La Didactique Des Synonymes, Des Antonymes, Des Homonymes Et Des Mots Polysémiques

La didactique des synonymes, des antonymes, des homonymes et des mots polysémiques

La polysémie

Pour bien comprendre la polysémie, il faut l'opposer à la monosémie. Un mot monosémique n'a qu'un seul sens, stable dans tous les emplois. La monosémie est fréquente dans le vocabulaire technique et savant : orchidée, mononucléose, oranger par exemple n'ont qu'un seul sens.

Nous parlons de monosémie lorsqu’un signifiant n’est en relation qu’avec un seul signifié, c’est-à-dire lorsqu’un mot n’a qu’un seul sens.

Le mot « monosémie » vient du grec « monos » signifiant « unique » et de « semaînen » signifiant « signifier ». Les mots monosémiques représentent plutôt l’exception dans la langue française courante et littéraire, par exemple « troc ». En revanche, ce phénomène se rencontre fréquemment dans les lexiques spécialisés, précisément dans le vocabulaire scientifique, technique ou professionnel en raison de nécessité de désigner les concepts scientifiques, techniques ou professionnels avec la plus grande précision et sans laisser place à l’ambiguïté. Par exemple en linguistique, « langue » s’oppose au « langage » d’une part et à la « parole » d’autre part. Comme d’autres exemples des mots monosémiques, utilisés même dans la langue courante, nous pouvons nommer « kilomètre », « carburateur », « encéphalogramme », etc.

Au contraire, puisque le langage ne peut pas avoir autant de mots qu’il y a d’objets à désigner ou d’idée à exprimer, il doit compenser cette insuffisance lexicale en accordant plusieurs sens à un même mot. La plupart des mots sont donc polysémiques. Nous parlons de polysémie lorsqu’un signifiant a plus d’une seule signification et ces différents significations sont sémantiquement liés entre eux, c’est-à-dire lorsqu’un mot a plusieurs sens différents entre lesquels existe une relation sémantique. Chacun de ces sens s’appelle acception.

Le mot « polysémie » vient du grec « polus » signifiant « plusieurs » et de « semaînen » signifiant « signifier ». Par exemple le mot « couverture » dans les acceptions suivantes : « Je ne me sent pas bien aujourd’hui, je reste sous la couverture. » signifie « couverture de lit », « Les éditeurs préparent une nouvelle couverture pour mon livre. » signifie « couverture de livre » ; ces deux acceptions de « couverture » ont en commun la notion de protection.

En effet, il faut distinguer la polysémie de l’homonymie. Nous ne pouvons pas dire qu’un mot polysémique est constitué d’homonymes. Pour pouvoir parler d’homonymie, il faut que nous ne puissions pas expliquer le rapport de sens entre les deux ou plusieurs mots considérés. C’est pourquoi chaque homonyme a son entrée lexicale dans le dictionnaire. Par contre, dans la polysémie, les différents sens sont sémantiquement liés entre eux et nous ne pouvons pas expliquer l’influence du contexte.

Les différentes acceptions de polysème sont regroupées sous une même entrée lexicale dans le dictionnaire en donnant tous les sens de ce polysème. Par exemple le nom « boucher » désigne à la fois « un marchand de viande » et « un homme cruel », dans ce cas, il ne s’agit pas de deux homonymes, mais du même mot employé au sens propre et figuré, donc d’un polysème. En revanche, le verbe « boucher » signifiant « claustrer, fermer » est homonyme du nom « boucher » parce qu’il n’y a aucun rapport de sens entre eux.

De plus, les homonymes présentent des étymologies différentes, ainsi le verbe « boucher » vient de « bois » mais le nom « boucher » vient de « bouc ».

Le fait que nous pouvons décider d’après l’entrée dans un dictionnaire si le mot est un homonyme ou un polysème et dans quel sens du mot considéré nous parlons de la relation homonymique et dans lequel de la relation polysémique, illustre bien la citation suivante tiré du Petit Larousse Illustré :

BOUCHER v.t. (de l’anc. fr. bousche, gerbe). 1. Fermer une ouverture ; obturer. Boucher une fente. Boucher une bouteille. 2. Fermer, barrer l’accès de ; obstruer. La foule bouchait la rue. ◊ Boucher la vue : faire écran. se boucher v. pr. Se boucher les oreilles, les yeux : se refuser à entendre, à voir, à comprendre.

BOUCHER, ÈRE n. Personne qui abat le bétail et / ou prépare et vend la viande au détail. n. m. Fig. Homme cruel, sanguinaire. – Fam. Chirurgien, dentiste maladroit.

Puis, la polysémie se manifeste de différentes manières. Les mots polysémiques ont deux ou plusieurs sens que nous pouvons diviser en cinq catégories:

le sens propre et le sens figuré, par exemple dans la phrase « Le lion est considéré comme le roi des animaux. » le « lion » est utilisé dans le sens propre « fauve » ; en revanche, dans la phrase « Vous êtes mon lion généreux et protecteur. » le mot « lion » est utilisé dans le sens figuré « homme courageux ».

le sens concret et le sens abstrait, par exemple dans la phrase « Je vais au cinéma pour voir un film que je souhaite voir depuis longtemps. » le mot « cinéma » est utilisé dans le sens concret « local » ; en revanche, dans la phrase « Il adore le cinéma français. » le mot « cinéma » est utilisé dans le sens abstrait « le septième art ».

le sens ancien et le sens moderne, par exemple tandis qu’au XVIIe siècle le mot « succès » désignait un résultat en générale, aujourd’hui il ne désigne qu’un résultat positif comme dans la phrase « Il a fini son travail avec succès. ».

le sens du nom animé et le sens du nom non-animé, par exemple dans la phrase « Le papillon s’est posé sur la fleur. » le mot « papillon » est un nom animé « insecte » ; en revanche, dans la phrase « La contractuelle a mis un papillon sur mon pare-brise. » le mot « papillon » est un nom non-animé « contravention ».

le sens restreint et le sens étendu, par exemple dans la phrase « Il travail d’habitude dans son bureau. » le mot « bureau » est utilisé dans le sens restreint « pièce où est la table de travail » ; en revanche, dans la phrase « La direction a installé les bureaux dans le centre de la ville. » le mot « bureau » est utilisé dans le sens étendu « lieu de travail des employés ».

Ensuite, dans la phrase, les mots se construisent souvent différemment selon leur sens, c’est surtout le cas des verbes et les prépositions qui les suivent. Prenons par exemple le verbe « donner » qui peut être suivi de prépositions différentes en fonction de son sens. Ce verbe est donc suivi de la préposition « à » lorsqu’il signifie « mettre quelque chose en possession de quelqu’un » comme dans la phrase « Il a donné un cadeau à son amie. », de la préposition « sur » lorsqu’il signifie « avoir vu sur » comme dans la phrase « La fenêtre donne sur la rue. » ou de la préposition « dans » lorsqu’il signifie « tomber dans » comme dans la phrase « Ils ont donné dans un piège. ». De plus, la préposition elle-même peut être polysémique, par exemple la préposition « avec » dans les phrases suivantes « Il travaille avec un ami. », « Il la regarde avec admiration. », « Tu es très belle avec ta nouvelle jupe. », « Avec le temps qu’il fait, ça m’étonnerait qu’ils viennent. », etc.

Enfin, il est important de savoir que la polysémie existe lorsqu’elle peut produire des ambiguïtés ou des équivoques. En revanche, la polysémie permet de jouer avec le sens des mots, elle est un des procédés couramment employés dans la poésie moderne, dans les slogans publicitaires, dans les titres de films, de romans ou d’articles de presse, dans l’humour, etc. Les définitions de mots croisés jouent aussi très souvent de la polysémie des mots, par exemple « homme de lettre (en 7 lettres) » est « facteur ».

Une des caractéristiques de toute langue est d'être polysémique sinon son lexique aurait une extension infinie. Prenons l'article d'un dictionnaire :

Feuille n.f. (lat.folium);. 1- Organe fondamental de nombreux végétaux 2-Organe végétal rappelant la forme d’une feuille (trèfle à quatre feuilles) […]. 3- Mince plaque de bois, de métal, de minéral, de carton ; 4-Morceau de papier rectangulaire sur lequel on écrit, on imprime 5- Imprimé d’ordre administratif (feuille d’impôt) 6. Fam. Feuille de chou ; journal médiocre.

L'ensemble de la définition constitue le champ sémantique du mot feuille (c'est-à-dire les différents sens).

Il faut souligner le caractère massif de la polysémie dans la langue : plus de 40 % des b#%l!^+a?mots sont polysémiques.

Et, plus le mot est courant, plus le champ sémantique est large : tête par exemple, a une trentaine de subdivisions dans le Petit Larousse.

Les enfants sont confrontés très tôt à la multiplicité des sens d'un même mot et il faut b#%l!^+a?attirer leur attention sur ce point crucial qui contribue à la construction du lexique et qui est lié au contexte d'emploi, notamment à la construction syntaxique (jouer d'un instrument, jouer avec quelqu'un, se jouer de quelqu'un,…)

Une piste..

Un jeu de Mémory = il s'agit de trouver les 2 ou 3 cartes qui ont en commun le même mot. Pour gagner, il faut les retrouver sur la table (souris d'ordinateur/des champs, aiguille à coudre/de sapin/ d'horloge,…).

Exercice possible :

En hiver, les oiseaux fuient vers les pays chauds.

La baignoire fuit et l'appartement voisin est inondé.

Après leur attaque, les voleurs fuient à toute vitesse.

Il fuit les disputes.

Ma voisine me fuit, je n'arrive pas à la rencontrer.

C'est un paresseux qui fuit le travail.

La bouteille fuit, l'huile coule dans le sac.

La troupe ne veut plus se battre : elle fuit.

Les phrases proposées contiennent toutes des mots (verbes ou noms) qui ont une valeur voisine. Il faut trouver ici 3 sens voisins mais différents, (ces sens sont illustrés par la coloration de trois des huit phrases).

Le travail demandé :

a/ regroupe celles où le mot souligné à la même valeur : 1er sens, 2ème sens et 3ème sens

b/ précise le sens du verbe : travail sur la recherche d'un synonyme

On aboutit alors à …

Source du tableau : Jean-Claude Denizot- Sceren « Le vocabulaire au quotidien »

Dans ces diverses situations, il faudra que les élèves verbalisent afin de comprendre et vérifier à la fois leur cheminement de leur investigation et les modalités qui ont utilisés pour ce tri.

Cette démarche est plus ardue mais aussi bien plus riche, puisqu'elle demande de la part de l'élève un travail qui passe par des moments de conceptualisation en plusieurs étapes :

Identifier des contenus sémantiques identiques

Assurer une distribution selon ces contenus

Trouver un synonyme

Vérifier par un nouveau travail de réorganisation

Le sens en contexte et hors contexte

Un mot n'est pas isolé des autres car la langue n'est pas un simple répertoire. Les analyses du sens lexical mettent en relation les termes les uns par rapport aux autres :

le sens d'un terme ne vaut que par rapport à d'autres

Pour faire apparaître clairement aux élèves les variations de sens, on peut pratiquer ce qu'on appelle une analyse sémique ; celle-ci repose sur l'idée que le sens d'un mot est décomposable en unités de sens plus réduites (les sèmes) et que ces unités se retrouvent dans d'autres termes appartenant au même champ lexical.

On réalise alors une grille sémique pour faire apparaître l'ensemble des traits distinctifs correspondant à un mot.

L'objectif de ce type d'analyse est de préciser la place et la valeur des termes les uns par rapport aux autres.

Trois termes avec deux sèmes pour les différencier :

Si l'ensemble change, on ajoute d'autres sèmes (a un pied,…) car le nombre et la nature des sèmes changent en fonction des termes choisis

Tous les termes se trouvent distingués. L'ensemble des sèmes qui caractérisent un terme donné (représenté par un profil de + et de – dans la ligne horizontale) permet de cerner des traits distinctifs.

« pour s'asseoir », positif dans tous les cas, est le sème générique, les autres sont des sèmes spécifiques qui peuvent être ou non activés.

l'environnement du mot est important pour le choix du terme à utiliser

On parlera par exemple du sommet et de la cime d'une montagne mais du sommet d'une carrière mais pas de la cime d'une carrière. On préférera l'apogée d'une carrière.

Travailler les mots en contexte est une aide pour la compréhension

Les élèves peuvent alors s'appuyer sur les indices donnés par ce qui précède ou suit pour inférer le sens d'un terme.

C'est pourquoi le support des albums et romans est si productif.

Exercice proposé par Jean-Claude DENIZOT pour trouver le sens des mots en fonction du contexte.

Donner le sens du mot « kylix ». Rechercher les indices permettant de comprendre ce mot.

b#%l!^+a?

Sa kylix = féminin b#%l!^+a?

L'histoire se passe en « Grèce » = mot d'origine étrangère

Objet de valeur = elle est faite d' « argent »

« On y a versé du vin » = elle sert à boire

On peut donc en déduire à un premier niveau que c'est un gobelet, une tasse, une coupe, un récipient pour boire.

Ce niveau de précision est suffisant. Il correspond au sens général.

Si le mot « verre » proposé pas acceptable car récipient en argent et non en verre mais cette proposition approximative demeure néanmoins cohérente par rapport au sens global. Réponses acceptables sont ici les synonymes + ou – précis comme verre (sens le plus faible), gobelet, tasse, coupe (plus pertinent).

Les indices contextuels étaient directs (le vin versé = un récipient ; ce récipient est porté aux lèvres = indication sur la taille, qui somme toute, est assez modeste). La vérification montrera qu'une kylix est une coupe (ou un vase à boire) utilisée dans la Grèce antique.

Ce type de travail pourra être fait individuellement, collectivement, à l'oral comme à l'écrit en surlignant, précisant les indices du texte.

Puis, c'est aussi l'occasion d'explorer une série de synonymes comme gobelet, tasse, coupe et rechercher un terme générique permettant de les regrouper. On arrivera au terme récipient.

Puis, l'enseignant peut proposer une liste de mots récipients et non récipients qui permettra au groupe de construire les attributs notionnels qui cerneront le concept récipient. Il apparaîtra alors qu'un récipient est un ustensile qui permet de recevoir une matière (liquide, solide, voire gaz).

L'homonymie

Tout d’abord, deux mots se trouvent dans la relation d’homonymie lorsqu’ils présentent un signifiant identique et des signifiés distincts. Nous appelons donc homonymes deux mots qui s’écrivent et / ou se prononcent de la même façon mais dont le sens est différent, ce qui peut causer la confusion. Par exemple « livre (livre à lire) / livre (ancienne unité de poids) », « verre (récipient servant à boire) / vers (préposition) / vert (couleur) », etc. Le mot « homonyme » vient du grec « homos » signifiant « semblable » et de « onoma » signifiant « nom » ou « mot ».

« Quoique les homonymes soient écrits ou prononcés de la même façon, ils se différencient toujours par leur sens, précisément ils n’ont aucun trait sémantique commun. Ce phénomène se produit donc lorsque deux mots ont une origine étymologique différente, par exemple « son (bruit) » et « son (pronom possessif) », ou lorsque l’origine étymologique commune ne permet plus de comprendre le lien sémantique entre ces deux mots, par exemple « grève (bord de mer) » et « grève (cessation volontaire de travail) ». En conséquence, les homonymes ont les synonymes et les antonymes différents et ils ne partagent pas les mêmes environnements linguistiques. »

Ensuite, les homonymes peuvent appartenir à la même catégorie grammaticale ou à des catégories grammaticales différentes, par exemple le nom propre « Dupont » est en relation d’homonymie avec le nom propre « Dupond », le nom propre « Grèce » est en relation d’homonymie avec le nom commun « graisse », le nom « verre » est en relation d’homonymie avec la préposition « vers » et également avec l’adjectif « vert », etc.

Puis, nous pouvons différencier les homonymes par :

le genre, par exemple « le livre / la livre » ou « la mère / le maire ».

l’étymologie, par exemple  « Je voudrais louer une chambre. » où le mot « louer » vient du latin « locare » et « Chacun a pu se louer de sa gentillesse. » où le mot « louer » vient du latin « laudare ».

la construction syntaxique, par exemple « Il va vers une église. » où le mot « vers » est une préposition qui est obligatoirement suivie d’un mot ou d’un groupe de mots complément et « Elle vient de s’acheter un pantalon vert. » où « vert » est un adjectif qualificatif épithète.

le contexte, par exemple « Elle est mère d’une fille et d’un garçon. » et « Il est maire de sa ville. ».

En ce qui concerne l’identité ou la différence graphique ou phonique, nous distinguons quatre catégories comme le montre le tableau suivant.

Suite à ce tableau, nous distinguons trois types d’homonymes :

nous parlons des homographes et homophones lorsque deux homonymes s’écrivent et se prononcent de la même façon, par exemple « livre (livre à lire) / livre (ancienne unité de poids) », « être (nom) / être (verbe) », « boucher (profession) / boucher (verbe) », « vers (élément d’un poème) / vers (préposition) », etc.

nous parlons des homographes et hétérophones lorsque deux homonymes s’écrivent de la même façon, mais se prononcent différemment, par exemple « fils (enfant) / fils (à coudre) », « mentions (du verbe mentir) / mentions (obtenir une mention au baccalauréat) », « couvent ( du verbe couver) / couvent (l’endroit où habitent les religieuses) », etc.

nous parlons des homophones et hétérographes lorsque deux homonymes se prononcent de la même façon, mais s’écrivent différemment, par exemple « ver (ver de terre) / verre b#%l!^+a? (récipient servant à boire) / vers (élément d’un poème ou bien préposition) / vert (couleur) / vair (vairon) », etc.

Généralement, nous réservons la notion d’homonymie aux cas où les mots sont d’origine différente, appartiennent à des catégories grammaticales différentes ou ont reçu des orthographes différentes. Mais le terme « homonymie » est utilisé aussi pour les mots de la même étymologie où le sens des mots a changé pendant l’évolution sémantique autant que nous ne sommes plus capables de voir aucun trait sémantique commun, par exemple « voler » du latin « volare » qui a en français deux sens « se déplacer dans l’air » ainsi que « dérober ».

Comme nous l’avons déjà exquis dans le chapitre précédent, il ne faut pas confondre l’homonymie et la polysémie. Pour pouvoir parler d’homonymie, il faut qu’il n’y ait aucun rapport de sens entre deux ou plusieurs mots considérés, par exemple le verbe « tendre » qui signifie « tirer sur une chose souple en la rendant droite » est l’homonyme de l’adjectif « tendre » parce qu’il n’y a aucun rapport de sens entre eux.

Enfin, l’homonymie, ainsi que la polysémie, peut causer des ambiguïtés si les locuteurs ne connaissent pas bien la langue. Il faut donc tenir compte de ce phénomène en apprenant la langue. En revanche, l’homonymie est une source riche des jeux de mots, notamment le jeu de mots appelé calembour. Celui-ci s’applique à des expressions figées bien connues ou à des situations que le contexte permet de décoder, par exemple « Dis-moi qui tu fréquentes et je te dirai qui tu hais. » où la forme verbale « tu hais » remplace la forme verbale « tu es » ce qui change complètement le sens. L’homonymie est également utilisé dans les slogans de publicité, par exemple « DIM moi tout. ».

Commençons par un texte d'école hors pair… ou la complexité des homophones b#%l!^+a?

« Monsieur Lamère a épousé Mademoiselle Lepère.

De ce mariage, est né un fils aux yeux pers. Monsieur est le père, Madame est la mère. Les deux font la paire. Le père, quoi que père, est resté Lamère, mais la mère, avant d'être Lamère était Lepère. Le père est donc le père sans être Lepère, puisqu'il est Lamère et la mère est Lamère, bien que née Lepère.

Aucun des deux n'est maire. N'étant ni le maire, ni la mère, le père ne commet donc pas d'impair en signant Lamère.

Le fils aux yeux pers de Lepère deviendra maire. Il sera le maire Lamère, aux yeux pers, fils de Monsieur Lamère, son père, et de Mademoiselle Lepère, sa mère.

La mère du maire meurt et Lamère, père du maire, la perd.

Aux obsèques, le père de la mère du maire, le grand-père Lepère, vient du bord de mer, et marche de pair avec le maire Lamère, son petit-fils.

Les amis du maire, venus pour la mère, cherchent les Lamère, ne trouvent que le maire et Lepère, père de la mère du maire, venu de la mer, et chacun s'y perd ! »

Deux termes sont dits homonymes s'ils ont le même signifiant (la même forme graphique) mais un signifié (sens) différent.

En envisageant les formes écrites et orales, on parle d'homophonie quand les mots se prononcent de la même façon, d'homographie quand ils ont la même orthographe.

car = substantif et car = conjonction sont des homophones homographes contrairement à vingt, vain, vin qui sont homophones non homographes.

Les difficultés rencontrées par les élèves sont :

d'ordre sémantique: flou dans le discours et gêne à la compréhension. Le contexte lève les ambiguïtés.

d'ordre orthographique

La svnonymie

Tout d’abord, synonymie est une relation entre deux ou plusieurs formes lexicales formellement différentes, c’est-à-dire elles se distinguent par leurs signifiants, mais elles ont le même sens, c’est-à-dire elles ont le même signifié. Nous appelons ainsi synonymes deux ou plusieurs mots de la forme différente mais de même sens ou de sens proche. Le mot « synonyme » vient du grec « sun » signifiant « avec » ou « ensemble » et de « onoma » signifiant « nom » ou « mot ». Le sens général d’une phrase reste le même ou approximatif lorsque nous remplaçons un ou plusieurs mots par un synonyme. Par exemple les phrases « Elle lit un livre intéressant. » et « Elle lit un bouquin passionnant. ».

Même si la relation synonymique est reconnue par le locuteur ordinaire, par la pratique lexicographique et par la didactique lexicale, nous ne pouvons pas parler de la synonymie absolue (du synonyme absolu) que dans quelques cas rares, par exemple les variantes de synonymes morphologiques « je m’assieds » et « je m’assois ». Pour la plupart des cas, il s’agit de quasi-synonymie (de quasi-synonymes), également appelée parasynonymie (parasynonymes) ou synonymie approximative (synonyme approximatif), ce qui signifie qu’un synonyme a un sens approximatif et qu’il existe une nuance de sens ou d’emploi. Néanmoins, les derniers termes ne sont pas trop utilisés et nous parlons souvent de synonymie même dans les cas de quasi-synonymie.

De ce point de vue, nous pouvons distinguer quatre catégories dans lesquelles le synonyme peut varier par rapport au mot d’origine :

précision, par exemple le mot « habitation » a pour ses synonymes mots comme « appartement », « maison », « chalet », etc. Ces derniers apportent les précisions sur le type d’habitat et sa location que le terme générique d’habitation ne fournissait pas.

intensité, par exemple la différence de degré des mots exprimant la colère comme « agitation », « agressivité », « dépit », « fureur », « furie », « rage », « violence », « impatience », « irritation », etc.

affectivité, en d’autres termes le synonyme peut présenter un sens plus favorable (mélioratif) ou au contraire moins favorable (péjoratif ou dépréciatif) que le mot qu’il remplace. Par exemple « homme » et ses synonymes « monsieur » ou « quidam ».

fonction du registre de langue qui peut être familier (ou même argotique), courant (appelé aussi standard ou médian) ou soutenu (appelé aussi soigné). Nous devons faire aussi la différence d’autres registres comme sexe (femme / homme), âge (enfant / adulte), géographie (ville / village, région, état), éducation, emploi, etc.

En ce qui concerne l’emploi, nous devons considérer le contexte donné car l’utilisation des synonymes y est strictement liée. Les synonymes sont, en principe, interchangeables, dans ce cas les synonymes sont appelés strictes ou nous pouvons parler d’équivalence bilatérale. Cette équivalence correspond à une relation logique d’implication réciproque. Par exemple dans la phrase « Elle touche (reçoit) sa paye le 27 du mois. » nous pouvons interchanger les mots « recevoir » et « toucher » sans changer le sens de la phrase.

De même avec les mots « voiture » et « auto » dans la phrase « Il vient de s’acheter une voiture (auto) ». Par contre, nous parlons d’équivalence unilatérale ou bien d’hyponymie et hyperonymie si, dans un contexte donné, un mot X comprend le sens d’un mot Y qui pourrait être mis à sa place mais que l’inverse n’est pas nécessairement vrai, nous disons que le mot X a un sens spécifique et qu’il est inclus (hyponyme) dans le mot Y dit générique (hyperonyme). Par exemple le mot « rose » par rapport au mot « fleur » dans la phrase « Il lui a offert une rose. ».

Ensuite, lorsque deux mots ont exactement le même sens, l’un d’eux finit par disparaître, se spécialise dans un registre donné ou change le sens comme l’exige l’économie de la langue. Par exemple les mots « nul » et « aucun » dans la phrase « Je n’ai nulle / aucune envie d’aller au cinéma avec lui. » dont « nul » est employé plutôt dans un registre de langue soutenu ou littéraire.

Comme nous avons déjà mentionné, le synonyme doit être adapté au contexte. Avant de remplacer un mot par un synonyme, il faut donc analyser le contexte parce qu’un même mot peut avoir, selon le contexte donné et le sens dans lequel il est utilisé, des synonymes différents. Par exemple le mot « vieux » signifie « âgé » dans la phrase « Mon grand-père a 95 ans, il est très vieux (âgé). » mais le même mot signifie « ancien » dans la phrase « Nous habitons dans une vieille (ancienne) maison avec une grande cave. ». Nous ne pouvons pas échanger le mot « ancien » et le mot « âgé » dans ces deux phrases même s’ils sont les synonymes du même mot « vieux ». b#%l!^+a?

Puis, le synonyme appartient à la même catégorie grammaticale que le mot qu’il b#%l!^+a?remplace, par exemple:

un nom peut être remplacé par le(s) synonyme(s) appartenant aussi dans la catégorie grammaticale des noms, par exemple « enfant » : « bambin, bébé, chiard, gamin, gamine, gosse, héritier, lardon, loupiot, loupiote, marmot, marmouset, mioche, môme, morpion, mouflet, moustique, moutard, pitchoun, pitchounet, poussin, progéniture, rejeton, etc. ».

un adjectif peut être remplacé par le(s) synonyme(s) appartenant aussi dans la catégorie grammaticale des adjectifs, par exemple « petit » : « anodin, banal, bas bénin, borné, court, courtaud, dérisoire, étriqué, étroit, exigu, faible, humble, infime, insignifiant, jeune, juste, limité, léger, maigre, malheureux, menu, médiocre, méprisable, mesquin, microscopique, mince, mineur, minime, minuscule, modeste, modique, négligeable, obscure, ordinaire, pauvre, quelconque, réduit, rétréci, simple, subalterne, etc. ».

un verbe peut être remplacé par le(s) synonyme(s) appartenant aussi dans la catégorie grammaticale des verbes, par exemple « manger » : « absorber, s’alimenter, altérer, attaquer, avaler, béqueter, briffer, bouffer, boulotter, consommer, corroder, enfourner, engloutir, engouffrer, grailler, ingérer, ingurgiter, mordre, se nourrir, prendre, se refaire, se restaurer, ronger, se sustenter, etc. ».

Enfin, la synonymie est importante non seulement parce que son emploi nous permet d’éviter des répétitions lourdes, notamment la répétition de mots fréquemment utilisés comme « avoir », « donner », « faire » ou « être », mais encore parce que les synonymes permettent d’affiner le discours en utilisant le mot juste. Par exemple le mot « avoir » dans la phrase « Mon père a une maison de campagne. » peut être remplacé par le mot « posséder ». De plus, les synonymes mettent en évidence la richesse de la langue.

Par ailleurs, à un niveau supérieur à celui du mot, des syntagmes ou des phrases qui s’interprètent comme des reformulations d’une même représentation sémantique constituent des paraphrases. Par exemple, la phrase « La radio a annoncé que Pierre démissionnait. » peut être paraphrasé par la phrase « La démission de Pierre a était annoncé à la radio. ». Nous recourons souvent à des paraphrases lorsque le synonyme pour une certaine expression n’existe pas. Cela arrive surtout quand un mot fait référence à une notion, à des êtres ou à des choses uniques ou particulières, par exemple « Paris » peut être appelé « la Ville lumière ».

La synonymie est un aspect fondamental de notre langue.

Les « synonymes parfaits » sont rares et on les trouve exclusivement dans le domaine scientifique : muflier et gueule-de-loup renvoie à la même fleur.

La plupart des mots ont des « synonymes partiels » (on peut dire plutôt parasynonyme ou quasi-synonyme) et offrent :

parfois des différentes intensités : fatigue, lassitude, épuisement,… ; inquiétude, peur, frayeur, terreur, épouvante,…

généralement, une équivalence avec un des sens du terme. La synonymie ne concerne, en fait, qu'une partie du sens. C’est pourquoi elle est à mettre en relation avec la notion de polysémie.

Ainsi l'adjectif « délicat » aura des synonymes différents dans des contextes différents faisant apparaître ses divers sens :

Un enfant délicat = un enfant maladif, chétif – un tissu délicat = un tissu fragile – un sujet délicat = un sujet difficile, embarrassant…

Deux synonymes ne sont donc pas systématiquement substituables : on dit indifféremment qu'une lame est pointue ou aigüe » mais on parlera d'un cri aigu et d'une bronchite aigüe sans pouvoir employer le terme pointu.

La synonymie dépend aussi :

des variations temporelles : bru (plus usité de nos jours) / belle-fille

des variations géographiques : septante / soixante-dix

des variations liées à l'opposition entre langue courante et langue spécialisée : rhume/rhinite ; migraine/céphalée

des emplois : en théorie briser, rompre et casser sont synonymes mais on dira briser la glace, rompre un traité, le silence ou le pain; casser sa tirelire, le sucre ou les pieds; …

Certains synonymes absolus n'ont pas non plus le même emploi : sel et chlorure de sodium seront strictement équivalents mais on utilisera l'un de préférence à l'autre dans certaines circonstances. « Il est le sel de ma vie. » « Passe-moi le sel » et non « Passe-moi le chlorure de sodium ».

de la notion de registre de langue : automobile/ voiture/ bagnole ; bicyclette/ vélo /bécane,…

des tabous qu'une société se donne : décéder plutôt que mourir; handicapé plutôt qu'infirme; jusqu'à l'euphémisme ; longue maladie / cancer; technicien de surface / balayeur; demandeur d'emploi/ chômeur

Des pistes…

+ Jeu.de mémory appliqué aux synonymes une douzaine de paires : Gagner le plus grand nombre de paires possible. Travail avec la mémorisation et les pertinences lexicales.

+ Jeu de dominos appliqué aux synonymes exemples avec une série à 4 (possible à 5):

Principe de composition

+ Jeu de Loto appliqué aux synonymes

+ Jeu des familles appliqué aux synonymes

L'antonymie

« Tout d’abord, antonymie est une relation entre deux formes lexicales formellement différentes, c’est-à-dire elles se distinguent par leurs signifiants, et de sens contraire, c’est-à-dire leur signifié est contraire. Les antonymes sont donc les mots qui s’opposent directement l’un à l’autre par le sens. Le mot antonyme vient du grec « ant(i) » signifiant « en face de » ou « contre » et de « onoma » signifiant « nom » ou « mot ». Le sens d’une phrase change de fond en comble lorsque nous remplaçons un ou plusieurs mots dans la phrase par un antonyme. Par exemple « Cette fille est très belle. » et « Ce garçon est laid. ». »

Ensuite, nous distinguons traditionnellement quatre types de relation antonymique :

antonymie complémentaire (appelée également antonymie contradictoire, opposition binaire ou antonymie-même), nous parlons de ce type d’antonymie lorsque les antonymes correspondent à des paires exclusives où  deux mots en relation de contraire s’excluent réciproquement, c’est-à-dire la présence de l’un nie la présence de l’autre et les deux ne peuvent pas être niés simultanément.

Le mot est ici équivalent à la négation de son antonyme, par exemple les paires « masculin / féminin », « mort / vivant » ou « absent / présent » comme dans la phrase suivante : « J’étais présent / absent à la réunion d’hier. ». Ces antonymes ne peuvent  se trouver co-présents que dans une successivité « Elle a monté la chaise et puis elle l’a descendu », dans une alternance « Elle est belle ou laide ? » ou dans le cas où les domaines d’application sont différents « Elle est physiquement présente mais intellectuellement absente. ». Si un de ces termes est nié cela implique logiquement la présence de l’autre terme, son contraire, ou bien celle du terme dit neutre lequel neutralise cette opposition, par exemple « Si elle n’est pas grande, elle est donc petite ou moyenne. », « Si elle n’est pas sympathique, elle est alors antipathique ou b#%l!^+a?indifférent. », etc. Certaines de ces paires de contraires n’ont pas de mot qui correspond au terme neutre, par exemple « mort / vivant » ou bien « présent / absent ». b#%l!^+a?

antonymie gradable (appelée également antonymie contraire, opposition sérielle ou co-hyponymie), nous parlons de ce type d’antonymie lorsque plusieurs termes correspondent à des degrés différents de la même notion, c’est-à-dire il y a une gradation visible.

Par exemple « glacé / froid / frais / tiède / chaud / brûlant ». Les différents termes sont alors mutuellement exclusifs comme dans la phrase suivante « Si je dis que l’air est chaud, il n’est ni glacé, ni froid, ni frais, ni tiède, ni chaud, ni brûlant.». En revanche, la négation de l’un des termes n’implique pas l’affirmation de tous les autres, le choix reste donc ouvert entre tous les autres antonymes de la série comme dans la phrase suivante « Si je dis que l’air n’est pas chaud, nous ne savons pas s’il est glacé, froid, frais, tiède, chaud ou brûlant.».

Parfois la sélection des mots appartenant à la même catégorie est fermée, par exemple les jours de la semaine « lundi / mardi / mercredi / jeudi / vendredi / samedi / dimanche » ou bien cette sélection peut être ouverte, par exemple moyen de transport « voiture / bus / train / car / avion / vélo / bateau / navire / camion / moto / etc. ».

antonymie converse (appelée également couple de termes ou opposition symétrique), nous parlons de ce type d’antonymie lorsque deux mots s’impliquent réciproquement et simultanément, par exemple « père / fils », « mère / fille », « oncle / neveu », « tante / nièce », « donner / recevoir », « prêter / emprunter », « acheter / vendre », « mari / femme », etc.

Contrairement à la relation antonymique complémentaire dans laquelle la négation de l’un des termes implique la présence obligatoire de son contraire ou bien de terme neutre, dans le cas d’antonymie converse la négation de l’un des termes entraîne la négation de son contraire, donc « Si François n’est pas le père de Luc, celui-ci ne peut pas être le fils de François. ». À l’état isolé, ce sont donc des termes relationnels de sens contraire, mais dont la permutation des arguments produit des expressions paraphrastiques, par exemple « Paul est le fils de Simone. / Simone est donc la mère de Paul. ».

opposition asymétrique, nous parlons de ce type d’antonymie lorsqu’un mot présuppose l’existence de l’autre mais cette relation n’est pas réciproque, par exemple le mot « répondre » présuppose l’existence du mot « demander » mais la relation réciproque n’est pas vraie.

De la même manière que le synonyme, l’antonyme doit être adapté au contexte. Avant de remplacer un mot par un antonyme, il faut donc analyser le contexte parce qu’un même mot peut avoir, selon le contexte donné et le sens dans lequel il est utilisé, des antonymes différents. Par exemple l’adjectif « vieux » qui signifie « âgé » dans la phrase « Mon grand-père est vieux (âgé). » prend pour son antonyme, dans ce contexte, l’adjectif « jeune » comme dans la phrase suivante « Mon grand-père est jeune. » ; au contraire l’adjectif « vieux » signifie « ancien » dans la phrase « Nous habitons dans une vieille (ancienne) maison. » qui prend pour son antonyme cette fois-ci l’adjectif « nouveau » comme dans la phrase suivante « Nous habitons dans une nouvelle maison. ». Nous ne pouvons pas utiliser dans les deux phrases le même antonyme.

Comme nous avons déjà mentionné dans le paragraphe précédent, quelques mots peuvent avoir plusieurs antonymes selon le contexte. De ce point de vue, nous pouvons diviser antonymie en deux catégories :

antonymie absolue que nous pouvons observer lorsqu’un mot est monosémique, c’est-à-dire lorsqu’un mot a seulement un seul sens. Ces mots ont pour antonyme un autre mot lui aussi monosémique. Par exemple « devant / derrière », « avant / après », etc.

antonymie partielle que nous pouvons observer lorsqu’un mot est polysémique, c’est-à-dire lorsqu’il peut avoir plusieurs sens. Par conséquent, ce mot prend des antonymes différents selon son sens déterminé par le contexte et ces antonymes ne peuvent pas être remplacés l’un par l’autre. Par exemple le mot « encaisser » qui a deux sens différents : premièrement, le mot « encaisser » signifie « mettre en caisse », dans ce cas il peut être remplacé par l’antonyme « décaisser » ou « déballer » comme dans la phrase « Elles ont encaissé les bouteilles ce matin. » ce qui nous donne la phrase contraire « Elles ont décaissé / déballé les bouteilles ce matin. »  ; deuxièmement, le mot « encaisser » signifie « toucher, recevoir de l’argent, les valeurs ou les recouvrer  », dans ce cas il peut être remplacé par l’antonyme « payer » ou « verser » comme dans la phrase « Elle a encaissé 30 euros pour ce livre. » ce qui nous donne la phrase contraire « Elle a payé 30 euros pour ce livre. ».

Puis, l’antonyme, également que le synonyme, appartient à la même catégorie grammaticale que le mot qu’il remplace, par exemple :

un nom prend pour son antonyme un autre nom, par exemple « gentillesse » : « acrimonie, brutalité, dureté, férocité, méchanceté, noirceur, rudesse, sauvagerie, sécheresse, sévérité, violence, etc. ».

un adjectif prend pour son antonyme un autre adjectif, par exemple « riche » : « aride, austère, chiche, dépouillé, démuni, dénué, dépourvu, désargenté, gêné, humble, impécunieux, indigent, infertile, ingrat, maigre, malheureux, misérable, miséreux, modeste, nécessiteux, pauvre, raide, ras, simple, sobre, stérile, etc. ».

un verbe prend pour son antonyme un autre verbe, par exemple « monter » : « abaisser, baisser, débouler, déglinguer, démantibuler, démolir, démonter, descendre, désorganiser, dévaler, diminuer, disloquer, miner, perturber, rabaisser, réduire, saper, etc. ».

En ce qui concerne la formation des antonymes, nous pouvons distinguer trois différentes façons. L’opposition de sens se fait donc entre:

deux mots ayant des racines différentes, par exemple « accepter / refuser », « petit / grand », « gentil / méchant », etc.

deux mots ayant la même racine qui prennent des suffixes de sens opposé, par exemple « francophile / francophobe », « centripète / centrifuge », etc.

deux mots ayant la même racine qui prennent des préfixes de sens opposé. Cette opposition se fait principalement par les préfixes in- « acceptable / inacceptable », il- « lisible / illisible », im- « parfait / imparfait », ir- « régulier / irrégulier », mal- « chance / malchance », mé- « content / mécontent », més- « estimer / mésestimer », dis- « joint / disjoint », a- « normal / anormal », dé- « faire / défaire », dés- « s’intéresser / se désintéresser », etc.

En outre, les préfixes expriment parfois non seulement une simple négation mais encore ils sont utilisés pour marquer une opposition :

de degré, par exemple « hypotension / hypertension », « sous-estimer / surestimer », « microéconomie / macroéconomie », etc.

de nombre, par exemple « monogame / polygame », « unilatéral / bilatéral », « unidirectionnel / omnidirectionnel », etc.

dans l’espace, par exemple « exogène / endogène », « extraverti / introverti », « exporter / importer », etc.

dans le temps, par exemple « néolithique / paléolithique », « antidater / postdater », « avant-guerre / après-guerre », « prospective / rétrospective », etc.

Enfin, les antonymes sont employés pour des raisons diverses. Premièrement, nous les utilisons notamment pour éviter l’emploi d’un mot au profit de son contraire utilisé à la forme négative, dans ce cas nous parlons de litote, c’est-à-dire une figure de rhétorique qui sert à atténuer un propos, par exemple à la place de dire « Il est vieux. » nous dirions « Il n’est plus tout jeune. ». Deuxièmement, les antonymes avec la négation sont souvent utilisés par les apprenants pour exprimer une idée contraire pour laquelle ils ne connaissent pas le mot, par exemple la phrase « Il est petit. » peut être remplacée par la phrase « Il n’est pas grand. ».

L'antonymie est l'opposé de la synonymie : c'est la relation entre deux termes de sens contraires. Elle joue un rôle essentiel car l'homme catégorise souvent l'expérience en termes de contraires et d'oppositions.

Mais on ne peut comparer que ce qui est comparable. On n'opposera pas miroir et crayon, par exemple, parce qu'il n'y a aucune communauté de sens entre les deux : il faut des sèmes communs. En revanche, il est possible d'opposer père et mère parce qu'ils ont des sèmes communs (êtres humains, parents) et s'opposent dans un sème (sexe différent). On peut aussi opposer blanc/noir, jeune/vieux, mort/vivant,…

On différencie aussi les antonymes lexicaux : bête/intelligent et les antonymes morphologiques formés à partir de préfixe (inintelligent, déraisonnable, illisible)

Comme pour les synonymes partiels et absolus, les antonymes sont en relation avec la polysémie d'un terme : généralement, ils ne s'opposent qu'à un sens d'un mot polysémique. b#%l!^+a?

On peut faire apparaître la polysémie par le jeu de synonymes et antonymes.

Par exemple : je vais vous donner un groupe nominal et vous me donnerez synonyme et antonyme

Des pistes…

Les mêmes que les synonymes avec des antonymes…

Les « mots-étiquettes »

Il n'y a pas seulement des rapports d'identité (synonymie) ou d'opposition (antonymie) entre les termes. Il peut y avoir des rapports de hiérarchie et d'inclusion, comme ceux qui lient les termes chat et animal. Le second est un terme plus général qui inclut le premier.

Animal est l'hyperonyme (mot étiquette-terme générique) de chat considéré comme un hyponyme.

La majorité des mots appartiennent à une classe de référents et même à plusieurs classes qui peuvent s'emboîter les unes dans les autres :

Banane, ananas, goyave, noix de coco sont des co-hyponymes du mot générique fruits exotiques, lui-même hyponyme d'un terme plus général encore : fruit

Un hyperonyme peut toujours être employé à la place d'un hyponyme mais l'inverse en revanche n'est pas possible.

Un caniche est un chien. -> Un chien n'est pas un caniche….

De ce fait, cette capacité à classer des termes dans les rubriques plus générales renvoie aux activités de catégorisation des objets du monde que les enfants exercent dès la maternelle qui sont déterminantes dans l'organisation du lexique.

C'est ainsi que les propriétés des objets vont se préciser et le lexique se structurer.

Sans cette faculté d'abstraction et de conceptualisation, le monde serait chaotique et éclaté. C'est donc un élément essentiel de l'organisation humaine.

A partir des apprentissages fondamentaux, la hiérarchisation entre les catégories et leur emboîtement les unes dans les autres devient explicite et permet aux élèves de comprendre (et donc d'écrire) des définitions de dictionnaire qui procèdent, en allant, en général, du général au particulier, du genre à l'espèce.

Ne pas confondre terme générique et champ lexical :

Exemple : livre comme terme générique et comme champ lexical

Livre est le terme générique de manuel, dictionnaire, atlas, album… Livre peut remplacer n'importe lequel des hyponymes qui lui sont attachés.

Mais, dans le champ lexical très large de livre, on peut trouver: page, feuille, imprimerie; chapitre, Goncourt, marché, quai de Seine, bibliothèque… mais livre ne peut pas remplacer chacun de ces mots. J'entre dans la bibliothèque ≠ J'entre dans le livre

Travailler sur un champ lexical permet parfois des regroupements autour de plusieurs termes génériques : ainsi, le champ lexical de la ville peut contenir les termes génériques comme commerces, lumières, transports, voies de communication.

Le vocabulaire spécifique

A l'école, on vise à faire acquérir aux enfants le vocabulaire courant – et même, dans un premier temps, le français fondamental – mais chaque matière développe une terminologie spécifique. Circulent donc aussi des termes particuliers renvoyant :

au mathématiques : segment, arête, sommet, angle, rayon,…

aux sciences : chlorophylle, vaisseau, fusion,…

à l'histoire : vassal,…

à la géographie : continent, littoral, planisphère,…

à la musique : pulsation, rythme, temps,…

aux arts visuels : nature morte, burin, estampe,…

au français : groupe nominal, synonyme, fonction, strophe,…

Les termes qui composent ces vocabulaires spécifiques sont de plusieurs sortes. On trouve:

Des mots monosémiques : c'est un cas fréquent car les langues de spécialité cherchent à éviter toute équivoque. Elles ont donc créé des mots qui ne sont pratiquement jamais utilisés dans le vocabulaire courant et qui n'ont qu'un seul sens. En géographie par exemple toundra, mégalopole de même estuaire n'a qu'un seul sens attesté par le dictionnaire. Ces mots sont strictement définis, le but étant de cerner le concept de la manière la plus fine possible. Du coup, le sens peut paraître obscur au non-spécialiste et doit faire l'objet d'un apprentissage explicite si l'on veut qu'il soit acquis.

En revanche, un terme très technique de départ peut devenir courant, sa diffusion concourant alors à sa banalisation : exemple le vocabulaire informatique avec le développement au grand public.

Des mots polysémiques utilisés couramment mais dont on « spécialise » un des sens :

Par exemple, les mathématiques emploient le mot sommet qui comporte plusieurs sens ?numérotés dans le dictionnaire (Le Petit Larousse 2003)

La partie la plus élevée, le haut

Degré suprême d'une hiérarchie, point culminant

Conférence au sommet : conférence internationale réunissant les dirigeants d'un pays concerné par un problème particulier b#%l!^+a?

Géométrie : point commun à deux côtés consécutifs d'un polygone.

Seul le dernier sens est spécialisé.

A l'intérieur du domaine de spécialité, les mots peuvent encore être polysémiques. Exemple longueur qui prend un sens différent suivant le contexte : ce terme renvoie à une grandeur qui peut être mesurée ou non mais aussi au côté particulier d'un rectangle.

Des groupes nominaux : un mot considéré comme trop polysémique peut être précisé par l'adjonction d'un groupe qui restreint la signification à une acceptation beaucoup plus précise.

Exemples : circulation sanguine, réseau de communications; groupe verbal…

Les difficultés dans la classe

Ces difficultés sont à mettre en relation avec différents facteurs.

Le nombre de termes spécialisés : il peut être énorme, (pour un 6ème = 6000 mots dans l'année).

Leur apparente simplicité : si certains termes affichent leur complexité d'autres, sous des dehors plus transparents, peuvent être des obstacles à la compréhension exacte.

Le cloisonnement entre le français et les autres disciplines qui ne favorise pas la circulation des savoirs (un mot comme sommet peut se retrouver en géo, en maths et dans un texte littéraire), ni leur fixation : des mots spécialisés devraient pouvoir être traités et systématisés dans les séances de vocabulaire à part.

La distorsion qui devient trop importante entre vocabulaire actif et passif : or, on sait que l'on doit travailler avec les élèves sur le passage du vocabulaire passif connu ou mal connu, en tout cas non utilisé, au vocabulaire actif, c'est-à-dire effectivement mobilisable dans les discours courants. Les termes spécialisés sont employés lors d'une seule séance – parfois quelques-unes – de façon courte pour qu'ils soient fixés durablement dans le stock lexical. Les enfants acquièrent beaucoup de mots nouveaux qu'ils n'utilisent pas et dont ils ne connaissent que partiellement le sens.

Les moyens préconisés

En ce qui concerne l'apprentissage :

Souligner le terme dans la leçon, le définir, donner un exemple pour le contextualiser

Faire éventuellement une liste de mots spécifiques en fin de séquence et/ou établir un glossaire en fin de classeur ou de cahier concerné ou le joindre au cahier de vocabulaire

Retrouver ces mots dans une leçon de français car ils se prêtent à des observations fructueuses :

sur l'étymologie et la dérivation : carnivore, frugivore, herbivore, omnivore … sont mieux retenus quand on comprend la valeur du radical carnivore et carnassier ont le même car la même origine latine carnis = viande et du suffixe commun à tous ces mots -vore qui vient du latin et veut dire dévorer.

Analyser les composantes du mot stabilise la signification.

sur la nominalisation qui permet de condenser la pensée mais la rend moins accessible. Or, elle est très utilisée en sciences : des mots comme condensation, évaporation, solidification ; ébullition … sont des exemples parfaits pour analyser la suffixation nominale, en séance de vocabulaire.

Penser à créer des outils récapitulatifs. Rassembler tous les mots appris dans une séquence sur une même feuille pour un stockage plus opératoire comme on le fait pour les champs lexicaux ou le vocabulaire littéraire.

Il faudra utiliser régulièrement ces outils en faisant des jeux

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