Din Romania In Bretania

UNIVERSITATEA “LUCIAN BLAGA” DIN SIBIU

FACULTATEA DE LITERE ȘI ARTE

DEPARTAMENTUL DE STUDII ROMANICE

MASTERAT TEORIA SI PRACTICA TRADUCERII ȘI A INTERPRETĂRII: LIMBA FRANCEZĂ

LUCRARE DE DIZERTAȚIE

Coordonator științific:

Conferențiar univ. dr. habil. Maria-Elena MILCU

Absolventă:

Ana Elena RUSU (MARQUEZY)

Sibiu

2016

UNIVERSITATEA “LUCIAN BLAGA” DIN SIBIU

FACULTATEA DE LITERE ȘI ARTE

DEPARTAMENTUL DE STUDII ROMANICE

MASTERAT TEORIA SI PRACTICA TRADUCERII ȘI A INTERPRETĂRII: LIMBA FRANCEZĂ

DIN ROMANIA IN BRETANIA

Coordonator științific:

Conferențiar univ. dr. habil. Maria-Elena MILCU

Absolventă: Ana Elena RUSU (MARQUEZY)

Sibiu

2016

UNIVERSITÉ “LUCIAN BLAGA” de SIBIU

FACULTÉ DE LETTRES ET D’ARTS

DÉPARTEMENT D’ÉTUDES ROMANES

MASTER DE TRADUCTION ET D’INTERPRETATION

DE LA ROUMANIE A LA BRETAGNE

Coordinateur:

Conferențiar univ. dr. habil. Maria-Elena MILCU

Candidate:

Ana Elena RUSU (MARQUEZY)

SIBIU

2016

Table des matières

Page

INTRODUCTION……………………………………………………………………………………………………………5

CHAPITRE 1 : LA BRETAGNE TERRE D’HISTOIRE ET DE LEGENDES………………….7

Histoire…………………………………………………………………………………………………..7

Religiosité spécifique………………………………………………………….13

Terrain propice aux légendes……………………………………………………………………18

CHAPITRE 2 : UNE NATURE MULTIPLE A LAQUELLE LES HOMMES DOIVENT

S’ADAPTER……………………………………………………………………20

2.1 La campagne…………………………………………………………………….20

2.2 La ville et les cités de caractère………………………………………………………………….27

2.3 La mer……………………………………………………………………………32

CHAPITRE 3 : UNE TERRE DE CULTURE…………………………………………………..36

3.1 L’art religieux et croyances en Bretagne………………………………………..36

3.2 La Bretagne dans l’art et dans la littérature………………………………………………..42

3.3 Culture bretonne………………………………………………………………..48

CONCLUSION……………………………………………………………………………………………………………..57

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES…………………………………………………………………………..65

ANNEXE ……………………………………………………………………………………….68

INTRODUCTION

Le mémoire ci-après a été réalisé dans le cadre d’un travail de fin d’études de maîtrise universitaire dans le domaine de la traduction et de l’intérpretation. Il est le résultat de recherches et d’une réflexion sur plusieurs mois, d’octobre 2015 jusqu’à mai 2016.

J’ai choisi de faire ce travail sur la région Bretagne pour des raisons subjectives. Lors d’un voyage en Bretagne, j’ai observé certains resemblances de culture et de mode de vie entre les bretons et les roumains.

L’hypotèse de départ a placé l’ensemble des données recueillies au coeur du dispositif de recherche. Il s’agissait d’accéder à une meilleure compréhension de la culture bretonne, de son patrimoine historique, religieux, architecturel et culturel.

Forte de cela, j’ai peu à peu dressé un portrait de la Bretagne et établi un lien vers une culture similaire à celle de mon pays d’origine, la Roumanie.

La région d’étude se présente comme une région qui possède une grande richesse du patrimoine aussi bien que la Roumanie. C’est pourquoi j’ai souhaité l’étudier plus particulièrement afin de valider cette hypothèse.

Pour mener à bien cette recherche j’ai adopté une demarche s’appuyant sur une réflexion sur le sujet, l’observation directe sur le terrain et une phase d’exploration à travers la lecture de documents traitant de l’histoire, de la réligion, du patrimoine rural, urbain et marin, de l’art, de la littérature, de l’art populaire et de la culture bretonne à la Bibliothèque des Côtes d’Armor, les méthodes choisies étant la méthode déscriptive et la méthode comparative.

Afin de contextualiser cette réflexion et de mieux cadrer ce travail je me suis rendue en Bretagne pour découvrir ce territoire où le patrimoine occupe une place marquante.

Ce mémoire parle de l’identité d’un peuple, car la compléxité du monde actuel nous déterminent à nous racrocher de plus en plus à nos croyances et à nos valeurs.

Il comporte trois chapitre :

Dans le premier chapitre je présente des faits historiques, de l’arrivée des celtes en Armorique jusqu’au rattachement de la Bretagne au reste de la France, des faits de l’histoire religieuse spécifique en passant par la religion druidique, le culte des saints et l’arrivée du catholicisme. Ces événements historiques et les divinités associés à des cultes de la nature font de la Bretagne une terre propice aux légendes, présentés à la fin de ce premier chapitre.

Dans le deuxième chapitre j’éxpose les différents visages de la région, la force de son identité et de son environnement, la campagne, la ville et la mer avec leur architecture spécifique, un habitat qui sert de lien entre la nature et la culture.

Je commence le troisième chapitre par la mise en évidence de l’art sacré et des croyances en Bretagne. Ensuite, je continue en evoquant l’importance de la péninsule dans l’art, en étant source de l’inspiration pour de nombreux peintres et pour des écrivains de la littérature locale et française. Dans sa partie finale, j’étudie la culture bretonne par la présentation de différents aspects du mode de vie breton, de l’art populaire et de ses traditions.

Pour conclure, j’ai mis en évidence les similitudes découvertes entre la culture bretonne et la culture roumaine.

CHAPITRE I

LA BRETAGNE, TERRE D’HISTOIRE ET DE LEGENDES

Afin de mieux comprendre le peuple breton, il m’a semblé important de consacrer un premier chapitre à la découverte de son passé historique et religieux. Cette étude permettra par la suite, dans un second et troisième chapitre d’aborder les notions du patrimoine architectural et de culture liées au pays breton.

La Bretagne est un peu plus qu’une région : tant de mystères et d’histoire lui sont attachés qu’elle s’enracine au plus profond de notre inconscient. Ici plus qu’ailleurs la vie des hommes est intimement liée à la nature. La mer, la forêt et les landes sont au cœur de l’âme bretonne.

Il n’est pas un chêne, pas une roche qui ne soit pas sacré ou thème de superstition : les celtes et leurs cortèges de druides nous ont laissé les traces de leur vénération pour cette nature aux nombreux symboles.

La parenté des anciennes nations celtes n’est pas seulement historique et culturelle, mais bel et bien physique. Un même esprit de liberté et de mystère souffle sur ces terres.

Histoire

L’émigration des bretons en Armorique

Les hommes de l’âge de pierre ont été remplacés il y a deux milles ans par des autres hommes qui avaient des outils en fer, les Celtes (ou les Gaulois). Ils ont appelé leur presqu’île, Armorique ou Pays de la mer. Ils se sont organisés en cités correspondant un peu aux départements actuels.

L’Armorique perpétue dans la partie occidentale une migration ancienne des hommes de la même civilisation que les Celtes, déjà chrétiens et qui avaient conservé leur langue et leurs usages. C’était les Bretons. Ils sont venus de l’île de Bretagne (la Grande-Bretagne actuelle), dans la péninsule armoricaine, vaste territoire est peu peuplé et parce que la Gaule était elle-même celtique, car ils avaient été chassé par les saxons, les angles, les barbares venus de Germanie, les Scots d’Irlande et les Pictes d’Ecosse.

L’édification du territoire

L’Armorique a été soumise par les romains, commandés par Jules César. Les romains ont occupé le pays pendant cinq cents ans, ils ont bâti des villes et les ont reliées par des routes, les voies romaines. Peu à peu les Celtes ont adopté la langue et la civilisation des Romains.

A partir du IVe le christianisme s’est répandu en Armorique mais il a été persécuté par les Romains. Lors des invasions Barbares, les Romains ont quitté l’Armorique qui change de nom, elle devient Bretagne (Britannia), la première désignation date de la fin du VIe siècle.

Les émigrations se poursuivent pendant plusieurs siècles (peut-être jusqu’au IXe siècle), favorisant l’extension du catholicisme.

A partir du VIe jusqu’au VIIIe siècle les bretons défendent leur territoire face aux affrontements de leurs puissants voisins les mérovingiens, puis les carolingiens qui aspiraient à l’intégration de cette région au royaume franc.

Le Breton Nominoë, le premier Roi breton, bat les troupes du roi carolingien Charles le Chauve près de Redon : la Bretagne devient indépendante du royaume. Nominoë consolide son unité et ses institutions. Les abbayes bretonnes connaissent leur plus grand rayonnement culturel.

La langue bretonne commence à se faire entendre. C’est pourquoi Nominoë est considéré comme le père de la nation bretonne.

Du royaume au duché

A la mort du roi Alain I, nommé le Grand, les grandes dynasties (Cornouaille, Rennes, Nantes) s’affrontent pour le contrôle du territoire breton et les invasions normandes (ou vikings) mettent un terme à ce développement culturel et auront pour principales conséquences la perte du territoire, l’exil d’une partie importante des communautés religieuses et la transformation du royaume en duché.

Il faut attendre l’année 939 pour qu’Alain II, dit Barbetorte ou, Al louarn (en breton, Le renard), premier duc de Bretagne, parvienne à chasser les redoutables Normands.

En Grande et Petite Bretagne (c’est le nom donné à cette époque à l’Armorique), un autre roi prend place dans la légende. Il s’appelle Arthur, et il va ouvrir le cycle de la Table Ronde. Il est l’expression de l’anarchie qui régnait et il essaie de remettre un peu d’ordre.

Après la mort du duc Arthur Ier, Philippe II impose une dynastie des ducs capétiens jusqu’à la mort de Jean III, qui ne laisse pas d’enfant.

Philippe IV le Bel en reconnaissance de la fidélité des souverains bretons aux capétiens, reconnaît officiellement le titre de Duc de Bretagne en 1297.

Du Xe au XIVe siècle malgré les conflits dynastiques et les pressions anglaises et françaises, les ducs réussissent à renforcer l’unité et l’administration du territoire jusqu’à la Guerre de Succession qui débute en 1341 (durant la Guerre de Cents Ans). La couronne est disputée entre Jean de Montfort, soutenu par les Anglais et Charles de Blois, appuyé par les Français. La guerre a durée 23 ans et se termine par la victoire de Jean de Montfort à Auray. Cette guerre a permis à Bertrand du Guesclin de se faire connaître.

Ces temps de batailles font pousser les fortifications, qui se dressent dans l’est et sur le littoral les forteresses avec leurs donjons habitables défient toujours l’horizon.

A l’abri des remparts la vie s’organise. Les cités accueillent des archers et des chevaliers. Les maisons à pan du bois font leur apparition.

Le territoire breton connaît son apogée artistique sous le règne des ducs de Montfort. Durant cette période de faste, le style gothique s’épanouit, des cathédrales prospèrent, illuminées par des magnifiques vitraux

Dans les cités, un important patrimoine architectural se tisse. Ce développement se voit dans la construction des demeures qui passent du bois à la pierre.

Les maisons des marchands, aux façades décorées, témoignent de la richesse grandissante.

La Bretagne se distingue aussi par la construction des manoirs.

La création de l’administration

La province se reconstruit, entre le XIVe et le XVe siècle. L’administration se met en place et la région connaît une prospérité économique, notamment pour ce qui concerne les échanges maritimes. Son indépendance vis-à-vis de ses voisins français et anglais se réalise vers la fin du XVe siècle.

Anne, la fille de François II, duc de Bretagne devient duchesse, après la mort de son père.

En 1491, en épousant Charles VIII, elle accède au trône de France. Ce mariage devait assurer la paix entre le royaume de France et le duché de Bretagne. Elle perpétue l’indépendance du duché et contribue également à son développement.

Après la mort de Charles VIII, elle épouse Louis XII. De cette union ils auront deux filles Renée et Claude. Cette dernière épousera le futur François Ier et lui offrira le duché en 1514. Anne a donc été la dernière souveraine de la Bretagne indépendante.

Le rattachement au royaume de France

Le duché s’unifie avec le Royaume après qu’il ait réussi à garder son indépendance pendant 700 ans, malgré les actes d’hostilités menées par l’Angleterre et la France.

L’intégration au royaume de France se déroule bien grâce à la prospérité que la Bretagne éprouve aux XVIe et XVIIe siècles. Pendant cette période elle connaît l’essor d’une agriculture diversifiée, et surtout d’une industrie toilière (lin et chanvre) dans les pays de Léon, Quintin, Loudéac qui exportent en Angleterre, en Espagne et dans les colonies d’Amérique.

De nombreuses fermes deviennent des ateliers de filage et de tissage.

Après sa réunion à la France, sagement gouvernée, elle a vécu en paix jusqu’aux Guerres de Religion. La Sainte Ligue trouve en ce lieu des partisans, Mercœur, qui gouvernait à ce moment-là la province et Henri IV un catholique zélé, révolté contre un Roi de France non catholique. Celui –ci publie l’Edit de Nantes qui met fin à la Guerre de Religion. La Bretagne sort ruinée et pendant neuf ans, connaît la peste et la famine.

La paix est encore perturbée sous le règne de Louis XIV. Les constructions de Versailles, le luxe de la Cour, la guerre de Hollande amenèrent Louis XIV à créer des impôts nouveaux qui ont produit un vif mécontentement sur le territoire. Cette crise révèle la grande révolte des Bonnets Rouges dites aussi la révolte du Papier Timbré.

C’est dans cette période que commence le célèbre pèlerinage de Sainte-Anne d’Auray.

Les intermèdes de paix permettent aux grands ports de se développer, mais pour le monde paysan s’ouvre une période de renfermement local et de pauvreté accentuée par des poussées démographiques, pour plus de deux siècles. Dès cette époque les migrations vers les villes s’intensifient et le visage de la Bretagne évolue.

Au XVIIIe siècle, l’administration du royaume est de plus en plus présente. Les Etats de Bretagne ne parviennent plus à maintenir leur autorité face aux exigences, en particulier fiscales, de la monarchie.

Le Parlement de Rennes est supprimé et la province est divisée en 5 départements en 1790.

La révolution et la persécution religieuse provoquent des rebellions des bretons qui étaient très attachés à leur prêtres. Elle prend le nom de « chouannerie », un mouvement paysan, appelé ainsi parce que les insurgés ont adopté comme signe de ralliement le cri de la chouette.

Si les chouans n’ont pas réussi dans leur but politique, ils ont forcé Bonaparte à faire la pacification religieuse de l’Ouest et de toute la France. La République en guerre craint la contre-révolution et la réprime durement.

La période contemporaine

Au début du XIXe siècle la Bretagne vit du commerce maritime. Néanmoins sous la révolution et l’Empire c’est le blocus continental. Il n’y a plus de commerce maritime il y a que des combats navals et la Guerre de courses.

La Guerre maritime ruine l’économie de la province qui devient très pauvre. Ses ports sont en déclin, il n’y a pas de communication vers l’extérieur.

Le territoire breton est essentiellement agricole. Les paysans vivent dans leurs fermes qui sont surtout dans l’autosubsistance, la moitié d’entre eux étant locataires de leurs terres.

La période révolutionnaire laisse une trace profonde dans la mémoire collective.

La sortie de ce marasme se fait progressivement. La côte découvre des activités nouvelles, la pêche et les conserveries. Par contre, l’intérieur du pays est beaucoup plus isolé.

On a essayé de développer l’activité dans le centre du pays via le Canal de Nantes à Brest, inauguré en 1840 qui permet d’acheminer les engrais notamment la chaux, pour les terres qui sont trop acides. L’agriculture se développe, on parle d’un nouvel essor et aussi de l’élevage.

La province connaît le développement des mouvements autonomistes au début du XXe siècle. L’idée de nation bretonne se manifeste de plus en plus. Des poètes et des écrivains défendent la langue bretonne en écrivant dans la vieille langue de l’Armorique. Ils mettent en valeur l’histoire bretonne et forgent peu à peu la conscience politique bretonne.

A cette époque  le Ministre de l’Instruction Publique lance une politique de scolarisation intensive sur la seule langue française.

Les méthodes appliquées pour apprendre le français aux bretons sont vécues comme une répression. L’essor de la scolarisation leur permet de rattraper une partie de leur retard.

Les paysans, conscients des transformations socio-économiques qui touchent la région et brisent partiellement son isolement, sont attentifs à ce que l’éducation de leurs enfants leur permette de s’intégrer dans ce processus.

La Révolution industrielle apporte des meilleures conditions de vie aux paysans dans les campagnes bretonnes, mais l’effondrement de l’industrie toilière entraîne l’émigration des ouvriers bretons vers Paris avec l’aide du chemin de fer qui est en place et beaucoup d’autres vont partir vers les ports.

L’effort de guerre breton.

Pendant la Première Guerre Mondiale les bretons ont payé un lourd tribut. La province se distingue par une forte activité de la Résistance. Cinq cents déporté juifs perdent leur vie dans les camps de concentration nazies.

L’impact de la guerre se manifeste par la modernisation du mode de vie et une francisation culturelle. En 1941, sous le régime de Vichy la Loire-Inférieure est séparée du reste de la région.

Bretagne moderne.

A la Liberation, la région doit repondre à deux impératifs: réconstruire les villes detruites pendant les bombardements et combler le lenteur économique du siècle passé.

Durant cette période des réalisations innovantes sont commencées, comme le plan routier. A partir des années ’60 la Bretagne rurale change de visage. Un outil majeur de la restructuration c’est la création des coopératives agraires, qui deviennent des grandes puissances économiques. A la même période, le quotidien rennais Ouest France devient le journal le plus diffusé en France. Le developpement de l’enseignement supérieur et la construction d’une Université à Brest sont une préuve du dynamisme intelectuel de la région.

La région a appris à valoriser son identité. Elle est devenue terre d’innovation et de recherche. Sans nier son passé, elle s’inscrit dans une culture contemporaine et parvient à concilier identité et ouverture.

Religiosité spécifique

« La religion est la forme sous laquelle les races celtiques dissimulent leur soif d’idéal. », Ernest Renan, exprimant par la suite le rôle primordial des croyances religieuses dans la vie et l’histoire des Bretons.

Croyances d’une grande variété, formées par l’accumulation au cours des siècles de nombreuses strates depuis le culte des forces naturelles au temps de mégalithes jusqu’à la transformation actuelle du catholicisme.

L’histoire religieuse est au cœur de l’histoire bretonne. Entre les bretons et le surnaturel, les relations ont toujours été complexes et turbulentes.

Si toute histoire religieuse d’un peuple est la manifestation de la recherche intérieure de l’homme face au mystère du divin, alors l’histoire religieuse de ce pays commence bien des millénaires

avant que les bretons ne quittent leur île pour venir s’y installer et lui donner un nom.

Les alignements de Carnac ont longtemps été attribués aux Gaulois. Ces pierres gardent encore aujourd’hui un mystère. On pense y voir des temples celtiques ou bien des cultes druidiques du serpent en raison de la forme sinueuse des alignements.

D’après les récentes études et découvertes scientifiques les populations de néolithique y affirmaient déjà fortement leur croyance lorsqu’ils édifièrent les sépultures monumentales que sont les tumulus et les dolmens.

Plus tard se sont dressés les menhirs, alignés en files impressionnantes, comme ceux de Carnac. La recherche scientifique n’a pas réussi à leur trouver d’autre signification que religieuse.

Sacralisant toutes les expressions marquantes de la vie et de la force dans la nature, les sources, les arbres, la foudre, les celtes les attribuaient à des puissances diverses sans qu’il soit possible de déterminer si ce panthéon était pour eux autre chose qu’un esprit divin présent dans l’univers. La même croyance les conduisait à faire leurs temples dans ces bois sacrés où dans les clairières où la terre semblait rejoindre le ciel.

Une bonne part de cette spiritualité celtique se perpétuera longtemps même sous l’enveloppe chrétienne : fontaines sacrées ou sommets dédiés à l’archange saint Michel.

Bien des lieux gardent toujours quelque chose de cette imprégnation celtique, comme la forêt de Brocéliande.

« César affirme que « Tout le peuple gaulois est très religieux », soulignant ainsi la différence essentielle entre deux manières d’aborder le religieux : l’une, conventionnelle chez les romains et l’autre, celle des celtes, spirituelle, quête du divin à travers toutes ses manifestations. 

Autant de témoins d’une évangélisation qui semble s’être faite sans heurts, parce qu’elle s’est employée à assumer le passé plutôt qu’à le détruire.

César dans son ouvrage sur la Guerre de Gaule présente les druides comme une catégorie privilégiée. Les druides connaissaient l’écriture mais ils transmettaient les choses importantes de vive voix. Ils s’occupaient des pratiques religieuses, d’enseigner et de rendre la justice, ils étaient les seuls qui pouvaient communiquer avec les dieux.

La tradition fut aussi perpétuée par les Bardes sous la forme des contes et des chansons.

Les Celtes croyaient en la réincarnation, c’est une des raisons pour laquelle ils étaient de féroces combattants. Selon eux la mort était le milieu d’une longue vie.

La religion Druidique est une religion païenne. Le mot païen fut créé par les Chrétiens pour qualifier les religions polythéistes, mais il veut dire en réalité Paysan.

Comme pour beaucoup de religions antiques, les Druides rythmaient leur vie et leurs fêtes d’après les cycles de la nature. Ils étaient polythéistes mais aussi panthéistes. Leur sagesse passait par le respect de la Terre, la Mère et de la Nature.

Les éléments de cette tradition ont été transcrits et interdits par l’expansion du christianisme, principalement dans les monastères celtiques irlandais. Mais de nombreux récits païens ont été christianisés ou censurés.

La romanisation qui a touché les pays celtiques (à l’exception de l’Irlande) engendre l’éclipse du druidisme. Dans le nouveau mode de société imposé par Rome qui exigeait le culte de l’empereur, les druides n’avaient plus de place.

Ils ont été interdits sous prétexte de sacrifices humains, alors qu’il ne s’agissait que d’une manœuvre politique contre une classe sacerdotale ayant un énorme ascendant sur la population et capable de résister à l’envahisseur. Plus tard le christianisme terminera d’éliminer cette religion dite barbare. La religion druidique continuera dans la clandestinité des monastères chrétiens.

Les témoignages archéologiques et écrits semblent converger pour situer les débuts de l’évangélisation dans la seconde moitié du IVe siècle. Quant à la première organisation, elle prenait modèle sur le reste du monde gallo-romain, la communauté se regroupant autour de la cité où siégeait l’évêque.

Les migrations des Bretons de la Grande-Bretagne actuelle commencent à la fin de IVe siècle et se font par des petits groupes conduits par des rois, des évêques, des moines, des saints à profusion. Ces bretons qui arrivent en Armorique en raison de leur nombre et étant en majorité chrétiens, imposent leur religion à la population locale largement païenne.

En effet, dans leur isolement insulaire, surtout après le retrait des troupes romaines, c’était peu à peu élaborée une pratique du christianisme, plutôt monastique.

Les bretons organisent les paroisses et bâtissent les premiers monastères, origine de villes futures. Les paroisses ont souvent gardé dans leur nom celui du saint qui les a fondées.

C’est le cas des paroisses dont le nom commence par Lan, Plou ou Tré. Le mot Lan indique l’ermitage du saint (les monastères), le mot Plou, la paroisse fondée par lui, le mot Tré, le hameau qui s’est bâti, autour de l’ermitage.

La religion catholique a pris des formes bien particulières en commençant par le culte des saints, singulièrement nombreux dans l’hagiographie bretonne.

Les sept moines considérés par la population de l’Armorique comme Saints qui vont fonder la grande nation bretonne et qui ont évangélisé cette terre restèrent célèbres: Pol à Léon, Corentin à Quimper, Patern à Vannes, Samson à Dol, Malo à Saint-Malo, Brieuc à Saint-Brieuc et Tugdual à Tréguier.

Ils apportèrent le christianisme en Bretagne actuelle et y fondèrent les premiers évêchés.

Ils étaient honorés jusqu’à la fin du XVIIe siècle par un pèlerinage médiéval qui reliait les 7 villes, appelé le Tro-Breizh « Tour de Bretagne », étant comme compensation à ce besoin frustré d’identité nationale.

La non-canonisation des saints bretons, même s’ils contribuèrent à évangéliser le pays, s’explique par le fait qu’à l’époque, tous les clercs sont considérés comme des saints. C’est l’évolution d’une définition qui à l’origine désignait même l’ensemble des premiers chrétiens.

Des autres théories soutiens le fait que nombre de saints bretons n’ont jamais été reconnu officiellement par l’Eglise Catholique, en témoignage de leurs origines païennes.

Ce qui n’a pas empêché les Bretons de les vénérer, de leur ériger des chapelles ou des églises.

Il est indéniable que des croyances ont été largement transformées, des personnages mythiques bretons combattus ou changé par la christianisation.

Il est très probable que le christianisme ait fait disparaître la plus grande partie des traditions orales rattachées à la mythologie celtique, tout comme la conversion de Rome en a effacé les traditions païennes. Aucun culte non-chrétien n’a pu survivre sur le territoire breton après le Ve siècle.

On estime que des mythes et des légendes issus de la tradition celtique ont survécu au moins jusqu’au XIIe siècle.

La présence des éléments nettement érotiques dans certaines églises et sur les mégalithes laisse entrevoir une certaine tolérance de ces autorités religieuses vis-à-vis de quelques croyances païennes. La vie religieuse telle qu’on peut la saisir pendant le VIe et VIIe siècle est profondément marquée par des survivances du paganisme.

La christianisation des lieux de culte païens commence: des menhirs sont taillés en croix et des temples païens sont transformés en chapelles. Certaines croyances celtes se mêlent à l’eschatologiechrétienne.

La christianisation n’a guère progressé pendant le VIIIe siècle, à en croire le poème composé par le moine Ernold le Noir : «  Cette nation perfide et insolente, a toujours été rebelle et dénuée de bons sentiments. Traîtresse à sa foi, elle n’est plus chrétienne que son nom, car d’œuvres, de culte, de religion, plus de traces’ ».

Dès le début du IXe siècle on a imposé à l’église bretonne un alignement sur les usages franc: la fixation des sièges épiscopaux et l’obligation faite aux monastères d’abandonner leurs traditions celtiques. Les évènements politiques préparent la tentative d’émancipation de l’église bretonne qui va marquer ce siècle. L’Eglise prenait dès lors le visage qu’on connaît jusqu’à la Révolution.

Au milieu du XIIe siècle la situation religieuse témoigne d’un incontestable progrès mesurable en nombre de constructions d’édifices religieux, la qualité de clergé s’améliore elle-même et est solidement ancrée dans l’ensemble de la chrétienté latine.

Les évêques sont enchantés de voir ces turbulents solitaires céder la place à des communautés stables, structurés et parfaitement orthodoxes.

Au XVIe siècle les bretons découvrent l’alternative protestante, mais elle rencontre surtout l’indifférence car elle touche aux pratiques qui sont les plus fortes de la religion bretonne : le culte des saints et de la Vierge, les pèlerinages, les indulgences et les messes pour les morts. Toutefois le catholicisme va connaître une remise en cause mais elle viendra de l’intérieur. Dans quelques décennies la Papauté définira au Concile de Trente une mise aux normes qui aura pour but de rénover le clergé.

Au XVIIIe siècle, la province a rencontré également des persécutions religieuses pendant les reformes sociales de la Révolution. La plupart des prêtres ayant refusé la Constitution Civile du Clergé ont été persécuté. Quelques-uns ont émigré, les autres sont restés et déguisés en paysans se cachent pendant le jour et disant la messe la nuit, dans des granges, dans des bois ou sur la mer. Les églises ont été profanées, les statues mutilées et les cloches envoyées à la fonte pour faire des canons. La Reforme sait aussi cultiver des larges terrains de rencontre avec la culture des campagnes : elle préserve, l’intensité de la relation avec les morts et reconnaît la vigueur des cultes des recours et des pèlerinages.

Avec la Reforme Catholique, la paroisse se trouve, le lieu d’une pédagogie religieuse très exigeante. A l’étonnement de Flaubert et bien d’autre la Bretagne offrait au milieu de XIXe siècle le visage d’une civilisation à la fois originale et archaïque. Transitions imperceptibles ici, ruptures brutales là, un monde a disparu tandis que les liens tissés entre la religion et les pratiques culturelles se transformaient.

Durant cette période il y avait des vieilles chrétientés rurales où la religion et le clergé dominaient sans partage. La pratique religieuse était unanime dans le registre de l’obligatoire. Au sein des familles, la piété domestique était de rigueur.

Dès le vote des lois scolaires dans les années 1880 et plus encore après celui des lois laïques du début du siècle, les efforts du monde catholique se sont concentrés en faveur du développement de l’école privée. Clercs et notable catholiques se sont donc efforcé, le plus souvent avec succès, d’ôter à l’école publique ses élèves.

L’offensive menée est avant tout d’ordre idéologique même si elle se pare plus souvent d’une morale catholique qui leur impose l’obligation d’élever religieusement leurs enfants et de choisir l’école qui seule peut aider à faire leur devoir. De fait dans des nombreuses communes la situation des écoles publique est critique n’ayant pas d’école de filles ou plus aucune école publique.

Dans une région à l’origine plutôt en retard sur le plan de la scolarisation, le succès de la contre-offensive catholique confirme l’influence d’un cléricalisme omniprésent dans un certain nombre de régions bretonnes. Une bonne partie de l’essor des écoles primaires catholiques s’effectue dans les innombrables paroisses rurales bretonnes où l’aristocratie continue de détenir une autorité naturelle encore solide.

Pour les élites catholiques traditionnelles, l’école est perçue comme un instrument essentiel pour conserver l’identité régionale, un dispositif de préservation d’une civilisation bretonne, catholique rurale.

L’intensité de la foi religieuse, l’importance de la pratique jusqu’à ces dernières années, le rôle du clergé et de l’adhésion aux directives de l’Eglise constituent une des caractéristiques les plus accusées de la société bretonne.

Terrain propice aux légendes

Nous ne pouvons pas définir l’âme bretonne, pourtant, c’est bien elle qui se manifeste à travers tout ce qui fait l’authenticité et la particularité de cette région. Elle se découvre à travers de nombreux événements d’histoire et de légendes.

De la terre de Bretagne émane une très forte personnalité. S’il existe une terre de contes et de légendes, c’est bien elle. Ses légendes ont laissé leur empreinte sur la terre et les hommes de cette région.

Les divinités et les créatures spécifiques, associées à des cultes de la nature dont on retrouve des traces chez des saints bretons, l’existence des superstitions paysannes autour des fées bénéfiques ou maléfiques, des dragons, des lutins plus ou moins serviables, nommé korrigan, les géants et les créatures nocturnes constituent son fond des croyances.

La tradition populaire a entouré les mégalithes d’une multitude de légendes. On dit qu’ils seraient l’œuvre de fées et de géants ou même que les dolmens auraient abrité des korrigans, ces lutins facétieux et malfaisants.

La forêt de Brocéliande est incontestablement la terre de toutes les légendes où Merlin l’Enchanteur, les Chevalier de la Table Ronde, le chevalier Lancelot, le Roi Arthur, la Fée Viviane se partagent des terres magiques et remplies de merveilles.

« Il y avait comme une immensité de vieux arbres, remplie d’antres, de mystères, de terreurs. C’était comme un entassement effrayant de bruits, de murmures, de ténèbres. Dans cette ombre, agitée par les vents du nord plein de tempêtes, se perdaient, en murmurant le Blavet, le Frion, autant de rivières connues seulement des fées et des druides. Dans cette forêt de Brocéliande s’élevait un palais de marbre et d’or, où la fée Viviane enferma Lancelot  du Lac. [..] Fantastique forêt ! On dit que l’enchanteur Merlin, cet enfant de la Grande Bretagne adopté par l’Armorique, est encore enchaîné dans la forêt de Brocéliande. »

Une autre légende qui retrouve ses racines dans les événements historiques de la Bretagne, est celle de l’hermine : un jour d’hiver où la duchesse Anne de Bretagne se promenait à cheval, elle assista à la traque d’une hermine par les chasseurs.

L’animal à la fourrure blanche se retrouva astreint à une marre boueuse, et l’hermine préfère affronter les chasseurs et la mort, plutôt que de saillir et de souiller sa noble fourrure blanche.

La duchesse obtient la grâce de l’hermine et ainsi a apparu l’emblème de la devise de la Bretagne, «  Plutôt la mort que la souillure ».

Nombreuses sont les légendes qui entourent le site mégalithique de Carnac. Ces pierres auraient été aménagées pour honorer les morts. Selon un autre mythe ces pierres seraient l’armée pétrifiée de César ou même des pierres gardiennes d’un secret ou d’un trésor reposant sous leurs pieds.

Cette terre mérite aisément la dénomination de Terre de légendes. Son histoire, ses influences celtiques, ses sites mystérieux incitent à la rêverie.

Pour conclure, nous avons découvert à travers ce chapitre que la Bretagne s’est rapprochée du reste de la France, tout en affirmant une identité originale fortement ressentie et assumée par ses habitants. En même temps, elle a été guidée et encadrée par les prêtres vers le progrès matériel et le changement culturel.

Le fait religieux si important dans cette terre de chrétienté a joué un rôle décisif dans son évolution. Il a pesé incontestablement dans le sens de la résistance et de la préservation d’une civilisation paysanne et celtique, conservatoire de l’âme et de l’identité bretonne.

CHAPITRE II

UNE NATURE MULTIPLE A LAQUELLE LES HOMMES DOIVENT S’ADAPTER

La Bretagne n’a jamais cessé d’être elle-même, c’est la force de son identité, de son environnement, de son évolution et de la continuité de ses générations. Au-dessus de tout cela, c’est l’affectif qui guide les décisions des intervenants vers leur façon d’organiser l’architecture de leur société.

Elle conserve les éléments de l’évolution architecturale de la Renaissance au modernisme. Ici, l’habitat sert de lien entre la nature et la culture. Le tempérament et l’esprit des bretons favorisent l’adaptation à son environnement. L’abondance de choix architecturaux et décoratifs créant ainsi, par cette diversité, l’image d’un patrimoine spécifique.

2.1 La campagne

Au début du XXe siècle nous apercevons une région avant tout campagnarde caractérisée par un habitat dispersé. Le paysage est orné de villages (l’équivalent de « Ker » en breton et hameau en français) organisés autour d’une chapelle et les fermes cachés derrière des rideaux d’arbres, perdues au bout d’un sentier sinueux. Cette dispersion est due aux pratiques agricoles, d’élevage et de polyculture familiale.

Les villages ne se tient pas à l’écart des champs, des terres, de vergers et s’installent en général à proximité d’une rivière ou d’un ruisseau, à la mi-hauteur d’une colline. En fond de vallée, au détour d’un chemin on croise des fours à pain, coiffés de terre ou d’ardoise, des moulins à eau, des lavoirs et des fontaines ouvragées. La distance entre deux villages est variable, selon la qualité de la terre.

Dans une société fortement hiérarchisée, les demeures édifiées symbolisent un statut privilégié. Les prêtres occupent une position particulière proche du monde paysan, ils se font construire des maisons au cœur ou près de hameau. Elles se distinguent par des inscriptions ou un calice sculpté. Les demeures paysannes abritent les hommes, les chevaux et les vaches, les récoltes et les outils. Les maisons d’habitation se distinguent par une plus grande hauteur des toits.

Les hameaux sont appelés souvent lieux-dites. Mais un lieu-dit n’est pas toujours un lieu habité, il peut-être un champ, un bois ou un carrefour.

A présent de nombreuses fermes ont été transformées en maisons d’habitation ou bien d’autres sont fusionnées en une grande exploitation agricole et dès lors beaucoup de villages périphériques sont transformés en des véritables villes.

Les hameaux dépendent des bourgs. Le mouvement de leur création culmine vers XIIe siècle lors de la donation d’un seigneur d’une terre à une abbaye pour qu’elle y établisse un lieu de culte et un bourg, occupant des lieux stratégiques en hauteur de colline.

Les bourgs sont consacrés essentiellement aux activités artisanales et commerciales. On cite également la présence de la Mairie, des écoles, du cimetière, des commerces et d’autres bâtiments publics.

Dans les bourgs les chemins aboutissent tous à l’église. L’organisation des rues et des ruelles est souvent assez incommode. Les rues qui convergent vers l’église sont reliées que par des ruelles étroites. Rares sont les bourgs où le réseau de rues est assez ample, comme on voit à Plouha.

Les bourgs s’organisent autour de la place publique, l’âme du village. C’est le lieu privilégié de rencontre du XXe siècle qui reste encore de nos jours le lieu de convivialité et d’animation de la ville. Depuis des temps anciens le mercredi ou le samedi, le marché se tient sur cette place-là.

Le modèle dominant est celui d’un bourg organisé autour de l’église. Une des spécificités du bourg c’est l’existence des maisons mitoyennes. Cette particularité n’est pas fréquente dans le village.

En Basse Bretagne les maisons mitoyennes sont encore plus rares. Le centre révèle quelques maisons anciennes, comme les demeure des notables de la paroisse ou le presbytère. Le presbytère est toujours une grande maison à étage comportant plusieurs pièces qui à côté de l’église, traduit le statut privilégié du recteur breton et sa position dans les campagnes. Autrefois, ces bourgs ont été surpeuplé des petites maisons à une seule pièce où s’abritaient des artisans ou des journaliers.

Aujourd’hui, des nouveaux quartiers se sont développés, plus aisés, plus aérés à la périphérie du bourg. Ils comprennent des maisons isolées avec jardin et même potager. Le niveau de vie de la population du bourg a augmenté ainsi que les conditions de logement.

Dans cette terre battue par le vent et par le crachin, l’architecture rurale est diversifiée selon la situation géographique. Les maisons sont édifiées sur des terrains bien choisis. Terrain qui permettait à la demeure d’être protégée à la fois des regards indésirables, du mauvais sort et des intempéries. La ferme bretonne tourne toujours le dos à la mer.

Jean- François Simon, docteur en anthropologie sociale et historique : «  La première chose qui frappe dans ces maisons anciennes, est le soin apporté au choix de leur emplacement. Il est évident que le constructeur a eu le souci de mettre sa demeure à l’abri du vent et de la pluie qu’il apporte, tout en la présentant aux rayons du soleil. La maison est autant que possible bâtie à l’abri d’un obstacle naturel, au revers d’une pente qu’on aura en partie déblayée pour l’installer. »

Alors, le choix déterminant de l’emplacement de la maison est l’harmonie avec la nature.

Si le choix de l’emplacement est déterminant dans la construction de la maison, celui des matériaux ne l’est pas moins. Les anciens ont construit avec les différents matériaux qu’ils avaient sous la main.

Le granit est dominant, caractérisé par sa diversité et une palette chromatique très large à laquelle s’ajoute encore les schistes. Il très présent en centre Bretagne ou du côté de la légendaire forêt de Brocéliande.

Pourpres, vertes, bleus ou noirs les schistes méritent autant l’étiquette bretonne que le granit. Parfois les maisons sont construites de pierre de taille ou de récupération. Mais, la pierre n’est pas le seul matériau que les bretons utilisent pour monter leurs maisons.

Dans le bassin rennais, le matériau utilisé pour bâtir les maisons est la terre crue, à laquelle s’ajoutent des liants végétaux. Cette technique de construction est appelé « bauge ». Les constructions en terre présentent une insertion harmonieuse dans le paysage du bassin rennais et à présent sa rareté confirme bien l’originalité de ce patrimoine architectural.

Le XXe siècle apporte l’emploi de la brique utilisée autour des portes et des fenêtres.

Le bois pour la charpente provient plus souvent, lui, aussi, des environs immédiats de la maison. Souvent le maître coupe ses propres arbres ou il utilise du bois en provenance des épaves, pour les habitants des îles.

La toiture est un élément essentiel de la maison de Bretagne qui participe à son style, à son charme, à sa typicité.

Le chaume par sa propriété isolante est utilisé dans l’architecture paysanne et bien adapté au climat breton. La demeure couverte de chaume offre une température douce en hiver et de la fraîcheur en été. Mais le chaume tend à devenir un signe de pauvreté.

Par la suite il est abandonné et remplace le plus souvent par de l’ardoise dans des nombreux secteurs de la Bretagne. Un matériel plus riche et plus confortable. Les remises, les écuries, les hangars restent quant à eux fidèles au matériau traditionnel.

Pierre-Jakez Hélias, l’auteur du Cheval d’Orgueil, qui narre ses souvenirs d’enfance d’écrit la maison d’un oncle bigouden : «  Il faut ajouter que le paysan breton aime bien la pierre, particulièrement le granit. Il en apprécie le poids, la solidité, mais aussi le grain. Il la travaille volontiers lui-même quand il s’agit de faire des cœurs de talus, des murs secs, des crèches, même des margelles de puits. C’est pourquoi l’entourage de ses portes et de ses fenêtres est souvent en granit taillé ».

Jusque dans les années ’50 on aménageait une niche à statue sur la façade principale des édifices. Ces niches étaient destinées à recevoir la statuette d’une vierge ou d’un saint qui assurait la protection de l’habitation.

Yann Brékilien dans son ouvrage «La Bretagne qu’il faut sauver », écrit : «  Il n’y a pas de maison bretonne type, mais une manière bretonne de concevoir les proportions du toit et des murs, d’utiliser les matériaux, de disposer les pignons. Il y a des couleurs qui conviennent et des couleurs inacceptables. Il y a des tas de petits riens qui ne peuvent s’expliquer ni même se formuler, mais qu’un Breton sent d’instinct ».

Il est difficile de dresser un portrait standard de la maison bretonne tant les typologies sont diverses. La maison paysanne est l’achèvement d’une évolution commencée entre les XIVe et XVe siècle. A cette période les hommes et le bétail demeuraient sous le même toit. La fumée s’échappe par le toit. Une lente évolution va amener la séparation des hommes et du bétail et par la suite la modification de l’aspect de la demeure.

L’intérieur est séparé par un mur. On bâtit une cheminée dont on voit la souche à l’extérieur. Les murs sont remontés et percés d’une fenêtre et deux portes. Une, pour les hommes et une autre, plus petite pour les animaux. Ce modèle simple continuera à être construit jusqu’au XIXe siècle pour les foyers les plus modestes. Après une autre porte sera percée, une autre chambre sera créé, un étage pourra être élevé auquel on accède par un escalier intérieur ou extérieur.

Les demeures rurales ne sont pas forcément des demeures paysannes. Des prêtres, des marchands, des artisans en font bâtir.

Les chaumières possèdent une place important dans le patrimoine architectural de Bretagne. Son nom vient de son toit en chaume, constitué du blé, du seigle ou du roseau. Ses murs sont parfois aussi constitués de terre jadis recouverts d’une abondante couche de chaux.

Lorsqu’elle n’a pas d’étage, elle disparaît pratiquement sous son vaste chapeau en paille. Si les chaumières étaient autrefois le logement des agriculteurs, aujourd’hui elles sont utilisées comme chambres d’hôtes.

Particulièrement caractéristiques pour le milieu rural breton sont les longères ou les maisons à développement en longueur. D’une forme rectangulaire, leur construction est orientée face à la direction du vent dominant. La particularité des longères est que toutes les dépendances sont souvent disposées dans une rangée Elle prend souvent la forme d’un plain-pied, aux accès en gouttereau, plus rarement en pignon et à l’origine, les escaliers utilisés pour accéder au grenier étaient située en dehors de la partie principale de la maison. Traditionnellement la longère bretonne recevait un nom lors de sa construction.

Selon le type d’habitat la longère est baptisée longère de campagne ou de ville. Elles étaient l’habitat des petits paysans, des artisans et des métayers. De nos jours elles sont devenues plus souvent des résidences secondaires.

La maison à avancée est un logis de plan rectangulaire avec un ou plusieurs avant-corps généralement placés sur la façade principale. L’avancée sert à placer la table, les bancs et un lit-clos. Un escalier extérieur peut-être associé à l’avancée. Afin de profiter de l’ensoleillement, la maison à avancée est presque toujours construite vers le sud.

Les maisons les plus soignées qui portent souvent un chronogramme témoignent de l’aisance de leurs propriétaires en majorité notables ruraux : tisserands, marchands, artisans, prêtres.

Le même type d’habitation est réservé à la population moins aisée, mais l’édifice offre des volumes plus modestes et souvent sans étage.

Au début du XXe siècle avec l’apparition du néo-régionalisme ce type de maison a fini par s’imposer durablement jusqu’à symboliser le stéréotype de la maison bretonne.

Aujourd’hui nous sommes loin de la fonctionnalité initiale des modèles anciens, alors que la forme architecturale a envahi toute la région.

La construction de bois et de terre reste une référence dans l’architecture rurale. Elle traverse le Moyen Age et la période moderne, pour se perpétuer dans le bassin rennais où les maisons de terre sont nombreuses et bien conservées. Cette architecture revêt les simples maisons de journaliers en allant jusqu’aux manoirs classiques.

Dans les campagnes et dans les bourgs, ces maisons en terre beige à l’ocre cru, entrent en résonance avec les nuances de la terre cultivée.

Le manoir est la demeure de la petite noblesse, des notables et des marchands notamment dans les régions de production de toile. A mi-chemin entre la simple ferme et le château de la haute noblesse, ces demeures sont le cœur d’un domaine agricole souvent construites de bois et de terre. Vers XVIe siècle, le manoir est sorti de terre, symbole de la prospérité de la péninsule. Maintenant ils sont bâtis en granit et ardoise qui leur confère une élégance spécifique. Le temps du manoir coïncide dans les grandes lignes avec celui de l’art religieux.

Ils sont revêtus par des escaliers monumentaux qu’on trouve parfois sur des tours qui ornent les façades et rajoutent de la somptuosité à l’édifice. Cette demeure se distingue de la ferme par l’ampleur des bâtiments et par l’agglomération de terres environnantes. On y trouve fréquemment associés des moulins, des fours à pain et des colombiers et parfois même une chapelle.

Il est à la fois un lieu de vie, de travail et du pouvoir, résidence d’une famille aristocratique. La domesticité du propriétaire occupe les dépendances du manoir, notamment les « métairies ». Elément d’identité bretonne, le manoir va influencer fortement l’architecture régionale.

Le territoire breton est parsemé aussi des moulins, élément important du paysage rural, qui se niche avec sa tour et ses ailes sur une crête du bocage ou au bord d’un estuaire.

Il est une construction à l’usage d’habitation et d’exploitation agricole. Leur densité était selon l’importance de la culture de céréales. D’abord, les moulins ont été aux mains de la noblesse qui en partageait les revenus avec l’Eglise. Plus tard beaucoup ont été attribués à des marchands au moment de l’essor de l’industrie toilière.

Les petits moulins à vent, simples et rustiques, étaient des moulins familiaux imaginés pour échapper à la tutelle des grands moulins.

Les moulins à eau tenaient lieu d’habitation, le meunier logeait à l’étage, à laquelle s’annexait une petite exploitation rurale.

Le moulin Saint-Michel à Saint Quay Portrieux est aujourd’hui l’un des rares moulins en Bretagne capable de moudre le grain à l’ancienne.

Les moulins ont profondément marqué le décor et la vie des bretons.

Les lavoirs font partie d’un patrimoine charmant, auparavant lieu de vie et de rencontre, alimentés en eau par un cours d’eau ; ici venaient les lavandières pour laver le linge.

Les lavoirs construits en granit et couvets d’ardoises, au fond des jardins des maisons bourgeoises qui bordent la rivière, témoignent d’un mode de vie assez rude.

Aujourd’hui, nous pouvons admirer les 50 lavoirs de Pontrieux.

La maison de type néo-breton a fait beaucoup d’adeptes à une époque où on quittait la demeure de granit, de schiste ou de terre des parents ou des grands-parents. Son architecture est reconnaissable d’après leurs toitures en ardoise à double pente, leurs murs de parpaings recouverts d’une peinture blanche, parés de leurs encadrements de portes et de fenêtres en granit. Elle a la tendance à rompre l’harmonie de l’architecture traditionnelle. Ces demeures s’inspirent cependant de leurs devancières par la forme et les volumes, par les matériaux qui encadrent les portes et les fenêtres, par la pente et les ardoises de la toiture et enfin, par les avancées qui nous font penser aux maisons à avancée.

L’architecture mégalithique très fortement représentée dans la campagne bretonne s’expose sous différentes formes, comme les menhirs ou « pierre longue » dressé vers le ciel, souvent isolés, regroupés en alignement ou en cercle et les dolmens ou « table de pierre ». Les dalles énormes qui les composent délimitent un couloir menant à une ou plusieurs chambres funéraires.

Toutes ces maisons, si elles ne sont plus dédiées à leurs activités première, ni abandonnées à la ruine, sont devenues des maisons de charme.

Restaurées avec plus ou moins de vérité, elles assument l’image moderne de la région et vivent, décomplexées, des histoires de tous les jours.

Les villages se nichent dans un paysage bocager ou des bourgs situés entre leurs potagers et la mer, avec leurs vieilles maisons de granite, de pierre ou de terre , blotties autour de l’Eglise ou alignées le long des vieux pavés, des ruelles étroites et sinueuses envahies de verdure : tout s’accorde pour inspirer un sentiment de paix et de continuité.

La plupart des maisons sont ornées de lucarnes et protègent leurs fenêtres de volets, certains sont ornés de rideaux en dentelle bretonne, des petites statuettes d’un saint qui rappelle la longue tradition chrétienne et la piété des habitants de ce pays décorent les niches centrales des maisons.

Des jardins soigneusement entretenus, des murets couverts de fleurs caractérisent les bourgs de Bretagne. L’hortensia, la fleur symbole de ce pays complète ce paysage harmonieux et discret. Tout autour témoigne du charme et crée une atmosphère paisible et romantique.

Malgré quelques détails contemporains, l’Eglise, les chapelles, les puits, les vieux arbres, les demeures anciennes semblent enracinées ici depuis des temps immémoriaux.

2.2 La ville et les cités de caractère

Bien que l’image de la Bretagne soit terre de marins et pays rural, bien que la multitude de ses bourgs et paroisses révèle la profondeur d’un enracinement et d’un sentiment religieux archaïque, toutefois elle est aussi une région de haute tradition urbaine dont l’origine remonte, selon ses villes à l’Empire romain, au Moyen-Age ou aux temps de la féodalité.

Cette tradition évolue quand les évêques, les ducs et les grands seigneurs attirent autour d’eux proches vassaux et domestiques.

Ceux-ci font construire châteaux et cathédrales, donnent du travail à des artisans. Alors, les villes sont étendues à proximité de cathédrales et châteaux et profitent de la protection des remparts et de l’autorité de celui qui y vit.

Les unes ont franchi les siècles sans encombre et sont aujourd’hui les plus grandes villes de Bretagne. Beaucoup de villes bretonnes ont sauvegardé leurs châteaux et les remparts, les témoins imposants d’une époque troublée semée de combats, de sièges et symbole d’identité.

Les autres n’ont pas pu maintenir leur lustre d’antan et sont ainsi devenues des simples bourgades. Mais les unes et les autres restent des villes authentiques, au patrimoine urbain bien conservé et entretenu : Petites Cités de Caractère, agglomérations de petite taille, Villes d’Art et d’Histoire et Villes Historiques, agglomérations plus grandes.

Il est difficile d’essayer d’isoler un type de maison urbaine qui serait spécifique à la Bretagne, on peut cependant remarquer que tel ou tel élément architectural est plus ou moins utilisé qu’ailleurs.

La ville bretonne commence à changer de visage avec l’expansion toilière, vers le XVIIe siècle.

Les maisons en pan-de-bois (ou les maisons à colombage) qui offrent à la rue leurs pignons façades font leur apparition, dans le monde citadin breton. C’est ce qui fait encore le charme des villes et qui est aussi le témoin précieux sur les maisons d’alors et sur la façon de vivre des habitants.

Contraints par une place aux dimensions modestes, les bâtisseurs adoptent des façades axiales et donnent un rôle fondamental aux toitures. Sur les toitures ils combinent corniches, grandes lucarnes et cheminées en agrandissant ainsi le patrimoine architectural avec ces maisons en pierre.

Il était également usuel que la façade-pignon associe une armature de bois avec un remplissage d’argile, alors que le rez-de-chaussée et les murs gouttereau utilisent la pierre. Il est d’usage que le rez-de-chaussée soit réservé aux commerces. Ceux-ci encadrent la porte principale dont la décoration associe fréquemment pilastres et volutes. Le propriétaire témoigne de son rang et sa richesse par des inscriptions, statuettes, couleurs vives qui ornent la façade

Les maisons à lanternes, dites de la duchesse Anne, demeures de la famille noble, édifiées à ossature de bois élevées sur un soubassement de pierre avec deux ou trois étages en encorbellement. Elles se caractérisent, outre le riche décor sculpté de leur façade, par une disposition intérieure spécifique : la cour intérieure montant jusqu’aux combles est éclairée par une toiture vitrée et chauffée par une cheminée monumentale. Dans un angle de cette cour, un escalier s’enroule autour d’un noyau fait d’un tronc d’arbre, sculpté de statues de vierges et de saints, pour desservir à chaque étage des galeries suspendues.

Aujourd’hui, le passé textile s’exprime dans le mélange subtil de rues qui évoquent directement le nom d’anciens métiers et de superbes édifices.

Vers le XVIIIe siècle, la ville s’étend hors de murs. Les riches négociants se lancent dans la construction d’hôtels de pierre dont l’austérité des façades contraste avec la richesse du décor intérieur. Des maisons marchandes, sous couverture d’ardoise, avec façades étroites combinées avec quatre niveaux d’élévation, des combles dotés de lucarnes et encadrés de souches de cheminée. Ce qui leur confère l’allure de maisons « hautes comme des tours ».

Au cours des siècles la ville a été symbolisée par ses remparts. Avec l’arrivée du siècle des Lumières en Bretagne, comme dans la plupart des provinces françaises, c’est l’arrivée du siècle d’embellissement des villes et de l’aération de l’espace citadin. Un autre paysage émerge et s’impose lentement.

L’innovation la plus fréquente est la création des promenades arborées, des parcs et des jardins à l’imitation de Paris. La typologie des immeubles se diversifie depuis la maison familiale, jusqu’à l’immeuble collectif, en passant par des hôtels particuliers sur le modèle parisien. Les rues et les places sont pavées, la voirie est soignée.

Au début de XIXe siècle la Bretagne devient à la mode, voyageurs et écrivains y goûtent le dépaysement offert par les ruines médiévales. Les villes doivent loger une population plus nombreuse.

Elles s’efforcent à garder leurs élites, les familles de la noblesse ou de la bourgeoisie qui pratiquent la double résidence entre leur demeure citadine, leur domaine extérieur et d’accueillir les nouveaux venus.

Le style des édifices se diversifie, épousant les modes du siècle d’inspiration néo-palladien pour les hôtels, d’influence gothique pour la bourgeoisie catholique.

L’empreinte bourgeoise transparaît dans l’aménagement culturel : les opéras, les théâtres, les musées, les bibliothèques. Le souci du décor se retrouve dans le mobilier et la sculpture. Les fontaines participent déjà à la parure de la ville.

Au XXe siècle les villes de Bretagne ont connu également l’impact de l’Art Déco. On le reconnaît en passant des édifices bourgeois aux quartiers populaires. On l’identifie à un goût pour les formes géométriques, dans l’emploie des fenêtres en arc ou pour le répertoire végétal stylisé.

Le style régional explicité dans ses grandes lignes, des plans rectangulaires prononcés, des toitures en ardoise, des murs en pierre fait aussi son apparition dans l’architecture citadine de Bretagne, après la Seconde Guerre mondiale.

Le patrimoine architectural est monumental avec ses remparts, maisons anciennes ancrées dans le quotidien, dans une généreuse combinaison d’habitat, des fontaines, de sculptures, de places, de parcs, de jardins, de rues et de cours intérieurs.

La Bretagne possède également un patrimoine inestimable que constituent les grands châteaux médiévaux. Ces vastes demeures, ces grandes domaines qui ont traversé jusqu’à nos jours les vicissitudes de l’histoire. Le souci de rendre peu à peu la vie la plus agréable possible dans des places fortes austères marque de manière importante l’évolution de l’architecture dès le XVe siècle. A partir de l’aspect militaire des édifices, on laisse place à un travail important qui s’effectue dès lors sur l’aspect résidentiel de la demeure.

A cet égard les châteaux de la Roche Jagu, Combourg ou bien Rosanbo sont des exemples révélateurs du souci de cette époque. Des demeures nobiliaires qui paraissent faites pour témoigner devant le monde moderne des richesses profondes de l’âme bretonne alliées aux grâces de l’art français et qui racontent des histoires lointaines des ducs et des grands seigneurs.

L’histoire de villes et de cités de caractère de Bretagne commence derrière les remparts de ces châteaux.

Bécherel, ville castrale de type « roche-forte », conserve les traces de différentes époques qui ont marqué son histoire tumultueuse et de son remarquable sens de l’adaptation.

Si les rues de Chanvrerie et Filanderie évoquent le passé tisserand de la cité, les maisons en granit de nobles et de marchands révèlent toute l’importance de cette place commerciale.

Les vestiges de remparts et le donjon de l’ancien château rappellent qu’auparavant, cette forteresse a joué un rôle stratégique pendant la guerre de Succession de Bretagne.

Aujourd’hui cet ancien centre urbain est devenu la première Cité de Livre en France.

Josselin, cité médiévale révèle à ses pieds l’imposant château des Rohan. De nombreuses et ravissantes maisons anciennes, souvent à colombages et coiffées de toits pittoresques, donnent son attrait et l’imprègnent d’une atmosphère moyenâgeuse.

La petite cité de Moncontour, est accrochée à son escarpement rocheux, d’où rues et venelles descendent avec douceur vers les remparts qui l’entourent encore et vers les jardins.

L’habitat aux hautes demeures y est somptueux : maisons en pans de bois avec motifs en feuille de fougère, hôtels particuliers en granit aux portes à fronton sculptées, une architecture qui reflète les charmes des siècles passés.

A Locronan, d’élégantes demeures aux portes sculptées, ornées de superbes lucarnes datant du XVIe siècle entourent la Grand Place. L’authenticité et l’harmonie des vieilles rues pavées et les demeures anciennes ont fait de cette petite cité un décor privilégié pour le tournage d’un grand nombre de film historiques. La place de l’Eglise conçue autour de l’ancien puits banal, possède un charme intemporel, tout comme le petit calvaire de Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle.

Dinan, la vieille cité des bords de la Rance est au nord l’entrée monumentale de la Bretagne. On imagine aisément son importance au Moyen Age en contemplant ses maisons assoupies sur des piliers séculaires et ses ruelles qui dégringolent jusqu’à la Rance. Le nom des rues évoque les métiers de l’ancien temps : place des Merciers ou rue de la Ferronnerie. Dans l’ancienne ville de part et d’autre de pavés, des artisans travaillent le bois, le cuir ou la pierre dans des maisons à pignons.

A côté de l’église le jardin anglais mène aux anciens remparts, qui ceinturent la ville et permettent de rêver un peu tout au long d’une agréable promenade. Adossé aux remparts le château de la duchesse Anne domine la vallée.

Fougères, noble cité médiévale a été admirée par les grands écrivains, comme Balzac, Alfred de Musset, Chateaubriand ou Victor Hugo. Le dernier écrivait « Je suis à cette heure dans le pays des fougères, dans une ville qui a un vieux château flanqué de vieilles tours, les plus superbes du monde, avec des moulins à eau, des ruisseaux vifs, des rochers, des jardins pleins de fleurs ; des rues à pignons, des églises hautes et basses…J’ai vu tout cela au soleil, je l’ai vu au crépuscule, je l’ai vu au clair de lune et je ne m’en lasse pas. C’est admirable »

Métropole d’art et d’histoire, ville bimillénaire d’origine gallo-romaine, Rennes, nous emporte aux sources de l’histoire en cheminant dans les ruelles sinueuses, bordées des maisons en pan de bois. Les Portes Mordelaises, c’est l’entrée datant de l’époque médiévale. Le quartier de la cathédrale offre la plus grande concentration d’architecture du XVe siècle. La ville classique et la Place du Parlement succèdent à la partie médiévale.

Au-delà, des hôtels particuliers de bois et de pierre, le parc du Thabor, qui se révèle un havre de paix au cœur de la ville. Les réalisations du XXe siècle portent empreinte du style Art Déco.

L’architecture contemporaine s’insère également dans la ville avec la réhabilitation de plusieurs quartiers notamment autour de la gare.

Les villes et les cités continuent leurs longues traditions d’autrefois qui rayonnent par les fêtes, les rituels, les pardons, les foires, leurs traditions de négoce. Ainsi les artisans, les ateliers et les galeries ont pris place au cœur ancien des villes.

2.3 La mer

Exposées à tous les vents, à toutes les tempêtes, les côtes de Bretagne se sont élevées en véritables remparts ; les pointes sont comme des tours de garde où de courageux phares d’entêtent à percer le brouillard, tandis que falaises et rochers brisent l’assaut ininterrompu des vagues.

Au large, des îles contrastées se dressent comme des avancées: Ouessant ou Bréhat, chacune est différente, singulière, tantôt paradis de soleil et de fleurs, tantôt enfer d’écume et d’orage.

Des plages immaculées étalent leur sable onctueux au creux de baies turquoise. A la marée basse ces immenses étendus silencieuses s’offrent aux bottes des ramasseurs de coquillages, tandis que les bateaux s’endorment, le flanc couché sur la grève.

L’Armor, pays de la mer, n’en finit pas de nous envoûter. Il se passe quelque chose d’indéfinissable entre ces paysages salés et celui ou celle qui les contemple ; une force, un lien ténu que seule la Bretagne sait établir.

Ces îles hébergent des communautés de pêcheurs dont les villages groupent les maisons le long de rues étroites conçues pour protéger ses habitants des vents marins.

La demeure de pêcheur breton, une sorte de lutin aquatique, presque un carré, est dotée d’une porte unique ouvrant toujours au sud. Elle est percée de deux autres ouvertures tenant lieu de fenêtres et élevée souvent d’un étage au début du siècle dernier, pour voir un peu plus loin les bateaux sur la mer. Couverte d’ardoise et la façade blanchie à la chaux, ornée par le bleu ou le vert de volets, cette demeure semble austère, mais elle est adaptée au climat de ces milieux hostiles où la mer conteste la rive.

Nous retrouvons ces charmantes maisons basses de pêcheurs sur l’Ile aux Moines (Morbihan) où la modestie et la discrétion caractérisent l’architecture du Bourg. On aperçoit derrière les vitres, la maquette d’un bateau, symbole de cette île de navigateurs et de pêcheurs.

Une autre île qui nous révèle la beauté du milieu de pêcheur breton c’est l’île d’Ouessant (Finistère). Classé réserve ornithologique, elle abrite cormorans, mouettes, goélands et autres oiseaux. La lande s’étend à perte de vue, ponctuée de buissons et de tamaris. Des murets de pierres sèches séparent des enclos où broutent de petits moutons. Ses falaises dévoilent des vue marines d’une beauté féerique. Les maisons du petit village de pêcheurs, soigneusement protégées de la pluie et du vent par des volets, se groupent frileusement autour de l’église.

Le Conquet (Finistère) un petit port de pêche, spécialisé en crustacée et la récolte des coquillages. A preuve les rangées des bateaux et les casiers à langoustes accrochés aux façades des maisons.

C’est un village séduisant qu’animent de charmantes maisons de pêcheurs et de vieilles demeures ornées de portes gothiques.

Une fois les dunes apprivoisées sur les côtes, une morphologie citadine particulière se met en place : la ville balnéaire.

Outre, les auberges et les pensions de famille, les stations ambitieuses de dotent d’une pièce essentielle, un grand hôtel au bord de la mer.

Les malouinières, ces demeures bretonnes chargées d’histoire qu’on ne trouve qu’à Saint-Malo, construites par les armateurs de Saint-Malo comme maisons secondaires, se caractérisent par une architecture symétrique et austère presque militaire. Elles ont des murs épais en granit, percés de grandes fenêtres, exposées du côté sud-est et entourées des jardins à la française.

La péninsule bretonne vit dans un climat qui lui est propre, à nul autre comparable.

Les pluies violentes des jours de tempête, tiédissent la température, se chargeant de la chaleur de la terre, ce qui contraste avec les bruines pénétrantes accompagnées de vents légers.

Nulle part ailleurs le ciel ne change aussi rapidement, et nulle part ailleurs le ciel n’a d’aussi belles couleurs. En Bretagne, dans une même journée, il est courant qu'alternent éclaircies et ciel couvert. Ici, le temps marche avec les marées et suit les cycles de la lune.

La vie des marins et des pêcheurs est rythmée par les marées et le climat. Ils ont appris à les apprivoiser et s’en accommoder.

Quand la mer se retire, elle découvre des plages et des rochers rarement visibles qui font le bonheur des pêcheurs à pied. Grande tradition sur le littoral breton la pêche à pied est une bonne occasion pour découvrir des trésors du milieu marin, huîtres, moules, crevettes ou coquillage et de découvrir également la biodiversité de l’estran.

Les pêcheurs gagnent le large de bonne heure avant que la brume légère se laisse transpercer par les premières lueurs de l’aube. Ces braves matelots qui affrontent et dominent la mer nous révèlent une autre image de la Bretagne, celui de dizaines de milliers de petits pêcheurs, tantôt paysans, tantôt marins qui approvisionnent la clientèle privilégiée des saveurs de la mer.

Pour tous ceux qui vivent sur la mer, les phares sont cités avec un mélange de respect et de crainte. Battus par les vents les phares bretons affrontent la mer souvent déchaînée. Les gardiens des phares les qualifient de façon personnelle selon les conditions auxquelles ils sont exposés, qui va de l’Enfer au Paradis.

L’Enfer, c’est un phare comme la Vieille, avec des conditions de vie difficiles, un bruit assourdissant, des tempêtes à répétition.

Le Paradis c’est toute la quiétude d’un phare à terre avec des logements vastes et confortables, un petit jardin et des animaux comme à Belle-Ile.

L’élégance des villas cachées dans les pins gardant le charme de la Belle Epoque, la grandeur des phares, les maisons de pêcheur authentiques, les prodigieux paysages marins, les baies intimes, la faune et la flore, tout s’accorde harmonieusement et nous offre un héritage maritime magistral.

Le patrimoine est commun à une communauté et transmis de génération en génération. Au long de ce deuxième chapitre nous avons révélé ce patrimoine vivant qui raconte des histoires autour de l’Histoire, car la Bretagne croit toujours à ses symboles et les protège. Le reflet des influences extérieures ou d’adaptation aux contraintes d’un lieu, ses villages, ses villes et ses cités expriment leur ancienneté, racontent la vie de leurs fondateurs, de leurs habitants modestes ou puissants d’hier ou d’aujourd’hui. L’originalité, la diversité et la richesse du patrimoine architectural breton se reflète sur l’ensemble de ce territoire.

CHAPITRE 3 : UNE TERRE D’ART ET DE CULTURE

3.1 Art religieux et croyances en Bretagne

La foi en Bretagne est une vieille histoire. Elle a profondément marqué l’identité collective et, plus qu’ailleurs, la religion a façonné le paysage d’une péninsule qui possède une importante concentration d’édifices sacrés. Ici, la foi a été une importante source d’inspiration spirituelle et artistique.

L’art religieux breton est un subtil mélange de roman, gothique et renaissance. Cathédrales, églises et chapelles témoignent aujourd’hui encore de sa vivacité.

Après les destructions des invasions normandes, le renouveau religieux entraîne en Bretagne une floraison d’abbayes et d’églises romanes.

Entre le XIIe et XV e siècle, le mécénat des ducs de la dynastie de Montfort et celui de la haute noblesse favorise la construction de la plupart des cathédrales.

Entre les XIVe et XVIIIe siècle l’édification d’innombrables églises et chapelles rurales exprime la prospérité de la Bretagne et le triomphe de la foi catholique.

Les édifices romans sont peu nombreux car ils sont remplacés à l’époque gothique ou Renaissance, grande période de prospérité en Bretagne, par d’autres édifices plus vastes, plus ornés.

L’empreinte de l’art roman dans le patrimoine religieux breton se caractérise par les arcades à claveaux rectangulaire qui bordent la nef. Leur motifs décoratif très simple est représenté sur les chapiteaux et colonnes : étoiles, feuilles de fougère, dragons, licornes ou même des animaux réels comme des béliers, des ours, jusqu’à des figures humaines. Les édifices sont bas, simples, aux murs épais et sombres, percés de petites fenêtres.

En témoignage de l’art roman, les ruines de l’église circulaire du XIe siècle dites le Temple de Lan Leff, bâtie sur le modèle du Saint-Sépulcre de Jérusalem, en grès rose.

A l’origine l’édifice se présentait sous la forme de deux enceintes circulaires. Aujourd’hui il ne reste qu’une partie de l’enceinte extérieure et l’enceinte intérieure est constituée de 12 arches soutenues par 12 piliers imposants, ornés sur leurs chapiteaux de gravures primitives.

Le gothique marque également le paysage breton avec croisé d’ogives, les fenêtres hautes surmontées d’une rose, lumineuses, le clocher à l’ornementation très sculptée.

Ce sont des édifices hauts, fins, prestigieux, prolongés de tour-clochers surmontées de flèches.

L’abbaye de Beauport révèle un bel exemple de transition entre le style roman et gothique.

L’église abbatiale dresse les ruines imposantes de son portail aux fenêtres superposées, des arcades, de sa nef et de son chevet. L’abbaye et son domaine forment un patrimoine exceptionnel à la fois historique, culturel et naturel.

Le gothique flamboyant supprime les chapiteaux, ainsi les nervures des arcs pénètrent avec une élégance raffinée dans la colonne, les formes décoratives rappellent des flammes. Les édifices se parent d’un riche décor, véritable dentelle en pierre.

L’église des Iffs et la chapelle Notre-Dame de la Cour à Lantic, datent du XVe siècle. Leur beauté n’est pas seulement la belle ordonnance de l’édifice, les détails de la sculpture, l’élégance des fenêtres flamboyantes, ses gargouilles mais surtout les merveilleuses peintures sur verre.

La Renaissance apporte son style qui a été bien accueilli en Bretagne. Les façades des églises multiplient leurs plans et des chapelles latérales s’imposent. Le relief des colonnes et contreforts creusés de niches et couronnés de clochetons s’accentue, tandis que se découpent sur le ciel les tours à dômes et lanternes.

On peut remarquer la décoration Renaissance dans la partie Ouest de la basilique Notre-Dame de Bon Secours de Guingamp reconstruite au XVIe siècle.

Après des églises urbaines dotées de structures gothiques qui se rattachent à l’art occidental, l’enclos paroissial, s’attache à saisir le secret de l’âme du peuple breton.

A partir du XVIe siècle, les paroisses étaient gérées par un conseil issu d’une sorte d’aristocratie paysanne. Leur volonté d’afficher la richesse du pays s’est manifestée dans les enclos paroissiaux. L’enclos, délimité par un muret, héritage du bourg castral. Il servait à délimiter l’espace profane et sacré.

C’est espace de recueillement est le placître. Cet ensemble culturel typiquement breton est considéré comme sacré par les bretons rassemble l’entrée, le calvaire, l’ossuaire et l’église, parfois le cimetière. La porte d’honneur y donne accès et célèbre l’entrée dans la vie présente et sa sortie vers l’au-delà de la mort.

Avant les Celtes, la Bretagne était parsemée de pierres dressées. Les menhirs sont tantôt isolés, tantôt plantés en cercle comme sur l’île aux Moines. Les dolmens formés d’une table sur deux supports, les allées couvertes servaient de sépultures.

La puissance de ces sites n’a pas échappé à l’Eglise qui s’est empressée d’en christianiser certains. Ainsi, la crypte de la chapelle des Sept-Saints à Vieux-Marché est un dolmen.

La piété du peuple breton s’est exprimée à travers un foisonnement de chapelles, croix et calvaires, dispersés à travers la campagne.

Les croix de chemins disséminées dans les campagnes sont un marquage chrétien de l’espace. Grâce à elles le voyageur se repérait et reconnaissait la direction d’un bourg ou d’un lieu illustré par le passage d’un saint. La gravure de la croix est présente dans la lumière du levant. On reconnaît les croix primitives, monolithes aux bras courts, plantées en terre, les croix postérieures sont montées sur un socle.

Au cours de son développement le calvaire se distingue de la croix, il porte des statues adossées sur des consoles au-dessous des bras de la croix, fréquemment saint Pierre et le patron du lieu. Les deux personnages de face sont la Vierge et saint Jean. Au pied, les sculptures taillées dans le granit racontent des épisodes de la vie du Christ. A partir du XVe siècle, des calvaires prennent des dimensions monumentales, sont parfois intégrés dans les enclos paroissiaux et tiennent une place très importante en Bretagne.

Le Calvaire de Guimiliau, en Finistère, au cœur de l’enclos paroissial du petit bourg est sans doute le plus fascinant des grandes calvaires bretons. Pas moins de 200 personnages sont sculptés dans la frise et sur la plate-forme. Animés d’une grande expressivité, ils font défiler la vie et la Passion du Christ dans un désordre joyeux. Pignons, murs, porche et clochers de l’église de Guimiliau servent de toile de fond à son calvaire massif.

Le porche de l’Eglise, distingué du portail par une ouverture, est placé au sud, côté soleil, richement décoré. Il abrite en général les statues des apôtres alignées dans des niches et c’est la seule partie voûtée des églises. Le fronton s’orne de la niche de la Vierge à l’Enfant.

Un autre élément typique de l’art religieux en Bretagne est le clocher. Placé sur la croisée du transept à l’époque romane, l’époque gothique lé déplace vers la façade occidentale. Il montre une grande variété des silhouettes : clocher-mur, clocher en charpente (souvent orné de clochetons), clocher léonard (on revient vers le médiéval, flèche pyramidale effilée encadrée de clochetons sur tour carrée), clocher à flèche ou bien clocher à dôme.

La peinture n’est pas un art majeur en Bretagne. Le climat humide ne favorisant pas les fresques sur le bois ou la toile, et cet art, surtout populaire, manque de riches protecteurs.

Elle se tourne donc vers le vitrail. De nombreuses écoles se sont établies dans toute la province, laissant des œuvres admirables.

Les vitraux qu’on peut voir en Bretagne sont des témoins de la Renaissance. Les remplages, ces réseaux de pierre où s’insèrent les vitraux offrent une grande variété de découpes. Les roses se muent en roses flamboyantes et tournoyantes. Les thèmes récurrents de vitraux sont la Passion, la Crucifixion, la vie du Christ, de la Vierge ou des Saints. Le XXe siècle apporte la diversité des courants contemporain, comme le style art-déco.

Il subsiste en Bretagne peu de vitraux antérieurs au XVe siècle, aucun vitrail roman et les églises n’ont conservé que peu de témoins du vitrail gothique. La chapelle Notre-Dame de la Cours à Lantic, conserve le vitrail du XVe siècle.

La chapelle des Iffs, en Ille-et-Vilaine, illustrent l’admirable travail des ateliers de Rennes au XVIe siècle. Elles sont très riches en verrières et possèdent des coloris d’une vivacité peu fréquente à ce temps-là.

Plusieurs chapelles construites au bout d’un chemin creux parfois à l’écart de toute habitation, mais très souvent associées à une fontaine sacrée témoignent de la christianisation d’un ancien culte des sources. On bâtit des chapelles pour dire sa foi, affirmer son pouvoir, rassembler sa communauté, mais aussi pour éloigner ses peurs.

La chapelle de Kermaria an Iskuit, non loin de Plouha, du XIIIe siècle dont le nom signifie « La maison de marie qui rend la santé », est un exemple de splendeur d’art religieux. Outre ses statues figurant les apôtres, elle est célèbre pour sa fresque du XVe siècle représentant une danse macabre et mettant en scène le pape, le roi, un astrologue ou encore un laboureur donnant la main à un squelette.

Dès l’époque celtique, les fontaines tenaient une place marquante dans les pratiques religieuses des druides, qui leur rendaient un véritable culte et les chargeaient des vertus thérapeutiques.

C’est ainsi qu’elles deviennent synonyme de guérison. Le plus souvent ces édifices s’entourent d’un petit mur qui borde un banc de pierre. Au centre de l’enceinte, une niche abrite la statue du saint protecteur.

Elles forment des véritables ensembles architecturaux qu’il faut souvent découvrir dans les hautes herbes ou près des sanctuaires. Ce sont dans ces innombrables sources saintes de campagne que l’on saisit de plus poétique des arts de Bretagne.

L’abondance des chapelles permet également d’honorer les nombreux saints bretons.

Les bretons ont préservé leurs croyances et leurs pratiques, un grand nombre hérités des celtes, malgré les efforts du clergé pour éliminer tout renvoi au paganisme.

En témoignage les fontaines sacrée, les pardons, les exvotos, les saints tiennent une grande place dans la vie des bretons.

Les rapports des fidèles avec ces protecteurs sont teintés de familiarité touchante.

Ces saints bretons, ignorés du Vatican, ont été canonisés par la seule ferveur populaire qui leur attribue des pouvoirs et des vertus innombrables.

Des saints ont été choisis comme patrons des marins parce qu’ils ont vécu de la pêche, comme saint Pierre. Les agriculteurs ont choisi saint Isidore ou saint Fiacre qui veillent sur les jardins ou bien sainte Barbe, la patronne des pompiers.

Les impuissances de la médecine ont poussé les hommes à se confier à l’influence des saints guérisseurs, comme saint Méen qui soigne les troubles de l’esprit ou sainte Apolline, les maux des dents.

L’animal, reste le compagnon obligé du breton, ainsi la vie de nombreux saints est embellie d’intervention d’animaux. Les bêtes à cornes ont pour protecteurs Cornély, et les chevaux, saint Eloi. « Le pardon des chevaux aux chapelles est un temps fort de l’histoire d’amour entre le paysan et l’animal, Daniel Giraudon ».

Le jour du pardon, on ne fait pas travailler les bêtes, ce serait attirer sur elles les foudres du ciel.

La requête auprès de ces personnages à la fois vénérés et intimes prenait la forme de divers rituels qu’il convenait d’effectuer soi-même ou par l’intervention d’un pardonneur de profession.

Le pardon, cette fête, à la fois sacrée et profane, associe, depuis des siècles, une pratique religieuse au peuple breton. Le pardon est né au début du XIIIe siècle, lorsque le Pape Innocent IV a décrété que l’on pouvait désormais remplacer les pèlerinages à Rome ou Jérusalem par des pèlerinages locaux. Quant au terme, en Basse Bretagne, il était synonyme d’indulgences.

J. Cambry, auteur du ‘’Voyage dans le Finistère’’ a donné une définition assez conforme à l’idée que le peuple s’en fait : « On appelle pardon en Bretagne une chapelle, une fontaine, un lieu consacré par le souvenir de quelque saint, de quelque miracle.  On s’y confesse, on se soumet à quelques pratiques superstitieuses, on achète des croix et des images qu’on fait toucher à la statue du démi-dieu. »

Les pardons se déroulent au début du printemps jusqu’à la fin de l’été, une période qui corresponde à l’été celtique. Le pardon est placé sous la permanence du chiffre trois, chiffre sacré dans la tradition celtique qui symbolise la perfection, l’aboutissement. Ils durent trois jours, on fait trois tours autour de l’église ou de la fontaine.

Le pardon de la Sainte Anne d’Auray, appelé aussi Grand Pardon, un pèlerinage de grande importance parce qu’il fête sainte Anne, la patronne de la Bretagne.

Après une messe en plein air, a lieu une procession chantée dans laquelle se mêlent bannières brodées et éclatantes de couleurs, croix et statues des saints.

Les bannières, c’est tout un monde. Elles sont le centre d’intérêt de tout pardon qui se respecte, le symbole local de la foi bretonne et représentent chaque paroisse. On les porte avec fierté, leur port étant considéré un privilège et un honneur.

Le salut des bannières est un rite consacré des pardons. Si les bannières devaient se croiser, leurs représentants n’auraient pas accepté de céder le passage à l’autre. Pour éviter les disputes, les curés mirent au point le fameux salut des bannières. On incline les bannières pour qu’elles se touchent, signe de reconnaissance mutuelle.

L’élément incontournable d’un pardon réussi est le feu. Le feu de la joie était un élément essentiel de toute célébration druidique. Il est allumé dans une immense pyramide de bois par un petit ange pyrophore descendu du clocher le long d’une corde. A l’issue de la cérémonie chacun retourne chez lui en emportant un tison. On savait qu’il protègerait la demeure pour les 12 mois à venir des attaques de l’orage et de la foudre.

De la même manière le buis béni ramené de l’office sacré, le dimanche de Rameaux est considéré comme un porte-bonheur lorsqu’il est accroché dans l’embrasure de la porte d’entrée, aux portes des étables ou encore dans les ruches.

Au cours de la cérémonie de Pâques, la procession sortait de l’église pour faire le tour du cimetière. Quand on voulait à nouveau rentrer dans l’église l’officiant frappait par trois fois la porte, du pied de la croix avant qu’on ne lui ouvre.

Le dimanche de Pâques est celui où l’on étrenne les habits neufs, les nouvelles coiffes, les chaussures nouvelles et les femmes faisaient cuire des œufs colorés à la pelure d’oignon.

Une autre tradition était d’organiser un combat d’œufs : il s’agissait de casser le plus grand nombre d’œufs possible pour briser celui qui leur servait à détruire les autres.

A travers les âges, aux yeux des bretons, les eaux guérisseuses ont gardé leur étrange vertu, leurs anciens pouvoirs. Presque tous les pardons possèdent une fontaine qui fait des miracles et dont le culte est un mélange d’idée celtique et de croyances chrétiennes.

Eglises ou chapelles du littoral breton présentent des exvotos marins, suspendus à la voûte, remerciement pour un vœu exaucé qui prennent la forme de maquettes de bateaux ou d’un tableau et qui sont portés en procession le jour du pardon. Les exvotos font partie de l’art populaire breton.

Quelques églises possèdent encore accrochée au mur, une roue à clochettes, qu’une manivelle permet de faire tourner pour les faire sonner.

On pensait obtenir aussi la guérison des enfants qui tardaient à parler ou même le dévoilement de l’avenir. Pour les celtes la roue avait une importance religieuse.

L’eau, le feu, les objets votifs, les saints guérisseurs ont sauvegardés leurs anciennes vertus dans les yeux des bretons et leur culte est un mélange d’idées celtiques et de croyances bretonnes.

3.2 La Bretagne dans l’art et la littérature

Christian Jequel, peintre de la Bretagne affirmait : «  La luminosité du ciel et la marée donnent à la Bretagne un caractère et une ambiance très particulièrs. Sur la côte les gens vivent pour la mer, par la mer et le mouvement de la marée ».

Il est assez difficile d’imaginer en raison de la variété de ses milieux naturels et de la présence de ses traditions l’attrait qu’a pu susciter la Bretagne chez des nombreux artistes et notamment chez des peintres.

La péninsule s’introduit dans l’actualité picturale parisienne par l’évocation de ses ports sous les pinceaux de Hue et Crépin. Les peintres privilégient les scènes de tempête, la violence de la mer déchaînée, images qui sont longtemps associées à la Bretagne.

Le sentiment breton dans la peinture s’exprime d’abord dans le respect des thèmes classique, histoire et religion.

Mais les artistes abordent aussi des thèmes inspirés de légendes, comme Yann’Dargent, dans son œuvre « Vapeurs de la nuit ».

La Bretagne apparaît comme une terre préservée où se maintiennent les vertus du travail et de la piété. On y vit simplement au contact de la nature, les femmes se consacrent à leurs tâches ménagères dans le calme du foyer. Les artistes privilégient les moments qui contribuent à ancrer cette vision de la vie rurale. Le thème de la vie quotidienne devient également un choix pour les artistes.

Au XIXe siècle cette région reste repliée sur ses traditions, attire nombre d’artistes en quête d’authenticité. Venus se confronter à de nouveaux paysages, à la lumière et à ses effets changeants ainsi qu’à l’infinité de couleurs de la Bretagne, ils s’installent à Locronan, Concarneau ou Douarnenez.

Pour Eugène Boudin qui est venu souvent en Bretagne, la magie du ciel correspond à sa quête passionnée de la lumière. Il s’attarde également sur la somptuosité des costumes.

Pour une période le paysan breton a été perçu comme primitif, grossier quand il n’était pas vu comme sauvage mais Delaunay, Gauguin et Monet composent le portrait du paysan breton travailleur, plein de dignité et la paysanne bretonne est toujours jeune et jolie.

Vers la fin du siècle les peintres expriment de la fidélité à un lieu aimé ce qui entraîne un enrichissement de la compréhension de l’autre, de ce breton dont le voyageur pressé n’avait perçu que l’étrangeté.

Par exemple, dans les ports ils essayent de transmettre le vécu des pêcheurs, qu’ils comprennent mieux maintenant.

Monet, venu en Belle-Ile en Mer surprend par ses touches les changements liés aux marées et la rapidité des changements de lumière. Après son passage, l’endroit devient l’un des foyers picturaux bretons.

Matisse, Marcel Gromaire ou Emile Rocher sont les peintres qui se rendent à Belle-Ile en Mer inspirés eux aussi par la beauté des paysages.

Pour Renoir, la Bretagne reste une étape parmi les pays qu’il visite en quête de renouvellement.

Pont Aven, terre sauvage s’impose comme la destination préférée des peintres. Du petit Bois d’amour au port et au cours d’eau parsemé de nombreux moulins, le site attire autant que la vie quotidienne du village. Le port, les foires, les marchés y produisent une animation permanente.

La « cité des peintres » offre aux artistes en plus des nouveaux sujets d’inspiration, des ateliers, des modèles et des logements accessibles, comme l’hôtel de Julia Guillou. L’hôtel est devenu aujourd’hui le musée de Pont-Aven qui abrite de nombreux tableaux des peintres qui ont fréquenté le village.

Dans bien de peintures, la présence humaine qui reste discrète traduit bien l’aspiration à une terre vierge à la modernité.

Quand Gauguin arrive à Pont-Aven, le village est déjà investi par les artistes. Il retrouve Emile Bernard avec qui il a commencé à expérimenter de nouvelles façons d’aborder leur art, le synthétisme.

En gardant le motif, les paysages, les peintres de Pont-Aven abolissent la perspective, les formes sont simplifiées et les couleurs sont franches. Ces idées novatrices génèrent l’enthousiasme et les adhésions des autres artistes comme Paul Sérusier, Maurice Denis.

Par la suite autour de lui se constitue un groupe, la fameuse école de Pont Aven.

Gauguin a écrit ce mot célèbre dans une lettre à son ami Schuffenecker datée de 1888 : « J’aime la Bretagne, j’y trouve le sauvage, le primitif. Quand mes sabots résonnent sur ce sol de granit, j’entends le son sourd, mat, et puissant que je cherche en peinture ».

La Bretagne inspire de nombreux artistes par sa dimension sacrée. Maurice Denis est animé par la volonté de renouveler l’art religieux. Il a toujours été intéressé par la forte spiritualité des populations locales et leur attachement aux croyances et traditions séculaires. On retrouve cette idée dans la peinture « Feux de la Saint-Jean à Loctudy ».

Réné le Bihan, conservateur du musée de Brest affirme : «  Ils venaient pour une certaine facilité de vie et venaient aussi pour une espèce de sévérité, de mystère de ce pays breton qu’ils retrouvent assez facilement dans la tradition populaire, qu’ils retrouvent aussi dans les pratiques religieuses, qu’ils retrouvent dans le statuaire, le Calvaire de Nizon par exemple, le Christ jaune dans la petite chapelle de Trémalo.»

La plage du Pouldu, offre un cadre plus maritime qui a également séduit la colonie de peintres de Pont-Aven, avec ses grandes falaises sablonneuses descendant vers l’océan.

Gauguin apprécie chez les paysans du Poulu, le caractère primitif qu’il rend par des maladresses volontaire de proportions.

Impressionné par la foi populaire, c’est dans la compréhension profonde de l’art religieux breton qu’il va puiser les moyens d’un renouvellement, comme par exemple l’œuvre « Le Christ jaune » ou « La lutte de Jacob et de l’ange ».

La peinture « Les lavandières à Pont-Aven » témoigne de son attirance pour les gestes simples et ancestraux.

La notoriété picturale de la Bretagne se poursuit et s’amplifie au XXe siècle.

Alfred Guillou, originaire de Concarneau et Théophile Deyrolle, établi dans la même ville, multiplient les sujets puisés dans la vie portuaire ou dans la campagne des environs, travaillés dans un naturalisme méticuleux.

Concarneau, devenue cité des artistes et la proximité de Pont-Aven a fait que les artistes étrangers ont découvert le charme de la ville. Les peintres qui installent leurs chevalets sur le quai sont si nombreux qu’ils deviennent eux-mêmes une curiosité.

L’étrangeté de la côte de granit rose et ses amples plages sont utilisés comme cadre à des recherches menées par les artistes cubistes, comme Henri le Fauconnier.

La côte d’Emeraude a accueilli aussi des artistes célèbres, dont Auguste Renoir et Pablo Picasso.

L’activité picturale en Bretagne est à présent riche et variée. Elle s’ancre dans la valorisation du passé et s’épanouit dans des propositions qui participent des explorations contemporaines.

Le paysage breton a fortement marqué l’imaginaire des poètes et des romanciers par l’histoire dont il porte les traces et par le mythe de sorte que l’attachement au territoire devient une forme active d’identification chez bon nombre d’écrivains.

La littérature du XIXe siècle est marquée par un conservatisme politique et religieux.

On écrit en breton pour être compris par le peuple, mais aussi pour maintenir cette langue, érigée en rempart contre les idées nouvelles. La langue bretonne est un constituant essentiel de l’identité bretonne.

Depuis la IIIe République, sous l’effet de la politique unificatrice le français s’impose progressivement. La relative résistance du breton s’est effondrée dans les années ’60 avec l’abandon de la transmission familiale de la langue.

La langue bretonne qui a des sonorités rocailleuses, mélange d’anglais et d’allemand est parlée principalement en Basse-Bretagne. Elle est portée par le souffle du celtisme et reconnue comme langue régionale, aujourd’hui perçue positivement.

Pendant des siècles, la vie culturelle en milieu populaire bas-breton s’est nourrie d’une littérature presque exclusivement orale. La chanson occupe une énorme place dans l’ancienne société traditionnelle, elle accompagne en toutes circonstances, les faits et les gestes des hommes.

Il faut mentionner les nombreuses chansons sur feuilles volantes qui abordent une variété de sujets d’actualité et qui ont connu un développement important en Bretagne au XIXe siècle.

Le peuple, qui ne disposa longtemps que de la parole ne s’est pas contenté de cultiver cette seule poésie chantée, il s’est aussi largement exprimé dans le domaine du conte.

Le patrimoine littéraire s’est perpétué par l’oralité, c’est ce qui a donné naissance à la « matière de Bretagne »: le cycle arthurien, légende de Tristan, lais breton, etc.

Les légendes celtiques de la matière de Bretagne nous sont parvenues grâce à leur transcription notamment par Chrétien de Troyes.

Les collecteurs de la mémoire populaire ont cherché les faits historiques et le fonds pré-chrétien dans les vieilles chansons bretonnes pérennisant une littérature orale multi-séculaire.

Théodore Hersart de la Villemarqué, publie un recueil de chansons populaires de la Bretagne et un recueil de poésie populaire où s’illustre la richesse de l’histoire et de la langue du peuple.

A côté de lui se distingue Anatole Le Braz, un autre grand collecteur de contes et de légendes, auteur de la célèbre « Légende de la mort chez les Bretons armoricains ».

Le pouvoir créatif du peuple s’est révélé encore plus à la fois dans un langage quotidien, plein d’expressions imagées et dans des formulettes rimées et originales.

Parmi ces pièces, les proverbes ont constitué la nourriture intellectuelle du peuple et gardent à ce titre toute leur valeur patrimoniale. Les proverbes et les dictons contribuent également à donner un code de vie aux enfants et à régler la conduite des adultes.

Il est des circonstances où la tradition impose certaines formules de respect et de politesse dans laquelle la religion est omniprésente. Parle-t-on d’un mort on ne manque pas d’ajouter : que Dieu lui pardonne ses fautes. Il n’est pas bon de réclamer à boire ou à manger dans une maison un peu chiche : ici le chien est maigre, pour que l’on comprenne tout de suite qu’il est temps de repasser les plats.

La littérature orale n’est pas propre à la Bretagne, elle était universelle en milieu populaire autrefois, cependant elle semble s’être mieux conservée en Basse-Bretagne qu’ailleurs car on lui perçoit les échos aujourd’hui encore.

Pierre-Jakez Hélias, un écrivain majeur du XXe siècle s’affirme auprès du grand public comme l’écrivain breton par excellence, d’abord par son théâtre, puis par son récit d’enfance « Le cheval d’orgueil », véritable témoignage ethnographique sur la Bretagne rurale, prolongé par « Le quêteur de mémoire », qui concerne sa vie d’adulte et évoque à partir de là les problèmes de la culture bretonne.

Un passage de ses mémoires nous révèle un éloge au vent :

« Notre vent serait capable de souffler sans arrêt. S’il ne le fait pas, c’est parce qu’il veut jouir de son œuvre. Il a nettoyé la côte et la campagne. Les couleurs sont plus vives, les lignes et les volumes sont plus fermes. La lumière est aussi fraîche qu’au premier matin de la Création. Et voilà les Bigoudens qui naviguent dans tout cela, pareils à des poissons dans un aquarium dont on a changé l’eau ».

L’écrivain romantique breton François-René Chateaubriand, a passé une bonne partie de son enfance dans la Cité corsaire et son adolescence au château de Combourg. L’écrivain magnifie la veine du héros celte dans son œuvre « René » et met dans ses « Mémoires d’outre-tombe » des pages qui décrivent sa province natale :

« Saint-Malo est bâti comme on sait dans une île qui n’est jointe à la terre ferme que par la chaussé dont je viens de parler. Elle est battue d’un côté par la pleine mer et de l’autre par la mer qui entre dans le port après avoir embrassé la ville. Quand la mer est basse le port reste à sec et sur le côté de la pleine mer se découvre une grève du plus beau sable.

On peut alors faire à pied le tour de la ville. On voit auprès et au loin des forts bâtis au milieu de la mer sur des rochers, des îlots désert et des récifs. La ville est ceinte des murs divisés en grands et petits murs, sur lesquels on se promène et défendue par un château de construction demi gothique, ouvrage de la duchesse Anne ».

La Bretagne n’a pas inspiré que les écrivains nés sur son sol, elle a accueilli de très grands écrivains de langue française le temps d’un livre ou d’un poème.

L’écrivain provençal Alfonse Daudet tomba sur le charme de l’île qu’il évoque dans son récit « Souvenirs d’un homme de Houat, une visite à l’Ile de Houat ».

Balzac a fait des séjours fréquents en Bretagne. Pendant ses séjours il parcourt la campagne à pied. Ses voyages ont été souvent des voyages de documentation pour étudier le cadre car il voulait placer son roman sur les chouans à Fougères. L’écrivain exploite l’image du breton dans « Les chouans » et choisit aussi Guérande comme cadre pour son roman « Beatrix ».

Victor Hugo s’est passionné pour cette région lors de ses visites chez Juliette Drouet à Fougères.

Flaubert a sillonné « sac au dos » la campagne accompagné de son ami Maxime du Camp. Il en a tiré le récit du voyage « Par les champs et par les grèves » et nous invite à flâner du côté du Pont-Aven, le bourg des peintres, à Pont l’Abbé, à parcourir les landes, des hameaux perdus avec leurs calvaires et leurs chapelles solitaires.

André Gide est un voyageur nourri de littérature. Ses « Notes d’un voyageur en Bretagne » le prouvent. Ses voyages ont laissé leur marque dans son œuvre littéraire. Il perçoit les couleurs de cette région dans la splendeur de l’été. La Bretagne de ces Notes n’est pas celle de la grisaille et des brumes. Pour lui, elle reste la terre du rêve et de la spiritualité.

3.3 Culture bretonne

La ferme est l’image du village, un microcosme tissé de solidarité essentielle où chacun sait tenir sa place et a droit au respect de tous. La famille s’entend tout d’abord au sens élargi, plusieurs générations cohabitent ensemble sous le même toit. Le maître dirige l’ensemble des travaux agricoles et son épouse est souveraine dans son foyer. Souvent, les grands-parents qui jouissent du respect dû à leur expérience et à leur sagesse, trouvent place dans le foyer commun et prennent en charge une grande partie de l’éducation des jeunes enfants.

Les soirées d’hiver en Bretagne se passaient autour du foyer, en famille, mais aussi avec ses amis ou ses voisins. Là, l’aïeul ou quelque homme doué de parole puisait, au gré de son inspiration, un conte dans le fond merveilleux de la mémoire bretonne.

Pierre Jakez-Hélias écrit dans son livre « Le cheval d’orgueil » que son grand-père avait l’habitude de conter. Il le faisait comme un métier au risque de se perdre si on ne le pratique pas. Les villageois étaient au courant qu’il était prêt de conter ses merveilles lorsque la cheminée fumait en dehors alors qu’elle ne devait plus le faire. Alors, pendant deux ou trois heures d’automne ou d’hiver, la voix du grand-père s’empare de tout ce monde.

Les veillées étaient aussi employées à divers travaux qu’aux beaux jours la terre ne permettait de faire. Ainsi la plupart des objets de première nécessité s’y trouvaient confectionnés : les paniers, les balais, les corbeilles ou encore les chapeaux de paille.

Les enfants participaient aussi aux travaux des veillées, par exemple, les petites filles placées de leur mère apprenaient à tricoter. On se réunissait entre les voisines autour d’un foyer pour filer le lin et le chanvre. Les soirées étaient accompagnées de chants et de danses.

C’est dans la manière de produire et de consommer chez les paysans et les pêcheurs que se trouve une spécificité culinaire d’origine qui donnera naissance à une authentique cuisine bretonne.

Le paysan a toujours vendu ce qu’il y avait de meilleur (le blé ou le beurre) et consommé ce qui restait (le blé noir).

Le modèle religieux jouait un rôle important dans les mœurs alimentaires. Les fêtes étaient l’occasion d’échapper à la dureté et à la monotonie du quotidien.

Dans toute la Bretagne, le pain était l’aliment respecté entre tous. Pains d’orge ou pains de seigle se retrouvaient à chaque repas sur la table des paysans. Le pain de blé était réservé pour les jours de fête. La cuisson s’appuie sur une organisation et une solidarité de village, le four communautaire et allumé une fois par semaine par chaque famille à tour de rôle.

Le blé noir (ou sarrazin) est à la base des principales recettes représentatives de la région : galettes, crêpes ou fars. Les galettes étaient mangées avec du lait cuit que les paysannes préparaient dans un pot en terre.

La pomme de terre et l’augmentation de la production laitière ont permis dans la majorité des fermes d’élever un porc pour la consommation domestique.

Mais de tous les produits de leur élevage, il n’y avait guère que le porc auquel les paysans pouvaient toucher sans mettre en danger leur économie. Le bœuf, le mouton et la volaille étaient réservés à la vente.

Une partie de la viande fraîche était distribuée aux voisins qui rendaient l’équivalent lorsqu’ils tuaient leur cochon. Cette coutume resserrait les liens de voisinage et assurait l’approvisionnement pendant une partie de l’hiver.

La plus grande partie de la viande était mise au saloir d’où elle était sortie pour être mise à fumer dans la cheminée. Les paysans de la côte se nourrissaient du produit de leur pêche, mais dans l’intérieur des terres le poisson et les crustacées étaient peu apprécié.

Le beurre est emblématique de la Bretagne. C’était au départ un moyen de conserver la crème.

La particularité du beurre était l’utilisation du sel pour sa conservation, en petite quantité pour la vente demi-sel ou en couches pour le beurre de la conservation familiale.

Le cidre, se développe dans toute la région au XIXe siècle et à présent le cidre de Cornouaille a obtenu une appellation d’origine contrôlée.

Le far breton est un plat typique de Bretagne, mentionné à partir du XVIIIe siècle. A l’origine le far était un plat pour les gens moins aisés et différent du plat d’aujourd’hui notamment parce qu’il était salé à base de farine du blé noir ou de froment et on le mangeait tel quel ou accompagné de viande. Le far sucré se développe à partir des années ’30.

A présent, un certain nombre de préparations sont devenus emblématiques d’un mode de vie passé, vécu ou rêvé. C’est ainsi que le kig-ha-fars, un plat à base de viande et légumes est devenu plat familial du dimanche comme une cuisine de souvenir.

Un certain nombre de produits sont identifiés comme bretons. C’est le cas des crêpes, du beurre salé, de la biscuiterie ou encore du cidre. La Bretagne est aussi associée à une gastronomie des produits de sa nature et en particulier de la mer.

L’ancienne société paysanne bretonne a laissé un important patrimoine, un certain nombre de connaissances et de savoir-faire liés à la vie essentiellement rurale d’autrefois.

La tradition ne se fige pas dans le temps, elle évolue avec l’âge du temps.

Le souci des bretons pour l’équilibre et l’esthétique du quotidien est présent dans tous les aspects de la société.

Le dimanche, les bretons ne travaillent pas sauf pour le repas et l’entretien des animaux. On se rendait à l’église en famille en mettant les plus beaux vêtements, comme ceux de la grand-messe.

Les hommes parcouraient les champs pour juger de l’état de cultures. Les femmes n’ont ni crochet ni fil, leurs mains sont engagées dans leurs larges manches pour bien voir qu’elles respectent le jour du Seigneur.

Au détour de dates symboliques, de calendrier de la mémoire, ils transforment la rue, la place en moment festif de danses costumées de parades, de respect de l’ancien.

Les costumes traditionnels ont cessé d’évoluer au lendemain de la seconde guerre mondiale. Inséparables de la Bretagne dans l’imaginaire collectif, les costumes bretons sont apparus au XVIe siècle.

Une des caractéristiques majeures du costume paysan, c’est sa diversité, une variété vestimentaire qui s’exprime avant tout en fonction d’un sentiment d’appartenance communautaire.

Chaque bourg choisissait de se doter d’un certain nombre de particularités vestimentaires destinées à se distinguer de leur voisins qui s’exprimait le plus souvent par l’intermédiaire de la coiffe ou de l’ornementation selon qu’il s’agissait d’un costume féminin ou masculin.

Le rouge, l’or, le bleu et même le noir profond des costumes toute la brillance de broderie, de galons, de rubans et le scintillement de boutons visaient attirer l’œil.

Le nombre de galons, la largeur des velours des costumes pour les hommes étaient calculés selon la position sociale.

Pour les femmes, l’élégance de la broderie, les motifs de la dentelle, la finesse des ornements et des tissus montraient un signe de richesse.

Vestige du temps baroque, les paillettes, les perles en verre utilisées pour les costumes envahissent les coiffes, les bonnets et les rubans.

Quoique la Bretagne offre une large diversité de costumes, nous pouvons remarquer que le costume féminin comporte une jupe ou une robe, un collier en velours, un châle frangé de soie, un tablier harmonisant sa couleur avec celle d’un corsage au plissé, manchettes boutonnées, des bottines et la coiffe.

Le costume d’homme comporte une chemise, un gilet brodé, une chemise en lin, une veste courte, une ceinture, un pantalon large et serré sous le genou, des guêtres et un chapeau rond qui renseigne sur le terroir d’origine du breton.

Car avant la révolution les paysans étaient vêtus simplement, la broderie était un luxe, que seuls les membres de la famille royale, l’Eglise, la bourgeoisie et les hauts dignitaires pouvaient s’offrir.

La coiffe est la carte d’identité de la Bretonne, bien plus que le reste du costume, elle est assortie souvent de collerettes, de gorgerins et des mouchoirs de cou dont l’ensemble compose une harmonie cérémonieuse.

On aperçoit dans la composition de la coiffe bretonne des éléments de l’ancienne capeline portée au cours du Moyen-Age et qui servait de protection contre le soleil et la pluie, mais aussi à préserver la pudeur féminine. La coiffe de l’île de Sein en Finistère, nous offre un type qui est resté très près de la capeline originelle.

La coiffe finit par oublier son rôle de protection pour ne plus être qu’un ornement, une coquetterie, des dentelles frémissantes couronnent la tête, plus ajourées, plus aériennes d’une génération à l’autre.

Les artisanes avaient la réputation d’aimer les fin matériaux, c’est pourquoi le matériel le plus utilisé c’est la dentelle.

En début du XXIe siècle, dès qu’on parle de la Bretagne, c’est l’image de la bigoudène qui vient à l’esprit. A l’origine cette parure est identique aux autres coiffes bretonnes, mais elle devient aérienne, elle, atteint 33 cm.

Tous les terroirs possèdent plusieurs coiffes : la coiffe de grande cérémonie, des dimanches, de tous les jours qui ne se confond pas avec la coiffe du travail. La coiffe de deuil qu’on reconnaît soit par sa simplicité qui exclut la broderie et les dentelles à jour, soit par ses dimensions réduites.

Après la Guerre la mode se fige. Les femmes touchées par des deuils, portent des coiffes pleines et sombrement ajourées et vers les années ’70, les bigoudènes abandonnent leur coiffe pour une tenue plus confortable.

Dès la plus tendre enfance, on portait des sabots de bois ou de cuir, selon les occupations.

Les essences de bois les plus utilisées étaient le hêtre et l’aulne, le noyer était réservé aux riches et le peuplier aux marins.

Il était d’usage de porter des chaussures basses en cuir lors des cérémonies, du moins pour les gens les plus aisés.

Si avant la révolution il n’y avait pas de costume ni de broderie typique en Bretagne, après la révolution la situation change et les créateurs commencent à s’exprimer.

L’art de la broderie connaît son apogée au XVIIIe siècle. Les brodeuses ont chacune sa spécialité, comme la broderie des collerettes ou encore des coiffes. Le brodeur fait les costumes en entier, taille et broderie. Grace à lui les motifs régionaux vont se perpétuer.

Il y avait des brodeurs qui possédaient un magasin ou un atelier comme par exemple l’atelier de broderie de Pont l’Abbé et c’est par leur intermédiaire que les motifs des styles différents apparaissent en Bretagne.

Les coiffes étaient brodées sur coton, tulle ou l’organdi, les tabliers sur velours ou soie, les châles entièrement brodés au fil de soie.

Les costumes sont soumis à des critères rigoureux. On utilise une certaine broderie et un certain tissu selon le rang social de son propriétaire.

On y trouve de la broderie selon le pays, avec des grandes fleurs stylisées, comme la fleur de lys ou encore des épis de blé, des feuilles perlées en couleurs variées, des motifs géométriques, le point d’araignée reliant les motifs entre eux, l’arête de poisson, le point de bourdon, etc.

On y trouve aussi la broderie de type religieux avec du fil de soie, d’or ou d’argent sur les bannières, les nappes d’autel et les habits sacerdotaux.

Autrefois, les filles brodaient leur trousseau des nappes, des draps, des chemises, etc.

La tradition de la broderie se maintient et évolue constamment, les brodeurs et les brodeuses adaptent leur art et le modernisent.

Tout comme la broderie, la dentelle est un des traits distinctifs de l’art populaire de Bretagne.

La première dentelle travaillée en Bretagne est le point d’Irlande. Les points de dentelle ont été utilisés et adaptés d’une façon à la fois originale et magistrale, magnifiant de leur délicate transparence la profusion des costumes et des coiffes.

La dentelle a sauvé de la misère de nombreuses familles pendant la crise de la pêche du début du XXe siècle. Les bigoudènes ont parcouru la France pendant des dizaines d’années afin de vendre les gants, les gilets, les nappes en dentelles produits en pays bigouden.

De là est né le « picot bigouden », un réseau de dentelle servant à assembler les différents motifs.

Les dentelles évoluent en s’orientant vers la décoration intérieure, les motifs deviennent sobres et abstraits empruntés à la broderie traditionnelle des costumes ou des formes symboliques des pays celtiques.

Outre sa signification économique, la dentelle va se faire identitaire devenant pour les Bretons une revendication de leur appartenance.

La minutie de la dentelle et la qualité du repassage, à une époque où le fer à repasser n’existe pas confèrent sa richesse à cette parure précieuse.

Le vêtement traditionnel n’a rien perdu de sa force évocatrice. Il continue, aujourd’hui, à véhiculer le sentiment largement partagé d’une identité territoriale extrêmement localisée.

Vêtu du costume traditionnel on se rendait au festou-noz. Ni la fatigue des travaux, ni la longueur du chemin ne pouvait décourager le breton pour se rendre sur le lieu de la danse.

A l’origine, festou-noz étaient organisés en hiver ou à la fin des travaux saisonniers surtout dans les montagnes d’Arrée. On arrivait à la nuit tombée pour danser jusqu’au matin. On a remis aujourd’hui les festou-noz à l’honneur.

Ils font revivre les anciennes danses qui sont entraînées soit par un couple de sonneurs, bombarde et biniou soit par un couple de chanteurs.

D’autres instruments participaient à l’occasion de fêtes : la cornemuse écossaise, l’harmonica, la veuze ou la caisse claire. Il reste aussi commun d’entendre un musicien jouer la harpe en accompagnement de sa mélodie.

Outre les cantiques chantés les jours de pardon, on trouvait deux autres catégories de chants : complaintes, des longs récits chantés sur le thème de la vie quotidienne et sones, des chansons plus légères, sentimentales.

Chaque pays à l’intérieur de la Bretagne possède ses propres danses. Celle de Haute-Bretagne était d’inspiration française tout comme les instruments qui les accompagnaient (la vielle, l’accordéon ou le violon).

Les danses en Basse-Bretagne étaient originales et fort nombreuses et marquaient l’identité de chaque groupe qui les détenait.

On dansait le passe-pied, les danseurs étaient placés en ligne et face à face ou la Ridée, elle se dansait en cercle et avec lenteur. Les jeux de bras y étaient prédominants.

Les rondes et les passes sont sans doute un reste des danses sacrées des Celtes, qui étaient symboliques et qui avaient pour but de représenter les mouvements des astres dans le ciel.

Chaque année, au début du mois d’août la culture bretonne a rendez-vous au Festival interceltique à Lorient.

Le festival est l’incontournable reflet de la tradition bretonne où musique, danse, costumes et folklore sont ici réunis.

Les robes noires agrémentées de broderie colorées, les dentelles amidonnées, les costumes noir et blanc, les chapeaux ronds s’animent et s’harmonisent, les instruments celtiques sont mis à l’honneur et le festival prouve que les cultures traditionnelles ne sont pas figées.

Outre les costumes, les broderies et les dentelles, les céramiques complètent le trésor de l’art populaire breton.

Le début de l’aventure de la faïence à Quimper commence avec la venue en 1690 à Locmaria du maître faïencier Jean-Baptiste Bousquet. Depuis, le quartier de Locmaria abrite divers ateliers de potiers où se développe l’artisanat. L’année 1690 marque la tradition de la faïence à Quimper et les origines de la Grande Maison HB-Henriot.

A la fin de la première Guerre Mondiale, la marque HB propose des décors en relief, inspirés des dentelles et broderies des costumes bigoudènes.

A la fin du XIXe siècle Quimper dispose de tous les éléments d’un style caractéristique : technique céramique, gamme de couleurs comme bleu, vert, rouge, jaune et violet manganèse, les couleurs de base de la faïence de Quimper, touche de pinceau du décor à main levée, sujets d’inspiration locale, religieux et légendaire.

L’arrivée des créateurs va permettre à ce style de s’exprimer pleinement tout en restant originel.

Tout au long du XXe siècle les faïenciers vont s’attacher les services d’artistes prestigieux comme Théophile Dyrolle ou Alfred Beau qui créent des décors somptueux, des scènes bretonnes, des légendes et des paysages bretons et proposent aussi des tableaux sur faïence. Yann’Dargent propose des décors botaniques et l’invention des décors à personnages bretons ou encore le peintre breton Mathurin Méheut qui exploitera ses chers thèmes bretons sur des supports en faïence tels qu’assiettes ou statuettes.

Les techniques de décoration ont peu évolué ce qui lui accorde un statut authentique. Les artistes ont compris ces techniques et les ont utilisées avec beaucoup de respect.

Dès les origines la représentation des femmes et des enfants est exploitée. Tous les instants de la vie sont évoqués en passant par les premiers pas des enfants, la vie quotidienne, le travail ou encore les relations avec les aïeux, le conteur, les groupe dansant ou le fameux petit breton. Les faïences de Quimper dégagent une vivacité réelle.

Le tissage du lin et du chanvre qui fournit la toile pour les vêtements et pour les voiles des bateaux assure à la région une prospérité économique certaine du XVIe au XVIIIe siècle. Cette activité traditionnelle n’a pas sombré dans l’oubli, quelques tisserands travaillent encore notamment dans les villes de Dinan, Tréguier et Locronan.

Au terme de ce troisième chapitre, nous pouvons affirmer que l’art sacré rayonne par la grâce et la richesse de ses édifices car c’est dans le patrimoine religieux que s’exprime la spécificité de l’architecture bretonne. De même, l’art populaire témoigne de l’art de vivre en alliant l’utile, le créatif et le beau.

La péninsule a inspiré une pléiade d’artistes dont l’œuvre reste indissociable de ce terroir, écrivains de langue bretonne, collecteurs de la mémoire populaire, écrivains majeurs de la littérature française ou encore peintres tous ont en commun ce pays comme berceau de renouvellement des formes littéraires ou bien de courants artistiques.

Terre de traditions, la Bretagne, possède une forte identité culturelle qui lui a permis de conserver ses coutumes et ses traditions au fil des siècles.

CONCLUSION

Partant d’un fort intérêt pour le patrimoine breton sujet de ce travail de recherche universitaire, nous avons mis en évidence une culture qui possède de nombreuses similitudes avec la culture roumaine :

1° Un peuplement commun : celtes, saxons, roumains

Nous avons commencé le premier chapitre par la migration celte sur le territoire breton d’aujourd’hui. De même, la Dacie a été peuplée par des celtes à partir du IVe siècle av. J-C. Nos ancêtres, la civilisation daco-gète ont été influencés par la civilisation celtique. En témoignage, le cimetière celtique de la Tène II près de Cluj, des monnaies et vases celtiques trouvés dans la région, des outils celtiques en fer dans les mines de fer de la Transylvanie.

Tout comme l’Armorique qui a été conquise par les romains, attirés par l’or, les romains envahissent également le territoire des daces. Le temple de Lan Leff, le site de Carhaix, des vastes ateliers de tuiles et de vaisselle dans la zone de Glomel justifie la présence romaine sur le territoire breton. Le patrimoine roumain s’est aussi enrichi de beaucoup de formes de la civilisation romaine in situ et aussi des inscriptions, comme l’inscription en latin de Micia Vețel « Quartine, Vivas » ou encore des Dieux romains adorés par les daces.

Les bretons ont été attaqués par les saxons, tribu germanique, leur migration vers la Britania étant favorisée par le fait que les romains sont partis de l’île d’Armorique. Une petite partie de cette tribu germanique qui est restée dans leur pays d’origine a migré plus tard, au XIIe siècle, vers la Transylvanie.

2° Des religions primitives assez proches :

Des religions polythéistes sacralisant toutes les manifestations de la vie.

Sur le plan religieux existent aussi des similitudes. Les celtes croyaient en la réincarnation. La religion druidique sacralise toutes les expressions marquantes de la vie et de la force de la nature.

Selon Platon, la religion des daces aurait évolué sous l’influence des cultes à mystères, relié aux phénomènes naturels. Un dace de nom Zamolxis ayant introduit le culte de Gabeleizis, l’idée de l’immortalité de l’âme.

La religion druidique est une religion polythéiste comme la religion des Daces. La présence d’une vingtaine de divinités témoigne d’une croyance polythéiste.

Les polistes, sortes de druides, une caste des prêtres, se rassemblaient pour des rituels communs sur une montagne sacrée qui semble avoir joué chez eux un rôle similaire à la forêt des Carnutes, le siège de culte druidique. Les druides rythmait leur vie d’après les cycles de la nature, comme les daces.

Les druides utilisaient la médecine végétale, thérapie par les plantes ainsi que les daces qui connaissaient de nombreuses plantes médicinales et pratiquaient une médicine holistique.

Des religions ayant laissé des traces physiques similaires dans le paysage 

En ce qui concerne les alignements de Carnac (image 1, Annexe), les recherches leur ont donné une signification religieuse, mais nombreuses sont les hypothèses qui les relient au culte du soleil ou de la lune ou même au calendrier pour l’agriculture.

La cité de Sarmizegetuse en Roumanie (image 2, Annexe), un ensemble des blocs massifs en pierre à fonctions différentes, religieuse, militaire, comporte plusieurs zones sacrées dont celle du calendrier solaire qui permettait d’ordonnancer les cultes et le rythme des travaux. Au fil du temps, on a dit que cet endroit serait un endroit magique.

3° La christianisation :

Concernant la christianisation du peuple breton, cela s’est fait par le culte des saints et l’implantation des paroisses.

Selon les thèses de l’Académie roumaine, les hypothèses sur le christianisme en Roumanie sont contradictoires. Certains affirment que le processus de christianisation est dû au Saint Apôtre André et à des Saints Parents réfugiés ou de passage dans ces endroits.

Investissement dans l’éducation

L’église a eu une forte influence sur le territoire breton, comme dans le cadre de l’éducation. Les efforts du monde catholique se sont concentrés en faveur du développement de l’école privée et l’obligation d’élever religieusement les enfants.

Dans la culture roumaine, les prêtres avaient un rôle important dans le développement de l’enseignement notamment dans l’enseignement primaire. Au XIX e siècle les écoles fonctionnent fréquemment auprès des églises et des monastères, dans le milieu rural.

4°) Bretagne et Roumanie, deux terres fertiles pour l’imagination.

Sur ces terres chargées d’histoire et de sacré, les contes et les légendes ne tardent pas à se manifester.

Les images des châteaux légendaires, les souvenirs d’un passé historique troublé et les paysages merveilleux, les montagnes qui s’élèvent vers le ciel, au-dessus des vallées boisées et la province, résidence du Prince Vlad III Basarab font de Transylvanie un terre de légende, pareillement à la Bretagne.

Deux légendes également célèbres : la légende du Roi Arthur et celle de Vlad l’Empaleur

Tout comme la légende du Roi Arthur, inspirée par le folklore et l’invention littéraire et qui ont fait de ce courageux seigneur breton une figure légendaire, Vlad III Basarab surnommé l’Empaleur a été la figure historique roumaine, source de la légende de Dracula.

Selon certaines sources, Vlad aurait été une brute qui aimait répandre le sang et la mort partout. Mais selon les chroniques, Vlad était un chef autoritaire qui utilisait la terreur pour se faire respecter de ses ennemis.

De nombreuses créatures fantastiques 

La Roumanie ainsi que la Bretagne a conservé un imaginaire ancestral que reflètent les mythes, les légendes et les rituels. Malgré la christianisation, des faits et des personnages qui possèdent des pouvoirs magiques émergent en permanence.

Ainsi, les dragons, les géants comme le personnage Novac, les fées, les héros, les animaux qui interviennent dans un monde magique constituent le fond de la mythologie roumaine, similaire au fond de la mythologie bretonne.

5° Interférences comparables entre nature et culture

L’habitat rural

Dans un premier temps nous pouvons observer que le territoire breton est caractérisé par un habitat dispersé où les villages sont organisés autour d’une chapelle. De la même manière, nous remarquons l’habitat dispersé roumain dans les zones de montagnes et de collines.

En Bretagne et en Roumanie le village a été considéré comme un refuge d’identité culturelle où les maisons sont également construites autour d’un lieu sacré, dans ce cas, l’église. Les croyances et les aspects de la vie spirituelle ont eu une forte importance dans le monde rural.

L’architecture rurale est la plus expressive création de l’ancienne société campagnarde. Elle exprime son mode de vie, son comportement social et spirituel. Le paysan breton aussi bien que le paysan roumain s’est intéressé à la construction de sa maison dans des endroits bien choisis, à l’abri du vent, près d’une source d’eau et orientée vers le sud.

Leurs maisons ont été l’expression du milieu naturel, des conditions ethniques et économiques, témoins du passé historique.

Ils ont construit les maisons en pierre, en terre et en bois, des matériaux offerts par la nature et les ont coiffées avec du chaume (photo 3, Annexe). Plus tard, le chaume a été remplacé par les tuiles en Roumanie et des ardoises ou des tuiles en Bretagne.

En Roumanie, nous observons encore ces maisons avec la toiture en chaume (photo 4, Annexe) qui ont gardé le charme authentique du village primordial, dans la zone de Maramures, dans le Delta et sur les hauteurs en Apuseni, dans les hameaux dispersés. Les maisons en terre étant spécifiquement situées dans la zone de Dobrogea ou au sud de la Valachie.

Les maisons bretonnes présentent souvent une niche qui abrite une petite statuette de la Vierge comme protection de l’habitation. Les roumains, peuple spirituel, font bénir leur maison afin de les protéger contre tout mal.

Un autre élément commun d’architecture rurale c’est le moulin. Si les moulins ont profondément marqué le décor et la vie des bretons, les moulins ont aussi représentés une étape importante dans le développement de la communauté du monde pastoral roumain, les plus répandus étant les moulins à eau.

Nous pouvons citer l’ensemble de moulins à eau de Rudӑria (Les Gorges de la Rudӑria), disposés le long du cours d’eau, en état de fonctionnement. (Photos 9 et 10, Annexe).

Si l’Armor, pays de la Mer n’en finit pas par nous envoûter avec ses îles qui hébergent les communautés de pêcheurs et leurs charmantes demeures, la Roumanie, elle est aussi ouverte vers la mer et c’est ici que le fleuve Danube au terme d’un cours à travers l’Europe s’installe face à la mer et s’y répand en bras capricieux.

C’est dans le Delta du Danube qu’on peut flâner sur les ruelles dans les villages de pêcheurs, comme Mila 23, Crișan ou Letea, apercevoir les maisons de torchis au toit de roseau et aux menuiseries peintes en bleu, admirer sur les berges les barques noires, c’est ici que les pêcheurs sont parfaitement intégrés depuis trois siècles. (Photos 7 et 8, Annexe).

A partir du Moyen-Age, la Bretagne se couvre des maisons nobles, les manoirs. Nous pouvons aussi distinguer cette demeure de la grande et de la petite noblesse dans toutes les provinces en Roumanie. (Photos 5 et 6, Annexe).

L’habitat urbain :

La présence des cités médiévales est très répandue en Bretagne, mais la Roumanie compte aussi quelques cités captivantes comme Sibiu, Brasov, Cluj et Sighișoara. Cette dernière, cité médiévale du XVe siècle a conservé son aspect de ville fortifiée médiévale d’architecture gothique rurale, baroque et renaissance, avec des passages étroites et ruelles pavés, des maisons bourgeoises et des églises décorées. (Photos 11 et 12, Annexe). Elle est le lieu de naissance de Vlad l’Empaleur .Mais également Biertan, ce village étonnant qui conserve l’une de plus impressionnantes cités médiévales de Transylvanie.

6° Des signes du religieux omniprésents dans les paysages :

Edifices sacrés 

Nous remarquons la spiritualité du peuple breton à travers des édifices sacrés sur son territoire, notamment des chapelles et des enclos paroissiaux. (Photo 13, Annexe).

Pareillement sur le territoire roumain, les témoignages de l’empreinte culturelle de l’église demeurent dans les chefs d’œuvres d’art religieux comme les monastères, les églises et les cathédrales qui jalonnent le pays. (Photo 14, Annexe)

Nous notons aussi que l’une des plus importantes expressions de l’architecture populaire roumaine du paysage roumain est représentée par les églises en bois et leur décoration sculptée.

Balisage de l’espace

Nous observons un autre élément sacré commun à ces deux cultures, la présence des croix parsemées dans la campagne, situées à la croisée des chemins. (Photos 15 et 16, Annexe).

En Roumanie certaines croix en bois ou en pierre sont décorées avec des motifs géométriques nous faisant penser au culte solaire ou des motifs végétaux en lien avec l’arbre de la vie.

7° Des traditions religieuses voisines : orthodoxie et catholicisme

Lors des grandes fêtes liturgiques

Les femmes roumaines conservent une tradition ancrée dans le passé et le jeudi saint teintent des œufs en rouge avec de la pelure d’oignon. Selon la coutume, il faut cogner son œuf contre celui du voisin pour le rencontrer dans le monde de l’au-delà.

La nuit de Pâques, à minuit, le prêtre et les fidèles font trois fois le tour de l’église, des cierges allumés à la main. Avant de rentrer dans l’église, le prêtre frappe trois fois à la porte avec le pied de la croix avant qu’on ne lui ouvre.

Le chiffre trois, chiffre sacré dans la tradition celtique a aussi un fort sens dans la religion chrétienne orthodoxe puisqu’il est associé à la Sainte Trinité.

Ces traditions de Pâques sont remarquées aussi en Ille-et-Vilaine, au XXe siècle.

Pour la fête de Rameaux, en Bretagne on apporte chez soi du buis bénit de l’office sacré considéré comme porte-bonheur. En Roumanie, on apporte à la maison des rameaux de saule et on les conserve jusqu’au printemps prochain. De cette façon, les maisons seront protégées durant toute l’année.

Les pèlerinages et les Saints

Si le pardon de la Sainte Anne d’Auray est un pèlerinage de grande importance en Bretagne, en Roumanie le pèlerinage orthodoxe de Iași, en l’honneur de la Sainte Parascève, a également une telle importance. Pendant la procession on porte avec fierté des bannières, symbole de la foi et du triomphe du bien.

Les saints tiennent une grande place dans la vie des bretons et des roumains. Des saints guérisseurs, des saints protecteurs, ils sont vénérés pour leur caractère exemplaire et pour leurs vertus.

L’importance du feu et de l’eau

Le feu et l’eau sont aussi deux éléments incontournables dans la culture bretonne. Le tison qui protège la maison des attaques de l’orage et de la foudre et l’eau synonyme de guérison.

Chez les roumains le motif de l’eau qui guérit, qui purifie est très présent dans la mythologie et le folklore. Les contes roumains évoquent l’eau vive et l’eau morte. Pendant leurs voyages les héros rencontrent des sources et des fontaines et leur réussite dépend de la qualité de l’eau.

Pour les croyants, l’eau bénite à l’église devient pure et miraculeuse. Elle peut guérir les maladies et chasser les esprits maléfiques.

La fontaine est un lieu sacré que l’on rencontre à la croisée des chemins ou à l’entrée du village.

Le feu qui purifie protège contre la sorcellerie et illumine la vie symbolique de l’homme.

Dans certaines provinces de Roumanie, on allume des feux sur les roues de chars et de les faire tourner dans la colline. Cette coutume se pratique dans un but de purification.

8° Des coutumes comparables

L’importance du costume populaire

Le costume populaire est inséparable de la Bretagne dans l’imaginaire collectif. En Roumanie, le costume populaire est chargé des significations, il est spécifique à chaque région, témoin d’une identité culturelle fortement soudée.

Tissés à la maison, les pièces du costume sont brodées, motif floraux ou géométriques à dominante noire et rouge. La célèbre blouse roumaine est confectionnée en lin, minutieusement brodée ou pailletée.

Le costume reflète le passé historique, le statut social et les occupations, tout comme en Bretagne. (Photos 17 et 18, Annexe).

On mettait aussi le costume populaire à l’occasion des fêtes et même au mariage. (Photos 21 et 22, Annexe).

La coiffe est aussi portée par les femmes mariées roumaines de la région de Banat et constitue un symbole social. C’est une coiffe confectionnée à partir d’un voile lourd ou une sorte de bonnet ornementé avec beaucoup de couleurs au-dessus de laquelle on met un fichu confectionné de tissu fin. (Photos 19 et 20, Annexe).

Un artisanat vivant

L’artisanat populaire est représenté par la broderie, le tissage et la céramique.

Le tissage du lin et du chanvre qui fournit de la toile a des origines lointaines en Roumanie de même qu’en Bretagne. De l’époque de leurs ancêtres, les daco-gètes, les roumains ont utilisé ces plantes pour confectionner des vêtements ou des objets nécessaires pour la vie des tous les jours.

La broderie roumaine est aussi un art ancien qui date du XVe siècle. On brodait avec du fil en soie et du fil d’or ou d’argent pour mettre en évidence les éléments les plus importants d’une composition vaste. On distingue la broderie roumaine par l’alternance de champs brodés qui varie selon la région.

Un autre élément de l’art populaire c’est la céramique. Comme la faïence de Quimper fait tradition en Bretagne, la céramique de Horezu est une tradition unique et le principal foyer de la céramique en Roumanie. Fabriquée et décorée à la main avec des symboles solaires, des motifs végétaux et zoomorphes, le coq étant l’emblème de Horezu, la gamme chromatique mobilise le brun, l’ocre, le vert et l’ivoire de Horezu, cet élément d’art populaire est représentatif pour la tradition roumaine. (Photos 23 et 24, Annexe).

La permanence de fêtes populaires traditionnelles 

Comme les fest-noz chez les bretons, la musique populaire traditionnelle chez les roumaine est très ancienne et occupe une place importante dans leur vie.

Elle inclut des chants des anciens, des chants d’amour, doïna, un chant poétique et mélancolique, ancrée dans l’âme roumaine et des chants à danser.

Parmi les instruments spécifiques, on cite le violon, la flûte de pan, l’accordéon ou encore le cymbalum. Les instruments accompagnent les danses entraînantes, comme la ronde (hora), à l’occasion d’un événement.

Deux terres d’inspiration 

Dans le domaine de l’art, la Bretagne a suscité un fort attrait chez de nombreux artistes peintres qui ont abordé divers thèmes comme celui de la vie quotidienne, le paysage breton et la religion.

Le village roumain, le paysan, le costume populaire et la religion ont été aussi les thèmes préférés de nombreux peintres roumains principalement Nicolae Grigorescu et Camil Ressu.

Camil Ressu a peint les paysans pendant leurs moments de détente ou de prière. Pour lui, le paysan roumain est beau de par son âme mais aussi grâce à son costume porté avec beaucoup de fierté dont la décoration se propage dans tous les domaines de son existence.

Pour Nicolae Grigorescu les paysans sont les figures les plus représentatives de son œuvre qui se présente comme un miroir du village roumain.

Par exemple dans les tableaux il représente le paysage bucolique roumain, les femmes sont gaies, elles tissent et font pâturer les moutons ou apportent à la maison de l’eau prise à la fontaine.

Un autre motif d’inspiration a été les côtes bretonnes et l’océan comme dans ses œuvres « Rue à Vitré » et « Le mendiant breton », œuvres réalisés pendant la période passée en France entre les années 1879-1890.

Au terme de ce travail de recherche, il se confirme que la première impression de similitude entre la culture bretonne et roumaine s’est avérée être exacte.

A 2500 km distance, sur ces deux terres de christianisme, bien que leur religion soit différente, d’un côté le catholicisme et de l’autre côté l’orthodoxie, son rôle dans la vie du peuple est très présent. De même la préservation de la nature est privilégiée sur ces terres et le folklore authentique ainsi que l’artisanat sont encore conservés.

Tout ce patrimoine peut constituer une source inépuisable pour les créations modernes afin d’intégrer le spécifique culturel de chaque peuple dans nos cultures d’aujourd’hui.

De par nos recherches, ce travail a été très enrichissant car il nous a permis de découvrir des nouvelles notions, d’approfondir nos connaissances à ce sujet et de développer une réflexion sur la sauvegarde et la valorisation du patrimoine.

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ANNEXES

Source photos : www.pinterest.com

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