La Bretagne, Terre D’histoire Et DE Legendes
CHAPITRE 1
LA BRETAGNE, TERRE D’HISTOIRE ET DE LEGENDES
La Bretagne est un peu plus qu’une région : tant de mystères et d’histoire lui sont attachés qu’elle s’enracine au plus profond de notre inconscient. Ici plus qu’ailleurs la vie des hommes est intimement liée à la nature. La mer, la forêt et les landes sont au cœur de l’âme bretonne. Il n’est pas un chêne, pas une roche qui ne soit pas sacré ou thème de superstition : les celtes et leurs cortèges de druides nous ont laissé les traces de leur vénération pour cette nature aux nombreux symboles.
La parenté des anciennes nations celtes n’est pas seulement historique et culturelle, mais bel et bien physique. Un même esprit de liberté et de mystère souffle sur ces terres.
Histoire
L’arrivée des bretons.
Les hommes de l’âge de pierre ont été succédés il y a deux milles ans par des autres hommes qui avaient des outils en fer, les Celtes (ou les Gaulois). Ils ont appelé leur presqu’île, Armorique ou Pays de la mer. Ils se sont organisés en cités correspondant un peu aux départements actuels.
L’Armorique perpétue dans la partie occidentale une migration ancienne des hommes de la même civilisation que les Celtes, déjà chrétiens et qui avaient conservé leur langue et leurs usages. C’était les Bretons. Ils sont venus de l’île de Bretagne (la Grande-Bretagne actuelle), dans la péninsule armoricaine, vaste territoire est peu peuplé et parce que la Gaule était elle-même celtique, car ils ont été attaqué par les saxons, les angles, les barbares venus de Germanie, les Scots d’Irlande et les Pictes d’Ecosse.
L’époque romaine.
L’Armorique a été soumise par les romains, commandés par Jules César. Les romains ont occupé le pays pendant cinq cents ans, ils ont bâti des villes et les ont reliées par des routes, les voies romaines. Peu à peu les Celtes ont adopté la langue et la civilisation des Romains.
A partir du IVe le christianisme s’est répandu en Armorique mais il a été persécuté par les Romains. Lors des invasions Barbares, les Romains ont quitté l’Armorique qui change de nom, elle devient Bretagne (Britannia), la première désignation date de la fin du VIe siècle.
Les émigrations se poursuivent pendant plusieurs siècles (peut-être jusqu’au IXe siècle), favorisant l’extension du catholicisme.
A partir du VIe jusqu’au VIIIe siècle les bretons défendent leur territoire face aux affrontements de leurs puissants voisins les mérovingiens, puis les carolingiens qui aspiraient à l’intégration de cette région au royaume franc.
La Bretagne devient royaume.
Le Breton Nominoë, le premier Roi breton, bat les troupes du roi carolingien Charles le Chauve près de Redon : la Bretagne devient indépendante du royaume. Nominoë consolide son unité et ses institutions. Les abbayes bretonnes connaissent leur plus grand rayonnement culturel.
La langue bretonne commence à se faire entendre. C’est pourquoi Nominoë est considéré comme le père de la nation bretonne.
La Bretagne devient duché.
A la mort du roi Alain I, nommé le Grand, les grandes dynasties (Cornouaille, Rennes, Nantes) s’affrontent pour le contrôle du territoire breton et les invasions normandes (ou vikings) mettent un terme à ce développement culturel et auront pour principales conséquences la perte du territoire, l’exil d’une partie importante des communautés religieuses et la transformation du royaume en duché.
Il faut attendre l’année 939 pour qu’Alain II de Bretagne dit, Barbetorte ou, Al louarn (en breton, Le renard), premier duc de Bretagne, parvienne à chasser les redoutables Normands.
En Grande et Petite Bretagne (c’est le nom donné à cette époque à l’Armorique), un autre roi prend place dans la légende. Il s’appelle Arthur, et il va ouvrir le cycle de la Table Ronde. Il est l’expression de l’anarchie qui régnait. Il essaie de remettre un peu d’ordre.
Après la mort du duc de Bretagne Arthur Ier, Philippe II impose à la Bretagne une dynastie des ducs capétiens jusqu’à la mort de Jean III, qui ne laisse pas d’enfant.
Philippe IV le Bel en reconnaissance de la fidélité des souverains bretons aux capétiens, reconnaît officiellement le titre de Duc de Bretagne en 1297.
Du Xe au XIVe siècle malgré les conflits dynastiques et les interventions anglaises et françaises, les ducs de Bretagne réussissent à renforcer l’unité et l’administration du territoire jusqu’à la Guerre de Succession de Bretagne qui débute en 1341 (durant la Guerre de Cents Ans). La couronne est disputée entre Jean de Montfort, soutenu par les Anglais et Charles de Blois, appuyé par les Français. La guerre a durée 23 ans et se termine par la victoire de Jean de Montfort à Auray. Cette guerre a permis à Bertrand du Guesclin de se faire connaître.
Ces temps de batailles font pousser les fortifications, qui se dressent dans l’est et sur le littoral les forteresses avec leurs donjons habitables défient toujours l’horizon.
A l’abri des remparts la vie s’organise. Les cités accueillent des archers et des chevaliers. Les maisons à pan du bois font leur apparition.
La Bretagne connaît son apogée artistique sous le règne des ducs de Montfort. Cette période de faste voir s’épanouir le style gothique, illuminé par des magnifiques vitraux et se développer les cathédrales.
Dans les cités, un important patrimoine architectural se tisse. Ce développement se voit dans la construction des demeures qui passent du bois à la pierre.
Les maisons des marchands, aux façades fortes décorées, témoignent de la richesse grandissante.
La Bretagne se structure.
La Bretagne se reconstruit, aux XIVe et XVe siècle, l’administration se met en place et la Bretagne connaît une prospérité économique, notamment pour ce qui concerne les échanges maritimes. L’indépendance de la Bretagne vis-à-vis de ses voisins français et anglais s’achève vers la fin du XVe siècle.
Anne, la fille de François II, duc de Bretagne devient duchesse, après la mort de son père.
En 1491, en épousant Charles VIII, elle accède au trône de France. Ce mariage devait assurer la paix entre le royaume de France et le duché de Bretagne.
Elle perpétue l’indépendance de la Bretagne et contribue également à son développement.
Après la mort de Charles VIII, elle épouse Louis XII. De cette union ils auront deux filles Renée et Claude. Cette dernière épousera le futur François Ier et lui offrira le duché de Bretagne en 1514. Anne de Bretagne a donc été la dernière souveraine de la Bretagne indépendante.
L’intégration au royaume de France.
La Bretagne s’unifie avec le Royaume après qu’elle ait réussi à garder son indépendance pendant 700 ans, malgré les actes d’hostilités menées par l’Angleterre et la France, fort intéressées par le duché. L’intégration au royaume de France se déroule bien grâce à la prospérité que connaît la Bretagne aux XVIe et XVIIe siècles. Pendant cette période la Bretagne connaît l’essor d’une agriculture diversifiée, et surtout d’une industrie toilière dans les pays de Léon, Quintin, Loudéac qui exportent en Angleterre, en Espagne et dans les colonies d’Amérique.
Après sa réunion à la France, la Bretagne sagement gouvernée, vécut en paix jusqu’aux Guerres de Religion.
La Sainte Ligue trouve en Bretagne de chauds partisans et Mercœur, qui gouvernait à ce moment-là la province et un catholique zélé, révolté contre un Roi de France non catholique, Henri IV. Celui –ci publie l’Edit de Nantes qui met fin à la Guerre de Religion. La Bretagne sort ruinée et pendant neuf ans, connaît la peste et la famine.
La paix est encore perturbée sous le règne de Louis XIV. Les constructions de Versailles, le luxe de la Cour, la guerre de Hollande amenèrent Louis XIV à créer des impôts nouveaux qui ont produit un vif mécontentement en Bretagne. Cette crise révèle la grande révolte des Bonnets Rouges dites aussi la révolte du Papier Timbré.
C’est dans cette période que commence le célèbre pèlerinage de Sainte-Anne d’Auray.
Les intermèdes de paix permettent aux grands ports de se développer, mais pour le monde paysan s’ouvre une période de renfermement local et de pauvreté accentuée par des poussées démographiques, pour plus de deux siècles. Dès cette époque les migrations vers les villes s’intensifient et le visage de la Bretagne évolue.
La période de la révolution.
Au XVIIIe siècle, l’administration du royaume est de plus en plus présente sur le territoire breton. Les Etats de Bretagne ne parviennent plus à maintenir leur autorité face aux exigences, en particulier fiscales, de la monarchie. Le Parlement de Rennes est supprimé et la Bretagne est divisée en 5 départements en 1790.
La révolution et la persécution religieuse provoquent des rebellions de Bretons qui étaient très attachés à leur prêtres et qui prennent en Bretagne le nom de chouannerie( un mouvement paysan) appelé ainsi parce que les insurgés ont adopté comme signe de ralliement le cri de la chouette.
Si les chouans n’ont pas réussi dans leur but politique, ils ont forcé Bonaparte à faire la pacification religieuse de l’Ouest et de toute la France. La République en guerre craint la contre-révolution et la réprime durement.
La Bretagne contemporaine.
Au début du XIXe siècle la Bretagne vit du commerce maritime. Néanmoins sous la révolution et l’Empire c’est le blocus continental. Il n’y a plus de commerce maritime il y a que des combats navals et la Guerre de courses.
La Guerre maritime ruine l’économie de la province et la Bretagne devient très pauvre. Ses ports sont en déclin, il n’y a pas de communication vers l’extérieur.
La Bretagne est essentiellement agricole. Les paysans vivent dans leurs fermes qui sont surtout dans l’autosubsistance, la moitié d’entre eux sont locataires de leurs terres.
La période révolutionnaire laisse une trace profonde dans la mémoire collective bretonne.
La sortie de ce marasme se fait progressivement. La côte découvre des activités nouvelles, la pêche et les conserveries. Par contre, l’intérieur du pays est beaucoup plus isolé.
On a essayé de développer l’activité dans le centre du pays via le Canal de Nantes à Brest, inauguré en 1840 qui permet d’acheminer les engrais notamment la chaux, pour les terres qui sont trop acides. L’agriculture se développe, on parle d’un nouvel essor et aussi de l’élevage.
La Bretagne connaît le développement des mouvements autonomistes au début du XXe siècle. L’idée de nation bretonne se manifeste de plus en plus. Des poètes et des écrivains défendent la langue bretonne en écrivant dans la vieille langue de l’Armorique. Ils mettent en valeur l’histoire bretonne et forgent peu à peu la conscience politique bretonne.
A cette époque le Ministre de l’Instruction Publique lance une politique de scolarisation intensive sur la seule langue française. Les méthodes appliquées pour apprendre le français aux bretons sont vécues comme une répression.
L’essor de la scolarisation permet aux bretons de rattraper une partie de leur retard. Les paysans bretons, conscients des transformations socio-économiques qui touchent la région et brisent partiellement son isolement, sont attentifs à ce que l’éducation de leurs enfants leur permettre de s’intégrer dans ce processus.
La Révolution industrielle apporte des meilleures conditions de vie aux paysans dans les campagnes bretonnes, mais l’effondrement de l’industrie toilière entraîne l’émigration des ouvriers bretons vers Paris avec l’aide du chemin de fer qui est en place et beaucoup d’autres vont partir vers les ports.
L’effort de guerre breton.
Pendant la Première Guerre Mondiale les bretons ont payé un lourd tribut. La Bretagne se distingue par une forte activité de la Résistance. Cinq cents déporté juifs de Bretagne perdent leur vie dans les camps de concentration nazies.
L’impact de la guerre se manifeste par la modernisation du mode de vie et une francisation culturelle. En 1941, sous le régime de Vichy la Loire-Inférieure est séparée du reste de la Bretagne.
Bretagne moderne.
A la Liberation, la Bretagne doit repondre à deux impératifs: réconstruire les villes detruites pendant les bombardements et combler le lenteur économique du siècle passé.
Durant cette période des réalisations innovantes sont commencées en Bretagne, comme le plan routier breton. A partir des années ’60 la Bretagne rurale change de visage. Un outil majeur de la restructuration c’est la création des coopératives agraires, qui deviennent des grandes puissances économiques. A la même période, le quotidien rennais Ouest France devient le journal le plus diffusé en France. Le developpement de l’enseignement supérieur et la construction d’une université à Brest sont une préuve du dynamisme intelectuel de la région.
Ces années marquent la fin de l’isolement .
La Bretagne aujourd’hui.
La Bretagne d’aujourd’hui a appris à valoriser son identité. Elle est devenue terre d’innovation et de recherche. Sans nier son passé, elle s’inscrit dans une culture contemporaine et parvient à concilier identité et ouverture. La région s’est rapprochée du reste de la France, tout en affirmant une identité originale fortement ressentie et assumée par ses habitants.
Religiosité spécifique
« La religion est la forme sous laquelle les races celtiques dissimulent leur soif d’idéal. », Ernest Renan, exprimant par suite le rôle primordial des croyances religieuses dans la vie et l’histoire des Bretons. Croyances d’une grande variété, formées par l’accumulation au cours des siècles de nombreuses strates depuis le culte des forces naturelles au temps de mégalithes jusqu’à la transformation actuelle du catholicisme.
L’histoire religieuse est au cœur de l’histoire bretonne. Entre les bretons et le surnaturel, les relations ont toujours été complexes et turbulentes.
Si toute histoire religieuse d’un peuple est la manifestation de la recherche intérieure de l’homme face au mystère du divin, alors l’histoire religieuse de ce pays commence bien des millénaires
avant que les Bretons ne quittent leur île pour venir s’y installer et lui donner un nom.
Les populations néolithiques
Les alignements de Carnac ont longtemps été attribués aux Gaulois. Ces pierres gardent encore aujourd’hui un mystère. On y pense voir des temples celtiques ou bien des cultes druidiques du serpent en raison de la forme sinueuse des alignements.
D’après les récentes études et découvertes scientifiques les populations de néolithique y affirmaient déjà fortement leur croyance lorsqu’ils édifièrent les sépultures monumentales que sont les tumulus et les dolmens. Plus tard se sont dressés les menhirs, alignés en files impressionnantes, comme ceux de Carnac. La recherche scientifique n’a pas réussi à leur trouver d’autre signification que religieuse.
Le druidisme en Armorique.
Sacralisant toutes les expressions marquantes de la vie et de la force dans la nature, les sources, les arbres, la foudre, les celtes les attribuaient à des puissances diverses sans qu’il soit possible de déterminer si ce panthéon était pour eux autre chose qu’un esprit divin présent dans l’univers.
La même orientation les conduisait à faire leurs temples de ces bois sacrés où dans les clairières la terre semblait rejoindre le ciel. Une bonne part de cette spiritualité celtique se perpétuera longtemps même sous l’enveloppe chrétienne : fontaines sacrées ou sommets dédiés à l’archange saint Michel. Bien des lieux encore aujourd’hui gardent quelque chose de cette imprégnation celtique, comme la forêt de Brocéliande.
« César affirme que « Tout le peuple gaulois est très religieux », soulignant ainsi la différence essentielle entre deux manières d’aborder le religieux : l’une, conventionnelle chez les romains et l’autre, celle des celtes, spirituelle, quête du divin à travers toutes ses manifestations. »
Autant de témoins d’une évangélisation qui semble s’être faite sans heurts, parce qu’elle s’est employée à assumer le passé plutôt qu’à le détruire.
César dans son ouvrage sur la Guerre de Gaule présentent les druides comme une catégorie privilégiée. Les druides connaissaient l’écriture mais ils transmettaient les choses importantes de vive voix. Ils s’occupaient des pratiques religieuses, d’enseigner et de rendre la justice, ils étaient les seules qui pouvaient communiquer avec les dieux.
La tradition fut aussi perpétuée par les Bardes sous la forme des contes et des chansons.
Les Celtes croyaient en la réincarnation, c’est une des raisons pour laquelle ils étaient de féroces combattants, selon eux la mort était le milieu d’une longue vie.
La religion Druidique est une religion païenne, le mot païen fut créé par les Chrétiens pour qualifier les religions polythéistes, mais il veut dire en réalité Paysan.
Comme pour beaucoup de religions antiques, les Druides rythmaient leur vie et leurs fêtes d’après les cycles de la nature. Ils étaient polythéistes mais aussi panthéistes, leur sagesse passait par le respect de la Terre, la Mère et de la Nature.
L’expansion du christianisme.
Les éléments de cette tradition ont été transcrits et interdits par l’expansion du christianisme, principalement dans les monastères celtiques irlandais, mais de nombreux récits païens ont été christianisé ou censurés.
La romanisation qui a touché les pays celtiques (à l’exception de l’Irlande) engendre l’éclipse du druidisme. Dans le nouveau mode de société imposé par Rome qui exigeait le culte de l’empereur, les druides n’avaient plus de place.
Ils ont été interdits sous prétexte de sacrifices humains, alors qu’il ne s’agissait que d’une manœuvre politique contre une classe sacerdotale ayant un énorme ascendant sur la population et capable de résister à l’envahisseur. Plus tard le christianisme terminera d’éliminer cette religion dite barbare. La religion druidique continuera dans la clandestinité des monastères chrétiens.
Les témoignages archéologiques et écrits semblent converger pour situer les débuts de l’évangélisation dans la seconde moitié du IVe siècle, quant à la première organisation, elle prenait modèle sur le reste du monde gallo-romain, la communauté se regroupant autour de la cité où siégeait l’évêque.
Les migrations des Bretons de la Grande-Bretagne actuelle commencent à la fin de IVe siècle et se font par des petits groupes conduits par des rois, des évêques, des moines, des saints à profusion. Ces bretons qui arrivent en Armorique en raison de leur nombre et étant en majorité chrétiens, imposent leur religion à la population locale largement païenne.
En effet, dans leur isolement insulaire, surtout après le retrait des troupes romaines, c’était peu à peu élaborée une pratique du christianisme, plutôt monastique.
Les bretons organisent les paroisses et bâtissent les premiers monastères, origine de villes futures. Les paroisses ont souvent gardé dans leur nom celui du saint qui les a fondées.
C’est le cas des paroisses dont le nom commence par Lan, Plou ou Tré. Le mot Lan indique l’ermitage du saint (les monastères), le mot Plou, la paroisse fondée par lui, le mot Tré, le hameau qui s’est bâti, autour de l’ermitage. La religion catholique a pris des formes bien particulières en commençant par le culte des saints, singulièrement nombreux dans l’hagiographie bretonne.
Les sept moines considérés par la population de l’Armorique comme Saints qui vont fonder la grande nation bretonne et qui ont évangélisé cette terre restèrent célèbres: Pol à Léon, Corentin à Quimper, Patern à Vannes, Samson à Dol, Malo à Saint-Malo, Brieuc à Saint-Brieuc et Tugdual à Tréguier.
Ils apportèrent le christianisme en Bretagne actuelle et y fondèrent les premiers évêchés.
Ils étaient honorés jusqu’à la fin du XVIIe siècle par un pèlerinage qui reliait les 7 villes (environ 600 km) appelé le Tro-Breizh (Tour de Bretagne) pèlerinage médiéval, une compensation à ce besoin frustré d’identité nationale.
La non-canonisation des saints bretons, même s’ils contribuèrent à évangéliser le pays, s’explique par le fait qu’à l’époque, tous les clercs sont considérés comme des saints, c’est l’évolution d’une définition qui à l’origine désignait même l’ensemble des premiers chrétiens.
Des autres théories soutiens le fait que nombre de saints bretons n’ont jamais été reconnu officiellement par l’Eglise Catholique, témoignage de leurs origines païennes.
Ce qui n’a pas empêché les Bretons de les vénérer, de leur ériger des chapelles ou des églises.
Il est indéniable que des croyances ont été largement transformées, des personnages mythiques bretons combattus ou changé par la christianisation.
Il est très probable que le christianisme ait fait disparaître la plus grande partie des traditions orales rattachées à la mythologie celtique en Bretagne tout comme la conversion de Rome en a effacé les traditions païennes. Aucun culte non-chrétien n’a pu survivre sur le territoire breton après le Ve siècle.
On estime que des mythes et des légendes issus de la tradition celtique ont survécu en Bretagne au moins jusqu’au XIIe siècle.
La présence des éléments nettement érotiques dans certaines églises et sur les mégalithes laisse entrevoir une certaine tolérance de ces autorités religieuses vis-à-vis de quelques croyances païennes.La vie religieuse telle qu’on peut la saisir pendant le VIe et VIIe siècle est profondément marquée par le reste du paganisme.
La christianisation des lieux de culte païens commence: des menhirs sont taillés en croix et des temples païens sont transformés en chapelles. Certaines croyances celtes se mêlent à l’eschatologiechrétienne.
La christianisation de la Bretagne n’a guère progressé pendant le VIIIe siècle, à en croire le poème composé par le moine Ernold le Noir : ‘’ Cette nation perfide et insolente, a toujours été rebelle et dénuée de bons sentiments. Traîtresse à sa fois, elle n’est plus chrétienne que son nom, car d’œuvres, de culte, de religion, plus de traces’’.
Dès le début du IXe siècle on a imposé à l’église bretonne un alignement sur les usages franc: la fixation des sièges épiscopaux et l’obligation faite aux monastères d’abandonner leurs traditions celtiques. Les évènements politiques préparent la tentative d’émancipation de l’église bretonne qui va marquer ce siècle. L’Eglise en Bretagne prenait dès lors le visage qu’on connaît jusqu’à la Révolution.
Au milieu du XIIe siècle la situation religieuse de la Bretagne témoigne d’un incontestable progrès mesurable en nombre de constructions d’édifices religieux, la qualité de clergé s’améliore elle-même et elle est solidement ancrée dans l’ensemble de la chrétienté latine.
Les évêques sont enchantés de voir ces turbulents solitaires céder la place à des communautés stables, structurés et parfaitement orthodoxes.
Au XVIe siècle les bretons découvrent l’alternative protestante, mais elle rencontre surtout l’indifférence car elle touche aux pratiques qui sont les plus fortes de la religion bretonne : le culte des saints et de la Vierge, les pèlerinages, les indulgences et les messes pour les morts. Toutefois le catholicisme breton va connaître une remise en cause mais elle viendra de l’intérieur. Dans quelques décennies la Papauté définira au Concile de Trente une mise aux normes qui aura pour but de rénover le clergé.
Au XVIIIe siècle, la Bretagne a rencontré également des persécutions religieuses pendant les reformes sociales de la Révolution. La plupart des prêtres bretons ayant refusé la Constitution Civile du Clergé ont été persécuté. Quelques-uns ont émigré, les autres sont restés et déguisés en paysans se cachent pendant le jour et disant la messe dans la nuit, dans des granges, dans des bois ou dans la mer. Les églises ont été profanées, les statues mutilées et les cloches envoyées à la fonte pour faire des canons. La Reforme sait aussi cultiver des larges terrains de rencontre avec la culture des campagnes : elle préserve, l’intensité de la relation avec les morts et reconnaît la vigueur des cultes des recours et des pèlerinages.
Avec la Reforme Catholique, la paroisse se trouve, le lieu d’une pédagogie religieuse très exigeante.
A l’étonnement de Flaubert et bien d’autre la Bretagne offrait au milieu de XIXe siècle le visage d’une civilisation à la fois originale et archaïque. Transitions imperceptibles ici, ruptures brutales là, un monde a disparu tandis que les liens tissés entre la religion et les pratiques culturelles se transformaient.
Durant cette période il y avait des vieilles chrétientés rurales où la religion et le clergé dominaient sans partage. La pratique religieuse était unanime dans le registre de l’obligatoire. Au sein des familles, la piété domestique était de rigueur.
Dès le vote des lois scolaires dans les années 1880 et plus encore après celui des lois laïques du début du siècle, les efforts du monde catholique se sont concentrés en faveur du développement de l’école privée. Clercs et notable catholiques se sont donc efforcé, le plus souvent avec succès, d’ôter à l’école publique ses élèves. L’offensive menée est avant tout d’ordre idéologique même si elle se pare plus souvent d’une morale catholique qui leur impose l’obligation d’élever religieusement leurs enfants et de choisir l’école qui seule peut aider à faire leur devoir. De fait dans des nombreuses communes la situation des écoles publique est critique n’ayant pas d’école de filles ou plus aucune école publique.
Dans une région à l’origine plutôt en retard sur le plan de la scolarisation, le succès de la contre-offensive catholique confirme l’influence d’un cléricalisme omniprésent dans un certain nombre de régions bretonnes. Une bonne partie de l’essor des écoles primaires catholiques s’effectue dans les innombrables paroisses rurales bretonnes où l’aristocratie continue de détenir une autorité naturelle encore solide.
Pour les élites catholiques traditionnelles, l’école est perçue comme un instrument essentiel pour conserver l’identité régionale, un dispositif de préservation d’une civilisation bretonne, catholique rurale.
Le fait religieux si important dans cette terre de chrétienté a joué un rôle décisif dans cette évolution.
Il a pesé incontestablement dans le sens de la résistance et de la préservation d’une civilisation paysanne et celtique, conservatoire de l’âme et de l’identité bretonne. En même temps guidée et encadrée par les prêtres vers le progrès matériel et le changement culturel.
L’intensité de la foi religieuse, l’importance de la pratique jusqu’à ces dernières années, le rôle du clergé et de l’adhésion aux directives de l’Eglise constituent une des caractéristiques les plus accusées de la société bretonne.
Terrain propice aux légendes
La terre de Bretagne manifeste une très forte personnalité. Qui pourrait définir l’âme bretonne ? Et pourtant, c’est bien elle qui transparaît à travers tout ce qui fait l’authenticité et la particularité de cette région. Elle se découvre à travers de nombreux événements d’histoire et de légendes.
S’il existe une terre de contes et de légendes, c’est bien la Bretagne. Ses légendes ont laissé leur empreinte sur la terre et les hommes de cette région.
Les divinités et les créatures spécifiques, associées à des cultes de la nature dont on retrouve des traces chez des saints bretons, l’existence des superstitions paysannes autour des fées bénéfiques ou maléfiques, des lutins plus ou moins serviables, nommé korrigan, les géants et les créatures nocturnes constituent le fond des croyances de la Bretagne.
La forêt de Brocéliande est incontestablement la terre de toutes les légendes où Merlin l’Enchanteur, les Chevalier de la Table Ronde, le chevalier Lancelot, le Roi Arthur, la Fée Viviane se partagent des terres magiques et remplis de merveilles.
« Il y avait comme une immensité de vieux arbres, remplie d’antres, de mystères, de terreurs. C’était comme un entassement effrayant de bruits, de murmures, de ténèbres. Dans cette ombre, agitée par les vents du nord plein de tempêtes, se perdaient, en murmurant le Blavet, le Frion, autant de rivières connues seulement des fées et des druides. Dans cette forêt de Brocéliande s’élevait un palais de marbre et d’or, où la fée Viviane enferma Lancelot du Lac. [..] Fantastique forêt ! On dit que l’enchanteur Merlin, cet enfant de la Grande Bretagne adopté par l’Armorique, est encore enchaîné dans la forêt de Brocéliande. »
Il est indiqué de l’explorer dès le petit jour, à l’heure où elle se peuple de mille mouvements d’animaux, de silence mystérieux, de brumes vaporeuses flottant au-dessus de ses étangs.
Une autre légende qui retrouve ses racines dans les événements historiques de la Bretagne, c’est celle de l’hermine.
D’après la légende, un jour d’hiver où la duchesse Anne de Bretagne se promenait à cheval, elle assista à la traque d’une hermine par les chasseurs. L’animal à la fourrure blanche se retrouva astreint à une marre boueuse, et l’hermine préfère affronter les chasseurs et la mort, plutôt que de saillir et de souiller sa noble fourrure blanche. La duchesse obtient la grâce de l’hermine et ainsi a apparu l’emblème de la devise de la Bretagne, « Plutôt la mort que la souillure ».
Nombreuses sont les légendes qui entourent le site mégalithique de Carnac. Ces pierres auraient été aménagées pour honorer les morts. Un autre mythe ces pierres seraient l’armée pétrifiée de César ou même des pierres gardiennes d’un secret ou d’un trésor reposant sous leurs pieds.
La Bretagne mérite aisément la dénomination de Terre de légendes. Son histoire, ses influences celtiques, ses sites mystérieux incitent à la rêverie.
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