L Expression Ecrite En Classe de Fledoc

=== L expression ecrite en classe de fle ===

L’EXPRESSION ÉCRITE EN CLASSE DE FLE (HUGO)

TABLE DES MATIÈRES

AVANT PROPOS

CHAPITRE Ier : LE ROMAN ROMANTIQUE DU XIXE SIÈCLE – VICTOR HUGO

1.1. Le roman romantique du XIXe siècle

1.1.1. Le Romantisme français

1.1.1.1. Les définitions du Romantisme

1.1.1.2. La naissance du Romantisme

1.1.1.3. Les thèmes du Romantisme

1.1.1.4. Le personnage romantique

1.2. Victor Hugo et le roman romantique « Les Misérables »

1.2.1. Victor Hugo

1.2.2. Les thèmes de l’œuvre hugolienne dans le roman « Les Misérables »

1.2.3. Les personnages hugoliens dans le roman « Les Misérables »

CHAPITRE IIe : L’EXPRESSION ÉCRITE EN CLASSE DE FLE

2.1. La place de l’expression écrite à travers les méthodologies

2.2. Définition et objectifs de l’expression écrite en approche communicative

2.3. Règles de la rédaction d’un texte

2.4. Types d’activités en expression écrite

CHAPITRE IIIe : DIDACTIQUE DE L’EXPRESSION ÉCRITE

3.1. Les textes hugoliens dans la classe de FLE

3.1.1. Activité de classe

3.1.2. Projets didactiques

CONCLUSIONS

BIBLIOGRAPHIE

AVANT PROPOS

Nous avons choisi ce thème parce que nous considérons que c’est très important pour les élèves d’être capables de s’exprimer pendant les classes de langue en français. S’exprimer à l’écrit ne signifie pas écrire tout simplement, l’apprenant doit respecter un certain nombre de règles, c'est-à-dire le mettre dans une situation de communication déterminée à laquelle il devra adapter son discours conformément aux contraintes linguistiques, discursives et socio-culturelles qu’elle contient.

Une question envisageant le problème de l’étude du français par l’intermédiaire de la littérature ne peut avoir qu’une seule réponse affirmative et définitive, parce que c’est la littérature qui offre au professeur de français l’essentiel des matériaux et des outils, des supports et des modalités de traitement qui permettront l’apprentissage d’une langue étrangère.

Une autre question qui peut se poser c’est s’il est bien d’apprendre la langue par le texte littéraire ou bien par la langue, compte tenu le fait que tous les textes littéraires sont mis au service du travail de la langue.

Le document littéraire est considéré comme « authentique ». La tâche la plus importante du professeur de français est celle de stimuler à ses élèves l’intérêt pour l’étude de la langue, de la culture et de la civilisation française. Chaque professeur de français a à sa disposition des outils pédagogiques à l’aide desquels il peut apprendre aux élèves, sinon le tout, au moins à les sensibiliser en ce qui concerne les performances optimales dans l’étude du français, comme langue étrangère. Nous avons donc choisi à utiliser le texte littéraire narratif hugolien pour le proposer à ceux qui étudient le français, nous avons choisi des exemples des phrases modelées qui deviennent à un moment donné un prétexte pour les divers types d’exercices, une motivation qui peut susciter la valorisation socio-culturelle de la littérature, de l’histoire littéraire.

Notre travail a trois chapitres : Chapitre Ier : VICTOR HUGO ; Chapitre IIe : L’EXPRESSION ÉCRITE EN CLASSE DE FLE; Chapitre IIIe : DIDACTIQUE DE L’EXPRESSION ÉCRITE – et il est structuré sur deux axes : une partie théorique et une démarche didactique/ des applications pratiques (fiches de travail, fiches d’évaluation, projets didactiques, activités d’expression écrite, etc.) ayant comme support l’œuvre hugolienne, plus précisément, son roman historique et social, Les Misérables.

Dans le premier chapitre, VICTOR HUGO, nous avons choisi de présenter la partie théorique de notre travail, c’est-à-dire le rôle de Victor Hugo dans la littérature française, les thèmes et les personnages de son œuvre romanesque.

Dans le deuxième chapitre, L’EXPRESSION ÉCRITE EN CLASSE DE FLE, nous présenterons l’expression écrite en classe de FLE, la définition et les objectifs de l’expression écrite en approche communicative, les règles de la rédaction d’un texte et les types d’activités en expression écrite, en classe de langue.

La partie pratique de notre travail est soutenue dans le troisième chapitre, DIDACTIQUE DE L’EXPRESSION ÉCRITE, qui insistera sur les différentes activités de classe et des projets didactiques ayant comme support des textes de l’œuvre romanesque hugolienne.

Nous partons donc dans notre recherche, de l’idée que l’expression écrite n’est plus une activité faite par plaisir ou, ce qui est pire, l’élève ne lit plus et n’écrit non plus, surtout dans une langue étrangère. Au cours des dernières années dans l'enseignement, nous avons trouvé peu d'intérêt dans ce sens chez nos élèves. Cela semble assez difficile, parce que la capacité de lire et d’écrire correctement et de comprendre le message d’un texte représente la fondation de l'activité scolaire. Quelles sont les solutions et les stratégies que l’enseignant peut trouver et adopter? Sans doute n’existe-t-il pas une méthode unique et infaillible pour réussir à être un bon professeur. Il n’y a pas une recette pour faire les élèves lire, aimer les livres, écrire, s’exprimer en écrit, à l’oral. Eveiller l’intérêt pour l’écrit, pour l’expression écrite en français est un phénomène de médiation dont l’efficacité dépend de l’attitude de celui qu’on souhaite influencer. Le professeur a la tâche difficile de former aux élèves premièrement, l’habitude de lire, t eensuite celle d’écrire.

A notre avis, l’œuvre et le texte littéraire narratif hugolien pourront donc éveiller la conscience philologique de l’élève, mettre en valeur toutes les disponibilités de communication en français, car il est bon de remarquer que la langue littéraire ne peut apparaître aux élèves que comme une langue bien distincte de leur expérience quotidienne. Le professeur peut stimuler l’intérêt de ses élèves pour une langue étrangère, mais un vrai professeur est, en premier lieu, un créateur, un homme réceptif et flexible qui ne se limitera jamais à la lettre du manuel, car celui-ci sera toujours perfectible. 

Nous optons, dans notre étude, pour la méthode d’analyse et de synthèse des textes tirés du roman hugolien Les Misérables et, en fonction des résultats de notre recherche, nous envisageons trouver des solutions qui peuvent améliorer l'approche pédagogique des activités de l’expression écrite en classe de FLE, réaliser des corrélations entre les facteurs qui abaissent le goût et l’intérêt de l’élève de l’école moderne de nos jours pour l’expression écrite dans une langue étrangère de ceux qui peuvent l’aider à développer cette capacité d’expression.

CHAPITRE Ier :

LE ROMAN ROMANTIQUE DU XIXe SIÈCLE – VICTOR HUGO

1.1. Le roman romantique du XIXe siècle

1.1.1. Le Romantisme français

1.1.1.1. Les définitions du Romantisme

Le Romantisme est un mouvement d’idées européen c'est-à-dire un ensemble de mouvements intellectuels et artistiques qui vient d’un mouvement allemand le Sturm und Drang, dont le nom signifie « tempête et passion »

Le Romantisme est un courant littéraire où domine le lyrisme, qui connut son apogée entre 1827 et 1848, mais qui a perduré pendant tout le XIXe siècle et qui a eu une influence considérable non seulement sur la littérature, mais sur l’art et la société en général.

Le Romantisme français est l’expression en France du mouvement littéraire et artistique appelé Le Romantisme qui s’est développé au début du XIXe siècle. À l’origine de ce courant artistique européen est l’adjectif « romantique » qui nous vient d’Angleterre (XVIIIème siècle) utilisé d’abord pour définir un paysage, une étendue de terre ou la nature dégage de la poésie, de la sentimentalité, du rêve.

Même si l’adjectif « romantique » est apparu dès l’âge classique pour concurrencer l’adjectif « romanesque », il prend son sens moderne que progressivement, par opposition à l’adjectif « classique » (c’est ainsi que l’emploient d’abord Goethe dans les Souffrances du jeune Werther (1774) et Faust (1775), Schlegel, Stendhal dans Racine et Shakespeare (1824), etc.)

Les Allemands ont crée eux aussi « la romantique » qui est à la fois une histoire littéraire et un programme. Ce mouvement a été ensuite introduit en Allemagne pour caractériser la poésie née de la chevalerie et du christianisme (chants des troubadours)  comme l’expose dans De l’Allemagne (1813), Mme de Staël, qui introduit en France les œuvres de la littérature allemande, notamment celles du Sturm und Drang et qui va ouvrir la voie du Romantisme français.

En France c’est Rousseau, dans les Rêveries d’un promeneur solitaire qui donne mu mot « romantique » son sens actuel en l’utilisant pour qualifier le caractère pittoresque et sauvage d’un paysage.

Le mot « romantique » est introduit dans le Dictionnaire de l’Académie en 1798 ayant la définition suivante : «on emploie ce terme pour désigner les lieux, les paysages qui demandent les descriptions des poèmes et des romans ».

Le Romantisme, né du mécontentement général qui a suivi la révolution de 1789, est un mouvement littéraire qui demande l’expression des sentiments et des sensations en insistant sur l’abolition des règles strictes de la littérature classique. Il propose de jouer sur les contrastes, sur l’opposition du beau et du laid, du sublime et du grotesque. Il préconise la liberté et le naturel en art. C’est un état d’esprit domine par une maladie presque générale, en représentant la psychologie d’une jeunesse inquiétée, agitée qui constate la défaite de ses rêves.

Du point de vue sociologique, le romantisme est le résultat d’une non-acception de la réalité ambiante, l’expression d’un refus d’adaptabilité. C’est l’avènement de la Monarchie de juillet avec le roi Louis-Philippe, une grande déception pour la classe intellectuelle. Sous ce régime règnent l’immobilisme social, le conservatisme politique et du dynamisme économique favorisant la bourgeoisie.

Du point de vue idéologique, le romantisme est une réaction contre le moyen de pensée qui a préparé théoriquement la révolution, contre le rationalisme du XVIIe siècle et contre les formules littéraires et philosophiques fondées sur le rationalisme.

Sur le plan proprement littéraire l’esprit conservateur du néo-classicisme empêche un véritable renouvellement des genres : les tentatives vers un lyrisme personnel sont limitées par la persistance d’une langue noble et d’une technique qui se substitue à l’inspiration. L’écrivain vit une situation ambigüe : il doit se nourrir de la plume ou il vend sa liberté littéraire, comme Théophile Gautier ou Gérard de Nerval, en se faisant journaliste.

C’est à ce moment-là que le poète devient le porte-parole d’une nouvelle instance sacrée. Les écrivains s’adaptent à la société bourgeoise et adoptent ses codes ou ils décident de se constituer en marge de cette société. Ces hommes de Lettres ressentent un sentiment de mélancolie, une profonde angoisse, sentiment baptisé Mal du siècle.

Au XIXe siècle, le Romantisme, c’est avant tout une révolte. Révolte contre l’anonymat auquel soumettent une histoire tyrannique et une urbanisation effrénée. Révolte contre un monde de plus en plus matérialiste, où la bourgeoisie, de plus en plus riche et de plus en plus puissante, impose un conformisme désespérant en définissant ce que doivent être le bon goût et les bonnes mœurs. Révolte contre un avenir qui ne promet plus rien et contre l’ennui, le dégoût qu’on sent en soi. Révolte contre le rationalisme qui brime les sentiments. Révolte, enfin, contre le siècle tout entier.

1.1.1.2. La naissance du Romantisme

Le Romantisme est né en Angleterre et en Allemagne autour de 1795, mais on s’exprimait déjà une sensibilité nouvelle par l’apparition des œuvres comme : les Nuits (1742) de Jung, les Souffrances du jeune Werther(1774) de Goethe, les Confessions (1781-1788) et les Rêveries d’un promeneur solitaire (1782) de J.J. Rousseau.

En France, au début du XIXe siècle, Chateaubriand et Mme de Staël annoncent le romantisme. Chateaubriand par le goût de l’introspection et Mme de Staël par la curiosité envers la jeune littérature allemande. Mais ce n’est qu’envers 1820 que le courant romantique s’impose en France. Il va alors s’agir d’un courant à l’influence dominante pour la vie aristocratique ou intellectuelle française.

On peut observer trois grandes générations romantiques :

1. 1800-1820 : les premiers artistes romantiques sont des aristocrates qui ont assisté à l’effondrement de l’ordre.

2. 1820-1830 : les jeunes romantiques affirment leurs ambitions dans les textes théoriques et des manifestations.

3. 1830-1840 : des personnages qui comme Gauthier (écrivain français : 1811-1872) et Nerval (écrivain français : 1808-1856) privilégient la révolte en art.

Les thèmes abordés par les romantiques sont : la nature, le fantastique, le « moi », le goût du passé. Le lyrisme joue un rôle important à l’intérieur de ce mouvement. L’expression des sentiments personnels est souvent illustrée dans le genre poétique.

Le Romantisme exprime aussi la recherche de l’évasion et selon l’attitude romantique le voyage est essentiel pour nous permettre d’oublier.

La redécouverte des époques oubliées (Moyen Âge, Renaissance) et le rêve, qui sert de refuge pour ceux qui veulent s’évader sont aussi des caractéristiques de ce que Victor Hugo (1802-1885) appelle le libéralisme de la littérature.

Le Romantisme a provoqué des modes italianisantes et hispanisantes.

Les romantiques cherchent l’originalité et inventent un théâtre plus libre, c'est-à-dire que le drame romantique rejette les règles de la tragédie classique.

Ils ont fait du roman un genre majeur et ont libéré la poésie, jusqu’à la création du poème en prose.

On assiste à une abondance de la poésie.

La poésie romantique est née en France à partir du premier succès de Lamartine, Les Méditations Poétiques qui sortait de l’ordinaire par des rimes impaires, des strophes novatrices et des mots du langage ordinaire. Le romantisme devient alors, dans la poésie, une volonté d’explorer les possibilités des vers afin d’enrichir l’expressivité de celle-ci.

L’expression des sentiments des poètes se traduira par des mots bruts, vifs et colorés et parfois une syntaxe relâchée.

On peut mentionner comme œuvres et auteurs représentatifs, Le Lac de Lamartine, La mort du Loup de Vigny, La tristesse d’Olympio de V. Hugo et Souvenir de Musse.

La même fécondité et la même cadence se retrouve au théâtre.

Le théâtre romantique est né, lui, en Allemagne où il n’existait jusqu’alors que les farces campagnardes.

À l’origine de ce mouvement est Goethe avec Faust (1808-1832.) la pièce fondatrice du mouvement qui nous rappelle l’obsession humaine de dominer l’univers.

Le drame romantique est annoncé par le mélange des genres, le rejet des unités et les goûts des effets violents.

À partir du XIXe siècle, pour intéresser le public contemporain les écrivains écrivent des scènes de la vie quotidienne mais pour respecter la vie et ses hasards ils rejettent les règles de la tragédie. Les personnages du romantisme théâtral sont des nobles ou des domestiques, leur façon de parler vient de leur classe sociale et ce sont des personnages qui sont pris au piège de situations non désirées, déchirés par leurs passions, leurs engagements qui les rapprochent des spectateurs.

Ces pièces sont une illustration de la vie dans sa grandeur et dans ses faiblesses d’une manière comique, tragique, grotesque ou sublime.

Comme pièces marquantes du théâtre romantique on peut mentionner Hernani de Victor Hugo (1830), Lorenzaccio de Musset (1834), Ruy Blas de Victor Hugo (1838).

Quant au roman, il produit à l’époque des chefs-d’œuvre d’observation et d’analyse.

Le romantisme entraîne un renouvellement du roman sur trois catégories :

– Le roman de l’âme, tout d’abord, ou les personnages s’éloignent des hommes par la mélancolie (René de Chateaubriand.), et par la joie (Nerval.).

– Le roman réaliste ensuite, où les détails les plus insignifiants sont décrits de la façon la plus extrême. Balzac, par exemple, adoptera ce renouvellement-ci pour marquer d’autant plus le lecteur et ainsi laisser une trace de son époque.

– Et enfin le « Déploiement imaginaire » et le fantastique plongent le lecteur dans un monde irréel, (V. Hugo, Notre Dame de Paris).

En France le mouvement romantique s’organise autour de deux revues conservatrices : Le conservateur littéraire (1819) et La muse française (1823)

En 1824, dans l’étude Racine et Shakespeare Stendhal défend le « romantique » Shakespeare contre la tragédie classique et propose une définition du Romantisme : « Romanticisme ».

En 1827, Victor Hugo dans la Préface de Cromwell qui est le plus important manifeste du Romantisme en France propose une histoire culturelle et esthétique où il parle du grotesque incarné par des personnages comme Polichinelle, Sancho Panca, Sganarelle, Figaro. Victor Hugo définit en même temps une poétique fondée sur le naturel, c'est-à-dire l’abandon d’un vers trop rigide, la recherche d’un lexique plus commun, le renoncement à la règle des trois unités (temps/lieu/action). Dans la pièce Hernani (1829) Victor Hugo raconte la rébellion d’un noble espagnol contre son roi en montrant l’opposition entre les romantiques et les classiques. Dans cette pièce Victor Hugo emploie beaucoup de procédés comme étirement er cassure du vers, emploi de termes banals, langage familier dans la bouche des Grands, formules triviales, métaphores percutantes et insolites. Mais en 1830 à la première de la pièce les romantiques et les classiques s’affrontent, allant jusqu'à la violence physique. C’est l’énergie des jeunes romantiques, combinée à des circonstances politiques – le monde change – qui a permis au mouvement de triompher, la victoire du romantisme est alors consacrée.

Une nouveauté introduite par le Romantisme est la pratique des Salons qui est un cénacle, un petit groupe qui se réunit dans des salons et des salles de rédaction sous l’égide d’un « chef ». Deux Salons sortent en évidence : le Salon de Charles Nodier, fréquenté par Victor Hugo, Alfred de Vigny, Alphonse de Lamartine, Alexandre Dumas, Gérard de Nerval, Théophile Gautier, Prosper Mérimée et le peintre Eugene Delacroix. Mais quand le Salon de Victor Hugo s’est crée, il a été beaucoup plus militant et a eu plus de succès.

1.1.1.3. Les thèmes du Romantisme

Il y a des thèmes abordés de façon récurrente par les auteurs romantiques comme : la nature, le fantastique, le « moi », le goût du passé, l’expression des sentiments personnels.

la nature

Le thème de la nature devient majeur avec les romantiques. Elle est, pour plusieurs poètes du début du xixe siècle, l'incarnation la plus concrète de Dieu. C'est par elle que, comme on le voit chez Hugo et Lamartine, le divin manifeste le mieux sa grandeur. Mais, pour la plupart des romantiques, le spectacle de la nature ramène d'abord à l'Homme lui-même: l'automne et les soleils couchants deviennent dès lors des images du déclin de nos vies, alors que le vent qui gémit et le roseau qui soupire symbolisent les émotions du poète lui-même. La nature est un lieu de repos, de recueillement; en s'y arrêtant, on oublie la société, les tracas de la vie mondaine. L'esprit romantique se confie plus aisément à un lac qu'à un ami en chair et en os. C'est là le signe du mépris des romantiques pour l'univers social et du goût de ces poètes pour la méditation.

la nuit

Le thème de la nuit représente pour les romantiques une temporalité particulière qui favorise les fantasmes, les rêves et les cauchemars. Elle est à la fois douce ou terrible, évoque l'amour ou la mort. La lumière de la nuit, la clarté lunaire, excite des rêveries mélancoliques où la présence des morts est sensible. Cette situation suscite une réminiscence qui redonne vie aux souvenirs, aux bonheurs perdus, et qui teinte le présent du charme du passé.

La rêverie, le mystère et le fantastique

Le rêve, et la rêverie, sont au centre de l'imagination romantique. Source de création, la rêverie excite l'imagination à recréer le monde ; c'est bien souvent une rêverie mélancolique et triste. La rêverie porte l'homme à la méditation face au grand spectacle de la nature : elle le met devant les mystères de l’existence. La rêverie est aussi un refuge contre la réalité étant ainsi un état privilégié douloureux et inspirateur, comme le rêve, tantôt doux et enchanteur, tantôt glaçant et terrifiant. Cette dualité, chez Nodier, permet de tenter une esthétique du fantastique en puisant aux sources « d'un fantastique vraisemblable ou vrai. »

Le rêve représente pour Nerval une autre vie, aussi réelle que l’autre et que la folie est un monde de connaissance permettant de mieux voir et de mieux déchiffrer les événements du monde.

Les thèmes du mystère et du surnaturel sont aimés par les romantiques et le fantastique connaît un grand succès au XIXe siècle. Le récit fantastique se construit sur l’opposition et la contradiction et le lecteur hésite devant une explication réaliste ou surnaturelle des événements décrits.

Le fantastique prend des formes diverses comme des créatures mi-humaines, mi-divines des contes populaires.

Dans À propos de la bouche d’ombre Victor Hugo rejoint le fantastique à l’occultisme, mais dans Fée et la Péri, les Djinns, la Conscience, le poète se sert du surnaturel pour hausser son œuvre au niveau de la légende.

Pour donner un caractère hallucinatoire à Vision et à quelques-unes de ses Nuits Musset fait appel au fait appel au fantastique.

le moi et l’expression des sentiments personnels

Le romantisme français se définit par une prédominance du Moi et de ses sentiments. La prédominance de Moi a pris des formes diverses.

L'esprit romantique tire son origine de la découverte de la subjectivité, ainsi que le souligne le poète allemand Jean-Paul Richter : « Un matin, me vint du ciel cette idée : je suis un moi, qui dès lors ne me quitta plus ; mon moi s'était vu lui-même pour la première fois, et pour toujours. »

Dans la première moitié du xixe siècle on trouve une multitude de genres autobiographiques (récits personnels, mémoires, journaux intimes) qui exalte le désir et la connaissance de soi.

Le Romantisme s’écrit d’abord à la première personne.

La primauté du Moi peut être expliquée par des conditions historiques, qui feraient de la période post-révolutionnaire des années « de crise de la conscience » et qui amènent de sérieuses modifications dans les rapports de l'homme au monde. Alors que les auteurs classiques voyaient dans la raison un guide infaillible et faisaient d'elle la substance même de l'homme, les romantiques donnent libre cours à leur sensibilité.

Le Romantisme met en scène le plus souvent un Moi douloureux atteint par le mal du siècle. À l'honnête homme parfait et satisfait se substitue un être divers, complexe, révolté contre le monde (René, roman de Chateaubriand, 1802) ou contre la société (Antony, drame d'Alexandre Dumas, 1831).

Chez Stendhal, le culte du Moi se confond avec une quête de bonheur, mais chez Hugo dans Ce siècle avait deux ans, le Je du poète constitue le centre de création divine devenant capable de comprendre les finalités de l’univers. Pour Hugo, comme pour Novalis et Hölderlin, le poète ressemble à un prophète, à un voyant.

Tour à tour, le romantique présente donc les diverses faces de sa personnalité, refusant le masque déshumanisé du personnage social qu'exhibaient les classiques.

le goût du passé

Les romantiques aiment plonger leurs personnages dans les époques passes où les passions étaient plus vives.

Le Moyen Âge a le mieux inspiré les romantiques. C’est un Moyen Âge de fantaisie ou les tournois, les princesses et leurs chevaliers forment un monde évidement peux respectueux de la réalité historique. L’intérêt pour le Moyen Âge s’appuie sur une connaissance véritable des chroniques du temps. Par exemple Michelet l’historien le plus prestigieux du XIXe siècle est considéré comme un romantique.

l’engagement politique

Les romantiques français ont peu parlé de politique dans leurs œuvres, comme si le sujet n’était pas digne de leur art. Exception font Victor Hugo et Lamartine.

Ce n’est qu’après 1848 que l’engagement politique devient un thème majeur du Romantisme. Les poèmes de Victor Hugo comme Souvenir de la nuit du quatre et les recueils Les Châtiments ou L’année terrible représentent les œuvres les plus puissantes et les plus dignes de toute la poésie française.

les superstitions/l’existence de Dieu

Le XVIIIe siècle a imposé l’empire de la raison. Ainsi le poids des préjugés est devenu moins lourd, les superstitions ont perdu de leur crédit et l’idée de l’existence de Dieu a pu être largement débattue. Les romantiques n’ont plus de foi aux miracles mais ils aiment encore y croire.

Les romantiques allemands ont l’intuition d’un autre monde qui est caché à la plupart des humains, mais ils considèrent que c’est la charge des poètes de l’explorer. Novalis sent que l’artiste doit être un visionnaire, pensée adoptée en France par Hugo, Nerval et Baudelaire.

le voyage

Les romantiques voyagent beaucoup. Presque tous ont vu l’Italie, l’Espagne. Tous y cherchent de mœurs nouvelles, étranges aussi peu civilisées que possible.

Ce qui attire Hugo et Musset en Espagne, en Italie ou en Afrique du Nord ce n’est pas seulement le pittoresque mais c’est surtout la sauvagerie qui n’existe plus dans les sociétés où ils ont grandi.

Les artistes français du début du XIXe siècle sont aussi inspirés par les sorcières de Goya, les eaux troublantes de Venise et les cavalcades d’Algérie, tout ce qui est barbare et excite l’imagination des poètes et des peintres.

l’exotisme

L’appel à l’exotisme marque une autre grande rupture avec le classicisme : l'évasion vers les points les plus éloignés du temps et de l'espace.

Théophile Gautier définit en deux temps : « Il y a deux sens de l'exotisme : le premier vous donne le goût de l'exotique dans l'espace, le goût de l'Amérique, le goût des femmes jaunes, vertes, etc. Le goût plus raffiné, une corruption suprême, c'est le goût de l'exotique à travers le temps. »

Il suffit de regarder les titres des romans ou des recueils pour voir combien l'Orient, le Moyen Âge et le thème du mystère ont séduit les générations romantiques. Mystère que l'artiste ne se contente pas de traquer dans les éléments, mais qu'il poursuit au fond de lui-même par la poétique du rêve ou du souvenir.

Nerval et Lamartine ont eu l’audace de visiter le Proche et le Moyen Orient. Victor Hugo dans Les Orientales (1829) exprime l’attraction pour l’Orient qui est suscitée par les découvertes des hiéroglyphes. Une manière d’aviver le mystère et le sentiment d’étrangeté consiste dans l’utilisation de noms propres exotiques, des informations sociologiques, l’insertion de mots étrangers dans la narration, des descriptions précises.

Les romantiques rêvent à ce qu’il y a de plus lointain de l’univers social qui devrait être le leur parce que leur monde devient de plus en plus prosaïque, bourgeois, la science ne laisse plus d’espace au merveilleux et la religion a moins liaison avec la foi ardente qu’avec la morale la plus plate et ils en veuillent échapper. Il est donc normal que les romantiques refusent les cadres traditionnels de la littérature, inadaptés aux nouveaux besoins, et cherchent à créer un « art moderne » capable de satisfaire leurs aspirations les plus diverses.

L’exotisme apparaît donc comme une compensation à un univers social d’où l’aventure est singulièrement absente.

l’amour malheureux

Le Romantisme met en évidence une esthétique du malheur par la mise en scène d’éternels automnes, des soleils couchants toujours répétés et le suicide devenant un thème à la mode.

Le Romantisme a mis le Moi au centre de ses intérêts. Sa dynamique est entretenue entre un univers social insatisfait, la quête de passion et le désenchantement.

L’amour semble être un refuge des idéaux dans un monde guetté par l’ennui et la désillusion. L’histoire d’amour romantique se termine rarement bien. Séparés par des malentendus, la loi, les préjugés, les couples romantiques ne s’unissent que dans la mort. Une double mort construit souvent la mythologie de ces couples impossibles.

La passion, et surtout la passion amoureuse, se nourrit d’obstacles et de dépassements. La passion romantique peut aussi avoir et d’autres formes comme la révolte, le désir de connaissance ou la quête de Dieu.

Si la passion ne peut pas être satisfaite, le désenchantement apparaît. On parle alors de Mal du siècle, de nostalgie, de mélancolie.

1.1.1.4. Le personnage romantique

Au début du XIXème siècle, le héros devient romantique. Le Romantisme, mouvement littéraire qui laisse largement place à l'expression des sentiments et des sensations et qui abolit les règles strictes de la littérature classique propose de jouer sur les contrastes, sur l'opposition du beau et du laid, du sublime et du grotesque. Il préconise la liberté et le naturel en art.

Le Romantisme s’incarne dans son héros, qui est avant tout un individu plutôt qu’un archétype, comme il devait l’être au siècle précédent. Les personnages romantiques ont une histoire, une psychologie, bien avant qu’ils ne soient mentionnés dans un roman.

Le Romantisme a voulu créer un véritable héros qui puisse susciter l’intérêt ou l’admiration, mais ce héros n’est pas créé pour être un modèle qui devrait être imité.

De 1815 à 1830, les jeunes romantiques comme Victor Hugo, Lamartine, Alfred de Vigny, Musset font connus la nouvelle poésie et le nouveau théâtre. Victor Hugo et Musset nous offrent des visions assez convergentes du héros romantique.

Le héros romantique devient à la mode. Le héros romantique est un être complexe qui ne trouve son salut que dans l'amour ou la mort. C'est un jeune homme rêveur, pessimiste, passionné et prêt à mourir pour une idée ou pour une femme. Il s'appelle René (Chateaubriand), Chatterton (Vigny), Raphaël (Lamartine), Coélio (Musset), etc. … C'est généralement un amoureux malchanceux ou difficile. Le personnage romantique est un héros de la démesure : sa vie est frénétique, ses passions effrénées. Toute son existence n'est qu'une lutte, une révolte, qui finit par un échec et qu'impose une malédiction (Cinq-Mars [1826] de Vigny).

On peut se demander, si en réalité, le véritable héros romantique n'est pas l'artiste lui-même. Engagé dans son œuvre, le créateur devient un héros sans armes, chargé d'une mission pacifique, humanitaire, sociale même. Un héros qui domine l'œuvre et les personnages engendrés par son imagination.

On distingue deux vagues d’incarnation du héros romantique :

Dans la première vague du romantisme, celle où l’on cherchait avant tout la libération de l’art, le héros est un homme sensible, auquel son destin échappe, et dont la société nie les aspirations. Cela transparaît dans sa façon d’être, son ennui, son désœuvrement, son désespoir. Pour montrer son refus du monde qui l’entoure, sa révolte contre les normes bourgeoises, il vit souvent une vie de débauche : drogue, alcool, conquêtes sont son quotidien (par exemple, Lorenzaccio, de Musset, ou d’Albert, de Gautier). Il privilégie la bohème.

Dans la deuxième vague du romantisme celle où l’on cherchait après avoir libéré l’art, à libérer le peuple, le héros présente encore sensiblement les mêmes caractéristiques, sauf qu’il est mû par un profond sentiment d’injustice sociale, injustice qu’il tente de redresser. C’est le héros des grands romans historiques : Quasimodo, Jean Valjean. Ces héros correspondent à l’idéal de la seconde vague du romantisme.

Avec le XIXe siècle apparaît la notion d’individu opposé au groupe social. Cet individu est d’abord un héros qui souffre non pas physiquement, mais psychologiquement. En conflit avec le monde qui l’entoure, les lois humaines ne semblent pas faites pour lui. Son propre destin se heurte à celui des autres ou à la réalité qu’il ne peut ni supporter ni transformer. Il a le sentiment de ne pas avoir sa place dans le monde : il se délecte dans la tristesse et le rêve plutôt que dans l'action et l'ambition. Il accorde priorité à l’émotion, à ses sentiments intimes. Seule l’importance accordée aux passions peut compenser les désillusions de la vie sociale et politique. Il se focalise alors sur lui-même et mène sa lutte contre la société de son temps mais aussi contre lui-même.

À partir du conflit entre l’individu et la société, qui conduit à une conscience de soi plus aiguë, le romantique arrive au culte du moi, à la valorisation de l’expérience personnelle. La profession, la famille, la classe sociale ne comptent guère pour la destinée intérieure ou pour les relations sociales.. Toutes ces actions transforment finalement le personnage dans un rebelle.

Le héros romantique est un héros qui souffre du « mal du siècle ». Atteint par le mal du siècle, il s’isole en soi-même ou dans les pays sauvages, éloignés, pour éviter tout contact avec la société. Il est toujours seul, et quand il est en compagnie d’autres personnages, il cherche à s’isoler. La relation à l’autre paraît plus complexe, plus tourmentée. Le personnage romantique se complaît dans une mélancolie nourrie de désenchantement et du sentiment de la mort. Il a la nostalgie du passé. Le personnage romantique est donc sujet au mal du siècle, qu’il soit de nature sentimentale, sociale ou métaphysique. L’action de l’intrigue devient secondaire, c’est le personnage qui fait naître l’émotion du lecteur. La grandeur de l’homme réside dans le sentiment de sa singularité et le pouvoir de son imagination.

1.2. Victor Hugo et le roman romantique « Les Misérables »

1.2.1. Victor Hugo

Victor Marie Hugo est né le 26 février 1802 à Besançon et mort le 22 mai 1885 à Paris. Son père Joseph Léopold Sigisbert Hugo était alors commandant, qui deviendra général et compte d'Empire dans l’armée de Bonaparte et sa mère Sophie Trébuchet appartenait à la bonne bourgeoisie nantaise. Il a eu deux frères Abel Joseph Hugo (1798-1855) et Eugène Hugo (1800-1837).

Victor Hugo a eu un rôle marquant dans l’histoire des lettres françaises du XIXe siècle étant considéré comme l’un des plus importants écrivains de langue française de tous les temps, une personnalité politique, académicien et un intellectuel engagé, chef de file du mouvement romantique.

Victor Hugo prouve un talent précoce, il commence à écrire depuis sa jeunesse et il a des ambitions immenses. À l’âgé de quatorze ans, en juillet 1816, il note sur un journal : « Je veux être Chateaubriand ou rien ».

Victor Hugo est un écrivain complexe qui aborde des genres et des domaines variés.

Comme poète lyrique il a publié les recueils Odes et Ballades (1826), Les Feuilles d'automne (1831) et Les Contemplations (1856).

Dans le recueil Odes et Ballades (1826) Victor Hugo a deux intentions : une intention littéraire et une intention politique. Dans sa forme définitive, le recueil est composé de deux parties : cinq livres d’odes et un livre de ballades. La source d’inspiration de ses poèmes est monarchiste et catholique, mais on trouve aussi de nombreux indices de l’évolution de l’auteur vers le libéralisme politique.

Les pièces d’Odes sont d’inspiration religieuse, étant une étude purement antique et la traduction d’un événement contemporain ou d’une impression personnelle. Les pièces de Ballades ont un caractère différent ; ce sont des esquisses d’un genre capricieux : tableaux, rêves, scènes, récits, légendes superstitieuses, traditions populaires. L’auteur, en les composant, a essayé de donner quelque idée de ce que pouvaient être les poèmes des premiers troubadours du moyen-âge, ces rapsodes chrétiens qui n’avaient au monde que leur épée et leur guitare, et allaient de château en château, payant l’hospitalité avec des chants.

Le recueil Les Feuilles d'automne (1831) est l’expression du nouveau romantisme qui est née vers 1830 où Victor Hugo manifeste son ambition d’atteindre à une poésie de la totalité.

Les vers des poèmes de ce recueil sont des méditations personnelles et chantent les joies douces de la vie familiale parfois dans une manière mélancolique.

Les sources d’inspiration de ses poèmes sont les confidences personnelles du poète, des questions politiques et des problèmes religieux ou philosophiques.

Le recueil Les Contemplations (1856) contient  158 poèmes rassemblés en 6 livres,

construit en deux parties, séparées par une date, le 4 septembre 1843, jour de la mort accidentelle de sa fille Léopoldine Hugo, morte noyée dans la Seine. La première partie, « Autrefois », est consacrée aux poèmes du bonheur, la seconde, « Aujourd'hui » est une méditation sur la mort et la destinée humaine. La plupart des poèmes ont été écrits entre 1841 et 1855. Ce recueil est également un hommage à sa fille.

Les thèmes de ce recueil sont : le souvenir, l’amour, la joie, la mort, le deuil et le mystique. Dans ce recueil Victor Hugo expérimente le genre de l'autobiographie versifiée.

Victor Hugo est aussi un poète engagé, mais son engagement est plus complexe. Il ne se limite pas à ses choix politiques. Un rôle important a le choix de la liberté, c'est-à-dire la liberté en littérature et la liberté politique. La liberté en littérature est primordiale pour lui et consiste dans le renouvellement des formes littéraires, du vocabulaire (« je mis un bonnet rouge au vieux dictionnaire ») (c’est ce que Victor Hugo, dans Les Contemplations, et plus précisément dans un poème intitulé Réponse à un acte d’accusation, tient ces propos) et dans le traitement libre de n’importe quel sujet. Ses pièces Marion de Lorme et Le Roi s’amuse sont interdites. Il a lutté pour la défense de la liberté de la presse, contre le parti de l’Ordre sous la Seconde République. Ses œuvres Napoléon le Petit, Les Châtiments (1853) dans lesquelles il se déchaîne contre Napoléon III ont du être publiées à l’étranger et n’ont été diffusées en France que clandestinement. En 1845 devient pair de France et prononce des discours importants en faveur de la liberté de la Pologne et se bat contre la peine de mort et les injustices sociales. Tous ses choix politiques l’obligent à s’exiler dans les îles anglo-normandes (Jersey puis Guernesey) pendant dix-neuf ans.

Victor Hugo est encore poète épique avec La Légende des siècles (1859 et 1877). Avec la publication de ce recueil Victor Hugo a voulu rendre compte poétiquement de l’Histoire de l’humanité des origines jusqu'à la fin des temps.

Le recueil est composé de pièces plus brèves, d’une suite de Petites Épopées qui sont de récits héroïques et pittoresques plus ou moins longs organisés en 28 chapitres et il ne s’agit pas d’un seul long poème (forme habituelle d’une épopée). Dans ce recueil on trouve des récits épiques inspirés de la Bible, de mythologies antiques, de traditions diverses, ou totalement inventés par Hugo ; mais aussi des allégories et des réflexions philosophiques ou religieuses. L’organisation en est globalement chronologique. Le tome 1 évoque l’aube de l’humanité et l’antiquité par des récits et légendes inspirés de la Bible et des mythologies païennes ou totalement inventés par Hugo.

La Légende des siècles peut être considérée en même temps l’œuvre d'un exilé qui vient de refuser l'amnistie et à l’aide de ces poèmes qui sont aussi des « paroles dans l'épreuve » l’auteur projette sur toute l'Histoire la dénonciation de la répression de 1848 et du coup d'État de Napoléon III. Il veut dénoncer les tyrans et faire revenir les héros du passé pour que le lecteur en garde mémoire quand la liberté reviendra.

Victor Hugo est également un romancier du peuple qui rencontre un grand succès populaire avec les romans Notre-Dame de Paris (1831), et Les Misérables (1862) par les idées sociales que ces romans répandent et par les grands sentiments humaines, nobles et simples comme l’amour paternel, le patriotisme, les joies du travail et les grandeurs des humbles.

Hugo construit ses romans d’après le principe de la subjectivité décorative. Il exige un roman qui soit drame et épopée pittoresque, mais poétique. Pour lui, l’histoire constitue une série de leçons morales, destinées à l’actualité.

Notre-Dame de Paris est un roman historique à la mode au début du XIXe siècle. Le roman propose une philosophie de l’histoire et une théorie du progrès qui fournit à Hugo l’occasion d’affirmer plus ou moins direct ses convictions politiques. L’intention de Victor Hugo était de réaliser un roman à la fois poétique et monumental, à mi chemin entre le drame et l’épopée.

Dans ce roman, Victor Hugo reprend de Walter Scott l’intérêt pour les moments de lutte historique comme est la centralisation de l’État. Il veut dépasser Walter Scott mais il ne peut pas détruire la formule. Pour Hugo, l’épique représente une chanson des siècles, une fête de l’histoire. Premièrement, le roman doit être épopée et drame, deuxièmement, il doit être historique et critique, troisièmement, le roman respecte le grotesque.

Notre-Dame de Paris est en même temps un plaidoyer pour la préservation du patrimoine architectural de la cathédrale Notre-Dame de Paris qui devient un carrefour des siècles parce que dans ce roman Hugo évoque une réalité médiévale (le premier jour du roman est 6 janvier 1482) et l’accès est permis par l’architecture gothique. Le gothique constitue le point médiateur des styles employés par Hugo. La cathédrale, dans Notre-Dame de Paris, création du temps, relève la stratification des étapes. La verticale est continuelle, elle résume et totalise l’histoire. Le symbole de la hauteur est la tour.

L’intrigue sentimentale reste mélodramatique et traduit une inclination très accentuée au mystère, à l’horreur et au macabre. Les seules présences véritables sont les foules, la ville, la cathédrale. Dans Notre-Dame de Paris, l’amour est fatal pour tous : Esméralde, Phoebus, Claude Frollo, Quasimodo. On trouve dans le roman une réflexion politique sur le pouvoir royal à travers le personnage de Louis XI. La justice est aussi présente dans le roman, mais comme soumise à l’irrationnel et à la superstition.

Le roman Notre-Dame de Paris vit par ses vertus descriptives, par l’évocation pittoresque et par la vision onirique du Paris du XVe siècle. Remarquables sont les grandes unités structurelles réalisées par la succession de tableaux et de digressions qui ont la fonction de « parenthèses à l’intérieur de la narration anecdotique » selon l’affirmation de M. Butor dans son article « Répertoire II. Études et conférences »

Les Misérables (1862) sont l'œuvre la plus célèbre et la plus lue de Victor Hugo. Victor Hugo a commencé Les Misérables en 1845 sous le titre Les Misères, puis il a abandonné le roman pendant quinze ans et il le reprend en 1860. Victor Hugo préfère le titre Les Misérables, qui a pour lui deux significations : « pauvres » et « malfaiteurs » parce que la misère pousse souvent au vol et au crime. Au moment où il écrit ce livre, Victor Hugo était en exil à Guernesey. Dans une lettre à Lacroix du 23 mars 1862, Victor Hugo exprime ses idéaux concernant la nature humaine. « Ma conviction est que ce livre sera un des principaux sommets, sinon le principal, de mon œuvre ».

Les Misérables est un énorme roman, inégal et surchargé, mais riche et puissant, dominé par une thèse humanitaire et une inspiration épique.

Les Misérables est un roman historique, mais également social et philosophique. Il est à la fois un roman réaliste, un roman épique et un hymne à l’amour.

Les Misérables est considéré un roman historique parce que les événements historiques marquantes de l’histoire de la France ont beaucoup d’influencé son œuvre. Hugo présente aussi l’atmosphère politique. Avec Les Thénardier, l’auteur a fait référence à la bataille de Waterloo, le conflit entre Monsieur Gillenormand et  le Colonel Georges Pontmercy est une allusion à l’opposition entre deux opinions dominantes dans la société française: le bonapartisme et le royalisme. Hugo aussi a intégré les idées de la Révolution Française dans le roman. La société a continué à demander de la justice, de l’égalité et de la loi. Les amis de l’ABC ont essayé de changer le système politique. En effet, la bataille dans laquelle tous les membres de l’ABC sont morts sauf Marius a représenté l’Insurrection Républicaine à Paris en juin 1832, la situation politique dans laquelle un groupe de personnes ont essayé d’établir la République à la place de la Monarchie.

Les Misérables est un roman social parce que Victor Hugo y décrit les situations sociales de la France de cette époque. Victor Hugo peint une société minée dans ses racines. Dans le roman est présentée la misère, la pauvreté et les luttes des personnages pour obtenir leurs droits fondamentaux. Les personnages présentent la difficulté de gagner leur vie, mais Hugo croit à la responsabilité individuelle, de chaque personnage. Mais en même temps il accuse la société et les maux sociaux la misère et l’ignorance à cause desquels les misérables ne font pas la distinction claire du Bien et du Mal. On trouve aussi dans le roman une présentation de la hiérarchie de la société et des classes sociales comme les forçats, la bourgeoisie, le prolétariat, les policiers qui sont représentées par différents personnages comme le forçat Jean Valjean, l’inspecterur Javert, Marius Pontmercy, Mgr Myriel, etc.
Les Misérables, comme roman réaliste, décrit l’univers de gens humbles : le monde de paysans. Hugo peint avec précision la vie dans la France et dans le Paris pauvre du début du XIXe siècle. Il fait une description réaliste des conditions de vie des paysans et une description enrichie de chaque personnage principal de ce chef-d’œuvre (Jean Valjean, Cosette, Fantine, Marius, Gavrove, Mgr Myriel etc.)

En tant que roman épique, Les Misérables offre de grandes fresques épiques : la bataille de Waterloo et l’émeute de Paris de Juin 1832, la vision dantesque des égouts de Paris et le début de l'ère bourgeoise. Mais le roman est avant tout une épopée de l’âme, digne de l’épopée cosmique esquissée par l’auteur dans ses poèmes. Le roman est aussi épique par la description des combats de l’âme : les combats de Jean Valjean entre le bien et le mal qui éclairé par la charité sublime de Mgr Myriel, se rachète par la bonté, le travail et l’abnégation jusqu'à devenir un véritable saint ou le combat de Javert entre le respect de la loi sociale et le respect de la loi morale.

Dans Les Misérables, Hugo fait également un hymne à l’amour.

Premièrement, c’est l’amour de l’auteur pour son pays, pour ses compatriotes en démontre son amour pour sa société en accusant les injustices qui s’y sont enracinées pendant la révolution. Hugo montre son désir de changement et de progrès social, et espère pouvoir atteindre l’idéal d’une égalité entre les classes sociales.

Ensuite, il y a l’amour chrétien : amour chrétien sans concession de Mgr Myriel qui, au début du roman, demande sa bénédiction au conventionnel G (sans doute l'abbé Grégoire), c’est l’amour de l’évêque Myriel pour Jean Valjean. Il voit en Jean la peine de son cœur et son désir d’une vie meilleure, une vie de justice. Pris de compassion pour lui, il l’aide à sauver son âme en lui donnant une seconde chance. La décision de l’évêque Myriel de mettre sa confiance en Jean Valjean s’avèrera être une bonne décision car l’ancien forçat mettra cette opportunité à l’œuvre et à la suite de son travail honnête, il se fera nommer Maire de Montreuil-sur-Mer. Son succès contredit ainsi l’une des maximes de Javert, d’après qui un criminel demeurera à jamais un bon- à -rien.

Puis, c’est l’amour parental, l’amour maternel de Fantine pour Cosette ainsi que l’amour paternel que Jean lui porte également. Malgré les difficultés de la vie, Fantine sacrifie tout ce qu’elle a (y compris son propre corps, elle est même contrainte de vendre ses dents) pour pouvoir prendre soin de sa fille. De même, Jean Valjean (qui n’est d’ailleurs pas le père biologique de Cosette) promet de s’occuper de sa fille Cosette.

Et finalement l’amour partagé de Cosette et Marius.

Victor Hugo rêve d’assurer le triomphe du Romantisme par la conquête de la scène. Soucieux de fuir le commun et d’assurer au drame son caractère d’œuvre d’art, il se déclare en faveur du drame en vers. Mais il ne reste pas fidèle à cette théorie parce qu’après quatre ouvres en vers : Cromwell (1827), Hernani (1830), Marion Delorme (1831), Le Roi s'amuse (1832), il écrit trois en prose : Lucrèce Borgia, Marie Tudor (1833), Angelo (1835) puis revient au vers avec Ruy Blas (1838), Les Burgraves (1843).

La Préface du drame Cromwell est le plus important et le plus éclatant manifeste anticlassique qui définit le drame romantique. C’est un manifeste agressif, tumultueux, souvent encombré d’un verbalisme plus éclatant que profond. Le drame romantique est un théâtre total qui mélange les genres et offre un spectacle à la fois sublime et grotesque de la réalité humaine, concentrée dans l'histoire d'un destin brisé. Avec Cromwell Victor Hugo donne l’exemple d’un drame selon la technique shakespearienne. Victor Hugo propose comme source d’inspiration de ce drame l’histoire, alors le théâtre se veut historique. Avec lui et Alexandre Dumas, le drame historique évolue dans un autre sens. Hugo demande aussi l’emploi de l’alexandrin car la rime est indispensable.

Dans l’Hernani, le mélange des genres devient moins sensible et la pièce va montrer l’opposition entre les romantiques et les classiques.

Le Roi s'amuse est déjà un drame noir qui a le rôle de montrer que l’alliance du sublime et du grotesque n’est pas identique à celle du comique et du tragique.

Ruy Blas est une illustration éclatante du mélange des genres. Hugo pratique ici l’insertion du comique dans le tragique.

Dans Les Burgraves, son dernier drame épique, Hugo renonce de nouveau au comique. On trouve dans ce drame une intrigue serrée, des péripéties émouvantes et un dénouement frappant.

L’originalité du drame romantique, en particulier chez Victor Hugo, sera dans sa forme libre et souple, ouverte à tous les souffles poétiques.

Son œuvre multiple comprend aussi des discours politiques à la Chambre des pairs, à l'Assemblée constituante et à l'Assemblée législative, notamment sur la peine de mort, l’école ou l’Europe, des récits de voyages (Le Rhin, 1842, ou Choses vues, posthumes, 1887 et 1890), et une correspondance abondante. Sans adversaires et sans rivaux, Victor Hugo règne seul et prolonge d'un quart de siècle le romantisme.

1.2.2. Les thèmes de l’œuvre hugolienne dans le roman « Les Misérables »

Les thèmes abordés par Victor Hugo dans le roman « Les Misérables » sont exposés directement et clairement. Les thèmes présentés dans le roman sont :

la misère sociale.

La misère affecte tous les gens également, indépendamment à leur stature sociale.

Le titre même du roman « Les Misérables » suggère ce thème parce qu’en partant du mot « misérable » entendu dans le sens de « criminel » et en arrivant au « misérable » défini par « qui manque des ressources de la vie » se joue toute l’évolution politique et idéologique de Hugo.

La préface de l’auteur est aussi très évocatrice parce qu’elle exprime la volonté de Hugo de changer le sort du peuple :

« Tant qu'il existera (…) en pleine civilisation, des enfers (…) ; tant que (…) la dégradation de l'homme par le prolétariat, la déchéance de la femme par la faim, l'atrophie de l'enfant par la nuit, ne seront pas résolus ; tant que (…) l'asphyxie sociale sera possible ; (…) tant que qu'il y aura sur la terre ignorance et misère, des livres de la nature de celui-ci ne pourront pas être inutiles. »

Elle exprime plutôt le sentiment d'horreur de l'auteur à l'égard de la misère humaine. Hugo exprime ses sentiments sur la misère par l’histoire de quatre personnages du roman Les Misérables.

Fantine et sa fille Cosette

Hugo met en scène des situations révoltantes de l’exclusion sociale de Fantine qui a un

enfant hors mariage. Au commencement du roman, Fantine est une belle fille joyeuse qui aime Tholomyes. Mais malheureusement, Tholomyes quitte Fantine qui est enceinte. Fantine trouve son propre misère sous la forme d'aliénation sociale. Elle fait des choses terribles de sons corps (vend ses cheveux, ses dents, se prostitue) pour payer pour la sécurité de son enfant, Cosette. Finallement elle tombe malade de la tuberculose et bien qu’il semble que ce soit la fin pour Fantine et sa fille avec l'aide de Jean Valjean, Fantine mort en paix avec l'assurance que ce homme morale va protéger sa fille.

Jean Valjean

Hugo présente aussi dans le roman les souffrances de Jean Valjean qui n’arrive pas à

s’intégrer dans la société après l’épreuve du bagne. Pour la vole de pain et les tentatives d’évasion, Jean reste en prison pour 19 ans. Avec un passeport jaune et les préjugés du monde sur ses épaules, la vie de Jean semble misérable. Grâce à l'aide du Mgr Myriel, Jean Valjean trouve une nouvelle vie de moralité. Pendant sa vie dure il doit faire beaucoup de décisions difficiles.

Marius (Et L'ABC)

Dans Les Misérables, le peuple commun (et plus spécifiquement Marius Pontmercy), vivent dans la pauvreté tandis que les bourgeois vivent dans la richesse. Comme réaction de cette division des niveaux de vie, les gens forment un groupe révolutionnaire: Les amies d'ABC.

Marius doit choisir entre son amour pour Cosette et son amour pour la démocratie. Il trouve son propre misère dans cette décision angoissant. Marius est prêt à mourir pour ses croyances avec ses amies. Mais la révolution est un échec et Marius survive miraculeusement, à l'aide de Jean Valjean et Éponine. Finalement l'amour conquiert tout.

Javert – le représentant de la Loi

Le fil d'un forçat et une tireuse des cartes, Javert dédie sa vie à la justice. Selon opinion la justice et la moralité sont blanc et noir. Il est obsédé par Jean Valjean et pense que c'est impossible pour un forçat à changer pour le meilleur. Mais finalement il se rende compte
que la vie n'est pas formée de deux extrêmes comme il pense et en devenant très confus il se suicide. Il ne peut pas échapper à son misère personnelle.

Dans le roman la misère prend beaucoup de formes: économique, sociale, personnelle, etc. Parfois c'est impossible à éviter la misère et l'aide d'un autre est très importante.

Hugo ne se limite pas à dénoncer la pauvreté, il dénonce la misère qui n’est pas seulement la souffrance d’un individu mais la ruine de toute la société.

L’infortune et l’infamie

Les thèmes de l'infamie et de l'infortune correspondent à l'explication de la misère sociale qui correspondent à une vision propre à l'auteur.

Dans ce roman on retrouve les deux significations du mot « misérable » (« l'infortune » et « l'infamie »). Il y a d'une part une présentation de l'infortune et de l'injustice subie par le peuple qui corresponde à l'effroyable misère, et d'autre part l'infamie qui utilise la ruse pour maintenir son joug sur le peuple.

La condition de femmes

Un thème important dans « Les Misérables » est la condition sociale des filles-mères, c'est-à-dire la mère célibataire qui s’occupe seule de ses enfants.

Dans « Les Misérables », la cruauté de la société envers les filles-mères est mise en avant, et puis suit le désespoir. Il y a toujours des êtres qui profitent de ces femmes, ou qui les regardent d’un mauvais œil.

Pour décrire la situation, Hugo utilise dans le roman un personnage fictif, Fantine. Fantine, comme beaucoup d’autres filles-mères, est dans une situation misérable, elle est malheureuse, elle pleure sans arrêt, et elle est faible physiquement. Peu de solutions s’offrent à elle. En étant plus jeune, Fantine a fait des choix qui lui ont fermé beaucoup de portes. Seule, Fantine n’a pas un sous et comme elle ne peut pas travailler avec un enfant sous le bras, elle est obligée, en conséquence, confier sa fille Cosette aux Thénardier, une famille pauvre qui possèdent une auberge.

Les Thénardier sont les gens qui profitent de la situation misérable des filles-mères. Par exemple, la mère Thénardier en profitant du fait qu’elle garde Cosette, elle veut de soutirer plus d’argent à Fantine pour entretenir sa fille. Les Thénardier ne sont pas les victimes mais les profiteurs des victimes.

Pour réussir entretenir sa fille, Fantine est obligée de vivre dans une grande misère et pauvreté « Elle n'avait plus de lit, il lui restait une loque qu'elle appelait sa couverture, un matelas à terre et une chaise dépaillée. Un petit rosier qu'elle avait s'était desséché dans un coin, oublié. Dans l'autre coin, il y avait un pot à beurre à mettre l'eau, qui gelait l'hiver, et où les différents niveaux de l'eau restaient longtemps marqués par des cercles de glace. » (Victor Hugo, « LES MISÉRABLES »,Tome I – FANTINE,1862, p. 145) et finalement elle ne trouve autre option que de vendre ses cheveux, ses dents, se prostitue et elle devient ainsi une créature aux yeux des passants. L’un des derniers points de sa misère, c’est la perte de la honte et de la féminité : « Elle avait perdu la honte. Elle perdit la coquetterie. » (Victor Hugo, « LES MISÉRABLES »,Tome I – FANTINE,1862, p. 145) Fantine n’est plus une femme.

Hugo montre qu’il existe, toutefois, des gens bons dans cette société de misère. Dans Les Misérables, le personnage de Jean-Valjean représente un tel être. Jean-Valjean donne de l’espoir à Fantine jusqu’à sa mort, et aidera sa fille, Cosette. Il sauve ainsi une partie de l’âme de Fantine.

Avec son roman « Les Misérables », Victor Hugo peint la société avec l’envie de changer les choses. Il s’est préoccupé de nombreux aspects, parmi lesquels et celui de la dignité de la fille-mère. Et c’est en utilisant le monde qui l’entourait, des femmes, des mères seules, qu’il a écrit une partie de son histoire avec le personnage de Fantine. Hugo considère ainsi que les causes de la misère des filles-mères sont l’indifférence et la cruauté de la société.

La condition sociale des enfants

L’enfant occupe une place primordiale dans l’œuvre de Victor Hugo. Dans Les Misérables Cosette et Gavroche restent des personnages emblématiques et permettent à l’écrivain d’exposer l’exploitation et l’esclavage des enfants mais aussi leur capacité de critique.

Cosette dans la première partie de sa vie jusqu'à l’âge de 2-3 ans vit avec sa mère Fantine dans des conditions favorables, elle est aimée et sa mère prend bien soin d’elle. Ici, Cosette est décrite d’une manière très positive ; des termes comme être divin, admirablement rose, belle petite ou cils magnifiques laisse le lecteur l’imaginer belle et bien portante.

Quand sa mère Fantine est obligée de la laisser chez les Thénardier sa vie change. Les Thenardier vont tirer profit de la situation pour se faire de l’argent sur le dos de Fantine et de Cosette ; le bébé est alors décrit comme une vache à lait. Ici Cosette vit très mal et elle est traitée de tous les noms : pauvre être (Tome I, p.491), mademoiselle Chien-faute-de-nom, mamzelle Crapaud (Tome I, p.502) et encore petit monstre (Tome I, p.504).

Alors quand Cosette quitte les Thénardier pour aller avec Jean Valjean son état psychologique évolue et elle se sent en sécurité avec celui-ci. Quand- même, les années de souffrances qu’elle a souffertes à l’auberge l’empêche de changer complètement d’état d’esprit.

Son passé est encore très présent en elle et exerce une influence non-négligeable sur la personne qu’elle est alors mais, cette influence ne peut pas être exercée infiniment. Cosette commence à rire de nouveau, en faisant renaître petit à petit sa beauté : l’enfant, alors devenu une adolescente, redevient belle.

Eponine et Azelma les filles des Thénardier vivaient dans des conditions très favorables alors quand Cosette était chez eux parce que leurs parents faisaient tout ce qu’il était possible pour que les deux sœurs vivent tranquillement, sans avoir besoin de travailler et sans se faire maltraiter. Elles sont décrites d’une très bonne manière, mais alors quand Cosette part, les Thénardier n’ont plus leur vache à lait et doivent utiliser leurs filles pour se faire de l’argent. Alors, leur condition change totalement et devient médiocre. Ce changement n’est pas sans conséquence. Il ne s’agit pas seulement d’un changement physique, leur état psychologique est aussi touché. Pendant leur jeune âge les filles étaient heureuses et insouciantes, et désormais elles sont craintives et mentent quand les nouvelles sont mauvaises, pour n’être pas battues.

Gavroche Thénardier est le troisième enfant du couple Thénardier. Il vit seul, sans amour, sans maison, jeté sur les pavés comme beaucoup d'autres enfants, abandonné par ses parents. Il mène une vie de vagabond dans les rues de Paris, couchant parfois la nuit dans le ventre d’un grand éléphant, « construit en charpente et en maçonnerie » place de la Bastille. Avec le temps il lie d’amitié avec le groupe de bandits que fréquentera plus tard son père.

Ce personnage donne l’occasion à Victor Hugo de peindre le type du gamin de Paris, un garçon rusé, courageux, généreux qui aime jouer de mouvais tours aux bourgeois seulement pour s’amuser. Il parle le langage populaire de l’époque : l’argot.

Jeté à la rue, Gavroche réussit à survivre dans cet univers hostile où il est constamment misérable, sans un sou grâce à son agilité et à sa connaissance des routes de Paris. Il préfère ce mode de vie car il lui offre une liberté totale.

Mais en dépit de toutes ces conditions de vie précaires il est généreux avec les autres miséreux. Son cœur brave le détermine à se joindre aux défenseurs de la barricade et grâce à son enthousiasme il gagne rapidement le respect de tous malgré son jeune âge. Malgré son héroïsme il sera tué par une balle de fusil en offrant ainsi à la grande cause de la révolution et de la liberté son bien unique, la vie, qu’il quittera comme il l’a vécu : en chantant.

En conséquent, Hugo décrit les enfants d’une manière négative ou positive pour dénoncer leur condition de vie. C’est dans ce but qu’Hugo les décrit en fonction de leur condition de vie.

L’amour et la compassion

Dans le livre Les Misérables, l'amour et la compassion sont des thèmes principaux. L'amour est présenté sous plusieurs formes, en constituant un moyen de l'épanouissement et de la rédemption pour les personnages. On observe que le manque d'amour est la raison du malheur et de la misère.

l'amour pur et spirituel et en même temps inconditionnel de l'évêque de Digne à Jean

Valjean. L'évêque est consacré à Dieu et il est déterminé voir le bon dans l'humanité. Bien que Jean Valjean fût un ancien forçat, il l’a reçu dans sa maison. Quand Valjean quitte la maison de l'évêque, il lui vole l’argenterie. Valjean est arrêté par la police, mais l'évêque le disculpe en disant qu’il le lui avait donné en échange de sa promesse de devenir un honnête homme. Ce geste d'amour de l'évêque va transformer Valjean qui va devenir un homme meilleur et il va commencer aider les autres.

Quand Valjean meurt, la lumière d’un chandelier brille sur son visage. C’est la lumière du chandelier que Valjean a volé de l'évêque. La lumière qu'est sur le visage de Valjean représente que son passé criminel a été oublié grâce à ses actes vertueux. Valjean est devenu un homme de compassion et il a passé son héritage d'amour et de compassion à Marius et Cosette.

L’amour maternel

Fantine représente l'amour maternel, la mère qui sacrifie sa richesse matérielle, sa santé et sa dignité pour son enfant. Elle est employée à l'usine de Monsieur Madelaine (Jean Valjean). Celui-ci sent compassion pour elle et il obéit au dernier souhait de Fantine, qu’il prendra soin de sa fille Cosette.

L’amour paternel

C’est l’amour de Jean Valjean pour Cosette, la fille de Fantine. Alors quand Valjean a pris Cosette des Thénardier, il lui a donne une poupée qu'elle avait voulue. C'est le symbole de la compassion de Valjean pour Cosette. Dans le roman, l'amour et la compassion entre Valjean et Cosette a créé une relation père-fille. Valjean a caché son identité passée à travers l'histoire parce qu'il aime Cosette.

L’amour passionnel

C’est l'amour romantique partagé entre Marius et Cosette. Marius tombe amoureux de Cosette au moment où il la voit. Jean Valjean sauve la vie de Marius et l'emmène à l'hôpital, c'était en raison de l'amour de Valjean pour Cosette. Valjean a sauvé Marius parce que Cosette l’aime et ainsi celui-ci pourra épouser Cosette.

L’amour non-partagé

C’est l’amour d’Eponine, la fille des Thénardier pour Marius, mais Marius aime Cosette. Au nom de l’amour pour Marius, elle lui sauve la vie en prenant une balle pour lui. Pour réconforter Eponine alors quand elle est mourante sur les barricades, elle lui délivre un message de Cosette. Ceci est un acte de compassion. Même s'il n'a pas retourné son amour, il a voulu consoler sa douleur.

L’amour pour une cause

Sur les barricades, les révolutionnaires représentent un amour pour une cause. Ils ont combattu pour la justice sociale et ils ont risqué leur vie pour leur idéologie.

Enfin, lorsque Valjean a sauvé la vie des révolutionnaires, il a demandé la permission de tuer Javert, qui était un espion. Dans un acte de compassion Valjean a libéré Javert. Valjean a voulu que son acte inspire Javert, il a voulu que celui-ci puisse voir et sentir l'amour et la compassion. Quand Javert a réalisé ses erreurs passées, son incapacité à ressentir l'amour et la compassion ne lui permettait pas voir son potentiel. Au lieu d’essayer changer sa vie, comme Valjean, il commet le suicide.

Le roman Les Misérables est donc une sorte d'hymne à l'amour.

La justice

Le thème de la justice est très présent et est développé de différentes manières: à travers l'injustice subie par les miséreux (ex : Jean Valjean qui ira 19 ans au bagne pour avoir volé une pain pour permettre à sa famille de manger); l'importance d'être juste même lorsque la vie a été injuste avec soi-même ou même avec les personnes qui ont été injustes avec soi (Jean Valjean qui se sacrifiera sa bonne situation en tant que M. Madeleine pour sauver un homme, lui-même qui sauvera l'impitoyable Javert,…). Le but est de nous montrer que c'est le fait d'être toujours juste qui nous apportera le salut divin.

L’histoire

Dans Les Miserables Victor Hugo présente une caricature de la société de son époque, grossissant les traits afin qu’ils soient mieux perçus. Il montre la misère dans laquelle les gens vivent entre les années 1815 et 1833, c’est-à-dire lors de la Restauration. Le roman se situe donc dans un siècle mouvementé par les régimes politiques en pleins changements. L’œuvre de Victor Hugo se concentre autour d’un acte politique et historique, l’insurrection républicaine à Paris du 5 et 6 juin 1832.. Il a accumulé les évènements historiques afin de mettre ses personnages dans un univers relativement réel.

Les personnages dépeints par Victor Hugo dans Les Misérables sont caractériels de la société du XIXe siècle, puisqu’ils représentent toutes les couches de la société. Victor Hugo met en lumière la pauvreté, la misère, les luttes sociales pour l’obtention de droits et les difficultés reliées à cette période historique à travers ses personnages.

Par exemple, avec les Thénardier l’auteur fait référence à la bataille de Waterloo, car le père Thénardier est un ancien soldat de l’armée de Napoléon qui fut décoré lors de cette bataille. De plus, les Thénardier représentent les bas fonds de la société. Ce qui oppose les personnages de M. Gillenormand et le Colonel George Pontmercy est en fait la représentation de la rivalité qui oppose les deux opinions publiques les plus populaires de la société française du XIXe siècle, c’est-à-dire le bonapartisme et le royalisme.

Ainsi, Victor Hugo nous présente une multitude de couches de classes sociales dans son roman, ce qui démontre le réalisme de son œuvre.

2.13. Les personnages hugoliens dans le roman « Les Misérables »

Le roman du XIXème siècle s'intéresse à des personnages issus du peuple pas aux grands hommes qui font l'Histoire.

Victor Hugo dans son roman Les Misérables qui sont le roman de toute une vie, présente plus particulièrement les « misérables », c'est-à-dire les gens du peuple qui doivent se battre pour leur survie. Le roman est structure en cinq parties dont quatre portent le nom d’un personnage : Fantine, Cosette, Marius, et le dernier Jean Valjean. Le quatrième, L’idylle rue Plumet et L’Epopée rue Saint-Denis, a un rôle unificateur. Chaque partie débute par une longue introduction, ensuite, c’est le récit et l’analyse des personnages car « l’histoire contée se déroulait sur deux plans, le monde et l’âme »

Les personnages du roman Les Misérables, quoique symboliques, existent. Ils ont une vie romanesque puissante et s’imposent par leur présence, mais leur psychologie est assez sommaire. Peints selon l’esthétique du contraste et du renversement, selon P. Richard, ils mêlent les lumières et les ténèbres et réalisent l’équilibre sur lequel repose le roman : l’évêque et le policier, Cosette et les Thénardier, etc. mais les oppositions trop visibles ne peuvent pas toujours éviter la facilité. Ce sont les personnages secondaires qui prennent du relief et constituent parfois de vraies créations : Gavroche, Eponine.

Mgr. Myriel représente dans le roman l’homme d’église, il est évêque de Digne. Sa qualité dominante est l’humilité qui ouvre son esprit à la lucidité et à la bienveillance. Il est un homme tolérant, il aborde les êtres et les situations, tels qu’ils se présentent et non tels que son pouvoir et sa position sociale les lui montrent. Bienvenu Myriel se présente devant des autres sans préjuger de leur puissance ou de leur indigence.

Bien qu’il soit puissant du point de vu social, il a la vertu de hisser son comportement à la hauteur des devoirs moraux de sa charge. Il est un homme très modeste, qui préfère la vie simple. Au lieu d’habiter dans son vaste et luxueux évêché il l’échange avec l’immeuble de l’Hôpital qui se trouve à son voisinage. Il établit son domicile dans les locaux exigus et modestes où étaient installés jusque-là les malades. Le fait qu’il donne aux pauvres les 15000 Francs de son traitement versé par l’Etat et les 3000 Francs d’allocation pour frais de carrosse votée par le Conseil général est un modèle de loyauté envers les peuples qui sont en souffrance et vivent en pauvreté. Il est un homme très sincère et le plus bel effet de sa sincérité est d’être cohérent, qu’il pense, dise ou fasse. Il préfère défendre plutôt qu’accuser, transmettre plutôt que conserver, éduquer plutôt que violenter, libérer plutôt qu’enfermer.

Sans Mgr. Myriel, Jean Valjean, l’honnête homme, n’aurait jamais existé. Bien qu’il soit seulement un ancien bagnard stigmatisé, monseigneur Bienvenu qui voit le bien dans chaque personne. Il pardonne Valjean après avoir volé son argenterie en échange de sa promesse de devenir un honnête homme. Ainsi il donne à Jean Valjean le premier jour du reste d’une vie consacrée à donner le meilleur de soi aux autres mais aussi à soi-même.

Plus qu’un personnage, Bienvenu Myriel est donc un état d’esprit, une façon exigeante et optimiste de regarder la vie et la condition humaine, notre condition, telles qu’elles sont.

Jean Valjean est un ancien forçat qui a passé dix-neuf ans au bagne pour avoir volé un pain. Il ne connaît plus que la haine jusqu'au jour où la générosité de l’évêque Bienvenu Myriel le transforme. Pour oublier son passé, pour changer sa vie et pour échapper à Javert, Valjean change son identité et devient peu à peu un industriel, riche et généreux, M. Madelaine. Sous un autre nom et une autre adresse, il se sent libre. Libéré, il grimpe les échelons de la société en étant d'abord ouvrier, directeur d'usine, inventeur de la gommelate à la résine, puis maire, sous le nom de Monsieur Madelaine.

Un jour il rencontre Fantine une employée à son usine qui a un enfant sans être mariée. Elle vit une vie très misère et fait de grands efforts pour entretenir sa fille Cosette. Il sent de la compassion pour elle et il obéit à son dernier souhait de prendre soin de sa fille.

Mais il se dénoncé pour sauver un vagabond qu'on accuse à sa place et il retourne au bagne. Il réussit à s'évader, retrouve une partie de sa fortune et sauve Cosette. Il est poursuivi par le policier Javert qui continue à voir en lui un être mauvais.

Plus tard, il vit caché avec Cosette. Un jour il découvre par hasard le buvard de Cosette qui écrit à son bien-aimé, Marius. Alors il voit en Marius un rival qui veut prendre l'amour que Cosette lui donne et il redoute le pire : être séparé de Cosette. Pourtant, il n'hésitera pas à sauver Marius, lors de la fusillade sur la barricade et à s'effacer de la vie de Cosette, lorsqu'elle aura épousé celui qu'elle aime, non sans avoir livré son secret au jeune Marius Pontmercy.

Devenu le vieillard aux cheveux blancs qui accompagne Cosette dans toutes ses promenades, les amis de Marius le désignent sous le nom de Monsieur Leblanc. Enfin, il redevient Jean Valjean dans la dernière partie du roman qui porte son nom.

Jean Valjean représente la justice, la pauvreté et la bonté dont l'être humain est capable. Il n’est pas resté un misérable, il est redevenu honnête et indulgent grâce, en grande partie, à l'évêque de Digne.

Fantine est un personnage qui aide Victor Hugo à dénoncer l’injustice de la société. Elle est le symbole de la fille-mère. Au début du récit, Fantine est décrite comme une belle jeune femme du Nord de la France qui à l’âge de 15 ans vient à Paris pour y « chercher fortune » . Un jour elle rencontre et tombe amoureuse d’un jeune étudiant qui se nommait Félix Tholomyès. Pour Tholomyès, c'était une amourette mais Fantine l'aimait. Un jour, Tholomyès l’abandonne alors qu’elle est enceinte. Ce moment représente le commencement de la descente aux enfers de Fantine parce que dorénavant elle doit abandonner ses rêves de gloire et retourner dans sa ville

natale de Montreuil-sur-Mer pour y chercher un emploi afin de subvenir à ses besoins et à ceux de sa fille, Cosette. Dans sa ville natale elle s’embauche dans la fabrique de M. Madeleine.

Comme à l’époque les filles-mères sont très mal vues elle se voit obligée d’abandonner son enfant dans une auberge où elle rencontre les Thénardier. Elle leur demande s'ils pouvaient prendre soin sa fille contre une pension. Ceux-ci acceptent, mais ils utilisent l'enfant pour extorquer plus d'argent de Fantine. Elle envoie tous les mois de l'argent pour faire vivre Cosette. Tout a été bien jusqu'au jour où la surveillante de l'atelier ou elle travaillait lui donna cinquante francs pour quitter la fabrique. Chassée de l’usine de M. Madeleine à Montreuil-sur-Mer, la jeune femme fait des travaux de couture pour les soldats. Mais cela ne suffit pas à subvenir à ses besoins et aux demandes des Thénardier qui trouvent des prétextes incessants pour réclamer toujours plus d’argent. Elle est donc amenée à vendre ses cheveux, puis ses dents : « C’était un sourire sanglant. Une salive rougeâtre lui souillait le coin des lèvres, et elle avait un trou noir dans la bouche » (Victor Hugo, « LES MISÉRABLES »,Tome I – FANTINE,1862, p. 145). Au comble de la misère, Fantine se prostitue (« l’infortunée se fit fille publique »), et est finalement arrêtée par Javert pour avoir insulté un bourgeois de la ville. M. Madeleine intervient pour la sortir de prison et il l'emmena à l'hôpital car la jeune femme est tombée malade. Elle demande à M. Madeleine apporter sa fille auprès d’elle, mais elle meurt de maladie, d'épuisement et de misère sans avoir revu sa fille.

Le portrait de Fantine dressé par le narrateur montre bien la dégradation physique de la jeune femme:

« Quant à la mère, l’aspect en était pauvre et triste. Elle avait la mise d’une ouvrière qui tend à redevenir paysanne. Elle était jeune. Était-elle belle ? peut-être ; mais avec cette mise il n'y paraissait pas. Ses cheveux, d'où s'échappait une mèche blonde, semblaient fort épais, mais disparaissaient sévèrement sous une coiffe de béguine, laide, serrée, étroite, et nouée au menton. Le rire montre les belles dents quand on en a; mais elle ne riait point. Ses yeux ne semblaient pas être secs depuis très longtemps. Elle était pâle ; elle avait l'air très lasse et un peu malade […]. Un large mouchoir bleu, comme ceux où se mouchent les invalides, plié en fichu, masquait lourdement sa taille. Elle avait les mains hâlées et toutes piquées de taches de rousseur, l'index durci et déchiqueté par l'aiguille, une Mante brune de laine bourrue, une robe de toile et de gros souliers […] C’était Fantine. Difficile à reconnaître. Pourtant, à l’examiner attentivement, elle avait toujours sa beauté » (Victor Hugo, « LES MISÉRABLES »,Tome I – FANTINE,1862, p. 115).

Fantine symbolise la condition des femmes du peuple au début du XIXème siècle.

Cosette est un personnage qui nous touche le plus, par ses malheurs, elle vit le meilleur et le pire de ce que peut vivre un être humain, et le pire se produit dans son enfance. Elle est la figure de la détresse sociale et de l’innocence persécutée. Si le nom de Cosette est communément utilisé dans la culture populaire pour décrire une enfant maltraitée et exploitée pour des tâches ménagères, c’est sans doute parce que Cosette elle-même fut victime de ces abus domestiques.

Cosette de son vrai nom Euphrasie est la fille de Fantine et Tholomyès (étudiant bourgeois auquel Fantine s’était naïvement attachée, et qui par la suite l’abandonna). Fantine, sa mère l'éleva pendant trois ans. Un jour, Fantine décide de retourner dans son village natal Montreuil-sur-Mer à la recherche d’un emploi et elle fut obligée de laisser Cosette chez les aubergistes les Thénardier. Mais cette décision (bienfaitrice) de Fantine fut sans doute la pire qu’elle ait jamais prise car les Thénardier s’avèrent être des individus ignobles et détestables. Ici elle a été maltraitée et battue. Après peu de temps Madame Thénardier alla à Paris et engagea au Mont-de-Piété le trousseau de Cosette pour une somme de soixante francs. Comme elle n'avait plus de trousseau, on l'habilla des vieilles jupes et des vieilles chemises des petites Thénardier, c'est-à-dire de haillons. Cosette devient très vite l’esclave : «Cosette était en haillons, elle avait ses pieds nus dans des sabots, et elle tricotait à la lueur du feu des bas de laine destinés aux petites Thénardier.» (Victor Hugo « LES MISÉRABLES »Tome II – COSETTE (1862) p. 121). Elle dormait dans l'écurie. Elle était aussi maltraitée physiquement: «Cosette était rouée de coups, cela venait de la femme ; elle allait pieds nus l'hiver, cela venait du mari. » (Victor Hugo « LES MISÉRABLES »Tome II – COSETTE (1862), p. 64). Cosette vécut chez les Thénardier pendant cinq ans. Peu à peu Cosette, « si jolie et si fraîche à son arrivée dans cette maison, était maintenant maigre et blême.[…] L'injustice l'avait faite hargneuse et la misère l'avait rendue laide. » .(Victor Hugo « LES MISÉRABLES »Tome II – COSETTE (1862), p. 123)

Tout comme Jean Valjean fut le rédempteur de sa mère Fantine, il se fait également rédempteur de Cosette. Un soir de Noël, à Montfermeil quand le Thénardier envoie Cosette chercher de l'eau, à la fontaine elle rencontre Jean Valjean qui va leur donner une grosse somme d'argent pour Cosette. Dorénavant elle l'appellera « père » et il la considérera comme sa fille. Depuis maintenant sa vie va changer.

Un jour quand elle allait avec Jean Valjean se promener dans l'allée du Luxembourg, elle fut vue par le jeune Marius et tombe amoureux d’elle. Il fit tout ce qu'il put pour se rapprocher d'elle. Elle l’aime aussi et ils se marièrent finalement.

Cosette a la même histoire que le personnage du conte de fées : à la place d'une fée marraine qui vient la sauver de sa belle mère et de ses deux sœurs, c'est Jean Valjean qui vient sauver Cosette des horribles Thénardier et de la misère où elle aurait pu sombrer, comme cela arrive si souvent dans la réalité.

Les Thénardier sont des personnages étonnants. Ils représentent la basse société du XIXème siècle, caricaturée en véritables monstres. Les Thénardier sont très différents. Comme dans les œuvres de ce genre, la grossièreté morale est d'abord traduite par la grossièreté physique: la Thénardier est donc une hideuse mégère «  grande, blonde, rouge, grasse, charnue, carrée, énorme et agile ; elle tenait, nous l'avons dit, de la race de ces sauvagesses colosses qui se cambrent dans les foires avec des pavés pendus à leur chevelure. […] Son large visage, criblé de taches de rousseur, avait l'aspect d'une écumoire. Elle avait de la barbe.» (Victor Hugo « LES MISÉRABLES »Tome II – COSETTE (1862), p. 61-62), le Thénardier par contre, est un homme «  petit, maigre, blême, anguleux, chétif » (Victor Hugo « LES MISÉRABLES »Tome II – COSETTE (1862), p. 62). La Thénardier, malgré son apparence autoritaire et gigantesque, est toute soumission à son malingre de mari. Les Thénardier jouent un rôle critique dans l’histoire du roman. C’est un couple d’aubergistes à Montfermeil, qui nous sont faits connus par la décision de Fantine de leur donner en hébergement sa fille, Cosette.

La famille Thénardier est formée du père Thénardier qui est un soldat retraité qui fut médaillé après la bataille de Waterloo au cours de laquelle il sauva un colonel gravement blessé : le colonel Pontmercy, père de Marius Pontmercy, la mère Thénardier et ses enfants : les deux filles Eponine, étrangement plus humaine que le reste de sa famille et Azelma peu connue dans le roman, et ses fils Gavroche qui est débrouillard, bruyant, éveillé, et a l'air à la fois vivace et maladif. Il est le symbole des enfants de 1830 et un grand personnage des Misérables. Il  mourra à la barricade. Et il y encore deux autres garçons beaucoup plus jeunes. Malheureusement, la mère Thénardier se débarrasse de ces garçons car elle « préfère » ses filles.

Escrocs et malhonnêtes, leur occupation est de vider les bourses et de tirer profit de tout ce qui passe à leur portée. Sont un couple modèle de méchanceté et de lâcheté. Ils dépouillent complètement Fantine du peu de sous qu’elle gagnait. Après avoir accepté de s’occuper de Cosette pour sept francs par mois, les Thénardier augmentent progressivement le prix de leurs services en inventant des dépenses fictionnelles pour Cosette (comme des soins médicaux, par exemple).

L’escroquerie n’est pas le seul crime pour lequel cette famille malhonnête mérite d’être punie, ils fréquentent aussi des milieux interlopes (prostitution, banditisme, etc.), ce qui nous amène à nous poser des questions sur la manière dont ils gagnent leur vie.

Nos personnages représentent le monde de la rue. Ils représentent le mauvais côté de l'homme, les monstruosités que peut faire un humain pour gagner de l'argent, l'appât du gain, un prétexte primitif de l'homme pour tricher, voler et tuer juste pour obtenir tout pour soi.

Marius est le fils de Georges Pontmercy (militaire bonapartiste). À la mort de sa mère, le grand-père de Marius, M. Gillenormand lutte avec Georges Pontmercy pour avoir la garde complète et entière de son petit-fils. Il sort vainqueur de ce combat et Georges, déchiré, n’a pour seule option de voir son fils que de l’espionner pendant les services eucharistiques à l’Eglise de Saint-Sulpice. Marius grandit dans le quartier du Marais, au côté de son grand-père qu’il idolâtre.

Les différences politiques entre son père et son grand-père menacent de déchirer l'identité de Marius. Il est désorienté en la recherche de son identité. Il adopte le point de vue républicain. Toutefois, parce qu'il est en train de chercher une identité pour lui-même, parce qu'il est fol amoureux et parce qu'il est plus innocent que les autres personnages du roman, il est parfois aveugle aux problèmes des autres. Il se trompe sur la vraie nature de Thénardier, il mal comprend l'amour d’Éponine pour lui et au pire il interdit Jean Valjean de voir Cosette, ne connaissant pas que l’ancien forçat a sauvé sa vie.

A la mort de son père, Marius reçoit une simple lettre de celui-ci, qui l’incite à faire de la recherche pour découvrir qui son père était réellement. Alors qu’il avait entrepris de faire des études de Droit, Marius Pontmercy saisit cette opportunité pour approfondir ses connaissances de la République et, se séparant de son grand-père, il s’installe dans le Quartier latin où il décide de fréquenter le groupe révolutionnaire « Les Amis de l’ABC ». Plus tard, Marius reprendra le titre de son père, le « Baron de Pontmercy ».

Marius va tomber éperdument amoureux de Cosette dès le premier jour où il pose les yeux sur elle, et lui déclarera son amour dans une lettre : «Il suffit d'un sourire entrevu là-bas sous un chapeau de crêpe blanc à bavolet lilas, pour que l'âme entre dans le palais des rêves» (Victor Hugo, « LES MISÉRABLES » Tome III – MARIUS (1862) p. 91). L’idylle entre Marius et Cosette se concrétise par un mariage.

Gavroche Thénardier est le troisième enfant du couple Thénardier. Il vit seul, sans amour, sans maison, jeté sur les pavés comme beaucoup d'autres enfants, abandonné par ses parents. Il mène une vie de vagabond dans les rues de Paris, couchant parfois la nuit dans le ventre d’un grand éléphant, « construit en charpente et en maçonnerie » place de la Bastille. Avec le temps il lie d’amitié avec le groupe de bandits que fréquentera plus tard son père.

Ce personnage donne l’occasion à Victor Hugo de peindre le type du gamin de Paris, un garçon rusé, courageux, généreux qui aime jouer de mouvais tours aux bourgeois seulement pour s’amuser. Il est habile, rieur et bruyant. Il parle le langage populaire de l’époque : l’argot.

Jeté à la rue, Gavroche réussit à survivre dans cet univers hostile où il est constamment misérable, sans un sou grâce à son agilité et à sa connaissance des routes de Paris. Il préfère ce mode de vie car il lui offre une liberté totale.

Mais en dépit de toutes ces conditions de vie précaires il est généreux avec les autres miséreux. Son cœur brave le détermine à se joindre aux défenseurs de la barricade et grâce à son enthousiasme il gagne rapidement le respect de tous malgré son jeune âge. Malgré son héroïsme il sera tué par une balle de fusil en offrant ainsi à la grande cause de la révolution et de la liberté son bien unique, la vie, qu’il quittera comme il l’a vécu : en chantant.

Victor Hugo a dessiné Gavroche très laid, non représentatif. Il n'avait pas encore sa casquette. De nos jours, avec sa casquette, son visage joyeux et expressif, il apparaît comme un enfant plus sympathique. Gavroche symbolise l'esprit révolutionnaire du dix- neuvième siècle. Il représente aussi la figure type de ces enfants des rues, alors nombreux dans Paris. Avec sa casquette (qui porte son nom), son argot, et ses chaussures trop grandes, avec sa bonne humeur inattaquable et son courage désespéré, il reste un personnage très fort de notre littérature, à la fois enfant abandonné et victime héroïque. Quand on est misérable, on n'est pas forcément malheureux : Gavroche en est la preuve.

En conséquent, Hugo décrit les enfants d’une manière négative ou positive pour dénoncer leur condition de vie. C’est dans ce but qu’Hugo les décrit en fonction de leur condition de vie.

Javert est un inspecteur de police à Montreuil. Sa mère était bohémienne et son père n’était qu’un pauvre misérable. Javert est un homme dédié à son métier, travailleur et qui suit les règles et les lois. Il ne souhaite que faire régner la justice à n’importe quel prix. D’après lui, les criminels n’ont aucune chance de rédemption. Il ne croit pas que le caractère d'une personne peut changer. Il n'accepte aucune vue mais la sienne; ses croyances et ses jugements sur les personnes sont absolues.

Obsédé par Valjean, son ennemi numéro un, Javert fait tout ce qui est en son pouvoir pour le retrouver, après que celui-ci se soit échappé de prison à plusieurs reprises. Il le méprise et le déteste, car Jean est le prisonnier le plus recherché dans le pays. Pour Javert, Valjean est un criminel à haut risque, et représente le genre qui aime défier la justice. Javert se sent tellement tourmenté par Jean Valjean qu’il n’abandonne pas sa quête jusqu’à ce qu’il le retrouve. Les deux personnages de Jean Valjean et Javert sont juxtaposés pour dessiner le contraste entre la variable et l'inébranlable.

À la fin du roman, lorsque Javert comprend que Valjean a en effet changé sa vie et a devenu un honnête homme, il ne peut pas supporter l'idée de faire ce que la loi dit. Au lieu de cela, il se suicide, symbolisant la mort ultime des opinions rigides, comme tous les systèmes de gouvernance.

Éponine est la fille aînée de Thénardier. Bien qu’elle suive la mauvaise fortune de ses parents, elle n’est pas tout à fait mauvaise. Éponine est un être faible et horrible à la fois, une « rose dans la misère » Elle est présentée dans le roman comme «  une créature hâve, chétive, décharnée ; rien qu'une chemise et une jupe sur une nudité frissonnante et glacée. Pour ceinture une ficelle, pour coiffure une ficelle, des épaules pointues sortant de la chemise, une pâleur blonde et lymphatique, des clavicules terreuses, des mains rouges, la bouche entr'ouverte et dégradée, des dents de moins, l'œil terne, hardi et bas, les formes d'une jeune fille avortée et le regard d'une vieille femme corrompue ; cinquante ans mêlés à quinze ans ; un de ces êtres qui sont tout ensemble faibles et horribles et qui font frémir ceux qu'ils ne font pas pleurer. » (Victor Hugo, « LES MISÉRABLES » Tome III – MARIUS (1862) p. 115).

Elle montrera sa grandeur d’âme en sauvant Cosette et Jean Valjean de l’attaque de leur maison. Elle aide Marius retrouver Cosette et parvient à lui faire passer un message et à discuter avec elle. Il apprend, qu’elle aussi est secrètement amoureuse de lui. C’est le début d’une idylle de quatre mois.

Éponine tombe amoureuse de Marius, mais celui-ci ne sent pas de la même façon pour elle. En dépit de ça Éponine sauve Marius en prenant une balle pour lui « La balle à traversé la main et est sortie par le dos » (Victor Hugo, « LES MISÉRABLES », Tome IV – L'IDYLLE RUE PLUMET ET L'ÉPOPÉE RUE SAINT-DENIS(1862), pag. 251). Mais avant de mourir elle donne à Marius, qu’elle aime pourtant, la lettre de Cosette, sa rivale. Elle meurt sur les barricades dans les bras de Marius dont elle reçoit un baiser tant attendu. La mort d'Éponine exprime son véritable amour pour Marius et montre à quel point l'amour peut affecter ses actions. Sa mort fait les insurgés plus en colère. Ils se battent dans la révolution française en l`honneur du courage d'Éponine.

Azelma  est la fille cadette des Thénardier, sœur d’Éponine et Gavroche (et encore moins des deux autres garçons beaucoup plus jeunes, abandonnés par leurs parents). On sait très peu de chose sur elle. Ce personnage mineur est l’un des seuls encore en vie à la fin du roman. Azelma émigrera avec son père aux Amériques, où ce dernier se fera « négrier ». Ce prénom rarissime est probablement un dérivé du prénom Zélie, signifiant « solennelle » en latin.

CHAPITRE IIe :

L’EXPRESSION ÉCRITE EN CLASSE DE FLE

2.1. La place de l’expression écrite à travers les méthodologies

L’expression est un moyen d’action mis en œuvre par un émetteur qui veut produire un effet sur le destinataire grâce à la langue.

C’est pour des raisons très variées et à des occasions très diverses que nous écrivons. S’exprimer à l’écrit ne suppose pas à écrire, mais à écrire pour. Nous écrivons pour nous-mêmes ou pour être lus par autrui.

Kathleen Julié a constaté que le statut de l'écrit à l'école avait été privilégié jusque vers les années 1960 et à partir des années 1970, l'apparition des méthodes audiovisuelles ont fait délaisser cette compétence.

La méthodologie traditionnelle, directe, audio-visuelle, structuro-globale audio-visuelle (SGAV) et communicative ont le plus marqué le domaine de la didactique des langues.

Avant de présenter brièvement chaque méthodologie et de situer la place occupée par la production écrite nous devons préciser que par méthodologie nous entendons : « un ensemble construit de procédés, de techniques, de méthodes, le tout articulé autour d’options ou de discours théorisant ou théoriques d’origine diverses qui le sous-tendent. » (Cuq, 2003, p.234).

La méthode traditionnelle appelée aussi la méthode grammaire-traduction née à la fin du XVIème siècle est la plus vieille des méthodes d’enseignement. Cette méthode a été utilisée premièrement dans l’enseignement des langues dites “mortes” tels le grec, le latin et puis dans l’enseignement des langues modernes jusqu’au milieu du XXème siècle.

Cette méthode est basée sur la lecture, sur la compréhension et la traduction des textes littéraires où l’apprenant applique les règles de grammaire qui lui ont été enseignés de manière explicite en sa langue maternelle. L’écriture occupe le premier plan et l’oral passe au second plan. Mais on ne peut pas parler d’une véritable expression écrite parce que les activités écrites proposées en classe de langue portent sur des points de grammaire (élaborer des phrases simples ou complexes, établir l’ordre des mots dans une phrase, etc) avec des exemples tirés de textes littéraires traduits. Dans ce cas la production écrite est artificielle et crée des stéréotypes parce que l’enseignant n’est pas mis dans une situation de communication authentique.

En conclusion cette méthode traditionnelle grammaire-traduction ne forme pas des compétences ni pour l’écrit, ni pour l’oral, elle forme seulement de bons traducteurs de textes littéraires.

La méthode directe est apparue comme une opposition à la méthode traditionnelle vers les années 1900.

L’objectif premier de cette méthode est l’apprentissage d’une langue dans le but de communiquer. Elle tient compte de la motivation de l’enseignant, elle adopte les méthodes aux intérêts, aux besoins et aux capacités des apprenants en allant du simple au complexe. La production orale occupe le premier plan et elle cherche à éviter l’usage de la langue maternelle et insiste sur une maîtrise de la langue comme instrument de communication. La production écrite est placée au second plan, comme une activité subordonnée à l’oral, l’enseignant transcrit ce qu’il sait employer oralement (dictée, etc.). Cette forme d’écriture porte le nom de « passage à l’écrit » ou « oral scripturé »

La méthode Audio-Orale s’est développée au cours de la Seconde Guerre mondiale aux Etats-Unis. Elle repose sur le béhaviorisme et le structuralisme linguistique. C’est-à-dire que l’apprentissage d’une langue consiste en « l’acquisition d’un ensemble de structures linguistiques au moyen d’exercices (en particulier la répétition) qui favorisent la mise en place d’automatismes. » (Cornaire & Raymond, 1999, p.5). Il s’agit du réflexe conditionné : Stimulus-Réponse-Renforcement.

Cette méthode utilise les nouvelles technologies de l’époque telles les enregistrements, les supports audiovisuels, les laboratoires de langue « dont l’objectif est de faire répéter les structures linguistiques de façon systématique et intensive de sorte qu’elles s’en trouvent mémorisées et automatisées. » (Hirschsprung, 2005, p.31)

La méthode audio-orale vise la compréhension orale et écrite et l’expression orale et écrite.

L’oral est prioritaire et l’écrit est placé au second plan. Les activités d’écriture sont peu nombreuses en se limitant à une composition dans laquelle l’enseignant reprenne les structures linguistiques présentées à l’oral et des exercices de substitution et de transformation dans lesquelles on insiste sur l’aspect syntaxique et on néglige le sens.

Donc on ne peut pas parler d’une vraie expression et communication écrite et surtout d’une autonomie à l’écrit.

La Méthode Structuro-Globale Audio-visuelle (SGAV) a été élaborée par Peter Guberina au début des années 50 à l’Institut de Phonétique de l’Université de Zagreb.

L’objectif de cette méthode est d’apprendre la communication quotidienne de la langue parlée de tous les jours. Les éléments « audio » et « visuel » facilitent la compréhension du sens global de la structure, la langue étant un moyen d’expression et de communication orale.

Dans la méthode SGAV l’oral est aussi sur le premier plan et l’écriture est donc considérée comme une activité dérivée de l’oral. L’écrit est réalisé par l’intermédiaire de la dictée, mais puisqu’on demande aux élèves de lire à haute voix les phrases qu’ils viennent d’écrire, la dictée perd sa fonction de production écrite.

La méthode communicative ou l’approche communicative s’est développée comme réaction aux méthodes précédentes au début des années 70. Elle met l’accent sur le sens longtemps négligé au détriment d’un inventaire de structures à apprendre par cœur.

Dans l’approche communicative la langue est un instrument de communication et d’interaction sociale. « Dans cette perspective, savoir communiquer signifierait être en mesure de produire des énoncés linguistiques conformes, d’une part, à l’intention de communication (comme demander une permission, etc.) et, d’autre part, à la situation de communication (statut, rang social de l’interlocuteur, etc.). » (Germain, 1993, p.204).

Les quatre habilités la compréhension orale et écrite et l’expression orale et écrite se développent selon les besoins langagiers des enseignants et favorisent les interactions entre les enseignants.

Dans cette méthode l’expression écrite prend « de plus en plus d’importance étant donné que les besoins peuvent prendre des formes variées et nombreuses : comprendre des renseignements écrits, rédiger une note de service, donner des indications par écrit, etc. » (Cornaire & Raymond, 1999, p.12)

Les activités d’expression écrite consistent dans la production des énoncés en contexte en s’agissant d’une réelle compétence de communication. Outre les activités de production écrite plus classiques, voient le jour des activités créatives et la production écrite n’est plus limitée au niveau de la phrase mais au niveau du texte.

Nous voyons que dans ce panorama des méthodes des langues étrangères, l’activité d’écriture n’a pas été, très longtemps, considérée comme une activité primordiale, l’écrit a toujours occupé la seconde place jusqu’à l’avènement de l’approche communicative.

Aujourd’hui dans les salles de classe, la production écrite a regagné de son importance. Mais il ne s’agit pas de mettre l’enseignant face à des textes bien formés et de lui demander d’en produire un, c’est d’expliciter les opérations cognitives qui entrent en jeu et d’amener les apprenants à s’y entraîner.

L’approche communicative met en discussion l’ordre des priorités entre les quatre paramètres de la communication : comprendre, parler, lire et écrire.

En dépit du fait que nous nous trouvons dans l’ère des textes les savoir-faire liés à la compréhension demeurent privilégiés dans les textes officiels et l’oral prime encore sur l’écrit, l’expression écrite est placée en dernier dans l’ordre d’importance des compétences. Quand même cette compétence n’est pas négligée parce qu’elle est l’une des composantes principales du Baccalauréat.

2.2. Définition et objectifs de l’expression écrite en approche communicative

Depuis l’émergence de l’approche communicative, la production se présente comme une activité de construction de sens et vise à l’acquisition chez les apprenants de la capacité à produire divers types de textes répondants à des intentions de communication : ils écrivent pour être lus.

Écrire, c’est produire du sens et son but communicationnel est de faire primer le sens du texte plutôt que la forme et la transmission du message plutôt que la correction absolue.

Le rôle de la production écrite est d’amèner l’élève à former et à exprimer ses idées, ses sentiments, ses intérêts, ses préoccupations, pour les communiquer à d’autres en actualisant une compétence de communication écrite qui se définit comme étant « une capacité à produire des discours écrits bien formés y compris dans leur organisation matérielle, appropriés à des situations particulières diversifiées. » (Bouchard cité par Pouliot, 1993, p.120). Cette forme de communication exige la mise en œuvre des habiletés et des stratégies que l’enfant sera appelé à maîtriser graduellement au cours de ses apprentissages scolaires.

La production écrite n’est pas une activité simple et son enseignement/apprentissage en contexte scolaire demeure relativement complexe : elle implique non seulement des savoirs mais aussi des savoir-faire.

Pour Danielle Bailly, l'expression écrite est "la production personnelle et autonome d'un message écrit énonciativement engagé". L'auteur pousse plus loin la réflexion quant à la nature de l'expression écrite en situation d'apprentissage en classe :"Contrairement à ce qui se passe pour l'expression écrite en milieu naturel, on n'écrit en classe que pour simuler une situation d'utilité communicationnelle. Comme pour l'expression orale, le travail sur l'expression écrite impliquera donc au départ la nécessité de motiver l'élève pour faire retrouver à cette activité d'écriture, à l'aide d'objectifs opérationnels, une nouvelle fonctionnalité : là s'enracinera la genèse des idées que l'élève développera, en rédigeant de

manière graduellement plus autonome."

Yvonne Cossu définit la communication par écrit de la manière suivante : « un scripteur écrit à un lecteur pour lui faire part d'un message ». Elle en déduit les implications suivantes : « il faut avoir quelque chose à dire, savoir à qui l'on s'adresse et comment on organise son message. » Il s'agit de maîtriser l'organisation d'un message écrit et de mettre en forme en mobilisant la grammaire et le lexique au service du fond. 

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