La Métaphore Dans Les Revues de Vulgarisation Scientifique
TABLE DES MATIÈRES
ARGUMENT
Ce mémoire étudie la métaphore dans le discours de vulgarisation scientifique.Le choix du sujet a été dicté par plusieurs raisons. Premièrement,parce que la métaphore façonne nos vies, nos discours et nos expériences. Elle intéresse tous les niveaux de la construction langagière et son omniprésence se reflète sur une pluralité de positions et de théories à l’égard de son statut et de son fonctionnement.
Deuxièmement, la métaphore pénètre partout dans notre vie quotidienne et je crois qu’elle est un thème assez important, particulièrement pour les spécialistes, à savoir les linguistes et les philologues.
La métaphore n’est pas seulement une question de langage. Elle engage également la structure même de notre pensée. C’est ce que démontrent les dernières avancées de la linguistique cognitive, c’est-à-dire de la science qui étudie le langage avec les outils des sciences cognitives.
Ce travail comprend trois chapitres. Le premier chapitre traite du discours scientifique et du discours de vulgarisation scientifique. Le deuxième porte sur la métaphore et le dernier chapitre est concerné avec l’étude de la métaphore dans les revues de vulgarisation scientifique (Science et Vie, Science et Avenir). L’analyse faite vise à faire ressortir les typologies et le fonctionnement discursif des métaphores médicales dans le DVS pris en compte.
La diffusion des connaissances est indispensable dans toute discipline. L’art de vulgariser les connaissances de scientifiques comporte des normes auxquelles il faut être sensibilisé afin d’atteindre son but : rendre accessible une information scientifique. Toutefois, l’écriture de vulgarisation reste quelque peu méconnue.
Pour cette raison, il est nécessaire de sensibiliser les étudiants autant que les professeurs à l’écriture de vulgarisation scientifique, de leur proposer des démarches et des moyens d'expression qui leur permettront de réaliser des documents ou des exposés dans les matières scientifiques. Quand les scientifiques maîtriseront les moyens d’écrire des textes de vulgarisation scientifique en tenant compte des différentes normes reliées à ce type d’écriture, ils seront en mesure de passer, de façon plus contrôlée et plus sûre, leurs connaissances dans ce domaine quelque peu hermétique qu’est la science pour le non-initié.
CHAPITRE I
Sur la notion de discours
I.1 Le discours – présentation générale
Le discours peut être défini de la manière suivante : un développement oral fait devant une audience, le plus souvent à l’occasion d’un événement particulier.
Selon Virginia Veja(2005 :9),le mot discours est défini comme « Toute production verbale, écrite ou orale, constituée par une phrase ou une suite de phrases, et présentant une certaine unité de sens ». Mais le discours, en rhétorique ne présente pas un aspect si neutre : « Le discours a trois qualités : la correction, la clarté et l’ornement ». (Quintilien apud V. Veja 2005 :9). Le sens du discours n’est pas sa seule composante et toute la difficulté de construire un beau texte va consister à rechercher ce qui peut le rendre plus clair, ce qui peut flatter l’auditoire.
La rhétorique moderne pourrait être définie comme l’art de bien parler (ou de bien écrire), à condition d’associer à cette dimension esthétique une dimension logique.
C. Fuchs apprécie que le discours est « un objet concret produit dans une situation déterminée sous l’effet d’un réseau complexe de déterminations extra linguistiques (sociales, idéologiques) ».
D.Maingueneau souligne la polysémie du terme discours et distingue :
– le discours considéré comme synonyme du terme parole de Ferdinand de Saussure, sens qui est courant dans la linguistique structurale ;
– le discours qui n’est plus rapporté à un sujet mais qui est considéré comme une unité de dimension supérieure à la phrase : un message, un énoncé, etc.; dans ce sens le discours est intégré à l’analyse linguistique et on a en vue l’ensemble des règles d’enchaînement des parties de phrase qui composent l’énoncé, analyse qui étudie la cohérence des énoncés ;
– le discours tel qu’il est imaginé dans la vision de l’Ecole Française de l’analyse du discours selon laquelle le discours est l’énoncé considéré du point de vue du mécanisme discursif qui le conditionne. C’est ainsi que l’étude d’un texte du point de vue de sa structure linguistique est un énoncé et une étude linguistique des conditions de production de ce texte est un discours ;
– le discours au sens d’E. Benveniste (2009) qui affirme que l’énonciation implique la conversion individuelle de la langue en discours et que le discours, dans une acception plus large, est une énonciation qui suppose un locuteur, un interlocuteur et une intention du locuteur d’influencer l’interlocuteur ;
-le discours ayant un sens très peu différent de ceux de ci-dessus ; ce sens est perceptible dans l’opposition langue / discours. La langue est un ensemble fini relativement stable d’éléments, tandis que le discours est le lieu où s’exerce la créativité, le lieu de la contextualisation imprévisible qui donne des valeurs nouvelles aux unités de la langue. On dit ainsi que la polysémantisation d’une unité lexicale est un fait de discours qui se convertit progressivement en fait de langue.
Dans le livre Éléments d’analyse du discours écrit par Georges-Élia Sarfati(2005 :13-14), on a trouvéle problème terminologique du discours: Au-delà de l’acception usuelle de « développement oratoire », la notion de discours donne lieu, dans le domaine des sciences du langage, à uneextrême diversité d’acceptions. Ce terme désigne :
1. Le langage mis en action, la langue assumée par le sujet parlant. Équivalent de parole, le mot discours s’applique aux réalisations écrites ou orales de la langue. Par opposition à la langue- code de communication virtuel -, le discours en constitue l’actualisation, à travers la diversité des usages ;
2. Tout énoncé supérieur à la phrase, considéré du point de vue des règles d’enchaînement des suites de phrases. Cette conception concerne particulièrement la recherche en grammaire de texte;
3. Au sens d’E. Benveniste, le discours désigne tout d’abord l’instance d’énonciation (le « moi-ici-maintenant » du sujet parlant). Dans un sens restreint, spécialisé, le terme discours désigne tout énoncé envisagé dans sa dimension interactive. Discours s’oppose à récit. Dans le récit tout se passe comme si aucun sujet ne parlait, les événements semblent se raconter d’eux-mêmes ; le discours se caractérise, au contraire, par une énonciation supposant un locuteur et un auditeur et par la volonté du locuteur d’influencer son interlocuteur.
4. De manière plus spécifique, le terme discours désigne la conversation. Cette acception concerne de manière générale l’analyse conversationnelle, ainsi qu’une théorie du langage en prise directe sur la microsociologie.
5. Moyennant une distinction entre énoncé et discours, L. Guespin(2005)avance la caractérisation suivante : « l’énoncé, c’est la suite des phrases émises entre deux blancs sémantiques, deux arrêts de la communication ; le discours, c’est l’énoncé considéré du point de vue du mécanisme discursif qui le conditionne. Ainsi un regard jeté sur un texte du point de vue de sa structuration « en langue » en fait un énoncé ; une étude linguistique des conditions de production de ce texte en fera un discours. » (cité par R.Robin, 1973 : 21 )
6. Au sens de D. Maingueneau (2005)le discours est un système de contraintes qui régissent la production d’un ensemble illimité d’énoncés à partir d’une certaine position sociale ou idéologique (par exemple, le discours féministe).
7.Sans excéder le domaine de l’analyse du discours, on peut encore admettre une dernière acception, non moins répandue que les précédentes. Le terme de discoursdésigne, par-delà une acception linguistique restreinte, tout système de signes non verbaux. Le discours ne se réduit pas au verbal ; le langagier ne se ramène pas au linguistique. Dans une perspective sémiologique étendue-qui récuse une conception logocentriste du langage -, la notion de discours réfère également aux réseaux de signification (ou de signifiance, selon E. Benveniste, 1974 : 45) qui s’articulent au verbal (espaces, sonorités, couleurs, gestualité, pratiques diverses). Cette dernière acception met l’analyse du discours sur la voie d’une sémiotique des cultures (F. Rastier).
I.2 Le discours scientifique (DS) et le discours de vulgarisation scientifique (DVS)
I.2.1 Le Discours Scientifique (DS)
Un discours scientifique est l’ensemble des discours produits par des scientifiques dans le cadre de l’activité de recherche à des fins de construction et de diffusion des connaissances. Il existe différents genres de discours scientifiques (publication, séminaire, discussion entre scientifiques, etc.). Chacun de ces genres remplit une fonction spécifique. Le discours peut être sous forme écrite ou orale.
Le discours scientifique paraît dénué d’intérêt pour l’analyse étant donné qu’elle semble principalement être composée d’observation et d’explication des phénomènes observés selon un point de vue monologique. En réalité, les discours scientifiques peuvent être analysés de manière sociale et politique, certains schémas récurrents peuvent être mis en évidence par une analyse de discours.Il existe différentes approches pour analyser le discours scientifique telles que l’analyse rhétorique, l’analyse structurelle.La plupart des analyses faites sur le discours scientifique sont principalement sur les publications scientifiques. La publication scientifique est un discours de type référentiel dont le but est à priori la communication du savoir.
Un discours scientifique est une communication d’un spécialiste envers d’autres spécialistes (Jacobi, 1984), donc une communication entre pairs. Pour que cette communication se réalise et soit comprise par ses destinataires, l’auteur devra s’engager dans un travail de reformulation d’un objet- source A – la science – à un objet-cible, B – le discours scientifique – (Peytard 1984 :18), à l’intérieur duquel se réalise une « mise en parole » de la science. La reformulation est donc essentielle dans le discours scientifique, dans la mesure où c’est « le résultat du travail sur toute information afin de l’adapter à un destinataire précis et en fonction d’une action déterminée. » (Petroff, 1984 : 53). (cités par Alida Maria Silletti)
L’expression « discours scientifique », on l'a dit, fait problème, mais le substantif n'est pas seul en cause. À partir de quelle limite ou frontière passe-t-on du discours non scientifique au discours scientifique, lequel ne peut se définir exclusivement ni par son contenu (objet, vérité), ni par sa forme, ni par son intention, ni par son mode de diffusion, mais par tous ces éléments à la fois, selon un dosage difficile à établir « scientifiquement » ?
«Le discours scientifique est avant tout un discours « sérieux », au sens que le terme prend dans la théorie des « actes de paroles » (Austin, Searle) et stable.Il ne construit pas un langage (comme fin en soi, du moins) mais un savoir fondé sur le principe de causalité qui cherche à définir les lois universelles ; le texte littéraire est surtout en quête d'un langage qui est sa propre vérité. Son langage est rationnel, intellectuel, dénotatif, explicite, transparent, libre de toute interférence lexicale, dominé par les fonctions référentielle et métalinguistique. La fonction poétique, au sens jakobsonien du terme (attention centrée sur la forme du message et non sur le contenu) n'y joue aucun rôle, car l'objectif de la science est la description du réel et la démonstration de la vérité tandis que la littérature est fiction, imagination, émotion (langue des rêves et des sentiments plutôt que langue des idées), opacité, transposition et non-transcription du réel, fortement marquée par le souci esthétique. Le sens se construit progressivement, de proposition en proposition, lesquelles sont ordonnées selon une logique argumentative, cumulative et économique, la vérité du discours étant la somme ou le résultat des vérités, partielles de chaque proposition dont aucune ne peut être omise car chaque maillon de la chaîne du raisonnement compte.»
Le texte scientifique est clos, autonome, entier, comme une équation mathématique. Sa vérité est contenue totalement dans les composants de cette équation et le connecteur logique qui les unit, elle ne se discute pas. Le texte littéraire est clos-ouvert et sa « vérité » dépend moins des faits et des réalités du monde extérieur que des effets produits sur le lecteur, elle est par conséquent éminemment subjective, et l'intertextualité y tient une place prépondérante.
«Le texte scientifique peut voisiner avec d'autres textes de même nature dans une revue mais il n'entretient en principe aucun rapport avec eux : juxtaposition ne signifie pas intégration.Malgré sa texture serrée et sa forte unité logique, le texte scientifique n'est pas parfaitement homogène : il est constitué de deux types de discours, linguistique et formel (au sens le plus concret du terme : équations, schémas, graphiques). Quant au linguistique (ou discursif), il se dédouble lui-même en deux types « d'énoncés » : du plus prouvé (axiomes, postulats, théorèmes, empruntés à d'autres discours, mais aussi clichés et formules figées, le préconstruit), donc une certaine forme d'intertextualité tout de même, et du « personnel » : le discours de l'énonciateur, dont la présence se fait plus ou moins sentir, des énoncés le plus objectifs (définition, loi, démonstration) aux plus périphériques comme la présentation de la problématique ou l'avant-propos, les commentaires, les rappels historiques, les anecdotes éventuelles, les conclusions. L'inscription du sujet dans le discours scientifique serait un bon thème de recherche, car si « penser c'est peser », selon l'aphorisme de Lord Kelvin, l'imaginaire et l'affectivité de l'individu pèsent aussi de tout leur poids sur sa pensée.»
« Normaliser » un discours scientifique peut signifier des choses opposées selon le point de vue adopté : ou bien, c'est le débarrasser des ornements du langage (si on oppose prose littéraire/prose scientifique) ou bien, au risque de déconstruire le discours, c'est abroger ou remplacer tous les termes techniques et les procédés formulaires (pour le rapprocher du langage ordinaire, à des fins de vulgarisation par exemple), enfin, démarche inverse, c'est réintroduire la terminologie savante et les formules qui manqueraient dans le texte un peu naïf ou simple d'un débutant pour le rendre conforme aux exigences du genre (production savante), bref à sa « norme » interne.Lakoff et Johnson(1980) montre qu' «Aucun discours, si rationnel soit-il, n'échappe au langage imagé. Tout d'abord, l'analogique est au cœur même de la pensée autant et peut-être même plus que le logique»
Deuxièmement, aucun discours n'est jamais parfaitement homogène. Langue ordinaire et langue technique se mêlent certainement, sauf à réduire le discours scientifique à une suite de formules algébriques, d'algorithmes ou d'équations.
Les images interviennent donc à deux niveaux, comme trace de la présence du langage ordinaire, dans les introductions, passages de transition, éventuellement dans les conclusions, ou comme partie intégrante du raisonnement scientifique. La langue de la physique nucléaire, par exemple, est pleine de métaphores. De même, si la linguistique est une science, on sait combien son métalangage est traversé par une foule d'images empruntées non seulement aux sciences exactes mais aussi à la nature, aux activités humaines et au monde des objets.
Le terme discours scientifique efface les différences de perspective dans les approches que l’on va réunir. Ainsi, dans les études de la science, l’accent a été mis sur la communication scientifique, sur l’écriture, sur les textes ou sur la notion d’« inscriptions » (Latour,1989) ; en linguistique et en analyse de discours, il a été question de discours scientifique, d’écrits de recherche, de discours spécialisés ou de langues de spécialité ou encore d’« academic discourse » en contexte anglo-saxon, où « scientific discourse » ne désigne que les disciplines de sciences dures. En analyse de discours, le discours scientifique est considéré comme un discours « fermé » (Charaudeau & Maingueneau, 2002, 261) car, dans un domaine donné, ceux qui en sont à l’origine sont peu ou prou ceux auxquels il est adressé. Cependant, cette « communauté discursive » (Swales, 1990) demande à être envisagée de manière dynamique ; la thèse en est un bon exemple, au titre double d’écrit validant une formation et de « droit d’entrée » (Bourdieu, 2001, 102) dans la communauté scientifique.
La désignation « academic discourse » est également intéressante, car elle renvoie à la fois au discours des chercheurs, à sa transposition didactique à l’université et aux écrits des étudiants dans leur parcours universitaire et leur formation à la recherche. Cette perméabilité des frontières a été très justement mise en évidence par D. Jacobi (1999) et la tendance actuelle est d’envisager le discours scientifique dans le cadre de la société de la connaissance, à travers ses reprises et sa circulation dans les discours universitaires, les discours médiatiques ou les discours de l’expertise.
Le discours scientifique est étudié abordant deux types d’approches. Les premières interrogent l’activité scientifique et montrent l’intérêt de le faire à travers les signes et les textes qu’elle produit. Les secondes visent à décrire les caractéristiques linguistiques du discours scientifique et éclairent ainsi l’activité scientifique et la manière dont elle se construit à travers ses discours. Nous discuterons en conclusion des enjeux de connaissance que permet de traiter une approche linguistique du discours scientifique
«Enfin, les discours scientifiques sont définis comme faisant partie des « discours constituants » (Maingueneau & Cossutta, 1995) au sein de notre société et un intérêt se manifeste pour l’étude de la circulation intertextuelle des savoirs à travers les discours de transmission des connaissances (Myers, 1992 ; Beacco & Moirand, 1995). Il s’agit d’analyser la manière dont le discours scientifique est repris, par exemple, dans le discours académique et notamment dans les cours magistraux ou encore dans les médias, et d’envisager ainsi la communication scientifique de manière large (Jacobi, 1999) et en lien avec les enjeux pointés sous l’étiquette de « science et société ».
«Le lexique occupe une place centrale dans les études du discours scientifique. Le domaine de la terminologie est concerné au plus près, dans une perspective de traduction, d’extraction des connaissances et de traitement de l’information scientifique et technique. Il se heurte au problème des frontières entre langue générale et langue de spécialité. Celui-ci se pose aussi dans les études, moins nombreuses, du lexique non terminologique, qui regroupe la désignation des procédures et des outils dans des disciplines variées (par exemple, les termescomparaison, observation, échantillon) et un lexique abstrait fréquent dans le discours scientifique mais peu spécialisé (par exemple, dimension, problème, effet) (Tutin, 2007).»
«Les modes de construction des savoirs sont également au cœur des approches de la métaphore et de son rôle heuristique. L’intérêt très fort pour la métaphore s’explique par les débats qu’elle nourrit sur une vision idéaliste de la raison, ou l’idée de vérités préétablies et d’un langage transparent. En analyse des textes et des discours, l’enjeu est de rompre avec la tentation ontologique des terminologies basées sur des mots-clés pris isolément en tant que termes « propres », au profit d’études qui restituent à la conceptualisation et aux savoirs leur dimension dynamique, que ce soit dans les textes d’un même auteur (Valette, 2006) ou dans l’intertexte d’un champ de recherches et de la communication scientifique, au sens large proposé par D. Jacobi (1999).» (Valette et Jacobi cités par Fanny Rinck).
Outre les objets du discours scientifique, l’analyse linguistique interroge aussi ses dimensions énonciative et pragmatique, autrement dit le fait qu’on a affaire à des énoncés universels, que le locuteur y imprime toutefois sa marque, que le discours est tourné vers un auditoire et qu’il se construit à partir d’autres discours.
Au niveau de son mode énonciatif, le discours scientifique se relie au discours théorique prototypique tel qu’il a été mis en évidence à partir des typologies énonciatives de textes (Jean-Paul Bronckart, 1985). L’approche énonciative est particulièrement active et notamment autour des manifestations pronominales de l’auteuret de la part prise par le je ou le nous, le on, l’impersonnel (voir par ex. Hyland, 2002 ; Harwood, 2005 ; Fløttum, 2006) ou par l’actif vs. le passif (Tarone, 1981 ; Liddicoat, 1992). L’intérêt pour les pronoms personnels est tout à fait révélateur des débats évoqués plus haut sur ce que l’on entend par rhétorique. Leur portée heuristique est en effet limitée et pour le moins datée, lorsqu’il s’agit de prouver, par les marques personnelles, que le discours scientifique n’est pas entièrement neutre et objectif. De tels constats donnent lieu parfois à des interprétations qui dépassent le cadre de l’analyse linguistique : est-il plus humble de dire je ou nous ? Dire je permet-il d’être plus convaincant ? Dire je peut-il aider le scripteur ? Autre limite plus problématique, la présence de marques personnelles ne permet pas de caractériser le type de « personne » (Campbell, 1975) auquel on a affaire dans le discours scientifique.La citation est abondamment étudiée en raison de son rôle central dans le discours scientifique et la construction des savoirs.
Le rôle central du discours dans l’activité scientifique a été mis en évidence dans le cadre des études sociales de la science et cette constatation se rattache aujourd’hui à celui de l’importance du discours pour l’étude de la cognition et de l’action humaine. Contrairement à l’analyse de la langue, les analyses du discours envisagent la langue à travers les pratiques sociales et culturelles où elle est en usage et mettent en particulier l’accent sur la dimension intersubjective du discours et sur le sens comme négociation.
«L’analyse linguistique des discours scientifiques peut se porter sur des entrées formelles ou sur des fonctions pragmatiques. Elle a pour intérêt d’identifier des patrons récurrents (comment formuler une hypothèse ? Par quels moyens linguistiques asseoir la légitimité de ses propos ?). Par ailleurs, lorsque son objet est le discours, elle permet d’étayer, à travers le fonctionnement linguistique, les questions propres aux études de la science sur les dimensions institutionnelles, sociales et cognitives de l’activité scientifique et les normes qui la régulent.
L’analyse linguistique du discours scientifique est appelée à intervenir dans des domaines porteurs, comme la scientométrie, qui traite de la qualité et de la visibilité des productions notamment à partir des citations, la recherche documentaire pour la cartographie de l’information scientifique, la didactique, avec pour objectif de développer des aides à la lecture et à la rédaction en langue maternelle et en langues étrangères. Ces différents domaines interrogent, chacun à leur manière, la mise en relation entre la matérialité linguistique et sémiotique du discours scientifique et ses enjeux de connaissance ; cette mise en relation peut être appréhendée de diverses manières et c’est ce que nous voudrions montrer en guise de bilan.»
«Comme une conclusion, la place de la stylistique dans le discours scientifique est évidemment plus limitée que celle qu'elle occupe dans son domaine privilégié, le texte littéraire, dans la mesure où, pour beaucoup, le discours scientifique est le lieu même du non-style, mais elle est loin d'être négligeable. À un niveau très élémentaire (pédagogique, didactique), le discours scientifique pose évidemment des problèmes de style puisqu'il s'agit, pour l'élève ou le savant en herbe, d'acquérir un langage spécialisé qui soit aussi adapté que possible à son objet tout en évitant l'excès d'abstraction ou de technicité (jargon) qui nuirait à la communication, bref il s'agit d'être « scientifiquement correct ». Plus généralement, le discours scientifique, comme toute autre activité langagière, peut se prêter à toutes les pratiques stylisticiennes (étude de style, analyse stylistique, analyse rhétorique) et sous-pratiques (stylistique des genres, des thèmes, des mots, des formes, des intentions, des effets, stylistique énonciative, etc.), le choix de la pratique dépendant — ici comme en littérature — à la fois de la nature de l'objet (du domaine) analysé, et des questions qu'on se pose à son sujet. Par exemple, la vérité scientifique n'étant produite ni par l'auteur ni par le lecteur, la « stylistique des intentions » et la « stylistique des effets » ne sont pas ou sont peu pertinentes en discours scientifique, leur degré de pertinence étant directement proportionnel au degré de déviation de tel ou tel discours par rapport au schéma idéal.»
I.2.2 Le discours de vulgarisation scientifique (DVS)
I.2.2.1 Notion de vulgarisation et définition de la vulgarisation scientifique
Pour la plupart des gens, la notion de vulgarisation reste ambiguë et incertaine .Voici quelques idées reçues sur la notion de ce qu’est le sens de « vulgariser ».La définition suivante a été donnée par un étudiant universitaire « Vulgariser, c’est rendre vulgaire ». Comme on peut très bien le constater, cette définition semble peu au fait des sens cachés dans l’étymologie du mot. Il est vrai que dans le terme « vulgarisation » se cache « vulgar » rappelant le mot « vulgaire » qui, lui-même, est relié à « vulgate », le peuple, d’où la notion sous-entendue de populaire, commun, accessible. On rejoint ici le sens d’accessibilité à l’information de toute vulgarisation scientifique.
Plus encore, selon le dictionnaire Dicos, du point de vue linguistique, la vulgarisation est la diffusion accessible de connaissances scientifiques ou techniques pour le grand public, par exemple, par une revue de vulgarisation. Elle peut aussi représenter la propagation dans un large public. On parlera alors de la vulgarisation d'un terme technique.
Voici ce que les grands dictionnaires en ligne ont donné comme définition générique au terme « vulgarisation » :
Wikipédia : La vulgarisation consiste à expliquer des concepts scientifiques à l'aide de mots simples afin qu'ils puissent être compris du grand public, ainsi que de profession.
Grand dictionnaire terminologique à la rubrique Information scientifique : Information qui traite de sujets scientifiques, et qui vise des publics spécialisés ou non spécialisés (vulgarisation).
Trésor de la Langue Française informatisé : Fait d'adapter des notions, des connaissances scientifiques ou techniques afin de les rendre compréhensibles au non-spécialiste; reformulation d'un discours spécialisé qui consiste généralement à le débarrasser de ses difficultés spécifiques, de ses caractères techniques afin de le rendre accessible au grand public.
La vulgarisation est la traduction de la langue savante en langue vulgaire (ou commune plus précisément). Dans ce cas le vulgarisateur se trouve très exactement entre le spécialiste et le non spécialiste; virtuose des deux registres, il interprète le discours de la science en usant du seul registre commun à la pluralité des destinataires : la langue moyenne. Il s’agit d’une traduction intralinguale voisine de l’autre, plus connue, où l’interprète doit faire passer le discours d’une langue cible dans une autre. (Jacobi, 1985)
«La vulgarisation reste accessible à tous : du parent expliquant à son enfant la mort de la grand-mère ou la création d’un arc-en-ciel,d’un enseignant du primaire explicitant les accords en grammaire en parlant d’une balle qui rebondit ou parlant de « petit chapeau » sur la voyelle « e » dans le mot « tête » ou d’un savant chercheur qui rend accessible la loi de la relativité d’Einstein à l’apprenti-chercheur par des dessins griffonnés sur une serviette de table, en prenant un café …»
Comme on peut le constater, vulgariser efficacement, ce n'est pas si difficile qu’on le croit. Cependant, dans le domaine scientifique, la transmission de certaines connaissances demeure complexe : il suffit alors de se familiariser avec les règles de base et les outils de la vulgarisation scientifique.
I.2.2.2 Outils de vulgarisation scientifique
Certaines figures de rhétorique servent à rendre l’information scientifique encore plus accessible. Ces figures deviennent de véritables outils pour la construction d’un discours de vulgarisation.Certains exemples proviennent, en grande partie, du site Internet du Centre national de vulgarisation scientifique (CNRS) consacré à la vulgarisation scientifique.
L'analogie : permet d'expliquer un élément complexe ou technique en le comparant à un autre plus familier. Elle rend également le propos plus imagé, plus vivant.
La métaphore : est un procédé littéraire qui permet, grâce à son pouvoir évocateur, de « colorer » votre propos, de lui donner du style. Il consiste à effectuer un transfert de sens par substitution analogique. Son emploi est vivement recommandé, mais il ne faut pas en abuser.
La formule : Avoir le sens de la formule vous permet de résumer votre pensée en quelques mots de façon élégante et attrayante. Une bonne formule produit toujours de l'effet.très efficace de concrétiser l'information et d'en faciliter la compréhension. À la limite, toute généralité et tout énoncé théorique devraient être accompagnés d'un exemple. L'exemple peut également servir à préciser le sens de certains concepts, au lieu de les définir en détail.
L’utilisation de la fonction métalinguistique : La fonction métalinguistique a pour objet le langage : le message est centré sur le langage, c'est-à-dire le moyen utilisé pour délivrer un message. La fonction métalinguistique est la fonction du langage qui permet, entre autres, de définir un mot ou un concept afin de mieux le faire comprendre. Ce procédé est fort utilisé en science ou dans tout autre domaine.
La comparaison : Ce procédé établit un parallèle entre deux réalités. (La lune est comme une faucille d’or. / Pierre est têtu comme un âne. / Je me sens comme un poisson dans l’eau.)
Discours de la vulgarisation scientifique
Les propos suivants tenus par Sonia Labbé (citée par Réjane Gélinas ), de l’Université Laval dans « Pour faire une histoire simple », révèlent les caractéristiques du discours de vulgarisation :
«Certains disent que la vulgarisation déforme la vérité et que la moindre des choses serait de laisser les scientifiques s’en occuper. D’autres jugent que cette « déformation » est nécessaire pour que la science cesse de faire peur et que les journalistes sont les mieux placés pour atteindre le grand public. Tous s’entendent toutefois sur un point : les niveaux de langage fluctuent en vulgarisation scientifique selon le destinataire. Un auteur n’emploiera pas le même vocabulaire dans un texte sur la leucémie écrit pour les enfants et dans un autre destiné à des universitaires De plus, le style peut varier selon le lecteur et le médium.»
Éléments du langage propre à vulgariser l’information
Le but du vulgarisateur n’est pas de se faire plaisir, mais de se faire comprendre.Différents niveaux de langage caractérisent les lecteurs qui ont accès aux textes de vulgarisation. Diane Dontigny, rédactrice en chef de Contact, revue de l’Université Laval, définit trois niveaux de langage dans la vulgarisation scientifique :
Niveau 1- le moins vulgarisé : Textes écrits par des scientifiques pour des scientifiques de toute discipline. Public lettré. Regard critique porté sur les diverses recherches scientifiques au regard de l’avancement de la science.Revues de vulgarisation intelligente comme la Science & Vie,Sciences et Avenir, la Revue de l’Association canadienne-française pour l’avancement des sciences (ACFAS), Interface, Termes scientifiques,Langage neutre, Définition précise.
Niveau 2 – de vulgarisation intermédiaire : vulgarisation intermédiaire. Public plus vaste qui s’intéresse aux sciences, bons lecteurs de textes de vulgarisation. Regard critique porté sur la société par le biais de la science. Public du magazine Québec Science, des livres de Hubert Reeves ou de Albert Jacquard ou de l’émission, Découverte à RadioCanada.
Niveau 3 – de vulgarisation la plus simplifiée : Textes de vulgarisation pratiquée pour les enfants de 8 à 14 ans.Textes assez courts d’accès facilité.Magazine scientifique : Les Débrouillards. Lien avec le cycle de vie.Texte plus accessible par le ton familier (on raconte une histoire, une narration). Utilisation de propos rapportés. Image subjective (les cellules désobéissent aux ordres…).
La vulgarisation scientifique peut apparaître dans divers documents, par exemple, l’article de revue scientifique, la revue scientifique, le matériel pédagogique de sensibilisation à la science et à la technologie, dans les nouvelles technologies multimédias (CD-ROM, DVD, site Web à contenu scientifique), babillard électronique intégrant des forums de discussion, expo-sciences, etc. Les moyens pour vulgariser se retrouvent, entre autres, dans les concours de vulgarisation scientifique, les débats publics, un ouvrage de vulgarisation scientifique consacré à un domaine de recherche ou sur la science en général, un article d'opinion, une lettre à un quotidien ou à une revue sur un sujet scientifique d’actualité.
La vulgarisation n’est traditionnellement pas un objet d’étude pour la terminologue. La raison tient en un soupçon, celui selon lequel dans ces discours, le terme n’en serait plus un. Dès lors, il ne semble pas légitime de s’intéresser à ce type de textes. Ils sont donc le plus souvent écartés des corpus terminologiques.
Le discours de vulgarisation n’est pas un objet qui se laisse appréhender d’emblée. Examinons tout d’abord la façon dont on peut le circonscrire. Les propos de Daniel Jacobi et Bernard Schiele (1988:12-13) restent d’actualité: «Il n’existe pas de théorie de la vulgarisation au sens strict du terme,mais un ensemble de travaux convergents qui délimitent un champ.»
Sous la plume de Jacqueline Authier (1982:34) on peut lire ce qui est représentative: «La vulgarisation scientifique (désormais V.S.) est classiquement considérée comme une activité de diffusion, vers l’extérieur, de connaissances scientifiques déjà produites et circulant à l’intérieur d’une communauté plus restreinte; cette diffusion se fait hors de l’institution scolaire-universitaire et ne vise pas à former des spécialistes, c’est-à-dire à étendre la communauté d’origine.»
Les dimensions évoquées sont de nature sociale, sans mettre en œuvre de critères formels. Seules les «connaissances scientifiques» sont convoquées,gommant d’autres aspects de la connaissance, notamment les connaissances techniques. Il est courant de voir ainsi la vulgarisation réduite à la seule vulgarisation «scientifique».
D’autres encore caractérisent la vulgarisation avec la notion de «public visé» c’est le cas de Daniel Jacobi qui identifie la vulgarisation à un secteur particulier de l’édition à destination d’un grand nombre d’interlocuteurs non-spécialistes. Si c’est pour le coup réduire la vulgarisation à ses aspects écrits, ce qui est contestable, cette perspective met en évidence le fait que la notion de public vise est central pour définir les pratiques vulgarisatrices.
Caractériser le discours de vulgarisation par rapport au discours scientifique en se fondant seulement sur la notion du public vise peut être également discutable.Dans cette optique le discours de vulgarisation ne serait qu’une sorte de discours scientifique édulcoré, un discours scientifique pour «mal-comprenants».
Louis Guespin (cité par Valérie Delavigne) le soulignait opposer discours scientifique et discours de vulgarisation,c’est dresser un discours pur face à un discours impur. Si l’on considère seulement le public visé, dans quelle mesure peut-on établir qu’il existe un discours destine spécifiquement aux scientifiques et un autre au public?
Un sujet sur les discours de vulgarisation est l’hétérogénéité. La vulgarisation s’inscrit donc dans la diversité des discours spécialisés. Mais c’est un type de discours lui-même diversifié, composite et protéiforme. Jean-Claude Beacco (2000:23) met le doigt sur la multiplicité des configurations de la vulgarisation, qui devient «insaisissable comme écriture et comme genre discursive si l’on veut bien considérer la multiplicité de ses formes en présence». Dès lors que l’on sort du mode canonique des revues de vulgarisation, les lieux de vulgarisation sont nombreux et une masse de «produits intermédiaires» coexistent(Jacobi 1986:172).
Les formes de communication que l’on peut ranger sous la bannière de la vulgarisation sont nombreuses. Elles rassemblent une pluralité de discours qui s’entrecroisent et qui ne sont pas toujours immédiatement identifiables comme telles. Plutôt que de tenter artificiellement de rassembler la vulgarisation dans une vision unitaire, mettre l’accent sur la continuité entre les différents discours permet de penser des questions de voisinage, de proximité, de contact,et le continuum existant entre l’article d’une revue scientifique, la conférence orale,le rapport d’activité, la note technique adressée au chef de service, l’article paru dans Sciences&avenir, l’article de presse dans un hebdomadaire, la brochure d’information etc.On peut adjoindre les énoncés non institutionnalisés comme le simple fait d’expliquer son activité à quelqu’un d’autre qu’à un pair.
Les discours de vulgarisation se laissent définir par les traits suivants:
– des discours destinés à un public hétérogène, qui mêle spécialistes et non-spécialistes, aux attentes multiples et aux connaissances variables ;
– des auteurs variés, tout aussi souvent journalistes que membres d’autres communautés ;
– des connaissances de nature diverse qui ne s’énoncent pas dans les termes habituels ;
– des supports et des interactions diversifiés ;
– une diffusion sans évaluation institutionnelle, trait distinctif qui démarque la vulgarisation d’autres types de discours de transmission de connaissances.
La complexité de la vulgarisation scientifique réside ainsi dans son statut souple, qui « se situe au sein d’une nébuleuse où se distinguent […] trois pôles : l’information, l’éducation non formelle et le champ scientifique » (Jacobi 1988 : 87).
La reformulation de la science au discours scientifique permet de « traduire » en langue ce qui est à l’origine représenté par des formules et des symboles, la reformulation telle qu’on la concevra dans ce travail porte sur un autre type de « traduction ». Son destinataire n’est plus la communauté scientifique, mais l’ensemble des lecteurs qui pourraient être intéressés à la lecture du texte scientifique, rédigé par un vulgarisateur. Celui-ci, sorte de « troisième homme » (Moles, 1967), « dialogue [avec] […] le scientifique, avec son discours et ses termes spécialisés et le lecteur évoluant dans une autre sphère discursive avec des mots courants » (Reboul-Touré, 2004 : 197). Il s’ensuit que, dans le cas du DVS, toute formulation est une reformulation du DS, à la fois reformulation de la science.
Anne–Marie Loffler-Laurian (1984) identifie quatre procédés typiques de l’article de vulgarisation scientifique : la référence à des travaux antérieurs, à de nouvelles découvertes, à une situation externe et au questionnement du lecteur. En amont, tous ces procédés contribuent à la définition de termes et unités terminologiques. L’identification de ces procédés représentera le point de départ pour notre analyse de la métaphore. En particulier, nous estimons que la métaphore joue un rôle d’« adjuvant » dans la formulation et, ensuite, dans la compréhension d’une définition scientifique : de par ses propriétés, elle peut rentrer au sein du troisième procédé de Loffler-Laurian (1984). En effet, le renvoi à une situation externe permet de stimuler et de faciliter la compréhension du lecteur par des éléments familiers, où notamment la terminologie scientifique cède le pas à un langage ordinaire. C’est ainsi que, parmi les types d’outils permettant au vulgarisateur de s’approcher de son public, une place essentielle est occupée par la métaphore.
Contrairement au discours littéraire, qui se distingue par sa polysémie, le discours scientifique ne peut pas s’interpréter selon différents sens ; il est caractérisé par le souci constant de l’objectivité, de la précision, de la méthode et de la rigueur intellectuelle. On y recourt essentiellement dans la communication formelle, institutionnalisée, dans le but d’informer ou de décrire (séquence textuelle de type informatif ou descriptif), de faire comprendre (séquence textuelle de type explicatif) ou encore de convaincre (séquence textuelle de type argumentatif). Le discours scientifique dit spécialisé, comme celui que constituent le mémoire et la thèse, est formulé par un chercheur, un spécialiste, à l’intention d’autres spécialistes (Leclerc, 1999).
Par ailleurs, les vérités énoncées ou les idées développées dans un texte scientifique doivent s’appuyer « sur des connaissances préalablement admises, sur des principes reconnus, sur des faits évidents. Il faut dire sur quoi nous nous basons, manifester la valeur et la pertinence de cette source et montrer en quoi elle éclaire l’énoncé en question » (Thibaudeau, 1997 : 320). Il va sans dire que le chercheur ou la chercheuse, pour appuyer ses propos, a recours à des procédés variés : explication, justification, démonstration, réfutation, comparaison, citation de paroles et d’idées, etc.
La vulgarisation scientifique ne peut fonctionner à l’intérieur du système des différents mass media qu’à la condition d’assurer une permanence du contenu autorisant un grand nombre de variations dans les moyens utilisés pour sa transmission. Et, de fait, la vulgarisation scientifique existe de nos jours sous de multiples aspects : articles dans les quotidiens d’information, magazines, encyclopédies hebdomadaires, collections particulières en livre de poche, radio, cinéma, télévision, conférences, musées de sciences et techniques, clubs scientifiques, etc. Les vulgarisateurs eux-mȇmes se présentent comme assurant, par leur activité, une communication effective entre deux mondée séparés : le monde de la science et le monde de la vie quotidienne.
L’art du journaliste vulgarisateur consisterait d’une part à retrouver la nudité de la vérité scientifique et à la traduire dans une langue, plus simple, à la portée de tout un chacun. En fait une telle opinion n'est propre ni au lecteur moyen, ni au vulgarisateur. Les scientifiques eux-mêmes sont très critiques vis à vis du jargon des sciences… autre que le leur et le mépris dans lequel des spécialistes des sciences « dures » tiennent les terminologies de la linguistique ou de la sociologie est immense.
Il y a eu de nombreux débats quant à la délimitation de l’espace couvert par la notion de vulgarisation scientifique : « L’impossibilité que l’on éprouve à définir la vulgarisation scientifique constitue donc le fait premier, incontournable […]. Mais cette impossibilité révèle d’abord la difficulté qu’éprouve la science à poser précisément ses limites. La vulgarisation joue souvent sur les marges, sur cette latitude ». (Beaune, 1988 :49 )
En tant que processus discursif, la vulgarisation est désignée comme un type de traduction, à savoir une traduction intralinguale de la langue savante ou scientifique vers la langue vulgaire ou commune. Le discours de vulgarisation scientifique est un « médiateur qui s’interpose entre le spécialiste et le public à seule fin de rendre possible la communication ». (Jacobi, 1985).
En outre, le discours de vulgarisation scientifique est perçu comme un discours pluriel caractérisé par la diversité des scripteurs et la pluralité des moyens d’expression. La diversité des scripteurs s’explique par la « palette d’intervenants » qui se manifeste dans le discours de vulgarisation et qui se traduit par la « démultiplication des intervenants convoqués dans l’exposition de la science » (Reboul-Touré, 20041: 197). Aussi le discours de vulgarisation présente-t-il un fort caractère polyphonique : la voix de l’énonciateur de la vulgarisation s’entremêle aux opinions des spécialistes, aux réflexions des experts dans le domaine en question.
Une caractéristique du discours de vulgarisation est le fait qu’il rapporte « plutôt des discours sur les faits en faisant circuler la parole de différentes personnes impliquées par le fait scientifique ». (Reboul Touré, 2014: 198 )
La pluralité des moyens d’expression se traduit par : la prédilection vers l’emploi des figures de style telles l’analogie ou la comparaison ; l’exacerbation de la dimension métalinguistique ; l’emploi de l’image en tant que support visuel. Les figures de style ont le rôle de frapper l’imagination du lecteur et d’ancrer un contenu abstrait et difficilement compréhensible dans un univers concret, plus familier au lecteur.
La dimension métalinguistique du discours de vulgarisation se manifeste soit à travers l’emploi des expressions il signifie que, cela veut dire que, en d’autres motsetc. suivies d’une paraphrase ou d’une reformulation du discours scientifique d’origine. En linguistique et en analyse du discours, la reformulation est une relation de paraphrase. Elle consiste à reprendre des données en utilisant une expression linguistique différente de l’expression employée pour la référenciation antérieure. Elle couvre les phénomènes d’anaphore, de chaîne de référence et de coréférence. (Charaudeau & Maingueneau 2002, cités par Reboul-Touré, 2014 : 199) Le vulgarisateur essaie d’expliciter les termes en proposant des désignations ou en utilisant des opérations métalinguistiques afin de rendre l’objet de la science plus accessible.
Les illustrations et les images utilisées dans le discours de vulgarisation ont un rôle fortement didactique ; outre leur côté explicatif, ces images cherchent à toucher affectivement le locuteur et par cela à rendre le discours plus clair et plus accessible.
CHAPITRE II
La métaphore dans le discours et dans le discours de vulgarisation scientifique
II.1 Définition et explication de la notion de métaphore
À vrai dire, il est difficile de fournir une définition précise et limitée à la notion de métaphore, étant donné que les définitions oscillent entre une approche classique ou rhétorique et une approche cognitive ou conceptuelle.
La métaphore peut être étudiée de plusieurs points de vue et en faisant référence à plusieurs approches. En ce qui nous concerne, notre traitement de la métaphore sera essentiellement linguistique, visant tout d’abord à examiner son emploi dans le DS et dans le DVS.
Dans un article publié le 12 novembre 2013 dans Signes, Discours et Sociétés (en ligne), Knudsen (2003) observe que, « aussi bien dans la vie quotidienne que dans le domaine scientifique, le raisonnement est influencé par l’emploi des métaphores. Bien évidemment, le développement et l’emploi des métaphores varient d’une situation de communication à l’autre. Dans le DS, la métaphore scientifique est strictement ancrée à la discipline dans laquelle elle est insérée, au point que le sens qu’on lui attribue change dans le temps d’un DS à un autre (Jamet 2003). Ce type de métaphore contribue à exprimer, par la langue, une théorie scientifique ou à construire des idées et des hypothèses sur la science. Si elle reçoit le consensus de la communauté scientifique, elle perdra son statut de métaphore pour être considérée comme tout autre concept scientifique, notamment une technique de création terminologique (Humbley 2005 ; Knudsen 2003).»
Contrairement aux premières, les métaphores pédagogiques ne visent qu’à expliquer le phénomène scientifique et peuvent, pour cela, être paraphrasées. Bien que les deux types de métaphores puissent figurer aussi bien dans le DS que dans le DVS, quand une métaphore entre dans un texte de vulgarisation, elle tend à perdre son statut de concept scientifique.
Les analyses sur la métaphore dans le DS et dans le DVS (entre autres, Loffler-Laurian 1994 ; Jamet 2003) s’interrogent sur la « scientificité » et l’objectivité des métaphores dans le document scientifique même. En particulier, l’emploi d’une métaphore n’est jamais neutre, « car la science a […] besoin d’une phase rationnelle, que ne peut lui donner la métaphore, puisqu’elle est tout le contraire » (Schlanger 1971 : 30, cité par Jamet 2003 : 32). Donc, au-delà des métaphores constitutives d’une théorie, nous avons généralement affaire à un réflexe de la pensée de l’auteur-vulgarisateur, qui choisit de se servir de cette image pour rendre son savoir plus accessible à son public (cf. Loffler-Laurian, 1994).
«Les métaphores du discours scientifique pour profanes seront toutes caractérisées par une confrontation, par voie directe ou implicite, entre le comparé – terme de la science,et le comparant – qui ressortit à la langue commune (Jacobi, 1999)» .
Selon Aristote (1995[1990] : 118), la métaphore (du grec µεταφορά, « transposition ») est « l’application à une chose du nom qui lui est étranger par un glissement ou du genre à l’espèce, de l’espèce au genre, de l’espèce à l’espèce, ou bien selon un rapport d’analogie. » (Collombat, 2003).
La métaphore est un trope – c’est-à-dire une « figure par laquelle un mot ou une expression sont détournés de leur sens propre » (Le Petit Robert, 1993 : 2321) – qui consiste à « opérer un transfer de sens entre mots ou groupes de mots, fondé sur un rapport d’analogie plus ou moins explicite » (Robrieux 1998 : 21 cité par Collombat, 2003).
En science, la métaphore sous la forme d’analogie permet d’explorer un monde nouveau en utilisant des théories connus. Par exemple, le symbole de la résistance en physique est un ressort. Comprendre la résistance en électricité permet de comprendre le concepteur de résistance en mécanique et vice versa. L’analogie nous permet d’apprendre et d’explorer des mondes en gardant quelques bases stable même dans des sciences aussi théoriques que la mécanique quantique ou la relativité.
Pour Jacobi (1999 : 83-85), « l’image appliquée à la vulgarisation scientifique fait intervenir un terme scientifique spécialisé, le comparé, et une expression appartenant à la languecommune, le comparant. Cette confrontation entre langue de spécialité et langue généralerend compte de deux approches fondamentales, dont elle représente comme un raccourci : tout d’abord, elle est symptomatique de la conception interactive de la métaphore mise de l'avant par Black (1962 : 38), qui repose sur l'interaction de deux systèmes, situations ou référents, que l'on nomme respectivement « système primaire » et « système secondaire »,chacun des deux étant décrit littéralement.» L’emploi métaphorique de la langue dans la description du système primaire consiste à emprunter un terme normalement utilisé en relation avec le système secondaire. La notion de système peut également être remplacée par celle de champ sémantique : et, comme l’explique notamment Aitchinson (1987 : 149), le locuteur qui recourt consciemment à l’image compare en fait des objets issus de champs sémantiques différents qui ont en commun des caractéristiques mineures mais évidentes.
La métaphore :
• se substitue au comparé du domaine scientifique ;
• est caractérisée par l’absence de connecteur ;
• introduit une comparaison implicite entre le terme métaphorique (issu des espèces naturelles d’expérience) et le terme scientifique auquel il se substitue.
Exemples : – le champ magnétique se comporte comme s’il était un ensemble de roues, de poulies et de fluides.
– (…) un jeune pionnier (…) s’est mis à l’écoute du ciel.
Selon Anne-Marie Loffler-Laurian (1994), la métaphore est définie «en un sens très large toute image visuelle, toute comparaison, exprimée linguistiquement, tout glissement d’un concept à l’autre, tout déplacement sémantique». Ces déplacements ont pour objectif de rendre les référents plus concrets, plus familiers, plus aisés à concevoir ou imaginer pour un public peu réceptif aux termes spécialisés, dont la figurabilité est réduite.
La métaphore opère par analogie et substitue un référent à un autre en établissant un lien sémantique entre les deux. C’est pourquoi nous appelons aussi «métaphore» toute comparaison implicite. Une comparaison qui n’est pas exprimée linguistiquement par une formulation telle que comme ou tel par exemple, mais qu’on peut déceler dans la pensée du rédacteur, est une métaphore.
Dans les revues de vulgarisation scientifique, dans les articles scientifiques des grands quotidiens, les journalistes ont recours aux métaphores pour «éclairer» des concepts, pour les rendre plus «accessibles».
Il existe une croyance selon laquelle seul nous est compréhensible le monde que nous connaissons donc il convient de comparer (même implicitement) à notre monde des choses qui n’ont que peu de rapport avec lui. Si cela fonctionne assez bien sur la plus grande partie du public, on peut cependant se poser des questions sur le bien-fondé de telles comparaisons ou images, de telles métaphores dès lors que le public des lecteurs ne sait pas qu’il y a métaphore.
Le public risque de se laisser prendre au jeu linguistique et de croire que la réalité scientifique est réellement proche de sa réalité quotidienne à lui.
Dans l’article Présentation : problèmes de la métaphore, J. Molino, F. Soublin et J. Tamine (1979 :5) pose la question principale : Qu’est-ce qu’une métaphore ? Il n’y a sans doute pas de réponse simple à la question. Cependant, il est nécessaire d’en donner une définition provisoire et un exemple, choisis dans la partie commune, à toutes les définitions proposées. C’est dire que nous partons d’une forme canonique de la métaphore dont nous verrons ultérieurement qu’elle ne constitue qu’un type parmi d’autres et que nous l’envisageons dans le cadre arbitraire de la langue française et des contraintes spécifiques qu’elle impose.
Donnons d’abord la définition provisoire, empruntée à Fontanier (1968 :99) : la métaphore consiste «à présenter une idée sous le signe d’une autre idée plus frappante ou plus connue, qui, d’ailleurs, ne tient à la première par aucun autre lien que celui d’une certaine conformité ou analogie».
La forme canonique de la métaphore, à peu près la seule à être étudiée par les linguistes et les rhétoriciens, est la forme suivante :
Cette fille est une fleur. (Exemple propre).
La politique est une jungle.
L’homme est un loup.
Prédéterminant N1 est Prédéterminant N2
N2 = terme métaphorique, Tm, est le foyer ou pivot de la métaphore – P- ; selon les analyses traditionnelles, il est mis à la place d’un terme propre, Tp. Le pivot est inséré dans un syntagme que l’on appelle cadre de la métaphore, et qui est ici le syntagme propositionnel. D’autres exemples :
• […] la vie d’un produit peut être analysée en plusieurs phases qui vont du lancement (la naissance) au développement (l’adolescence) puis à la maturité (l’âge adulte), enfin au déclin (la vieillesse et la mort). Ces différentes périodes constituent le cycle de vie d’un produit ou d’un marché. (Lendrevie, 2003 : 308)
• Il faut également adopter une politique de communication adaptée pour faciliter et accompagner l'acceptation et l'adoption du produit. (Lindon, Jallat 2002 : 108)
•Pour obtenir des effets positifs sur l’image, il faut gérer l’identité de la marque. (Bernadet 1998 : 28)
• L’estime et la connaissance reflètent la stature de la marque, qui reflète davantage sa performance passée. (Kotler 2009 : 317)
•Les valeurs, la culture, la personnalité de la marque et le profil de ses utilisateurs déterminent ces associations mentales. (Kotler 2009 : 309)
En premier lieu, la métaphore met en jeu l’opposition sens propre/sens figuré.Il y a d’un côté le sens propre, primitif, essentiel d’un mot :« pied» désigne un organe animal; mais il y a aussi le sens tropologique, figuré, annexe, secondaire :«pied» peut désigner une des parties de la table. C’est la théorie des tropes, partie de la rhétorique, qui s’occupe d’analyser et de classer les diverses façons de passer d’un sens propre à un sens figuré :«…figures ou catachrèses, de combien de manières différentes les Tropes en un seul mot ont-ils lieu ? » (Fontanier, 1968 :77). Exemples de métaphores qui se réfèrent au sens propre et au sens figuré: «Quoi qu’il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas» (discours politique)
Un deuxième axe de variation prend place à l’intérieur même du champ des tropes. Comment s’organise-t-il et quelle est la place de la métaphore ? On distinguera une métaphore généralisée et une métaphore restreinte : la dernière se définit par le rapport de ressemblance qui existe entre terme propre et terme figuré et s’oppose ainsi à la synecdoque ou à la métonymie, qui se définissent par la présence d’un rapport de connexion et de correspondance (Fontanier,1968) : c’est la doctrine néo-classique, celle qui triomphe en Europe du XVIe au XVIIIe. La métaphore généralisée occupe tout l’espace des tropes : le terme recouvre alors l’ensemble des figures du mot, quel que soit le rapport qui existe entre terme propre et terme figuré : c’est la doctrine d’Aristote et la doctrine contemporaine, qui tend à s’imposer depuis la deuxième moitié du XVIIIe siècle (Blair, 1808).
En troisième lieu, la métaphore met en jeu l’opposition mot/discours. Il est alors possible de distinguer la métaphore comme trope réduit à un seul mot-la métaphore simple-et la métaphore complexe ou élargie : c’est toute une famille de figures en plusieurs mots ou figures d’expression qui apparaît alors, la place de ces figures dans les diverses classifications rhétoriques demeurant la plupart du temps incertaine.
Une quatrième opposition met en jeu sens direct et sens caché ou, pour reprendre les termes de Fontanier, sens littéral et sens spirituel. Il ne s’agit plus ici de l’existence d’un sens propre et d’un sens figuré pour un mot déterminé, il s’agit de stratégies de la communication :au lieu de dire directement ou franchement ce qu’il veut dire, le locuteur s’exprime indirectement et veut signifier plus, ou autre chose que ce qu’il dit : «Ils [ces tropes] n’offrent pas, comme les Tropes en un seul mot, une simple idée, mais une pensée, et ils la présentent avec plus ou moins de déguisement ou de détour». (Fontanier, 1968 :109)
La métaphore est tirée du côté du symbole, de l’énigme, de l’oracle, de l’hiéroglyphe : «Les symboles de convention sont encore aujourd’hui une langue mystérieuse, et qui n’est entendue que des hommes instruits». (Marmontel, 1879 :360)
Une dernière opposition met en jeu la ressemblance et le rapport abstrait, le figuratif et l’opératif. La métaphore est proche alors de la comparaison, de l’image, du symbole :elle attire l’attention sur une propriété qu’elle fait voir, en la mettant sous les yeux, pour reprendre la formule d’Aristote.
Dire ou comprendre une métaphore implique une recherche de l’esprit et la découverte des rapports nouveaux entre les choses.
II. 2 La métaphore et la terminologie scientifique
L’étude de la métaphore dans la langue de spécialité doit se comprendre d’abord comme une voie d’accès à l’étude de la théorie d’un domaine spécialisé. En terminologie, la métaphore est à interpréter comme un processus de dénomination et de conceptualisation. Ce n’est pas un procédé d'ornement stylistique.
« La métaphore terminologique est loin d’être une simple façon de parler, elle est essentiellement une manière de penser. Certes, elle est un emprunt imagé, mais une fois que cet emprunt est réinvesti dans une pratique sociale, une fois que sa signification est réglée par les acteurs agissant dans le cadre de cette pratique, elle devient l’expression d’un nouveau concept. » (Assal, 1995 :23).
Dans le domaine des sciences, la métaphore est à considérer comme une clé linguistique aux conceptualisations cognitives. Elle fonctionne en tant que moteur de la créativité conceptuelle, terminologique et phraséologique en langues de spécialité et opère une projection entre domaines conceptuels. Dans les domaines scientifiques, on a des métaphores lorsque le rédacteur quitte le champ scientifique pour utiliser des vocables appartenant à d’autres champs, lorsqu’il quitte un domaine de spécialité pour puiser son vocabulaire dans un autre domaine ou lorsque le vocabulaire utilisé fait référence à des réalités d’un autre lieu, d’un autre moment, d’un autre contexte, d’un autre environnement ( professionnel, culturel, social, etc.).
La terminologie scientifique a une identité ancrée dans les outils linguistiques qu’elle utilise pour la construction des connaissances et des concepts. Ces outils appartiennent à une rhétorique paradigmatique spécifique : ils fonctionnent sur un mode métaphorique, à l'aide du transfert de concepts. Cela est dû à la spécificité sémantique du terme scientifique, qui accorde au lien référentiel une place privilégiée dans le processus de construction du sens et au de-là de la métaphorisation terminologique. (SFAIRA Amal., 2013)
«L’intérêt pour l’étude de la métaphore scientifique est validé par l’enrichissement des domaines analysés. Ce développement justifie la constatation que la présence de la métaphore dans le discours scientifique (Brown 2003, Reeves 2005), dans le discours académique (Hermann 2013) ou dans le discours de vulgarisation scientifique (Goatly 1997) est une réalité irréfutable. Loin d’être « de simples ornements ou des figures de style dangereuses et trompeuses » les métaphores appartiennent à la connaissance et à l’expression scientifique (Gibbs, 1994 : 171).La thèse que la métaphore est « un ingrédient vital de la pensée et de la communication du monde observé de manière scientifique » (Brown, 2003 :188) attire l’attention à l’égard d’une controverse appelée par Umberto Eco « le scandale de la métaphore ». En tant que « phénomène sémiotique permis par presque tous les autres systèmes sémiotiques » (Eco, 1983 : 218), la métaphore a divisé le monde des scientifiques en adversaires et adeptes. Les adversaires de la métaphore considèrent que la métaphore est un obstacle pour la connaissance et la communication scientifiques. D’autre part, les adeptes de la métaphore considèrent que la métaphore a des rôles heuristiques fondamentaux pour le déploiement approprié de la recherche scientifique (Hoffman, 1980 : 411)».
L’analyse des caractéristiques de la métaphore scientifique, l’évaluation des classifications proposées dans la littérature de spécialité par divers auteurs, aussi bien que la mise en évidence des fonctions accomplies par la métaphore peuvent se réaliser conformément à trois plans de pertinence métaphorique : le plan de la représentation, le plan de l’interaction avec le récepteur et le plan du texte.
Une première caractéristique ou un premier trait est la nature conventionnelle du processus de métaphorisation scientifique. Ce trait met en évidence le fondement historique des créations métaphoriques auxquelles les scientifiques font appel. Les métaphores scientifiques de succès, observe Gibbs (1994 : 173), tendent à devenir, à force d’être utilisées, des métaphores usées ou mortes. Elles n’appartiennent à la connaissance et à la communication scientifique qu’après être soumises à des processus habituels d’accommodation conceptuelle et sémiotique. Cette observation permet de formuler l’hypothèse que les métaphores scientifiques sont des métaphores transitives.
Dans le discours scientifique, la métaphore est «un miroir où se reflète l’idéologie d’un auteur, d’une école ou d’un courant.» En tant que milieu de réflexion de la connaissance et de la communication scientifiques, la métaphore sert à des fins à la fois objectives et subjectives. Quand il communique par le biais de la métaphore, le scientifique se communique également.
Premièrement, le scientifique en appelle à la métaphore dans une intention heuristique, pour découvrir quelque chose de nouveau. Cette intention est atteinte par l’emploi des métaphores constitutives de nouvelles théories scientifiques (angl. theory constitutive metaphors), des « parties indispensables d’une théorie scientifique » (Gibbs, 1994 : 172).
Deuxièmement, le scientifique emploie la métaphore pour expliquer, ainsi, la métaphore facilite et catalyse la compréhension : « la métaphore a la capacité de transposer des questions difficiles dans un cadre concis et vraisemblable » (Buss, Jost, 2006 : 13). Les métaphores qui « accomplissent un rôle dans l’enseignement ou dans l’explication des théories qui, d’ailleurs, peuvent être complètement ou presque complètement formulées de manière non-métaphorique » (Gibbs, 1994 : 172) sont appelées des métaphores pédagogiques (angl. pedagogical metaphors).
Finalement, il ne faut pas négliger le fait que, dans le discours scientifique, le processus de métaphorisation a aussi un fondement culturel (Reeves, 2005 : 99).
Compte tenu des considérations ci-dessus, il est important de constater que dans la littérature de spécialité on invoque souvent trois critères de classification des métaphores scientifiques : le critère de la tradition scientifique et du prestige de l’auteur, le critère structurel et le critère distributionnel.
II.3 Les métaphores dans la pensée scientifique.
Quelques réflexions sur l’utilisation des métaphores qui sont inspirées par un livre qui s’appelle « Intuitions de génie ». Arthur I. Miller. Flammarion. 2000 sont très intéressantes à noter. Le livre analyse le fonctionnement du progrès scientifique et le rôle crucial joué par les métaphores. L’auteur rappelle que les métaphores jouent un rôle essentiel dans la vulgarisation scientifique, elles permettent de transmettre une pensée ou un concept difficile.
Mais leur rôle ne se limite pas à la communication d’un concept. Elles ont un rôle central dans son élaboration. « On peut affirmer que les métaphores sont une part essentielle de la créativité scientifique car elles permettent de rechercher les descriptions littérales du monde, ce qui est l’objet de la démarche scientifique ».
Le mécanisme métaphorique : Il existe une vision de la métaphore appelée « vision de comparaison » ou de « substitution » qui considère les métaphores comme des images condensées. Mais les images sont moins intéressantes que les métaphores parce que les images traduisent la similitude de manière explicite, elles reflètent, tandis qu’une métaphore consiste à expliquer une entité mal comprise en se servant d’une autre entité que le destinataire connaît mieux. Une métaphore est « une assertion comparative dans laquelle on compare deux sujets », elle « crée » une similitude.
«On peut étudier le rayonnement de cavité en supposant que les électrons qui recouvrent les murs de la cavité rayonnante se comportent comme si ils étaient des particules chargées, portées par des ressorts ».
La métaphore peut s’écrire : (x) agit comme s’il était un (y) où l’instrument principal de la métaphore, son outil déterminant, l’expression « comme si » relie le sujet principal mal compris (x) ou inconnu au sujet secondaire mieux compris et déjà connu (y). Le sujet secondaire (les particules chargées portées par des ressorts) avec ses propriétés mécanique bien connues des ressorts permit à Max Planck d’étudier les propriétés moins connues du rayonnement de cavité.
La notion de « tension » métaphorique
« Les connexions reliant (x) et (y) ne sont en général pas évidentes comme ce peut être le cas en recherche scientifique »…. « La dissemblance existant au premier abord entre les deux se nomme la tension existante entre les deux termes. Plus grande est la tension, plus grands sont les pouvoirs créatifs de la métaphore. Les métaphores pour lesquelles la tension est maximale font entrer en jeu des raisonnements non logiques qui repose souvent sur l’imagerie visuelle.
La métaphore, comme moyen d’intégrer la nouveauté de l’invention.
Dans son premier article sur la théorie atomique, Bohr utilisa la métaphore suivante : « L’atome se comporte comme si il était un minuscule système solaire ». Le comme si signale un transfert depuis le sujet secondaire, le système solaire, afin d’étudier le sujet primaire encore mal compris, l’atome. La métaphore de Bohr était provocatrice à l’époque (elle remettait en cause la description visuelle des électrons atomiques). On pourrait dire qu’il y avait un niveau de tension importante entre les deux termes de la métaphore. Il est intéressant de comprendre comment l’idée de Bohr a été intégrée par le corps scientifique, ce qui nous amène à faire un détour par la science cognitive.
Il faut utiliser la métaphore de l’escalier pour comprendre la manière dont les idées nouvelles parviennent à la conscience. Le raisonnement par métaphore sert de marchepieds, permet de procéder par étapes, comme sur un escalier. Nous recevons ou assimilons des perceptions sensorielles et nous y répondons en activant des niveaux de connaissance différent, situés « sur la marche d’au-dessus ». Les niveaux les plus bas s’ajustent eux-mêmes aux perceptions extérieures en formant des niveaux de connaissance plus élevés.
La science nous offre un escalier vers la réalité physique, grâce aux métaphores.
II.4 La classification des métaphores scientifiques
Selon le critère de la tradition scientifique et du prestige de l’auteur, il faut tracer une distinction entre les métaphores générales et les métaphores particulières. Les métaphores générales constituent un bassin imagistique commun exploité par presque toutes les sciences. Grâce à leur ancienneté et viabilité, de telles métaphorisations représentent le capital emblématique de la connaissance et de la communication scientifiques. Cette classe comprend des orchestrations très complexes telles que la métaphore de l’organisme ou la métaphore du mécanisme.
Les métaphores particulières sont des construits spécifiques à certains auteurs, à certaines écoles de pensée ou à certains groupes de sciences. Leur individualité relative légitime la présupposition que, à l’origine, les métaphores générales ont été des métaphores « d’auteur », devenues, avec le passage du temps, des métaphores implicites (Slave, 1991 : 11-12) déposées dans le bassin commun et conservées dans le patrimoine conceptuel et dénominatif des sciences. Par contraste, les métaphores particulières sont explicites, dans le sens que leur prestige et pertinence dépendent d’un complexe de facteurs tels que l’autorité, l’influence et la considération dont jouit le chercheur au sein de la communauté scientifique, mais aussi du degré de stabilité ou d’inertie terminologique d’une certaine discipline, selon son évolution historique.
Si l’on valorise le critère de la tradition et de l’auteur, sur lequel s’appuie la distinction entre les métaphores énumérées ci-dessus, nous observerons que, par l’actualisation de l’opposition implicite-explicite, le processus de conventionnalisation métaphorique implique, dans le discours scientifique, l’existence et la manifestation de trois degrés d’intensité métaphorique (Buss, Jost, 2006 :4) :
a) Les métaphores usées sont ce qu’on appelle les métaphores mortes, figées ou lexicalisées qui, à cause de l’habitude de les employer, ne sont plus reconnues comme métaphores par les membres des communautés scientifiques. L’internationalisation est ce qui indique leur circulation et usage. Un exemple pour illustrer cette catégorie : l'expression « courir un danger »
b) Les métaphores conventionnelles, appelées aussi des métaphores faibles, sont des construits dont le potentiel imagistique est encore reconnu et exploité par les membres de diverses communautés scientifiques. Dans une grande partie, ce sont des métaphores qui illustrent l’autorité et le prestige des idéologies scientifiques. Du point de vue cognitif et sémiotique, ce prestige se concrétise dans le développement de quelques concepts et terminologies différents d’une école à l’autre, d’un courant scientifique à l’autre.
c) Les métaphores vives, appelées aussi métaphores innovatrices ou fortes, sont les métaphores qui ouvrent de nouveaux horizons dans la recherche scientifique. Cette classe de métaphores est le plus fortement liée à la personnalité créatrice du scientifique.
Le critère structurel est mis en valeur par des auteurs comme Jean Molino (1979 : 91-92) pour délibérer l’existence de trois types de corrélations métaphoriques à l’aide desquels on développe le processus de métaphorisation : métaphores qualitatives (supposent l’existence de quelques correspondances simples entre notions ayant comme support des notes considérées semblables, la structure schématique de ces métaphores étant du type [A est B]), métaphores relationnelles (sont forgées par le biais des correspondances multiples qui impliquent des rapports et des relations entre notions et sont appelées également métaphores filées,le moule de ces créations métaphoriques est du type [A est pour B, ce que C est pour D]) et métaphores thématiques (ou archétypes sont les construits à l’organisation la plus complexe. Elles impliquent d’amples corrélations, systématiquement organisées et susceptibles desservir comme cadre de référence. Leur fonction heuristique est mise en exergue par la présence de quelques champs métaphoriques. Le moule schématique de ces ensembles métaphoriques est [X pour Y]).
Exemple de métaphore relationnelle ou filée : Cette faucille d’or dans le champ des étoiles (V. Hugo)
En conclusion, la métaphore, dans le discours scientifique est un «catalyseur» de compréhension. Elle «parle» à l’imagination, elle visualise, incarne, spécifie ce qui, selon le jugement du rédacteur, ne peut être «saisi» intellectuellement autrement.
CHAPITRE III
La métaphore dans les revues de vulgarisation scientifique. Analyse de la rubrique «Santé» de Science ET Vie et Science et Avenir
III.1 La description du corpus étudié
L’étude des métaphores dans le DVS sera appliquée à un corpus de vulgarisation scientifique français. Nous avons choisi de nous appuyer sur deux magazines de science pour un public de non-experts : Science et Vie et Science et Avenir, notamment leur rubrique Santé.
Science et Vie est un magazine mensuel français de vulgarisation scientifique créé en 1913. Ce magazine a été lancé le 1er avril 1913 sous le nom de La Science et la Vie par Paul Dupuy, fils de Jean Dupuy, ancien ministre, député et directeur du quotidien Le Petit Parisien. Ayant découvert aux États-Unis des magazines consacrés à la vulgarisation scientifique tels que Popular Science et Popular Mechanics, Paul Dupuy décide de créer en France un périodique scientifique similaire au format magazine visant le grand public. Son objectif est alors de mettre à la portée de tous les découvertes scientifiques de l’époque. Les articles, auxquels participent quelques personnalités scientifiques, sont rédigés dans un style simple, abondamment illustrés, et abordent plusieurs sujets (électricité, physique, médecine, astronomie, etc).
Le magazine paraît à un rythme mensuel, comprend 144 pages, est imprimé en noir et blanc avec de nombreuses photos, sous une couverture dessinée en couleur, et est vendu 1 franc : il connaît rapidement un grand succès, atteignant cent mille exemplaires. À l'aube de la Première Guerre mondiale, son tirage passe à cent cinquante mille exemplaires. Durant les deux périodes de guerre, le magazine doit s'interrompre : d'abord en août 1914, puis reprend normalement son tirage ; il n'y pas de numéro daté juillet 1940 et août 1944. C'est à partir de février 1943 qu'il prend son titre actuel, Science et Vie. Coïncidence symbolique mais fortuite, son millième numéro est paru le 1er janvier 2001.
Sciences et Avenir est un magazine mensuel français de vulgarisation scientifique créé en 1947. Il appartient au groupe de presse français Perdriel, également éditeur de l'hebdomadaire Challenges. Le magazine est présent sur Internet dans une version quotidienne (donc différente du magazine papier et animée par la rédaction bimédia de Sciences et Avenir). Chaque numéro de l’édition papier est aussi disponible à l’achat en version numérique, avec des contenus "augmentés" – vidéos, diaporamas, liens vers des sites web, etc. Sciences et Avenir édite aussi des applis pour smartphones et tablettes (appli proposant le contenu du site, ou celle dédiée au "guide des hôpitaux", avec un inventaire d’établissements notamment sélectionnés sur la base de l’expertise scientifique des médecins qui y exercent).En 2015, le magazine a lancé ses "Grands débats de la science" avec le thème Dieu et la science. Cette édition s’est tenue au Collège des Bernardins, à Paris, avec la participation d’éminentes personnalités scientifiques comme Jean-Claude Ameisen (président du Comité consultatif national d'éthique), le généticien Axel Kahn ou le paléoanthropologue Yves Coppens.
Sciences et Avenir est un magazine agréable à lire avec une mise en page très claire, illustré de superbes photos qui constituent à elles seules, une magnifique source d’information et de documentation.
III. 2 L’analyse des métaphores médicales dans le DVS
La première revue prise en considération est Science et Vie et les articles visés sont publiés en 2013, 2015 et 2016.
Un premier article, Un vaccin contre le cancer donne des résultats prometteurs sur l’homme (publié le 4.06.2016) a comme thème général la médecine, particulièrement le cancer. Le fragment suivant a une métaphore, les deux mots qui sont comparés sont virus/ bactérie et intrus, le dernier étant mis en guillemets. L’intrus a comme sens propre «chose (concrète ou abstraite) dont la présence est importune» (dictionnaire français Lexilogos) et peut être associé au virus qui pénètre dans le corps humain.
« … A la manière d’un virus ou d’une bactérie, ce nouveau produit déclenche chez les globules blancs une attaque envers les “intrus” que sont les cellules tumorales (dans le cas présent des mélanomes). Pourquoi le corps ne le fait-il pas tout seul ? Parce que les cellules tumorales, bien que mutées génétiquement par rapport aux cellules saines, restent des cellules de notre propre organisme. Donc les lymphocytes (globules blancs) ne les reconnaissent pas comme des étrangères à détruire…»
Le deuxième article, Une nouvelle stratégie contre le cancer s’inspire de la théorie de l’évolution (publié le 1.03.2016) parle aussi du cancer, une maladie caractérisée par une prolifération cellulaire (tumeur) anormalement importante au sein d'un tissu normal de l'organisme, de telle manière que la survie de ce dernier est menacé. Une première métaphore est évidente parce que la tumeur est comparée avec une population (de cellules mutantes), la population ayant comme sens propre un ensemble de personnes, d’objets divers regroupés dans un espace quelconque. Donc, le sème commun est le « grand nombre » de quelque chose.
Une deuxième métaphore se rapporte toujours à la tumeur parce qu’elle est vue comme un petit écosystème où vivent, habitent beaucoup cellules, les unes résistantes et les autres, au contraire, sensibles au traitement.
«…Ce qui justifie une telle stratégie ? La théorie de l’évolution ! Une tumeur, en effet, n’est pas un tout homogène, mais plutôt une population de cellules mutantes différentes entre elles, et en compétition pour les ressources. A la manière des animaux d’une population avec un accès limité à la nourriture, les cellules d’une tumeur ont besoin, par exemple, d’être alimentées en sucre et en oxygène par les vaisseaux sanguins.
Ces résultats très encourageants s’expliquent par le fait que la thérapie adaptative ne tue pas les cellules sensibles à la chimiothérapie. Ainsi, les tumeurs maîtrisées peuvent être vues comme des mini-écosystèmes où cohabitent des cellules résistantes et des cellules sensibles au traitement…»
Un autre article, Un vaccin universel contre le VIH (Sida) aurait été mis au point (publié le 21.02.2015), parle du VIH (virus de l’immunodéficience humaine) et de la maladie causée par ce virus, Sida (syndrome d’immunodéficience acquise). Dans le paragraphe suivant on a trouvé deux métaphores qui nous ont attiré l’attention. La première nous montre que le corps humain est transformé en une usine, le mot usine ayant le sens propre suivant : Établissement de la grande industrie où s'effectue tout ou partie d'un processus de fabrication en série d'objets ou de produits, ou bien la transformation ou la conservation de matières premières, ou bien la production d'énergie, à l'aide de machines consommant une grande quantité d'énergie de diverses sources, donc le corps humain est une usine chimique qui transforme et consomme de l’énergie. La deuxième parle d’un adénovirus qui est transformé et cette fois-ci en une usine qui bloque les proteines qui veulent entrer dans le corps, leur action ne serait pas en mesure d'effectuer.
«…En effet, les virus du sida fusionnent avec la membrane des CD4 et injectent dans ces cellules leur matériel génétique transformant leur hôte en une usine à VIH, lesquels donc finissent par infecter tous les autres cellules du système immunitaire : celui-ci est alors détruit. Dès lors, des infections opportunistes, habituellement inoffensives pour un organisme en bon état, deviennent mortelles… Selon les chercheurs, le vaccin serait actif durant au moins 8 mois – et peut-être plusieurs années – via un mécanisme de réplication de la protéine bloquante inspiré par le mode de reproduction du VIH lui-même. De fait, par manipulation génétique, les chercheurs ont transformé un adénovirus relativement inoffensif en usine à protéines bloquantes : une fois injectés dans un muscle humain, ces adénovirus sont capables de produire en continu ces protéines, qui vont donc systématiquement fusionner avec la membrane des VIH et bloquer leur action. Les VIH qui ont pénétré dans le corps ne peuvent se reproduire : ils meurent et l’infection disparaît…»
L’article Repas de fêtes : comment peut-on digérer tout ça ? (publié le 23.12.2015) a comme thème général l’alimentation et parle du processus de digestion. La métaphore suivante est plus intéressante et différente par les autres. Si dans les autres métaphores analysées le terme métaphorique est tiré du domaine autre que le domaine médical, dans ce cas, les deux termes qui sont approchés appartiennent au même domaine : les parties du corps humain. L’analogie est faite ayant des caractéristiques communes : le cerveau a la capacité de coordonner toutes les activités du corps et dans la même façon, le ventre a la capacité de coordonner les activités digestives de l’organisme.
«…En clair, le ventre est un second cerveau à lui tout seul : tous les mécanismes de régulation qui sous-tendent l’épreuve digestive font intervenir chaque organe du tube digestif, tous placés sous le contrôle du système nerveux intrinsèque, appelé système nerveux entérique (SNE, entérique pour intestin). Ce dernier est autonome et forme un maillage composé de plus de 200 millions de neurones (plus que dans le cortex d’un chien : 160 millions) répartis de l’œsophage à l’anus…»
L’article Un rein cultivé en laboratoire transplanté chez un rat (publié le 24.05.2013) parle d’une transplantation rénale d'un rat chez un être humain. Les métaphores du paragraphe suivant joignent les mots habiller et l’architecture biologique. Le premier est toujours attribué à une personne et a le sens propre suivant : «Mettre des habits, couvrir de vêtements». La deuxième syntagme se réfère à la construction ou à la structure humaine, mais toute entière est une métaphore parce que l’architecture signifie «Mode, style de construction, caractère architectural, ordonnance d'un édifice » et on ne pas utilisé architecture biologique dans une langue courante, surtout près de verbe habiller.
«Nous sommes dans un hôpital. Un patient souffre d’une insuffisance rénale, une affection qui lui a été diagnostiquée très récemment. Heureusement, il va pouvoir bénéficier d’une transplantation rénale, ce qui lui permettra d’échapper à un traitement par dialyse. Une transplantation pour laquelle il n’aura pas eu à attendre un don issu d’un donneur, puisque ce nouveau rein sera issu… d’un porc. Un organe qui, après recours à un procédé chimique spécifique, pourra être greffé dans l’organisme du malade sans le moindre risque de rejet […] Comment le spécialiste de la médecine régénérative Harald Ott et ses collègues ont-il procédé ? Tout d’abord, ils ont prélevé un rein sur un rat mort, dont ils ont ôté les cellules à l’aide d’une sorte de détergent. Résultat : il ne restait plus que l’architecture en collagène de l’organe et ses vaisseaux sanguins.
Puis les chercheurs ont « habillé » cette architecture biologique en y implantant des cellules endothéliales d’origine humaine (les cellules endothéliales tapissent les parois des vaisseaux sanguins) afin de remplir les vaisseaux sanguins, ainsi que des cellules rénales provenant de rats pour produire les autres tissus qui composent l’organe…»
L’article méDECINS DU MONDE DÉNONCE LE PRIX exorbitant DES MÉDICAMENTS (publié le 13.06.2016) :le premier syntagme qui se trouve dans le paragraphe suivant, «le prix d’une vie» est une métaphore in absentia, elle se réfère aux médicaments qui sont très utiles, nécessaires et qui nous maintiennent en vie. Donc, ayant un prix extrêmement élevé, les médicaments, ne peuvent pas être achetés par tous les gens qui souffrent d’une maladie et certains d’entre eux risquent de perdre la bataille de la vie. Dans la deuxième métaphore, les médicaments sont en quelque sorte comparés avec des personnes parce que l’adjectif indécent ou indécente est particulièrement employé pour un sujet animé. Les médicaments pourraient ȇtre côuteux ou leur prix, choquant et malséant.
«Ils soignent l’hépatite C, le cancer, le diabète ou l’excès de cholestérol. Ce sont des médicaments dont les coûts pour la Sécurité sociale atteignent parfois des sommes étourdissantes :41 000 € la cure de Sovaldi (contre l’hépatite C), 90 000 € celle de Glivec (contre la leucémie)… Leurs tarifs sont établis par le Comité économique des produits de santé, suite à des négociations avec les industries pharmaceutiques qui les produisent. Aujourd’hui, l’ONG Médecins du monde dénonce la manière dont ces prix sont fixés.
La campagne de communication “Le prix d’une vie” qui se répand sur les réseaux sociaux, veut sensibiliser aux dépenses publiques pour les médicaments, jugées “indécentes”. Car elles sont sans rapport avec les coûts de production de ces produits selon Médecins du monde : par exemple une cure de Sovaldi revient à 100 dollars (89 €) à son producteur, Gilead.»
Articles extraits de la deuxième revue :
L’article L'anévrisme cérébral : définition, symptômes, traitement (publié le 8.06.2016). La métaphore du paragraphe suivant est une métaphore explicative qui nous aide à comprendre un phénomène physiologique grâce au rapprochement avec un objet très familier au lecteur : le ballon. La similitude entre l'anévrisme cérébral, plutôt la dilatation du cerveau, et le ballon est le gonflage ou gonflement et puis, le risqué de rupture. Dans le fragment suivant on a trouvé une comparaison assez plastique (la rupture d'un anévrisme cérébral frappe comme un coup de tonnerre dans un ciel serein) qui a le rôle de mettre en évidence l’impact à la fois destructif et inattendu d’un anévrisme cérébral. L’association des mots nous frappe un peu parce que nous ne pas rencontré un tonnerre dans un ciel clair ou serein. Le tonnerre fait partie d'un champ sémantique (pluie, vent, tempête, foudre, froid , etc. ) et le ciel serein , d’un autre champ sémantique ( soleil, temps beau, chaleur,etc).
«…Un anévrisme désigne la dilatation localisée d'une artère ou, plus rarement, d'une veine due à une faiblesse du tissu vasculaire. Cette dilatation progressive prend le plus souvent la forme d'une poche de sang, un "ballon" qui se gonfle au niveau de la paroi de l'artère (schéma ci-contre ©NIH/CC). Cette poche appelée "sac anévrismal", dans laquelle le sang artériel sous pression circule en tourbillonnant, est reliée au reste de l'artère par une zone plus étroite appelée "collet". Chez l'humain, l'anévrisme se situe dans la plupart des cas en trois endroits : l'aorte abdominale, l'aorte thoracique et les artères cérébrales. Une fois formé, il grossit lentement et, en fragilisant d'avantage l'artère, créé un cercle vicieux. En effet, plus l'artère se dilate, plus sa paroi est fragile, et plus elle a tendance à se dilater rapidement… Jusqu'à atteindre le point de rupture. L'anévrisme se rompt et provoque une hémorragie interne qui peut être fatale, en particulier s'il s'agit d'une artère cérébrale……Dans certains cas, rares, un gonflement important peut toutefois exercer une pression sur des tissus contenant des terminaisons nerveuses. Certains signes non spécifiques peuvent ainsi alerter : une vision double, une douleur faciale, une perte de la vision, de graves maux de tête dus à un saignement mineur, un strabisme, des tremblements ou des mouvements incontrôlables d'un œil ou d'une paupière… Des signes qui doivent amener à consulter un médecin. Mais dans l'immense majorité des cas, la rupture d'un anévrisme cérébral frappe comme un coup de tonnerre dans un ciel serein. Sa survenue est brutale et, selon la localisation et la taille de l'anévrisme, la mort peut être subite…»
L’article L'impact de la lumière des écrans sur la santé (publié le 14.07.2015, mis à jour le 6.01.2016) parle de la lumière bleue des écrans et nous donne quelques conseils pour ne pas être perturbés avant de coucher. La métaphore suivante nous suggère le fait que nous devrions prendre soin indirectement de nos yeux et de choisir la lumière blanche avant de se coucher. Il s’agit d’une association inouïe des termes. Une «bonne hygiène» crée normalement d’autres associations: bonne hygiène du corps humain, bonne hygiène des objets personnels, hygiène de la chambre etc. La lumière et la mélatonine ont une action régulatrice sur le cycle du sommeil, donc on doit prendre soin de notre santé parce qu’elle est la meilleure de toutes.
«…Une mauvaise exposition de la lumière perturbe la synchronisation de l'horloge biologique et les fonctions biologiques. Claude Gronfier fournit deux conseils à suivre pour garder une "bonne hygiène" de la lumière : diminuer drastiquement son exposition le soir entre 30 minutes et 1 heure avant le coucher, et privilégier les lumières de type halogène le soir avant le coucher. En effet, la lumière orangée des halogènes, contrairement à la lumière bleue des LEDs, ne ralentit pas les processus impliqués dans installation du sommeil…»
L’article La pleine Lune perturbe-t-elle le sommeil des enfants ? (publié le 11.05.2016) commence avec une question, une possible analogie entre les enfants et les loup-garous. L’analogie est basée sur des recherches scientifiques parce que ces recherches sont plus importantes pour donner un résultat précis et pour que le lecteur soit convaincu par ce qui lit. Les loups-garous ont devenu un sujet de fiction moderne fréquent, abondamment repris dans les arts, les littératures fantasy et fantastique ainsi que l’audiovisuel, il est au centre d’un très grand nombre de films d’horreur préférées d’enfants et voilà pourquoi l’auteur a utilisé cette analogie. Les spécialistes ont fait des analyses sur le sommeil de plusieurs enfants et puis ont comparé leur sommeil durant trois phases, celles ci-dessous.
"Les enfants sont-ils comparables à des loups-garous ?", interrogent avec humour des chercheurs de l’Institut de recherche de l'est de l'Ontario (Canada) dans la revue Frontiers in Pediatrics. Comprenez : la pleine Lune perturbe-t-elle le sommeil des enfants ? Pour le savoir, ils ont analysé les données sur le sommeil de 5.812 enfants âgés de 9 à 11 ans habitant les cinq continents (Australie, Afrique du Sud, Brésil, Canada, Chine, Colombie, Finlande, Inde, Kenya, Portugal, Royaume-Uni et États-Unis) sur 28 cycles lunaires. Plus précisément, ils ont comparé le sommeil des enfants durant trois phases : la pleine Lune, la nouvelle Lune et la demi-Lune.
L’article Des smartphones pour traquer les habitudes de sommeil dans le monde (publié le 9.05.2016). Il s’agit d’une métaphore in absentia parce que le premier terme n’est pas présent, seulement le deuxième terme métaphorique. On peut deviner le premier mot, parce que le mécanisme biologique et psychologique qui dicte les périodes de sommeil ou de réveil ( parce que c’est un cycle sommeil- réveil) est comparé à une horloge. Le sommeil joue un rôle crucial dans notre qualité de vie et le moment idéal pour dormir est dicté par l’horloge biologique interne qui est située dans l'hypothalamus, au niveau des noyaux suprachiasmatiques qui reçoivent l'information lumineuse par des voies venant de la rétine.
«Des chercheurs ont étudié les habitudes de sommeil de milliers de personnes dans 100 pays grâce à une application smartphone. Distinguant l'impact de la pression sociale et celui de notre "horloge biologique" sur le sommeil. Une application pour smartphone a permis à des chercheurs américains de traquer les habitudes de sommeil dans le monde et de mieux cerner le rôle joué respectivement par les pressions de la société et les rythmes biologiques, selon une étude publiée vendredi 6 mai 2016. Les chercheurs de l'université du Michigan (États-Unis) ont pu examiner les données de 8.070 personnes à travers 100 pays pour étudier comment l'âge, le sexe et la quantité de lumière naturelle à laquelle on est exposé affectent la durée du sommeil en déterminant quand les personnes vont se coucher et se réveillent. Ces travaux publiés dans la revue Science Advances montrent ainsi comment les pressions de la vie sociale affectent les rythmes circadiens, notre horloge interne, le plus souvent au moment d'aller se coucher…»
L’article Pourquoi nous ne sommes pas conscients de nos battements de cœur ? (publié le 9.05.2016) parle de l’activité cardiaque des gens. La métaphore suivante, in praesentia, est facile à voir parce que le terme brouhaha signifie «Bruit confus mais assez fort, en particulier de voix, souvent accompagné d'agitation, voire de tumulte» et peut être trouvé dans d’autres syntagmes telles que Brouhaha de foule, Brouhaha joyeux, brouhaha des grenouilles, brouhaha de vagues et de vents, brouhaha des conversations etc. Dans l'acte métaphorique, les deux termes mis en relation appartiennent à deux domaines différents: brouhaha, un terme commun à toutes les personnes et utilisé dans le langage familier et l’activité cardiaque, un syntagme médicale, utilisé en cas de maladies ou d’affections du cœur. Le brouhaha et l’activité cardiaque sont comparés pour traduire l’idée de tumulte, d’agitation et de trouble.
«…Pour la première fois, des chercheurs ont identifié le mécanisme cérébral qui permet d'éviter que le brouhaha de l'activité cardiaque n'interfère avec notre perception du monde extérieur…»
L’article Des livres pour parler de la santé aux tout-petits (publié le 22.05.2016).
Le syntagme «les bobos du quotidien» est une métaphore in absentia et signifie dans ce paragraphe tous les problèmes de notre vie quotidienne, souvent ennuyeux et inévitables. Expliquer ces problèmes aux enfants est parfois un peu difficile parce qu'ils ne comprennent pas comme il devrait. La plupart des fois, les enfants sont protégés des leurs parents de problèmes ou difficultés de la vie et quand ils grandissent, comprennent tout.
«Expliquer les bobos du quotidien, dédramatiser les vaccins ou encore une opération à l'hôpital : voilà tout l'intérêt d'une série de livres jeunesses mettant en scène un koala et réalisés avec l'aide d'un médecin…»
L’article Médicaments innovants : les labos accusés de "marges exorbitantes"( publié le 21.06.2016) contient une métaphore qui a la base les prix de médicaments, un sujet très actuel dans la presse française parce qu’on trouve ce sujet dans d’autre journal française, Le Monde. Le mot envolée signifie «Action de prendre son vol» ou « Fait d'être soulevé ou emporté par l'air; fait de flotter au vent», mais ici a le sens de diminution ou réduction de prix parce que les prix « ne connaissent plus de limites et mettent en danger notre système de santé ».
«Le Ciss, collectif interassociatif de défense des patients, a dénoncé lundi 20 juin 2016 "les marges exorbitantes" réalisées par les laboratoires pharmaceutiques avec les médicaments innovants et réclamé un nouveau mécanisme de fixation des tarifs pour mettre fin à"l'envolée" des prix. L'objectif "n'est pas de jeter l'opprobre sur l'industrie du médicament, mais plutôt de comprendre les ressorts, trop souvent opaques, de l'envolée des prix des traitements 'innovants' qui semble ne plus connaître de limites", prévient le Collectif interassociatif sur la santé (Ciss), réuni en assemblée. Le collectif, qui souhaite inscrire le débat dans la campagne présidentielle, plaide pour que la fixation des prix des médicaments innovants ne soit plus basée sur la "seule valeur thérapeutique", mais inclue également "le critère du coût (recherche, développement, production…) aujourd'hui non pris en compte". "Il n'est pas acceptable que les laboratoires obtiennent des prix et des marges exorbitants pour leurs molécules innovantes, et ce sans rapport réel avec les coûts réels qu'ils supportent", estime-t-il…»
En guise de conclusion, dans le corpus étudié, j’ai analysé 17 métaphores, les unes étant in absentia et les autres, in praesentia. La métaphore in praesentia explicite les deux termes (le comparant et le comparé), alors que la métaphore in absentia développe l'image en posant la comparaison comme implicite et accélère le flux de l'imagination poétique.
Les termes métaphoriques (intrus, population, usine, cerveau, ballon, loup-garous, brouhaha, bobos etc) ont été empruntés à divers domaines. Par exemple, le ballon ou le brouhaha sont des mots familiers, le bobo est un mot utilisé par les enfants, cerveau est un mot qui fait partie de la sphère du corps humain, population est un mot commun à toutes les personnes. Le sens métaphorique nouvellement créé naît de l'interaction entre les deux domaines et permet une nouvelle perception du monde.
Lire les articles de la rubrique de Santé et chercher des métaphores médicales n’a pas été très facile parce que le langage médical est, comme pour beaucoup d'autres corps de métier, illustré d'images, de comparaisons, de métaphores plus ou moins heureuses.
Une métaphore ne peut donner une image d'une réalité complexe que d'une manière partielle et que cette figure de style joue avec le langage et c’est grâce à un effort d’ interprétation que le lecteur perçoit une ressemblance entre le comparé et le comparant. Le lecteur doit chercher la définition du comparant (terme métaphorique) en plus de l’explication du comparé.
La présence de la métaphore dans le langage médical assure un élément important qui renvoie à la subjectivité et à l’affectivité. L’être humain a des opinions subjectives à l’égard de la maladie, qui sont visibles dans les expressions métaphoriques qui témoignent de la vision en termes d’ennemi de tout ce qui peut nuire à la santé et en termes de guerre de tous les efforts de maintenir la santé.
Pour ce qui est de la créativité et de l’affectivité dans le langage, l’analyse des métaphores du langage médical quotidien a essayé de montrer la contribution de l’activité imaginative dans la création métaphorique conceptuelle et linguistique en même temps.
CONCLUSIONS
Pour conclure, nous pouvons dire que cette étude de la métaphore a permis d’attirer l’attention sur certains aspects terminologiques trop souvent négligés dans le discours pédagogique scientifique. L’aspect cognitif et créatif de la métaphore prend ici toute sa valeur. En effet, la métaphore est un processus conceptuel qui est très utile pour comprendre le discours scientifique. Elle joue un rôle très important dans le développement de la pensée et des savoirs et donc dans la constitution de la terminologie scientifique.
En ce qui concerne le fonctionnement de la métaphore terminologique, nous pouvons dire que le processus métaphorique, qui serait une réponse à un besoin scientifique dans le domaine des sciences, se base sur deux opérations clés du raisonnement. Il s’agit de l’inférence et de la métaphorisation fondée sur une simple relation analogique évoquant une symétrie, un parallélisme.
Qu'elle soit donc terminologique – intervenant dans les processus de dénomination – par laquelle le scientifique veut communiquer à ses pairs une pensée, ou pédagogique – par laquelle le professeur veut faire entrer ses élèves dans l'univers complexe de la science en prenant appui sur leurs savoirs quotidiens, la métaphore permet à deux univers disjoints de trouver des points de convergence afin de maximiser la communication au sein du discours pédagogique scientifique.
L’analyse faite sur l’extrait des revues nous a permis de faire quelques constatations : premièrement, la métaphore est une présence fréquente dans le discours de VS, que ce soit elle, in absentia ou in praesentia. Deuxièmement, les métaphores sont faciles à interpréter, car les termes métaphoriques sont familiés au lecteur et par cela, la métaphore justifie son rôle explicatif dans ce type du discours.
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