Le héros cornélien- le sujet de lévolution du théâtre de [619393]
Chapitre 2
Le héros cornélien- le sujet de l’évolution du théâtre de
Corneille
Si on suit l’étymologie du mot « héros », on va voir qu’il s’agit d’un nom formé à
partir d’un mot grec, mais aussi à partir d’un mot latin : d’un part « herôs » en grec désigne un
demi-dieu ou tout homme élevé au rang de demi-dieu, d’autre part « héros » en latin désigne
un demi-dieu, mais aussi homme de grande valeur. « D'après son étymologie, ce mot désigne
donc un personnage exceptionnel, au-dessus de l'humanité ordinaire.1.
Au cœur du temps, le héros dépasse son rang de demi-dieu et peu à peu s’humanise,
arrivant à être, dans la tragédie, un être hors du commun soit par son pouvoir et sa condition
sociale ou politique, soit par la grandeur de ses qualités, ses vices mai aussi son malheur.
Dans leurs œuvres, Corneille et Racine mettent l'accent sur l'homme, sur la figure de
l’héros, en analysant son intérieur, son essence et présentant d’une manière directe ou
indirecte tous ses états, toues ses oscillations, les faiblesses et les forces qu’ils font preuve,
mais aussi leur soumission au mal.
2.1. Le culte héroïque de l’honneur
« L’héroïsme caractérise la noblesse ou la royauté. Il intègre plusieurs notions d’une
manière disparate: celle d’honneur et de vertu, de constance et de volonté, de maitrise de soi
et de grandeur d’âme, de générosité et de gloire »2. La société française sous Louis XIII est
une société d’ordres et de fidélités. En fonction de préceptes se constitue le théâtre de
Corneille, un théâtre de l’honneur, de la gloire, de la suprématie et de la liberté de l’individu.
L’idée de l’honneur est suivie surtout dans l’œuvre la plus admirée et critiquée à la
fois- Le Cid . L’œuvre qui raconte d’une parte l’histoire d’amour contrariée de Rodrigue et
Chimène à la cour du roi d’Espagne, met aussi en évidence, d’autre part, le code de
l’honneur, auquel le nôtre héros principal doit obéir. Selon l’éthique féodale, autour de
laquelle les héros doivent donner naissance à leurs actions, l’honneur vienne placée au-dessus
de tout. C’est ainsi que le thème de l’honneur est omniprésent tout au long de la pièce. Le
1Entrée « héros », in Le Trésor de la Langue Française , version informatisée, URL :
http://www.cnrtl.fr/etymologie/h%C3%A9ros , site consulté le 24 mars 2017.
2Michel Prigent, Le héros et l’Etat dans la tragédie de Pierre Corneille, op. cit., p. 35.
héros cornélien est marqué par cette « condition » qui domine, en devenant, dans une certaine
mesure, une sorte de « victime» du dilemme cornélien. Le dilemme cornélien apparaisse
surtout quand nôtre héros se place entre deux choses importantes pour lui et se trouve obligé
à faire un choix. Le héros cornélien a des devoirs envers son pays, sa famille et ses liens du
sang, mais aussi envers la femme qu’il l’aime. Dans cette position on peut voir Rodrigue, car
il oscille entre obéir son père et son devoir et aimer et ne trahir pas son amour, Chimène.
Don Rodrigue et don Sanche, jeunes seigneurs de la cour du Fernand, roi de Castille
en 1033, aiment les deux Chimène, fille de D. Gomès, comte de Gormas. Chimène à son tour
aime Rodrigue. Le père de Rodrigue doit demander à D. Gomès la main de sa fille, pour
l’épouser avec son fils Rodrigue. Le Comte et Don Diègue devient rivaux au moment où le roi
vient de nommer le père de Rodrigue gouverneur. Dès l’acte 1, scène 3, une dispute va
commencer entre eux, car D. Diègue dit à D. Gomès que s’il n’a pas été nommé gouverneur
du prince, c’est qu’il n’était pas digne de ce haut emploi, car «Qui n’a pu l’obtenir ne le
méritait pas»3(v. 225) . D. Gomès ne peut contenir sa colère, et lui donne un soufflet. Le
vieillard met l’épée à la main pour venger son affront; mais étant accablé par son âge, sa
force le trahit et il est désarmé. Il ressent un sentiment du déshonneur et dès que l’honneur
est perdu, le devoir n’a plus de sens :
Et mourir sans vengeance, ou vivre dans la honte?
Comte, sois de mon prince à présent gouverneur :
Ce haut rang n’admet point un homme sans honneur;4(v. 250-252)
Alors il fait appelle à son fils et lui demande de le venger. La mort du Comte sera
l’épreuve initiatique de l’héroïsme de Rodrigue. Comme Prigent affirme « […] Rodrigue est
”un homme de cœur” (v.30) et le Comte reconnaît aisément en lui ”la valeur de son père”
(v.33) ».5Rodrigue apparais comme un chevalier. Il fait preuve des vertus morales et des
qualités physiques digne d'un grand seigneur destinés à devenir, à l'âge adulte, un leader
invincible. « Tous les termes de l’héroïsme sont employés à propos de Rodrigue : ”passion”,
”devoir”, ”ardeur”, ”magnanime”, ”vertu” »6. De ce point de vue il est un «chevalier
3Pierre Corneille, Le Cid (tragi-comédie), avec de notes explicatives, questionnaires, bilans, documents et
parcours thématique établis par Hubert Carrier, Paris, Hachette, 1991, p. 22.
4Ibidem, p. 24.
5Michel Prigent, Le héros et l’Etat dans la tragédie de Pierre Corneille, op.cit., p. 36.
6Ibidem, p. 39.
parfait»7, un chevalier irréprochable, qui s’avère et est reconnu même par le Comte comme un
adversaire digne de lui et de l’amour de sa fille.
Le héros est destiné à la logique du sang: en se situant entre son amour et son devoir
de fils, finit par écouter la voix du sang et tue le père de son amour:
Va contre un arrogant éprouver ton courage
Ce n’est que dans le sang qu’on lève un tel outrage
Meurs ou tue. […]8(v. 273-275)
Au moment où il apprend qu’il doit venger l’honneur de don père, Rodrigue va se
trouver dans un dilemme cornélien. Tandis que dans sa conscience son père représente
réhabiliter l’honneur, sa maîtresse représente l’amour; l’une le rende indigne (s’il ne respecte
pas le devoir face à son père), l’autre le rende malheureux (car il va perdre Chimène):
Père, maitresse, honneur, amour,
Noble et dure contrainte, aimable tyrannie,
Tous mes plaisirs sont morts, ou ma gloire ternie.
L’un me rend malheureux, l’autre indigne du jour.9(v. 311-314)
Il fait preuve de conscience et réalise que venger son père, il va perdre Chimène. Dans
son monologue il dit: «Il faut venger un père, et perdre une maîtresse»10(v.303) . Il est très
lucide quand il affirme les mots suivants : «Je dois à ma maîtresse aussi bien qu’à mon
père»11(v. 322) . Maintenant il se trouve dans une impasse. Pour un moment il croit que le
suicide est la seul solution pour sa situation:
Mourons du moins sans offenser Chimène
Mourir sans tirer ma raison
Rechercher un trépas si mortel à ma gloire
Endurer que l’Espagne impute à ma mémoire
7Ibidem.
8Pierre Corneille, Le Cid , op. cit., p. 26.
9Ibidem, p. 29.
10Ibidem .
11Ibidem, p. 30.
D’avoir mal soutenu l’honneur de ma maison.12(v. 330-334)
Il réfléchit et après un instant il trouve cette solution du suicide irrationnelle. En
essayant fuir de son devoir, sans rendre honneur à son père et aussi à lui-même signifie
mourir inutilement, attitude qui n’est pas digne d’un chevalier. Pour ça il s’est décidé:
Oui, mon esprit s’était déçu
Je dois tout à mon père avant qu’à ma maitresse
Que je meure eu combat, ou meure de tristesse,
Je rendrai mon sang pur comme je l’ai reçu.13(aici trebuie sa notez versurile,
pentru ca am uitat sa fac asta
Dans cet ordre d’idées, Rodrigue va affronter les contraintes de la nature et les devoirs
de l’amour. Même si la loi du sang a été respectée, Prigent affirme que Rodrigue n’est pas un
héros, car « il doit affronter Chimène : les règles du tribunal succèdent à celles du duel »14.
Dès que le Comte est mort en duel, Chimène se trouve elle aussi dans le même dilemme que
Rodrigue. Même s’elle est une femme, elle a aussi un devoir filial envers son père. Par le fait
que honneur de son père a été compromise, car Rodrigue lui a donné la mort, elle doit le
venger, elle affirme que «son sang sur la poussière écrivait mon devoir»15(v. 676) . Pour sortir
de la situation déshonorable dans laquelle se trouve maintenant sa famille, elle cherche la
justice et l’aide du roi, en faisant appel aux attributs et qualités de son père défunt :
Ce sang qui tant de fois garantit vos murailles,
Ce sang qui tant de fois vous gagna des batailles,
Ce sang qui tout sorti fume encore de courroux
De se voir répandu pour d'autres que pour vous.16(v. 661-664)
Suivant le principe chevaleresque «sang par le sang », la seule solution pour se venger
est de voir l’homme qu’elle aime mort. Donc la sort de Rodrigue est maintenant dans les
12Ibidem , p. 30.
13Ibidem , p. 31.
14Michel Prigent, Le héros et l’Etat dans la tragédie de Pierre Corneille, op. cit., p. 40.
15Pierre Corneille, Le Cid, op. cit., p. 55.
16Ibidem, p. 55.
mains de Chimène. La femme devient son juge, tel comme Rodrigue affirme à un moment
donné:
Je cherche le trépas après l’avoir donné.
Mon juge est mon amour, mon juge est ma Chimène :
Je mérite la mort de mériter sa haine.17(v.?)
Par la vengeance les deux personnages se libèrent d’une dette de sang à laquelle ils
doivent se plier. Mais cette vengeance est, comme affirme Prigent, «aussi tragique que
négative. Tragique car elle soumet la volonté a l’extériorité. Négative car elle tourne l’action
du héros vers la destruction de l’autre, alors que l’héroïsme doit être – Auguste et Polyeucte le
montreront- un mouvement de conversion des autres»18.
Ainsi, suivre l’honneur ou suivre l’amour est la grande question qui s’impose dans
l’âme de ces deux héros de Corneille. Comme nous avons vu dans Le Cid l’honneur est celle
qui prime et cause un conflit psychologique intense chez les personnages qui doivent faire des
choix qui ne sont pas guidés par le cœur, toujours en sacrifiant quelque chose. Rodrigue et
Chimène ne seront libres que lorsqu’ils auront leur dette envers leurs pères.
2.2. Le héros et le devoir d’Etat : une problématique spécifiquement
cornélienne
Le théâtre de Corneille présent très souvent des problèmes qui visent la politique, étant
toujours liés à l’idée de devoir envers l’Etat. Notons que « Corneille refuse de séparer la
politique de la tragédie, ou la tragédie de la politique »19, chose qu’on peut observer non
seulement dans Le Cid , mais aussi, avec plus grande intensité, dans sa pièce Horace. « L’Etat,
forme historique du pouvoir, est donc un élément constitutif de la tragédie »20. La tragédie
naît comme le résultat d’un affrontement entre la grandeur de l’héros et celle de l’Etat.
Quant au héros proposé par le théâtre de Racine, Anna Ambroze affirme que
« désormais, au héros triomphant dans sa vertu et dans sa gloire, il [Racine] préfère la victime
secrètement gémissante, enchainée par ses instincts; au dévouement soumis, le désir jaloux
17Ibidem, p.?.
18Michel Prigent, Le héros et l’Etat dans la tragédie de Pierre Corneille, op. cit., p. 37.
19Ibidem, p. 9.
20Ibidem, p. 8.
s’attachant à la personne aimée comme à une proie »21. Racine propose l’idée de l’amour, un
amour malheureux qui conduit à la vengeance, finie par la mort. La politique ne joue un rôle
très important dans le théâtre de Racine, comme dans celui de Corneille. Dans des œuvres,
comme Phèdre ou Andromaque, l’amour prime et l’intrigue politique ne sert qu’à donner
simplement un masque à des hommes qui sont conduites par leurs passions. On a surtout
l’exemple d’Oreste. Il est l'ambassadeur de Grèce auprès de Pyrrhus. Il vient en Epire pour
deux missions: l’une d’ordre politique, car il vienne de demander à Pyrrhus de livrer aux
Grecs le fils d'Hector vu comme un danger pour la Grèce s’il va venger son père et tous les
Troyens, et l’autre d’ordre amoureux, qui annule donc le devoir politique, car pour lui revoir
Hermione est plus importante :
Heureux, si je pouvais dans l’ardeur qui me presse,
Au lieu d’Astyanax lui ravir ma princesse!22(v. 93-94)
La même situation pour Pyrrhus. Il a le devoir de protéger sa patrie, mais à l'intérieur
l'amour d'Andromaque domine. Il est prêt à rompre le mariage avec Hermione, y compris
l’alliance avec les Grecs, pour l’amour d’Andromaque. Il s’agit en fait d’une fausse politique,
car « la politique n’est donc plus considérée ici comme une langue fallacieux, qui servirait
simplement de truchement aux passions »23.
Deux théâtres qui appartiennent à des grands auteurs tout à fait distincts, qui nous
offrent avec leurs pièces des visions distinctes dans la peinture des leurs héros. « Dans la
vision de l’héroïsme et des aspirations sublimes ou excelle Corneille, le patriotisme rigide et
inhumain d’Horace, l’exaltation d’une vertu qui sombre dans le fanatisme, auraient été peu du
goût de Racine »24.
L'action d' Horace reproduit dans une certaine mesure l'action du Cid. Comme on sait
Le Cid présent un crime en nome de l’honneur, mais aussi et une action héroïque entreprise
par notre Cid au moment où l’État est en péril. L’Etat est sauvé par Rodrigue et le roi (qui
veille pour l’ordre politique et social) lui pardon la désobéissance (au moment du duel) en lui
célébrant le mariage avec Chimène. Mais à la différence de l’action du Cid,
21Ana Ambroze, Racine poète du sacrifice , Paris, A. G. Nizet, 1970, p. 49.
22Jean Racine, Andromaque: tragédie , Paris, Nathan (Éditions présentée par Anne Moussier), 1667, p. 28.
Toutes les références ultérieures à cette pièce se rapporteront à cette édition.
23Alain Niderst, Racine et la tragédie classique , Paris, Press Universitaires de France, 1978, p. 68.
24Ana Ambroze, Racine poète du sacrifice , op. cit ., p. 92.
celle d’ Horace présente lui aussi un sauvetage de l’État, mais un qui précède le crime de
sang. Cette pièce, dédiée au cardinal de Richelieu, a été écrite en réponse aux contradicteurs
du Cid , car la pièce nous dessine un personnage plus audacieux et plus complexe que
Rodrigue surtout parce que Horace sacrifie son ami et tue aussi sa sœur Camille.
La pièce met en scène deux familles unies par de liens d’amour et du sang: la famille
romaine d’Horace et la famille albaine de Curiace. Horace est marié à Sabine, jeune fille
albaine et son frère Curiace est fiancé à Camille, sœur d'Horace. Mais cette « harmonie
familiale » est rompue dès qu’une guerre fratricide éclate entre les deux villes, Rome et Albe.
Dès que Curiace apprend qu’il doit combattre contre les Horaces, il affirme:
Dis-lui [au roi d’Albe] que l’amitié, l’alliance et l’amour
Ne pourront empêcher que les trois Curiaces
Ne servent leur pays contre les trois Horaces25. (v. 418-420)
Rien ne peut pas empêcher qu’ils servent leur patrie : ni l’amitié, ni l’alliance entre
familles, ni l’amour. Lors de la scène 3 (acte II) on peut observer les «valeurs» qui distinguent
Curiace d’Horace. Curiace semble qu’il souffre parce qu’il a été choisi à combattre contre
Horace:
Que désormais le ciel, les enfers et la terre
Unissent leurs fureurs à nous faire la guerre
Que les hommes, les Dieux, les démons et le sort
Préparent contre nous un général effort26. (v. 423-426)
Il souffre et est contrarié par la sort lui destinée, mais il doit faire son devoir. Horace
d’autre parte semble fier d’avoir l’occasion de se manifester avec éclat et s’affirmer:
Le sort qui de l’honneur nous ouvre la barrière
Offre à notre constance une illustre matière […] (v. 431-432)
Combattre un ennemi pour le salut de tous […] (v. 437)
Mourir pour le pays est un si digne sort,27(v. 441)
25Pierre Corneille, Horace (tragédie) , avec une notice biographique, une notice littéraire et des notes
explicatives, par René Vaubourdolle, Paris, Hachette, 1935, p. 30.
26Ibidem , p. 30.
27Ibidem , p.?.
Pour notre héros la chance de recevoir un tel charge, qui va assurer la gloire de l’Etat,
va jusqu’au besoin de supprimer toutes autres sentiments, y compris les liens familiales:
Attaquer une partie qui prend pour défenseur
Le frère d’une femme et l’amant d’une sœur,
En rompant tous ces nœuds, s’armer pour sa patrie.28(v. 445-447)
De plus Horace se laisse emporter par l'exaltation guerrière et patriotique, en affirmant
qu’il ne connaît pas Curiace29. Curiace se place à l’autre pôle, car il affirme que c’est surtout
le fait qu’il connait Horace qui lui provoque le malheur, la souffrance30.
Dévouement et sacrifice sont les hautes valeurs civiques de qui font preuve Horace et
Curiace. Horace est plus du côté de l’idée de fidélité vers sa patrie, vers son Etat, considéré
comme sacre, dévalorisant toutes les autres sentiments, tandis que Curiace se place du côté
des émotions et sentiments, car il est plus hésitant et exprime sa révolte et sa souffrance.
«Curiace plaide pour les droits de l’humanité contre le sacrifice d’Etat »31, écrit Michel
Prigent. Il continue aussi à affirmer que «le tragique d’Horace est un tragique de la
coïncidence entre le héros et l’Etat, [tandis que] le tragique de Curiace est un tragique de la
confrontation entre la nature et l’histoire »32. Mais si Curiace se présent comme un « héros de
la nature », plus sentimental, qui regrette les douceurs du passe, Horace se présente donc
comme un « héros de l’histoire» qui rêve a un avenir glorieux. « Le tragique d’Horace est un
tragique de l’absolu au sens ou le héros défait un à un tous ses liens avec le monde, rompt un
à un tous les nœuds de la sensibilité »33.
La question de l’honneur se préfigure aussi dans Horace. On a vu que dans Le
Cidcette idée est toujours liée aux liens filiale, aux liens du sang. Ici elle apparaisse liée à la
notion d’Etat34, comme une sorte d’excuse face aux actions des personnages, surtout de celles
28Ibidem.
29«Albe vous a nommé, je ne vous connois plus», Ibidem , v.502, p. 34.
30« Je vous connois encore, et c’est ce qui me tue » Ibidem, v. 503.
31Michel Prigent, Le héros et l’Etat dans la tragédie de Pierre Corneille, op. cit., p. 50.
32Ibidem.
33Ibidem, p. 53.
34«Puis nous irons ensemble où l’honneur nous appelle», Pierre Corneille, Horace, op. cit., v. 532, p. 35.
d’Horace et de Curiace. A la scène 4 de l’acte 2, Horace annonce Camille qu’il doive
combattre Curiace et lui dit :
Et si par mon trépas il retourne vainqueur,
Ne le recevez point en meurtrier d’un frère
Mais en homme d’honneur qui fait ce qu’il doit faire,
Qui sert bien son pays […]35. (v.518-520)
Tandis que Curiace et Camille sont horrifiés par la cruauté de la situation, Horace,
encouragé par son père, le vieux Horace, montre de l’enthousiasme vers son devoir de
défendre l’honneur de Rome. Horace « refuse d’être le sujet de Curiace, et refuse que Rome
soit sujet d’Albe ». Il sera « l’employé de Rome »36, la logique de la raison d’Etat étant une
créature de l’héroïsme. Il n’accepte pas une condition inferieure, une place inferieure dans
l’ordre féodal. La notion de l'ordre est ici essentielle, car Horace accède au statut de héros par
le sacrifice de la nature et de l'amour à l'Etat. Le dilemme auquel il se retrouve confronté lui
impose à faire un choix: fuir ou combattre. Par un instant, il n’envisage de manquer à son
devoir. Pour lui, combattre pour Rome est un devoir «saint et sacré»37. Le fait d’être désigné
fait que son destin personnel se mêle à la destinée de Rome. Il n’est plus Horace, il est « un
héros d’Etat »38, il est Rome. Il accepte à sacrifier l’amour et la nature à l’Etat, chose qui
s’oppose à Rodrigue qui « sacrifiait momentanément l’amour à la nature [et] Chimène à Don
Diègue, les sens au sang »39. Rodrigue est celui qui donne naissance à l’Etat en tuant le Comte
et en chassant les Mores. Par son seul mérite le Cid a donné à don Fernand le pouvoir.
Après la défaite d'Albe, Horace est encensé par la ville de Rome. Il cherche la fierté et
l’admiration de sa sœur pour sa victoire:
Ma sœur, voici le bras qui venge nos deux frères,
Le bras qui rompt les cours de nos destins contraires
35Ibidem.
36Michel Prigent, Le héros et l’Etat dans la tragédie de Pierre Corneille, op. cit., p. 49.
37« Ce droit saint et sacre rompt toute autre lien.
Rome a choisi mon bras, je n’y examine rien », Pierre Corneille, Horace, op. cit., V.497-498, p. 34.
38Michel Prigent, Le héros et l’Etat dans la tragédie de Pierre Corneille, op. cit., p. 47.
39Ibidem , p. 48.
Qui nous rend maitres d’Albe […]40(v. 1251-1253)
Horace commence par un défi à la douleur de Camille. En réponse celle-ci commence
un autre défi à l'honneur d'Horace. Elle préfère de pleurer son amant, car ses larmes sont ce
qu’elle lui doit. Elle lui reproche le meurtre de son Curiace. Camille voit en Horace un
''barbare'', un ''tigre altéré de sang'', un être inhumain. Mais maudire Horace ne suffit pas. Il
faut maudire Rome, donc elle affirme :
Rome l’unique objet de mon ressentiment !
Rome, a qui vient mon bras d’immoler mon amant !
Rome qui t’a vu naitre, et que ton cœur adore !
Rome enfin que je hais parce qu'elle t'honore!41(v.1301-1304)
Camille choisit l’amour, elle fait le choix inverse de son frère, condamnant ainsi Rome
et l’idée même de patrie. Dès ce moment Camille est considère une « indigne sœur».
« Camille vivante et proclamant ses valeurs représente un scandale pour Horace. Albe vivante
représente un scandale pour Rome »42. Le héros, conduit par « l’étatisme» tue ainsi sa sœur.
Dans ce moment Camille devient une « victime d’Etat»43. Horace accède au statut d’héros par
le sacrifice de la nature et de l’amour à l’Etat.
Dans le procès qui suit le vieil Horace plaide en faveur de ce fils en affirmant qu’il a
tué par patriotisme. « Horace est un étape, une épreuve dans la genèse du héros »44. On a vu
dans Le Cid que même si l’ordre familial fait passer Rodrigue par un combat douloureux, il
est en fait une action de libération, d’espérance. Dans Horace l’ordre familial est sacrifié « à
la logique héroïque relayée par la raison d’Etat »45. À la différence du crime de Rodrigue qui
est un crime pour l'honneur, le crime d'Horace est pour la gloire de l’Etat. Rodrigue est sauvé
par Chimène avant d’être absous par le roi, don Fernand, tandis qu’Horace est sauvé par cette
force supérieure. Il reçoit le pardon de Tulle après avoir été condamne par Camille. Il l’abolit
40Pierre Corneille, Horace, op. cit., p. 61.
41Ibidem, p. 63.
42Michel Prigent, Le héros et l’Etat dans la tragédie de Pierre Corneille, op. cit., p. 46.
43Ibidem, p. 47.
44Ibidem, p. 55.
45Ibidem.
du meurtre de sa sœur en faisant valoir sa gloire, ses choix hors du commun au-dessus de
son crime:
Vis donc, Horace, vis, guerrier trop magnanime
Ta vertu met ta gloire au-dessus de ton crime,
Sa chaleur généreuse a produit ton forfait46(v.1759-1760)
Dès ce moment il doit vivre pour servir l’Etat, car il est déclaré vainqueur, champion
de Rome. Le héros cornélien incarne la typologie du conquérant: il aspire à dominer le
monde. Le héros racinien est un éternel prisonnier de ses passions amoureuses. Le héros
cornélien est souvent surpris à transgresser une norme: on sait que Rodrigue désobéit au roi
en se battant en duel avec le Comte. Polyeucte désobéit à l’empereur, Felix, au moment où il
se convertit au christianisme. Il sait qu’il a des devoirs politiques, mais ces devoirs ne sont
que l’image d’un autre ordre où Dieu est le suzerain.47Quant à Horace, il tue sa sœur, il
commet un parricide. En ne respectant pas l’ordre établi, ils arrivent à construire un autre
nouveau plus prestigieux comme: l’alliance de l’honneur et de l’amour dans Le Cid , la
suprématie de Rome dans Horace , la conversion de l’empire, dans Polyeucte . Mais tous
obéissent à une valeur supérieure: Rodrigue, aux lois de l’honneur, Polyeucte à Dieu et
Horace, à un patriotisme sacré, à la raison d’Etat.
2.3. La relation entre le héros et la divinité
Avec ces pièces on peut remarquer un mouvement ascendant du théâtre de Corneille.
Prigent affirme que «de même qu’Horace déplaçait le problème de la famille ( le Cid ) vers
l’Etat ( Cinna ), de même Auguste, par les conditions privilégiées de son salut, déplace
l’interrogation héroïque de l’Etat vers Dieu »48. Ce dernier déplacement est celui qui continue
avec l’œuvre Polyeucte. Notre héros va dépasser la nature de sa condition et va faire un don a
46Pierre Corneille, Horace, op. cit., p.?.
47«Je dois ma vie au people, au prince, a sa couronne
Mais je la dois bien plus au Dieu qui me la donne. » – Pierre Corneille, Polyeucte martyr (tragédie
chrétienne), avec une notice biographique, une notice littéraires et des notes explicatives, par René
Vaubourdolle, Paris, Hachette, 192, v.1211-1212, p. 55.
48Michel Prigent, Le héros et l’Etat dans la tragédie de Pierre Corneille, op. cit., p. 68.
la volonté divine. Dans la conception de Serge Doubrovsky le héros doit entreprendre un
effort suprême « pour se récupérer au-delà de l’Etat et pour retrouver un absolu personnel »49.
L’époque de rédaction de cette œuvre est celle du passage du paganisme au
christianisme. Dans ce siècle particulièrement catholique, il est évident que le christianisme
va être particulièrement loué. Corneille tire cette histoire d’un fait réel, car notre personnage
Polyeucte, a réellement existé et il a brisé les idoles des dieux antiques afin de montrer son
appartenance au christianisme. Corneille raconte dans l’Examen de sa pièce que :
« Polyeucte et Néarque étaient deux Cavaliers étroitement liés ensemble
d’amitié. Ils vivaient en l’an 250 sous l’Empire de Decius; leur demeure était
dans Mélitène capitale d’Arménie, leur Religion différente: Néarque étant
chrétien, et Polyeucte suivant encore la secte des gentils [ce mot désigne
d’abord les non-juifs, ensuite les non-chrétiens, ici : les païens], mais ayant
toutes les qualités d’un chrétien, et une grande inclination à le devenir. »50
L’action de la pièce est liée à la présence d’une transcendance, d’une puissance qui
domine notre héros tragique, Dieu. La pièce s'ouvre sur un dialogue entre Polyeucte et
Néarque. Le premier souhaite retarder sa conversion au christianisme au nom de l'amour pour
son épouse, tandis que l'autre l'incite à ne pas attendre à cause de «quelques soupirs» de sa
femme. Le plus souvent les héros cornéliens oscillent entre leurs intérêts politique ou sociaux
et leurs sentiments d’amour et ils doivent faire un choix, toujours en sacrifiant quelque chose.
C’est aussi le cas de Polyeucte, qui, au début, se trouve partage entre sa femme, Pauline et sa
foi:
Ces pleurs que je le regarde avec un œil d’époux
Me laissent dans le cœur aussi chrétien que vous […] (v. 44-45)
Je crois, pour satisfaire un juste et saint amour
Pouvoir un peu remettre, et différer qu’un jour51(v.51-52)
Dans ce moment il n’a pas la conscience de l’opposition qui existe entre l’amour pour
Dieu, un amour absolu, et l’amour pour Pauline, à ses yeux « juste et sainte ». Il veut retarder
un jour son baptême pour rassurer Pauline. Ainsi il conciliera tout. Mais en fait l’amour dû au
49Serge Doubrovsky, Corneille et la dialectique du héros , Paris, Gallimard, 1928, p. 223.
50Pierre Corneille, Polyeucte martyr, op. cit., in Examen de « Polyeucte » , (1660), p. 14.
51Ibidem , p. 20.
Dieu exige un renoncement total, y compris à Pauline. « Le héros cornélien ne sera jamais un
négociateur et le Dieu cornélien lui demande un sacrifice absolu de la nature »52, chose qu’on
peut observer dans les mots de Néarque :
Rompez ses premiers coups, laissez pleurer Pauline.
Dieu ne veut point d’un cœur ou le monde domine53(v. 65-66)
La grandeur suprême est en Dieu, comme dans le cas d’Horace, en Rome. Dieu est
celui qui tient notre âme entre ses mains54. Cette est d'ailleurs la dernière parole du Christ en
croix: Pater in manus tuas commendo spiritum meum , c’est-à-dire « je remets mon esprit
entre tes mains » (Luc, 23: 46)55. Le tragique de notre héros est l’adéquation totalement à
Dieu. A peine baptisé, il n’a qu’un devoir, d’être fidèle à Dieu, tout comme Rodrigue a été
face à son père et Horace à Rome. Il affirme avec fierté:
Je suis chrétien, Néarque, et le suis tout à fait;
La loi que j’ai reçue aspire à son effet
Qui fuit croit lâchement, et n’a qu’une foi morte.56(v.667-669)
Désormais il n’est seulement un chevalier, il devient le soldat de Dieu. Comme un
chevalier qui doit être fidèle à sa cause, à son devoir, il doit être digne du Seigneur et de la foi
qui lui a été donnée57. Cette grâce divine est donnée à tous les chrétiens. L’homme est libre de
fortifier ou non cette grâce, mais pour la fortifier l’homme doit suivre les chemins de Dieu.
C’est ici qui intervient la lucidité, la liberté et la volonté humaine. Le héros cornélien est libre,
il est conscient de sa supériorité; il n’a rien à cacher, il se montre tel qu’il est parce qu’il est ce
qu’il veut être:
Allons, mon cher Néarque, allons aux yeux des hommes
Braver l’idolâtrie, et montrer qui nous sommes
52Michel Prigent, Le héros et l’Etat dans la tragédie de Pierre Corneille, op.cit., p.70.
53Pierre Corneille, Polyeucte, op. cit., p. 21.
54« Et Dieu, qui tient votre âme et vos jours dans sa main”, I bidem, v. 27, p. 20.
55Guy Laflèche, « Le songe de Pauline», Le Recueil des Récits de Rêve, Éditions du Singulier, 1983, URL:
http://singulier.info/rrr/2-pcor1.html , consulté le 26.03.2017. ??- nu stiu daca am scris bine
56Pierre Corneille, Polyeucte, op. cit., p.?.
57« Daigne éprouver la fois qu’il vient de me donner », Ibidem, v. 652, p. 38.
C’est l’attente du ciel, il nous la faut remplir
Je viens de la promettre, et je vais l’accomplir
Je rends grâce au Dieu que tu m’as fait connaitre.58(v.645-649)
« Avant le baptême, Polyeucte voulait aller moins vite que le temps. Après, il désire
aller plus vite pour conquérir l’éternité »59écrit Prigent. Après son baptême, on découvre avec
stupeur que Polyeucte n’a désormais qu’un désir, celui d’échanger sa vie, au dépit du
sacrifice60. Le héros de Corneille veut se sacrifier lui-même pour donner un exemple, pour
s’offrir comme modèle à imiter, tandis que les héros de Racine sont « des victimes » de leurs
propres sentiments malheureux, ils ne sont pas du tout libres. Pour eux l’idée de la mort est
toujours liée à la présence de l’être aimée, pour laquelle ils sont capables de faire des
sacrifices oubliant leurs devoirs familiers ou politiques (voyons l’exemple de Pyrrhus, qui
même s’il y a des devoirs vers son Etat et vers sa femme, il est fidèle à l’amour non-partage
d’Andromaque, qui le conduit à la mort). Tandis que le héros cornélien fait des sacrifices et
mort au nom de Dieu, les héros racinien mort au nom de son amour maudit.
Corneille met en scène l’idée de martyr – une personne qui accepte volontairement la
souffrance ou la mort pour éviter de renoncer à une cause ou à sa religion61. C’est même
Pauline qui nous offre avec ses paroles un sort d’explication pour les actes des martyres :
Le trépas n’est pour eux ni honteux, nu funeste ;
Ils cherchent de la gloire à mépriser nos Dieux ;
Aveugles par la terre, ils aspirent aux cieux ;
En croyant que la mort leur en ouvre la porte, […] (v.946-949)
La mort la plus infâme, ils l’appellent martyre.62(v. 953)
On a affaire avec un héros qui se voue à la mort avec une allégresse inquiétante.
« L’acte héroïques, par sa singularité, condamne le héros à la solitude, à l’exercice solitaire et
infini de l’héroïsme. Il est révélateur que Polyeucte veuille, par son acte iconoclaste, gagner la
58Ibidem, .
59Michel Prigent, Le héros et l’Etat dans la tragédie de Pierre Corneille, op. cit., p. 70.
60Pierre Corneille, Polyeucte, op. cit., v. 1230, p. 56.– am uitat sa trec citatul
61Entrée « martyr », in Le Trésor de la Langue Française , version informatisée, URL :
http://www.cnrtl.fr/etymologie/h%C3%A9ros , site consulté le 26 mars 2017.
62Ibidem, p. 47.
vie éternelle: il veut échanger un instant d’héroïsme contre une éternité de gloire »63Il décide
éradiquer toutes traces d’autres croyances- à entendre statues des dieux romains qu’il
considère comme des idoles païennes- au nom son Dieu unique :
Allons briser ces dieux de pierre ou de métal,
Abandonnons nos jours à cette ardeur céleste ;
Faisons triompher Dieu, qu’il dispose du reste.64(v.716-718)
Avec cette œuvre de Corneille nous sommes dans la tragédie parfaite. Le héros rêve à
l’absolu. La priorité absolue accordée à cette force suprême conduit Polyeucte à rejeter l’idée
d’amour et d’Etat, qui domine dans l’existence des autres personnages. Il se laisse conduit par
sa foi, par l’idée de sacrifice. Corneille lui peint comme un héros libre, qui se construit lui-
même, qui prend ses propres décisions, qui n’a pas peur de la mort; tout au contraire il se
montre heureux de mourir pour sa foi. Les stances de la seconde scène du quatrième acte nous
offre l’exaltation du martyr. Il se présent détaché de cet univers héroïques ou les honneurs
sont la récompense de la valeur65. Pour lui Pauline devient un obstacle « à son bien », car elle,
par son action, s’oppose à ce qu’il reçoive la mort des martyrs. Il se voit comme un élu, car il
n’y a pas de combat dans son cœur : « vous remplissez [saintes douceurs du ciel] un cœur qui
vous peut recevoir »66(v. 1146) , c’est-à-dire un cœur chrétien, baptisé, un cœur qui n’a rien à
désirer et rejette toutes attachements terrestre.
Dans une dialogue contradictoire avec sa femme Polyeucte avoue son « dessein »: il
essaie à convaincre Pauline à se convertir, comme l’indique le vers « C’est peu d’aller au
ciel, je vous y veux conduire.»67(v. 1285) . À la fin de la pièce, après que Polyeucte va choisir
le martyre plutôt que la vie, Pauline et Félix seront touchés par la grâce divine et se
convertiront, en suivant l’exemple de Polyeucte. Le héros devient un modèle pour les autres.
Par ses actes, par sa conversion, par son sacrifice, Polyeucte fait convertit des autres
personnes et transforme l'ordonnance politique du monde pour fonder une monarchie
chrétienne, une monarchie de droit divine. En détruisant les idoles païennes et en mourant
pour l'avoir fait, en renonçant à l'amour et aux choses terrestres, le héros construit, par sa
63Michel Prigent, Le héros et l’Etat dans la tragédie de Pierre Corneille, op. cit., p. 27-28.
64Pierre Corneille, Polyeucte, op. cit., p. 40.
65« Vous étalez en vain vos charmes impuissants» Ibidem, v. 1116, p. 53.
66Ibidem, p. 54.
67Ibidem, p. 57.
volonté propre, sa transfiguration: il accède à une sainteté qui s’affirme surtout grâce au
sacrifice de soi au nom de la vraie foi. Pour convertir un empire, il faut donc un homme
extraordinaire, volontaire, fort et apte au sacrifice.
On a vu que les héros cornéliens se caractérisent par leur grandeur, par leur honneur
(Rodrigue), devoir vers l’État (Horace), dépassement du soi et affirmation de la
liberté (Polyeucte). Ils sont animés par de grands devoirs (soit de sang, soit de dévotion vers
l’état ou vers le Dieu) qui souvent sont opposé à leurs désirs personnels (passion amoureuse).
Face à ces exigences contradictoires, ses héros se trouvent placés devant ce qu’on appelle un
« dilemme » : ils doivent faire un choix entre deux choses, souvent extrêmes. Mais même s’ils
oscillent, existe toujours ce refus de la fatalité, chose qu’on ne peut pas affirmer sur les héros
de Racine.
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