Dollmariedoll@gmail.com 539 Doc140316v2 14032016125056 Text
Comment la violence s’installe au travail Ses logiques quotidiennes et collectives Ewa DROZDA-SENKONSKA, Genevitve COUDIN, ‘Théodore ALEXOPOULOS, Julie COLLANGE et Silvia KRAUTH-GRUBER! Résumé La violence au travail se construit dans une logique collective et ‘quotdienne, imposée en grande parte par Ia situation. Son caractere inidieux reside dans la diffculé d’wentificaton de ses « formes premitres », en apparence anodines. appuyant sur les concepts et les recherches en psychologe sociale, cet article a pour objectf de sensibilser& leurs manifestations. Plus précisément, i devoile quelques mécanismes psychologiques de trois phénomenes qui traversent tes débats actuels sur la violence et n soufranee au travail: a pete de sens du travail, a dissolution du lien socal et Iaibissement des formes spontanées de égulation sociale. Trés complexes en soi ils sont dificiles&saisiret encore plus difficiles & traduire en pratiques managériales préventives quotidiennes. Comprendre comment ils s’installent permet de les repere et de les anticipe: Mots clés Construction du sens, groupe, interdependance, lien social, régulation sociale, violence au travail Abstract = + In this article we analyze the social dimension of violence in the „workplace, a phenomenon that occurs in everyday life and i often siuationally determined, The subtlety of the phenomenon contributes to the difficulty în identifVing its primary aspects. Based on social psychological research and concepts, we am to give insights which could help to beter detect and recognize îns manifestations, Specifically, we present possible socio-psychological ‘mechanisms underlying three oft«debated aspects of workplace violence and trauma ; The loss of meaning of work and the weakening of social bonds and any Tom of social regulation. These complex issues are not yet well-understood and are dificult to identify in managerial practices. Understanding how they develop should facilitate the detection an antiipation ofthese issues. ey words Construction of meaning ; group; interdependency ; socal bond ; social regulation ; violence inthe workplace prince te Mr e Cnc, Maite de Confrence, Dave ea rc ue de ContencesLabe de og da Means oie nana iu {eines ac Pm ane ee eo ape toe HUMANS EXTREPRSE- ap uman enreprie aso web cond N 206. Fever 2010 Asus: Ea Dra Senko, Geneve Cdn, Tose Alsop, ie Collet Siva a Gnter * 51 ome Cet article s’inscrit dans une optique preventive de la violence Psychologique au travail. Notre but est de contribuer ă une réflexion qui sensibilise au repérage de ses « formes premigres », en apparence anodines et sans véritables conséquences. La violence, contrairement& agression, est un phénoméne qui exige un temps plus ou moins long pour étre reconnu (Pahlavan, 2002). Ses déclencheurs, tout comme ses indices, sont dificile & sasi immédiatement tant pour ses victimes que pour ses témoins. D’aileurs le temps nécessare pour réaiser que ce que les premitres subissaicnt ou ce 4 quoi les seconds assistant, tat pas normal, ne pouvait plus tre banalsé, et couramment évogué. Tous mentionnent imposibil de dire précisément par qui, par quoi, ou comment tout cela stat déclenché, Cet aspect insidicux de la violence n’est pas directement pris en compte dans ses definitions. habituelles. Par exemple, il est trés courant de dire que la violence au travail Fenvoie aux actions et comportements de collegues evou de supétieurs qui portent atteinte a la dignité et ă Iintegritt psychologique et physique de Findividu. Parfois, on precise qu’elle peut se manifester de maniére subtile (des regards hostile, des conversations qui s’interrompent), mais aussi de maniere plus évidente (des remarques négatives insolentes, une dépeéciation Publique) ; cependant on ne dit généralement rien sur la difficult «identification de ses « formes premiere» La psychologie sociale permet daborder cete question en référence & son principe fondateur selon lequel autrui est une nâcessite vitale. En effet, si nous naissons dépendants des autres, nous passons notre vie & ctre imterdépendants. Nous le sommes en toutes situations, autant dans la violence que dans harmonic, autant au travail qu’a la maison ou dans la rue. Comprendre l’interdépendance, ses fonctions et ses formes quotidiennes, permet de nuancer une tendance forte individusliser, personnaliser aussi bien le diagnostic de violence psychologique que I”analyse de ses conséquences. Cette tendance occulte le fait que la violence psychologique au travail se construit dans une logique collective et quotidienne, imposte en ‘grande partie par la situation. Elle n’affecte pas seulement « les plus fragilsés » en encourageant « les plus pervers», ele affecte tout un ehacun, Ainsi, la psychologic sociale permet de rendre lisibles certains phénoménes traversant les débats atuels sur la violence et la souffrance a travail la perte de sens du travail, la dissolution du len social et l’affaiblssement des formes spontanees de regulation sociale. Leurs mécanismes psychologiques restant mal connus, ils demeurent dffciles ă traduire dans une action manageriale preventive quotidienne, Notre objectif est ‘aider a les aborder. Mun A Een – humanism enteprseanso- web cond 236 evs 2010 ‘Auteurs: va Dra enma, Genevieve Cou, Taos Area Calin tSvis Keath Gtr 1. Le sens On parle souvent de la perte de sens du travail. Les illustrations en sont nombreuses e les conséquences suffisamment importantes pour qu’on en Vienne ăs’imerroger sericusement sur ses causes e les fagons de redonner du sens au travail. La complexité d’une tele interrogation décourage souvent la recherche de néponses en termes de pratiques managâriales quotidiennes. Sans ‘connaitre par quels processus s’établit a construction de sens, il est difficile de voir en quoi ce qu’on fait ou ne fat pas, te ou redonne du sens au travail. Outre Faspeet philosophique auquel renvoie la construction du sens, il est possible d’apporter quelques réponses simples en lien direct avec les Pratiques managériaes. Elles attirent I’ttention sur deux fits. Le premier ext ‘que donner du sens répond a notre besoin de dissiper ambigiité ou Vincerttude. Le second est que dans ce processus, par information qu’il fournit, autrui joue un role preponderant est bien établi que nous agissons selon le sens que nous donnons ă la situation. En effet, a réalité, quelle qu’elle soit, est toujours appropri par les individus. Autrement dit, elle n’existe que « représentée », Pls la situation est ambigile et complexe, plus ses représentations, c’esta-dire les théories, les hhypothéses que les individus élaborent a propos de sa nature, sa inalt, des moyens ă metre en ceuvte pour li faire face et les comportements nécessaites & Veficience, sont prégnantes. Ce sont elles et non pas les caractérstques dies „« objectives » de Ia situation qui guident ensuite les comportements. L’etude désormais classique d” Abric (1971) illustre bien ce point. Ce chercheur a demand ă des groupes de quatre personnes de réaliser soit une tiche de resolution de probléme, soit une tiche de eréativité, En choisissant des tiches suiTisamment complexes pour que leur nature « objective » ne soit pas évidente, îl a ifduit leur représentation en sugaérant que leur réalisation exigent ou bien lune pensée rigoureuse (représentation « probléme »), ou bien une pensée intuitive (représentation « enéativté»). Ses résultats montrent que la dynamique du groupe (sa structure de communication et le type d’&changes) a déterminge par la représentation de la tiche et non pas par sa nature « objective ». Indépendamment de la nature de la tiche, la représentation « eréativité » a favorisé la mise en place de structures de communication non centraisées et des activités propices aux productions plus hétérogénes et plus “originales, andis que la représentation « probleme » a généré des structures de ‘communication cenralsées et des activités de controle, Ce méme besoin de dissiper Vambiguité concerne aussi nos états interes tels que les reactions physiologiques qui jouent un râle important dans le ressenti des émotions. Il s‘avére qu’elles ne sont pas spécifiques, erest-ă-dire que les mémes reactions (par exemple augmentation de la pression sanguine, des rythmes cardiaque et respiratoire) sont liges & des {motions différentes. Dans une experience fort judicieuse, Schachter et Singer (1962) ont montré que des individus ne pouvant pas s’appuyer sur ces seuls Huns & Exist -hipfumanisme-e-eneprseass-webscon N 296 – Fee 2010 ‘Aas: Eva Dra Seow, Geneve Cou, Taare Asp Calas tii Keith eer indices interes (réactions physiologiques) utlisen des indices extermes, dont 1e contexte social, pour déterminer la nature de leur état émotionnel, Plus précisément, ils ont montré qu’un individu dont l’état physiologique sai ‘manipulé expérimentalement par une injection d’adrénaline, peut ressentir de 1a joie ou de la cole en fonction du contexte social dans lequel il est plac (ici la présence d’un complice de lexpérimentateur qui se comportait de igre euphorique ou agacée). Cette expérience suggére que ce que nous avons Thabitude de considérer comme le domaine le plus « privé », le plus singulier de tout un chacun, est de fait sous la dépendance des autres (pour une presentation plus compléte voir Coudin et Paicheer, 2002, p.13). Nous voyons que le décodage de nos sensations ou ressentis depend en ‘grande partie d’autrui (individu ou groupe) qui nous sert de cible de ‘comparaison. En général, les autres deviennent « signifiants » lorsqu ls sont pergus comme partageant le méme sort que nous, vivant ou connaissant bien Ia méme situation. Reconnus ă ce tire, ils participent explicitement ou implicitement a dissiper ambiguité et, de ce fit, eréer du sens. “Toutefois, si le sens donne A la situation ou & un ressenti se constuit en fonction de information dont nous disposons, de nos expériences passées et de nos appartenances sociales, il fit également l’objet d’une « validation sociale » par un partage avec les autres. C’est ă ce ttre qu’il est aussi une construction sociale et collective. Autrement dit, « validée » car confirme ou soutenue par les autres, « nos semblables » eVou « différents», notre propre: lecture de la situation change de statut. Une idée qui « m’est venue & Fresprit», un « vague sentiment», vase transformer en une sorte de « vrité», da objectivité » et résistera dés lors au changement. Si une tăche de résolution de probléme s’est transformée dans l’étude d’Abric en une tiche de enttivive, c’est bien parce que sa representation a été partagée par le groupe. Les investigations plus récentes de la psychologic sociale dans le domaine des émotions sont particulitrement pertinentes sur ce point (Niedenthal, Krauth-Gruber, et Ric, 2008). Leurs résultats montrent que les individus qui partagent le méme environnement professionnel et qui sont exposts aux mémes conditions de travail ont tendance ă percevoir et &valuer les événements de la méme maniére et, plus important encore, a ressentir des, motions similares, Il convergent non seulement sur le plan du jugement, mais également sur le plan de Ihumeur ou des ressentis émotionnels. L’étude de Totterdell, Kellett, Teuchman, et Briener (1998) menée auprés de 13 équipes infirmiéres Vllustretrés bien. Ces chercheurs ont demande des infinitres de rapporter quotidiennement, pendant trois semaines, leurs appréciations concernant la charge de travail, les dificultés rencontres, engagement de leur ‘équipe, son climat et leurs propres humeurs ou ressentis émotionnels. Les résultats montrent que ces demiers éaient similares aux humeurs et ressentis Ha A ENTRE Pap nai c-enrepraeasso-we cond – N° 296- ver 2010 eas: Eva Dra Sekowsha, Geneve Conn, Thole Alxopouks Je Collage et Sia rs Gt 2 motionnels rappories par eurscollegues présentes les mémes jours. De plus, analyse plus détaillée de ces rapports a permis de constater que cette convergence émotionnelle ne pouvai pas ere entiărement attribuée aux charges e dfficultés dans le travail, cres-ă-dire aux mémes événements déclencheurs, ire par le biais du processus Sila comengence émorionnelle peut se de comparaison sociale que nous venons d’evoquer, elle peut sa par le processus de contagion émotionelle. Dans le premier cas, les émotions exprimées par les autres « signifiants» (leurs paroles, leurs expressions facials, posturales, vocales sont traitées comme une information sociale qui renseighe sur les émotions appropriges dans Ia situation, par rapport a un événement déclencheut. Dans le second cas, il sași des processus automatiques et inconsciens imitation des expressions facials, postural ct vocales des autres « sgnfiants ». N’est-ce pas le cas quand, sans nous e rendre comp, nous levons la voix face un inerocutcur qui parle fort, et nous la baissons face quclqu’un gui chuchote? Des phénoménes semblables se produisen i propos d’autres comporement express. Init, is vont, vi des processus de rétroaction faciale et posturale, induire des émotions similares celles du modele observe. Ainsi,rearder quelqu’un exprimer sa joie, sa colére ou satristesse, faire comme li sans s’en rendre comple, et par exemple remonter ls coins des levees, froncer des souril ou voter les épaules, peut sulie indure eat émotionnel associé cete expression, La convergence émotionnelie qui n’a rien d’un « effet de mode », © Licențiada.org respectă drepturile de proprietate intelectuală și așteaptă ca toți utilizatorii să facă același lucru. 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