu’il était occupé. 9. Taisez-vous une minute, que je voie clair. 10. En bas, grinça un peu.

c)1. C’est leur bois qui brûle dans l’âtre; et voici les mains que je tends vers le feu, pour les chauffer. 2. Quoique catholique de naissance, Clodius exigeait qu’on l’enterrât suivant le rite de la religion réformée. 3. La journée s’écoula sans incidents et je me rassurai un peu en constatant que l’air était encore très humide. 4. Geneviève venait vers nous, l’air préoccupé. 5. Geneviève allait, sans le savoir, de l’un à l’autre. 6. Depuis longtemps Clodius vivait tout seul, pour mieux entretenir sa haine. 7. Cette nuit je suis seul dans mon grenier. 8. Quoique ces signes fussent émouvants, je les avais si souvent entendus qu’ils ne me troublaient plus. 9. Dehors quelqu’un parla; des voix arrivaient de la source. 10. Je ne trouvais rien à lui dire parce que j’écoutais, dans les hauts de la maison, le pas de l’inconnu. 11. Là se dressait une porte fermée, tandis qu’ailleurs elle s’ébattait sans contrainte. 12. Dedans on entendait un bruit de pas, comme de quelqu’un qui marche lourdement. 13. Maintenant, en dépit de la distance, les âmes s’étaient secrètement rapprochées. 14. Chaque fois que je touchais la terre, mon soulier s’enfonçait en elle. 15. Cette nuit je suis seul: et, tout en classant quelques plantes, je pense à la dernière aventure. (D’après H.Bosco)

d) C’est Tarrou qui avait demandé à Rieux l’entrevue dont il parla dans ses carnets. Le soir où Rieux l’attendait, le docteur regardait justement sa mère, sagement assise sur une chaise. C’est là qu’elle passait ses journées quand les soins du ménage ne l’occupaient plus. Les mains réunies sur les genoux, elle attendait. Rieux n’était pas même sûr que ce fût lui qu’elle attendait. Ce soir-là, elle regardait par la fenêtre la rue maintenant déserte. L’éclairage de nuit avai été diminué. “Est-ce qu’on va garder l’éclairage réduit pendant toute la peste ?” dit madame Rieux. “Probablement”. ”Pourvu que ça ne dure pas jusqu’à l’hiver. Ce serait triste, alors”. (D’après A.Camus)

RELIEZ LES SUITES CI-DESSOUS EN UNE PHRASE COMPLEXE EN EXPRIMANT DIVERS RAPPORTS CIRCONSTANCIELS :

a) 1. Etre satisfait; bien travailler. 2. Avoir un métier passionnant; s’ennuyer. 3. Etre pressé; prendre un taxi. 4. Arriver à temps; prendre un taxi. 5. Ne pas vouloir se perdre; emporter une carte routière.

b) 1. Il n’ouvre pas la bouche; il ne dit aucune bêtise. 2. Il n’a pas répondu; il n’a pas entendu. 3. Je viendrai demain chez toi; je finirai ma composition. 4. Il marche très vite; personne ne peut le suivre. 5. Il a beaucoup lu; il est devenu très instruit.

TRADUISEZ EN FRANÇAIS

a) 1. Sunt de acord cu propunerea ta cu condiția ca directorul s-o aprobe. 2. Nu adăugă nimic, de teamă ca el să nu se înfurie. 3. Fie că se temea, fie că era neîncrezător, renunță la ideea care îi venise. 4. Dacă aș fi în locul dumitale, aș accepta bucuros o asemenea invitație. 5. Oricare ar putea fi meritele voastre, fiți modești ! 6. In zadar încercați să fiți primiți de vreme ce el nu vrea să vadă pe nimeni. 7. Aș vizita cu plăcere această localitate, numai să am posibilitatea de a o face. 8. Fructele nu sunt destul de coapte pentru ca să le puteți culege. 9. S-a dus la examen deși este bolnav. 10. Deși acest tânăr vorbește cu înflăcărare, nu poate să convingă pe nimeni.

b) 1. Imi plăcea mult acest cartier, nu pentru că era frumos, ci pentru că era liniștit. 2. Cum această discuție nu mă interesa, am tăcut tot timpul. 3. Dacă ar fi învățat sistematic, examenele i s-ar fi părut mult mai ușoare. 4. Oricare ar fi greutățile, nu voi renunța niciodată la acest proiect. 5. Această problemă este prea ușoară ca să mai insistăm asupra ei. 6. Conferința era tradusă simultan în mai multe limbi pentru ca fiecare delegat să-l poată urmări pe orator. 7. Dacă voi avea nevoie de acestă carte mi-o vei împrumuta ? 8. Aștepta cu nerăbdare sfârșitul conferinței. 9. Povestește-mi pe scurt cum s-au petrecut lucrurile ! 10. Toată noaptea nu putu dormi.

c) 1. In timpul acesta, Otilia inventa tot felul de distracții. 2. Generalul voi cu orice preț ca Felix să se așeze lângă el. 3. In 48 de ore trebuie să fii la post. 4. Intr-o săptămână, două, tribunalele doar vor păstra amintirea revoltei. 5. Mergi pe strada Horia, la numărul 26. 6. Grozav am fugit, zise el începând să-și șteargă obrazul cu batista. 7. Formidabil ce ai putut picta în zece zile ! 8. In anul acela află multe lucruri. (D’après des auteurs roumains)

BIBLIOGRAPHIE

ARRIVÉ, M., GADET F., GALMICHE, M., 1986, La grammaire d'aujourd'hui, Paris, Flammarion.

BAYLON, C., FABRE, F., 1978, Grammaire systématique de la langue française, Paris, Nathan.

CALLAMAND, M., 1987, Grammaire vivante du français, Paris, Larousse.

CHARAUDEAU, P., 1992, Grammaire du sens et de l'expression, Paris, Hachette.

CRISTEA. T., 1974, 1979, Grammaire structurale du français contemporain, Bucuresti, EDP.

DELOFFRE, F., 1979, La phrase française, Paris, SEDES.

DUBOIS, J., DUBOIS-CHARLIER, Fr., 1970, Éléments de linguistique française: syntaxe, Paris, Larousse. .

GREVISSE, M., 1986, Le Bon Usage, Paris-Gembloux, Duculot.

LE GOFFIC, P., 1993, Grammaire de la phrase française, Paris, Hachette.

RIEGEL, M., PELLAT, J.C., RIOUL, R., 1994, Grammaire méthodique du français, Paris, PUF.

RUQUET, M., 1988, Comment dire ? Raisonner à la française, Paris, Clé International.

WAGNER, R.L., PINCHON, J., 1991, Grammaire du français classique et moderne, Paris, Hachette.

WILMET, 1997, M., Grammaire critique du français, Hachette, Duculot.

LE CIRCONSTANT DE QUANTITE

DÉFINITION

Le circonstant de quantité indique la quantité absolue (considérée en elle-même) ou la quantité relative (comparée).

RÉALISATEURS

a) Adverbes de quantité: assez, autant, beaucoup, bien, combien, davantage, fort, moins, pas mal, peu, un peu, plus, si, tant, tellement, trop.

b) Certaines formes en -ment: diablement, drôlement, infiniment, excessivement, extrêmement, suffisamment, terriblement, etc.

Cet incident me contrarie extrêmement. (Lexis)

CLASSES D'ADVERBES DE QUANTITÉ

Ces adverbes se différencient entre eux par le point de référence de la détermination quantitative. La quantité peut être considérée en soi (absolue) ou relativement à un autre procès (relative ou comparative).

La quantité absolue

Les adverbes de quantité absolue se différencient entre eux par la dimension de la quantification. Ils expriment:

– une grande quantité: beaucoup, fort, trop, tellement, tant, terriblement, infiniment etc.; – une quantité suffisante: assez, suffisamment;

– une petite quantité: peu, un peu, presque, à peine;

– une quantité nulle: nullement, aucunement;

– une quantité indéterminée: combien ?

Remarques sur l'emploi de certains adverbes exprimant la quantité absolue

BEAUCOUP: J'aime beaucoup les gâteaux. (= bien)

FORT

Il est rare dans la langue parlée: Cet homme me déplaît fort.

Rem: Fort est aussi adverbe de manière (= avec force, fortement): Le vent souffle fort.

TROP

Cet adverbe indique la quantité considérée comme excessive: Ne mangez pas trop.

TRÈS

Très apparaît dans les locutions verbales avoir faim / froid / chaud; faire chaud / froid / attention, emploi condamné par les grammaires normatives:

J'ai très faim. Il faut faire très attention.

TANT, TELLEMENT, SI

– Ils s'emploient dans des phrases exclamatives (intensives):

Il travaille tant ! (=tellement) Il fait si chaud ! (= tellement)

– Ils entrent souvent dans des relations de conséquence (l'adverbe de quantité est un corrélatif):

Il a tant travaillé que la tête lui tourne.

TOTALEMENT, ENTIÈREMENT, COMPLÈTEMENT, PLEINEMENT

Tous ces adverbes indiquent la quantité épuisée:

Traiter complètement un sujet.

Détruire entièrement.

ASSEZ, SUFFISAMMENT, PAS MAL (fam. et pop.)

Ils indiquent la quantité moyenne:

Il a assez travaillé.

Il a pas mal voyagé. (= assez ou beaucoup)

PEU et UN PEU

Bien que se traduisant en roumain par le même mot (puțin), ces deux adverbes expriment cependant des idées sensiblement différentes:

– peu exprime l'insuffisance (une petite quantité négative)

– un peu exprime une très petite quantité (positive)

Il travaille peu. (= insuffisamment) / Il travaille un peu. (= peu de temps; dans une mesure faible, mais non négligeable)

Nous sortons peu le soir. (Robert)

Parlons peu, mais parlons bien (…) (A. France)

PEU A PEU, PETIT A PETIT

Ils indiquent la progression quantitative: La surprise se transforma peu à peu en panique.

PRESQUE, A PEINE

. presque exprime une limite non atteinte

. à peine exprime une limite atteinte:

J'ai presque terminé. / J'ai à peine terminé.

La quantité relative

Les adverbes de comparaison (quantité relative) indiquent soit l'égalité soit l'inégalité quantitative entre deux procès:

– égalité: tant, autant

– inégalité: – supériorité: plus, davantage

– infériorité : moins

Remarques sur l'emploi des adverbes exprimant la quantité relative

AUTANT et TANT

Ces deux adverbes établissent une comparaison, mais autant est le terme non marqué du couple (il apparaît dans des phrases affirmatives, interrogatives et négatives), alors que tant est le terme marqué (il n'apparaît que dans des pharases négatives ou interrogatives):

Il travaille autant que vous. / Il ne travaille pas tant (autant) que vous.

PLUS et DAVANTAGE

Les deux expriment la supériorité.

– plus s'emploie en construction absolue (sans terme de comparaison exprimé) ou avec un terme de comparaison: Il travaille plus que vous.

– davantage s'emploie absolument: Maintenant il travaille davantage.

LES STRUCTURES DE PROPORTION QUANTITATIVE

plus … plus

plus … moins

moins … moins

moins … plus

autant … autant

Plus on juge, moins on aime. (Balzac)

Moins il travaille (et) moins il réussira.

Moins il y a de travail, plus je suis content.

Autant la première partie de votre recherche est intéressante, autant la deuxième paraît artificielle.

BIBLIOGRAPHIE MINIMALE

Guță, A., 2004, Le groupe adverbial, p. 67-74.

Scurtu, G.,1998, Les compléments circonstanciels, p. 48-54.

TEST

– Par quoi sont exprimés les circonstants de quantité ?

– Qu’est-ce que la quantité absolue et la quantité relative ?

– Comment sont classés les adverbes de la quantité absolue ?

– Quel type de comparaison est établi par les adverbes de la quantité relative ?

– Construisez des phrases avec: a) peu et un peu; b) plus et davantage; c) tant et autant et expliquez les valeurs et l’emploi de ces couples d’adverbes.

LE CIRCONSTANT DE MANIÈRE

DÉFINITION

Le circonstant de manière caractérise l'action verbale du point de vue qualitatif (la manière dont s'accomplit le procès).

RÉALISATEURS

a) un adverbe ou GAdv: Il parle très vite.

b) un GPrép.: Il a appris la poésie par coeur.

c) un GN de rection directe: Il s'éloigne tête basse.

d) un verbe à un mode non personnel: Il se promène en chantant.

e) une proposition subordonnée: Il est parti sans qu'on le voie.

LES ADVERBES DE MANIÈRE

Définition

Les adverbes de manière sont des qualifiants du verbe, tout comme les adjectifs épithètes sont des qualifiants du nom.

L'identification de l'adverbe de manière se fait par la paraphrase avec un GPrép. constitué de: avec + N ou de manière + Adj.

Il conduit prudemment – > Il conduit avec prudence / de manière prudente.

Classes d'adverbes de manière

Les adverbes de manière s'organisent en plusieurs sous-classes du point de vue de leur forme: unités adverbiales simples, formes dérivées à l'aide du suffixe -ment, formes dérivées à l'aide du sufixe ø (adjectifs adverbialisés).

Les formes simples

La classe des adverbes simples comprend un nombre limité d'unités: ainsi, bien, cash (fam.), comment, debout, ensemble, exprès, gratis, mal, mieux, pis, vite, volontiers.

Ecoutez-moi bien !

Ils ont de l'argent et ils payent cash.

J’accepte volontiers votre invitation.

Ne t'agite pas ainsi !

Comment vous portez-vous ?

Adverbes dérivés en – ment

Les adverbes de ce type constituent une classe très riche. Ils sont formés sur des adjectifs: aimablement, facilement, élégamment, rapidement, sagement, soigneusemen,t etc:

Il faut réfléchir calmement.

Il exposa timidement sa rêquete. (Robert)

La nuit venait, (…) les lampadaires brillaient faiblement. (Camus)

Ils avancent prudemment.

Adjectifs adverbialisés

Un nombre relativement restreint d'adjectifs forment des adverbes par conversion: l'adverbe présente donc une forme identique à celle de l'adjectif épithète. Ce sont des adjectifs usuels, connus habituellement sous le nom d'adjectifs adverbialisés et qui forment avec certains verbes des locutions figées.

a) Certains adverbes ne s'emploient qu'avec un nombre restreint de verbes, formant avec ceux-ci des locutions. Ces adverbes se caractérisent par le fait qu'ils ne présentent pas de forme parallèle en -ment:

parler, dire, discuter, prononcer / BAS

manger GRAS

écrire GROS

sentir BON

sentir MAUVAIS

rire JAUNE

s'arrêter; couper / COURT

voir ROUGE

Parle plus bas !

Ces roses sentent bon. (DFC)

Il a coupé court à toutes les formalités. (= faire cesser brusquement)

Cet enfant écrit gros.

b) L'adjectif adverbialisé peut entrer en concurrence avec sa forme en -ment. Voici les principaux adjectifs adverbialisés de la seconde série et les verbes auxquels ils se rattachent de manière usuelle:

tenir CHAUD

acheter, payer / CHER

parler, lire, chanter / HAUT

voir; parler / CLAIR marcher, aller / DROIT

travailler DUR

chanter, jouer, sonner / FAUX

jouer; parler / MOU

Un joueur de football qui joue trop mou. (Lexis) (= sans énergie)

Allez tout droit et vous arriverez à la gare.

Parfois l'adjectif adverbialisé et la forme en -ment sont synonymes et peuvent s'employer dans les mêmes suites: jouer mou et jouer mollement, travailler dur et travailler durement, sonner faux et sonner faussement, etc.

Mais le plus souvent l'adjectif adverbialisé entre en concurrence avec la forme en -ment pour produire des oppositions entre sens concret et abstrait, littéral et figuré:

parler haut (= de façon à être entendu) / parler hautement (= avec hauteur, arrogance; avec énergie, en public)

voir clair (= avoir une vue juste des choses) / voir clairement (= distinguer les choses avec précision)

marcher droit (= en ligne droite) / parler droitement (= franchement)

LE GROUPE PRÉPOSITIONNEL

Les prépositions introduisant des qualifiants du verbe sont: à, de, avec, sans, par, selon, suivant, sur, sous.

À

– À forme des locutions prépositionnelles spécifiques du caractérisant du verbe:

à la façon de, à la manière de, à la mode de :

Savez-vous planter des choux à la mode de chez nous ? (Chanson populaire)

– Si à est suivi d'un nom [+ possession inaliénable] le Dt. du nom est obligatoire: parler à coeur ouvert, distribuer à pleines mains (= abondamment), etc.

– Cette préposition entre dans la formation des séries d'intensité (le qualifiant indique le degré d'intensité de l'action verbale):

marcher, aller au pas , à pas lents (= lentement), à pas de tortue (= très lentement) / marcher, aller à grands pas (= vite), à pas de géants (= très vite)

parler, demander, chanter à voix haute (= haut), à voix forte (= fort ) / parler, demander, chanter à voix basse (= bas)

DE

– De est suivi d'un nom [-concret], formant avec celui-ci des locutions adverbiales:

de gaieté de coeur (= volontairement et avec passion), d'instinct (= de manière naturelle et spontanée), de travers (= de manière oblique; irrégulièrement, mal):

Il fait les choses de travers.

Tout le temps, d'instinct, je m'opposais à lui.

AVEC

– Introduisant un qualifiant du verbe, avec est toujours suivi d'un nom [-concret], sans article: répondre avec colère, examiner avec attention, accepter avec enthousiasme, etc.

Il a accepté la mission avec enthousiasme.

SANS

– Tout comme avec, sans est suivi d'un nom [-concret], sans article: agir sans peur, sans joie.

– Sans entre dans la formation de nombreuses locutions adverbiales: sans faute (=à coup sûr), sans cesse (=incessamment, continuellement), sans doute (= indubitablement; probablement):

Il pleut sans cesse depuis trois jours.

Attendez-moi ce soir: je viendrai sans faute.

C’est sans doute un très grand auteur.

PAR

Suivi d'un nom [-concret], par forme des locutions adverbiales: par habitude (= machinalement); par excellence (= tout particulièrement); par écrit; par hasard; par coeur.

Les enfants ont appris les vers par coeur.

Faites ce devoir par écrit.

Nous nous sommes rencontrés par hasard.

SELON et SUIVANT

Ces prépositions ajoutent à l'idée de manière celle de comparaison de la qualité.

Il a agi selon ses habitudes.

Il traite les gens selon leurs mérites. (= d'après leurs mérites)

GROUPE NOMINAL DE RECTION DIRECTE

Le GN de rection directe est un caractérisant à double incidence qui se rapporte en même temps au sujet et au verbe. On l'appelle traditionnellement “complément d'attitude”.

Les traits caractéristiques de cette structure sont:

– sujet [+ personne];

– nom [+ possession inaliénable] introduit par la préposition ø;

Il marchait tête haute.

Les enfants couraient pieds nus.

Ils nous ont accueillis les bras ouverts.

Rêvant, les yeux ouverts (…), il souriait en marchant. (R. Rolland)

VERBE À UN MODE NON PERSONNEL

sans + Infinitif

Ce circonstant exprime une caractérisation négative: Il est parti sans dire au revoir.

Ils se promènent ensemble sans parler.

Gérondif

Dans le cas de l'emploi du gérondif les deux procès (celui du verbe fini et celui du gérondif) sont en rapport de simultanéité:

Il répondit en souriant comme un enfant. (= il répondit et sourit comme un enfant)

PROPOSITION SUBORDONNÉE

La subordonnée de manière introduite par SANS QUE

Cette locution conjonctive imprime à l'énoncé une orientation négative.

Le mode employé après sans que est le Subjonctif.

Il m’a rendu les cahiers sans que je le lui demande.

La subordonnée comparative

Le rapport établi par la comparaison est un rapport de conformité ou de non-conformité qualitative.

a) La conformité qualitative

Les relateurs qui l'expriment sont: comme, ainsi que + Indicatif:

Il ment comme il respire. (= de la même manière)

Faites ainsi qu'on vous l'a dit.

b) La non-conformité qualitative

La non-conformité des actions s'exprime par la locution autrement que:

Il agit autrement qu'il (ne) parle.

La structure affirmative présente un ne explétif facultatif.

BIBLIOGRAPHIE MINIMALE

Cahiers de grammaire. Le caractérisant du verbe, 1977, TUB, București.

Guță, A., 2004, Le groupe adverbial, Craiova, Universitaria, p. 75-80.

LE CIRCONSTANT D'INSTRUMENT (INSTRUMENTAL)

DÉFINITION

Le circonstant instrumental exprime "l'instrument, le moyen par lequel s'accomplit le procès exprimé par le verbe".

L'Instrumental est régi par un V [+action], le plus souvent [+intention], ce qui implique l'existence d'un agent humain qui déclenche l'action.

L'instrument à l'aide duquel se réalise l'action est exprimé par un N [- animé (+ matériel) (+ fabriqué)]:

Il coupait le pain avec un grand couteau

Le Moyen est régi par un V [+ intention], mais il est exprimé par un N [- animé (- matériel) (- fabriqué)]:

Obtenir quelque chose par la force, par la douceur.

Réussir par la ruse.

RÉALISATEURS

L'Instrumental est réalisé par un GPrép. introduit par une préposition simple ou une locution:

Combattre avec une baïonnette.

Il a ouvert la porte à l'aide d'un passe-partout.

LES STRUCTURES INSTRUMENTALES PRÉPOSITIONNELLES RÉALISÉES AVEC UNE PRÉPOSITION SIMPLE

Ce circonstant ne connaît pas de préposition spécifique. Les principales prépositions employées sont: avec, à, de, par.

AVEC

Cette préposition introduit un N [+ fabriqué] [+ concret]:

Il ouvre la boîte avec un couteau.

Il se lave avec de l'eau froide.

À

À remplace souvent avec. Le jeu de ces deux prépositions exprime l'opposition

instrument actuel (avec) / instrument virtuel (à)

Il allume la cigarette avec son briquet. La cigarette s'allume au briquet.

On tirait sur eux, mais aves des fusils. Chaque jour, des gens tiraient au fusil.

(Malraux) (P. Gascard)

L'instrument virtuel désigne un instrument préférentiel, "un instrument à l'aide duquel le procès se réalise de manière habituelle.

Il dessine avec un crayon / avec mon crayon / avec ce crayon / Il dessine au crayon. DE

L'emploi de cette préposition est dicté par:

– la nature du nominal (traits inhérents);

– la nature du verbe.

a) De est sélecté de préférence par un N [+ possession inaliénable] (partie du corps).

Il nous salua de la tête.

Il a fabriqué de ses propres mains cet appareil.

Elle jouait, d'une main, avec sa chaîne de grosses perles. (Colette)

b) De se construit avec les “verba ornandi” (orner, parer, couvrir, tapisser, vêtir etc.):

La robe était parée de bijoux.

Ils ont orné le sapin de guirlandes et de joujoux.

Elle s'était coiffée d'un chapeau de paille.

c) De se construit aussi avec des verbes de type jouer + instrument musical:

Il joue du piano, du violon, de la guitare, de la trompette.

PAR

a) Par s'emploie après les verbes de la série antonymique attacher / séparer, souvent en variation libre avec la préposition avec:

attacher avec / par une ficelle; fixer avec des clous / par un élastique.

b) Par s 'emploie aussi avec des verbes de communication:

annoncer par affiches; appeler par téléphone, par un geste; apprendre par la radio.

J’ai appris la nouvelle par la radio.

LES STRUCTURES INSTRUMENTALES PRÉPOSITIONNELLES INTRODUITES PAR DES LOCUTIONS

Les principales locutions prépositionnelles instrumentales sont: à l'aide de, au moyen de, à coups de, à force de, grâce à, d'un coup de, du bout de, de la pointe de, du plat de, avec le bout de, par l'intermédiaire de, sans l'intermédiaire de etc.

a) Du point de vue sémantique, il y a une série de locutions qui n'ajoutent aucune nuance supplémentaire par rapport aux prépositions simples:

Il est monté au grenier au moyen d'une échelle.

Ils passèrent le canal grâce à la passerelle qui se trouve à cet endroit.

b) D'autres locutions apportent sur l'action verbale des précisions d'ordre aspectuel ou qualitatif (actions verbales intensives, réitérées ou non):

Il soigne son mal de tête à coups de cachets. (Lexis)

c) Enfin, certaines autres locutions précisent l'instrument utilisé pour accomplir l'action:

Il s'est essuyé le front du dos de la main.

Il brisait les branches du bout des doigts.

L'INSTRUMENT – MOYEN DE TRANSPORT

Les verbes qui se construisent avec ce type d'instrument sont marqués des traits [-transitif (+mouvement) (+direction)], alors que l'instrument prépositionnel présente les traits inhérents [-animé (+ fabriqué)]: auto, bus, bicyclette etc.

Les prépositions qui servent à construire l'instrument – moyen de transport sont: avec, en, à, par, sur, dans.

Leur choix dépend en général de la nature du nominal instrument.

Les instruments auto, avion, bateau, bus, car, camion, taxi etc. se construisent avec les prépositions en, avec, dans: Voyager en auto, en car, en bus.

– En et avec marquent l'opposition [+virtuel] / [-virtuel] qui se manifeste en structure superficielle par l'absence ou la présence de la détermination:

Il va en voiture. / Il va avec sa nouvelle voiture (avec une voiture rouge).

Dans exprime un instrumental doublé d'un locatif: aller en voiture / aller dans la voiture.

Les instruments métro, train, tram etc. se construisent avec les prépositions par, en, avec, dans: J'y suis allé avec le train / en train / par le train.

Maigret se rendait en métro à l'Étoile. (Simenon)

Ils ont voyagé dans un train express. (instrument + locatif)

Les instruments – moyen de transport bicyclette, moto, vélo se construisent avec les prépositions à, en, avec: Je suis venu à bicyclette. Aller à (en) vélo. Il est rentré avec sa moto.

L'instrument ascenseur se construit avec la préposition par:

Monter / descendre par l'ascenseur.

BIBLIOGRAPHIE MINIMALE

Les structures instrumentales en français contemporain¸ București, TUB, 1979, p. 63-101.

TEST

– Quels sont les traits inhérents des verbes qui se construisent avec une structure instrumentale ?

– En quoi réside la distinction instrument / moyen ?

– Par quoi s’exprime l’instrumental ?

– En quoi consiste l’opposition sémantique entre les prépositions avec et à introduisant l’instrument?

– Devant quelle classe de noms s’emploie la préposition de ?

– Faites des phrases avec 3 locutions prépositionnelles instrumentales.

– Analysez les circonstants d’instrument des phrases suivantes: 1. Sa main était ornée d’une belle bague. 2. Il a ouvert la porte avec un passepartout. 3. Il dessine au crayon. 4. Je n’aime pas me laver avec de l’eau froide. 5. Descends par l’ascenseur! 6. La paix ne peut être sauvegardée que par des négociations.

LE CIRCONSTANT DE CAUSE

DÉFINITION

Le circonstant de cause exprime un phénomène (objet) qui se trouve à l'origine d'un autre phénomène.

RÉALISATEURS

a) un GPrép.: Je ne sors pas à cause de la pluie.

b) un verbe à un mode non personnel: Étant trop vieux, il fut congédié.

c) une proposition subordonnée: Nous ne sommes pas sortis parce qu'il pleuvait.

LE GPRÉP. CIRCONSTANT DE CAUSE

Prépositions exprimant uniquement la cause

À CAUSE DE (raison négative): À cause de leur négligence, ils ont tout raté.

POUR CAUSE DE: Le magasin est fermé pour cause d'inventaire.

ÉTANT DONNÉ:

Étant donné le nombre de cours à suivre, je dois préparer le diplôme en deux ans.

GRÂCE À (cause favorable):

J’ai réussi grâce à tes conseils.

ATTENDU (langue juridique et administrative):

Attendu la situation internationale, le cabinet se réunira d'urgence.

A FORCE DE (cause intensive): Il a réussi à force de travail.

SOUS PRÉTEXTE DE (cause fictive): Sous prétexte d'aide, on peut nuire.

FAUTE DE (cause négative): Faute de prudence, il s'est perdu.

Prépositions exprimant occasionnellement la cause

DE: Elle criait de douleur.

PAR: Il a agi par bonté. Il a consenti par indulgence.

POUR: Il a été condamné pour vol.

VERBE À UN MODE NON PERSONNEL

Prép. + Infinitif

DE + Inf.: Enchanté de vous connaître.

POUR + Inf. passé: Il est puni pour avoir menti.

Rem: La variante avec l'infinitif n'est pas obligatoire: Il est puni parce qu'il a menti.

À FORCE DE + Inf. (cause intensive):

À force de chercher, il finira bien par trouver (= par le fait répété de chercher …)

SOUS (LE) PRÉTEXTE DE + Inf. (cause fictive):

Il m’a cherché, sous le prétexte de m'aider.

Participe présent

Il parlait peu, sachant peu de mots.

PROPOSITION SUBORDONNÉE

Par une relation causale on met en rapport deux procès réels, ou un procès réel avec un autre irréel. Les principales conjonctions et locutions conjonctives se répartissent en fonction de l'opposition cause réelle / cause irréelle. A l'intérieur de cette distinction il en existe bien d'autres, réalisées au moyen des relateurs et des formes modales.

La cause réelle se réalise à l'aide des relateurs: parce que, puisque, étant donné que, c'est (parce) que, comme et autres.

Le mode employé dans la subordonnée est l'Indicatif.

PARCE QUE sert à exprimer la cause neutre.

Généralement parce que est postposé et introduit l'information nouvelle dans la phrase, alors que la principale représente le fait connu:

Il n'est pas venu parce qu'il est malade.

Rem: Parce que peut apparaître seul, comme réponse à un pourquoi ? pour marquer le refus de donner ses raisons: – Père, pourquoi mangez-vous du vilain pain ? – Parce que, ma fille. (Hugo)

PUISQUE, ÉTANT DONNÉ QUE expriment la cause justifiante et impliquent la notoriété du procès invoqué comme cause d'un autre procès.

Puisque vous insistez, je vous dirai quelle est ma décision.

Puisqu'il pleut, prends donc ton parapluie !

La locution étant donné que s’emploie surtout dans le langage administratif ou juridique:

Étant donné qu'il désapprouvait cette décision, il a donné sa démission.

COMME exprime toujours la cause notoire, ayant une valeur d'insistance. La subordonnée précède obligatoirement la principale:

Comme elle arrive demain, il faut préparer une chambre

C'EST (PARCE) QUE se combine avec une proposition introduite par SI pour exprimer la cause explicative: S'il réussit c'est qu'il travaille beaucoup.

À MESURE QUE ajoute à l'idée de temps celle de cause progressive:

On s'aime à mesure qu'on se connaît mieux. (Robert)

La cause irréelle se réalise avec les relateurs: soit que…soit que, ce n'est pas que, non que (suivis du Subjonctif), sous prétexte que (suivi de l'Indicatif).

SOIT QUE…SOIT QUE introduit la cause alternative: si l'on admet une cause, on exclut l'autre.

Soit qu'il ait été imprudent, soit qu’il ait été mal informé, il est tombé dans le piège.

CE N'EST PAS QUE, NON QUE expriment la cause négative.

Je n’aime pas ce quartier, non qu'il soit laid, mais parce qu'il est bruyant.

SOUS PRÉTEXTE QUE sert à exprimer la cause fictive:

Il est venu chez nous hier soir, sous prétexte qu'il cherchait un livre.

BIBLIOGRAPHIE MINIMALE

Plantin, C., 1990, La cause du brevet, In: “Langue française”, 86, p. 11-21.

Wagner, R.L., Pinchon, J. 1991, Grammaire du français classique et moderne, p. 626-631.

TEST

1. Quels sont les réalisateurs de la relation causale ?

2. Quelle préposition exprime la cause favorable? Mais la cause intensive ? Exemples.

3. Choisissez une préposition exprimant: a) la cause fictive; b) la cause négative: a. … aide, on peut nuire. b. … prudence, il s’est perdu.

4. Reliez les couples de propositions en une seule phrase complexe contenant une subordonnée de cause: a) neutre; b) notoire: 1. Je suis pressé; je prends un taxi. 2. Les appareils ménagers sont de plus en plus perfectionnés; les femmes disposent de plus grands loisirs. 3. L’orage a été très violent; il a détruit les vignes.

Le circonstant de but

BIBLIOGRAPHIE MINIMALE

Callamand, M., 1987, Grammaire vivante du français, p.192-195.

Deloffre, F., La phrase française, 1979, p. 103-107.

TEST

– A quelle autre relation logique s’apparente le but ?

– Quelles sont les les marques privilégiées du but ?

– Quel est le mode employé dans la subordonnée finale ? Pourquoi ?

– Construisez deux phrases renfermant une subordonnée finale exprimant:

a) le but positif; b) le but négatif.

Le circonstant de but

BIBLIOGRAPHIE MINIMALE

Callamand, M., 1987, Grammaire vivante du français, p.192-195.

Deloffre, F., La phrase française, 1979, p. 103-107.

TEST

– A quelle autre relation logique s’apparente le but ?

– Quelles sont les les marques privilégiées du but ?

– Quel est le mode employé dans la subordonnée finale ? Pourquoi ?

– Construisez deux phrases renfermant une subordonnée finale exprimant:

le but positif; b) le but négatif

CIRCONSTANT DE CONDITION ET D’HYPOTHÈSE

Bibliographie minimale

Cristea, T., 1979, Grammaire structurale du français contemporain, p. 342-345.

Le Goffic, P., 1993, Grammaire de la phrase française, p. 406-409.

Test

– Construisez deux phrases renfermant un circonstant d’hypothèse exprimé par un GPrép. introduit par: a) avec; b) sans. A quel mode / temps doit se trouver le verbe ?

– Construisez une phrase avec un circonstant de condition exprimé par un gérondif.

– Indiquez les valeurs exprimées par la conjonction si. Illustrez-les par des exemples.

– Indiquez les conjonctions / locutions qui explicitent l'éventualité, la supposition, la condition.

– Soumettez la réalisation du fait suivant à une condition que vous exprimerez dans une subordonnée introduite par deux conjonctions différentes: La faim pourra diminuer dans le monde …

CIRCONSTANT DE CONCESSION

Bibliographie minimale

Scurtu, G., 1998, Les compléments circonstanciels, p.109-115.

Wagner, R.L., Pinchon, J., 1991, Grammaire du français classique et moderne, p. 648-651.

TEST

– Faites des phrases renfermant des circonstants de concession réalisés par un GPrép. introduit par : a) malgré; b) en dépit de.

– Quelles sont les formes verbales non finies pouvant exprimer la concession ? Donnez des exemples.

– Quel est le mode privilégié de la subordonnée concessive ?

– Comment se classifient les subordonnées de concession selon l’incidence de la concession ? Mais selon la valeur modale ?

– Ouvrez les parenthèses et analysez les subordonnées: a) Tout fatigué que je (être), je ne pouvais pas refuser de l’aider. b) Où qu’il (aller), je saurai le retrouver.

Complétez les blancs par la conjonction appropriée: a) … puisse (être) son impatience, il devra attendre son tour. b) … prudents qu’ils soient, ils n’ont pas pu éviter l’accident.

LE CIRCONSTANT DE MANIERE

BIBLIOGRAPHIE MINIMALE

Cahiers de grammaire. Le caractérisant du verbe, 1977, TUB, București.

Guță, A., 2004, Le groupe adverbial, p. 75-80.

TEST

– Pourquoi appelle-t-on le circonstant de manière un “caractérisant du verbe” ?

– Par quoi s’exprime ce circonstant ?

– Combien de classes d’adverbes de manière y a-t-il selon la forme ? Donnez des exemples.

– Construisez 3 phrases renfermant des compléments d’attitude.

– Quel est le mode employé après la locution sans que ? Exemple.

Traduisez en français:

a) 1. Șeful de laborator urmărea atent toate fazele experienței, luând notițe conștiincios. 2. Procurorul examina toate dosarele metodic și rece, fără să se implice în nici un fel. 3. M-a privit indiferent, fără să se ostenească să-mi răspundă la întrebare. 4. După părerea mea, generalizezi fals, plecând de la o premisă greșită. 5. Deși acest tânăr vorbește înflăcărat, nu poate să convingă pe nimeni. 6. A repetat succesiv aceeași întrebare, dar nimeni n-a putut să-i dea un răspuns concludent. 7. De ce-l privești atât de disprețuitor, doar știi că nu poate rupe definitiv cu trecutul său de fost hoț de buzunare. 8. Iși chinuia obsesiv mintea, căutând o soluție la problemele zilnice care-l copleșeau. 9. Ninsese abundent în ultimile zile și strada era complet acoperită de zăpadă. 10. Așteptă ca ultimul vorbitor să-și isprăvească discursul, apoi se ridică încet și pronunță distinct cele câteva fraze pe care și le pregătise cu grijă din ajun.

b) 1. Se agăța cu disperare de acest tratament, întrucât știa că e grav bolnav și că nu are nici o altă șansă de supraviețuire. 2. Negă cu încăpățânare că s-ar fi aflat la locul accidentului. 3. Bătrânul vorbea rar, cu multă prudență, nevrând să-i jignească pe cei doi tineri. 4. Nu trebuie să te porți atât de dur cu copiii tăi, ți-o vor reproșa mai târziu. 5. Nu trebuie să-mi vorbești de sus pentru ca să mă faci să înțeleg că nu mă poți suferi. 6. Spune-mi sincer ce crezi despre logodnica fiului meu. 7. Vocea lui suna fals, degeaba încerca să mă convingă că totul era în ordine, simțeam că se întâmplă ceva ciudat. 8. L-am rugat în mod repetat să nu mai răspundă obraznic surorii lui mai mari, pentru că ea suferă mult din această cauză. 9. Când m-au văzut, s-au oprit brusc și au intrat repede în magazin. 10. Dacă vreți să ajungeți la gară, luați-o drept înainte pe strada principală, care urcă apoi abrupt și coboară lin la gară.

c) 1. Cu fruntea plecată, cu ochii stinși, bătrânul gemea încetișor. 2. Trase aerul curat în piept cu lăcomie, cu nările palpitand, cu ochii închiși. 3. Privea drept înainte, cu ochii ei de femeie bolnavă. 4. Tânărul sosi în fugă, gâfâind, cu pumnii strânși la piept. 5. Când a intrat în casă, unchiul a privit mai întâi în jurul lui, cu un aer neliniștit. 6. Venea ca o vijelie, cu capul gol, cu părul vâlvoi. 7. Cu părul nins de ani, cu ținuta ei dreaptă și puțin rigidă, bunica Mariei este încă o femeie tânără. 8. Cu trupul aplecat, lăsat puțin într-o parte ca o corabie prost încărcată, omul acela înainta, sau mai degrabă plutea prin mulțime.

Le circonstant de cause

BIBLIOGRAPHIE MINIMALE

Plantin, C., 1990, La cause du brevet, In: “Langue française”, 86, p. 11-21.

Wagner, R.L., Pinchon, J. 1991, Grammaire du français classique et moderne, p. 626-631.

TEST

– Quels sont les réalisateurs de la relation causale ?

– Quelle préposition exprime la cause favorable? Mais la cause intensive ? Exemples.

– Choisissez une préposition exprimant: a) la cause fictive; b) la cause négative: a. … aide, on peut nuire. b. … prudence, il s’est perdu.

– Reliez les couples de propositions en une seule phrase complexe contenant une subordonnée de cause: a) neutre; b) notoire: 1. Je suis pressé; je prends un taxi. 2. Les appareils ménagers sont de plus en plus perfectionnés; les femmes disposent de plus grands loisirs. 3. L’orage fut violent; il détruisit les vignes.

Traduisez en français:

a) 1. Din cauza neîndemânării sale, nu-i în stare să bată nici măcar un cui. 2. Pentru că vocea îi era foarte slabă, nimeni din cei prezenți în sală nu l-a putut auzi. 3. Datorită amabilității infirmierei, bolnavul a mai căpătat curaj. 4. Din cauza umezelii, a trebuit să închid fereastra. 5. Din lipsa unei îngrijiri medicale adecvate, accidentatul a intrat în comă. 6. Dat fiind faptul că moda rochiilor lungi a trecut, stocul din magazin nu s-a mai putut vinde. 7. Pentru că n-ai fiert suficient cartofii, ei au rămas tari și pireul nu este bun. 8. Pentru că pretindea mereu că-i rămânea ceasul în urmă, colegii i-au făcut cadou unul nou. 9. Cu multă răbdare, ea a dat de capătul acestei probleme încurcate. 10. Acorda sau nu prioritate pietonilor după cum îl zărea sau nu pe polițist.

b) 1. Dat fiind faptul că inspectorul va veni săptămâna viitoare, toți contabilii se străduiesc să pună registrele în ordine. 2. Zice că nu se va duce niciodată în China pentru simplul motiv că nu cunoaște limba. 3. Din cauza schimbării vechiului director, mulți din colectivul de cercetare vor fi înlocuiți. 4. Magazinul va fi închis săptămâna viitoare pentru lucrări de salubrizare. 5. Nu vă împrumut bani nu pentru că nu am încredere în voi, ci pentru că sunt convins că nu-i veți putea restitui. 6. Mihai nu privește meciurile de fotbal la TV nu pentru că nu e sportiv, ci pentru că nu ajunge niciodată acasă înainte de orele 22. 7. A lipsit de la lucrarea de control sub pretext că n-a știut data exactă. 8. Nu și-a compostat biletul în autobuz fie că a uitat, fie că n-a știut că trebuia s-o facă. 9. N-a oprit la stop, fie că nu l-a văzut, fie că era grăbit. 10. Nu ți-am răspuns ieri nu pentru că nu te-am văzut, ci pentru că nu doresc să mai am de-a face cu tine.

c) 1. Cum nu mă așteptam să vă întâlnesc astăzi, nu v-am adus cartea pe care m-ați rugat să v-o împrumut. 2. Din moment ce toate pregătirile noastre pentru călătorie sunt terminate, putem să ne odihnim până la ora plecării. 3. Imi amintesc perfect acest episod pentru că am citit de curând romanul. 4. Cum această discuție nu mă interesa, am tăcut tot timpul. 5. De vreme ce am căzut de acord, putem încheia discuția.6. Ei mergeau foarte încet pentru că poteca era lunecoasă. 7. A trebuit să aprind lampa să citesc, întrucât nu mai distingeam literele. 8. In zadar insistați să fiți primiți, de vreme ce el nu vrea să vadă pe nimeni.

BIBLIOGRAPHIE MINIMALE

Cahiers de grammaire. Le caractérisant du verbe, 1977, TUB, București.

Guță, A., 2004, Le groupe adverbial, p. 75-80.

TEST

– Pourquoi appelle-t-on le circonstant de manière un “caractérisant du verbe” ?

– Par quoi s’exprime ce circonstant ?

– Combien de classes d’adverbes de manière y a-t-il selon la forme ? Donnez des exemples.

– Construisez 3 phrases renfermant des compléments d’attitude.

– Quel est le mode employé après la locution sans que ? Exemple.

Traduisez en français:

a) 1. Șeful de laborator urmărea atent toate fazele experienței, luând notițe conștiincios. 2. Procurorul examina toate dosarele metodic și rece, fără să se implice în nici un fel. 3. M-a privit indiferent, fără să se ostenească să-mi răspundă la întrebare. 4. După părerea mea, generalizezi fals, plecând de la o premisă greșită. 5. Deși acest tânăr vorbește înflăcărat, nu poate să convingă pe nimeni. 6. A repetat succesiv aceeași întrebare, dar nimeni n-a putut să-i dea un răspuns concludent. 7. De ce-l privești atât de disprețuitor, doar știi că nu poate rupe definitiv cu trecutul său de fost hoț de buzunare. 8. Iși chinuia obsesiv mintea, căutând o soluție la problemele zilnice care-l copleșeau. 9. Ninsese abundent în ultimile zile și strada era complet acoperită de zăpadă. 10. Așteptă ca ultimul vorbitor să-și isprăvească discursul, apoi se ridică încet și pronunță distinct cele câteva fraze pe care și le pregătise cu grijă din ajun.

b) 1. Se agăța cu disperare de acest tratament, întrucât știa că e grav bolnav și că nu are nici o altă șansă de supraviețuire. 2. Negă cu încăpățânare că s-ar fi aflat la locul accidentului. 3. Bătrânul vorbea rar, cu multă prudență, nevrând să-i jignească pe cei doi tineri. 4. Nu trebuie să te porți atât de dur cu copiii tăi, ți-o vor reproșa mai târziu. 5. Nu trebuie să-mi vorbești de sus pentru ca să mă faci să înțeleg că nu mă poți suferi. 6. Spune-mi sincer ce crezi despre logodnica fiului meu. 7. Vocea lui suna fals, degeaba încerca să mă convingă că totul era în ordine, simțeam că se întâmplă ceva ciudat. 8. L-am rugat în mod repetat să nu mai răspundă obraznic surorii lui mai mari, pentru că ea suferă mult din această cauză. 9. Când m-au văzut, s-au oprit brusc și au intrat repede în magazin. 10. Dacă vreți să ajungeți la gară, luați-o drept înainte pe strada principală, care urcă apoi abrupt și coboară lin la gară.

c) 1. Cu fruntea plecată, cu ochii stinși, bătrânul gemea încetișor. 2. Trase aerul curat în piept cu lăcomie, cu nările palpitand, cu ochii închiși. 3. Privea drept înainte, cu ochii ei de femeie bolnavă. 4. Tânărul sosi în fugă, gâfâind, cu pumnii strânși la piept. 5. Când a intrat în casă, unchiul a privit mai întâi în jurul lui, cu un aer neliniștit. 6. Venea ca o vijelie, cu capul gol, cu părul vâlvoi. 7. Cu părul nins de ani, cu ținuta ei dreaptă și puțin rigidă, bunica Mariei este încă o femeie tânără. 8. Cu trupul aplecat, lăsat puțin într-o parte ca o corabie prost încărcată, omul acela înainta, sau mai degrabă plutea prin mulțime.

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